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Dans ce numéro | UQAM : manifestation d’un problème profond | Les frais afférents : Une arnaque à dénoncer

| Institutions privées : Se donner les moyens de négocier | La négociation regroupée des chargées et chargés de cours :
Le dernier droit | Ve congrès de l’Internationale de l’Éducation | Collège de Valleyfield : Une convention FNEEQ
| Profession enseignante au collégial : Un événement majeur dans le paysage | La réforme au secondaire et la
question des bulletins chiffrés | Contrer le harcèlement et la violence en milieu de travail
ÉDITO
SOMMAIRE

Michelle Courchesne : 2 ÉDITO – Michelle Courchesne :


une ministre en sursis ?

une ministre en sursis ? 3 UQAM : La crise est la manifestation


d’un problème profond

Depuis six mois environ, madame Michelle Courchesne impressionne. 5 Les frais afférents : Une arnaque à dénoncer
Plusieurs éditorialistes ou observateurs de l'éducation semblent l’apprécier.
On retrouve aussi cette opinion dans le milieu syndical. Certains vont même 6 Institutions privées : Se donner les moyens
jusqu’à prétendre qu'elle prend des décisions. On l'espère bien! Nous, nous de négocier
croyons que cela reste à démontrer. Et le temps compte car le risque de
n’être qu’une ministre en sursis est grand, gouvernement minoritaire oblige...
7 La négociation regroupée des chargées
et chargés de cours : Le dernier droit
e premier dossier
auquel elle s’est
attaquée est celui du
L pourtant reconnu comme insuffisant par le
Conseil supérieur de l'éducation ? Elle s'en
excuse dans les médias renvoyant la discus-
8 Ve congrès de
l’Internationale de l’Éducation
bulletin chiffré. Peu de sion aux décisions prises par Pierre Reid.
temps après sa nomi- Remarquable sens de la cohérence ! Et lors- 11 Collège de Valleyfield : Le personnel
nation, elle l’a réhabi- que le débat sur la langue d'enseignement enseignant pourra profiter de l’essentiel
lité, ce qui fut salué. des institutions collégiales publiques se poin- de la convention FNEEQ
Photo : Michel Bolduc, SEUQAM

Belle affaire ! Une idée te, comme ce fut le cas au cégep Édouard-
promue par l'ADQ du- Montpetit, elle refuse de porter ombrage à 12 Profession enseignante au collégial :
rant les élections, on l'autonomie des collèges, prétendant que sa Un événement majeur dans le paysage
comprend mieux. Rap- fonction ministérielle l’en empêche !
pelons que des syn- 13 La réforme au secondaire et la question
dicats enseignants le Et sur les universités ? Sa détermination doit- des bulletins chiffrés : Dresser un réel bilan
demandaient sans re- elle être évaluée sur la décision de hausser pour changer de cap !
noncer à l’accompa- les droits de scolarité ? Elle ne cesse depuis
gnement des jeunes dans leur cheminement, de tenter de rattraper le coup auprès des étu- 14 Renforcer l’expertise syndicale
mais surtout comme fer de lance à la remise diantes et des étudiants pour démontrer que pour contrer le harcèlement
en question de la réforme au secondaire. Car le gouvernement n'est pas hostile à leurs et la violence en milieu de travail
le problème ne peut se résumer à la question conditions. Elle annonce des allégements sur
du bulletin. C'est d'ailleurs sur une telle base le plan des prêts et bourses qui sont loin 15 FNEEQUERIES
que le correctif apporté au bulletin peut d'équivaloir aux sommes récupérées par l'É-
prendre un sens. Réhabiliter le bulletin chiffré tat en droits de scolarité. Elle se lance dans
ne peut remplacer la mise en place d’un pro- une consultation sur les frais afférents avec
cessus de réflexion, du moins pour le premier l'intention de poser un geste. Ira-t-elle rédui-
Carnets est la publication officielle de la
Fédération nationale des enseignantes et des
cycle du secondaire qui est maintenant com- re le coût des études ? enseignants du Québec (FNEEQ–CSN). La FNEEQ
plété.Les enseignantes et les enseignants représente plus de 23 500 membres dans les cé-
doivent être au cœur de cette démarche, et Un indicateur important de sa performance geps, établissements privés et universités. Au
Québec, elle est l’organisation syndicale la plus
non être identifiés comme étant des obs- demeure son attitude dans le dossier de représentative de l’enseignement supérieur.
tacles, comme ce fut le cas. l’UQAM. Elle ne semble pas, selon la rectrice
par intérim, madame Laberge, avoir agi com- FNEEQ-CSN
Prenons aussi le cas du collégial. La ministre me un facteur de solution. Elle accentue la 1601, avenue De Lorimier,
Montréal (Québec) H2K 4M5
a écarté avec force une suggestion évoquée pression et impose des contraintes à une uni- Tél. : 514 598-2241 – Téléc. : 514 598-2190
par le rapport Berger sur l'épreuve uniforme versité au Québec qui a besoin de soutien. fneeq.reception@csn.qc.ca www.fneeq.qc.ca
en français, dès que le traitement sensation-
naliste s'en est emparé. Sur le plan de la cor- Il reste encore quelques mois à madame Rédacteur en chef : Ronald Cameron
Coordination et rédaction : France Désaulniers
rection de l'épreuve, ce rapport suggérait une Courchesne pour démontrer qu’elle n’est pas Révision : Nicole Laguë
approche plus globale, approche qui a cours seulement une ministre du dégel en sursis. Collaborations : Céline Lalande, Odette
ailleurs. Quant aux exigences de correction Elle vient finalement de rendre publiques les Lefrançois, Laval Rioux, Caroline Senneville,
des fautes, il n’en niait pas l’importance, études engagées par son prédécesseur, Jean- Claire Tremblay, Jean Trudelle
comme on a voulu le prétendre. Sans examen Marc Fournier. Elle multiplie les consultations, Photo de la couverture : Michel Giroux
approfondi, madame Courchesne a fait un tout comme son gouvernement. Pourtant, si Graphisme : Brunel Design
plaidoyer contre la proposition contenue on en croit les sondages, cela ne semble pas Impression : Les travailleuses et les travailleurs
dans le rapport Berger et contre l'abaisse- fonctionner. Bien que le gouvernement soit syndiqué-es d’Impart Litho (division Trimocom)
Tirage : 4500 exemplaires
ment du niveau d'enseignement. minoritaire, d’importantes décisions demeu-
rent possibles : réforme au secondaire, finan- Dépôt légal : Bibliothèque nationale du
Nous saluons cette détermination quant à la cement de l’enseignement supérieur, profes- Québec, Bibliothèque nationale du Canada
qualité. C’est pourtant ce problème qu’on sion enseignante. Des décisions qui doivent
Cette publication est imprimée sur du papier
retrouve avec la réforme au secondaire. donner un réel message d'appui au person- québécois fait de fibres recyclées 100 % postcon-
N'est-il pas le temps de s'en préoccuper ? Et nel enseignant du Québec. sommation provenant de la forêt urbaine, soit du
que dire des modifications au RREC qui per- recyclage en entreprise. Nous évitons ainsi la
coupe de 6 arbres et 387 kg d’émissions de gaz à
mettront aux élèves du secondaire d'accéder effet de serre. Notre forêt nous tient à cœur.
au collégial avec un cours de mathématiques

2 CaRNets no 17 • automne 2007


« La crise est la manifestation
UQAM
d’un problème profond ! » Guy Dufresne, président du SCCUQ

La crise que traverse l’UQAM a fait les manchettes souvent ces derniers temps. Mais du côté syndical, une véri-
table chimie s’est créée entre les organisations du personnel de soutien (SEUQAM-SCFP), des employés-étudiants
(SÉTUE-AFPC), des professeurs (SPUQ-CSN), des chargés de cours (SCCUQ-CSN) et du personnel professionnel et
cadre pour résister aux tentations de leur faire payer la crise. L’action en coalition a renforcé les liens, malgré les
difficultés et malgré la négociation en cours au SPUQ et au SEUQAM. Deux manifestations ont eu lieu, l’une en juin
et l’autre en septembre. Rappelons la participation, à cette dernière, de plus de 1500 personnes. Cette manifesta-
tion fut aussi l’occasion de lancer la campagne du port du carré bleu.

Au lendemain de ce succès et dans le contexte de l’annonce de la rectrice par intérim, madame Laberge, qu’elle ne
poserait pas sa candidature au rectorat, critiquant au passage l’attitude de la ministre et celle du réseau UQ, une
entente entre l’UQAM et le ministère fut annoncée le 27 septembre. Cette entente établit un processus basé sur les
recommandations de deux firmes comptables. Pour Guy Dufresne, président du SCCUQ, syndicat affilié à la FNEEQ,
cette approche est très inquiétante. Nous avons voulu en savoir plus.

France Désaulniers C’est une entente qui permet à contraintes en termes d’embau-
Conseillère aux communications l’UQAM de gagner du temps ! Ga- ches, d’ouvertures de postes, de
de la FNEEQ gner du temps pour compléter le non remplacement, de réduction
processus visant la désignation du de services conventionnés, etc. Des
vec cette entente, le jeu est en prochain recteur, pour assurer la rencontres sont prévues, pour les
A train de changer. On semble
vouloir faire dépendre l’organisa-
continuité de ce qui a fait et fait
encore de l’UQAM une grande uni-
différents groupes et syndicats, avec
la direction de l’UQAM dans les
tion du travail du rapport de deux versité en matière d’enseignement, semaines qui viennent.
firmes comptables, qui vont défi- de recherche–création et de services
nir ce qu’est l’avenir de l’UQAM. aux collectivités. Il s’agit tout à la À plus long terme, il est aussi in-
D’abord, mentionnons que les rap- fois de préserver et de développer ce quiétant de savoir que les positions
ports des deux firmes, Price-Water- que nous du SCCUQ, en collabora- de la direction s’inscriront dans
house-Cooper et Ernst & Young, tion avec les autres syndicats et les orientations ministérielles de
cette dernière travaillant pour le groupes d’employés, avons appelé février 2008. Tous les groupes de
compte du ministère et du réseau le patrimoine académique. Toute- syndiqués et de non-syndiqués
UQ, sont prévus avant les fêtes. Par fois, la ministre décidera en grande feront donc face aux contraintes
la suite, un comité de sages sera partie de l’avenir de l’UQAM ! À ainsi définies. Les problèmes liés au
créé et présentera son rapport au court terme, ce qui nous préoc- sous-financement resteront entiers.
plus tard en février 2008. Tous ces cupe, c’est que l’année en cours, La convention collective du SCCUQ
rapports seront remis à la ministre 2007-2008, se traduise par des est en vigueur jusqu’en décembre
de l’Éducation, qui annoncera sa 2008, mais la direction pourrait
position par la suite, après les bien vouloir nous amener à la table
consultations qu’elle mènera avec de négociation dès l’automne 2008.
madame Jérôme-Forget du Conseil
Photo : UQAM

du trésor, compte tenu des implica-


tions financières.

CaRNets no 17 • automne 2007 3


Rôle du réseau UQ d’autre part, sa prise de position dont l’UQAM, sont dans des situa-
en faveur de l’UQAM dans le con- tions de grande fragilité.
Le président et l’assemblée des gou- texte de la crise doit être claire.
verneurs du réseau de l’UQ n’ont Rappelons que peu de gens se sont Il faut à la fois considérer les forma-
toujours rien fait de concret pour portés à la défense de l’UQAM. tions qui vont qualifier les indivi-
soutenir la principale constituante Dans ce contexte, la candidature dus dans leur rôle de citoyens, des
de ce réseau ! C’est pour nous un de monsieur Claude Corbo appa- formations pour comprendre et
irritant majeur. Il nous apparaît raît répondre aux deux conditions pour questionner la réalité qui les
tout à fait légitime de nous deman- posées. Toutefois, monsieur Corbo entoure, ainsi que les conditions
der à quoi ils servent ! L’ordre du doit comprendre que sans la soli- réelles d’accès à ces formations.
jour prévu de l’assemblée des gou- darité active au sein de la commu-
verneurs du 28 septembre dernier nauté rien ne saurait être possible Quand madame Courchesne dit
en témoigne. L’UQAM disposait à et durable, RIEN. qu’elle préservera l’UQAM et sa mis-
ce moment d’un financement jus- sion première, on doit se demander,
qu’au 30 septembre. La réunion sous quelle forme ? Ne faire que du
avait comme objectif l’adoption premier cycle ? L’UQAM est deve-
d’une résolution qui n’aurait accor- nue une grande université franco-
dé à l’UQAM que des autorisations phone parce qu’elle fait du pre-
budgétaires mensuelles, ce qui équi- mier, du deuxième et du troisième
vaut à toutes fins utiles à une mise cycles. Parce qu’elle fait de l’ensei-
en tutelle! Ce qui nous fut épargné gnement, de la recherche-création
par l’entente intervenue avec le et des services aux collectivités. La
ministère le 27 septembre. survie de ce patrimoine académi-
que revient avant tout aux person-
La crise de l’îlot Voyageur nes qui, par leur travail au quoti-
Photo : France Désaulniers

et le sous-financement dien, font en sorte que se réalise la


mission universitaire.
Avant la crise de l’îlot Voyageur,
l’UQAM fonctionnait déjà à la L’UQAM a joué et joue encore dans
limite de sa capacité budgétaire. Guy Dufresne, président du SCCUQ la société québécoise un rôle tout a
Elle a toujours souffert davantage fait singulier. Elle est présente dans
du sous-financement que les autres Régler la question des colloques ou congrès, du mon-
universités. Les coûts de fonction- du sous-financement de communautaire, du monde syn-
nement sont les plus faibles parmi de l’enseignement supérieur dical, mentionnons récemment, le
les grands centres universitaires au soutien au Forum social québécois.
Québec. On pourrait dire qu’en ce Résoudre la crise à l’UQAM exige L’UQAM participe à la vie de la
qui concerne le budget de fonc- le règlement du problème de sous- cité. Cela illustre sa dynamique,
tionnement, nous sommes « per- financement de l’enseignement sa contribution particulière à la
formants » ! Or, la situation de supérieur, particulièrement pour société québécoise et montréalaise.
sous-financement a incité les uni- les universités. Il faut tenir les pro-
versités à prendre des risques im- messes faites envers les universités Pour résoudre la crise à l’UQAM, il
mobiliers, et l’UQAM, la plus fragi- depuis des décennies ! On ne peut faut compter avec la mobilisation
le, a perdu à ce jeu. À la fin de l’été, prétendre faire du Québec une des salariés-es et des étudiantes et
le gouvernement annonçait qu’il société ouverte, instruite et qui des étudiants, avec qui nous avons
récupérerait l’îlot Voyageur. Mais questionne, si on ne se dote pas aussi collaboré depuis le début. La
perdra-t-elle les dizaines de millions d’institutions universitaires dignes bataille pour la survie de l’UQAM
déjà engagés ? L’UQAM demeure de ce nom. Une société qui ne soi- est symptomatique de la nouvelle
déficitaire présentement en espace gne pas ses institutions d’ensei- dynamique des luttes qui nous
académique. gnement supérieur, cégeps et uni- attendent. La prochaine, c’est peut-
versités, est une société qui est en être celle de l’enseignement supé-
La course au rectorat peut- train de compromettre son avenir. rieur ! Nous sommes déterminés au
elle changer les choses ? SCCUQ à nous mobiliser avec les
Certes, il faut des balises dans la autres syndicats et groupes d’em-
Deux conditions doivent être rem- mesure où ce sont des fonds pu- ployés pour contrer les fortes turbu-
plies pour qu’une candidature soit blics. Mais la mission des institu- lences qui s’annoncent, tant pour
recevable : d’une part, sa parole doit tions doit être respectée. Il est vrai les universités que pour les cégeps.
être signifiante, à savoir qu’elle que toutes les universités font face
fasse sens dans l’espace public et, au même problème, mais certaines, Merci Guy !

4 CaRNets no 17 • automne 2007


Les frais afférents

Une arnaque à dénoncer


La ministre de l’Éducation, du diants, celui de l’endette-
Loisir et du Sport (MELS) procé- ment et de l’insuffisance de
dait, en septembre dernier, à l’aide aux études, pourquoi
une large consultation publique faut-il aujourd’hui s’endet-
sur les « frais institutionnels obli- ter autant pour étudier ?
gatoires dans les universités »,
Peut-on pratiquer une plus
dits frais afférents dans le langa-
juste équité entre les généra-
ge étudiant. La FNEEQ et la CSN
ont uni leurs efforts pour donner tions ? Notre société ne doit
des avis complémentaires sur la pas abandonner une grande
question. partie de sa jeunesse au dra-
me de l’endettement qui
grève des projets de vie et
souvent détourne des étu-
des supérieures. Les ensei-
gnantes et les enseignants
sont les témoins des infor-

Illlustration Alain Reno


tunes et déboires des étu-
diantes et des étudiants face
à l’endettement et nous ap-
puyons leurs revendications
Photo : SCCCUL

pour une formation de qua-


lité accessible, libre et gra-
tuite. Nous l’avons répété maintes droits de scolarité. La ministre de
fois, l’éducation est un investis- l’Éducation doit mettre fin aux dé-
Laval Rioux sement collectif et une respon- rives actuelles et imposer des règles
Comité école et société sabilité sociale. C’est aussi avant claires aux administrations uni-
tout un droit social de toutes les versitaires dans la perspective d’un
ous sommes pour la gratuité citoyennes et de tous les citoyens. La allègement progressif de la facture
N et l’accessibilité à l’université,
contre le dégel des frais de scolarité
FNEEQ préconise l’ajustement de
la fiscalité générale afin de la ren-
de formation.

et pour un financement adéquat dre plus progressive et ainsi ré- De plus, la FNEEQ demande un
de l’enseignement supérieur. L’im- colter les ressources qui permet- débat large qui porterait sur l’en-
position de frais afférents aux étu- traient un meilleur financement semble de la condition financière
diantes et aux étudiants est en réa- de l’éducation. étudiante. Toutes les citoyennes et
lité une manière détournée d’ob- tous les citoyens auront besoin de
tenir des ressources compensatoi- Les frais afférents sont la manifes- perfectionnement et de retourner
res que le gel des droits pendant 13 tation d’un désordre de la gestion aux études au cours de leur vie; on
années n’a pas permis aux admi- publique de l’éducation. Ces frais constate également l’allongement
nistrations universitaires d’accu- imposés existent dans tous les éta- de la formation initiale nécessaire à
muler. Selon nous et aussi suivant blissements universitaires, sans au- l’intégration au marché du travail.
l’analyse des principales organisa- cun contrôle ni transparence. Ils Toutes ces nouvelles exigences font
tions étudiantes, il s’agit de droits s’appliquent à une multiplicité de l’éducation une priorité de dé-
de scolarité déguisés et même d’objets et selon une large disparité. veloppement pour la collectivité et
d’une double facturation de coûts Un grand ménage s’impose et des l’émancipation des membres de
déjà prévus par la formule de sub- normes sont requises, tel un pla- notre société.
vention gouvernementale. fond, une justification pour les ré-
clamations et une entente avec les On trouvera sur le site de la FNEEQ
Le mémoire de la FNEEQ met l’ac- organisations étudiantes. Évidem- le mémoire présenté ainsi que celui
cent sur le problème de fond aux ment, à moyen terme, ces frais doi- de la CSN. ▲
yeux des étudiantes et des étu- vent disparaître tout comme les

Carnets no 17 • automne 2007 5


Institutions privées

Se donner les moyens


de négocier
L’année 2007-2008 s’annonce occupée pour les syndicats du regroupement privé. Sur les
30 syndicats affiliés à la FNEEQ, dix amorceront ou sont déjà en période de négociation.
Mais même si chacune des conventions est unique, il n’en reste pas moins que l’enjeu de
la reconnaissance syndicale est au cœur de la négociation, et ce, malgré les diversités
géographiques ou institutionnelles.
Dans ce contexte, la question des épuiser l’équipe, l’isoler du milieu
libérations syndicales est d’impor- syndical, lui enlever son effica-
tance ! Sans de telles libérations et cité, décourager la relève. Ces
sans aménagement d’horaires pour conséquences visent à affaiblir le
l’exécutif, il devient difficile de syndicat. Les demandes concer-
faire des rencontres et de régler nant la reconnaissance syndicale
des dossiers, en un mot, d’accom- sont essentielles au bon fonction-
plir le mandat de représentation nement du syndicat lui-même.
Photo : France Désaulniers

dans les meilleures conditions. Des solutions et des réponses exis-


Sans moyens pour préparer la né- tent aux refus répétés de l’em-
gociation ou même pour négocier ployeur d’accorder peu ou prou de
représente un surcroît de travail soutien aux négociations. La con-
mais, surtout, envoie un message tribution financière du syndicat
ambigu à l’ensemble du corps en- sur le plan des libérations à cette
Odette Lefrançois seignant, comme quoi ce travail occasion ne doit intervenir qu’en
Coordonnatrice du regroupement privé
pour le bien du groupe doit se dernier recours.
faire à leurs frais. Aucune libéra-
n effet, la reconnaissance syn- tion pour participer à la vie syn- Bref, beaucoup de travail pour l’an-
E dicale devient rapidement
un enjeu lorsqu’une négociation
dicale à la FNEEQ fruste les res-
ponsables syndicaux d’occasions
née en cours ! Pour ces dix syndicats
cependant, l’appui de la FNEEQ et
s’amorce. Car des directions ne d’échanger avec d’autres syndicats des 20 autres syndicats du regrou-
reconnaissent toujours pas la re- et les privent de renseignements pement privé, les avis et le soutien
présentativité du syndicat et vont utiles sur des dossiers qui les con- de leurs conseillères et conseillers
même jusqu’à passer outre l’obli- cernent (autorisation d’enseigner, syndicaux leur permettront de
gation de le considérer comme le évaluation, réforme…). Il n’est pas négocier en sachant que peu im-
« représentant exclusif et manda- sorcier de saisir les motifs qui porte la tâche et parfois les em-
taire de toutes les personnes visées poussent les directions à être bûches, les membres des syndicats
par l’accréditation ». Absence de avares de libérations syndicales : en négociation ne sont pas seuls.▲
consultation, oublis d’aviser le
syndicat quand il est obligatoire
de le faire, toute une série de tac-
tiques afin de minimiser l’influen-
ce du syndicat en tant qu’interlo-
cuteur, sinon de nier son existen-
ce. Cette reconnaissance est pour-
tant essentielle non pas parce
qu’elle offre plus de moyens pour
améliorer les conditions de travail,
mais elle permet une plus grande
équité quand elle ne met pas fin,
dans bien des cas, au règne de l’ar-
bitraire. Car, reconnaître le rôle du
syndicat pour un employeur, c’est
Syndiqué depuis l'automne 2005, le personnel enseignant du Collège Villa Maria tente d'obtenir une pre-
accepter de s’asseoir et de discuter mière convention collective. En appui à la négociation qui a cours depuis 18 mois, une affiche Faut que
avec tout le corps enseignant. ça change ! témoigne de la situation au collège et des raisons qui les ont amenés à joindre la FNEEQ.

6 CaRNets no 17 • automne 2007


La négociation regroupée des chargés-es de cours

Le dernier droit
Dans un contexte de questionnement sur la gouvernance des universités et de luttes
étudiantes pour freiner la hausse des droits de scolarité et des frais afférents, la négo-
ciation regroupée des chargées et chargés de cours amorce son dernier droit.

réguliers pour la tâche d’enseigne- La reconnaissance doit également


ment. Il est par ailleurs étonnant transparaître dans une répartition
de constater que, selon les chiffres équitable du travail, dans la recon-
de la Conférence des recteurs et naissance des compétences ainsi
des principaux des universités du que dans les conditions d’exercice.
Québec (CREPUQ), les chargé-es À cet égard, les revendications
Photos : France Désaulniers

de cours des universités au Québec liées à la taille des groupes et


se partagent en moyenne 8,7 % de aux conditions matérielles sont
la masse salariale de leur établisse- toujours au menu.
ment, alors que les cadres obtien-
nent à peu près la même somme, Bref, la reconnaissance de leur con-
soit 8,8 % de la masse salariale. tribution à l’atteinte des missions
Claire Tremblay Rappelons ici que les chargé-es de des universités et à la qualité de
Coordonnatrice du regroupement université cours assument plus de 50 % de l’enseignement doit se manifester
l’enseignement au premier cycle. au-delà des célébrations pour souli-
près des règlements à l’Univer- Pour les tutrices et les tuteurs, une gner les 10, 20 ou 25 années de ser-
A sité de Montréal et à l’Univer-
sité Laval, l’hiver dernier, quatre
juste rémunération exige que la
Téluq les considère comme des
vice à un établissement. Le double
discours n’est pas de mise : les con-
syndicats de l’Université du Québec professionnels de l’enseignement ditions de travail doivent refléter le
poursuivent les discussions pour le et non comme des employés sur- concours de ces enseignantes et de
renouvellement de leur convention numéraires. ces enseignants, dont l’apport est
collective. Malgré des de plus en plus considéré
rythmes différents aux comme indispensable, même
tables de négociation, les par les administrations uni-
syndicats de chargé-es versitaires. Il faut rappeler
de cours de Chicoutimi, que le nombre de diplômés
de l’Outaouais et de du baccalauréat a augmenté
Rimouski ainsi que celui de 27,3 % depuis 2001, ce à
des tuteurs et des tutri- quoi les chargées et les char-
ces de la Télé-université gés de cours ont grandement
(Téluq) partagent des contribué. Les universités ont
objectifs fondamentaux. maintenant le devoir de tra-
duire leur discours en gestes
La reconnaissance de concrets, démarche qui per-
leur contribution de- mettra d’assurer le maintien
meure au cœur des re- de la qualité de l’enseigne-
vendications syndicales. ment et la réussite des étu-
Cette reconnaissance diantes et des étudiants. ▲
prend plusieurs visages.
Elle passe d’abord par ____________________________
une équité dans la rému- Source des statistiques :
nération, équité qui, CREPUQ, Le système
universitaire québécois,
pour les chargé-es de données et indicateurs, 2006
cours, se manifeste com-
parativement à la rému-
nération des professeurs
Graphisme : Rosaura Guzman, illustration : Réal Godbout

Carnets no 17 • automne 2007 7


e
De retour du V cong
de l’Internationa
Une importante délégation de la FNEEQ a assisté, en juillet dernier, au Ve
congrès de l'Internationale de l'Éducation (IÉ), une organisation qui regroupe
maintenant plus de 30 millions d'enseignantes et d'enseignants à travers le
monde et à laquelle la FNEEQ est affiliée. L'IÉ est, en fait, une fédération inter-
nationale de syndicats de l'enseignement, qui œuvre à la promotion de l'édu-
cation et à l'amélioration des conditions de travail de celles et ceux qui la font.

La délégation officielle de la FNEEQ était composée de trois membres du comi-


té exécutif, soit Ronald Cameron, président, Marie Blais et Jean Trudelle, vice-
présidents. Une bonne douzaine d'enseignantes et d'enseignants membres de
syndicats affiliés de tous les regroupements s’étaient rendus à Berlin sur leur
propre base, afin de participer, en tout ou en partie, à ce congrès coloré et
dynamique qui a permis aux organisations membres de l'IÉ de faire le point sur d'assurer dans ce domaine une for-
les principaux enjeux qui confrontent l'éducation, à l'heure du tout au marché. mation générale solide et celle de
garantir, à l'image de ce que nous
On retrouvera sur le site de la FNEEQ – http://www.fneeq.qc.ca/ fr/accueil/ com- tenons à préserver dans les cégeps,
muniques/CongresIE-2007/ – les témoignages de personnes participantes, le caractère générique de la forma-
membres de syndicats de la FNEEQ, dont celui de Francis Lagacé, président du tion spécifique. Ces amendements,
SCCCUM, au sujet du caucus LGBT, celui d’Isabelle Reny et de Maxime Poulin, du préparés par le comité école et
cégep Beauce-Appalaches, sur l’ouverture au monde, celui de Nicole Blouin, société, ont tous été adoptés par
vice-présidente du SCCCUL sur l’atelier Le rôle des enseignants au 21e siècle, de les délégué-es au congrès.
Marie Blais, vice-présidente de la FNEEQ et de Laval Rioux du comité école et
société concernant la réunion du caucus sur l’enseignement supérieur, de Lilia Par ailleurs, saisie d'une résolution
Selhi, du cégep du Vieux Montréal, sur l’AGCS. On pourra aussi prendre connais- en ce sens, l'IÉ a été sollicitée à
sance de l’intervention de Ronald Cameron, président de la FNEEQ, commen- se préoccuper de l'augmentation
tant le rapport du secrétaire général de l’IÉ. des contrats à durée déterminée
dans l'enseignement supérieur. Un
Nous reproduisons ici des extraits de la chronique du mois de septembre du intense travail de lobbying, avant
comité école et société qui présente un compte rendu des discussions délibé- le congrès, a permis de s'assurer
rantes. La chronique intégrale se trouve sur le site de la fédération. qu'en cette matière, les positions
arrêtées par l'IÉ tiennent mieux
compte de la réalité québécoise,
France Désaulniers
de concentrer ses efforts sur le où les luttes du regroupement uni-
Conseillère aux communications
de la FNEEQ développement des positions de versité ont démontré l'importance
l'IÉ en matière de formation pro- d'améliorer les conditions de tra-
Mission accomplie ! fessionnelle et technique (FPT) vail des chargé-es de cours, et de
ainsi que sur les conditions de tra- ne pas se contenter de dénoncer la
(…) Les sujets de préoccupation vail des chargé-es de cours dans précarité.
ne manquent pas dans ce genre de les universités. Dans les deux cas,
congrès. Toutes les résolutions, nos objectifs ont été atteints et on Mais s'il fallait retenir une seule
sauf celles d'urgences, étaient re- peut dire « mission accomplie ! ». préoccupation majeure ayant tra-
liées au thème retenu « S'unir pour versé tout le congrès, ce serait celle
une éducation de qualité et une Les amendements apportés par la de la privatisation de l'éducation,
justice sociale ». La délégation de FNEEQ aux recommandations sur qui inquiète les syndicats du Nord
la FNEEQ avait cependant choisi la FPT soulignaient l'importance comme ceux du Sud de la planète.

8 CaRNets no 17 • automne 2007


grès
ale de l’Éducation
Une commercialisation...
pas toujours insidieuse
La situation de l'éducation, dans
les 161 pays représentés au sein de
l'IÉ, est forcément très différente
d'un endroit à l'autre. Mais il n'est
virtuellement aucune organisa-
tion syndicale, à travers le monde,
qui n'ait pas à s'inquiéter de la
présence croissante du secteur pri-
vé en éducation.

Dans certains pays, comme le


Chili, des firmes privées se sont
littéralement engouffrées dans ce
secteur ouvert par le gouverne-
ment sous les pressions de la Ban-
que mondiale. Résultat : un systè-
me d'éducation hautement ségré-
gué, à plusieurs vitesses, et des
hommes et femmes d'affaires qui
sont littéralement devenus des
millionnaires de l'éducation.
Une partie de la délégation de la FNEEQ au congrès de l'IÉ en juillet 2007 à Berlin.
En Australie, de vastes réformes en Dans l'ordre habituel, on retrouve, David Tacium, du cégep Édouard-Montpetit, Laval Rioux de
formation professionnelle et tech- l'Université Laval et membre du comité école et société, Wedad Antonius, du cégep Édouard-
nique ont conduit à une flambée Montpetit, Claude Vaillancourt, du Collège André-Grasset et membre du comité école et socié-
des droits de scolarité dans ce sec- té, Madeleine Ferland, du cégep Montmorency et membre du bureau fédéral, Ronald
teur. On rapporte qu'il faut parfois Cameron, président de la FNEEQ, Marie Blais, vice-présidente de la FNEEQ, France Désaulniers,
conseillère à l'information à la FNEEQ, Nicole Blouin, de l'Université Laval et membre du comi-
débourser jusqu'à sept ou huit
té femmes, ainsi que Jean Trudelle, vice-président de la FNEEQ.
mille dollars pour un cours de
coiffure impossible à obtenir au-
trement ! En Argentine, c'est l'édu-
cation supérieure qui a été la proie On pourrait donner bien d'autres à l'éducation, l'IÉ a notamment
du secteur privé, et de nombreuses exemples. Malgré le blocage des commandé une étude sur la priva-
universités sont complètement négociations entourant la libérali- tisation en éducation, de telle sorte
privatisées. Ces universités ne se sation du commerce des services que le phénomène soit documenté
contentent pas d'offrir une éduca- (AGCS), plusieurs accords bilaté- et afin de se donner les moyens
tion supérieure commercialisée : raux ont fait de l'éducation un bien d'une meilleure résistance. Cette
elles s'affichent aussi comme de marchand, quand elle ne subit pas étude, qui sera disponible en ver-
fières relayeuses des valeurs et à l'intérieur même du pays, des sion finale cet automne, a été réa-
façons de faire des entreprises qui pressions en ce sens. Inquiète du lisée par S. Ball et D. Youdell, de
les exploitent ! recul que cela signifie pour le droit l'Université London, en Angleterre.

Carnets no 17 • automne 2007 9


fisamment financée par rapport à
ses besoins modernes. On assiste
ainsi à l'augmentation des deman-
des d'admission à l'école privée et
à un foisonnement d'écoles publi-
ques qui se dotent de projets parti-
culiers, devenant ainsi dans les
faits des écoles semi-privées, puis-
qu'elles sélectionnent et qu'elles
exigent des frais compensatoires.
Ceci montre amplement que le
danger de la privatisation est aussi
bel et bien présent au Québec.
Aucun débat public, il va sans
Photo : France Désaulniers

dire, n'est sérieusement mené sur


cet enjeu pourtant crucial. L'ensei-
gnement supérieur subit lui aussi
des menaces similaires le sous-
financement des universités et des
cégeps les obligeant à se jeter dans
La « coca-colaïsation » La plupart du temps, les décisions une concurrence malsaine pour
de l'éducation gouvernementales permettant le des sources extérieures de revenus.
recours au privé sont basées sur de
Cette étude distingue deux sortes prétendues mauvaises performan- Les membres de la délégation de la
de privatisation. D'abord celle qui ces du système public d'éducation. FNEEQ au congrès de l'IÉ ont tous
est « endogène », impliquant l'im- Au Québec, nous connaissons bien exprimé leur enthousiasme à la
portation en éducation d'idées, de ce refrain, dans la santé ; c'est aussi suite de cette expérience, qui a
techniques et de pratiques issues malheureusement ce qui guette le permis un partage unique avec
du secteur privé ; ensuite la privati- monde de l'éducation. des collègues de partout dans le
sation « exogène », qui ouvre quant monde, tant au niveau humain
à elle les services publics éducatifs Impossible de ne pas penser, au que sur celui des préoccupations
à une participation directe du sec- Québec, aux nombreuses critiques et des analyses. Rendez-vous au
teur privé. Dans ces deux cas, les adressées à l’école publique, insuf- VIe congrès … dans quatre ans ! ▲
auteurs insistent sur le manque de

Outre la présence de la délégation de la FNEEQ, on pouvait noter


transparence de ces glissements

la participation de délégations de la Centrale des syndicats du


vers le secteur privé, qui se font le

Québec (CSQ), de la Fédération québécoise des professeures et


plus souvent à l'insu des citoyens.

professeurs d’universités (FQPPU), de la Fédération canadienne


des enseignants (FCE) et de l’Association canadienne des profes-
Les exemples abondent dans cette

seures et professeurs d’universités (ACPPU).


étude qui relève aussi des change-
ments importants dans le vocabu-
laire même de l'éducation, alors
que les étudiantes et les étudiants
deviennent des clients, que la
concurrence remplace la coopéra- La FNEEQ est affiliée à l’IÉ depuis l’an 2000 et a participé aux divers
tion et que le développement du congrès depuis. En outre, la fédération prend activement part à dif-
capital humain devient un paradig- férents comités de travail de l’IÉ. Mentionnons, entre autres, l’orga-
me intégrateur. Les conséquences nisation de la conférence internationale sur l’enseignement supé-
sur les conditions de travail des rieur qui s’est tenue à Montréal en 2002, des conférences au sujet
enseignantes et des enseignants de l’Accord général sur le commerce des services, le groupe de tra-
sont directes : rémunération à la vail sur la formation professionnelle et technique…
performance, évaluations externes Pour en savoir plus sur le congrès
systématiques, obligation de se http://www.ei-ie.org/congress5/fr/documents.php
conformer au modèle dominant.

bl CaRNets no 17 • automne 2007


Collège de Valleyfield
Le personnel enseignant pourra profiter
de l’essentiel de la convention FNEEQ
de la presque totalité de la conven- d’échange, en vue d’une mise à
tion collective FNEEQ (CSN). niveau des conditions de travail
de nos collègues de Valleyfied.
Le syndicat de Valleyfield, qui a
quitté les rangs de la FAC pour En bout de course, le regroupe-
joindre la FNEEQ en 2006, était jus- ment a consenti à introduire dans
qu’à présent sous le coup du décret la convention collective, pour l’en-
de 2005. Il n’avait pas accès, entre seignante ou l’enseignant qui l’ac-
autres, aux ressources enseignantes cepte, le développement institu-
Photo : France Désaulniers

supplémentaires de la convention, tionnel comme activité. De plus,


et les salaires de ses membres étaient un allongement de la période per-
toujours soumis à la récurrence, ce mettant à un programme provisoi-
qui aurait eu comme effet de retar- re de devenir permanent a aussi
der de 6 mois l’application des aug- été consenti, ce qui pourrait aider
mentations de salaire en 2009. certains syndicats dans les cas où il
Jean Trudelle est difficile d’accueillir une nou-
Vice-président de la FNEEQ À la suite d’une longue négocia- velle cohorte d’étudiantes et d’étu-
tion, la coordination du regroupe- diants pendant quatre années
C’est par une très large majorité ment a été à même de soumettre consécutives.
que les syndicats du regroupement une entente de principe un peu
cégep ont entériné une entente de particulière, l’intransigeance du Cette entente de principe, qui en est
principe qui permettra aux mem- ministère dans ce dossier a amené une de solidarité, a été soumise aux
bres du Syndicat des professeurs du les 35 autres syndicats du regrou- assemblées générales qui ont expri-
Collège de Valleyfield de bénéficier pement cégep à trouver un terrain mé leur appui non équivoque. ▲

Carnets no 17 • automne 2007 bm


Profession enseignante au collégial

Un événement majeur
dans le paysage
Frustration, colère, amertume; la dernière négociation a été le carrefour de toutes les déceptions
concernant la tâche enseignante au collégial. L’attitude de la partie patronale témoignait de l’incom-
préhension profonde du ministère de l’Éducation des problèmes vécus dans le réseau collégial. Toutes
les demandes faites, pour pallier les problèmes mille fois expliqués, se sont heurtées à une fin de non-
recevoir. Le Conseil du trésor, ajoutant l’insulte à l’injure, a consenti au seul ajout de ressources pour
des tâches périphériques !

Jean Trudelle
Vice-président de la FNEEQ

L ’opération de sensibilisation
politique lancée par la
FNEEQ–CSN, en réponse à l’ini-
que loi 43, aura tout autant dé-
rangé les éditorialistes de droite
qu’elle a pu, sur le terrain, con-
naître un vif succès. De dictées en
débats contradictoires, de travaux
scolaires en lectures publiques, la
brochure Demain vous appartient :
parlons politique ! a été utilisée Oui, pour reprendre l’expression jeunes auxquels nous enseignons
avec succès et a pu rejoindre des d’un critique, notre jupon dépassait ne sont ni individualistes ni naïfs.
dizaines de milliers de cégépien- à gauche. Nous ne le cachions pas ! Ils questionnent, ils réfléchissent,
nes et de cégépiens. Dans un environnement médiati- ils veulent savoir. Et pour beau-
que où on a souvent l’impression coup, ils sont prêts à s’engager.
Les neuf textes de la brochure, loin que le jupon balaie le plancher à
d’être présentés comme des prêts- droite, ce n’est pas de trop ! L’opération de sensibilisation poli-
à-penser, ont été écrits dans une tique menée dans les cégeps n’est
perspective pédagogique, offrant Les étudiantes et les étudiants ont, peut-être pas étrangère à l’attache-
sur des enjeux importants de la po- dans l’ensemble, fort bien reçu les ment qu’ils ont démontré, récem-
litique québécoise une vision diffé- textes et participé avec enthou- ment, envers la qualité des ser-
rente, appelant à la discussion et à siasme aux activités diverses qui le vices publics, dans un récent son-
la réflexion. prenaient pour thème. Non, les dage. Nos actions portent ! ▲

bn CaRNets no 17 • automne 2007


La réforme au secondaire et la question des bulletins chiffrés

Dresser un réel bilan


pour changer de cap !
À la suite de sa nomination, la nouvelle ministre de l’Éducation, du Loisir
et du Sport (MELS), madame Michelle Courchesne, a demandé de remettre
en application le bulletin chiffré, comme correctif essentiel apporté à une
réforme au secondaire qui n’en finit plus de générer des critiques. Elle
expliquait récemment au journal Le Devoir être inquiète des résultats
possibles de cette réforme sur le niveau scolaire atteint des jeunes qué-
bécois pour celles et ceux qui se rendront en 2010 au bout du processus
d’implantation au secondaire. Nous sommes d’accord !
Nous avons convenu de réclamer
Elle est ministre depuis maintenant six mois. C’est peu, mais au bilan, elle de toute urgence du gouverne-
a agi sur le seul bulletin chiffré sans poser les problèmes dans leur
ment la mise en place immédiate
ensemble. Et que dire de la portée de sa décision alors qu’il est connu que
des modalités nécessaires à une
plusieurs écoles et commissions scolaires ne l’appliqueront pas durant la
présente session. Changer de méthode d’évaluation à la vitesse à laquel- réflexion critique et complète sur
le les ministres de l’Éducation changent, ce n’est pas la façon de traiter la réforme. Cette analyse doit faire
une réforme dont les conséquences seront perceptibles pour nombre une place large, mais non exclusi-
d’élèves, voire nombre de cohortes pendant des années. ve, aux enseignantes et aux ensei-
gnants du primaire et du secon-
Il faut comprendre que le bulletin était devenu un symbole récupéré, daire, des secteurs public et privé.
entre autres, par l’ADQ de Mario Dumont qui en a fait un cheval de Elle ne peut se limiter à la stricte
bataille lors de la dernière campagne électorale. C’est probablement la question du bulletin chiffré qui
raison principale de l’empressement de madame Courchesne. Nous avons n’est qu’un aspect apparent, voire
le point avec les syndicats lors de la dernière réunion du conseil fédéral.
déformé, du débat sur le bilan à
Voici quelques éléments de réflexion.
faire de la réforme. On doit revoir
autant les fondements que les
Caroline Senneville ont amenés à alerter les pouvoirs modalités d’application, y compris
Secrétaire générale de la FNEEQ publics sur les conséquences que sur le plan de l’évaluation des
Ronald Cameron cette réforme pouvait occasionner. connaissances.
Président de la FNEEQ Mais le manque de détermination
de la part du gouvernement pour Un tel bilan ne pourra non plus se
Le renouveau pédagogique est en tirer au clair les impacts, nous réaliser sans une étude serrée des
cours depuis bientôt sept ans. Il a conduit aujourd’hui à prendre résultats obtenus jusqu'ici. En ce
déjà traversé les cycles du primaire position de manière plus éner- sens, la diversification des par-
et a fait son entrée aux deux pre- gique sur l’état des choses. cours dès la troisième secondaire
mières années du secondaire. Il est doit être remise en question. De
devenu une affaire publique qui Sur la base d’un document de ré- plus, la mise en route d’un tel bilan
suscite la controverse, avec des flexion qui, sans être exhaustif, doit témoigner d’une volonté poli-
partisans en faveur de sa poursuite tente de présenter à la fois le tique d’apporter ensuite les correc-
et d’autres qui sont adversaires de contexte et la portée de la réfor- tifs qui s’imposent, notamment en
son implantation. Il est aussi un me, la réunion du conseil fédéral a garantissant aux enseignantes et
objet d’observation chez les spé- adopté une recommandation qui aux enseignants toute leur autono-
cialistes en éducation, autant dans l’amène à dénoncer la réforme au mie professionnelle.▲
les universités que dans les orga- primaire et au secondaire dont la
nismes publics qui concourent à poursuite de l’implantation dans On trouvera le document Réforme au secon-
sa mise en oeuvre. les mêmes termes menace la réus- daire : l’urgence d’un bilan d’étape ainsi que
site de nombreux élèves, particu- la recommandation adoptée sur le site de la
Les inquiétudes qui se sont mani- lièrement ceux qui éprouvent des FNEEQ. (http://www.fneeq.qc.ca/fr/fneeq/
festées à l’égard de la réforme nous difficultés. instances/conseil.html)

Carnets no 17 • automne 2007 bo


Renforcer l’expertise syndicale
pour contrer le harcèlement
et la violence en milieu de travail
Le comité de santé-sécurité-environnement
de la FNEEQ a récemment organisé une ses-
sion de formation sur le rôle des responsables
syndicaux confrontés à des situations impli-
quant des enseignantes et des enseignants
victimes de harcèlement psychologique.
Nombre de questions ont été soulevées et les
syndicats de la FNEEQ ont développé une pra-
tique syndicale sur ce plan marquée par
l’adoption de politique dans les établisse-
ments. La session avait pour but de mieux
outiller les responsables syndicaux.

Illustration : UGT Espagne


pour contrer le harcèlement psy- des responsables syndicaux pour
chologique dans les établissements faire respecter l’équité quant aux
d’enseignement afin d’éviter la ju- procédures ont été examinées et
diciarisation des problématiques de finalement, nous nous sommes pen-
harcèlement. Cependant, depuis la chés sur le devoir de représentation
mise en œuvre de ces politiques, des syndicats lors de griefs de har-
les équipes syndicales ont rencon- cèlement.
Photo : France Désaulniers

tré plusieurs difficultés. C’est pour


cette raison que les responsables Par ailleurs, depuis l’application des
syndicaux locaux ont été invités à nouvelles dispositions de la loi et
participer à une session de forma- l’implantation de politiques pour
tion afin de perfectionner leurs contrer le harcèlement, nous avons
connaissances et d’être en mesure amorcé une lecture critique de ces
Céline Lalande de mieux conseiller les enseignan- politiques qui peut nous permettre
Conseillère syndicale et coordonnatrice tes et les enseignants qui vivent des d’éclairer les enseignantes et les
de l’équipe FNEEQ problèmes de harcèlement psycho- enseignants devant les choix qu’ils
logique au travail. doivent faire concernant le proces-
epuis 2004, la Loi sur les normes sus de plainte prévu aux politiques
D du travail (LNT) prévoit que les Nous avons abordé de nombreux ou le recours par voie de grief.
salarié-es ont droit à un environne- aspects. D’abord, un examen de la
ment de travail exempt de harcèle- définition du harcèlement psycho- Et finalement, nous avons exploré
ment psychologique et impose aux logique, avec l’éclairage qu’en don- des pistes de solutions concernant
employeurs l’obligation de prendre ne la jurisprudence a été fait, ensui- la confidentialité nécessaire pour
les moyens nécessaires pour préve- te, les exigences du travail syndical protéger la réputation des person-
nir et faire cesser le harcèlement qui doit non seulement accompa- nes impliquées dans le processus
lorsqu’il en a connaissance. À ce gner toutes les personnes impli- de plainte, ainsi que les différentes
moment, les syndicats avaient été quées, qu’elles soient plaignantes, avenues de règlement des conflits,
invités à établir, de manière paritai- mises en cause ou témoins lors telles la médiation et la concilia-
re avec l’employeur, une politique d’une enquête mais aussi du rôle tion. ▲

bp CaRNets no 17 • automne 2007


Le site Web de Implication
la FNEEQ change enseignante
Visitez-le, à la CSN
pour voir ! La dernière année a été fructueuse sur le plan de l’im-
plication d’enseignantes et d’enseignants dans des
Plusieurs d’entre vous l’ont certainement remarqué, le fonctions au sein de la CSN. Nous voulons souligner
site Web de la FNEEQ a connu plusieurs modifications l’élection de Dominique Daigneault, du cégep du Vieux
majeures. En effet, depuis la rentrée, vous avez accès Montréal, à la 2e vice-présidence du Conseil central du
non seulement à un site sur un logiciel libre et à une Montréal Métropolitain, celle d’Engelbert Cottenoir Jr.,
navigation plus rapide, mais aussi à une nouvelle orga- chargé de cours à l’Université du Québec à Chicoutimi,
nisation et à un nombre important d’ajouts. à la présidence du Conseil central du Saguenay – Lac
Saint-Jean et celle de Karine L’Écuyer, du collège
Montmorency, au comité jeunes de la CSN.

Les nôtres:
Roger DesGroseilliers
1949-2007
Toujours centré sur l’objectif d’informer, le site vise à
soutenir la vie syndicale dans les différents regroupe-
ments sectoriels et transmettre les diverses préoccu-
pations sociales et internationales de la fédération.
Il offre un ensemble d’informations et d’outils qui
témoignent de l’étendue de nos activités. D’autres
améliorations sont en construction. Visitez-le, pour
voir le changement !
Photo : SCCCUL

Carnet collégial spécial pour


les 40 ans Roger Desgroseilliers, chargé de cours à l’Université
Laval est décédé le mercredi 24 octobre à l’âge de
des cégeps 57 ans. Roger avait été élu une semaine auparavant
comme vice-président au Syndicat des chargées-és
Parallèlement à la publication du présent Carnets de la
de cours de l’Université Laval (SCCCUL). Jeune retrai-
FNEEQ, une édition spéciale de la publication sectoriel-
té de la CSN, Roger fut surtout conseiller à la mobi-
le pour les cégeps, Carnet collégial, est aussi sortie des
lisation au Conseil central de Québec-Chaudière-
presses. Il s’agit d’un numéro qui souligne les 40 ans
Appalaches. C’est ainsi qu’il a soutenu le SCCCUL
des cégeps et qui est destiné aux étudiantes et aux étu-
pendant près de 20 ans. Il souhaitait y poursuivre son
diants des collèges. Non pas un numéro souvenir, mais
implication militante. Nous perdons non seulement
une publication qui présente la raison d’être des cégeps
un nouveau membre d’un exécutif de syndicat affilié,
et l’intérêt qu’il représente toujours aujourd’hui. Un
mais aussi un partisan indéfectible du SCCUL, de la
numéro spécial pour celles et ceux qui souhaitent com-
FNEEQ et du mouvement CSN.
prendre ce pourquoi il faut les défendre !
Ronald Cameron, président de la FNEEQ

Carnets no 17 • automne 2007 bq

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