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Les personnages

Kyo

Jeune homme « au visage de samouraï ». Personnage central du livre. Son


correspondent dans l’histoire est Chou En-Laï, futur premier ministre de Mao. Sa
nature est celle d’un chef. Organisateur irremplaçable. Il voit le monde à travers son
action. Ses actes et ses rêves tendent vers l’efficacité. C’est le contraire d’un
intellectuel.

Métis, hors-caste, dédaigné par les Blancs.

Héroïsme. Même héros idéal, dont les tendances correspondent à celles


manifestées par Malraux dans la vie réelle.

Aucun trait physique, aucun tic de langage, aucune attitude familière ne le


distinguent comme les autres personnages du roman.

Il est la conscience qui reflète les événements.

Kyo, trahi par May, médite sur l’amour: « seule chose aussi forte que la mort ».

Gisors

“Masque d’abbé ascétique dont une robe de chambre en poil de chameau


accentuait le caractère.” (p. 38)

Plusieurs personnages se mêlent en Gisors: le père, le maître, l’intellectuel, l’artiste,


l’opiomane.

Il aime profondément son fils, Kyo.

A moitié marxiste, esthète et intellectuel.

Il forme des êtres. Sa passion est celle de comprendre. Il cherche la vérité des
êtres, leur originalité.

Gisors est le plus intelligent des personnages trop intelligents de Malraux. Son
intelligence est souveraine, son pessimisme – lucide.

Katow
Personnage attachant. Sa façon de placer le mot « absolument » dans toutes les
langues qu’il parle. Révolutionnaire, exilé en Sibérie. Sobre de mot. Escamote ses
mérites.

Homme de jugement, qui n’a pas de confiance dans les paroles.

Une légende de générosité et de force le suit.

Ni aventurier, ni tête brûlée, ni fanatique, Katow est le plus conscient et le plus


équilibré des révolutionnaires.

Il fait partie d’une typologie courante à l’époque: celle du révolutionnaire généreux,


bon à tout faire (bombes ou tracts), cosmopolite et polyglotte par nécessité, habitué
dès longtemps à disposer de son corps comme d’un cadavre.

Tchen

Elevé à la chinoise, il a une haine solide contre la Chine traditionnelle. Instruit par
un pasteur chinois, il a l’horreur de la chair et la passion du Christ jusqu’à ce que
Gisors substitue en lui la passion politique à la passion religieuse.

Ses traits favorables sont: l’amitié pour Kyo et l’affection pour Gisors. Il risque sa vie
pour la Révolution.

En décidant de tuer Chang Kaï-Shek, il réveille les pulsions de mort qui gisaient en
lui. Il devient possédé par son meurtre, il est fasciné par le terrorisme.

Il veut transformer le terrorisme en acte exemplaire.

Vrai kamikaze avant l’heure, il est happé par le désir de tuer, le sublime en sacrifice
à une cause plus grande que lui-même.

Clappique

Personnage intéressant et original. Il invente ses biographies, ainsi son anonymat


n’est que plus complet.

Voix bouffonnante, inspirée de Polichinelle. Viveur ruiné mais munificent.

Mythomane. Tout en surface par nature et animé de la volonté de ne s’attacher à


rien. Il avait échappé a la famille, à l’amour, au travail, non au peur.
Refus des valeurs habituelles, plasticité, abondance de paroles et de gestes, goût
du soliloque et de la grimace, culture artistique, appétit de la sensation (femmes
faciles et alcool), cynisme et désinvolture.

C’est un amorphe: secondaire, non émotif, non actif.

C’est le négatif des autres, un anti-héros. Il illustre à quel néant parvient l’homme
qui refuse toutes les valeurs, celles de la tradition (amour, travail, famille) et celles
de la Révolution et de la fraternité.

Clappique est totalement ce que nous sommes partiellement. Pour se supporter, il


lui faut s’illusionner et faire illusion.

Il désigne l’humanité moyenne, celle qui peut tout perdre, sauf le goût pour la vie.

Ferral

Caractérisé par la volonté de puissance. Personnification du capitalisme et de


l’impérialisme. Son rêve: dea affaires à la politique par l’intermédiaire de la presse
qu’il rêve d’asservir.

Il veut la toute-puissance, non la puissance.

Il estime l’intelligence, mais elle est avant tout pour lui la possession des moyens de
contraindre les choses ou les hommes.

Sa volonté de domination lui ouvre la voie vers l’érotisme, mais non pas vers
l’amour.

Grand brasseur d’affaires, moins intéressé par le succès matériel que par le risque
et le goût du triomphe.

A la fin, il accueille l’echec avec une grandeur qui force le respect.

Dans sa nature s’agitent Machiavel, Don Juan, Faust.

Sens de la Condition humaine

Le thème central de l’œuvre est l’homme et son destin.

« Le Destin n’est pas la mort. Il est fait de tout ce qui impose à l’homme la
conscience de sa condition. »
Le thème de la prison: les héros n’accèdent à la vraie liberté qu’après avoir passé
par la pire servitute. La prison pousse à leur maximum les traits particuliers à la
condition humaine: solitude, promiscuité, dépendance.

Mais à la fin, la prison est le tremplin d’où les élus s’élancent vers le ciel.
Plusieurs personnages de La Condition humaine ont quelque chose en commun: ils
ressentent une humiliation.

Sources de l’humiliation:
- aliénation chez les uns;
- aspiration à la dignité ches les héros;
- orgueil démesuré chez les autres.

Chez tous les personnages, sauf Clappique, il y a la douleur, la solitude. Pour Gisors,
le fond de l’homme est l’angoisse.

Tous les personnages cherchent le sens de la vie en tatônnant dans une obscurité
presque complète.

La Condition humaine n’est pas autre chose qu’un moment d’une enquête fiévreuse
où, dans des circonstances exceptionnelles, des être exemplaires cherchent le sens
de leur existence en essayant de briser leur solitude.

Les moyens choisis pour briser la solitude sont:


- l’amour ou l’érotisme;
- l’alcool ou l’opium;
- la volonté de puissance ou l’Art;
- la Révolution ou le don de soi.

Le personnage qui incarne la volonté de puissance et l’érotisme est Ferral. Pour lui,
l’érotisme n’est qu’une variété du désir d’humilier.

Pour les héros de Malraux, l’enfance et le rêve sont des faux paradis. Ils veulent se
créer, regarder l’avenir, et non le passé.

La drogue est « un épouvantable mariage avec soi-mème » (Baudelaire). Le sens de


l’opium est de délivrer d’une angoisse. Gisors lui demande la capacité d’oubli, le
refus de la conscience.

L’opium n’est qu’une brève échappatoire, non une évasion.

Incapable de dominer les autres et de se dominer lui-même, Clappique se réfugie


au jeu.
Pascal a considéré que le jeu est le divertisment qui empêche l’homme de penser à
sa misère. Le jeu est une suicide sans mort. Le jeu procure au joueur l’intensité de
sensations qu’il ne sait pas trouver dans sa vie.

L’Art donne un sens à la vie. L’Amour peut être une clef pour sortir de soi. Le
service de la Révolution entraîne le sacrifice consenti, libère le combattant de lui-
même en lui donnant l’espoir de libérer les hommes de l’humiliation.

L’Art oriental délivre l’homme parce qu’il est un système de signes et qu’il traduit
l’accord du peintre avec le monde.

Le peintre japonais Kama dit: « Quand je suis allé en Europe, j’ai vu les musées.
Plus vos peintres font des pommes, et même des lignes qui ne représentent pas
des choses, plus ils parlent d’eux. » (p. 57)

En amour l’Orient a ses solutions qui dérivent d’une ancienne organisation sociale:
la soumission traditionnelle de la femme est un moyen commode de faire régner
l’harmonie entre les sexes.

Gisors aime une Japonaise parce que « l’amour, à ses yeux, n’était pas un conflit
mais la contemplation confiante d’un visage aimé. »

L’amour véritable este celui qui unit Kyo et May.

Constante de la pensée de Malraux: on ne connaît jamais les êtres.

Pour Malraux, comme plus tard Sartre, l’homme est la somme totale de ses actes.

Dans le roman, la mort tient le premier rôle, parce qu’elle rend vaine toute
prétention humaine à fonder quoi que ce soit.

L’action, la guerre, la politique étouffent la voix de l’amour, surtout quand la


politique est devenue la Révolution.

L’adhésion de cœur et de fait à la cause de la Révolution communiste sous-tend la


vie des protagonistes de La Condition humaine.

Malraux a dit: « Il n’est pas difficile de voir où est le mythe de La Condition


humaine: c’est la vulnérabilité de la grandeur, la dégradation des grandes formes
de l’espoir, toujours renaissant, des hommes par leur incarnation. »

Composition, art et style


Malraux a harmonisé l’action, la description et l’étude psychologique.

Dans le roman, le monde, l’action et les problèmes de la condition humaine sont


vus par les yeux des personnages.

Il y a une alternance entre les scènes d’action et les scènes de reflection.

Malraux allie la technique du roman américain d’Hemingway, la technique du


cinéma et la tradition psychologique française.

Malraux a dit que le premier travail du romancier moderne est de découper la


réalité en scènes (ce qu’il appelle la « mise en scènes »). Il a choisit une forte
concentration dans le temps.

Gaëtan Picon a dit: « La démarche naturelle de Malraux a toujours été de


surprendre l’universel dans le concret. »

Les idées sont incarnées dans des personnages originaux, enracinés dans une
réalité visible et sensible.

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