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La réalité du marxisme en Amérique du Sud

Zaira Rodrigues Vieira

Le mouvement des théologiens de gauche de


l’église catholique a eu, comme on le sait, un grand
poids dans la fomentation et formation des
mouvements sociaux et politiques de l’Amérique
Latine à partir du début des années soixante-dix. La
formation du Parti des Travailleurs (PT) et du
mouvement syndical de gauche (CUT) à la fin des
années soixante-dix/ début des années quatre-vingt, et
le surgissement du Mouvement des Sans-Terre (MST)
en 1984, au Brésil, ont été en grande partie influencés
par l’action sociale de la Théologie de la Libération.
Telle influence a été identifiée aussi dans la montée de
la révolution en Amérique centrale (Nicaragua, El
Salvador) et dans le mouvement des zapatistes du
Chiapas1, entre autres. S’il est vrai pourtant que le
marxisme avait laissé ses empreintes sur les
propositions des mouvements qui étaient liés à la
théologie de la libération et sur les formulations de
quelques-uns de ses théoriciens, tels que Gustavo
Gutiérrez2, il n’est pas moins vrai que cette empreinte
ne se vérifie aujourd’hui que dans certains
mouvements sociaux. Ce que nous observons, à partir
de l’expérience du PT – mais qui était déjà présent
aussi dans les écrits de quelques-uns de ces
théologiens les plus importants, comme Leonardo
Boff – est que la présence de théoriciens de la
démocratie et de l’action communicative (Jürgen
1
Cf. Löwy, M. « Le Marxisme en Amérique Latine de José
Carlos Mariategui aux Zapatistes du Chiapas ». Actuel Marx n.
42. Paris, PUF, 2007, p. 32. Philosophe d’origine brésilienne,
mais qui vit à Paris depuis quelques décennies. Il est l’auteur de
l’anthologie Le marxisme en Amérique Latine de 1909 à nos
jours, publié chez François Maspero en 1980, et de plusieurs
autres essais à ce sujet.
2
Ibidem.
1
Habermas en première ligne) a été, dans les dernières
années, beaucoup plus importante que n’importe
quelle influence lointaine du marxisme parmi les
membres de ces mouvements politiques et dans
certains milieux académiques. Cette brève
introduction juste pour indiquer que les
« transfigurations »3 du marxisme, en Amérique
Latine, à partir de lectures chrétiennes sont
apparemment datées et que, même au sein des
mouvements politiques, il s’agit de lectures déjà
dépassées.
On essaiera de donner ici, très en abrégé, une
vue d’ensemble des principaux lectures actuellement
existantes dans le champ du marxisme à proprement
parler en Amérique du Sud. Plus précisément, il
s’agira de considérations autour de la réalité
brésilienne et de quelques indications sur le marxisme
en Argentine. Dans l’heure actuelle, ce champ se
partage entre les courants gramsciennes, lukacsiennes,
et celles des althussériens et ses dérivés.
Diversement de la réalité européenne, les études
sur Gramsci au Brésil ne s’épanouissent qu’à partir de
l’ouverture du procès de (re)démocratisation, à la fin
de la dictature militaire, dans les années quatre-vingts.
Et ce tout d’abord parmi une intellectualité qui avait
été empêchée de poursuivre dans leur militance
politique pendant la dictature. Dans ce contexte, les
textes de Gramsci ont contribué de façon décisive à
l’analyse du cadre politique qui s’annonçait. L’auteur
de référence à ce propos a été, à partir des années
soixante, Carlos Nelson Coutinho, qu’avec Marcos
Aurélio Nogueira e Luiz Sérgio Henriques, a traduit
les œuvres de Gramsci et écrit sur lui. Entre autres
choses, Coutinho souligne l’autonomie matérielle de
la société civile comme trait spécifique de sa
3
Jacques Bidet et Eustache Kouvélakis utilisent ce terme pour
se référer au marxisme latino-américain dans Dictionnaire
Marx Contemporain. Paris, PUF, 2001.
2
manifestation dans les sociétés capitalistes les plus
complexes, et relève une ambiguïté dans les
Quaderni del carcere entre la position qui voit la
société civile présente même dans les sociétés
précapitalistes (position qui tend à disparaître dans le
cours de la rédaction des Quaderni), et la position
fondamentale selon laquelle la société civile est une
caractéristique distinctive de la société dans laquelle il
existe un haut dégrée de socialisation de la politique4.
En ce qui concerne son analyse de la société
brésilienne, Coutinho souligne comment le Brésil,
malgré la dictature militaire et sa répression de la
société civile, se soit «occidentalisé», c’est-à-dire, ait
constitué toute une série de nouveaux mouvements
sociaux caractéristiques d’une société moderne
(l’exemple important est celui du nouveau
syndicalisme ouvrier qui naquit dans l’ABC pauliste).
La dictature aurait même renforcé le capitalisme et
avec lui la société civile5. Pour ces raisons, le notions
politiques élaborées par Gramsci auraient permis une
lecture particulièrement appropriée de la situation
politique brésilienne.
Actuellement, des lectures de l’auteur des
Quarderni del carcere existent un peu partout au
Brésil, principalement dans le champ des sciences
politiques et des sciences pédagogiques, tout comme,
bien qu’à un moindre degré, dans la philosophie. Il
faut remarquer que des études sur Gramsci existent
aussi dans des mouvements tels que le MST
(Mouvement des Sans-Terre) brésilien.
En Argentine, le marxisme militant a comme
versant le plus visible celui de fondement trotskyste. Il
y a une forte influence de la pensée de Trotsky, dans
ses courants les plus divers, fruit des divisions du
mouvement communiste international, spécialement
4
Cf. C.N. Coutinho, La società civile in Gramsci e il Brasile di
oggi, «Critica Marxista», 3-4 (maggio-agosto), 2000, p. 71.
5
Ivi, p. 73.
3
celui de la IVª International. Cette orientation marxiste
a développée des analyses liées à la pratique politique
militante, principalement autour des problématiques
du débat suscité par Trotsky, c’est-à-dire, entre autres,
le rôle du parti, la crise de direction du mouvement
ouvrier, le bonapartisme, le bureaucratisme. Dans ces
analyses, on cherche parfois une approximation aux
écrits de Lénine et de Gramsci. L’importance de la
divulgation de l’œuvre de Gramsci en Argentine est
mise en relief par Antonino Infranca. D’après lui,
« una reconstrucción de la fortuna de Gramsci en
América latina debe partir necesariamente de la
Argentina; en especial, de Agosti y Aricó [...]. Los dos
intelectuales, para intensificar el debate de ideas de
alto nivel, también fundaron una revista de título
típicamente gramsciano, Pasado y Presente, que
devino en el medio más eficaz de difusión del
pensamiento de Gramsci en América latina »6.
L’introduction des écrits d’Althusser en
Amérique Latine dans les
années soixante-dix ne se doit, selon Michael Löwy,
pas seulement aux diverses traductions de ses écrits,
mais aussi au livre de Martha Harnecker – professeur,
à l’époque, à l’Université de Santiago –, qui a été
publié en 1969 : Los conceptos elementales del
materialismo historico. Harnecker avait étudié avec
Louis Althusser à Paris et son livre « a eu un énorme
succès et fut réédité au moins une vingtaine de fois.
Cet ouvrage est un mélange remarquablement réussi
du ‘marxisme-léninisme’ de facture stalinienne […] et
du structuralisme althussérien »7. Encore d’après
Löwy,

6
Infranca A., Los Usos de Gramsci en America Latina
disponible en http://www.herramienta.com.ar/herramienta-web-
2/los-usos-de-gramsci-en-america-latina.
7
Löwy, M., “Note sur la réception de l’althussérisme en
Amérique latine (années 70)”. Contre Althusser, Pour Marx.
Paris, Les Éditions de la Passion, 1999, p. 311.
4
La principale exception à cet engouement latino-
américain pour l’althussérisme et en particulier pour sa
vulgate chilienne ‘élémentaire’ fut le Brésil. Certes, on
trouve des critiques marxistes d’Althusser en Argentine
– Alfredo Llanos, Carlos Astrada, Leon Rozitchner – et
au Mexique (Adolfo Sanchez Vazquez) et ailleurs, mais
le cas brésilien est particulier. L’impact du marxisme
structuraliste fut bien moindre ici que dans la plupart
des autres pays du continent […]. Cela est sans doute dû
à la présence de courants antipositivistes qui se sont
constitués […] au cours des années 60 au sein de la
gauche marxiste, aussi bien à Rio de Janeiro qu’à São
Paulo […], inspirés par le Sartre de la Critique de la
raison dialectique, par Gramsci et surtout par Histoire
et conscience de classe de Lukács qui venait d’être
traduit en français.8

Au cours des années soixante et soixante-dix


sera ainsi publiée, au Brésil, une série d’articles de
critique à Althusser : à São Paulo, par des professeurs
de l’Université de São Paulo ressortissants d’un
séminaire sur Le Capital (auquel ont participé, entre
autres, des noms illustres de cette université tels que
José Arthur Giannotti, Ruy Fausto, Roberto Schwarz,
Bento Prado Júnior et Fernando Henrique Cardoso)9 ;
et à Rio de Janeiro, par des intellectuels marxistes qui
deviendront connus, après, par leur initiative
d’introduire – avec d’autres comme José Chasin – la
pensée de Lukács au Brésil: Leandro Konder, Carlos
Nelson Coutinho et José Paulo Netto10.

8
Ivi, p. 314.
9
Cf. Giannotti, J. A., Origines de la dialectique du travail,
Préface. Paris, Aubier, 1971; Fausto, R., Marx : logique et
politique. Recherches pour une constitution du sens de la
dialectique, Paris, Publisud, 1986, pp. 263-264 ; Löwy, M.,
«Gramsci et Lukács. Vers un marxisme antipositiviste»
Critique Communiste, 65 (1987), pp. 33-39; Cardoso, F. H.,
“Althusserianismo ou Marxismo? A proposição do Conceito de
Classes em Poulantzas”, in O Modelo Político Brasileiro, São
Paulo, Difusão Européia do Livro, 1973, chapitre V.
10
Cf. Coutinho, C. N., O estruturalismo e a miséria da razão.
São Paulo, Paz e Terra, 1972.
5
Ce contexte de l’héritage althussérien a pourtant
bien changé dans le cours des dernières années. Et
c’est justement dans l’État de São Paulo qui se déploie
l’activité du groupe lié au Cemarx (Centro de Estudos
Marxistas) à l’Université de Campinas. Ce groupe –
dont la plupart des membres sont des lecteurs et
auteurs d’écrits inspirés en Althusser (João Quartim
de Moraes, Décio Saes, Armando Boito, Márcio
Naves, entre autres11) – développe depuis 1994, avec
plusieurs autres intellectuels marxistes non
althussériens, un très bon travail autour de la revue
« Crítica Marxista ». Il s’agit d’une des plus
importantes revues marxistes actuellement existantes
en Amérique du Sud. Le même groupe organise aussi,
à chaque deux an, celui qui peut probablement être
considéré aussi le plus important congrès international
marxiste de l’Amérique du Sud.
En Argentine, un outre groupe d’études
marxiste essaie de remettre en discussion l’œuvre de
Louis Althusser. Ce groupe a réalisé quelques
séminaires en cherchant une approximation aussi avec
questions de type psychanalytique. Il s’agit de
chercheurs tels qu’Emilio de Ípola, Ernesto Laclau
(professeur auprès de l’University of Essex), Bruno
Fornillo, Alejandro Lezama, entre autres. Partie
importante de ces chercheurs ont comme interlocuteur
11
Les réflexions critiques de João Quartim de Moraes à propos
de l’humanisme se sont directement inspirées des textes
d’Althusser. Les essais de Décio Saes, A formação do Estado
burguês no Brasil (1888-1891), São Paulo, Paz e Terra, 1990;
República do Capital: capitalismo e processo político no
Brasil, São Paulo, Boitempo, 2001; ainsi que ses écrits de
sociologie de l’éducation, ont comme référence l’œuvre
althussérienne de V.C. Beaudelot e R. Establet, L`École
capitaliste en France. Les essais d’Armando Boito sur le bloc
au pouvoir et la scène politique, Cena política e interesses de
classe na sociedade capitalista, A hegemonia neoliberal no
governo Lula, A burguesia no governo Lula, sont explicitement
inspirés de l’œuvre de Nicos Poulantzas, Pouvoir politique et
classes sociales; et aussi l’œuvre de Márcio Naves sur
Pachukanis s’inspire en Althusser.
6
Slavoj Zizek.
À propos de la production marxiste en
Amérique du Sud il faut souligner, en outre, le poids
de celle héritière de la tradition lukácsienne. Le Brésil
occupe dans ce contexte une position de relief, et pas
seulement dans le cadre sud-américain. Depuis la fin
des années cinquante, des ouvrages significatifs dans
le domaine de la critique littéraire12, ainsi que de
l’histoire de la littérature13 ont été produits inspirés de
l’œuvre de Lukács. À partir des années soixante,
l’intérêt pour cette œuvre s’étend à quelques
philosophes et sociologues qui iront produire une série
de travaux autour de ce versant important du
marxisme. Leandro Konder et Carlos Nelson Coutinho
maintiendront des relations épistolaires avec Lukács
lui-même14. On peut rappeler, d’ailleurs, l’assertion de

12
Entre les plus illustres critiques littéraires, les fécondes
productions théoriques d’Antonio Candido, auteur de
Formação da Literatura Brasileira (1957), et de son disciple
Roberto Schwarz, sont débitrices de la théorie lukácsienne du
roman.
13
En 1960, Nelson Werneck Sodré – un des premiers
intellectuels communistes à prendre contact au Brésil avec
l’œuvre lukacsienne –, dans une édition révisée de son
História da literatura brasileira, se refère à Lukács comme son
mestre (Cf. Pinassi, M.O., Lessa, S., Lukács e a atualidade do
marxismo. São Paulo, Boitempo, 2002). Alfredo Bosi aussi,
dans son livre História Concisa da Literatura Brasileira,
s’inspire de Lukács.
14
Konder, L., Coutinho, C.N., «Correpondência com Georg
Lukács» in M.O. Pinassi, S. Lessa, Lukács e a atualidade do
marxismo, cit., pp. 133-156. Selon Infranca, « è vero che
l’interesse verso Lukács in Brasile ha rappresentato un caso
unico nel panorama filosofico latinoamericano, ma non c’è
dubbio che la mappa delle relazioni tra studiosi brasiliani che è
tracciata nell’intervista, descrive una situazione che rivela una
maturità di studi che nessun altro paese latinoamericano può
vantare ». (Infranca, A. «Lukács e a atualidade do marxismo»,
de M.O. Pinassi e S. Lessa / «Lukács e os limites da reificaçao
sobre História e consciência de classe», de Marcos Nobre, in
«Herramienta» (Buenos Aires) n. 24, 2003-2004; cet article est
disponibile aussi dans l’adresse internet
http://www.herramienta.com.ar/revista-herramienta-n-
24/lukacs-e-atualidade-do-marxismo-m-o-pinassi-e-s-lessa-
7
ces deux auteurs selon laquelle «Gramsci è l’ispiratore
delle idee politiche dei quali abbiamo necessità; ma
Lukács, sul piano filosofico, è il nostro maestro». La
bibliographie inspirée ou fondée directement sur
l’œuvre lukacsienne est depuis lors remarquable15,
ainsi que l’intérêt des nouvelles générations pour cette
œuvre. Pour en donner une idée, on peut mentionner
le congrès sur Lukács réalisé dans l’État de São Paulo
en 2009, lequel a compté avec une très grande
participation d’étudiants, venus de plusieurs autres
régions même très lointaines du pays.
Il faut dire que c’est surtout grâce au travail de
José Chasin – intellectuel marxiste dont la carrière a
été interrompue par son décès en 1998 – que Lukács
est étudié, aujourd’hui, dans plusieurs universités, et
pas seulement ses écrits d’esthétique, mais
principalement ceux de Sur l’Ontologie de l’Être
Social. Ces études ont lieu dans plusieurs régions du
Brésil, mais c’est dans l’État de Minas Gerais qui se
trouve le principal groupe d’études sur Marx
d’influence lukácsienne, fondé par José Chasin e Ester
Vaisman en 1986. Lecteur infatigable de Lukács et de
Marx, Chasin a laissé une vaste production autour des
problèmes brésiliens et de l’analyse de la politique

lukacs-e-os-limites-d).
15
Exclusivement à titre indicatif, nous pouvons mentionner le
livre de L. Konder, Os marxistas e a arte (1967) et son essai
«Lukács e a arquitetura» (1978); ce même auteur a publié aussi
une bibliographie suivie d’une anthologie de textes: Lukács,
Porto Alegre, L&PM, 1980; de M. Löwy, Per una sociologia
degli intellettuali rivoluzionari. L’evoluzione politica di Lukács
1908-1929 (1976); de E. Vaisman, «A ideologia e sua
determinação ontológica», Ensaio, São Paulo, Ensaio, 17/18,
1989, et «A obra tardia de Lukács e os revezes de seu
itinerário intelectual».
Trans/Form/Ação vol.30 no.2, Marília 2007; l’anthologie éd.
par R. Antunes et W. L. Rêgo, Lukács. Um Galileu no século
XX. São Paulo, Boitempo, 1996; de C. Frederico, Lukács, um
clássico do século XX. São Paulo, Moderna, 1997; de J.P.
Netto, Lukács, o guerriero sem repouso. São Paulo,
Brasiliense, 1983, entre plusieurs autres.
8
brésilienne du golpe militaire en 1964 jusqu’à
l’élection de Fernando Henrique Cardoso16. Son écrit
le plus important, dans lequel il expose sa lecture de
l’œuvre marxienne à travers une confrontation
fondamentale avec l’interprétation lukácsienne –
Marx, estatuto ontológico e resolução metodológica –
a été republié récemment au Brésil, et sa traduction
italienne est sortie récemment aussi par la maison
d’édition Mimesis à Milan. Dans ce livre, il met en
relief principalement le caractère ontologique de
l’œuvre marxienne et la nécessité de rejeter, par un
côté, les lectures fondées sur l’aspect épistémologique,
et de l’autre, l’attention prioritaire donnée à la sphère
étatique-politique. Avec Nelson Werneck Sodré et
d’autres, Chasin a fondé, en 1977, la revue Temas de
Ciências Sociais. Et entre les années soixante et
quatre-vingt-dix, il a dirigé les maisons d’édition
Senzala, Ensaio et Ad Hominen, par lesquelles il
publiera, tout d’abord, Existentialisme ou Marxisme?
et ensuite, Pensée Vécue, parmi d’autres textes de
Lukács, tout comme une partie considérable de
l’œuvre de son disciple de l’école de Budapeste István
Mészáros17.
En Argentine, la répercussion de l’œuvre de
Lukács a été un peu moindre qu’au Brésil. D’après
Miguel Vedda, la production lukacsienne a été vaste,
mais est restée renfermée surtout dans le domaine de
la critique littéraire. Des traductions d’essais
politiques de Lukács ont été publiées par José Aricó,
dans la revue Pasado y Presente qui, avec Contorno –
«una delle riviste letterarie più importanti della storia
16
Chasin, J., O integralismo de Plínio Salgado : forma de
regressividade no capitalismo hípertardio, São Paulo, Ciências
Humanas, 1978; A miséria brasileira: 1964-1994, Santo
André, Ad Hominen, 2000; etc.
17
A necessidade do controle social (1987), Produção destrutiva
e estado capitalista (1989), A obra de Sartre (1991), Filosofia,
idelologia e ciência social (1993), O poder da ideologia
(1996).
9
culturale argentina»18 –, a été une des plus grandes
responsables de la diffusion de la pensée de Lukács
dans ce pays. « Buona parte dell’‘intelligentsia’
argentina di quelli anni, leggerà Lukács attraverso le
lenti di Lucien Goldman »19, ainsi que de Jean Paul
Sartre et de Maurice Merleau-Ponty. Mais ce quadre
est en train de changer aussi : « Se l’auge del post-
modernismo durante gli anni Novanta implicò una
transitoria perdita di interesse per il marxismo, l’anno
2001 segnò, per le attività centrate su Lukács – come
in generale per l’Argentina –, un punto di svolta
significativo: è da quell’anno che, grazie al lavoro del
filosofo italiano Antonino Infranca (residente allora in
Argentina), e al mio modesto apporto, fu possibile
dare maggior sviluppo alla ricezione argentina del
filosofo ungherese »20. Une série de congrès
internationaux ont eu lieu à l’Université de Buenos
Aires et plusieurs œuvres de Lukács ont été publiées
récemment dans ce pays. La création de la homepage
“György Lukács – Pensamiento vivido”, dans le site
www.herramienta.com.ar, semble attester aussi la
réalité de ces changements et du renouvellement de
l’intérêt envers le philosophe hongrois.

18
Vedda, M. “Sulla circolazione di Lukács in Brasile e in
Argentina”. Marxismo oggi. Milano, Teti, 2008/3, p. 20.
19
Ibidem
20
Ivi, p. 22.
10

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