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RÉSUMÉ: Les hautes terres de l’ouest Cameroun (4°55 - 5°57N et 9°50-10°55E) constituent un
vaste ensemble granitique volcanisé par endroits et d’altitude moyenne de près de 1300m. Elles
sont séparées des régions environnantes par de vigoureux escarpements de près de 700m de
dénivellation à revers en falaise. Le milieu physique est constitué d’un plateau portant un substratum
granitique ou métamorphique tectonisé et volcanisé, profondément disséqué et recouvert par des
basaltes qui ont été cuirassés par endroits. Ce plateau est une constellation d’une variété de
versants et de massifs aux substratums diversifiés tels que : le Mont Pou (1724m) et le massif du
Bani (1921m), granitiques ; le mont Bana (2097m) et le massif du Mbam (2263m), anorogéniques,
le massif de Bangou (1924m), la caldeira des monts Bamboutos (2740m), et le mont Oku (3011m),
volcaniques. Ce vaste plateau dissymétrique se termine par de vigoureux escarpements tectoniques.
Les bordures occidentales et méridionales sont soulevées et relevées et surplombent la région
côtière par des escarpements tectoniques de 700 à 1000m de dénivellation. A l’Est, le plateau
surplombe la plaine du Noun (1100m) par un escarpement de faille de 200 à 300m de commandement
alors qu’au Nord, le plateau entre en contact avec la région des Grassfields (1800-3011m) de
Bamenda qui domine le bassin d’effondrement de Ndop (1200m) par un escarpement de faille de
500m. à 700 m. 1000m de dénivellations séparent aussi la plaine tikar des High Grassfields Au
total, il s’agit d’une région très affectée par des fractures encore actives comme peuvent le
témoigner : le tremblement de terre de Magba en 1983, l’éruption du lac Monoun en 1984, du lac
Nyos en 1986 et du mont Cameroun en 1999-2000. Si la région a fait l’objet de la curiosité des
premiers géologues allemands qui ont foulé le sol au Cameroun, les possibilités d’une étude
approfondie n’ont jamais été aussi opportunes que de nos jours avec les avantages offerts par la
télédétection satellitale. Cet article explore par les outils et méthodes de la télédétection des
effondrements subcirculaires au cœur et en bordure des hautes terres. Les sites de Ndop, Mapé et
Batié ont été choisi pour cette étude et nous pensons poursuivre et approfondir nos investigations
sur ces sites avant leur extension vers d’autres portions du territoire camerounais. Les résultats
obtenus montrent que la télédétection constitue une source irremplaçable en géomorphologie.
ABSTRACT:- The high plateau of west Cameroon (4°55 - 5°57N et 9°50-10°55E), located at an
average altitude of 1300 m, is composed of a vast granitic domain with sporadic volcanic outpours.
It is separated from the neighbouring regions by steep escarpments that step down 700 m to lower
plains. The physical milieu is made up of plateaux of granitic or metamorphosed substratum that
have been subjected to tectono-volcanic activity and presently covered by highly dissected basalts
that have been weathered into hardpan in places. This region is a constellation of a variety of
massifs with diversified basements such as: the granitic Mt. Pou (1724m) and the Bani massif
(1921m), anorogenic ring complexes of Mt. Bana (2097m) and the Mbam massif (2263m), the
volcanics of Bangou massif (1924m), the calderas of Mt. Bamboutos (2740m), and Mt. Oku (3011
m). These vast dissymmetrical massifs end in steep tectonic escarpments. The western and southern
borders imposingly overlook the coastal region by tectonic escarpments of 700 to 1000 m high. To
the east, the plateau overlooks the Noun plain (1100 m) by a faulted escarpment of 200 to 300 m
while to the north it comes in contact with the Grassfield region (1800-3011m) of Bamenda which
dominates the Ndop plain (1200 m) by a faulted escarpment of 500 to 700 m. A 1000 m escarpment
also separates the Tikari plain from the High Grassfields. In all, it is a region that has been greatly
affected by tectonic activities testified by: the Magba earthquake of 1983, the toxic gas emission of
Lake Monoun (1984) and lake Nyos (1986) and the Mt. Cameroon eruption of 1999-2000. The
German scientists did rudimentary work in this area during the colonial periods and now it has
become imperative to use Satellite Images to circumscribe these sub-circular depressions surrounded
by higher ground. Ndop, Mape and Batie were chosen for detail studies and a similar method will
be used for a wider study in the whole country and the sub region. Results from this work show that
Remote Sensing remains an irreplaceable tool for the geomorphologic studies in this area.
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Figure1: carte de localisation
prédominance des directions N20 à N60°E qui sont les La direction de la Bénoué est représentée par les accidents
principales. Ces principales directions se subdivisent en : N 125-140°E avec des failles décalées en échelons. Ces
• Les accidents 0-20°E qui représentent la direction failles représentent le 3ème groupe alors que les accidents
des Grassfields occidentaux du Nord Ouest du N160-180°E qui sont récents, et sont responsables des
Cameroun. couloirs volcaniques et du volcanisme récent arrivent en
• Les accidents N20-40E qui représentent la Ligne 4ème position (Tchindjang, 1996).
du Cameroun, vieux linéament réactivé du
Tertiaire à l’Actuel. L e Cameroun se situe ainsi dans le Golfe de Guinée en
• La direction N58° E est panafricaine et elle pleine bordure de la plaque tectonique africaine dont
apparaît marquée par des secteurs de broyage l’indice d’activité tectonique récente est l’éruption
qui donnent lieu aux mylonites. Ce sont des fréquente du Mont Cameroun (7éruptions pour le 20ème
anciens coulissages senestres. siècle). Dans l’Ouest Cameroun individualisé, depuis le
Miocène, l’activité volcanique s’est déplacée d’Ouest en
Les accidents N65-70°E qui constituent la direction de Est et du Nord Ouest au Sud Est édifiant des mars,
l’Adamaoua (qui apparaît plus récente et affectée de (Tchindjang, 1993). Elle est le résultat des mouvements
décrochements orthogonaux) appartiennent au second des plaques. Même si les mouvements des plaques ne
groupe. paraissent pas mieux suivis par manque d’instruments de
Grands ensembles et Unité Géosystème >1km Géotope paysage (100- Géofaciès paysage (0,010-
de paysage de paysages Paysages 1000m) 100m)
Plaine et pédiplaine 1a-plaine alluviale 1b-terrasse, levées 1c-affouillement des berges,
(1000_1200m d’altitude) alluviales creux de soutirages, ravines
forêt galerie et savanes 2a-Pédiplaine cristalline de berges, galets sous berge.
d’altitude 2b- pédiments rocheux,
dômes dégagés, vallées 2c-boules, pénitents et-
imprimées, blocs rocheux, colluvions
Rebords de plateau 3a-Escarpement de faille 3b-Gorges rocheuses, talus 3c-ravines, griffures, boules
200—300m de d’éboulis, cônes de isolées, corniche sur
commandement déjections, champs et chaos versants cuirassés, pinacle
de boules, fortes pentes rocheux, coup de cuillère,
éboulements
4b-dômes de flanc, tors,
4a-Rebord de plateau de très fortes pentes 4c-Blocs éboulés,
caractère montagnard (300- avalanche, versants nus,
1000m de dénivellation) bad-lands.
Plateaux granitiques et 5a-plateau granitique 5b-lourdes croupes 5c-Surface de récurage,
basaltiques (1300-2400m), (1300-1800m) convexes, dômes nus et lames de granite, blocs
prairie à Sporobolus, dégagés, demi-orange parallélépipédiques, tors,
pelouse à Loudetia simplex pinacle rocheux cupules de
et Ctenium newtionii sur 6b-croupes convexes, dissolution, cannelures,
6a-plateau basaltique et vallées en berceau, vallées
bowé plateau basaltique cuirassé lavakas.
sèches, cônes basaltique et
pyroclastique, éboulements, 6c- lavakas, cônelet de
buttes cuirassées, cuirasse pyroclastiques, vallon sec,
sommitale rigoles, ravinement
généralisé, corniche sur
bowé de cuirasse, cirque
Montagnes 1700-3011m 7a-montagnes granitiques et 7b-formes de glissement et 7c- ravines, champs de
d’altitude). Pelouse à massifs anorogéniques pseudo glaciaires boules, tors, avalanche, serre
Sporobolus, forêt
submontagnarde et 8a-montagnes volcaniques, 8b-fortes pentes 8c-avalanches, serres
montagnarde caldeira
mesure, le Cameroun enregistre de fréquents mouvements le massif granitique du Bani (1921), le massif anorogénique
sismiques d’ampleur, de taille et de localisation variables. de Bana (2097m) le volcan bouclier de Bangou (1924m), le
Ainsi, on a enregistré en 1987 un séisme à Magba, siège Mont Bamboutos (2740m). Ce vaste plateau dissymétrique
du barrage de la Mapé, situé sur la faille panafricaine de (Morin 1989, Tchindjang 1996) s’achève en ses bordures
Foumban (N 58°E). En 1990, un autre séisme de magnitude par de grands escarpements de faille. Ainsi les bordures
IV a été enregistré à Ndu dans le Nord-Ouest (Njilah,1991), occidentales et méridionales sont relevées et surplombent
une autre localité des hautes terres de l’Ouest. En gros, la région côtière par un escarpement de 700 à 1000m de
les paysages de cette région montagneuse du Cameroun commandement. A l’est, le plateau Bamiléké s’achève sur
peuvent être résumés dans le tableau 1. la plaine du Noun par un escarpement de 200 à 300m de
Sur le plan physique le milieu Bamiléké est constitué d’un dénivellation. Au nord, il butte sur les contreforts des
ensemble de plateaux granitiques, tectonisés et High Grassfields de la région de Bamenda qui domine le
profondément disséqués, puis recouverts de basalte de bassin d’effondrement de Ndop par un escarpement de
plateaux et cuirassés par endroits. Le plateau Bamiléké 500m de commandement.
est également constellé de massifs de tous genres
d’ampleur et de taille variables tels : le mont Pou (1724m), MATÉRIELS ET MÉTHODES
Cartes topographiques
Dénomination Echelle Mission/ Feuille Année d’édition Auteur
BAFOUSSAM 1d 1/50000 NB 32 XI 1973 IGN Yaoundé
BAFOUSSAM 1/200 000 NB 32 XI 1978 IGN Yaoundé
BANYO 1/200 000 NB 32XVIII 1978 CGN Yaoundé
LINTE 1/200 000 NB 32 XII 1961 IGN Yaoundé
NKAMBE 1/200 000 NB 32 XVII 1983 IGN Yaoundé
NKAMBE 1/500 000 1972 IGN Paris
Cartes géologiques
DOUALA OUEST 1/500 000 NB 32 SE 028 1968 JC Dumort
DOUALA EST 1/500 000 NB 32 SE 029 1957 G Weeksteen
WUM BANYO 1/500 000 NB 32 NE 040 & 1969 Y Peronne
E 41
BANYO 1/500 000 NB 32 E 41 1969 P Koch
CAMEROUN 1/ 1000 000 Feuille Sud et 1979 Direction des
Ouest mines, Ministère
des Mines et de
l’Energie
Les données utiles à la présente description proviennent Par la suite, quelques photographies aériennes dont celles
de trois sources principales et complémentaires. de 1955 (AEF), celles de 1961-1964 (Mission NB-32-XI,
1a, 1b, 1c, 1d, 2a, 2ab, 2c, 3b, 3c, 4ab, 4cd etc.) ont été
Les données iconographiques sont représentées par les consultées. Il faut y ajouter une image LANDSAT du 17
cartes topographiques au 1/200 000 et les cartes novembre 1978. L’ouvrage méthodologique de Jean Yves
géologiques regroupées dans le tableau 2. Nous avons Scanvic (1983) nous a été utile pour l’identification des
utilisé les notices explicatives de Dumort (1968), Péronne types de réseau hydrographique. Enfin, les supports
(1969) et Weecksteen (1957). essentiels consultés et utilisés pour cet article sont les
A partir de des cartes topographiques, des cartes images satellitales regroupées dans le tableau 3.
géologiques et de leurs notices explicatives,nous avons ERS1 et ERS 2 nous ont été fourni par le biais de l’initiative
réalisés des profils topographiques et des coupes TIGER à partir du projet soumis aux évaluateurs et dont le
géologiques. numéro est ID 2948.
Pour le traitement des données, nous avons eu recours l’homme et son milieu et des évolutions que ce milieu a
au logiciel ENVI 4.0 pour la manipulation, la visualisation subi en fonction des types de sociétés. S’il est une réalité
et le découpage des images et à MAPINFO 7.5 pour la historique, le paysage est aussi une réalité autant naturelle
cartographie des fractures, des escarpements et des que culturelle.
différents effondrements.
ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
Certes nous avons procédé à une observation des cartes Dans nos observations et au cours de la visualisation des
topographiques pour reconnaître les grandes unités de images, nous avons établi des critères fondés sur
paysages dans la région. Les données compilées à partir l’ouvrage de Chorowicz et al. (2003): il s’agit notamment
de la carte topographique et des observations de terrain d’étudier les unités images et les confronter aux unités
ont été rassemblées et présentées dans le tableau 1. Les paysages pour extraire des informations. Les caractères
caractéristiques du paysages proviennent des principaux images se manifestent à travers 5 paramètres :
éléments qui la composent groupés en deux : le milieu - Intensité (, intensité « réflectance optique,
physique et le milieu biologique. rayonnement thermique, retrodiffusion radar,
pénétration radar»)
Le milieu physique se compose de la lithosphère (nature - Couleurs : distribution spectrale, polarisation,
et composition des roches, géomorphologie), de la - Texture : La texture est la répartition d es éléments
pédosphère (sols, processus d’altération etc.) et de texturaux (points, lignes, surface) Il y a 3 niveaux de
l’atmosphère (climat et influence sur les modalités de texture à l’échelle d’une image : la micro texture qui
l’érosion) qui sont tous des éléments abiotiques, mais concerne la distribution des différents types de
conditionnant la vie. Le milieu biologique se compose des pixels, la texture normale et la macro texture qui peut
êtres vivants animaux et végétaux, de l’anthroposphère concerner la distribution du réseau de drainage, des
ou sociosphère. Les éléments biologiques interviennent routes, du réseau de crêtes et v du parcellaire
pour modifier les conditions offertes par le milieu. C’est - formes : relief, parallaxe, phase radar ;
pour cette raison que le paysage apparaît comme fruit de - contexte : distribution spatiale 2D ou 3D. Le
l’histoire. Il résulte de l’histoire naturelle des régions et contexte a trait au critère de voisinage ou de
de l’histoire de l’homme. C’est le fruit de la rencontre entre proximité
L’orientation se fait par rapport au soleil en télédétection L’effondrement au sud du massif de Batié (1200-1724m)
optique et au capteur en système Radar.
L’effondrement au sud de Batié est dominé par
L’érosion est l’un des critères essentiels d’appréciation, l’escarpement sud et sud ouest du Bamiléké qui surplombe
car elle peut fortement disséquer et ronger les plateaux et la plaine littorale du Nkam. Si l’aspect image de la région
permettre ainsi la mise en place des principales unités de apparaît complexe, on observe une rugosité sur
paysage. Cependant, celle-ci n’a exploité que les lignes l’effondrement alors que la plaine est lisse (fig.2). Le réseau
de faiblesse offerte par la structure (faille, etc.). La hydrographique de Batié est dendritique. Son allure
description qui suit est une tentative (regroupée dans le ramassée et ovalaire (fig.3) en fait une structure
tableau 4) d’analyse des différentes unités de paysage batholitique confirmant la présence des granites qui
confrontées aux unités images des hautes terres de l’Ouest donnent des reliefs positifs et des unités images
Cameroun en fonction des paramètres ci-dessus évoqués. homogènes. En effet l’image radar montre une surface
homogène très lisse. Il en est de même de l’image optique
Chorowicz et al. (2003) insiste également sur des traces LANDSAT dont le seul élément de différenciation est une
lithologiques qui apparaissent aux intersections entre la zone d’ombre qui signale un escarpement vigoureux.
surface topographique et les discontinuités du sous-sol. L’effondrement à ce niveau correspond à une limite entre
Les lieux d’interruption des traces lithologiques le plateau Bamiléké et la plaine du Nkam à travers un couloir
permettent de dessiner les failles et certains de fracturations bien mis en exergue par les images radar
chevauchements, des discordances et des ERS1 et 2 et JERS (fig. 2).Les coupes géologiques (fig 4)
décrochements : c’est le cas de Batié dont le point de montrent des mylonites en bordure des secteurs effondrés.
départ est une faille listrique senestre, l’amplitude de Ces secteurs correspondent aux traces lithologiques. Le
soulèvement étant maximal à Batié. A priori, nous avons pendage y est important et la surface topographique
choisi trois secteurs d’effondrement sur les hautes terres. coïncide avec une discontinuité lithologique.
La densité de drainage liée à la nature granitique du terrain conséquents aux rejeux successifs de vieux linéaments et
permet également de déceler de grands styles tectoniques de vieilles fractures panafricaines (précambrien supérieur).
et surtout tout l’agencement structural de ce massif Ces cassures de tension ont une incidence sur la
granitique (fig.3). La rosace réalisée par comptage des morphologie. En dehors de cela, la forme en boucle du
directions sur la carte topographique et les observations massif mis en exergue par le réseau hydrographique traduit
de terrain donnent la prééminence aux directions N48-50°E des relations entre ce massif et les structures circulaires.
(SO-NE) qui sont à l’origine du soulèvement de ce massif En effet, ces failles sont généralement marquées de rejets
granitique circonscrit. verticaux importants en horsts et grabens (300-400m
d’amplitude).
Cette faille est une composante de la faille senestre de
Foumban (N58°E) qui a rejoué au tertiaire et provoqué un En dehors de Batié qui apparaît comme la terminaison
tel morcellement en horst et graben. La deuxième grande méridionale des hautes terres dont le contact avec le bassin
direction de la zone est N112° et qui rassemble un faisceau sédimentaire côtier se fait par les failles, les deux autres
d’accidents guidant les cours d’eau. De l’avis de effondrements sont subcirculaires, mais de nature
Tchindjang (1996), il s’agirait de décrochements dextres différente l’une de l’autre.
Figure 4 : Coupes géologiques montrant, la structure, l’état et l’origine des reliefs granitiques à Batié
L’effondrement de Ndop qui se présente comme une N40-52°E et recoupés par des cassures transverses
plaine ou mieux un bassin intramontagnard effondré, orientées N101° - 112° E. Si au sommet les reliefs sont
apparaît à première vue comme une caldeira. Cette fausse volcanisés et portent des trachytes, à la base, on observe
impression lui est conférée par son allure de rempart un champ volcanique récent portant des cendres et
circulaire. Le lissage observé au niveau de l’effondrement traduisant que le volcanisme de la région a évolué de
de Batié cède la place ici à une structure rugueuse sur l’Ouest vers l’Est ; les plus grands massifs volcaniques
image. Les coupes géologiques (fig 5) réalisées montrent se situant tous à l’Ouest de la région. L’observation des
un morceau bien effondré et ennoyé sous les eaux de la images radar JERS et ERS montre très bien l’effondrement
rivière Noun. Cet effondrement doit être consécutif au et ses limites et nous avons pu l’identifier comme
volcanisme secondaire de la série blanche moyenne escarpement subcirculaire très dissymétrique (fig. 5 et 6).
(Dumort 1968, Gèze ; 1943) constituée de rhyolites et de Les parties Ouest et Nord sont plus relevés que les parties
trachytes. Ndop apparaît comme suspendu entre deux Est et Sud. L’effondrement circulaire est bien observé sur
massifs montagneux tant de l’Ouest à l’Est que du Nord les images et son rayon est d’environ 80 à 90km (fig 6). De
au Sud. (fig 6). Cela traduit l’importance des mouvements petits cônes volcaniques et pointements rocheux
de compression et de distension qui ont marqué cette interrompent la monotonie de cette plaine d’altitude. Les
région pendant et après le volcanisme. Un grand lac s’est directions les plus importantes que nous avons relevés
mis en place et ce lac a conduit secondairement à la (N90°E, 119°E, 150°E) s’allongent sur des centaines de
création d’un barrage, celui de Ndop- Bamendjing. Vers le km. La rugosité est de règle autant que la présence de
Sud Est, la plaine de Ndop se termine sur un couloir de grands linéaments.
fracturations marqué par un faisceau d’accidents orientés
Figure 6 : l’effondrement de Ndop: observer la structure subcirculaire et la rugosité des unités images
Figure7 : La Mapé sur l’image Landsat de 1978 (L’image analogique digitalisée par nos soins comporte un seul canal)
protoclastique. Cependant, par endroits, la texture devient ¾ des crêtes et échines sinueuses comprises
ultra à blastomylonitique, caractéristique d’une cataclase entre 1300 et 1500m et très abrupts (30-40°)
à haute température. Il existe deux stades de
mylonitisation : l’une intense et l’autre moins. Ces deux Par ailleurs nous n’avons pas voulu décrire dans le détail
stades peuvent expliquer le rejeu des failles. Les mylonites les différents effondrements, mais simplement les
d’après Tchindjang (1996) s’organisent en croupes molles caractériser. L’effondrement de Batié apparaît lisse et
et profondes parallèles en général au tracé des montre un bon lissage des unités paysagiques en
escarpements. On y distingue : contrebas du plateau. Par contre, le paysage des plaines
de la Mapé et de Ndop est rugueux et par endroits, lisse.
¾ des collines très douces, monotones et très Le tableau 4 est une synthèse caractéristique des unités
moutonnées (700-1100m) images et des unités paysages observées dans toute la
région.
¾ des barres de mylonites recouvertes de minces
pellicules de basalte ou de cendres (1100-
1300m)
Tableau IV : Les Relations Unités paysages/Unités images des hautes terres de l’Ouest
1- Nous adressons nos sincères remerciements au 10) Tchindjang M (1993). – La notion de maar : l’exemple
Professeur Jean Chorowicz pour nous avoir initiés à cette du laquet Banefo dans les reliefs du Bamiléké Central
méthode d’observation et d’interprétation unités images/ et Oriental (Ouest-Cameroun).Cahiers Géologiques
unités paysages. N° 121, 5fig., Paris pp. 1359-1367.
1 - Nous remercions également l’Agence Spatiale
Européenne pour les images ERS 1 et ERS 2 qu’elle nous 11) Tchindjang M (1996).- Le Bamiléké central et ses
a fourni gratuitement à travers le projet TIGER N° ID 2948. bordures : morphologie régionale et dynamique des
versants. Etude Géomorphologique. Thèse,
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Université de Paris VII, 3 vol. 144 fig., 65 tab., 65 photos,
Paris, 867p.
1) Bessoles B. & Trompettes R (1976) Géologie de
l’Afrique. La chaine panafricaine de l’Afrique 12. Weecksteen G. (1957). - Notice explicative de la feuille
centrale, partie sud et zone mobile soudanaise. de Douala Est. Paris, 48p.
Mémoire BRGM, N° 92 Paris, 402 P.