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228 Dossier a DouBLE IMPOSITION : PROBLEMES CONTEMPORAINS ~’ La notion de substance en fiscalité internationale Francois Lucanp, avocat associ, Arsene Texand Mirouna VerBan, ‘avocat associé, Arsene Taxand Driss Tor, vocal, Arsene Taxand 1 - En écho ala désormais célébre décision Cadbury Schweppes", tune résolution du Conseil de 'Union européenne a posé le 8 juin 2010 des principes directeurs pour application des dispositifs anti- bus relatifs aux sociétés controlées (SEC) et la sous-capitalisation au sein de P'UE?, Cette résolution marque la volonté politique de coordonner a minima les procédures nationales anti-abus des Etats membres. Plus fondamentalement, elle apporte un éclairage inédit surla notion de substance des sociétés étrangeres controlées, Sur le plan fiscal le droit communautaire doit réconcilier le pri cipe de aliberté d'établissement et la nécessité de protégerlesintéréts particuliers des Etats membres d’assauts abusifs contre leur assiette fiscale, A la suite des juges communautaires, le Conseil de I'Union européenne tented ériger une forme de « code de bonne conduite »& destination des Etats mais aussia n’en pas douter, des contribuables. Lanotion de substance prend tout son relief dans lecontextefran- saiset communautaire ‘Tout d'abord, elle guide application des régles sur les sociétés contrélées établies dans un Etat membre de I’Union européenne a travers les dispositions de Varticle 209 B, Il du CGI. Cette notion se retrouve dans le cadre de la procédure d'abus de droit prévue a V'ar- ticle L. 64 du LPF. Lasubstance est donc une consideration prégnante dans le cadre du controle d’opérations réalisées au travers d'une so- iétéinterposée depuisla France (1) Maisles considérations de subs- tance apparaissent également en filigrane dans le cadre d’opérations impliquant des flux vers des structures étrangéres investissant en France, travers’ application dela clause anti-abus sur 'exonération de retenue la source surles dividendes intracommunautaires (CGI, art. 119ter),oude a procédure del'abus de droit, outil de sanction en dernier recours,en Pabsence de tout autre dispositif de redressement codifié? (2) |. CICE, ge chy 12 sept. 2006 ff C-196/04 Cadbury Schweppes et Cadbury Schweppes Overseas: Rec. CICE 2006, 1 p. 7995: Dr. fs. 2006, n" 39, act. 176; RIF 12/2006, n* 1644; BDCF 12/2006, n* 146, conch. Ph, Léger. 2. Gons. UE, rés. n° 2010/C 156/01, 8 juin 2010. 3, CE, & et 3 se-sct, S mars 2007, n® 284457, SELARL Pharmacie de Cha- Tonges: JurisData n° 2007-081090; Dr. fsc. 2007, n° 20, com. 522, nate (0, Fouguet ; Procédures 2007, comm. 153, note JL. Pierre: RJF 5/2007, 1 600, col P. Collin p. 426. 20 newe De onom AscaL H 9,3 MARS 2011 ‘Toutefois,bien quela substance apparaisse dansnombre de dispo. sitionsdu corpus fiscal francais, onen revient toujoursas/interroger en 2011, qu’est-ce que la substance (3) ? 1, Substance et investissements a l'étranger 2 En droit de !' Union européenne, la liberté d’établissement est larégle. La Cour de justice de Union européenne, suivie parla Com- mission européenne, a par ailleurs confirmé que la recherche d'un avantage fiscal dans le choix du pays d’implantation était en soi Légitime *, ds lors que la structure mise en place était réellement et économiquement établie dans I’Etat membre. Ainsi la liberté ¢’éta- bilissement prime sur toute autre consideration, lige notamment ila fense des recettes fiscales des Etats membres, aussi longtemps que utilisation qui est faite de ce droit n’est pasabusive° Endroitinterne,lorsquilsse traduisentparun effet delevier fiscal, les schémas d’investissement & Pétranger depuis la France peuvent tre remis en cause sur le fondement de Particle 209 B, II du CGI (Sagissant des investissements intracommunautaires) mais égale- ‘ment, lorsque cetarticlen'est pasapplicable,surle terrain dela proce- dure deV/abus de droit prévue a article L. 64 du LPF. A. - Substance et article 209 B, II du CGI 3 - Conformément a article 209 B, I! du CGI, les schémas vestissement intracommunautaires ne peuvent étre remis en cause que lorsqu'il est démontré qu’ils constituent un montage artficiel destiné a éluder Pimp6t national normalement do. Cestdonc en creux, par opposition la notion de montage artifi- Ciel, que prend corps cele de substance. La question de existence ou de Fabsence d'une substance suffisante est d2s lors centrale pour les 4. CICE, gd ch, 12 sept, 2006, aff. C-196104, Cadbury Schweppes et Cadbury ‘Schweppes Overseas, préc, pt 63 5. Communication de la Commission as Conseil, au parlement et au Comité eonomique et social européen: L'appication des mesures de lutte contre les ‘bus dans le domaine de a fscalité direct au sein de Union européenne et dans les rapports ave les pays tiers: Doc. COM (2007) 785, inal, 10 dé. 2007. Dossier LA DOUBLE IMPOSITION : PROBLEMES CONTEMPORAINS 228 praticiens, dans a mesure oit elle détermine la soli tla sécurité vis-a-vis de administration fiscale ~de certains schémas ’investis- sement mis en place a’étranger. Depuis 2006 et!arrét Cadbury Schweppes lescriteresretenus pour {qualifier la substance d'une structure établie dans "UE sont la réalité de son implantation locale et exercice effectif d'une activité écono- mique. Cest d’ailleurs aux critéres posés par la CJUE que renvoie cexplicitement I'administration fiscale, dans son instruction com- mentantles conditionsd’ application deVarticle 209 Bdu CGI dansle cas de détention de filiales implantées dans !'UE®. La CJUE a rappelé que ces critéres doivent pouvoir étre apprécis sur la base d’éléments objectifs et vérifiables par des tiers. En analy- sant de plus présla décision Cadbury Schweppes.on comprend que le juges'attache a prioria verifier: ~ Ia réalité de implantation de la fille, & savoir Vexistence de locaux, de personnels, d’équipements nécessaires som activité; ~le caractére effectif des prestations fournies par a filial, au regard notamment des compétences du personnel de la filiale par rapport aux prestations fournies ou encore du niveau d'autonomie dansle processus de d Récemment, dans une résolution du 8 juin 2010, le Conseil de Union européennea proposé une coordination au niveau européen des regles relatives aux sociétés étrangeres contrlées (SEC) et indi- qué les critéres qui pourraient étre appliqués afin de caractériser existence de montagesartficiels(« sphere de sécurité ») : - Vattribution de bénéfices ne repose pas sur un nombre suffisant deraisons économiques oucommerciales valableset nereflétedonc pasla réalité économique ; ~ la SEC ne correspond pas pour Pessentiel une implantation réelle ayant pour objet Pexerciced activités économiques ; = il n'existe pas de corrélation proportionnée entre les activités apparemment exercées par la SEC et la mesure dans laquelle celle-i existe physiquement, sous la forme de locaux, personnel, équipements ; la SEC est surcapitalisée ; elle dispose d'un capital nettement supérieura celui qui est écessaire pour ’exercice de som activités - Vassujettia participé ades accords qui: ‘ne correspondent a aucune réalité économique, ou # ne ervent que peu, voire aucun objectif commercial, ou # pourraient étre préjudiciables aux intéréts commerciaux dans leur ensemble, sils n’étaient pas conclus aux fins d'éluder Pimpot. Cette résolution peut apparaitre comme un acte avant tout poli- tique. Surle fond, ellen’ajoute pas, selon nous, lajurisprudence dela ‘CJVE. Surla forme, une tlle résolution n’apasde portée juridique :il Sagiteneeffetd’unactenon contraignant, qui affecte pas les droitset obligations des Etats membres mais encourage,lecas échéant,!'adap- tation deleur droit national Pour autant, le texte ainsi adopte par le Conseil pourrait avoir des conséquences pratiques. En effet, en proposant une « sphére de sécurité» et des criteres appreciation des situations abusives, 'ini- tiative du Conseil ale mérited’ éclairerla jurisprudence dela CJUEen apportant des précisions utiles surlescriteres de substance. En outre, cetterésolution aurait probablement e grand intérét, moyen terme, de contribuer a lachevement de la convergence des jurisprudences nationales et une harmonisation des pratiques des administrations fiscales dansle cadre des contréles. Plus généralement, cette résolution introduit de manire explicite tun principe de proportionnalitéen imposant une corrélation entrela réalité de Pimplantation locale et les moyens mis en ceuvre pour la réalisation de Fobjet de la SEC. Afin d’apporter la preuve de cette 6, Instr 16 anv. 2007 : BOL 4 H-1-07, § 182 @ 184 ; Dr. fisc. 2007, n° 6 inst. 13607, proportionnalité, on pourra utilement se référer la logique sous: jacente aux prix de transfert. En effet, il existe par construction une cohérence entre l'appréciation qui peut étre portée sur une structure au regard de la notion de substance et analyse permettant de valori serles flux intragroupe. Cette analyse de la répartition des fonctions, des actifset des risques qui sous-tend la determination d'une rému: nération de pleine concurrence des transactions auxquelles participe la filiale étrangére peut contribuer a déterminer le « cahier des charges » des moyens 3 mettre en ceuvre & son niveau. Pareille ap- proche est particuligrement pertinente pour apprécier la substance «une société disposant d’une activité opérationnelle. En revanche, le critére de la surcapitalisation de la SEC suscite certainesréserves. Outre le fait que ce critere devra nécessairement se conilier avec le principe de non-immixtion de administration fis- cale dans la gestion des entreprises”, nous ne voyons pas comment i pourrait étre conerétement mis en ceuvre en absence de ratios pré- definis tels que ceux prévus en matitre de sous-capitalisation). - Substance et abus de droit 4- La notion de substance sillustre également dans le cadre de application delaprocédure d’abus de droit prévueaParticle L. 64du LPE Pour rappel, depuisle 1" janvier 2009, abus de droit repose sur deuxbranchesalternatives: laa fictivité »et = la fraude & la loi fiscal caractrisée par la teunion d'un crite intentionnel (ou « subjectif »), consistant en la recherche exclusive ‘une atténuation de charge fiscale et un critére objectif caractérisé par la recherche dune application littérale des textes eontraire aux “objectifs poursuivis par leurs auteurs Lanotion de substance peut sillustrer dans chacune des branches, de abus de droit. En matiére de « fictivité », 'administration fiscale sattachera a démontrer que la société interposée est purement fictive araisond’uneabsence totale de substance ¥,En matiére de fraude ala loi, Pabsence de substance viendra corroborer la démonstration une recherche d’un but exclusivement fiscal travers application litterale des textes contraires aux ob ectifs du législateur. application jurisprudentielledela notion de substance estappa- rue de manitre éclatante a travers!'arrét Pléiaderendu parle Conseil @ Etat le 18 fevrier 2004”. Dans cet arrét, rendu souslempirede’an- cien article L. 64 du LPF; le ge a considéré que la détention d'un certain pourcentage du capital d'une société luxembourgeoise dé- pourvue de « toute substance » ne répondait & aucune justification économique. Alasuitede cet arrét,les décisions jurisprudentielles condamnant ce type de montage artificiel se sont multiplies, sans que le change- mentde définition de ’abusde droitintervenusen 2009 n’influe surles criteves de substance retenus par la Haute juridiction administrative ". 7. Ch, Het sesect, 27 juin 1984 n” 35030, min e/ St Courtauld: urisData n° 1984-601173; Dr. fs. 1985, n° 22-28, comm. 1063, conc M™ McA. Letourmerie; RIF 8-9/84 n° 997 ; RIF 8-9184 n° 987. 8. Vsinfta n°7 pour un exemple de débat sur la substance dans le cadre de la demonstration de a fctivte de socite 9, Ci 8 3 sect, 18 fr. 2004, n° 247729, SA Peiad : urisData n* 2008 (980518 ; Dr fisc. 2004, n° 47, comm, 849; Dr. socidés 2004, comer. 915 RJE 5/2004, 0°10 ; BCE 5/2004, n"65, conc. P Collin ; BGFE 2004, n* 3 obs. N. Chai Nourasp. 17; LPA'9 ull. 2004, 17, note J-C. rots Banque et Droit 2004, n° 95, obs. C Acard p. 65.— 10. CE, 8 et 3 s-set, 18 mai 2005, n° 267087, min. of Sté Sagal: JurisData ‘n° 2005-080715 ; Dr. fis. 2005, n° 44-45, com. 726, conel. P Callin: RJE §-9/2005, n° 910; RIF 12/2005, chron. ¥. Benard, p. 943; BDCF 8-9/2005, 1° 110, conel P. Collin; HGFE 2005, n* 4, obs. N, Chahid- Nowra Re. adm. 2005, n° 347 obs. O. Fouguet, p. 482. ~ CE, UP et F sesect, 10 dé. 2008, n° 295977, Sté Andros et C* : Dr fs 2009, n° 20, comm. 323; RIF 3/2008, REVUE DE DRO FISCAL NY, 3MARS 202 2. 228 Ainsi,les décisions se sont attachéesa démontrer le défauttotal de substance travers absence cumulée des éléments suivants: - véritable vie juridique et sociétaire - pouvoir de décision localement exercé 5 ~ compétencesau regard de object allégué para société; ~ existence d’ éléments d’actifs autres que des valeurs mobiligres (revenus pass). Acet égard,on peut noter que le Conseil d’Ftat, dans ses décisions postérieures & Varrét Cadbury Schweppes, n’a pas expressément re- tenu comme indices de la « non-substance » les éléments afférents a implantation réelle de la société (locaux, personnel, équipements), alors qu'il paraitrait cohérent qu'il se préte a analyse de ce critere dans le prolongement de la jurisprudence de la CJUE. Faut-ily voir une différencedinterprétation entre absence de substance de 'abus de droit et le montage artificiel de Varticle 209 B, II du CGI ? La pru- dence incite aconsidérer que le Conseild’ Etat n'a pasét¢ invitéparles requeérantes a verifier le crittre de V'implantation réelle et qu'il s'est doncabstenu de procéder pareille analyse". 2. Substance et investissements depuis létranger 5 Sila notion de substance joue un role cle sagissant des méca- nismes applicables aux sociétés contrOlées par une société francaise, elle reste également pertinente dans le cadre des rapports qu'une société francaise entretient avec sa société mére ou apparentée étran- "cba ates alc ears peuvent leigh? pour le controle de flux « sortants », dansle cas oi ces flux, générale- ment de nature passive (dividendes, intéréts, plus-value),remontent d'une société francaise au profit d'une entité étrangére. Dans cette hypothése, la France pourrait réserver l'exonération d'impdt ou de retenue la source la vérification de la substance de la société béné- ficiaire de ce revenu, A, - Substance et clause anti-abus de l'article 119 ter, 3 du CGI 6- Pour rappel, le dispositif prévu a Particle 119 ten, 3 du CGI cexclut du benefice de exonération de retenue la source "les divi- dendes versés a une société controlée directement ou indirectement par un ou plusieurs résidents ’Etats non membres de Union euro~ péenne, Cette disposition vise interposition artificelle de sociétés ‘membres dont unique finalité serait de faire profiter A des associés non établis dans PUE le bénéfice de lexonération. Une clause de sau- vegarde est toutefois prévue dans article, réservant’exonération de Ta retenue la source a la démonstration que la chaine de participa- tionsn’a pas pour objet principal ou comme un de ses objectifsprin- cipaux de tirer un profit indu de Pexonération. Quel role pourrait bien jouer la substance dans le cadre de cette disposition qui n'y fat pas directement référence ? Cette interroga~ tion légitime mérite plusieurs réponses nuancées. Selon une lecture strcte il faudrait convenir que cette mesure ne requiert aucune condition de substance de enti interposée. A cet €gard,administration iscalea posé, dans instruction commentant ce dispositif, deux regles pratiques afin de benéficier de la clause de 1° 255.— CE, et ssc, 27 jul 2008, n° 295358, Caiseinterféérale de (Crédit Mutuel: JurisData n® 2009-081517 et n° 295805, St€ Gonforama Holding: Dr. fisc. 2009, n° 42, comm. 506, cone. E. Glaser; JCP E 2008, 2051; RIF 12/2008, n* 1140; BDCF 12/2008, n*143, conc. E. Glaser. 11, Gete analyse auait été, dans les decisions citées, probablement defavorable ‘aux scitésrequérantes tant les structures étrangéres conrdlés sapparen- taient indéniablement a de purescoquiles vides de toute substance. 12, Applicable en vert dela directive européenne n® 90/435 du 23 jullet 1990, 22 ewe ve onoir HscaL W9. 9 MARS 2032 Dossier LA DOUBLE IMPOSITION : PROBLEMES CONTEMPORAINS sauvegarde ?, Ces deux régles paraissent assez éloignées des considé- rations relatives la substance de la société mére européenne bénéfi- ciaire des dividendes. L’analyse littérale du texte semble confirmée par une décision du tribunal administratif de Montpellier en date du 24 juin 2009. Dans cette affare, la société défenderesse invoquait des objectifs de réorganisation et de rationalisation ayant justifié la mise en place d'une société holding britannique détenue indirecte- ‘ment & 100 % par une société domiciliée dans les Iles Caiman. La société britannique avait bénéficié, peu de temps apres sa constitu: tion, d’une importante distribution de dividendes de la part d’une filiale francaise. Au cas despece, ls juges ont suivi Padministration fiscale et refusé le bénéfice de lexonération de retenue& a source en relevant que la société britannique ne justfiait pas que la chaine de participations avait eu un autre but que celui de bénéficier de ladite exonération. Les juges ont refusé d’aller,comme la société requérante les y invitait pourtant, sur le terrain de la démonstration d’un but autre que fiscal, débat qui se serait nécessairement déporté dans un second temps sur ’analyse factuelle de la substance. La société a tou- tefois fait appel de cette décision, etl est probable que la cour admi- nistrative d'appel de Marseille saisie du litige soit invitée a se prononcer sur articulation entre la notion de substance et Vrarticle 119 ter,3 du CGL En effet, le lien entre Particle 119 ter, 3 du CGI et la notion de substancenenoussemble pas otalement infondé. I noussembleacet gard ressortir d’une décision du tribunal administratif de Lyon du 20 novembre 2007 '* ot, pour la premiere fois, les juges étaient ame- nés a se prononcer sur Papplication de la clause anti-abus de article 119 ter,3 du CGI. Cette affaire impliquait une société britan- nique détenue par deux sociétés établies Jersey. Pour écarter 'appli- cation de la clause anti-abus, les juges de premier ressort ont relevé quela société holding en cause disposait, notamment, des fonctions dedirection et de gestion du groupeau moment dela distribution de dividendes. Difficile dene pasy voir une référence la substance et at principe du droit de l'Union européenne selon lequel application des mécanismes internes anti-abus doit étre réservée aux situations demontage artficiel. En definitive, cette décision (dontl'administra- tion fiscale n'aurait pas, notre connaissance, interjeté appel) tend a aceréditer Pidée que la notion de substance devrait constituer la pierre angulaire des conditions d’application de ensemble des dis- positifsanti-abus généraux de droit interne, plus forte raison dansle cadre d'une application communautaire. B, - Substance et abus de dri 7 Laprocédure d’abus de droit restela principale mesure de pro- phylaxie du systtme fiscal francais. Certes, elle s'applique désormais selon une jurisprudence constante & défaut autres dispositifs fis 13, Ins 3 aoe 1992 BOL 4 J-2-92, § 39 et 40; Dr fist. 1992, n* 33-38, instr 10609 titre de régle pratique et sau citeonstances particulires, cette justification sera considerée comme apportée lorsque dans lachaine des participations le montant curmulé des retenues 4a source effectivement pergu aux étapes intermédiaies par les Etats ‘oncernés est au moins égal celui qui aurait été pergu par la France, en pplication de son droit interne ou, le cas écéant, des conventions fscles ‘onclics par eles ces dividendes aaient été distribués directement par la societé résidente de France aux résidents non-membres de 'Union euro penne “lorsque la chalne des participations a & constituge antérieurement & la date d'adoption de la directive, soit avant le 23 uilet 1990, a condition ‘quelle continue de fonctionner dans des conditions analogues celles qui prévalaient antericurement a cette date. » 14. TA Montpelier, ch 24 jun 2009, n* 0700526, SAS Cameron France 15. TA Lyon, 20 nox 2007, n° 0504128, SAS Mac Kechnie France: Dr. fis. 2008, 1° 11, comm, 205, note M.-P. H0o eM. Gautier Dossier La DouBLe IMPOSITION : PROBLEMES CONTEMPORAINS aux anti-abus codifiés , Toutefois, malgré ce ole subsidiaie, cette procédure fait peser des risques significatifs sur le contribuable en raison du risque de pénalités de 80 % (CGI, art. 1729, b) -encouru. Unavis récent du Comitédel'abusde droitdu7 décembre 2010 -vientllustrerla portée de application dela notiondesubstance dans le cadre d’un schéma de détention par une societé étrangere holding une participation dans une filial francaise, Dans cette affaire, 'administration fiscale tentait notamment de démontrer qu'une société danoise contrélée a 100 % par une socigté américaine était fictive. L’administration fiscale rattachait la dé- monstration de la « fictivité » au défaut de substance caractérisé, selon ele, par 'absence d’activitéréelle, de personnel, ainsi que par le fait que cette société était, d'une part, gérée par une tierce personne et ‘que,d’autre part, son chiffred affaires et résultat opérationnel étaient nus, Elleen trait a conclusion quela reorganisation décidée au pré- alable par 'associé unique américain ne pouvaitétre motivée par un objectif de réorganisation fonctionnelle de la détention des filiales tablies dans différents Btats, Le Comité a écarté cette these (Vadimi- nistration fiscalesestrangée a son avis) en relevant notamment que = la société interposée détenait de nombreuses filiales dans vingt pays (multiplicitéd'investissements) ; la société danoise fonctionnait conformément & son objet de société holding. Cet avis apporte un éclairage nouveau sur la lecture que nous pouvons faire de ces reglesanti-abus, notamment danslecas de socié- teés dinvestissements (holding de participations étrangeres, holding de fonds investissement). En effet, il nous semble que « TADN »de ces structures devrait s'opposer a ce qu’elles disposent dun degré élevé de substance. Leur raison d’étre consisted rassembler une plu- ralite d'investisseurs et/ou une pluralité d’investissements. Il leur est généralement difficile de bénéficier de matériel et de personnels propres autrement que par le moyen de contorsions juridiques comme la mise & disposition de locaux et de personnels, Dans la ajorité des cas, le gérant de la structure apporte la substance néces sairealagestion delasociété holding, Celle-ciseconformea son objet (holding pure) et elle prend sa justification par la détention d'une pluralite e’investissements et sa propre detention par une pluralité investisseurs. La décision des associés de placer cette holding dans tel ou tel Etat ne reléve d2s lors que de leur liberte de gestion en tant quactionnaires. 3. La substance en 2011: entre confirmations et incertitudes {8- La substance simpose aujourd'hui comme une notion omni- présente dans 'ensemble des mécanismes anti-abus applicables aux investissements réalisés depuis la France vers 'étranger (et via no- tamment la mise en place de societés étrangeres controlées), Dans Vhypothése einvestissements réalisés depuis T'étranger vers la France, cette notion est priori moins déterminante mais nen de- _meure pas moins, notre sens, un élément cl. ‘Un autre constat simpose :il existe autant de substances que de sociétés. Ceci explique pourquoi ni !administration fiscale, ni le l- gislateur,ne se sont risqués ériger des eriteres précis, laissant ce fle au juge national et communautaire. ‘Toutefois, le flu relatif a 'appréciation pratique de la substance Stestompe légérement grice aux développements prévités, lesquels invitent& un optimisme raisonné. En effet, un certain pragmatisme 16. CE, et 3° s-sect, 5 mars 2007, n° 284457, SELARL Pharmacie des Cha- Tonge pr. 17 Instr 3 fr, 2011 : BOL 13 L-1-11, 24 anv. 2011: Dr, fie: 2011, n° 6, inst. 114406, seance n®6 du 7 décembre 20103 ~afaire n? 2010-12 concernant la sosiete X France Holding, 228 cempreint de réalité économique semble dominer Vappréciation ré- cente dela substance. ‘Tout d’abord, au-dela dela liste de criteres posés, les propositions formulées par la résolution du Conseil de l'Union européenne du 8 juin 2010 peuvent étre résumées par une idée phare: « proportionnalité et cohérence ». Partant de ce principe, la substance d'une société holding pure dont/actvité serait uniquement la gestion passive derevenus ne peut éare appréciée selon la méme grille de lecture que celle applicable a tune société dont Pobjet serait plus largement opérationnel et ayant notamment vocation ala réalisation activités industrielles ou com- merciales. Tel est également esensquel’on devrait retenirdeVavisdu Comité des abus de droit du 7 décembre 2010. a substance doit étre “uniquement et strictementnécessaire la réalisation de Pactivitédela societé étrangére. Daslors,une certaine marge de manceuvre serait offerteaucontri- buable quant au degré de substance de la societéinterposée, selon la nature de celle-ci ~ holding de participations étrangéres pour ce type de sociétés, la substance devrait étre limitée asa constitution et son fonctionne ‘ment social dans le respect du droit local (immatriculation valide, tenue effective des assembées générales avec présence réelle du quo- rum minimum d’actionnaires) pourautant, bien évidemment,quela ‘mise en place de la structure procéde d'une logique économique ou financiére et/ou que sa constitution réponda un objectif veritable de réorganisation opérationnelle (gestion centralisée de la trésorerie, gestion regroupée des participations étrangeres). Certes, ce type de société doit étre dot d’organes de représentation et de decision va. lides, mais ll n'apparait pas nécessaire de disposer de la présence phy siquede personnel sur place au quotidien.Cetteapproche nous parait

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