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DOSSIER Europe
Au cœur
de l’Europe
de la Défense Photos : ADC Olivier DUBOIS, ADJ Jean-Raphaël DRAHI, CCH Jean-Baptiste TABONE
Iconographe : BCH Pascal VILLEMUR
DOSSIER
1954
la France rejette le projet de Communauté européenne de Défense (CED). Il a fallu attendre
1 998 et les accords de Saint-Malo entre la France et le Royaume-Uni, les deux principaux acteurs
de la Défense en Europe, pour que soit réellement lancée la construction d’une Europe de
la Défense. En dix ans, l’Union européenne est parvenue à poser les bases d’une véritable politique de sécurité et
de Défense commune, que ce soit par la création de nouvelles institutions ou par la participation à des opérations
extérieures, notamment à partir de 2003 : CONCORDIA de mars à décembre 2003, ARTEMIS de juin à septembre 2003
en République démocratique du Congo (RDC), EUFOR RDC durant la période des élections de 2006, et actuellement
EUFOR Tchad-République de Centrafrique et EUFOR ALTHEA en Bosnie-Herzégovine.
Dans un contexte international marqué par des menaces nouvelles, il est plus que jamais nécessaire d’avancer dans
la réalisation de l’Europe de la sécurité et de la Défense, afin de garantir aux citoyens européens un niveau de sécurité
suffisant. Le président de la République a d’ailleurs annoncé que ce chantier serait l’une des priorités de la présidence
française de l’Union européenne au deuxième semestre 2008.
C’est dans ce but que l’armée de Terre française se dote d’instruments lui permettant d’être sur le devant de la scène au
niveau européen. Le Corps de réaction rapide-France (CRR-FR) a été certifié par l’OTAN lors d’un exercice multinational
en mars 2007. L’implication de l’armée de Terre dans la BFA et les Groupements tactiques 1500, ainsi que son poids dans
l’EUROFOR, QG multinational, et dans l’EUROCORPS, illustrent la place de notre armée de Terre au sein de l’« Europe
puissance ». Néanmoins, il reste du chemin à parcourir, notamment pour favoriser une meilleure interopérabilité,
indispensable à l’action.
LTN A nn e -Bé a t ri ce MI CA RD
Pas à pas
Au cours de la dernière décennie, l’Europe de la Défense a déjà conduit plusieurs
opérations à travers le monde, dans lesquelles l’armée de Terre française a occupé
une place de premier plan.
E
lle est l’un des domaines marquent une nouvelle étape, permet- en tant que nation cadre, puis de 94 hom-
les plus dynamiques de la tant à l’UE d’utiliser les moyens et les mes. L’Etat-major de force n° 1 (EMF 1)
construction européenne… capacités collectifs de l’OTAN1. En 2003, à Besançon est désigné pour assumer
Voilà dix ans déjà que la Poli- les interventions militaires de l’UE com- les fonctions de noyau dur du comman-
tique européenne de sécurité mencent à se multiplier. Les cinq opéra- dant des forces européennes et son chef,
et de Défense (PESD) existe réellement! tions, dont deux, ALTHEA en Bosnie et le général Pierre Maral, comme com-
Petit rappel des faits: les crises des Bal- EUFOR Tchad-RCA, sont toujours en mandant de la force. Les premières trou-
kans, en Bosnie-Herzégovine, à partir de cours, ont été des succès, même si elles pes sont déployées le 1er mars, le transfert
1991, puis au Kosovo en 1999, révèlent restent modestes. Mais un fait est là : d’autorité étant effectué le 31 mars entre
la faiblesse des Européens, incapables pour chacune des opérations déjà ache- l’OTAN et l’UE. Le centre de commande-
de régler un conflit à leurs frontières vées, l’Union a fixé un objectif politique et ment de l’opération est installé au QG des
sans l’aide américaine. Elles démontrent l’instrument militaire l’a atteint dans les puissances alliées en Europe à Mons. Au
surtout que la simple juxtaposition des délais impartis. Exemples d’expériences niveau opératif, le général de corps d’ar-
armées nationales ne peut en aucun cas encourageantes. mée italien Cocozza, chef d’état-major
suffire à la mise en œuvre d’une politi- du commandement sud des forces alliées
que de défense et de gestion des conflits L’opération de l’OTAN, commande depuis Naples. Au
efficace et autonome. C’est ce constat niveau tactique, le général Maral, installé
qui vient appuyer l’idée de défense euro- EUFOR CONCORDIA à Skopje, est en relation permanente avec
péenne, basée sur les capacités militai- en Ancienne république yougoslave le représentant spécial de l’UE. La plani-
res de chaque Etat, mais développant de Macédoine, du 31 mars fication et le commandement de l’opéra-
des institutions militaires propres pour au 15 décembre 2003
contribuer à la résolution des crises. CONCORDIA prend la relève de l’opéra-
La PESD est née institutionnellement tion de l’OTAN ALLIED HARMONY à par-
dans le traité d’Amsterdam, signé en tir de mars 2003, dans le but de garantir
1997 et entré en vigueur en 1999. Mais la mise en œuvre de l’accord d’Ohrid pour
c’est le sommet franco-britannique de construire un pays stable et démocrati-
Saint-Malo, en 1998, qui a permis de que. Au départ, le recours à l’OTAN pour
“débloquer” la situation et d’envisager la mettre en œuvre le volet militaire des
création d’instruments appropriés. Au accords s’impose. Cependant, dès que
Conseil européen de Cologne des 3 et l’Union dispose des instruments militai-
4 juin 1999, les Etats membres décident res pour mener une opération, il appa-
de doter l’Union européenne (UE) des raît normal qu’elle fournisse à son
moyens et capacités nécessaires pour représentant spécial à Skopje la force
assumer ses responsabilités, mais limi- militaire capable de le soutenir. Cette
tent la PESD aux missions de Petersberg: force multinationale, sous commande-
missions humanitaires et d’évacuation, ment français puis sous commandement
de maintien de la paix ou de forces de de l’EUROFOR, se compose d’environ 400 tion sont assurés avec le recours aux
combat pour la gestion des crises, y militaires légèrement armés provenant moyens et capacités collectifs de l’OTAN,
compris les opérations de rétablisse- de 26 pays, dont 23 Etats membres de dans le cadre de l’accord de “Berlin plus”,
ment de la paix. Les accords de “Berlin l’UE. La participation française s’élève à dont ce fut la première application
plus” avec l’OTAN du 16 décembre 2002 175 hommes au moment de son mandat concrète. Les responsabilités de nation
L’EUFOR ALTHEA
en Bosnie-Herzégovine,
depuis décembre 2004
vés par une force de l’ONU le 1er sep- Avec ALTHEA – opération toujours en
tembre. L’opération d’interposition, cours –, l’UE connaît en 2004 une nou-
commandée par le général français velle montée en puissance sur le plan
Bruno Neveux, a été menée de manière opérationnel et ses perspectives peu-
autonome, avec la France comme vent laisser espérer la poursuite de
nation-cadre et l’utilisation du Centre cette montée en puissance.
de planification et de conduite des opé- Le 2 décembre 2004 marque la fin de la
rations (CPCO) comme PC d’opération. Stabilization Force en Bosnie-Herzégo-
Le quartier général de la force était en vine, déployée en vertu des accords de
Ouganda. 2 200 hommes issus de Dayton-Paris (1 995). Dans la continuité,
17 pays différents ont participé à l’opé- l’UE lance l’opération ALTHEA.
ration, dont 1 700 Français, les Suédois Cette opération comporte une force de L’opération
fournissant le deuxième contingent le 2 200 hommes venant de 33 pays, dont
plus important. Le mandat de la force 11 non-membres de l’UE, et répartis EUFOR RÉPUBLIQUE
était de sécuriser la ville, les centres de entre un état-major et trois Task For-
réfugiés et l’aéroport et d’assurer la ces. 2 830 militaires allemands, italiens DÉMOCRATIQUE
sécurité des ONG et des Nations unies.
En moins d’un mois, l’UE a ainsi mon-
et britanniques sont dédiés au titre de
la réserve opérationnelle à partir de leur
DU CONGO
tré sa capacité à monter une opération, territoire. Elle s’appuie sur les moyens de soutien à la MONUC pendant
en s’appuyant sur une nation cadre. La de l’OTAN selon le mécanisme de “Ber- la période électorale en RDC,
mission a rempli son mandat, dans un lin plus”. Le commandant de la force est en 2006
environnement difficile, permettant la le général espagnol Ignacio Martin Vil- Le centre d’opérations de Postdam a été
mise en place de la MONUC. Le succès lalain depuis décembre 2007. Le com- désigné comme quartier général d’opé-
de cette opération a été à l’origine de mandant d’opération est le général rations. Du 30 juillet au 30 novembre
nouveaux concepts : Groupements tac- britannique Mc Coll. À Sarajevo, l’OTAN 2006, EUFOR RD Congo a été comman-
tiques (GT 1 500), réaction rapide, cen- maintient un QG de quelque 350 hom- dée par le général allemand Viereck,
tre d’opérations de l’UE, entre autres. mes, dont 150 postes militaires. L’opé- avec comme commandant de la force
ration a des objectifs ambitieux. A déployée, à Kinshasa, le général de divi-
moyen terme, elle soutient les progrès sion français Damay. La mission : sur-
de la Bosnie-Herzégovine vers l’inté- veiller le déroulement des élections
gration dans l’Union en contribuant à un présidentielles de juillet à novem-
environnement sûr, avec notamment la bre 2006, une mission militaire de sou-
signature le 16 juin 2008 de l’Accord de tien aux casques bleus de la MONUC.
stabilisation et d’association entre la Les principaux contributeurs en trou-
Bosnie-Herzégovine et l’Europe. A long pes de cette seconde opération militaire
terme, elle veut assurer une Bosnie sta- autonome de l’UE en Afrique, après
ble, viable, pacifique et multiethnique. ARTEMIS, ont été l’Allemagne et la
France à parité, ainsi que la Pologne, gique. Pour l’heure, l’opération est en
l’Espagne, les Pays-Bas, la Suède et la EUFOR TCHAD cours. À l’EMAT, on se veut optimiste :
Belgique. La Turquie a participé égale- RÉPUBLIQUE DE CENTRAFRIQUE « L’UE sauvera les victimes du Darfour
ment à l’opération. Au total, 2 500 mili- depuis septembre 2007 en sécurisant les camps de réfugiés le
taires originaires de près de 20 pays Il s’agit de la cinquième et de la plus long de la frontière soudanaise. »
différents, dont la quasi-totalité des importante opération militaire de l’UE
États de l’Union européenne, y ont par- conduite dans le cadre de la PESD, et
ticipé. Près de 1 000 militaires français ne bénéficiant pas des moyens logisti-
ont contribué au succès de cette opéra- ques de l’OTAN. À ce titre, elle consti-
tion. Les forces prépositionnées au tue un test de crédibilité pour l’Union.
Gabon et au Tchad ont par ailleurs per- L’opération a été officiellement lancée
mis de mettre à disposition de l’EUFOR- par le Conseil de l’UE le 15 octobre 2007
RDC des infrastructures d’accueil et des et déployée le 12 février 2008 pour une
éléments de réserves opérationnelles période initiale de 12 mois. L’ossature
indispensables à la réussite de la mis- est française avec 2 100 soldats sur les
sion. Cette action fait partie de l’effort 3 700 prévus. La France a proposé
global de l’UE en soutien à la transition d’activer son OHQ pour l’opéra-
démocratique en RDC, et plus particu- tion3. Il s’agit d’une infrastruc-
lièrement au processus électoral. ture entièrement dédiée à
l’opération et située au Mont-
Valérien. Un noyau clé, com-
1
Accès aux moyens de planification de l’OTAN,
les options de commandement européen de posé de militaires majori-
l’OTAN et l’utilisation des moyens et des capa- tairement issus du CPCO, et
cités de l’OTAN. enrichi par des renforts mul-
2
« Le témoignage du général de division Pierre tinationaux a rejoint les locaux
Maral, ancien commandant de l’opération de
l’Union européenne en Macédoine, du 31 mars
de l’OHQ parisien, afin de prépa-
au 15 décembre 2003 », dans Doctrine, rer sa montée en puissance. Le
numéro spécial, janvier 2007. commandant de l’opération, le
3
La France, comme 4 autres pays européens, général irlandais Nash, a rejoint
la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et la
l’OHQ, qui constitue le poste de com-
Grèce, dispose d’une structure qu’elle met à
disposition de l’UE capable d’accueillir l’OHQ mandement de l’opération, d’où il
d’une opération européenne. assure la conduite du niveau straté-
Un exemple à suivre
En dépit de difficultés liées aux problèmes de génération de forces, que l’on
retrouve dans l’OTAN, et à un système de planification des opérations encore
perfectible, l’UE poursuit le développement de ses capacités militaires.
Engagements :
•La BFA a armé l’état-major de la division
multinationale Sud-Est à Sarajevo, en 1996;
•SFOR et participation à la KFOR, en 2000 puis
2002;
•La BFA a été déployée en août 2004 pour
6 mois avec le Corps européen en Afghanistan
dans le cadre de la FIAS sous l’égide de
l’OTAN. Elle a commandé la brigade multina-
tionale de Kaboul.
Perspectives :
Dans le cadre des groupements tactiques de
l’Union européenne (GT 1 500), la France et
l’Allemagne ont décidé en 2006 de contribuer à
la prise d’alerte du second semestre 2008
BFA avec un GT UE basé sur la BFA avec des
La BFA est une unité binationale placée sous le commandement opérationnel contributions espagnole, belge et luxembour-
du Corps européen (mais non sous sa responsabilité organique). geoise. Chacun des deux pays a par ailleurs
décidé de mettre d’autres GT à disposition de
Structure : Capacités : l’Union. Pour renforcer les liens avec le Corps
La BFA se compose d’un bataillon de Lors du sommet commémoratif du Traité de européen, la France et l’Allemagne ont décidé
commandement et de soutien, de deux l’Elysée, en janvier 2008, la France et l’Allema- d’ouvrir, dès 2005, l’état-major de la Brigade
régiments d’infanterie, l’un français – le gne ont souligné l’importance de faire de la BFA au personnel des autres nations-cadres
110e Régiment d’infanterie –, l’autre allemand un élément rapidement déployable pour des du Corps européen (Belgique, Espagne et
– le 292e Bataillon d’infanterie motorisée –, opérations de gestion de crise. L’emploi de la Luxembourg).
d’un régiment de blindés français – BFA en tant que force de réaction rapide pourra
le 3e Régiment de hussards – et de deux régi- ainsi s’accomplir sous l’égide de
ments d’appui allemands – le 295e Bataillon l’UE ou au profit de l’OTAN, dans
d’artillerie de campagne et la 550e Compagnie le cadre de la NRF.
du génie blindé2.
EUROFOR
Les Euroforces ont été créées en
1995 (déclaration de Lisbonne) entre
la France, l’Italie, l’Espagne et le
Portugal. Elles comprennent une
dimension terrestre, l’EUROFOR,
et une autre maritime,
l’EUROMARFOR. Opérationnelle
en 1998, l’EUROFOR est une force
terrestre d’action rapide de niveau
brigade/LCC (Land Component Capacités :
Command). L’EUROFOR a vocation à exercer les responsa- des EM composites (KFOR, en 2000-2001 ;
bilités de commandement multinational d’une EUFOR Concordia, octobre-décembre 2003 ;
Structure : composante terrestre (LCC), ou de comman- ALTHEA au sein du PC EUFOR, décembre 2006-
•Un Etat-major installé en Italie (Florence), dement multinational interarmes de niveau juin 2007).
fort de 82 militaires des quatre nations (10 offi- brigade, pour remplir les missions de Peters-
ciers et 10 sous-officiers français); berg au profit de l’Union européenne. Elle peut Perspectives :
•Une unité de quartier général et une compa- être engagée au profit de l’OTAN ou de l’ONU, La France a pris le commandement de
gnie de soutien SIC italienne assurent le sou- seule ou associée à l’EUROMARFOR. l’EUROFOR en septembre 2008, pour deux ans.
tien; Mandat a été donné par le CIMIN, en juin 2007,
•L’EUROFOR ne dispose pas d’unité organi- Engagements : pour étudier l’évolution possible de l’EUROFOR
que, mais dispose selon les missions d’un L’EUROFOR n’a pas encore été engagée en comme (F) HQ de groupement tactique (GT
réservoir de forces pourvu par les nations. tant que force constituée mais a participé à 1500) de l’Union européenne.
GT 1 500
Après le succès de l’opération ARTEMIS, le Royaume-Uni et la France ont proposé que l’UE se dote de groupements
tactiques projetables, les GT 1 500. L’idée de mettre sur pied des groupements tactiques aptes à mener des interventions
lointaines et rapides a pris corps au sommet franco-britannique du 24 novembre 2003. Le Conseil a adopté le concept en juin 2004,
et définit une capacité initiale d’un GT début 2005, puis une capacité de croisière de deux GT en 2007.
Le GT 1 500 est défini par l’UE comme « le volume de forces minimum pour être militairement efficace, crédible, cohérent et apte
aux actions autonomes ou à la conduite de la phase initiale d’une opération plus importante. Il se fonde sur une force interarmes
de la taille du bataillon incorporant les appuis et les soutiens ».
Le concept, pleinement opérationnel depuis le 1er janvier 2007, se définit comme le paquet de forces minimum pour être militairement
efficace, crédible, cohérent et apte aux actions autonomes ou à la conduite de la phase initiale d’une opération.
(strategic enablers) fournies par les autres semestre 2005. En 2006, la France et l’Allema-
composantes (Marine, Air, forces spéciales, gne ont contribué aux deux GT: Germano-fran-
services interarmées, etc.). Sa constitution est çais au 1er semestre, et Franco-belgo-allemand
entièrement nationale et/ou avec des renfor- au second. La France contribue depuis le début
cements venant d’autres états, sous l’égide (1er janvier 2005) à la prise d’alerte des GT soit
d’une nation cadre ou par un groupe d’états. seule (1/2005), soit en association avec d’autres
nations: avec l’Allemagne en 2006, la Belgique
Capacités : en 2006, 2007 et 2009; l’Espagne en 1/2008. Pour
L’UE est ainsi en mesure d’entreprendre deux le 2e semestre 2008, la France et l’Allemagne ont
opérations de réaction rapide avec une force constitué un GT basé sur la BFA avec des contri-
de la taille d’un GT et peut en particulier lan- butions espagnole, belge et luxembourgeoise. Il
cer ses deux opérations presque simultané- a pris l’alerte au 1er juillet 2008.
Structure : ment. Compatibles avec la NRF, les GT sont
D’un volume d’environ 1500 hommes projeta- déployables jusqu’à 6000 km de Bruxelles, de Perspectives :
bles en moins de 15 jours (autonomie de 30 à 5 à 10 jours après décision du Conseil. L’UE disposera à brève échéance d’un réser-
120 jours avec ravitaillements), il s’articule voir de GT fournis par plus de 20 États
autour: Engagements : membres. Pour la période 2008-2014, l’ar-
•d’un “cœur combattant “composé d’un batail- Les GT n’ont pas été engagés à ce jour. En mée de Terre a déjà prévu de participer au
lon de mêlée à 3 ou 4 unités de combat; revanche, respectant la déclaration sur les moins aux GT espagnol (1/2008), germano-
•d’appuis interarmes (CS)3 et de moyens de capacités militaires européennes de novem- français (basé sur la BFA au 2/2008), belge
soutien (CSS)4 adaptés à la mission. bre 2004, le Royaume-Uni et la France se sont (2/2009) et sous format Weimar (Pologne,
Force à dominante terrestre, il bénéficie, selon engagés à fournir un GT durant le 1er semes- Allemagne et France) avec la Pologne comme
le besoin, de capacités de projection et d’appui tre de 2005, puis l’Italie durant le second nation pilote en 2/2013.
CRR-FR
La création du Corps de réaction rapide-France (CRR-FR), certifié depuis juin 2007,
positionne la France parmi les contributeurs militaires de premier rang en Europe. Avant
lui, six états-majors de réaction rapide Terre ont été créés sur le modèle plus ou moins
proche de l’Allied rapid reaction corps (ARRC). Ces états-majors projetables, certifiés
état-major de High Readiness Force (HRF) par le Supreme headquarters allieds power
in Europe (SHAPE) ont la capacité à commander une opération militaire de niveau corps
d’armée dans le cadre de l’OTAN.
Il s’agit de l’état-major de l’ARRC, en Allemagne, avec le Royaume-Uni comme nation
cadre ; du Corps européen à Strasbourg ; du NATO Rapid Deployable Corps (NRDC)
germano-néerlandais, à Münster en Allemagne ; du NRDC Italien à Solbiate Olona ;
du NRDC espagnol à Valence ; du NRDC turc à Istanbul. La France, avec le CRR-FR de
Lille, créé le 1er juillet 2005, a mis sur pied le 7e état-major HRF. Tous ces états-majors d’opérations. Sur le plan pratique, il assure
prennent successivement l’alerte NATO Response Force (NRF), qui est une alerte son déploiement en moins de 30 jours sur un
multinationale à disposition de l’OTAN pour une durée de 6 mois. théâtre d’opération.
S
général de brigade Marc Duquesne en
i le phénomène n’est pas s’agit de la capacité de collaboration de témoigne, le 11 décembre dernier, le
nouveau, l’interopérabilité toutes les pièces de la chaîne opération- premier jour de l’exercice aéroporté
ne parle finalement pas à nelle, du plus haut niveau de comman- COLIBRI : « COLIBRI est une de ces
grand monde. Et pourtant… dement jusqu’au dernier des grenadiers nombreuses pierres qui contribuent à
C’est bien le cœur de l’enjeu voltigeurs sur le terrain. Entraînements, l’édification de l’Europe de la Défense.
d’une défense commune ! Pour bien équipements, mais aussi culture multi- A travers lui, il s’agit de connaître, si
comprendre, il suffit d’expliquer qu’il nationale, l’interopérabilité, c’est ça: par- ce n’est de partager, les méthodes et