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C’est un nouveau sigle un peu barbare auquel il va falloir s’habituer, comme on a déjà eu
l’occasion de la faire, depuis le début de la crise avec les CDO ou les CDS, QE2. Plus seulement pour
désigner le paquebot Queen-Elizabeth, mais pour qualifier le deuxième vague de quantitative easing à
laquelle la Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à procéder, si l’on croit le compte rendu de sa
dernière réunion, publié mardi 12 Octobre.
Ledit QE2, assouplissement monétaire quantitatif, va consister pour la banque centrale des
Etats-Unis à injecter des centaines de milliards de dollars dans le circuit financier américain, afin de
tenter de relancer la machine économique, totalement grippée. Autrement dit, de façon encore plus
simple, à faire fonctionner la planche à billets. Déjà, au plus fort de la crise, la Fed avait eu recours à ce
procédé.
Pour cela, la Réserve Fédérale va acheter des obligations d’Etat, avec pour objectif de maintenir
les taux d’intérêt à long terme à de très bas niveaux. Le déversement massif d’argent frais dans le
système vise aussi à créer un peu d’inflation – ce qui n’est pas banal pour une banque centrale. Et a
lutter contre les forces déflationnistes qui ont tendance à tirer vers le bas, tout ensemble, les prix, les
revenus, la production, l’investissement et la consommation.
L’annonce de ces mesures monétaires extrêmes prouve la gravité de la crise aux Etats-Unis. Le
chômage reste très élevé, à près de 10% l’immobilier ne se reprend pas, les Américains rechignent à
consommer. Or le plan de relance économique de 814 milliards de dollars adopté il y a deux ans prend
fin le 31 décembre. Si le prix Nobel d’économie Paul Krugman est favorable à l’adoption d’un nouveau
plan de 800 milliards de dollars, beaucoup d’économistes mettent en cause sa santé mentale, compte
rendu de la situation délabrée des finances publiques américaines. Pour eux, le risque est que les Etats-
Unis perdent leur financière triple A, et que les emprunts du Trésor américain finissent par rassembler à
des « obligations pourries ».
Ne resterait donc que l’arme monétaire ? Elle est à double tranchant, comme l’arme budgétaire.
D’abord parce que le virage pris par le Fed fait entrer la politique monétaire américaine dans des
territoires inconnus, potentiellement périlleux. Ensuite parce que M. Bernanke va nourrir la balle
mondiale de liquidités qui elle-même accroît les distorsions de changes.