Cyrano de Bergerac

Edmond Rostand

Fils de l’économiste Eugène Rostand, Edmond

Rostand fait des études de droit à Paris avant de se
consacrer à l’écriture. Il écrit, d’abord sans succès, des
poèmes puis une comédie en vers, ‘Les Romanesques’. Ses
pièces en vers, ‘La Princesse lointaine’ et ‘La Samaritaine’,
écrites pour l’actrice Sarah Bernhardt ont connu un certain
succès. Mais, si Edmond Rostand est encore lu aujourd’hui
c’est grâce à la gloire qu’a rencontrée sa pièce en cinq
actes, ‘Cyrano de Bergerac’. ‘L’ Aiglon’ reçoit quelques
années plus tard un succès analogue. Rentré à l’âge de 33
ans à l’Académie française, il meurt de la grippe espagnole
en 1918.

Le théâtre Cyrano de Bergerac est la plus célèbre pièce de théâtre

d’Edmond Rostand, librement inspirée d’un personnage réel,
Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655).
Elle a été écrite en 1897 et jouée pour la première fois au
Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Elle est composé de 5 actes
et est écrite presque entièrement en alexandrins. Edmond
Rostand la qualifie de comédie héroïque mais les analystes y
reconnaissent de nombreuses influences dont la principale est le
théâtre romantique ou néo-romantique.
Le succès de Cyrano de Bergerac fut considérable, en France
mais aussi à l’étranger.

Politiquement, le contexte est plutôt à la morosité : la France

est sous le coup de la défaite de 1870, l’affaire Dreyfus débute,
un attentat anarchiste coûte la vie au président Sadi Carnot,
la République sort à peine de sa tentation boulangiste, de
nombreux scandales éclaboussent les hommes politiques.
Nombreux sont les analystes qui voient dans ce contexte une des raisons de l’engouement et
l’intêret du public pour cette pièce.
Cyrano de Bergerac, est la pièce qui a réhabilité le drame romantique en France et qui, sans
subir l’usure du temps, connaît des succès lors de chacune des ses adaptations au théâtre ou
au cinéma.

Résumé
Cyrano est un héros batailleur, plein de panache, malheureusement avec un trop long
nez. Il adore en secret sa cousine Roxane, qui lui demande de protéger le beau Christian
qu’elle aime. Cyrano, par amour pour elle, par amitié pour lui, accepte de favoriser leur
liaison. C’est lui qui souffle à Christian les mots éloquents qui lui font cruellement défaut.
Un rival malheureux fait envoyer Christian sur le front, où il meurt. Désespérée, Roxane se
retire dans un couvent, où Cyrano vient régulièrement lui rendre visite. Il arrive un jour,
mortellement blessé par des ennemis, et Roxane apprend enfin le secret de Cyrano.
 Le thème principal est bien sûr l’amour, dans la double
tradition précieuse et romantique. Plus originale, plus ambiguë
aussi, est la relation triangulaire qui s’établit entre les trois
personnages. L’amour traditionnel entre Christian et Roxane se
fondait sur une supercherie, finalement éventée. Mais la tendresse
incestueuse de Cyrano pour sa cousine, son attachement profond
pour Christian, rendent le personnage plus complexe qu’il n’y paraît
de prime abord. Il n’est pas simplement cette belle âme dans un
corps disgracieux, que l’on décrit parfois.

Le rire
Le première acte permet de présenter les
personnages principaux, d’exposer l’intrique,
les thèmes et le ton de la pièce. Et dès la
première scène, le comique et l’humour
font leurs apparitions.
-L’humour indirect lorsqu’un des
bretteurs s’écrie « touche ! » lorsqu’il reçoit un
coup de fleuret.
-Comique assez grossier avec le jeu
de mots de l’ivrogne et de son bourgogne
(UN HOMME, tirant une bouteille de sous son manteau
et s’asseyant aussi : « Un ivrogne Doit boire son
bourgogne... Il boit.... à l’hôtel de Bourgogne ! » ) : « mon usage […] et de mettre […] du fer (l’épée) et
-Comique de gestes avec les
plaisanteries des pages («UNE BANDE DE PAGES,
se tenant par la main, entre en farandole et chante Tra
la la la la la la la la la la lère... »)
Toujours dans l’acte I, fin de la scène 3,
scène 4 :
-Le burlesque fait sont apparition
dans la confrontation entre Cyrano et
Montfleury et dont le ton est parfois trivial.
(« Je vais être obligé de te fesser les joues ! « […] «
Bon ! Je vais sur la scène, en guise de buffet découper
cette mortadelle d’Italie ! »)
- L’héroïco-comique apparaît dans le
défi au parterre : « approchez-vous, jeune héros ! »
ou dans le dédommagement aux comédiens,
plein de panache : « au manteau de Thespis je
ne fais pas de trous ».
Fin de la scène 4, le ton héroïco-
comique reprend et constitue une sorte
d’échauffement pour la tirade du nez :
Cyrano use d’une énumération qui tend vers
l’hyperbole pour énoncer toutes les qualités
du porteur d’un grand nez (affable, bon,
courtois, spirituel, courageux,…).
Les variations moqueuses sur le nez sont un
exercice de style, elles associent un ton et
une remarque. La combinaison du ton, de
la variété, de la répétition, des métaphores
prête à sourire même à rire.
La tirade se finie sur une double métonymie
qui permet à Cyrano de monter d’un cran
dans la provocation en s’adressant aux noble
non du cuir ! (le gant) ».
Le première quiproquo arrive a la scène 6,
des quiproquos apparaissent tout au long
de la pièce afin d’animer les personnages
(notamment Cyrano qui se fait des illusions)
et l’action. Ces quiproquos vont faire réagir
Cyrano de façon comique et pathétique
notamment dans la scène 6, il parle a Roxane
avec hésitation, des rimes (« bobo ») qui
traduise son désarroi.
A l’acte IV, le rideau s’ouvre sur un
campement d’affamés mais la dérision
apparaît très vite, grâce à l’humour des
Cadets et de Cyrano. La guerre apparaît
dans son horreur mais aussi dans ses
contradictions, on survit par le moral les
mots, l’humour. La comédie s’installe
vraiment.

Récit plein d’humour et débordant de vie, Cyrano de

Bergerac est également une pièce envoutante et émouvante
dans laquelle Edmond Rostand mêle admirablement amour
et passion. C’est pièce intemporelle, qui a était adaptée et
immortalisée sous forme cinématographique, sa version
la plus célèbre est sans doute celle où Gérard Depardieu
interprète magistralement Cyrano.
C’est une œuvre épique et grandiose qui reste l’une des plus
belles tragédies du monde théâtrale.