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LES ARMES
BIOLOGIQUES
MODERNES
BAUM Thomas
et
DOERPER Sébastien
1 INTRODUCTION.............................................................................................................. 1
2 LES AGENTS DE BIOTERRORISME DE CATEGORIE A........................................... 3
2.1 LA TOXINE BOTULIQUE....................................................................................... 3
2.2 LA VARIOLE............................................................................................................. 4
2.3 LA PESTE................................................................................................................. 4
2.4 LE CHARBON.......................................................................................................... 4
2.5 LA TULAREMIE ....................................................................................................... 4
2.6 LES FIEVRES HEMORAGIQUES VIRALES...................................................... 4
3 LES AGENTS DE BIOTERRORISME DE CATEGORIE B........................................... 4
3.1 LA RICINE ................................................................................................................ 4
3.2 LA TOXINE EPSILON............................................................................................. 4
3.3 LA BRUCELLOSE ................................................................................................... 4
3.4 LA MORVE ............................................................................................................... 4
3.5 LA PSITTACOSE (OU CHLAMYDIOSE)............................................................. 4
3.6 LA FIEVRE Q ........................................................................................................... 4
3.7 L'ENTEROTOXINE B.............................................................................................. 4
3.8 LES ENCEPHALITES VIRALES........................................................................... 4
4 LES AGENTS DE BIOTERRORISME DE CATEGORIE C........................................... 4
4.1 LE VIRUS NIPAH .................................................................................................... 4
4.2 LES HANTAVIRUS ................................................................................................. 4
5 L'AGROBIOTERRORISME ............................................................................................. 4
6 CONCLUSION .................................................................................................................. 4
1 INTRODUCTION
De tout temps, l'homme a utilisé l'arme biologique dans ses conquêtes belliqueuses.
Depuis Alexandre, qui contaminait l'eau potable des villes qu'il assiégeait avec des cadavres
d'animaux en putréfaction, jusqu'à Sir Jeffrey Amdherst, commandant des troupes
britanniques en Amérique du Nord, qui aurait suggéré d'utiliser la variole pour lutter contre la
rébellion de la population au 18ème siècle, ce qui constitue certainement la 1ère attaque
biologique consciemment avérée.
Mais c'est avec la 1ère Guerre Mondiale (inoculation par les allemands de la morve et
du charbon aux chevaux et bovins français sur le Front) et le développement industriel,
technologique et scientifique que les états vont s'intéresser véritablement à ce type d'arme
potentiellement très dangereuse.
Aujourd'hui, on peut définir une arme biologique comme étant une association de tout
agent infectieux avec un vecteur, quel qu'il soit (obus d'artillerie, bombes, missiles,
aérosols...) dans le but de nuire à d'autres personnes (d'après Michael Mates, rapport pour la
commission des sciences et des technologies de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, 1999).
Les agents infectieux utilisés sont soit des organismes vivants (bactéries, champignons, virus)
soit des toxines.
Le CDC (Center for Disease Control) a classé les agents biologiques potentiellement
utilisables dans le bioterrorisme en plusieurs catégories, en fonction du risque:
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Catégorie A : Ce sont les agents présentant un risque parce que :
* Ils peuvent être aisément disséminés ou transmis de personne à personne.
* Ils sont responsables d'une mortalité élevée et ont un impact potentiel majeur en
terme de santé publique.
* Ils pourraient être responsable de troubles de l'ordre public et de paniques.
* Ils nécessitent des actions spécifiques et une capacité de réaction adaptée.
Catégorie C : La troisième priorité en terme de risque concerne les pathogènes émergents qui
pourraient faire l'objet d'une dissémination de masse dans le future en raison de leur :
* Disponibilité.
* Facilité de production et de dissémination.
* Fort taux de morbidité, mortalité potentielle et de leur impact majeur en terme de
santé publique.
C'est cette classification que nous allons utiliser pour développer le début de notre
exposé sur quelques-uns des agents utilisés comme armes biologiques.
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2 LES AGENTS DE BIOTERRORISME DE CATEGORIE A
2.1 LA TOXINE BOTULIQUE
Le botulisme est une affection neurologique grave mais rare, causée par une toxine
(dipeptide) produite par la bactérie Clostridium botulinium. Cette toxine est la plus puissante
connue capable d'affecter les être humains, mais aussi les animaux (40 000 000 de fois plus
que le cyanure). Le botulisme est généralement dû à une toxi-infection alimentaire contractée
lors de la consommation de conserves contaminées par la toxine.
Utilisées comme arme biologique les toxines sont dispersées par aérosol, inhalées par
voie respiratoire, elles passent ensuite dans la circulation sanguine.
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Pour ce qui est du traitement, on administre par intraveineuse une antitoxine et on
réalise un traitement symptomatique (ventilation assistée pour l'insuffisance respiratoire). Une
antibiothérapie permet de prévenir une infection bactérienne secondaire. Il existe un vaccin
antibotulique uniquement réservé aux personnels exposés à la toxine (laboratoires).
Les conseils que le pharmacien est susceptible de dispenser à l'officine dans le cadre
de la santé publique est de:
* Faire bouillir les aliments mis en conserve pendant 10 min (en effet, la toxine
botulique est détruite à des températures de l'ordre de 100-120°C)
* Proscrire le miel avant l'âge de 1 an: les abeilles peuvent recueillir des spores
botuliques (provenant des fleurs ou du sol) qui ne sont pas détruites pendant la
préparation du miel. Avant 1 an, l'acidité de l'estomac des enfants n'est pas suffisante
pour détruire les spores.
2.2 LA VARIOLE
La variole (ou Smallpox) est une maladie due à un virus à ADN de la famille des
orthopoxviridae (pox virus). Elle est contagieuse mais fébrile, caractérisée par des éruptions
cutanées vésiculaires et pustuleuses qui peuvent être graves. Après une campagne de
vaccination intensive, la maladie a été déclarée éradiquée par l'OMS en 1979.
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(mains, pieds, visage) et sont extrêmement contagieux. Contrairement à la varicelle, où
l'éruption apparaît principalement sur le visage et le corps et se développe graduellement,
l'éruption de la variole se développe à la même vitesse sur toutes les parties du corps. Les
complications comprennent la pneumonie, la cécité, l'infection des articulations ou des os. La
forme hémorragique est invariablement fatale. De manière globale, la variole est fatale dans
30% des cas.
C'est la dispersion par aérosol du virus de la variole qui serait utilisée comme arme
biologique. Dans ces conditions, l'incubation de la maladie serait alors de 12 à 14 jours.
Les conseils à dispenser parle pharmacien d'officine en cas d'attaque par l'agent de la
variole sont de:
* Isoler les patients susceptibles d'être contaminés.
* Vaccination des personnes saines.
2.3 LA PESTE
La peste est une maladie causée par le bacille Gram négatif Yersinia pestis. C'est une
maladie des rongeurs (rats, marmottes) transmise aux humains par une piqûre de puce de
rongeurs infectés. Après ingestion de rongeurs infectés, le chat reste un réservoir domestique
de la peste bubonique et pulmonaire. En 2006, le pou du corps humain (Pediculus humanus) a
été confirmé comme vecteur possible. De plus, une persistance tellurique de la peste est
probable. La transmission interhumaine par inhalation au contact d'un patient présentant une
peste pulmonaire est également possible (transmission d'aérosols par la toux).
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C'est une maladie qui sévit toujours de nos jours, notamment en Afrique et en Asie.
Une des caractéristiques des épidémies de peste est leur capacité à s'éteindre pendant des
années puis de réapparaître brutalement sous forme d'épidémie. Elle est à déclaration
obligatoire à l'OMS.
En cas de bioterrorisme, c'est vraisemblablement une inoculation par aérosol qui serait
utilisée. Le développement de la pathologie surviendrait alors entre 1 et 6 jours après
l'inhalation. Par extrapolation de rares cas de peste pulmonaire primitive naturelle publiées, la
mortalité estimée est de l'ordre de 50%. Toutefois, ce chiffre est à corréler au délai de mise en
route de l'antibiothérapie. Dans l’hypothèse la plus pessimiste, il est estimé qu’un aérosol ne
reste virulent dans le milieu extérieur qu’une heure.
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recommandée pour les personnes ayant un risque d'exposition professionnelle (laboratoire de
bactériologie, vétérinaire)
Le pharmacien d'officine doit informer la population sur les conduites à tenir en cas de
suspicion de peste:
* Yersinia pestis ne sporulant pas, il n'existe pas de réservoir inerte nécessitant une
décontamination des surfaces et des locaux.
* Isoler le patient au moins 2 jours après le début de l'antibiothérapie pour la peste
bubonique.
* Isolement respiratoire pour les patients atteints de peste pulmonaire au moins 2 jours
après le début du traitement antibiotique.
* Autoclavage des vêtements en vue de l'éradication du pou humain ou des puces,
vecteurs de la maladie.
De plus, pour les personnes résidant en zone d'enzootie il convient de préciser:
* Supprimer les abris et les sources de nourriture pour les rongeurs.
* Prévenir l'accès des maisons aux rongeurs.
* Traiter les chiens et chats domestiques par insecticide.
* Ne pas rentrer en contact avec des rongeurs sauvages morts.
* Manipuler les chats malades avec précautions.
2.4 LE CHARBON
La maladie du charbon (ou anthrax dans les pays anglo-saxons) est une maladie
infectieuse causée par la bactérie Bacillus anthracis. Cette bactérie peut vivre durant des
années sous forme de spores dans le sol. C'est pourquoi elle touche principalement les
animaux herbivores. Il existe encore des foyers animaux de charbon en France, liés à un
réservoir tellurique.
C'est une maladie rare chez l'homme mais elle peut lui être transmise, notamment par
des animaux infectés. Il n'y a pas de transmission interhumaine. Chez l'homme, elle est à
déclaration obligatoire depuis 2001 en France.
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IL existe 3 formes de charbon. Pour toutes ces formes, l'incubation est courte (2 à 6
jours):
* la forme intestinale est due à l'ingestion de spores via une viande ou lait contaminé.
Il se forme un ulcère buccal ou oesophagien accompagné d'une adénomégalie régionale, d'un
œdème et d'un septis intestinal. Elle se manifeste par une fièvre, une anorexie, une diarrhée
sanglante et des vomissements. Elle est mortelle dans 25 à 60% des cas.
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météorologiques, par un avion sur deux kilomètres sur une ville de 500 000 habitants non
protégés, pourrait aller jusqu'à plus de 20 km du lieu dispersion et tuer 95 000 personnes.
En cas d'attaque terroriste, le pharmacien joue un rôle central dans les consignes à
dispenser à la population:
* L’application d’hypochlorite de soude sur une surface particulièrement contaminée
par le charbon est suffisante (javel du commerce dilué au 10ème).
* En cas d’exposition cutanée possiblement due au charbon, il est recommandé de
procéder à un lavage soigneux du corps à l’eau et au savon, ainsi qu'un lavage à la
lessive du commerce pour les vêtements. Une prophylaxie antibiotique doit être
proposée par le médecin jusqu'à confirmation microbiologique de la présence de
charbon.
2.5 LA TULAREMIE
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transmission par aérosols liée à la manipulation d'animaux infectés ou de produits
contaminées est également possible tout comme la transmission par voie digestive par
ingestion d'eau contaminée ou de viande insuffisamment cuite. Aucun cas de transmission
interhumaine n'a été décrite. En France la tularémie est une maladie à déclaration obligatoire
depuis 2002.
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Le traitement recommandé en première intention est la gentamicine, ou alors la
doxycycline en seconde intention. En cas de fistulisation du ganglion, un traitement
chirurgical est associé à l'antibiothérapie. Il n'existe actuellement pas de vaccin.
L'agent de la tularémie peut être employé comme arme biologique (par inhalation ou
ingestion), et dans ce cas précis un traitement préventif à base de doxycycline ou de
ciprofloxacine est recommandé chez l'enfant, l'adulte et la femme enceinte.
Dans un cadre préventif de santé publique concernant la tularémie, les conseils que le
pharmacien doit dispenser à l'officine sont:
* Eviter de toucher les cadavres d'animaux morts, les lièvres en particulier.
* Eviter de boire de l'eau stagnante.
* Porter des vêtements longs si randonnée en forêt.
* Utiliser des répulsifs anti insectes.
* Moustiquaires pour tentes.
* Ne pas se coucher à même le sol ou sur de la paille.
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Exemple de la fièvre de Lassa.
Cette maladie est due à un virus à ARN simple brin de la famille des Arenaviridae. IL
se transmet à l'homme via un contact direct avec des excréments de son hôte naturel: un rat
péri-domestique (Mastomys natalensis). Le virus peut alors se transmettre d’homme à homme
par contacts cutané-muqueux avec les fluides biologiques (surtout le sang) d’un patient, cette
transmission survenant le plus souvent en milieu hospitalier.
Dans l'hypothèse d'une attaque terroriste avec l'agent de la fièvre de Lassa, ou dans les
zones endémiques, les conseils dispensés par le pharmacien d'officine sont de:
* Isoler les malades.
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* Conserver des aliments dans des conditionnements résistants aux rongeurs.
* Avoir des chats pour éliminer les rongeurs.
La ricine est une toxine hydrosoluble de nature protéique produite par Ricinus
communis et Ricinus sanguineus. On en trouve dans les graines de ricin à des concentrations
variant de 1 à 10%. La ricine est 6000 fois plus toxique que le cyanure, ce qui en fait un
poison redoutable, la dose létale étant de 1 mg/kg. La ricine est un poison cellulaire qui inhibe
la synthèse protéique au niveau ribosomal. La ricine est dénaturée par chauffage pendant 10
minutes à 80°C ou une heure à 50°C.
La ricine est une arme biologique facilement utilisable, car elle peut se présenter sous
la forme d’une poudre blanche. Elle pourrait être dissoute dans l’eau de distribution sans en
modifier le goût, contaminant cette eau, ou introduite dans des aliments. Elle peut être
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dispersée par aérosol. De plus la ricine est une arme redoutable, car tous les moyens
d'exposition sont dangereux.
La toxine epsilon est une toxine de nature protéique produite par la bactérie
Clostridium perfringens. Elle augment la pression sanguine, possède une activité dermo-
nécrotique et létale. Cette toxine agit par un mécanisme particulier de formation de pores.
Pour l'heure, il n'y a pas eu d'intoxication référencée avec cette toxine, mais vu sa
dangerosité, elle pourrait être employé comme arme biologique.
3.3 LA BRUCELLOSE
La brucellose est une maladie bactérienne transmise par voie digestive via des produits
laitiers non pasteurisés provenant d'animaux contaminés (vaches, chèvres...) par un
coccobacille Gram négatif du genre Brucella ou par voie cutanéo-muqueuse via un contact
direct avec un animal contaminé. La contamination peut se faire par inhalation de poussière
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de litière, d’aérosol contaminé dans un laboratoire, un abattoir ou encore dans une étable vide
à cause de la transhumance par exemple.
Certaines professions étant particulièrement exposées tels agriculteurs, éleveurs,
vétérinaires et personnel d’abattoir, il s’agit d’une maladie professionnelle à déclaration
obligatoire en France.
Après pénétration dans l'organisme, les bactéries gagnent par voie lymphatique le
premier relais ganglionnaire. Elles se multiplient et disséminent dans tout l'organisme par voie
lymphatique et sanguine. On distingue 3 phases dans la maladie:
* Primo-invasion aiguë (brucellose aiguë septicémique ou fièvre sudoro-algique):
syndrome grippal associée à des myalgies s’accompagnant de sensations de malaise.
* Phase secondaire (brucellose sub-aiguë focalisée) avec constitution de foyers isolés
ou multiples au niveau ostéo-articulaire, hépatosplénique, ou cardiaque.
* Phase tertiaire (brucellose chronique ou état afocal): sueurs avec bon état général:
c’est la " patraquerie brucellienne ".
Il s'agit plus d'une infection incapacitante que létale, car la mortalité est faible (< 5%),
même en l’absence de traitement. Il y a donc peu de chance que l'agent de la brucellose soit
utilisé comme arme biologique.
Dans un cadre préventif de santé publique concernant la brucellose, les conseils que le
pharmacien doit dispenser à l'officine sont:
* La pasteurisation du lait,
* Le port de gants (en milieu rural et vétérinaire)
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3.4 LA MORVE
La morve est une maladie infectieuse causée par la bactérie Burkholderia mallei. Elle
affecte principalement les chevaux. L'infection de l'homme se produit rarement et de façon
sporadique chez les travailleurs de laboratoire et ceux qui sont en contact direct et prolongé
avec des animaux infectés. La transmission interhumaine est peu probable.
Les principales voies de contamination sont la voie cutanée via une lésion, la voie
respiratoire (via un aérosol) ou la voie oculaire. Les types d'infection peuvent se présenter
sous la forme d'une infection localisée, d'une infection pulmonaire, d'une infection
septicémique et d'une infection chronique. L'incubation de la maladie est généralement de 10
à 14 jours. Les symptômes généralisés de la morve comprennent la fièvre, les douleurs
musculaires, les douleurs de la poitrine, la raideur musculaire et les céphalées. Si la bactérie
est entrée par une lésion cutanée, il peut s'ensuivre un ulcère dans les 5 jours après l'infection.
Une infection pulmonaire peut survenir, et les septicémies entraînent généralement la mort en
7 à 10 jours. La forme chronique de la morve est caractérisée par la formation d'abcès
multiples dans les muscles des bras et des jambes ou dans la rate ou le foie.
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excréments. Les personnes étant en contact de ces excréments peuvent à leur tour être
infectées par la bactérie. La transmission interhumaine de la maladie est rare.
3.6 LA FIEVRE Q
La fièvre Q est une zoonose, transmissible de l'animal à l'homme. Elle est due à la
bactérie à Gram négatif intracellulaire Coxiella burnetii. Les bovins, les moutons et les
chèvres peuvent porter la bactérie dans les tissus de leur appareil reproducteur: l'utérus, le
placenta et les liquides produits lors de la mise bas. Les animaux infectés éliminent également
la bactérie dans leur lait et leurs excréments.
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Le mode de contamination le plus fréquent est l'inhalation de la bactérie sous forme
d'aérosol, qui est très infectieuse: une inhalation de seulement une bactérie provoque
l'infection. La contamination peut avoir lieu par voie digestive, après ingestion de lait
contaminé. La transmission par tique a été décrite mais reste exceptionnelle. La transmission
interhumaine est inexistante.
Dans un cadre préventif de santé publique, le pharmacien doit alerter la population sur
les risques encourus de contamination par Coxiella burnetii:
* Lorsque les animaux mettent bas.
* Durant le traitement des tissus infectés provenant des animaux abattus.
* Lors de la traite ou durant la transformation du lait.
* Durant des interventions chirurgicales chez des animaux.
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3.7 L'ENTEROTOXINE B
Le mode de contamination dans le cadre d'une attaque bioterroriste peut être double.
L'entérotoxine B pourrait être dispersée sous forme d'aérosol, la toxine étant alors inhalée.
Elle pourrait aussi être utilisée pour contaminer des aliments ou un réservoir d’eau de
distribution de faible volume.
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Le rôle du pharmacien en cas de suspicion d'une intoxication à l'entérotoxine B est de:
* Inactiver la toxine avec de l'eau de javel à 0,5 %.
* Détruire les aliments suspectés.
* Faire une déclaration précoce aux autorités sanitaires.
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Toutefois, le 15 octobre 2007 le laboratoire Biken a arrêté la production et de ce fait la
commercialisation du vaccin Jevax®.
Le virus NIPAH est un virus de la famille des Paramyxoviridae. Cette famille de virus
est capable d'infecter un large type d'hôte et de provoquer une maladie entraînant une forte
mortalité chez l'homme. C'est pour ça que cette infection virale émergente est préoccupante
du point de vue de la santé publique. L'hôte naturel du virus est une chauve-souris frugivore
(du genre Pteropus) des Philippines, d'Indonésie, d'Australie et de Malaisie. On ignore
actuellement comment le virus est transmis aux autres animaux avec certitude (des hypothèses
semblent se diriger vers un contact direct avec les fluides corporels d'un animal infecté). Le
porc est aussi suspecté d'être vecteur (on a retrouvé des Ac anti-Nipah chez certains porcs).
L'homme est contaminé via un contact avec des fluides ou déjections d'animaux contaminés
(porcs ou chauves-souris). Mais la transmission est difficile et on ne peut pas exclure d'autres
sources animales (chat, chien...). Aucune transmission interhumaine n'a été décrite.
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Il n'y a à l'heure actuelle aucun traitement contre cette maladie. La ribavirine pourrait
réduire la durée de la maladie et améliorer la survie. Rien n'est moins sûr. Elle a toutefois
montré de bons effets in vitro. Il est donc important que le personnel travaillant sur ce type de
virus prenne toutes les précautions nécessaires.
Le rôle du pharmacien d'officine est de sensibiliser les personnes se rendant dans les
pays endémiques, en insistant sur la nécessité d'éviter tout contact avec un hôte potentiel du
virus (chauve souris, porcs).
SOURCES: Public Health Agency of Canada, OMS, INSERM, Center for Diseases Control
and Prevention, Canadian Food Inspection Agency.
Les hantavirus sont des virus de la famille des Bunyaviridae qui provoquent des infections
chez différentes espèces de rongeurs. On connaît actuellement plusieurs sérotypes
correspondant à des espèces de rongeurs différentes et provoquant une symptomatologie
spécifique. En Europe occidentale le sérotype habituellement retrouvé est le sérotype
Puumala, transmis à l'homme principalement par le campagnol roussâtre. Il provoque une
fièvre hémorragique avec un syndrome rénal (FHSR) ou une néphropathie épidémique. Il peut
aussi provoquer ce que l'on appelle le syndrome pulmonaire dû aux hantavirus (SPH).
L’homme se contamine par voie respiratoire en inhalant le virus présent dans les excrétas des
rongeurs. Malgré quelques cas de transmissions interhumaines signalés en Argentine, ce
mode de transmission reste extrêmement rare.
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* le SPH: il est caractérisé par de la fièvre, des myalgies, de la diarrhée et d'un accès
soudain de détresse respiratoire et hypotension. Le taux de mortalité est d'environ 40 à
50%.
SOURCES: Center for Diseases Control and Prevention, INVS, Ministère de la Santé, Public
Health Agency of Canada.
5 L'AGROBIOTERRORISME
En regardant les révoltes de part le monde concernant le manque de nourriture ou
l'augmentation de son prix, aujourd'hui plus que hier l'agriculture est un domaine fondamental
pour la prospérité et la sécurité des états. En effet, les cultures, le bétail et les réserves
alimentaires d'une nation sont des cibles potentielles, stratégiques et vulnérables d'une attaque
par des agents biologiques.
Etant donné que la plupart des maladies qui s'attaquent aux plantes et aux animaux ne
touchent pas les humains, les terroristes limiteraient ainsi les risques liés à la manipulation
d'armes biologiques.
Les armes biologiques utilisées pour l'agrobioterrorisme sont aussi diverses que
variées. Il faudrait bien plus qu'un rapport pour les lister et les décrire. Nous pouvons citer en
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exemple les spores de la rouille des céréales, les agents défoliants, le virus Rinderpest, la
fièvre porcine africaine, la variole ovine, la fièvre catarrhale du mouton, le charbon du blé…
6 CONCLUSION
Nous avons vu grâce à ce rapport une liste d'agents non exhaustifs pouvant être utilisés
à des fins de bioterrorisme. Bien évidemment de tels agents ne peuvent pas provoquer des
pertes humaines considérables, mais sont capables d'instaurer une psychose, et donc de
bloquer toutes les logistiques d'un pays (transport, santé, alimentation…).
Les agents incriminés dans le bioterrorisme sont des virus, bactéries ou toxines
généralement labiles. Leurs actions étant rapidement décelables dans le temps, on peut donc
intervenir, traiter, et mettre en quarantaine dans un laps de temps assez court la partie de la
population infectée. L'objectif d'une attaque bioterroriste est bien de provoquer la terreur et
non pas de tuer le maximum de personnes. Toutefois, une autre forme de terrorisme qui n'a
pas encore vu le jour, mais dont il faut tout de même se préoccuper, est l'extermination de
masse. C'est possible, mais avec de nouveaux agents que l'on n'a pas l'habitude de côtoyer: les
prions. Imaginez une contamination de l'eau ou d'aliment avec la protéine PRPSc dont les
premiers effets ne seraient décelables qu'au bout de plusieurs mois, voire plusieurs années.
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