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Débat sur les maisons de naissance

un pas en avant, trois pas en arrière


Janvier 2003

1. Préambule
Ce débat a eu lieu conjointement sur feu [liste-naissance] et sur la liste de discussion
[maisondenaissance], créé en 2003 et fermée une année plus tard faute de continuité dans le débat et
le militantisme à ce sujet. La première était une liste privée et la deuxième publique. Cette édition a
lieu avec l’accord de tous les intervenants.

MdN = maison de naissance


GN = groupe national de travail

2. Message de B. Carenne
Le compte-rendu de l’entrevue au Ministère de la Santé par le Groupe national des maisons de
naissance que nous venons de recevoir nous étonne et nous inquiète. Que nous dit-il ?

Que M. Alain Grimfeld nous demande un document de synthèse sur les MDN dans le but d’intégrer
le concept de MDN dans une loi de programmation quinquennale sur la santé et «hôpital 2007 ».
Ceci est surprenant à plus d’un titre. D’abord parce que les MDN existent depuis des dizaines
d’années en Europe et en Amérique du Nord. Si l’on veut savoir comment fonctionne une MDN, il
suffit de se procurer auprès d’elles toutes les informations nécessaires. Nous ne nous sommes
d’ailleurs pas privées de le faire pour créer la MDN de Montpellier et nous avons obtenu partout un
accueil chaleureux ainsi que toutes les informations dont nous avions besoin. C’est aussi ce qu’ont
fait les fonctionnaires du Ministère de la Santé qui ne nous ont pas attendues pour s’informer et qui
sont donc parfaitement au courant de la faisabilité et du fonctionnement des MDN.

Or ce dossier qu’on nous demande de constituer l’a déjà été depuis deux ans par le groupe de
Montpellier. Nous en avons remis des exemplaires à toutes les instances concernées (Ministère de la
Santé - cabinet de M. Kouchner puis de M. Mattei - DRASS, CNAM, URCAM, ARH, etc.). Nous
ne nous sommes d’ailleurs pas montrées avares au niveau de sa diffusion puisque toutes les
personnes porteuses de projets qui nous en ont fait la demande ont reçu un dossier complet.

A quoi cela va-t-il servir de mouliner, une fois de plus, les mêmes informations ? Il nous semble
utile de rappeler la vieille astuce politique «quand on veut enterrer un projet, on crée une
commission». Car, on l’aura remarqué, l’horizon d’ouverture d’une MDN s’éloigne : il s’agit
maintenant de travailler à une loi de programmation quinquennale et à un projet 2007. Entrer dans
cette logique, n’est-ce pas faire le jeu des opposants et oublier les demandes pressantes des parents
(nous avons reçu plus de 200 demandes d’accouchement à la MDN en 2002) ?

C’est oublier aussi que nous travaillons depuis trois ans d’une manière très concrète à l’ouverture
d’une MDN à Montpellier. Pourquoi vouloir faire une nouvelle étude de faisabilité puisque nous
avons déjà dépassé ce stade et qu’une MDN est faite et prête à ouvrir ? Tous les problèmes
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sanitaires, techniques, financiers. ont été étudiés et résolus, autant que cela peut l’être dans un
projet. Il n’y a plus qu’une validation en fonctionnement réel qui puisse aujourd’hui nous apprendre
quelque chose de plus et nous permettre d’apporter les modifications qui se révéleraient
indispensables au cours du fonctionnement. Autrement dit, ce dont nous avons besoin, c’est d’une
autorisation d’ouverture pour expérimentation en conditions réelles, pas d’un nouveau dossier.

Nous sommes d’autant plus surprises par ce compte rendu, qu’il n’y est, à aucun moment, question
de la MDN de Montpellier, alors que dans son courrier adressé au ministère pour demander un
rendez-vous et daté du 19 octobre, Christiane Jeanvoine avait précisé parmi les objectifs de cet
entretien : «Celui de Montpellier étant finalisé, nous souhaiterions connaître la position du
Ministère au sujet de son démarrage effectif» ce qui nous conduit à nous interroger sur la fonction
du GN /MDN.

N’est-il pas censé défendre le principe des MN déjà déposé au ministère en juin 99 par le GN et
encourager leur faisabilité par une expérimentation des projets prêts à fonctionner ? (ceci n’exclue
pas de les pérenniser par un travail commun au sein du ministère). Si tel est le cas il serait
souhaitable, soit de créer une association avec statuts, définition d’objectifs, élection d’un bureau
etc. (afin d’éviter la confusion entre le GN/MDN et l’association «Câlin» comme l’avait fait
remarquer FSFA) soit de décider quelles sont les personnes qui vont représenter le GN lors du
prochain rendez-vous, en mars, au ministère.

Par ailleurs n’y a-t-il pas une incohérence politique entre les propositions de M. Mattei qui
entraînent à juste titre l’indignation du Conseil de l’Ordre, de l’ONSF, de la Coordination Nationale
des Sages-Femmes et de Naissance et Citoyenneté (voir D.O. de février 2003) et celle de créer une
commission qui envisagerait à plus ou moins long terme la création des MdN ?

Pour nous résumer, divers projets de MDN existent depuis des années en France et celui de
Montpellier a eu un peu plus de chances que les autres puisqu’il s’est concrétisé. Les sages-femmes
de Montpellier travaillent sur ce projet depuis 1995 et le nombre d’accouchements à domicile est
passé de 25 en 1999 à 47 en 2000, 74 en 2001 et 124 en 2002, soit 5 fois plus qu’en 1999. En
conclusion, la meilleure façon de faire avancer les MDN en France aujourd’hui, en profitant du
contexte catastrophique que nous connaissons, est d’obtenir une autorisation d’ouverture du projet
le plus avancé auquel il ne manque plus qu’un accord du ministre l’agréant comme établissement
expérimental. L’obstacle n’est pas technique ou financier, comme on voudrait nous le faire croire,
mais politique. En effet, par son existence réelle, la MDN de Montpellier confronte l’Etat à
l’épreuve de vérité : veut-on, oui ou non, expérimenter en France les MDN ou simplement
continuer à en discuter indéfiniment pour réduire la pression par l’illusion d’une belle promesse
jamais tenue ? Comme on a pu le remarquer «les promesses n’engagent que ceux qui y croient».
Nous en avons fait l’expérience avec M. Kouchner . et nous en sommes toujours au même point.

Les MN sont le symbole de l’autonomie professionnelle des sages-femmes, du libre choix des
parents concernant la naissance de leurs enfants et du respect de la physiologie. C’est à ce titre qu’il
nous semble pertinent que les parents, les sages-femmes et tous les supporters des projets se
mobilisent pour obtenir l’expérimentation de la MN de Montpellier dans les semaines à venir, sans
quoi elle sera contrainte de fermer ses portes et l’ouverture des MDN ne pourra plus être envisagée
avant 5 ans (cf. Loi de programmation quinquennale sur la santé et hôpital 2007).

Brigitte Carenne
brigittecarenne@wanadoo.fr
l’Equipe de Montpellier, janvier 2003.
Merci de nous faire part de vos réactions.
Bien cordialement

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3. Réactions

Maïtie Trelaun (sage-femme libérale - France) ; Le Lièvre et la Tortue (Réponse à "un pas
en avant, trois pas en arrière") :

Je tiens à me présenter rapidement, car certains ne savent pas quoi mettre derrière le nom
« Maïtie ». Sage-femme depuis 1981, faisant uniquement de l’accompagnement global depuis 1993
avec accès très privilégié à un plateau technique, à l’origine du projet MdPN (Maison de la
Parentalité et de la Naissance ) de Lyon sur lequel nous travaillons depuis 4 ans (sont regroupées
autour du projet 300 familles, 14 sages-femmes). J’étais présente à la rencontre avec M. Grimfeld
au Ministère, parce que j’ai demandé à Christiane d’y participer. Il était clair que l’entrevue portait
sur le GN/MDN et non sur "nos" projets. J’étais absente lors des 2 dernières réunions du GN à
Paris, à mon grand regret mais notre projet était représenté par une SF et un parent. J’avoue que j’ai
été quelque peu consternée en discutant avec eux et en lisant le compte-rendu qui a été fait de la
dernière réunion. De loin, avec un peu de recul, j’avais l’impression que rien de constructif
n’émergeait de ces réunions.

Pour moi, depuis que j’ai découvert l’existence du GN, il m’a paru indispensable à la réalisation des
MdN en France. Vu le nombre et la disparité des projets qui germent plus ou moins vite, il me
semblait indispensable qu’un organisme structure un peu cela, sans enlever l’individualité de
chaque projet, mais pour essayer de créer un "label" qualité et garantir une certaine sécurité . A
cette époque, le GN n’arrivait plus à communiquer avec le ministère car, ce dernier recevant les
projets à titre individuel, ne comprenait pas l’existence et le bien fondé du GN. Il a donc été
convenu (à Colmar) que chaque projet mandaterait le GN pour les représenter auprès du Ministère.
Je crois que les lettres de mandat ont été assez rares. Le GN, découragé, remettait largement en
question son utilité. Christiane Jeanvoine, a accepté de remobiliser les troupes et de redonner une
impulsion au GN. C’est donc elle qui a organisé les 2 dernières réunions et qui a été chargée
d’écrire au Ministère. Ce qu’elle a malheureusement fait sur un papier à en-tête de Câlin… mais sur
quoi d’autre pouvait-elle le faire puisque le GN n’a aucune existence juridique ? Il me semblait tout
à fait normal qu’elle soit présente au Ministère. A tel point que lorsqu’elle m’a proposé d’y aller
sans elle, j’ai refusé.

Lorsque nous sommes ressortis du rendez-vous, nous nous sommes retrouvés dans l’obligation de
travailler dans l’urgence pour répondre à la demande de M. Grimfeld. J’ai retrouvé la même
urgence qu’avait le projet de Montpellier à la sortie du 1er entretien avec le même personnage qui
demandait des chiffres, des preuves de la demande des parents…. Or, je n’aime pas travailler dans
l’urgence. J’ai appris avec notre projet à donner du temps au temps. Pourtant j’étais pressée lorsque
nous avons eu la maison et qu’il suffisait de trouver des fonds pour ouvrir notre Maison de la
parentalité et de la Naissance. J’ai mis de l’eau dans mon vin, j’ai utilisé la première et
indispensable qualité de la SF qui est la patience; j’apprends à respecter le temps de ce projet à
naître… et cela m’apporte beaucoup. Et de plus j’ai l’impression qu’il avance lentement mais
sûrement. Chaque pas en avant est ancré et ne s’accompagne pas de trois pas en arrière.

C’est vrai que Montpellier a présenté son dossier au ministère, comme Metz, comme …. Chacun de
nous est porteur d’un projet qui lui est propre, chacun a un dossier d’une MdN possible. Mais ce
que voulait M Grimfeld c’est une image global d’une MdN qui ne soit ni celle de Montpellier, ni
celle de Nancy, ni celle de Lyon. C’est bien le travail qu’aurait dû faire le GN dans les années
précédentes: arriver à définir une MDN plus que dans ces principes fondateurs. Quelles pourraient
être les normes ? Quelle sera la Charte de qualité? Quelles sont les normes de sélections ? Quelles
rémunérations voulons-nous?… Autant de choses à construire à mon avis.

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C’est vrai qu’il y a des exemples à l’étranger, mais nous nous sommes déjà rendu compte que ce qui
se faisait à l’étranger ne pouvait pas être transposé à la France car notre pays n’a malheureusement
pas le même fonctionnement. Et ça, on ne peut pas passer outre !!!

M. Grimfeld a exprimé son souhait de voir naître les MDN, mais de façon pérenne: en essayant
plutôt d’asseoir le concept dans les lois, plutôt que de donner suite à des projets et de les ballotter
ensuite entre des "oui" et des "non" (nous lui avons parlé de Montpellier et lui avons redit que ce
projet était prêt à ouvrir, qu’il n’attendait qu’un "oui"). Il nous roule peut-être dans la farine et nous
mène en bateau. Le seul moyen de nous en rendre compte est, à mon avis, que ce soit les mêmes
personnes qui continuent de travailler avec lui. Il m’est facile de dire cela puisque j’y étais !!!!
(j’aimerais que Naissance et Liberté soit présent, car, pour moi, il est impératif que la demande
vienne aussi et surtout des parents ). Mais Il a accepté de mener un travail de réflexion sur les MN
avec le GNT, un travail de fond pour définir les grandes lignes, les besoins,… Si les gens qui
représentent le GN changent à chaque réunion… comment pourra-t-il construire quelque chose avec
un groupe qui n’est constitué que d’individus avec leur vision personnelle de la MN?. Cela ne peut
que nous desservir, car chaque rencontre avec de nouvelles têtes donnera l’enthousiasme qu’a
ressenti Montpellier et nous-même à l’issue du premier entretien, mais nous mettrons beaucoup plus
de temps à nous rendre compte qu’il nous fait tourner en bourrique si c’est le cas. De plus , il risque
d’avoir une image complètement décousue de la demande et donc de décider de nous en imposer
une qui ne nous convient pas.

La France a besoin de choses structurées. Nous devons donc donner une image structurée. Je pense
qu’il est urgent que le GN se structure en association ou autre forme, avec un nom, une adresse, des
représentants officiels qui ont des pouvoirs bien définis… Il est, à mon avis, impératif que tous les
projets soient solidaires et s’entraident et travaillent ensemble pour asseoir les MN en France et non
pas une MN dans un lieu précis. C’est un concept qu’il faut faire naître. La naissance sera longue
mais il me semble risqué de déclencher l’accouchement voir même de faire une césarienne, sous
prétexte que nous, nous sommes persuadés de la viabilité du projet. Il faut que les institutions nous
fassent confiance, et la confiance ça se gagne, par le respect de l’autre, de son rythme, par l’esprit
d’ouverture dont on peut faire preuve, par la possibilité de dialogue… Je crois que ce sont là des
qualités que nous avons développées dans notre accompagnement à la naissance. Est-ce que nous ne
pourrions pas faire preuve de ces mêmes qualités les uns envers les autres au travers du GNT ?

Le Ministère accepte de coopérer, M. Grimfeld est très favorable aux MdN et convaincu de leur
bien fondé… ce serait bête de passer à côté de cette opportunité de voir un jour s’ouvrir des MN en
France sous prétexte de vouloir les voir s’ouvrir tout de suite. J’ai bien conscience que les parents
attendent… mais c’est peut-être pour mieux pouvoir les servir plus tard.

Cela dit, je me trompe peut-être complètement ! Dans ce cas je vous prie d’excuser mon
monologue. Très sincèrement.

P.S. La guerre est facile, la paix est beaucoup plus difficile car c’est un équilibre instable qui
demande à chacun une perpétuelle adaptabilité et remise en question… C’est un état sur le quel on
ne peut jamais s’asseoir en se disant « ça y est, j’ai réussi! »….

Paul Cesbron (gynécologue obstétricien - France) :

Il me semble qu’il serait bon de répondre positivement au ministère (il a changé) en lui adressant le
dossier demandé (il est prêt et il n’a pas changé). Deuxio, de garder la maîtrise de la composition de
la délégation, étant entendu que Montpellier doit en faire partie (ce n’est pas négociable !). Tertio,
rappeler simplement mais clairement que tout est prêt, que le dossier est conforme aux textes et que

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nous sommes convaincus de la volonté du ministère de lui accorder dans les plus brefs délais une
suite favorable !

Françoise Bardes (sage-femme libérale - France) :

J’ai bien reçu les différents messages. Je dois dire que j’approuve absolument les points suivants :
inutile de refaire une Nième écriture des projets de maison de naissance. Il y en a de bien ficelés
déjà : Montpellier et peut-être aussi d’autres ? Pourquoi la délégation du ministère ne comportait
aucun membre du projet de Montpellier ? Il faut mettre en route les sites prêts à fonctionner. Je ne
suis pas d’accord avec la formulation des points suivants :

* La mise en cause du groupe national serait l’affaiblir. Ce groupe lors de sa dernière réunion a
clairement dit que si nécessaire (absence de réponse valable du gouvernement sur les projets de
maison de naissance, et une réponse aimable et de perte de temps n’est pas valable à mon sens) n
prenait le maquis : c’est à dire que des sages femmes un peu partout ou des lieux sont prêts à le
faire, Montpellier ? Les Lilas ? accompagne réellement des naissances en des lieux dits maisons de
naissance avec publicité journalistique à l’appui.

* Le fait que le symbole de l’autonomie de la sage-femme soit le travail en maison de naissance en


passant sous silence l’accompagnement à domicile.

A été oublié dans le texte présenté au ministère comme dans celui de la MdN de Montpellier les
problèmes cruciaux des assurances...

Bernard Bel (webmaster du portail naissance <www.naissance.ws> - France) :

Puisque toutes les personnes porteuses de projets qui vous en ont fait la demande ont reçu un
dossier complet, dans ce cas, il suffit de leur en faire parvenir une photocopie... Et d’en profiter
pour l’afficher sur le web, afin qu’il soit enfin connu des personnes concernées : les futurs parents.
« Mouliner, une fois de plus, les mêmes informations » servira pour la simple raison que ces
informations n’ont jamais été rendues publiques. (Voir ci-dessus) N’importe quel bureaucrate,
aujourd’hui, peut interroger un moteur de recherche... Et constater qu’il n’y a aucune trace publique
des projets français, ni d’un débat citoyen autour de ces projets. De plus, ce n’est pas un nouveau
dossier, puisqu’il existe déjà. Pour finir : comment les parents peuvent-ils se mobiliser autour d’un
projet dont le contenu est resté confidentiel ?

Marion Le Guen (maman - France) :

Je serais intéressée par ce projet. Où peut-on le trouver ? Pour le soutenir il faudrait pouvoir en
prendre connaissance. Se mobiliser. Sous quelle forme ? Une pétition ? Une manif ? Un colloque ?
Sa demande n’est pas claire.

Françoise Bardes (France) :

Il y a déjà eu une pétition disant que ces parents, qui signent, aimeraient donner naissance dans une
MdN...

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Bernard Bel (webmaster du portail naissance <www.naissance.ws> - France) :

Brigitte Carenne me précise que ce n’est pas une pétition que le ministère attend, mais plutôt des
éléments pour évaluer le nombre de personnes en France intéressées par l’approche de la naissance
dans les MdN, en plus de toutes les études statistiques et rapports des scientifiques.

Jean-Claude Verduyckt (sage-femme indépendant - Belgique) :

Sur aucuns des sites sur les maisons de naissance au Québec, il n’est fait mention d’une quelconque
participation des parents-non-professionnelLEs dans l’organisation ou la gestion de ces maisons ...
ce sont des clientes ! (mais qui peuvent quand même participer à la rédaction d’une revue, organiser
l’un ou l’autre souper ...

Sur ces sites, il n’est nullement fait mention de l’intention des sages-femmes de sauter sur l’aubaine
qui sera peut-être un jour donnée aux familles d’accoucher à domicile ... Mais, il paraît que ce sont
des parents qui se sont battus pour ces maisons de naissance ! Il parait ! Je ne comprends plus rien
...

Marypascal Beauregard (maman - Québec) :

Il n’en est pas fait mention parce que, en réalité, les familles n’ont aucun pouvoir décisionnel ou
administratif. Aucun. Ben oui, on va les "écouter", avec une main sur le bras puis un sourire
compatissant, hochements de tête à l’appui, mais jamais une femme ne pourrait prétendre voir
comment l’argent de "sa" maison de naissance est géré, jamais un papa ne pourrait négocier le
"Protocole" concernant l’admission de sa femme à l’intérieur de la "maison". Les MdN sont gérées
exclusivement par les CLSC (centres locaux de services communautaires) ou pire, directement par
les hôpitaux, via les régies régionales de la santé. Récemment, ‘ma’ MdN, la 2e dans la liste de
Jean-Claude, a vu son budget "maternité" mêlé à la cagnotte commune. Ie elle doit ‘"justifier" ses
dépenses au même titre que le maintient à domicile pour les personnes âgées, les personnes
handicapées ou les enfants avec besoins dits "spéciaux". Les parents, ici on dit "les usagères" (en
prononçant d’une voix nasillarde, c’est mieux) n’ont rien à voir (ni à cirer je dirais) de la gestion
pure de la maison. Elles sont trop occupées par "l’occupationnel" de leur groupe d’usagères, leur
p’tits soupers, ou même, encore mieux, d’une campagne de levée de fonds :-(((

A mon humble avis, les sages-femmes n’en ont plus grand chose à cirer, des AAD (accouchements
à domicile) ... Pourquoi en est-on arrivé là ? une piste : les sages-femmes, "à légaliser", à cette
époque, elles étaient aussi de jeunes mamans. Elles ont sûrement vu l’opportunité d’avoir un "job"
reconnu, à l’intérieur même du monstre. Elles ont commencé à faire un tapage d’enfer, à dénoncer
les conditions de naissance de l’époque. Puis à cette époque, justement, au Québec, ça prenait pas
grand chose pour soulever une foule ! Alors on a entretenu le mythe, les femmes ayant marché avec
les sages-femmes ont vieilli, perdu le souvenir de ce que c’était "dans le temps", puis là, dans les
Institutions de Naissances québécoises, on répète ces protocoles sauvages hier dénoncés. Puis on
joue avec les chiffres, disant que finalement, il n’y a pas tant de transferts que ça etc. Moi, ça ne me
satisfait toujours pas, ces "réponses"...

Jean-Claude Verduyckt (sage-femme indépendant - Belgique) : Réaction à un message de


l’Association « Maison de Naissance de Montpellier »

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Association « Maison de Naissance de Montpellier » (3, rue de l’Aramon 34000 Montpellier
Tél. : 04.67.021.021 -Fax : 04.67.65 .86.75 e-mail : brigittecarenne@wanadoo.fr) :

[...] Aux Pays-Bas, l’organisation des soins permet à un peu plus de 30% des femmes d’accoucher à
domicile pour des résultats équivalents à ceux de la France, en terme de mortalité périnatale et
maternelle.

JC : Seuls les taux de mortalité ne sont pas suffisamment représentatifs

Cet exemple montre que la sécurité s’envisage différemment quand on réalise une bonne
correspondance entre une femme enceinte et un lieu d’accouchement.

JC : Je n’en vois pas la correspondance !

Tout lieu est sécuritaire, à partir du moment où il reçoit un type de femme qui lui correspond et
qu’il fait partie d’un réseau qui fonctionne.

JC : Sur quelles bases ces deux affirmations s’appuient-elles ? Que signifie concrètement le
terme "réseau" ?

L’idée des Maisons de Naissances n’est pas neuve : les premières ont vu le jour aux Etats-Unis il y
a une trentaine d’années

JC : Les premières Maisons dites, non pas de Naissance mais, d’Accouchement se sont
ouvertes au début du 20ème siècle en France, souvent au domicile des sages-femmes. Celles
dont on parle ici sont des Maisons créées à l’image des hôpitaux ...

puis au Québec, en Allemagne (une cinquantaine) et en Suisse (une vingtaine) fonctionnent avec
succès depuis plus de 15 ans. L’Italie et l’Espagne ont rejoint depuis peu les pays où les femmes ont
le choix entre accoucher en structure hospitalière, en clinique, en Maison de Naissance ou à
domicile. Les dernières statistiques européennes de mortalité et morbidité périnatale maternelle et
infantile montrent que la France se situe dans les derniers rangs. Les Maisons de Naissances sont,
avant tout, un outil majeur de prévention, d’information et d’orientation des parturientes vers des
structures où des praticiens leur correspondent.

JC : Sont-ce les MdN qui représentent un tel outil ? ou bien les personnes qui y travaillent ?
avec quelles reconnaissances ?

Les Maisons de Naissances qui fonctionnent ont permis de mettre en évidence une meilleure
adéquation entre les lieux de naissance, les types de suivi et les parturientes. En 1998,

JC : Dans quelles Maisons ?

60% des femmes suivies en Maisons de Naissances y ont accouché, 40% ont été orientées durant
leur grossesse vers un praticien ou une structure adaptés.

JC : Alors qu’on avance le chiffre de 85% de grossesses "normales" !

Ces structures proposent également un accouchement en toute sécurité :

JC : Comment ces structurent définissent-elles le terme "sécurité" ?

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pour l’Europe, en cinq ans, de 1993 à 1998, à peine 7% des femmes ont été transférées pour
l’accouchement vers une structure hospitalière ou clinique. Sur la totalité de ces transferts 95% des
femmes se sont déplacées en véhicule personnel. Depuis leur création en Europe, les Maisons de
Naissances affichent un taux de mortalité périnatale maternelle et infantile nul (transfert y compris).

JC : Où peut-on trouver la liste de ces Maisons et leur coordonnées précises ?

« La naissance témoigne d’une société pour le meilleur et pour le pire » disait l’historien J.Gélis
(qui a consacré plusieurs décennies de sa vie à retracer l’histoire de la naissance dans les sociétés
occidentales). L’approche psychologique de la maternité a, bien évidemment, un retentissement sur
le comportement durant la grossesse et l’accouchement comme en témoigne l’étude de
l’anthropologue Brigitte Jordan sur la perception de l’accouchement dans quatre cultures, les Mayas
du Yucatan (Mexique), la Hollande, la Suède et les Etats Unis. Schématiquement l’accouchement
est défini aux USA comme un processus médical, au Yucatán comme une étape stressante mais
normale de la vie familiale, en Hollande comme un processus naturel, en Suède comme un
accomplissement personnel. Aujourd’hui les femmes occidentales

JC : Quelles femmes occidentales ? Quelle en est la proportion par rapport aux femmes qui
souhaitent une prise en charge complète ?

ne veulent plus être prises en compte en tant que malade car la femme qui attend un bébé n’a pas de
maladie. Le principe des Maisons de Naissance qui a été prévu dans les dispositions
complémentaires aux décrets d’octobre 1998 mis en place par le ministère de la santé, répond
parfaitement à ces exigences.

Evaluation :

Bien que l’accouchement à domicile soit considéré comme « rétrograde ou archaïque » par la
grande majorité de la population

JC : Selon quelle(s) étude(s) ? "Majorité" signifie "combien " ?

les demandes auprès des sages-femmes augmentent au fur et à mesure du développement de la


médicalisation de la naissance.

JC : Quelle est la base de cette affirmation ?

Si les demandes dans les années 70/80 émanaient, pour la plupart, d’une clientèle spécifique («
tendance écolo » selon l’expression consacrée !), il n’en n’est plus de même aujourd’hui. Ces trois
dernières années les parents étaient :
agriculteurs
artistes, intermittents du spectacles
cadres de direction dans des entreprises ou administration,
enseignants : école primaire, collège, lycée, enseignement supérieur
professions libérales : architecte, avocat, infirmière, journaliste, photographe, ...
professions médicales : chirurgien, médecin, dentiste, sage-femme,

Ils choisissent l’accouchement à domicile par défaut, les méthodes d’accouchement proposés dans
les hôpitaux ou cliniques ne correspondant plus à leurs souhaits.

JC : Références de l’étude ?! Que signifie "choix par défaut" ? Quels étaient les items de la
question ?

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Les parents, faisant appel aux sages-femmes qui accouchent à domicile, sont dans une zone
géographique de 80 kilomètres autour de Montpellier et habitent les départements de l’Hérault, du
Gard et de l’Aveyron. Les sages-femmes qui participent à ce projet ont accouché à domicile : en
1999 : 25 femmes ; en 2000 : 47 femmes ; en 2001 : 75 femmes ; en 2002 : les demandes ont déjà
dépassé la centaine. Actuellement ces sages-femmes doivent refuser environ 30% des demandes qui
leur sont faites en raison de l’éloignement géographique (du domicile des sages-femmes ou d’une
clinique ou d’un hôpital) ou de l’impossibilité de faire une préparation suffisante, la demande ayant
été faite trop tardivement par manque d’information. Pour celles qui ne peuvent ou ne veulent
accoucher à domicile, un accompagnement global peut malgré tout être proposé. Cela a concerné :

en 1999 : 52 femmes
en 2000 : 81 femmes
en 2001 : 113 femmes

JC : Au vu de ces chiffres, qu’est-ce qui est réalisé pour attirer d’autres sages-femmes dans ces
régions ?

Si l’on considère qu’un tiers de ces personnes seraient prêtes à accoucher dans un lieu se situant à
moins de quinze minutes d’un CHU (ce qui est le cas de la maison de naissance de Montpellier et
compte tenu du nombre croissant d’appels téléphoniques reçus tous les jours, nous pouvons
envisager dès à présent un minimum de 160 accouchements pour l’année 2002 et de 200 ou plus
dans les années à venir. De plus, des sages-femmes libérales ne pratiquant pas d’accouchement à
domicile ou des sages-femmes salariées exerçant à l’hôpital ou en clinique, souhaiteraient venir
pratiquer en maison de naissance, facilitant ainsi l’accueil d’un plus grand nombre de parents.

JC : Quels sont les risques d’interventionnisme de la part de ces sages-femmes habituéEs


aux protocoles hospitaliers ? Quelles garanties seront données aux parents de "n’être pas
accouchés" par ces sages-femmes dans un tel esprit ? Combien de temps faut-il à unE
sages-femme pour se déshabituer des pratiques hospitalières ? Qu’est-ce qui est déjà mis en
place pour accompagner ces sages-femmes dans ce **très** difficile exercice ? Pourquoi
ne parle-t-on pas des médecins généralistes ?

Suivi et évaluation finale : Le réseau européen des maisons de naissance (Netzwerk-Europa)


propose une grille pour établir des statistiques sur les pratiques en maison de naissance.

JC : Comment avez-vous fait pour entrer en contact avec ce "réseau" ? Comment faire pour
obtenir un exemplaire de cette grille ? Quelles sont les personnes (qualification) qui font
partie du comité d’élaboration de cette grille ?

Elle servira de base à l’élaboration d’un document spécifique qui sera utilisé afin de consigner
toutes les informations permettant de faire des évaluations et d’apporter des améliorations.
Formation : Comme nous l’avons déjà indiqué, l’accouchement physiologique, lorsqu’il est possible

JC : Comment définit-on « accouchement physiologique » ? Pourquoi préciser « s’il est


possible » ?

est une demande de plus en plus fréquente de la part des femmes enceintes, à titre individuel ou
relayée par les associations de parents.

JC : De quelles associations de parents ?

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C’est également la demande d’un nombre de plus en plus grand de sages-femmes. Ces demandes
aboutissent au projet de création de maisons de naissances mais il ne faut pas se leurrer quant au
nombre d’accouchements possibles dans ces maisons : il restera faible.

JC : Pour quelles raisons ?

Hors les maisons de naissance, d’autres solutions existent, telle que la mise à disposition des sages-
femmes d’un plateau technique en structure hospitalière, la création d’un service spécialisé pour les
accouchements physiologiques dans certaines cliniques souhaitant offrir une alternative à leurs
clientes...

JC : Ou se situe l’accompagnement de naissance a domicile dans cette liste de solution ?

(+ Sophie Gamelin : en France cette loi d’ouverture des plateaux techniques est
extrêmement peu appliquée, et il ne faut pas compter dessus dans l’avenir au vu des lois
appliquées quant au regroupement des maternités, et des autorisations des ARH... !)

Les sages-femmes devant pratiquer dans ces nouveaux contextes vont avoir besoin de se former et
se perfectionner. Il faut ajouter à ce nombre, les sages-femmes libérales qui vont spontanément
s’intéresser à cette approche ainsi que les élèves des écoles de sages-femmes qui vont souhaiter un
stage pratique dans ce domaine au cours de leurs études.

Financement :

Le financement de la maison de naissance a été assuré pour le moment par un investisseur privé
intéressé par le projet. Concrètement, cela s’est traduit par l’achat de la maison du 3, rue de
l’Aramon pour un montant de 1.400 KF. Pour adapter cette maison, qui était à usage d’habitation,
des travaux ont été nécessaires, Le montant de ces travaux est évalué à 390 KF. Un budget pour le
mobilier et les équipements spécifiques

JC : En quoi une naissance demande-t-elle un équipement spécifique ?

a été étudié au plus juste et s’élève à 161,5 KF. Sur le plan médical, il est nécessaire de prévoir un
minimum de matériel fixe

JC : C’est-à-dire ?

pour un montant de 172,5 KF ainsi qu’un stock de consommable et de produits pharmaceutiques


d’usage courant

JC : C’est-à-dire ?

pour un montant total de 37 KF. Fonctionnement : Un projet de budget de fonctionnement annuel a


été établi dans lequel ont été intégrés les amortissements des équipements et du matériel médical.
Ce budget établi sur la base de 160 accouchements par an s’élève à 1 116 KF. Au bout du compte,
le coût prévisionnel d’un accouchement dans la maison de naissance de Montpellier s’élèverait aux
alentours de 10.000 F (3000 F d’honoraires pour la sage-femme 800 F pour la deuxième sage-
femme qui viendra au moment de l’accouchement et 1 200 F pour l’infirmière de garde

JC : Qu’a-t-on besoin d’unE deuxième sage-femme et d’unE infirmierE de garde pour


accompagner un accouchement physiologique (ou eutocique) ?

10
et 5.000 F de frais pour la maison de naissance.

JC : Oups ! le petit déjeuner est servi au lit pour ce prix-là ?

Nous rejoignons là, comme il fallait s’y attendre, les coûts des maisons de naissance européennes
ou américaines. L’expérimentation se ferait sur 3 ans. La sécurité sociale prendrait le relais dans le
cadre des remboursements des accouchements. Partenaires du projet : Le projet de Montpellier est
porté par quatre sages- femmes : Christine GAGNER, Doris NADEL, Françoise SERVENT, Ariane
STEINBERG. Et un partenaire financier, coordinateur du projet : Brigitte CARENNE. Personnes
ou associations soutenant le projet :

Madame Mireille Jospin qui est marraine du projet « Maison de Naissance »,


le groupe national des projets Maisons de naissance regroupant les deux syndicats de sages-
femmes (l’ONSSF et l’UNSSF),
l’association nationale des sages-femmes libérales (l’ANSFL),
la fédération de parents « Naissance et Libertés » regroupant une dizaine d’associations de
parents,
l’association Naissance et Citoyenneté,
le réseau Netzwerk,
des gynécologues, des pédiatres et des médecins généralistes,
des infirmières,
des parents.

JC : Le fait que les "parents" sont repris en dernier lieu dans cette liste signifie : le hasard, leur
nombre par rapport aux autres soutenants, un signifiant quelconque ?

Conclusion : Dans un contexte ou la naissance tend vers l’uniformisation

JC : Les naissances dans de telles MdN ne tendront-elles pas à être aussi uniformisées ?

nous pensons que la diversité est la garantie d’une véritable démocratie et que les maisons de
naissance ont un rôle à jouer dans l’organisation périnatale car elles permettraient : d’offrir une
alternative à l’accouchement en structure hospitalière, pour les femmes qui désirent un
accompagnement global et un lieu de naissance où la physiologie est respectée.

JC : Quelles preuves pouvez-vous apporter que la physiologie - pour autant que ce terme
soit concrètement défini - sera vraiment respectée ?

de démontrer l’apport de la promotion de la physiologie pour la santé de la femme, de l’enfant et de


la famille.

JC : L’homme est, je le suppose, repris dans le terme "famille" ?

Etre un lieu de formation pour les futurs sages-femmes qui d’ici peu devront être capables de
pourvoir à la pénurie de gynécologues.

JC : Le domicile des parents n’est-il pas le lieu le plus adéquat pour réellement former les
futurEs sages-femmes au respect de leur singularité ? Comment s’envisage concrètement la
formation de ces futurEs sage-femme dans votre MdN ? Qu’en pensent les parents impliqués
dans votre projet ?

11
Etre un lieu d’information pour les parents avant et après la naissance. Etre un lieu de rencontres
entre les différents acteurs qui interviennent autour de la naissance pour en modifier l’approche en
hôpital et clinique. D’évaluer le suivi des grossesses physiologiques et la pratique des
accouchements par les sages-femmes.

JC : De quelles manières cela sera-t-il réalisé ?

Etre une Maison Pilote pour que d’autres Maisons de Naissance puissent s’ouvrir dans d’autres
régions de France (une dizaine sont en « gestation » ).

Sophie Gamelin (auteure du site <www.perinatalite.info> - France) :

Personnellement, je trouve que s’activer sur les MdN, sans que les mentalités quant à la naissance
évoluent, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Et si 200 couples étaient intéressés (cf autre mail
sur ce sujet) eh bien il ne faut pas attendre après le gouvernement ni après les professionnels...

Françoise Bardes (sage-femme libérale - France) :

Personnellement, je pense qu’une MDN c’est quand même moins atroce qu’un hôpital à 3000
Naissances. Ca rassure certains parents alors pourquoi pas. Je trouve dommage de dire que la
mentalité quand à la naissance n’évolue pas : ça c’est pour les décideurs. Mais pour les parents
piégés dans ce genre de pensées impérialiste ? Et les soignants d’ailleurs ? Si on veut se sortir un
jour du merdier ce ne sera pas en laissant une poignée d’activiste causer, mais avec un raz de marée
= raz le bol des parents qui en ont marre de se faire ligoter sur un lit avec une perfusion dès leur
arrivée... Merde c’est le silence des agneaux. Les questions de JC sont peut-être pertinentes je ne les
ais pas relues, mais je trouve injuste inefficace de tirer sur le piou piou qui veut faire quelque chose
courageusement... Voila mon coup de gueule... Et que personne ici ne vienne me tirer des larmes
sur les misères subies en hôpital si personne ne veut lever le petit doigt autrement qu’en prônant
l’accouchement non-assisté (ANA).

François Kips (père - Belgique) :

Je pense que vous avez toutes les deux raison (Sophie & Françoise) : C’est sûr qu’à propos du mode
opératoire concernant les accouchements, ce n’est pas demain la veille que les mentalités
changeront, y compris - surtout ? - chez les parents. L’explication en est simple : en fait et depuis
que le monde est monde, les changements de comportements - et donc de mentalité - ont toujours
été induits par une poignée de précurseurs, quasi toujours catalogués de doux-dingues par leurs
contemporains. Tenir compte de ce paramètre est donc fondamental lors de l’élaboration de toute
action militante (en l’occurrence, développer une proposition alternative à la naissance hyper
médicalisée en structure). Cela dit, je pense de plus en plus - justement à cause de l"immaturité"
actuelle des mentalités - que les MdN seules ne sont pas (encore) suffisantes pour être l’objet
principal d’un projet. Je crois qu’elles doivent faire partie d’un projet politique nécessairement
beaucoup plus vaste pour être viable et incluant des actions militantes axées sur la dénonciation de
l’hypermédicalisation de la naissance et prônant la naissance naturelle. C’est précisément ce à quoi
nous sommes en train de réfléchir pour redéfinir l’objet de notre asbl Carrefour-Naissance, ici en
Belgique.

Sophie Gamelin (auteure du site <www.perinatalite.info> - France) :

12
Je comprends ton point de vue Françoise, mais le « moins » que tu utilises me gêne. Les demandes
restent : « moins de médicalisation » « moins d’épisiotomies »... « moins atroce »... Donc les MdN
ce sera atroce... mais moins !? A mon sens, poser comme base que la naissance n’a pas à être
médicalisée et que c’est le domaine des parents. Si les parents comprennent ça c’est un pas de géant
! Bon sang c’est tellement évident que la France est partie sur le même chemin que le Canada ! :-(
Alors je dis que si les mentalités à la base n’évoluent pas, on part directement dans le mur ! Que la
gestion MdN sera la même que pour les hôpitaux tant que les parents n’en seront pas les instigateurs
! C’est tout autre chose que des parents disent "non, pas d’episio !" bref non tout simplement. Et si
leur désir c’est d’appeler une sage-femme à leur domicile ou d’aller accoucher tranquillement dans
une chambre d’hôpital, libre à eux bien sûr, mais le rapport au médical sera tout autre ! Et c’est bien
là que l’articulation ne se fait pas. Que stoppe ce système où c’est profil bas devant le docteur qui
sait, la sage-femme qui sait... Tu me comprends ? Quand je parle des mentalités c’est le rapport au
médical. De plus on parle toujours DES sages-femmes... Mais ce sont pas des clones ! c’est comme
les Accouchements A Domicile, il n’y en a pas deux pareils.... Pourquoi est-ce dommage de dire
que les mentalités quant à la naissance n’évoluent pas ? Dis-moi ce qui a changé ? Est-ce que
l’information circule à la base du phénomène naissance : c’est à dire les parents ? non ! Est-ce que
les parents "piégés" ont tellement envie de sortir du piège ? Je ne crois pas tant qu’on reste dans la
position de victime.... Mais allez-y courageusement ! sauf que encore une fois où sont les 200
parents ? Et comment font les autres pour se rallier au projet ? Personnellement je ne signe pas de
chèque en blanc....

> Et que personne ici vienne me tirer des larmes sur les misères subies en hôpital si
personne ne veut lever le petit doigt autrement qu’en prônant l’ANA.

ça va mieux maintenant que tu l’as écrit ? ça me touche ce que tu écris là, car personne ne prône ici
quoi que ce soit ! Tu me fais penser aux femmes qui allaitent et qui sont fatiguées et qui disent
"c’est la faute à l’allaitement", alors que tout simplement s’occuper d’un bébé est en soi fatiguant...
Justement je veux bien lever le petit doigt, mais pas en béatifiant devant qui que ce soit, et surtout
pas une corporation médicale ! Quand est-ce qu’*on* prendra les parents pour autre choses que des
gosses qui doivent obéir ? Peut-être quand ces *gosses* le feront comprendre. Mais je ne pense pas
qu’on en soit là .. C’est pour cela que je parlais des mentalités....

Jean-Claude Verduyckt (sage-femme indépendant- Belgique) :

Super, ton coup de gueule Françoise ! S’il est une chose que je prône, c’est la liberté et l’autonomie
des (futurs-)parents .. (et si l’ANA les tente, c’est leur liberté. Et je suis tout prêt à les aider à
réfléchir). Dans le cas des MdN, il est clair que cette organisation-là leur retira encore plus la
liberté d’accoucher chez eux avec l’accompagnement d’unE sage-femme ! Car dès que les MdN
ouvriront ici, les sages-femmes préféreront, en grande majorité, leur petit confort dans leur
merveilleuuuuuse structure ! (où elles/ils seront encore plus cadenasséEs qu’à l’hôpital : ils/elles ne
pourront plus dire "c’est à cause du gynécologue qui veut que ...", mais devront assumer les
responsabilités de gestion (...) et devront inventer un nouveau mode de communication avec les
parents pour leur faire croire que c’est "vraiment pour leur bien si ..." Bref, après s’être battuEs pour
pouvoir faire les épisiotomies "comme les gynécologues", pour pouvoir s’occuper des péridurales
"comme les anesthésistes", pour pouvoir intuber les nouveaux-nés "comme les pédiatres", ...
Ils/elles devront assumer la direction de leur établissement avec tout ce que cela suppose de charges
et de comptes à rendre aux autorités médico-juridico-politiques ... Ce n’est pas en cherchant à aller
jouer dans la cours des grands, qu’ils/elles apprendront à reconnaître qu’un enfant c’est aussi bien
qu’un grand ! La Naissance planifiée, organisée, protocolisée, régentée ... même avec le sourire de
la crémière, ne peut pas reconnaître l’individualité. Or, pour moi, enfanter est une question
individuelle, avant toute chose !

13
Marie-Pierre <pcmpv@peoplepc.fr>

Je lis vos échanges avec intérêt, après avoir mis beaucoup de temps pour comprendre comment
diable arriver à suivre quelque chose dans ce labyrinthe ! Bref je crois que ça y est à peu près. En
revanche, mon intervention est un peu décalée, parce que je serai bien incapable, matériellement et
" psychologiquement " de réagir aussi rapidement que certains d’entre vous. Jean-Claude a écrit :
"La Naissance planifiéE, organisée, protocolisée, régentée... même avec le sourire de la crémière,
ne peut pas reconnaître l’individualité. Or, pour moi, enfanter est une question individuelle, avant
toute chose !" Je sors cette phrase de son contexte (mon interrogation ne porte pas sur les pétitions
ou les maisons de naissance) : elle m’évoque par association d’idées une question, qui s’adresse à
Jean-Claude, à Françoise Bardes, et aux autres sages-femmes ou gynécologues, s’il y en a, de la
liste. On parle beaucoup des parents, mais comment vous voyez-vous votre rôle dans les
accouchements ? (Si cette question a déjà été abordée, vous pouvez peut-être m’indiquer des
numéros d’archives). Si enfanter est une question individuelle, quelle est la place de
l’accompagnant (je ne parle pas du père, je parle de l’accompagnant ayant des connaissances
médicales) ? Est-elle pour vous précisément et uniquement d’aider au développement de cette
individualité, d’être un simple révélateur ? (Ou, pour ceux que les références classiques n’effraient
pas : un peu comme l’esclave de Ménon, grâce à la présence de Socrate, trouve " tout seul " la
démonstration du théorème, ou comme le patient sur le divan grâce à la présence du psychanalyste
retrouve " tout seul " son histoire). A côté de ça, quel est pour vous la place du rôle d’expert que
l’on vous prête traditionnellement ? La réduisez-vous à zéro ? Ne considérez-vous pas être là
AUSSI pour " savoir quoi faire " si... ? Où alors est-ce que vous faites varier votre rôle en fonction
de la demande, du caractère, du désir des parents ? Cela ne demande-t-il pas une plasticité, une
agilité qu’il est quasiment impossible d’atteindre ? Ou alors. autre chose encore ?

Jean-Claude Verduyckt <jeanclaude.verduyckt@swing.be>

Bonjour Marie-Pierre, Si tu poses les questions, et qu’en même temps tu y réponds encore plus
complètement que je ne l’aurais fait, où va t-on ? Mais j’aimerais toutefois revenir sur la notion
d’"expert". Peut-être par mes études (principalement celles antérieures à mes études de sage-femme,
d’ailleurs) mais surtout par mes recherches depuis lors, j’ai une certaine culture de la Naissance ...
plus qu’une connaissance. Je pense que ce n’est pas tant savoir qui est important, mais savoir
comment savoir ... (Autrement dit n’importe qui peut chercher à savoir une chose précise : ce sont
la majorité du temps les personnes atteintes d’une maladie rare qui s’y connaissent plus que les
professionnelLEs lambdas.) Cette "expertise" ou "spécialisation" ne peut jamais remplacer la
connaissance de soi ... par contre la "culture" d’un domaine peut apporter des éclairages nouveaux ;
et ceux-ci peuvent être proposés en réflexion d’autrui. Comme je pourrais m’étendre sur ce sujet
durant des heures, je préférerai que ce soit dans le cadre d’une conversation ensemble ... j’en reste
donc là ... pour pouvoir passer pour l’instant à d’autres messages.

Bernard Bel (webmaster du portail naissance <www.naissance.ws> - France) :

Oui Françoise, tu ferais bien de lire ou relire ce qui a été écrit et dit au sujet des projets de maisons
de naissance... Ça fait maintenant des années que se montent, en France, des projets en catimini,
sans aucune visibilité publique, sans aucun débat public avec les personnes concernées, qui sont les
futurs parents. Quand on lève un peu le voile, c’est pour dire que les MDN doivent être gérées par
des sages-femmes, et uniquement des sages-femmes... Voir les rarissimes liens que nous avons pu
rassembler à ce sujet, sur la page : http://naissance.ws/docs.htm

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Régulièrement on nous refait le coup de la pétition, un chèque en blanc, une adhésion franche et
massive à des projets dont il paraît qu’il existe des dossiers tout aussi impressionnants qu’invisibles
aux pauvres ignares que nous sommes, futurs usagers/clients de ces MDN...

Où sont les preuves de la supériorité du système MDN, par rapport aux maternités _et_ par rapport
à l’accouchement à domicile? Où est le "courage" dans une telle manipulation de l’opinion
publique? Il y a des gens qui ont déjà levé le petit doigt, et plus que le petit doigt: en défendant, et
en réalisant concrètement, des projets de maison de naissance parentale qui sont largement
documentés. Cf Sarlat en France ou Charleroi en Belgique. Or ces projets ont été ignorés ou
torpillés par les "professionnelLEs"... Exclue aussi, de ces projets, toute mention de l’accouchement
à domicile _avec_ sages-femmes. Car on sait bien que les MDN marqueront la fin de la pratique des
sages-femmes à domicile. Elles n’ont même pas tenté d’affirmer le contraire ...

Blandine Poitel (auteur - France) :

Ne t’énerves pas Françoise, on cause, on cause ! Pour ma part, j’écris, je "réunionnite", j’informe, je
cause ... goutte d’eau par goutte d’eau .... Moi aussi je trouve que cela ne va pas assez vite ... J’ai eu
une expérience fabuleuse d’un accouchement en Maison de Naissance, à Sarlat, (fermée
aujourd’hui), et je ne sais pas si finalement, il ne faudrait pas que tous les projets aboutis de maison
de naissance (Pau, Montpellier) ouvrent ensemble sans attendre les papiers ... parce "qu’ils" ont
beau dire, les maisons de naissance "ils" n’en veulent pas ! cela ne m’empêche pas de participer aux
actions associatives et autres, mais...

Françoise Bardes (sage-femme libérale - France) :

Je ne veux pas tirer sur l’ANA (Accouchement Non Assisté) ... Je suis en accompagnement d’AAD
(Accouchement à Domicile) ... Donc ma position personnelle est claire. Je ne crois pas au bienfait
des MdN par essence. Voir courrier à Bernard sur les avantages que j’y vois. Courir à des
kilomètres ce n’est pas de l’égoïsme de vouloir ne pas faire ça. C’est une forme de lutte contre
l’épuisement... S’il y avait une génération spontanée de sages-femmes partout pour les
accouchements à domicile, ça éviterait de courir si loin ... En Angleterre un magnifique mouvement
de foule de parents, de sages-femmes, de politiques ont décidé que toute femme doit être
encouragée dans le type de naissance de son choix. Une coordinatrice doit lui fournir les adresses
des sages-femmes pour un accouchement à domicile si c’est cela son chemin. C’est dur pour celles
qui n’y sont pas à l’aise. Ca fait faire des accouchements à celles qui bossent genre PMI, mais ça
peut aussi faire sortir ces dames de l’hôpital. Résultat beaucoup d’anxiété pour certaines, ... Et du
burnout pour toutes.... Quant aux qualifications de pédiatre anesthésiste obstétricien, je pense que
certaines sages-femmes croient en la sécurité sous cette forme et en effet c’est le recours régulier en
structure. Perso je ne crois pas que ce soit un chemin à faire parcourir à toutes. Je pense que c’est du
snobisme et du vouloir rivaliser avec les toubibs. Ca ne m’intéresse pas. Mais si les sages-femmes
qui pratiquent les AAD pensent parfois ainsi, il n’en est pas de même de la profession qui est flattée
dans son ego de l’assimilation à une profession médicale. Mais devons-nous ici tout mélanger ? Les
maisons de naissance sont gérées par les parents ou les sages femmes et n’y pratiquent que des
sages-femmes... Qui n’ont d’autre moyens que ceux accessibles à domicile. Ce n’est pas le
domicile, donc pas la même familiarité pour les couples avec l’environnement. Voilà je n’ai pas
besoin à PAris de MdN. Par contre en province ? Farida, les kilomètres qu’elle parcourt... c’est pas
triste... Voilà ... Quant au statut des MdN, à mon avis pour celle de Montpellier ça doit être possible
de l’avoir de Brigitte Carenne.

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Sophie Gamelin (auteure du site <www.perinatalite.info> - France) :

Dans les archives-messages de la lettre-périnatalité, il est possible de lire plusieurs messages au


sujet des MdN : les numéros 45 / 66 / 70 / 126 / 127 / 132 / 135. Notamment dans le numéro 127,
Christiane Jeanvoine précise :

« Le groupe national de travail pour les maisons de naissance est le groupe qui s’est constitué
depuis 1999 à Paris pour donner une cohésion, une cohérence une force aux différents projets de
MDN en cours sur le territoire français. Après plusieurs réunions à Paris et en 2001 à Colmar, celui-
ci s’est réuni en mai et en octobre 2002 à Paris. Il a pour vocation de réfléchir, coordonner, impulser
et dynamiser la réflexion et l’action autour des Maisons de Naissance, et surtout sur la pratique
d’accompagnement effectué par les sages-femmes de manière globale pour la naissance des
bébés. »

Egalement un lien incontournable sur le sujet des maisons de naissance et disponible sur le "portail-
naissance" : transcription d’un débat http://naissance.ws/liste/maisons-naissance.htm qui avait eu
lieu à Paris.

Françoise Bardes (sage-femme libérale - France) :

Comme tu l’as lu, je mentionne aussi dans les critiques aux textes de Montpellier que l’autonomie si
chère aux sages-femmes (une poignée d’entre elles plutôt) n’est pas symbolisé par la MdN mais en
effet par l’AAD. Pour moi je pense que la MdN est une commodité pour les sages-femmes qui
doivent faire des tonnes de kilomètres : personnellement les familles qui habitent loin me bouffent
un temps bien supérieur au temps que je passe chez elles... de plus certains parents semblent se
sentir rassurés davantage dans une MdN qu’à domicile... pourquoi ?

Jean-Claude (sage-femme indépendant - Belgique) :

Excellente question ... Qui s’est pris la tête jusqu’à présent pour tenter d’y apporter des éléments de
réponse ?

Françoise Bardes (France) :

En tout cas si je bossais en pleine campagne fort loin du premier hôpital venu, je crois que je
préférerais pour certaines naissances la MdN, plus proche, et pourtant où tout le monde peut bouger
naturellement sans influence médicale.

Jean-Claude (sage-femme indépendant - Belgique) :

Peux-tu préciser ce que peuvent être ces « certaines naissances » (du point de vue des parents,
médicalement, pour ta réassurance, ...) ? De plus je te signale que la profession de sage-femme est
médicale.

Françoise Bardes (France) :

C’est vrai que je ne vois pas l’utilité que le parents soient gestionnaires ? En quoi est-ce une
garantie ? Ce n’était pas le cas de Sarlat ? Si ?

16
Jean-Claude (sage-femme indépendant - Belgique) :

Je ne sais pas ce qu’il en est de la maison de Sarlat. Mais ton interrogation est aussi intéressante. Il
est un fait que certains parents-non-professionnels peuvent avoir leurs propres opinions sur
comment doit se dérouler une naissance et dans quelles conditions ... Ceux-là peuvent être pires que
n’importe quel professionnel. Il est un autre fait qu’il est aisé d’élire des parents-non-professionnels
dans un comité de gestion pour certaines de leurs caractéristiques (un peu comme on choisit une
sage-femme responsable de service dans les hôpitaux ... - du moment qu’elle/il s’occupe bien de
l’administratif du service, aplanisse les revendications du personnel, et laisse tout le pouvoir aux
médecins et autres gestionnaires ... - ) Mais peut-être pourrait-il en être autrement si ce sont des
parents - et seulement des parents - qui élaborent et construisent le projet, le mènent à bien et
engagent des sages-femmes pour y travailler ! Ces dernierEs pouvant faire partie d’un comité
"scientifique" (Sophie Gamelin : c’est ce qu’on pourrait appeler un "comité consultatif") proposant
des aménagements, questionnant les parents ... Et oui ! le monde à l’envers du pouvoir ?!

François Kips (père - Belgique) :

Personnellement je vois l’utilité que le parents soient gestionnaires des maisons de naissance. Eh
bien, cela dépend du choix politique contenu dans le projet. Si l’objectif des parents est de se
réapproprier la totalité de leur statut d’acteurs de la naissance ET d’éviter au maximum toute
influence (lire pollution) professionnelle, alors oui, les parents en tant que gestionnaires, est un
choix utile et même nécessaire.

Françoise Bardes (sage-femme libérale - France) :

Ceci dit qui empêche les parents de gérer quoique ce soit ? Dans le cas de Montpellier c’est une
initiative privée qui a permis d’acquérir le local. Comme aussi la maison de naissance de Pau,
comme aussi la prochaine des Lilas. Faut-il un statut spécial ? Dans le cas de deux sages-femmes
aies ce sont des parents en effet qui gèrent un local et les parents viennent pour y donner naissance
et personne n’a encore levé le petit doigt pour porter plainte. Ceci dit géré par l’un ou l’autre, la
relation parent-professionnel reste une interaction individuelle dès que la relation est directe et pas
régie par des administratif, chefs,.... donc de petite taille en nombre de naissance.

Françoise Bardes (sage-femme libérale - France) :

Les parents se font piéger, et après ils cherchent autre chose ... Mais quand est-ce que ça va changer
? Si il n’y a pas un mouvement fort, des parents piégés et devenus de ce fait conscients ... de cette
liste par exemple (et je ne vais pas sur d’autres) mais il y a peut-être quelque chose à faire, non ? On
va laisser faire ces grosses maternités à 300. D’ailleurs une seule de 750 000 à Paris, ce serait
encore plus rationnel... Les parents c’est pas moi... Mais quand vont-ils causer ?

François Kips (Père - Belgique) :

Si, par "les parents", tu entends "la majorité des parents", la réponse est facile : JAMAIS ! Et ce ne
sont pas les raisons qui manquent : Manque d’infos... Désintérêt... Procrastination... Absence de
fibre citoyenne... Bref, si le "mouvement" doit un jour s’enclencher, il ne le sera jamais que par 5%
maximum des personnes concernées. Comme d’habitude...

17
Françoise Bardes (sage-femme libérale - France) :

Bon ben ils n’ont qu’à supporter... les naissances de rêve en hospitalier que leur concoctent les
décideurs.

Jean-Claude (sage-femme indépendant - Belgique) :

Ce sont effectivement certaines raisons qui peuvent être invoquées. J’en vois d’autres très
importantes. Si le corps des femmes enceintes - sans même parler de leur psychisme ! - est et reste
un mystère pour la médecine (qu’elle tente de comprendre en le ponctionnant à tour de bras), et cela
en très grande partie, les petites connaissances que nous avons ne semblent pas préoccuper ni même
intéresser les non-médecins ! Aujourd’hui, pourtant, la question de l’accès à cette petite
connaissance ne se pose plus !

Mais il est vrai que de très nombreux "spécialistes" par des attitudes "manipulatrices" tentent de
conserver une forme de pouvoir du savoir dans les situations individuelles ... (et quand je parle de
"spécialistes" ce ne sont pas nécessairement ceux et celles qui détiennent les bonnes informations ;
mais bien souvent, des professionnels "décentralisés" qui ne tiennent pas leurs connaissances à jour
- style pharmaciens, infirmiers de PMI, et autres aides-soignants, ... -)

[Le pape et les cardinaux édictent des normes générales, mais ce sont les prêtres qui les adaptent à
leurs ouailles localement, pour mieux les contrôler ...]

Il en résulte que la majorité des parents ne vont pas chercher l’information, car, peut-être, il leur
semble que ces connaissances leur sont "inaccessibles" au niveau compréhension .. niant en même
temps leur propre connaissance de leur corps, de leurs sensations, de leurs intuitions, ... En résumé,
l’enfantement est une "boîte noire", considérée encore plus noire par les premiers intéressés - fort
probablement rendue telle par la majorité des professionnels -.

Un autre aspect, et non des moindres, est le rythme infernal de vie de Monsieur et Madame
Toulemonde ... et le peu d’intérêt qu’ils portent à leur santé en général. Le phénomène social est de
taille. Si l’on connaît bien le fameux "diviser pour régner", ce sont surtout les militaires qui savent
que la "confusion dans les rangs affaiblit l’ennemi" .. Course effrénée entre le boulot, métro, McDo,
RTL, la crèche ... et puis l’école ... achat du DVD, de la voiture, de l’appartement/maison ... qui
prennent plus de temps que de rester auprès de l’enfant rougeoleux ... 5%, disais-tu ? Je ne te
connaissais pas aussi généreux dans les chiffres…

Marion Le Guen (maman - France) :

Moi je ressens surtout une emprise économique de la naissance. L’accouchement doit être rentable
dans le public comme dans le privé. Rentable donc rapide, donc à la chaîne, donc pas de place à
l’individu et à ses particularités. Hors l’accouchement n’a aucun prix et n’en aura jamais. Quelle
sage-femme aujourd’hui peut dire qu’elle vit d’AAD seulement. Celles qui le font, le font par
conviction et parce qu’elles le peuvent financièrement. Voilà mon avis. Et une MdN ne changera
rien à tout ça, parce que cette dernière devra tourner et donc être rentable... et nous y revoilà...
L’accouchement ne peut être qu’un acte gratuit (dans le sens ce n’est pas une activité lucrative) ou
un échange...

18
François Kips (Père - Belgique) :

Une MdN n’a pas à être rentable si elle est gérée par une ASBL (association loi 1901 en France) :
là, plus besoin de rentabilité. Il faut juste rentrer dans les frais.

Marion Le Guen (maman - France) :

Ah bon, pourquoi, le service public en France est censé faire des bénéfices ? Concernant
l’association loi 1901 le problème est le même : il faut pouvoir rémunérer le personnel (et c’est pas
gagné) et les charges fixes telles que le loyer, les assurances, l’entretien, and co. Le prix sera-t-il le
même pour toutes les familles ? Les familles ayant un revenu limité auraient-elle accès à ce service
(ça c’est un reste du service public français, même si ça flanche j’y tiens). En fait j’ai compris en
envoyant mon message ce matin que les maternités publiques avaient besoin des accouchements
"sans problème" pour payer les autres accouchements plus coûteux et rentrer dans leur frais.

Christophe (France) :

En tant que responsable d’une association de parents, j’avais rencontré des sages-femmes de
Montpellier au printemps pendant le CA de la fédération Naissance & Libertés. Ensuite j’ai rédigé
une lettre accréditant l’engagement de notre association et revendiquait auprès du ministre que soit
légiféré sur les MdN et ainsi une ouverture concernant un CHOIX SUPPLEMENTAIRE offert aux
parents. Ensuite, j’ai écrit aux députés et je suis toujours en relation courrier avec ! Je trouve
extrêmement pertinent le regard de Jean-Claude, le sens critique, la capacité à révéler les vraies
problématiques. Il y a quelques jours j’ai envoyé un mail à Brigitte Carenne lui diffusant le riche
commentaire de JC, afin qu’elle et son groupe, élaborent plus en avant son schéma directeur de
MdN. Et j’attirais son attention sur effectivement ces points relatifs à l’importance réelle accordée
aux parents. Il sera bien temps de s’asseoir et théoriser. Le statut ne sera-t il jamais accordé ?! (...)

Sophie Gamelin :

"Françoise Bardes avait écrit : Je ne veux pas tirer sur l’accouchement non assisté.. je suis en
accompagnement d’aad... Donc ma position perso est claire. Je ne crois pas au bienfait des
MDN par essence. Voir courrier à Bernard sur les avantages que j’y vois. Courir à des KM c’est
pas de l’égoïsme de vouloir ne pas faire ça. C’est une forme de lutte contre l’épuisement...

La lutte contre l’épuisement ... alors c’est le même combat que celui des médecins qui prônent le
déclenchement pour 1) ne pas s’épuiser à veiller les accouchements de nuit et 2) permettre que tout
le staff soit là "au cas où". Si tu mets en avant la nécessité des MdN pour la lutte contre
l’épuisement, sur ce point alors, il faut plutôt défendre l’AAD ... !? Les kilomètres je comprends
c’est épuisant. Pareil pour les représentants et autres boulots de commerciaux. Et de plus, comme il
y a pas mal de naissances la nuit, ça cumule. Donc y’a pas photo, oui, c’est épuisant. Mais c’est le
métier de sage-femme libérale…

Crois-tu à une génération de sages-femmes libérales avec AAD, accompagnement global, quand
dans leurs formations on leur enseigne la trouille et une vision médicalisée de la sécurité ? Je ne le
crois pas. Il y a beaucoup de travail à faire en amont à la base de la pratique sage-femme : la
formation. Et de l’autre bout, l’information aux parents : comment peuvent-ils se sentir "plus en
sécurité" dans une maison de naissance, plutôt qu’à leur domicile ? (j’évoque le "plus de sécurité"

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qui est souvent mis en avant, maintenant il est clair que chaque couple peut avoir d’autres envies,
choix, désirs, qui leur font choisir une MdN, bien sûr)

"Françoise Bardes avait écrit : Les maisons de naissance sont gérées par les parents ou les
sages femmes et n’y pratiquent que des sages femmes... Qui n’ont d’autre moyens que ceux
accessibles à domicile."

Le penses-tu vraiment ? Moi je pense que quand la sage-femme est sur le "terrain" de la famille,
c’est à dire à leur domicile, elle réfléchit à deux fois à un transfert, parce qu’elle sait qu’elle + la
famille, aura un mauvais accueil en structure dans la plupart des cas. Elle le décide en dernier,
dernier recours. Je pense qu’en MdN, sur le terrain des sages-femmes, il y aura plus de transferts.
D’une part parce que les sages-femmes qui bosseront en MdN n’auront pas forcément l’expérience
de pratiquer à domicile, et d’autre part parce que l’organisation des transferts sera plus souple, ne
serait-ce que parce que ce sera prévu dans l’organisation même, inhérente à l’organisation MdN.

Françoise Bardes (sage-femme libérale - France) :

Oui c’est peut-être ça être sage-femme. Mais vu qu’on est une soixantaine, ça ne fait pas beaucoup
de femmes accompagnées à domicile... La MDN permet d’accompagner plus de gens. Mais oui je
suis d’accord il y aura plus de facilité à transférer. Je dis et redis que si personne ne bouge il n’y
aura ni MDN ni AAD parce que c’est tout simplement illégal (actuellement, à cause des tarifs
prohibitifs demandés pour les assurances en responsabilité civile)... Voilà, mais après tout vu mon
grand âge ça ne me gêne pas énormément. Comme le dit une collègue il faut être patient et si un
sujet n’intéresse personne eh bien c’est qu’il n’est pas à défendre...

- - - end - - -

Nota :

Alors que j’édite de nouveau ces pages sur le site actualisé, je relis ce débat datant de 2003 et me
dis que finalement rien n’a changé (voir mon article sur l’historique du sujet :
http://perinatalite.over-blog.com/1-categorie-10249415.html)

Alors que les tenants des MdN disaient en 2003 que : « Les parents choisissent l’accouchement à
domicile par défaut lorsque les méthodes d’accouchement proposés dans les hôpitaux ou cliniques
ne correspondent plus à leurs souhaits » le mot de la fin de Françoise est plus vrai que jamais ! En
effet l’aad, que les sages-femmes continuaient d’accompagner même sans assurance, est en train de
devenir illégal en pratique (même s’il n’est pourtant pas interdit en soi par la loi). Celles qui
continuent malgré tout subissent des pressions corporatistes locales, ou des dénonciations de
bureaucrates zélés de la sécurité sociale (lors des demandes de remboursements). Du coup
aujourd'hui on va finir par ne plus avoir ni l'un (MdN) ni l'autre (aad) …

Sophie Gamelin
08/03/2008

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