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DIÉTÉTIQUE ET MÉDECINE 2005-2006

TEXTE

Pratiques professionnelles
des acteurs de santé face au surpoids

Mireille Bernard *

Introduction Contexte des pratiques professionnelles des


études citées
Les taux de prévalence du surpoids (obésité incluse1), du
syndrome métabolique et de diabète type 2 augmentent dans Par manque de données françaises, la majorité des données
de nombreux pays (USA, Brésil, France, Mexique… ) malgré présentées ici concerne surtout le contexte de santé
les nombreux programmes de prévention et de traitement américain ; elles ne peuvent être extrapolées au contexte
réalisés par l’ensemble des professionnels de santé (23, 55, français. En revanche, leur analyse peut nous donner
30, 57, 63). Le traitement du surpoids connaît d’important quelques pistes pour améliorer la prévention (1aire, 2aire ou
taux de rechutes et semble échapper, à long terme, aux 3aire) du surpoids en France.
nombreuses tentatives de soin (2, 34, 44, 72). Au cours des Nous nous intéressons au surpoids de l’adulte et de l’enfant ;
programmes de prévention du surpoids, les changements de une attention particulière est portée sur celui de l’enfant, car
comportements (apports alimentaires et activité physique) nous disposons d’études (4, 5, 6) qui évaluent simultanément
sont minimes bien que les connaissances sur ces les pratiques de pédiatres, diététiciens, infirmiers.
comportements augmentent (9, 64). L’implication des acteurs de santé dans les études sur les
La compréhension de la genèse et du maintien du surpoids pratiques professionnelles face au surpoids de l’adulte est
mérite une grande réflexion afin de pouvoir développer des faible, comme en témoignent les taux de réponse d’environ
modèles et des stratégies qui permettent aux populations, 30 % (41, 48), plus rarement 60 % (54). De même, les taux
avec ou sans l’aide des acteurs de santé, de prévenir cette de réponse des professionnels de l’enfant sont faibles (19 à
pathologie et de diminuer les risques de maladies 33 % selon la catégorie de professionnels enquêtés) (4)
cardiovasculaires (prévention 1aire, 2aire ou 3aire) qui lui sont malgré les nombreuses relances des investigateurs (39). Pour
associés (31, 52). Comprendre comment un comportement le surpoids de l’adulte, les professionnels masculins sont plus
s’installe et se maintient, comment il résiste au changement représentés (environ deux tiers). Pour celui de l’enfant, plus
est indispensable afin d’aider les personnes ou les de pédiatres femmes qu’hommes participent aux
populations à acquérir de meilleurs « comportements de études (68) ; les diététiciens et les infirmiers sont essentiel-
santé ». lement des femmes (97 %).
Les consultations et les lieux de soin sont des opportunités et Pour donner des conseils en nutrition et réduire le surpoids,
des conditions privilégiées pour que les professionnels de aux USA, les médecins généralistes consacrent peu de
santé aident leurs patients à choisir et adopter des temps : 55 secondes par patient (20 secondes à 6 minutes)
alimentations et styles de vie permettant une bonne santé (16, 42). La durée de consultation des spécialistes est plus
(22). Nous allons essayer de faire un état des lieux des aides longue : 20 minutes pour les pédiatres (68) ; 30 à 60 minutes
proposées par les professionnels de santé aux patients en pour les diététiciens et infirmiers (19, 68), dont la moitié est
surpoids et de proposer quelques solutions pour améliorer la consacrée, dans 35 % des consultations, à l’évaluation
qualité de la relation de soin. alimentaire (19).
*
SSD, UMR ADES 5185. Université Bordeaux 2, 146 rue Léo-Saignat, case
71, 33076 Bordeaux Cedex. e-mail :Mireille.Bernard@ssd.u-bordeaux2.fr.
1
Le terme surpoids est utilisé pour signifier surpoids et obésité. Quand il s’agit
exclusivement de surpoids ou d’obésité, des précisions sont données dans le
texte.

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Croyances, représentations des professionnels croyances négatives envers les sujets en surpoids, adultes ou
de santé non, peuvent altérer l’implication des praticiens dans la
relation de soin (21, 35, 39, 41, 56).
Quand ils sont interrogés sur leurs représentations et
opinions sur l’évaluation et le traitement du surpoids de Pratiques des professionnels de santé pour
l’adulte, les médecins, généralistes, endocrinologues ou l’obésité de l’adulte
internistes, se sentent capables d’influencer le style de vie et
les habitudes alimentaires de leurs patients et de leur donner Caractéristiques personnelles
des conseils 2 (augmenter l’activité physique, diminuer L’ancienneté de pratique des médecins généralistes est
l’apport calorique, consulter un diététicien) (27, 41). Ils supérieure à 10 ans (41, 48, 54). Elle est inférieure à 10 ans
préfèrent adresser leurs patients à des diététiciens ou plus pour plus de la moitié des pédiatres et infirmiers, à 5 ans
rarement à des psychologues (41). En effet, ils ont des pour 40 % des pédiatres et infirmiers ; celle des diététiciens
préjugés envers les obèses qu’ils trouvent, non attractifs, est la plus faible (68).
négligents, peu motivés, peu autonomes et peu coopératifs Les hommes sont plus corpulents que les femmes (68) ; le
(21, 35, 39, 41, 56, 58) ; les femmes médecins ont moins de surpoids est moins fréquent chez les diététiciennes que chez
préjugés envers les obèses que les hommes (21). Les les femmes pédiatres. L’indice de masse de corpulence
médecins sont nombreux à penser le surpoids comme une (IMC=poids/taille2) des pédiatres et des diététiciens
maladie comportementale ou psychologique dont le taux de augmente avec l’ancienneté de pratique bien que leur
réussite du traitement est médiocre (8, 41). Ils sont sceptiques alimentation se rapproche des recommandations.
quant à la portée de leurs conseils nutritionnels (14 à 50 % Les professionnels de santé consomment, souvent, des
selon les auteurs) (11, 22, 18, 42) et se sentent inefficaces aliments pauvres en lipides ; moins de 30 % de pédiatres et
(21, 35, 41, 56) et incompétents pour utiliser, chez l’adulte d’infirmiers consomment suffisamment de fruits et légumes et
ou l’enfant, les stratégies comportementales ou familiales moins de 20 % font assez d’exercice. Les diététiciens sont
(18, 42, 65). plus proches des recommandations, bien qu’un tiers d’entre
Une étude française (10) montre bien les doutes des acteurs eux ne fasse pas assez d’exercice (68). Le fait d’exercer en
de santé face au surpoids. Des groupes de parole sur le pratique générale ou pratique spécialisée dans le surpoids
surpoids (6 sessions) sont proposés à une dizaine de n’a pas d’influence sur les caractéristiques personnelles des
médecins généralistes : dominent le désarroi, le manque de pédiatres et des infirmiers (IMC, genre, hygiène de vie, durée
formation et de confiance des médecins quant à leurs de pratique) (68).
attentes, motivations, réactions. Les caractéristiques des professionnels peuvent influencer
leur capacité à servir de modèles pour les patients et leurs
La majorité des pédiatres (83 %) pense que leur rôle est de capacités et efficacités à les conseiller (17). Deux exemples,
conseiller les parents d’enfants en surpoids sur les risques les diététiciens spécialisés dans le surpoids ont des IMC plus
encourus ; plus de la moitié pense qu’un poids normal est faibles que ceux exerçant en pratique générale (68) ; les
important pour la santé et qu’ils peuvent être un modèle et un professionnels plus jeunes sont plus minces et peuvent servir
soutien pour aider leurs patients à réduire leur poids (59). de modèle, toutefois ils ont moins d’expérience (68).
Les médecins généralistes (35), mais aussi les pédiatres et
infirmiers (5) se sentent peu compétents pour le traitement du Connaissances et pratiques en nutrition
surpoids des enfants et souvent frustrés de leur manque de De manière générale, les connaissances des médecins, en
réponse aux traitements proposés. Ils ont une vue moins réponse à des questions élémentaires sur la nutrition, sont
optimiste que les diététiciens (5, 58) et ils perdent confiance insuffisantes (20, 29, 42). Les sources d’informations sont
en l’efficacité de leur traitement (5) : seul un tiers d’entre eux essentiellement issues des journaux médicaux et de
pense la perte de poids possible (58). Et, certains auteurs l’expérience passée (42, 65). Cependant, de nombreux
sont très pessimistes : pour Frank et pour Kolagotla, le professionnels sont soucieux de bénéficier de formations
traitement du surpoids est futile compte tenu du manque pour le traitement du surpoids de l’adulte et de l’enfant (5,
d’efficacité (22, 39) ; pour Foster, il est aussi peu efficace que 41, 56, 48), y compris des formations visant à améliorer la
celui de la toxicomanie, mais les raisons de ces jugements motivation de leurs patients à changer de comportement (5,
sont mal connues (expériences professionnelles, résultats à 65).
moyen et long terme de la littérature décevants…) (21).
Au niveau pratique, les médecins généralistes évaluent
Dès 1985, Orleans concluait que les médecins généralistes correctement le surpoids de l’adulte (41), mais pas toujours
étaient pessimistes sur les capacités des patients à changer (8, 13) ; ils évaluent rarement l’activité physique (13, 2O). Ils
de style de vie, manquaient de confiance dans leur traitement adressent fréquemment leurs patients aux diététiciens (18,
ou celui de leurs confrères et n’utilisaient pas assez les 48), mais pas toujours (41) ; ils sont hésitants pour les
traitements les plus efficaces comme les traitements adresser aux psychologues (56), même quand le surpoids est
psychologiques ou comportementaux. Toutes ces attitudes et clairement relié à une souffrance psychologique (10, 41).
Dans une étude auprès de femmes médecins, un tiers d’entre
2
Au long de cet article, nous utilisons le terme conseil car il est largement utilisé elles rapporte parler du poids à leurs patients à chaque
dans le traitement du surpoids. Pourtant nous verrons, que le conseil nutritionnel
visite. Les femmes médecins les plus concernées par la
a peu d’efficacité ; en effet, il ne sera entendu que s’il entre en résonance avec
une demande véritable du patient, ce qui implique une qualité toute particulière nutrition et le poids sont les médecins généralistes, les
de la relation de soin.

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pédiatres, les obstétriciens, les gynécologues ; il se peut Ainsi, les connaissances générales en nutrition des acteurs
qu’elles aient plus d’opportunités pour aborder le surpoids de santé sont insuffisantes, les pratiques sur l’évaluation et le
que d’autres spécialistes (22). traitement du surpoids le sont également pour leur permettre
Les pratiques professionnelles peuvent être améliorées par les d’avoir de bonnes pratiques (8).
propres caractéristiques alimentaires des acteurs de santé Pour Lupo, malgré la large diffusion, depuis quelques
(22). Ainsi, des femmes médecins qui adoptent un décennies, du régime méditerranéen (varier l’alimentation,
comportement alimentaire sain (réduction des apports diminuer les lipides, augmenter les fibres, faire de
énergétiques et lipidiques…) s’engagent plus dans des l’exercice), les connaissances sont insuffisantes, y compris en
formations en nutrition que les personnes non concernées Italie du Sud, l’un des berceaux de cette alimentation (45).
par la nutrition (22). Elles interrogent 3 fois plus souvent leurs Notons qu’en France le cycle des études médicales laisse peu
patients sur leur alimentation, leur conseillent 3,5 fois plus de place à l’enseignement en nutrition (une vingtaine
souvent de manger moins de graisses et plus de fibres et leur d’heures seulement) comme à celui des aspects
apportent davantage de suivi pour l’adoption d’un nouveau psychologiques et comportementaux. En Italie, un
comportement (22). D’autres facteurs personnels favorisent enseignement optionnel en nutrition a été mis en place
la mise en place de conseils pour la réduction du poids : jusqu’en 1987, puis supprimé en raison du nombre
avoir une histoire de surpoids, être végétarien, croire en insuffisant de participants (45). Des efforts doivent être faits
l’efficacité des conseils, avoir des formations pour augmenter les connaissances en nutrition des médecins
supplémentaires en nutrition (22, 26, 29). italiens, pour leur apprendre également à faire des
Mais les médecins font plus de conseil nutritionnel qu’ils évaluations alimentaires et à donner des conseils basés sur
n’évaluent les apports alimentaires : il apparaît plus facile et les aliments (45).
rapide de conseiller que de savoir faire une évaluation
alimentaire et l’interpréter (61). La création d’outils B a rr i è res au traitement du surpoids et
d’utilisation rapide est nécessaire ; par exemple, le propositions
questionnaire Food Habit Questionnaire, qui évalue les
comportements envers les graisses, viandes, fruits et Les praticiens ont des attitudes, des opinions négatives envers
légumes, peut se révéler une aide efficace pour le les sujets en surpoids dont ils déplorent le manque de
professionnel (40). motivation ; ces attitudes peuvent diminuer leur implication
dans le traitement et, en retour, affaiblir l’adhésion au
Pour évaluer le surpoids de l’enfant, les pédiatres, infirmiers, traitement de leurs patients (1, 54). Aussi paraît-il important
diététiciens testés utilisent les rapports poids/âge, d’identifier si les obstacles rencontrés, tant par les
poids/taille et leur impression clinique. Seuls 40 % des professionnels de santé que par les patients, diffèrent. De
diététiciens et 20 % des pédiatres et infirmiers utilisent l’IMC. même, connaître les représentations que les patients ont du
Les courbes de l’IMC en fonction de l’âge, les épaisseurs de surpoids et de son traitement est utile ; si leurs
plis cutanés et le périmètre abdominal sont peu utilisés (4, représentations sont différentes de celles des acteurs de
39) bien que les recommandations pour l’évaluation et le santé, la communication au sein de la relation de soin peut
traitement de l’obésité soient parues depuis plusieurs années. en être altérée.
Dans une autre étude auprès de pédiatres et infirmiers, le
surpoids est évalué et identifié comme un problème dans Barrières des professionnels de santé
seulement la moitié des cas (53). Certains facteurs associés, Comme dit plus haut, les obstacles aux conseils nutritionnels
hypertension et troubles endocriniens de l’enfant, sont bien fréquemment cités par les médecins sont d’une part, leurs
évalués, en revanche, les problèmes orthopédiques, le connaissances insuffisantes en nutrition et dans le traitement
diabète et l’insulino-résistance le sont par seulement 40 % comportemental, d’autre part, le manque de motivation et
des répondants (4). d’autonomie des patients. D’autres obstacles sont le manque
Plus de 50 % des pédiatres recommandent les techniques de temps, de remboursement (5, 27, 43, 56, 65), de matériel
suivantes : diminuer l’apport calorique, faire de l’exercice, éducatif, de liens avec les autres professionnels de santé
adresser à un diététicien, joindre les Weight Watchers (5, (43), la disponibilité alimentaire et la promotion de certains
65). Mais plus de 25 % des pédiatres recommandent des aliments... Pour le surpoids de l’enfant, des obstacles
régimes commerciaux aux adolescents (5). Pour les enfants spécifiques existent, en particulier des manques d’implication
plus âgés et les adolescents, les régimes prescrits par les des parents et de motivation de l’enfant, d’aides pour les
pédiatres sont plus restrictifs que ceux prescrits par les parents, de support médico-social ou de coordination avec
diététiciens (5). Cependant les auteurs de l’étude sont surpris ces supports (4, 5, 56, 65).
de la résistance de certains médecins à initier un traitement
chez des sujets n’ayant pas de complications, compte tenu Barrières des patients et des familles de patients
des risques encourus, même à court terme, comme le risque Une barrière première des patients et de leur famille est la
de syndrome métabolique (6). Quelques professionnels (10 non reconnaissance du surpoids. Chez l’adulte, peu de
à 20 %), surtout des femmes, adressent leurs patients à des travaux évaluent, en objectif primaire, la reconnaissance du
confrères, pour des modifications de comportement surpoids par les populations elles-mêmes (12, 46, 54). Ceux
alimentaire, en particulier à des thérapeutes qui existent concernent plutôt l’insatisfaction corporelle des
comportementalistes, familiaux ou de groupe (36, 65). femmes (en surpoids ou non) en population générale : les
femmes américaines d’origine latine et africaine sont moins

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insatisfaites de leur surpoids et le reconnaissent moins que les motivation des patients est toujours cité comme obstacle au
femmes d’origine caucasienne (15, 38, 67) : les normes conseil et au suivi nutritionnel ; pour Hiddink ((27), le danger
culturelles de la beauté semblent différentes selon les ethnies. de cette barrière est qu’elle devient une prophétie. Si tenter
Une étude évalue simultanément les évaluations du surpoids de réduire le poids d’un sujet est voué à l’échec, alors
par les médecins et les patients envers le surpoids : 20 % des comment le médecin peut-il s’investir dans le traitement du
patients (dont 78 % en surpoids et 22 % obèses) ne surpoids et pourquoi essaierait-il ?
reconnaissent pas leur surpoids, mais 25 % des patients Une implication de la part des professionnels de santé dans
(dont 86 % en surpoids et 14 % obèses) sont considérés la prévention et le traitement des maladies nutritionnelles
comme normopondéraux par leurs médecins (12). pourrait améliorer la portée des conseils nutritionnels pour
La reconnaissance par les mères du surpoids de leur enfant de nombreuses raisons. Par la pratique de l’auto-examen
est davantage étudiée. De nombreuses mères ne (33), elle peut leur permettre de modifier leurs propres
reconnaissent pas le surpoids de leur enfant (79 % pour des pratiques alimentaires et de se motiver pour acquérir de
enfants de 2 à 5 ans (7) ; 33 % pour des enfants de 6 à nouvelles compétences (10). Munis de leurs nouvelles
11 ans (47), en particulier celles dont le niveau d’éducation expériences et compétences, les professionnels pourront,
est faible (7, 32). Elles sont plus inquiètes du surpoids de alors, se considérer alors comme des modèles et des
leurs filles que de leurs garçons qu’elles qualifient plutôt supports pour la population générale et les patients (22, 61).
comme solides, « costauds » (32, 47). Elles sont préoccupées Leur meilleure compréhension des représentations de leurs
par leurs garçons quand ils subissent des moqueries et qu’ils patients peut les aider à aborder le problème du surpoids, et
manquent d’activité physique (47). Par ailleurs, l’activité créer une relation de soins satisfaisante, pierre angulaire de
physique est peu pratiquée, surtout chez les filles de certaines l’adhésion au traitement (62). De plus, pour Sciamanna (61),
ethnies (afro-américaines) (24). en termes économiques, il est sûrement moins coûteux de
former les médecins que les patients car ces derniers sont
Divergences entre les patients et leur familles et beaucoup plus nombreux.
les professionnels de santé
Quand le statut de surpoids est admis par les deux parties de Propositions pour améliorer l’implication des
la relation, les patients l’attribuent souvent à un problème acteurs de santé dans le traitement du surpoids
hormonal, à un métabolisme ralenti, au stress, à un revenu L’implication des praticiens peut se traduire par la recherche
faible (54) ou à l’hérédité (32). Les médecins ont plutôt de solutions pratiques : connaître et savoir interpréter les
tendance à considérer que les patients mangent trop (21, 54) ressources utilisables (ouvrages, Internet…), mesurer les
et, implicitement, à les blâmer ; ils pensent que les patients poids et tailles et savoir leur signification, posséder un
eux-mêmes sont la solution la plus efficace (54). Pour les logiciel de diététique, tenir compte des différences culturelles
patients, la maladie vient de l’extérieur (hérédité, (e.g. interdits alimentaires)…, et surtout, connaître des
métabolisme défectueux…) alors que pour les médecins, le diététiciens à qui adresser ses patients en toute
malade est responsable (cause = trop manger, solution = confiance (69).
moins manger). Pour le traitement du surpoids, dans une
étude (46) où les médecins se sentent aptes pour la réduction Mais l’implication des praticiens doit se faire par une
de poids, la majorité des patients rapporte avoir reçu des amélioration de la communication au sein de la relation de
recommandations pour changer d’alimentation et faire de soins. Cette amélioration de la communication et, par
l’exercice, cependant la moitié d’entre eux estime recevoir conséquence, de l’efficacité du traitement peut être obtenue
des conseils peu pratiques et ne pas être accompagnée dans en changeant les modèles des patients et des médecins (54) :
le temps pour la perte de poids . ainsi, certains patients demandent des conseils plus
Ainsi, les patients ont des représentations, sur l’évaluation du pratiques sur l’alimentation et l’activité physique, des
surpoids et son traitement, différentes de celles de leur informations sur les bénéfices de la perte de poids et plus
praticien. En conséquence, ils peuvent se sentir non entendus d’accompagnement pour le suivi du régime (46). Une autre
par leur médecin (71, 73) et ne pas adhérer aux conseils solution est que le médecin soit d’accord avec les désaccords
prodigués et traitements préconisés (39, 50, 54, 71). Notons du patient (54), c’est-à-dire connaisse, comprenne et tolère
que les patients eux-mêmes citent peu leur manque de les conceptions du patient et le considère comme un véritable
motivation comme obstacle. partenaire, participant à sa manière propre, à la gestion de
sa santé (69).
Nécessité et bénéfices de l’implication des
professionnels de santé De nombreuses formations existent qui peuvent aider les
Certains médecins sont réticents pour traiter les aspects médecins à comprendre les résistances des patients à
psychologiques du surpoids. Comme l’indique Jeammet dans changer de comportement. Nous avons vu que les praticiens
son ouvrage Psychologie Médicale, l’attitude du médecin souhaitent avoir des enseignements (18, 42, 65).
devant les problèmes psychologiques est trop souvent
dominée par l’évitement de l’auto-examen (3) et le Différentes formations en communication ou en gestion de la
retranchement derrière le manque de compétence (33). Le maladie (surpoids, diabète…) apprennent à des
patient ainsi non entendu, non respecté, abandonné, peut professionnels de santé les techniques d’entretien, de conseil,
perdre le peu de motivation qu’il a ou peut, dans ces de négociation… (65). D’autres visent à augmenter le
conditions, avoir du mal à en acquérir. Le manque de sentiment d’efficacité des professionnels. Ce sentiment

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permet à un individu de croire qu’il a la capacité d’agir sur Certains auteurs se sont attachés à l’étude des changements
les choses et d’obtenir des résultats ; il consiste en un de motivation (28). Ces derniers sont décrits par différents
processus de pensée dans lequel des aptitudes cognitives, stades (28). Dans le stade de « précontemplation », le patient
émotionnelles et comportementales sont organisées et n’a pas l’intention de changer ; l’objectif pour le médecin est
orchestrées pour une multitude d’objectifs (37, 70). que le patient commence à penser à changer son
Des formations visant à améliorer le sentiment d’efficacité comportement. Dans le stade de « contemplation », le patient
envers le traitement du surpoids et à augmenter la motivation évalue les barrières et les bénéfices du changement ; ce stade
pour ce traitement sont proposées à des médecins (37). En peut durer des mois, voire des années. Les encouragements
fin de formation, tous les praticiens, sauf 3 sur 25 ayant et l’empathie du médecin sont nécessaires pour lutter contre
abandonné le cours à la première session, voient leur l’ambivalence du patient. Le stade de « préparation » arrive
sentiment d’efficacité s’améliorer. La perception du rôle du quand le patient est prêt à faire un changement, même
médecin dans le traitement du surpoids a évolué. Les minime. Le patient atteint le stade de « l’action », quand le
connaissances médicales des médecins sur le surpoids et son nouveau comportement est régulier pendant 6 mois (28).
traitement augmentent comme leur capacité à le traiter ; leurs Durant ce stade, le médecin encouragera ses patients, autant
rapports cliniques montrent qu’ils ont intégré leurs nouvelles que nécessaire, sur leurs succès et difficultés et sur leurs
connaissances ; le temps passé à traiter les sujets en surpoids actes, pensées et émotions qui les accompagnent (28). En
n’est plus considéré comme du temps perdu (37). effet, pour faire naître un changement chez le patient,
l’obtenir et le maintenir et pour augmenter le sentiment
D’autres formations visent à changer les représentations et d’efficacité du médecin (37), il est important de « travailler »
opinions des professionnels de santé à propos des patients simultanément à partir de l’expérience propre du patient et à
en surpoids et du traitement du surpoids. Par exemple, la partir des pensées et émotions du médecin et de son patient.
projection de vidéos à propos de familles d’enfants en De plus, construire ou affermir un réseau social et amical, est
surpoids, suivie de discussions et réflexions en présence indispensable pour soutenir les patients. Certains d’entre eux
d’experts, permet de lever, chez des infirmiers, des barrières trouvent aisément leur propre support, d’autres ont besoin
sur le surpoids et de trouver certaines solutions à offrir aux d’être aidés par d’autres professionnels de santé
patients (73). (diététiciens, infirmiers, psychologues…). D’autres acceptent
de participer à des groupes d’entraides où des anciens sujets
De nombreuses formations en thérapie comportementale en surpoids peuvent les soutenir dans leur démarche de
existent ; nous pouvons citer celles proposées en France par changement.
le Groupe de recherche sur l’obésité et le surpoids (GROS) où
les thérapeutes-enseignants sont spécialisés en nutrition, dont Conclusion
le travail figure sur le site internet, http://www.gros.org (25).
L’analyse des pratiques des professionnels de santé montre
Les médecins généralistes occupant une position unique pour que si ces derniers connaissent ou pensent connaître
aider les patients à perdre du poids, certains auteurs (28) l’évaluation et le traitement du surpoids, ils manquent bien
leur enseignent une synthèse des pratiques à mettre en souvent de confiance en eux pour aider leurs patients dont ils
œuvre afin d’obtenir un objectif pondéral réaliste : proposer déplorent le manque de motivation pour changer de
un cabinet confortable, en particulier pour les patients très comportement. Or, la motivation du patient n’est pas innée,
gros, évaluer les conséquences du surpoids, les apports elle s’acquiert au cours d’un long processus de maturation.
alimentaires et les dépenses énergétiques ; évaluer les Trop peu de médecins et diététiciens semblent avoir compris
capacités du patient à changer son comportement le temps nécessaire à l’éclosion de la motivation et trop peu,
alimentaire… (28). également, sont formés aux thérapies comportementalistes.
Les patients en surpoids faisant l’objet de discriminations très Pour Larme, il est important d’éduquer les professionnels de
fréquentes (non motivés, négligents…) tant par les santé à ce type de thérapie pour accompagner leurs patients
professionnels de santé que par la société en général (49, et les aider à formuler des objectifs raisonnables et
51, 60, 66), les médecins généralistes feront preuve de accessibles (14, 43). Aussi, les techniques d’aménagement
sensibilité et empathie (28, 43). Ils éviteront de s’opposer à (gestion) du poids doivent-elles être développées et diffusées
leur patient, même si la perte de poids que ces derniers dans les enseignements et les formations sur le surpoids.
souhaitent est irréaliste, et ils se centreront plutôt sur un
objectif de poids « sain » et sur la gestion de la perte de Les professionnels de santé doivent considérer leurs patients
poids. La gestion du poids est un processus lent qui demande comme un véritable partenaire, dans une relation de soin
au médecin de savoir évaluer la motivation du patient et la égalitaire et fructueuse où médecin et patient échangent leurs
faire grandir : raisons et motifs pour perdre du poids, informations respectives, médicales pour l’un, personnelles
tentatives de perte de poids, support familial ou amical, pour l’autre (69).
compréhension des risques médicaux de la maladie, La qualité de la relation doit permettre aux patients de
bénéfices de la perte de poids, attitudes envers l’activité comprendre, grâce à un langage simple et un temps de
physique, barrières éventuelles pour un changement de consultation suffisant, les conséquences de leur maladie et les
comportement… (28). stratégies à mettre en place. Elle doit leur permettre
également de formuler leurs demandes successives au fur et
à mesure qu’elles émergent afin qu’ils trouvent les solutions

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qui s’harmonisent au mieux avec leurs besoins, leurs 19.Foltz MB. Schiller MR. Ryan AS. Nutrition screening and
ressources financières et leurs capacités d’adaptation (43). assessment: current practices and dietitians' leadership roles. J Am
Ainsi, nous emprunterons notre conclusion à Albert Diet Assoc 1993 ; 93 : 1388-95.
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