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Introduction

"Une Constitution, c’est un esprit, des institutions, une pratique", telle est la définition de la
Constitution proposée par le Général de Gaulle. L’esprit de la Constitution de la Ve République se
trouve dans le discours de Bayeux du 16 juin 1946 (ville choisie symboliquement par de Gaulle en
tant qu'une des premières villes libérées), dans lequel Charles de Gaulle expose ses idées
constitutionnelles.
Mais, il ne sera pas écouté et les constituants préfèreront instaurer la IVe République, régime
parlementaire qui a rapidement dévié vers un régime d’assemblée.
A la suite de la crise du 13 mai 1958 et de la démission du Président du Conseil, Pierre Pflimlin,
Charles de Gaulle est présenté par le second Président de la République, René Coty, pour former un
nouveau gouvernement, ce qu’il fait le 1er juin 1958. A cette occasion, il demande aux
parlementaires de voter deux lois : l’une de pleins pouvoirs pour six mois et l’autre
constitutionnelle, ce qui sera effectif le 3 juin 1958.
La loi constitutionnelle prévoit une délégation de pouvoir constituant à Charles de Gaulle afin qu’il
puisse réviser la Constitution et notamment l’article 90 sur la révision de la Constitution d'où il
ressortira de ce travail une nouvelle Constitution.
Le projet constitutionnel devra recueillir l’avis d’un Comité consultatif constitutionnel et du Conseil
d’Etat , sera ensuite arrêté en Conseil des ministres et fera l’objet d’un référendum le 28 septembre
1958.
C'est ainsi au cours de l’étude du Conseil d’Etat sur la Constitution que Michel Debré prononce son
discours devant le conseil d'état le 27 aout 1958 dans lequel il montre son envie de mettre en forme
les idées du général de Gaulle.
Le référendum du 28 septembre 1958 sera positif, la constitution fut promulguée le 4 octobre 1958
et la Ve République proclamée le jour suivant.
Dans quelles mesures les idées constitutionnelles du général de Gaulle sont-elles reprises dans la
constitution de la Vème république? Ces idées sont-elles toutes reprises ou y apporte-on des
modifications?.
Nous verrons dans un premier temps les idées constitutionnelles de De Gaulle qui ont été reprises et
dans un deuxième les limites à sa volonté qui ont été apportées dans la constitution de 58.

I)L'influence de De Gaulle dans les institutions de la Vème république :


A)La volonté d'empêcher le retour au régime d'Assemblée

Il ressort en premier chef du discours de Bayeux du 16 juin 1946 prononcé par De Gaulle et dans
celui de Debré devant le Conseil d'Etat le 27 aout 1958 la volonté de ne pas réitérer les erreurs du
passé et notamment le régime d'Assemblée tel qu'il est survenu de la pratique sous la IVème
république.
Ainsi, pour faire contre poids à l'Assemblée nationale, il faudrait, d'une part, que le chef de l'État
joue un rôle important, d'autre part qu'il y est une seconde chambre qui fasse entendre « la voix des
grandes activités du pays ».
Ainsi, dans son discours de Bayeux du 16 juin 1946 (et dans son discours d'Épinal datant du 29
septembre 1946) de Gaulle montre ce que devrait être, selon lui, la nouvelle constitution Française
pour avoir des chances de durer, et il ressort de son discours la volonté d'une séparation stricte des
pouvoirs «tous les principes et toutes les exigences exigent que les pouvoirs publics : législatif,
exécutif et judiciaire soit nettement séparés et fortement équilibrés » mais avec une prépondérance
de l'exécutif où le président joue le rôle d'arbitre national se plaçant « au-dessus des contingences
politiques » pour faire « valoir la continuité au milieu des combinaisons »
De même, toujours dans l'idée de faire contre-poids à l'Assemblée : la promotion d'un Parlement
bicaméral car si « le vote définitif des lois et des budgets revient à une Assemblée élu au suffrage
universel direct »celle-ci peut outrepasser ses compétences et ne pas être très neutre ;d'où la
nécessité « d'une 2ème Assemblée élu et composée d'une autre manière » afin de contrôler
publiquement les agissements de la première. Ainsi, propose-t-il qu'elle soit élue par les Conseils
généraux et municipaux.
Ces 2 idées se retrouvent dans le discours de Debré car le projet de constitution juridiquement, ce
qui apparaît c'est que la constitution organise assez clairement la prééminence du président de la
république, ce dernier est le garant des institutions, titulaire d'une liste impressionnante de pouvoirs
propres et ceux alors qu'il est politiquement irresponsable.
En un mot, ce président est l'instrument de la restauration du pouvoir de l'État tant voulu par de
Gaulle. Le président est alors selon Debré « une clef de voute » et le « juge supérieur de l'intérêt
national » disposant à ce titre du droit de dissolution. De même, on note la volonté de mettre en
place un Parlement bicaméral afin de limiter la prépondérance de l'Assemblée : «la division en 2
chambres est une bonne règle du régime parlementaire , car elle permet à un gouvernement de
trouver, par la deuxième assemblée, un secours utile contre la première ».
Outre ces 2 points semblables, on retrouve la volonté de ne pas se retrouver devant un système des
partis tant rejeté par de Gaulle pour qui c'est la cause de l'instabilité de la IVème république.

B)Le rejet du système des partis:

Cela apparaît clairement chez de Gaulle qui reproche au système des partis d'avoir empêcher sous la
IIIème et la Ivème république au gouvernement de gouverner par une opposition systématique : «
tant de secousse sont accumulées dans notre vie publique des poissons dont s'intoxique notre veille
propension gauloise aux divisions et aux querelles » ou encore « la rivalité des partis revêt chez
nous un caractère fondamental qui met toujours en question et sous lequel s'estompent trop souvent
les intérêts supérieurs du pays ». D'où son insistance pour que la nouvelle constitution en tienne
compte et s'en garde afin de garantir : « la cohésion des gouvernements, l'efficience des
administrations, le prestige et l'autorité de l'Etat ».
En effet, selon lui les rivalités des partis entraînent « la désaffection des citoyens à l'égard des
institutions », d'où leurs attraits plus facile pour les dictatures présentant, au départ une certaine
stabilité. Il faut alors que « nos institutions démocratiques nouvelles compensent, par elles-mêmes,
les effets de notre perpétuelle effervescence politique ».
Ce rejet se retrouve dans le discours de Debré qui montre une volonté de donner à la France de
nouvelles institutions pour garantir sa stabilité « l'unité et la force de la France ce sont dégradées
(…) nos institutions n'étaient plus adaptées(....) inadaptation aggravée par « de mauvaises mœurs
politiques ».
Aussi, la solution trouvée pour rétablir la stabilité est la mise en place d'un régime parlementaire,
régime « par défaut » voulu par Debré qui montre que ni le régime d'Assemblée ni le régime
présidentiel n'est envisageable d'où il s'ensuit qu'il ne « reste » que le régime parlementaire, non
souhaité pour tant par De Gaulle.

II)Le régime parlementaire :la solution contre les erreurs du passé

A)Un pouvoir présidentiel encadré :

La vision de Charles de Gaulle de la fonction présidentielle est fondée sur une conception arbitrale
et toute puissante de la fonction . Concrètement, cette pratique se traduisit par une accentuation du
caractère présidentialiste du régime. Il n'existait point de domaine dans lequel le Chef de l'Etat ne
pouvait intervenir.
Mais, Michel Debré, son premier chef de gouvernement, a rejeté l'idée d'un interventionnisme
présidentiel excessif dans son célèbre discours du 27 août 1958 devant le Conseil d'Etat où il
exprime sa préférence pour une lecture parlementaire du nouveau texte constitutionnel, rejoignant
au fond l'état d'esprit des principaux responsables politiques français.
Ainsi, il ressort qu'il ne veut pas d'un « super président » dans la mesure où il ne peut gouverner
seul de par la responsabilité du gouvernement devant l'assemblée nationale, élu au suffrage
universel direct. Ainsi, ne peut-il gouverner sans l'assemblée, il est politiquement irresponsable.
Cette volonté de diminuer quelque peu, par crainte de voir l'instauration d'un régime personnel, les
pouvoirs du président lesquels restent tout de même très important se trouve caractérisé par la
phrase de Debré dans son discours « Ce tableau rapidement esquissé montre que le Président de la
République, comme il se doit, n'a pas d'autre pouvoir que celui de solliciter un autre pouvoir : il
sollicite le Parlement, il sollicite le Comité constitutionnel, il sollicite le suffrage universel. Mais
cette possibilité de solliciter est fondamentale. »
Aussi, dans le même temps que l'on veut encadrer la fonction présidentiel on défend un certain
nombre de principes du parlementarisme traditionnel.

B)La défense de certains principes du parlementarisme traditionnel:

D'une part l'instauration de moyens d'actions réciproques, avec le droit de dissolution et la


responsabilité politique du Gouvernement devant le parlement donnant à la constitution, dont la
nature est discutée, un des traits principaux du régime parlementaire. Il s'agit cependant d'un
parlementarisme fortement rationalisé, c’est-à-dire cherchant à assurer la stabilité du gouvernement.
la procédure de responsabilité politique du gouvernement est limitée « la responsabilité du
Gouvernement ne signifie pas davantage qu'elle soit mise en cause d'une manière quotidienne et
illimitée ». Il faut « éviter le risque d'instabilité ».
De même, on met en avant une collaboration des organes pour que le gouvernement soit efficace,
on met en avant l'importance de voir les fonctions essentielles du pouvoir divisées pour ne pas virer
à une dictature mais que les pouvoirs bien que séparés collaborent pour « réaliser l'unité de pensée
et d'action »
En fait, on retrouve ici une des ambiguïtés de la Constitution de la Ve République :séparation des
pouvoirs et Chef de l’Etat fort au régime présidentiel mais la collaboration des pouvoirs au régime
parlementaire.
C’est pourquoi la Ve République a été qualifiée de "semi-présidentielle"

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