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1
Introduction
Ce chapitre sera centré d’abord sur une brève revue de la littérature et une
analyse brève de la situation macroéconomique, ensuite sur la modélisation
de l’efficacité relative des politiques monétaire et budgétaire et enfin sur les
analyses des résultats des modèles.
3
I°) - Revue de la littérature
Les économistes ne répondent pas de la même manière à l’explication de
l’efficacité relative des politiques monétaire et budgétaire. Cet état de fait a
suscité l’émergence de nombreux tests effectués sur la question, de
nombreuses discussions et des points de vue souvent tumultueux. Selon la
manière dont ils y répondent, certaines explications ont un soubassement
théorique et d’autres empiriques.
Les questions relatives aux politiques monétaire et budgétaire sont perçues
comme étant « un champ de bataille entre les avocats de l’offre et ceux de la
demande, entre tenants des politiques structurelles et partisans des
politiques contra-cycliques, entre chevaliers de la libéralisation et défenseurs
des services publics, entre ceux qui évaluent une politique à l’aune de ses
effets sur la croissance à moyen terme et ceux qui mettent l’accent sur ses
effets immédiats sur la répartition du revenu, etc. »1 Elles sont susceptibles
d’apporter des réponses aux problèmes entre autres de chocs exogènes
(hausse du prix du pétrole, évolution des cours des matières premières,
fluctuation du dollar, accident naturel, conflit des pays voisins), de faiblesse
de la croissance, d’importance du chômage, de déficit de la balance des
paiements, du coût de l’inflation, et de contrainte de l’endettement public.
L’analyse de ces problèmes demeure la cible des politiques monétaire et
budgétaire. Celles-ci ont fait l’objet de nombreuses controverses dans la
littérature économique. Ainsi, la recherche du meilleur arbitrage, constitue le
point de départ de l’analyse positive des représentations de l’économie qui
engendre une controverse traditionnelle entre politiques d’offre (qui visent à
favoriser l’offre de biens et de services, par exemple par une fiscalité légère) et
politiques de demande (qui s’attachent à réguler la demande de biens et de
services, en particulier, au moyen de la politique budgétaire et de la politique
monétaire)2.
1 Agnès Bénassy-QUERE et al. « Politique Economique », De Boeck & Larcier s.a, 2004,
Bruxelles, p. 40.
2 Idem, p. 42.
4
La critique de John Maynard Keynes à l’endroit des politiques
monétaire et budgétaire néo-classiques a marqué un tournant décisif dans la
littérature théorique. Elle s’est surtout située selon Keynes dans la
méconnaissance par les néo-classique du rôle de la demande globale.
3 Catherine MILLS, « Economie Politique », 2ème édition, Montchrestien, Paris, 1997, p. 214.
4 Robert Lucas de l’Université de Chicago est le chef de file. Il ya d’autres théoriciens comme
T. Sargent, N. Wallace, E. Prescott et R. Barro.
5
connaissent parfaitement le fonctionnement de l’économie, en particulier les
effets des décisions des politiques monétaire et budgétaire. Ainsi, seules des
actions surprises pourraient avoir des effets efficaces escomptés sur l’activité
économique. Cette école de pensée postule que la politique budgétaire ne
doit pas être utilisée à des fins de stabilisation. Elle estime la restauration de
l’équilibre budgétaire dans le but de réduire le ratio de la dette publique sur
le PIB. Néanmoins, Robert Barro, à travers les théories récentes de la
croissance endogène, considère que la politique budgétaire discrétionnaire
est efficace à la production, du fait, qu’elle permet de propulser la
croissance. Cette vision Barro est corroborée par de nombreux modèles
macroéconomiques qui soulignent le caractère exogène des dépenses
publiques et postulent qu’elles sont susceptibles d’influencer la croissance.
Celle-ci induit à son tour un accroissement des recettes publiques et donc de
la dépense publique facteur de croissance. Cette thèse a été approfondie par
Anderson et Jordan (1968) qui soutiennent que les dépenses publiques
peuvent stimuler la croissance de la production ou atténuer les cycles
d’activité mais elles requièrent une modification de la politique monétaire.
Cette vision s’oppose à celle développée par diverses études sur la littérature
des finances publiques Wagner (1890), Friedman et Meiselman (1963).
Autrement dit, les dépenses publiques n’ont pas d’incidence sur la
croissance de la production. Ces auteurs ont tenté de justifier l’inefficacité
des dépenses publiques à accroître la croissance économique mais l’effet
inverse est établi au sens de Granger selon Wagner.
6
théories monétaristes s’appuient sur la théorie quantitative de la monnaie
pour établir une relation causale entre inflation et émission monétaire et sur
les effets d’éviction pour souligner l’inefficacité de la politique budgétaire.
8
également le résultat de Andersen et Jordan. Ces études soutiennent que la
politique budgétaire est plus efficace que la politique monétaire. Darrat
(1984) et Chowdhury (1986), se lancent dans la même perspective d’étude de
l’estimation de la version modifiée de l’équation de St-Louis pour obtenir le
même résultat en se focalisant sur un échantillon de pays d’Amérique Latine
pour tester l’efficacité relative de ces politiques. Ainsi, Chowdhury (1988) ré-
applique l’estimation de la version modifiée de l’équation de St. Louis pour
étudier six pays Européens (Autriche, Belgique, Danemark, Hollande,
Norvège et Suède). Il ressort de son étude que la politique monétaire était
efficace dans trois pays (Danemark, Norvège et Suède) alors que la politique
budgétaire était juste efficace en Belgique et en Hollande. Les résultats pour
l’Autriche n’ont pas été satisfaisants.
Par ailleurs, les résultats obtenus par Betten et Hafer (1983) sont
mitigés du fait qu’ils soutiennent que parmi les six pays industrialisés
9
étudiés (Allemagne, Canada, Etats Unis, France, Japon et Royaume Uni), la
politique monétaire est efficace dans tous les pays étudiés, alors que la
politique budgétaire n’était efficace qu’en France et au Royaume Uni.
7Solomane KONE, 2000, « L’impact des politiques monétaire et budgétaire sur la croissance
économique dans les pays de l’UEMOA », BCEAO, (509), décembre.
8 Kako Kossivi NUBUKPO, « L’impact de la variation des taux d’intérêt directeurs de la BCEAO
sur l’inflation et la croissance dans l’UMOA, Notes d’Information et Statistiques de la BCEAO,
juin 2002, N°526.
10
Dans la zone UEMOA, très peu d’études ont été consacrées jusqu’à présent à
l’efficacité relative des politiques monétaire et budgétaire. Les études qui
existent présentent de nombreuses insuffisances parmi lesquelles, nous
pouvons citer :
- La non prise en compte de l’évaluation de la relation dynamique des
effets de court et de long terme des variables de politiques monétaire et
budgétaire sur la croissance économique et le calcul des stabilisateurs
automatiques au niveau des modèles à correction d’erreur, d’une
approche générale des modèles vectoriels autorégressifs (VAR) et d’une
approche au sens de Granger de la relation de causalité entre les
différentes variables.
- La non prise en compte des modèles à tendances stochastiques
communes qui nous renseignent sur les effets permanents et
transitoires des politiques.
En revanche, notre réflexion sur l’efficacité relative des politiques monétaire
et budgétaire propose de combler ces lacunes en intégrant aux modèles VAR
les modèles à correction d’erreur par une analyse dynamique de la relation
de causalité des variables afin de déduire de notre étude une justification
bien fondée de laquelle de ces deux politiques est la plus efficace.
11
II°) - Analyse du cadre macroéconomique au Sénégal
Depuis la période coloniale, la situation macroéconomique du Sénégal a été
marquée par de nombreux déséquilibres. Ils sont surtout liés aux
fluctuations conjoncturelles et aux rigidités structurelles de son économie.
Un survol du cadre macroéconomique des trois décennies dénote une
vulnérabilité de l’économie sénégalaise. La décennie 1970-1980 fut marquée
par des perturbations majeures telles la sécheresse des années 70, 72, 73 et
le choc pétrolier de 73, qui bouleversèrent les équilibres macroéconomiques.
L’amélioration de l’environnement conjoncturel entre 1974 et 1975 permit
un redressement de l’économie qui eut des répercussions positives sur la
demande globale du fait de la hausse du pouvoir d’achat. Une hausse de
cette dernière face à une rigidité de l’offre globale alliée à une baisse des prix
des produits de base provoqua un déséquilibre accentué avec un taux de
croissance de 2,3 %. En effet, ce déséquilibre est dû entre autre, par un
tassement de la croissance, un déficit de la balance commerciale, des
finances publiques et des paiements. Cet environnement délétère est à
l’origine des politiques d’ajustement structurel plus précisément, le
programme de stabilisation à court terme entre 1979-1980 mis en place par
les Institutions de Bretton Woods (FMI et Banque Mondiale) en vue de
juguler les erreurs de gestions des finances publiques et les déficits. D’autres
programmes et plans virent le jour durant toute la décennie 1980-1990 et au
début de celle 1990-2000. Il s’agit du plan de redressement économique et
financier (1980-1985) et du programme d’ajustement structurel à moyen et
long terme (1985-1993). Plus globalement, l'Etat sénégalais cherche à
travers ces plans-programmes successifs, à améliorer la gestion macro-
économique dans le cadre de la mise en œuvre d'une politique ordonnée
d'ajustement concerté et soutenu (Noula A. G. (1994)). Toute cette batterie de
mesure proposée par ces institutions durant cette période n’a pas pu
relancer le taux de croissance économique moyen qui avoisinait 2,3% et
résoudre certaines difficultés. A ce propos, Olivier Bain (2001) affirme que
« ces mesures ont moins conduit à une restauration des équilibres extérieurs
comme cela était espéré qu'à un très fort développement des échanges
informels ». Il s’en suivit la dévaluation en 1994 qui a toucha de plein fouet
12
les principales variables macroéconomiques et les fondements de la société à
tel enseigne que « la majorité de la population n’a pas eu les moyens de se
prémunir contre la taxe inflationniste immédiate, et la confiance dans la
monnaie s’en est trouvée amoindrie »9 Cependant, la période post-
dévaluation est marquée par la mise en place de nouvelles politiques
d’ajustement et de réformes économiques visant à stabiliser les principales
variables macroéconomiques, à une gestion rigoureuse des finances
publiques et une suppression des politiques nationales protectionnistes
susceptibles d’entraver les échanges commerciaux. Ainsi, ces programmes
ont, d’une part, mis en place des conditions appropriées, d’une croissance
économique plus soutenue de l’ordre de 4,4 % et d’une inflation maîtrisée
(32,1% en 1994 contre 8,1% en 1995, 2,8% en 1996, 1,8% en 1997). D’autre
part, ils ont augmenté la vulnérabilité de l’économie aux multiples chocs
exogènes liés à l’environnement extérieur. Les répercussions de ces derniers
sur les objectifs des programmes d’ajustement post-dévaluation ont donné
des résultats mitigés. Au demeurant, il convient de noter que le cadre
macroéconomique du Sénégal reste tributaire des fluctuations
conjoncturelles internationales qui lui ôtent toute son autonomie. De ce fait,
une brève description des politiques monétaire et budgétaire s’avère
nécessaire dans le but d’entrevoir les marges de manœuvre de ces politiques
pour piloter à bien les multiples réformes envisagées liées à la stabilité des
politiques macroéconomiques.
La politique monétaire menée au Sénégal est assurée par l’UEMOA10 dont il
est membre parmi les huit autres. Elle se donne comme objectifs « la
sauvegarde de la monnaie commune et de pourvoir au financement de
l’activité et du développement économique »11 mais aussi de promouvoir « la
convergence des performances et des politiques économiques des Etats
10La zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) est caractérisée par
une monnaie commune, le franc, regroupant ainsi huit pays membres : le Sénégal, le Burkina
Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau (depuis 1997), le Mali, le Niger, le Bénin et le Togo.
13
membres »12. Ainsi, la crédibilité de l’UEMOA repose fondamentalement sur
la convergence des performances économiques des pays membres. Une
absence de celle-ci pourrait ipso facto générer des coûts liés surtout à la
« difficulté de mener une politique monétaire profitant à tous dans le cas d’un
ancrage profond des disparités économiques »13. L’ultime objectif du pacte de
convergence et de stabilité de la zone franc aspire au respect strict des
critères pour l’ensemble des pays membres. Cet objectif demeure le
soubassement de l’efficacité relative et de la crédibilité des politiques
monétaire et budgétaire au sein de la zone monétaire. La convergence de ces
politiques dans l’UEMOA a le mérite d’alléger les multiples chocs
asymétriques entre les membres. La théorie de la zone monétaire optimale de
Mundell (1961), McKinnon (1963) et de Kenen (1969) demeurant le
soubassement pour l’intégration dans une zone monétaire, stipule une
nécessité pour les pays membres d’avoir une corrélation significative de leurs
cycles économiques. Une synchronisation de ceux-ci est bénéfique pour
l’UEMOA. Les nouvelles réformes entreprises par la BCEAO en 2008 visent
essentiellement la stabilité des prix en promouvant la stabilité
macroéconomique et le développement des pays membres (BCEAO, 2008)14.
Ces réformes demeurent soumises au rôle crucial des différents
déterminants de l’efficacité relative de la politique monétaire qui sont entre
autres les taux d’intérêt directeurs, le taux de marché monétaire, le taux
d’inflation et les agrégats monétaires. Beaucoup d’études se sont focalisées
sur un de ces déterminants dans divers pays pour tenter de mesurer le degré
d’efficacité de la politique monétaire. L’étude de (Nubukpo, 2002, 2003)
analyse l’influence des taux directeurs et du taux du marché monétaire sur
l’activité économique. Il ressort de son étude que la politique des taux
directeurs n’influe pas sur la croissance économique au Sénégal, au Bénin,
14
au Niger et au Burkina Faso. Le taux du marché monétaire, par contre, est
susceptible d’avoir des impacts significatifs sur l’activité économique.
La politique budgétaire par contre, demeure le seul véritable levier dont
dispose le gouvernement du Sénégal pour influencer l’activité économique.
Ainsi, l’évaluation de la crédibilité d’une bonne gestion budgétaire est
soumise au respect des critères de convergence15 relatifs à la politique
budgétaire. Ces derniers se donnent comme objectif « d’assurer la viabilité
économique de l’union à travers un exercice de surveillance multilatérale »
(Dufrénot et al. [2007], p. 31.). Le Sénégal est le seul parmi les huit pays
membres à respecter sept critères sur huit16. Le respect de ces critères n’est
pas synonyme d’efficacité et de bonne gestion budgétaire. La forte
dépendance de l’économie à l’aide extérieure combinée à d’autres facteurs
liés à une mauvaise allocation des dépenses publiques vers les secteurs
productifs, à l’insuffisance des recettes fiscales limitent la capacité de
financement, voire l’efficacité relative des variables budgétaires sur l’activité
économique. Les principaux déterminants de la politique budgétaire
susceptibles d’influencer l’activité économique sont les recettes totales, les
dépenses totales et les déficits (primaire, conventionnel, opérationnel).
III°) - Une modélisation macroéconomique de l’efficacité relative des
politiques monétaire et budgétaire
1°) – Analyse de la stationnarité des variables
L’étude de la stationnarité des quatre variables montre qu’elles semblent
exhiber une tendance commune à la hausse sur l’ensemble de la période.
Ces séries paraissent non stationnaires et, du fait de leur apparente
évolution similaire, il est légitime de s’intéresser à leur ordre d’intégration. A
cette fin, nous appliquons les tests de Dickey Fuller Augmenté sur les séries
LPIB, LMO, LDEP, LREC et LIPC.
16Cf. Dufrénot et al. (2007) pour de plus amples informations sur l’évolution des performances
en matière de convergence dans l’UEMOA.
15
2°) – Détermination des conditions de stationnarité
L’étude du processus stochastique Yt représentatif des variables
macroéconomiques nécessite l’analyse de la stationnarité. Celle-ci est
soumise aux conditions ci-après :
p
(1) ∆Yt = ρYt - 1 - ∑ φ ∆Y j t - j+1 + εt où ρ = (φ − 1)(1 − θ 1 − ... − θp − 1) et
j= 2
LPIBt
LMOt
Yt = LDEPt
LREC t
LIPCt
16
H1 : φ < 1 (Non Racine Unitaire (stationnaire))
Tableau : Tests de racine unitaire sur LPIB, LMO, LDEP, LREC et LIPC
Test en niveau
Test en DP
17
Les résultats figurant dans le tableau ci-dessus indiquent que les séries en
différence première (D(LPIB), D(LMO), D(LDEP), D(LIPC)) sont stationnaires
et intégrée d’ordre 1, ce qui implique que l’hypothèse H0 est rejetée. En effet,
la valeur estimée de la statistique ADF est inférieure à la valeur critique au
seuil de 5% ou encore la valeur de Prob (0,0000) est inférieure à 5%.
18
4°) – Test de cointégration
Le terme cointégration a été introduit par Granger en 1981. Le test de
cointégration permet de vérifier les relations d’équilibre à long terme qui
existent entre les variables LPIB, LMO, LDEP, LREC et LIPC. La présence
d’une relation d’équilibre entre ces variables est testée formellement à l’aide
de procédures statistiques, dont les plus utilisées sont celles d’Engle et
Granger (1987) et de Johansen (1988, 1991).
′
Le vecteur α = (α 1 , α 2 , α 3 , α 4 ) est appelé le vecteur de cointégration. Ce test est
basé sur deux étapes. La première est une estimation par la méthode des
moindres carrés ordinaires du modèle de long terme. La deuxième est un
test ADF sur le résidu ε t .
19
• Etape 1 : Estimation par la méthode des moindres carrés ordinaires du
modèle de long terme.
Les résultats de l’estimation de la relation de long terme (2) sont présentés
comme suit :
condition pour que la relation de cointégration soit acceptée. Elle sera testée
à l’aide du test de Dickey-Fuller Augmenté sous les hypothèses suivantes :
20
L’équation du résidu ε t représentée comme suit :
est acceptée. Nous en déduisons qu’il existe une relation d’équilibre à long
terme entre le produit intérieur brut, la masse monétaire, les dépenses
totales, les recettes totales et l’indice des prix à la consommation. Ces
variables génèrent des processus de type DS (Differency Stationnary) qui
impliquent qu’un choc à un instant donné se répercute à l’infini sur les
valeurs futures des séries ; l’effet des chocs est donc permanent.
21
Tableau : Test de la Trace
18Pierre-Yves HENIN, « L’impact à long terme des chocs de demande », Revue économique,
Vol. 45, N°3, p.886. Pierre-Yves HENIN souligne sur cet article que « si un ensemble de n
variables non stationnaires admet k (k<n) relations de cointégration, alors on ne peut
identifier que (n-k) impulsions persistantes et les k autres sources d’aléas n’exercent
nécessairement qu’un effet transitoire. »
22
4-3°) – Modèle à correction d’erreur
L’utilisation du modèle à correction d’erreur permet de ressortir la relation
commune de cointégration (la tendance commune) et d’en déduire les
interactions entre les variables19. Nous nous proposons d’estimer le modèle à
correction d’erreur conformément à la représentation du modèle de Hendry20
suivant par la méthode des moindres carrés en une seule étape :
− β6 − β7 − β8 − β9
Les élasticités de long terme sont : , , , et
β5 β5 β5 β5
20Les modèles à correction d’erreur ont été introduits par Hendry au début des années 80. Ils
ont le mérite de faire ressortir les dynamiques de court et de long terme des variables.
23
Tableau : Estimation MCO du modèle ECM
24
dégradent21. Ils permettent d’ajuster 16% du déséquilibre entre le niveau
désiré et effectif du produit intérieur brut. Ce pourcentage de 16% est trop
faible pour stabiliser les fluctuations de l’économie sénégalaise. En cas de
chocs sur les variables macroéconomiques, le processus de stabilisation
perdure et tend vers le long terme. Ce qui explique la volatilité des
principaux agrégats macroéconomiques.
21 Joseph E. Stiglitz et al., « Principes d’économie moderne », 3ème édition, De Boeck & Larcier
s.a., Bruxelles, 2007, p. 683.
25
naturelle (Dufrénot et al., 2007)22. Ce faible impact positif des
dépenses totales sur l’activité économique est surtout imputable à
l’augmentation des dépenses de consommation finale des ménages.
Les dépenses publiques n’ont aucune incidence positive sur
l’activité économique du fait de leur caractère improductif. A ce
propos, Dufrénot et al. (2007)23 souligne dans leur ouvrage que la
réduction de certaines dépenses courantes surtout liées aux
salaires, permet une meilleure allocation des recettes vers les
dépenses ayant un impact plus soutenu sur l’activité économique
(dépenses d’infrastructures, dépenses sociales).
L’élasticité de court terme du produit intérieur brut par rapport aux
recettes totales est β 3 = 0,387308, ceci implique qu’à court terme, si les
22DUFRENOT, G . et al. « Politique budgétaire et dette dans les pays de l’UEMOA », Ed.
Economica, 2007, p. 64.
23 Idem, p. 81.
26
• Elasticités de long terme
Les élasticités de long terme sont interprétées de la manière qui suit :
25L’étude de Solomane KONE porte sur l’impact des politiques monétaire et budgétaire sur la
croissance économique dans les pays de l’UEMOA. Il soutient dans cet article que la
politique monétaire influence positivement la croissance économique au sein de l’UEMOA.
26 Op. cit. p.
27
intérieur brut augmente de 4,65%. Les effets des recettes sur la
croissance économique augmentent sensiblement sur le long terme.
L’élasticité de long terme du produit intérieur brut par rapport à
− β9 − 0,008058
l’indice des prix à la consommation est =− = −0,05108 ,
β5 − 157743
ceci implique qu’à long terme, si l’indice des prix à la consommation
augmente de 10%, alors le produit intérieur brut diminue de 0,51%.
Nous en déduisons qu’une augmentation de l’inflation semble avoir
des effets néfastes sur la croissance du produit à long terme. Cet état
de fait peut être justifié par un accroissement des taux d’intérêts.
L’analyse des élasticités de court et de long terme montre que les effets des
politiques monétaire et budgétaire influencent positivement la croissance
économique. La composante des recettes au niveau de la politique
budgétaire explique les répercussions positives de celle-ci sur l’activité
économique.
4-5°) – Test ARCH
28
L’hypothèse H0 est acceptée, la probabilité est supérieure à 5%, ce qui
implique que les erreurs du modèle à correction d’erreur ne sont pas
corrélées, il ya absence d’autocorrélation des erreurs. Les estimateurs
obtenues par les moindres carrés ordinaires sont optimales. Le modèle est
un bruit blanc.
t-Statistic Prob.*
29
5°) – Analyse de l’efficacité relative des politiques monétaire et
budgétaire par la méthodologie VAR
Les modèles Vector AutoRegressive (VAR) stationnaires ont été introduits par
Sims (1980) « comme réponse à la critique des méthodes d’identification
généralement utilisées dans les modèles économétriques traditionnels »
(Hairault [1995], p.89). La modélisation de ces modèles VAR consistera dans
le cadre de cette analyse à modéliser les interactions existantes entre les
variables stationnarisées par différence première, à partir de leur passé et de
celui des autres variables. Autrement dit, elle « permet de résumer les
corrélations entre les variables sans préjuger de la forme des liens entre
celles-ci » (Garcia et Verdelhan (2001)27. Ces modèles sont utilisés pour
analyser l’efficacité et la dynamique générale des variables de politiques
monétaire et budgétaire. Ils fournissent une méthode commode d’analyse de
l’impact d’une variable donnée sur elle-même et sur les autres variables en
utilisant des instruments d’analyse portant sur les tests de causalité, la
décomposition de la variance de l’erreur de prévision et les réponses
impulsionnelles qui constituent le soubassement de l’étude de l’efficacité de
ces politiques (Ansari, 1997). Ils permettent également d’analyser les
intéractions des variables entre elles en faisant abstraction aux contraintes
liées à la structure théorique. Cet état de fait explique les nombreuses
critiques qui lui ont été adressées. Certains auteurs comme Garcia et
Verdelhan (2001)28 soutiennent en outre qu’ils sont incapables de détecter
les chocs entre les variables du fait de la forte corrélation des résidus de
l’estimation. D’autres, notamment Wickens et Motto (2001)29 démontrent le
contraire, en affirmant que la présence de relations de cointégration entre
les variables endogènes et exogènes justifie qu’il est bien possible d’identifier
les chocs en faisant abstraction aux restrictions liées à la matrice de
28 Idem, p. 26.
29WICKENS, M. et MOTTO, R., “Estimating shocks and impulse response functions”, Journal of
Applied Econometrics, 2001, pp. 371 - 387.
30
covariance des résidus ou la dynamique de court terme. Cette étude a la
particularité d’utiliser de s’inspirer de l’approche developpée par Wickens et
Motto (2001) sur les modèles Vector AutoRegressive (VAR) cointégrés pour
analyser l’efficacité relative des politiques monétaire et budgétaire. Pour ce
faire, nous chercherons à modéliser, sous la forme VAR standard, le produit
intérieur brut, la masse monétaire, les dépenses totales, les recettes totales
et l’indice des prix à la consommation puis nous allons tester l’hypothèse de
causalité à la Granger des variables avant d’analyser les simulations des
chocs.
5-1°) – Détermination du nombre de décalages optimal ( p̂ )
2 pn 2
AIC (Akaike Information Criterion)= Log [det ∑( p )] +
T
Log (T ) 2
SC (Schwarz Criterion)= Log [det ∑( p )] + pn
T
1 -21,31844 -20,48517
2 -20,10506 -19.26620
3 -20,60024 -19,75569
4 -23,78275* -22,93244*
31
5-2°) – Ecriture du modèle VAR(4)
′
Soit Yt = (LPIBt , LMOt , LDEPt , LREC t , LIPC t ) le vecteur de dimensions (5 × 1) ,
composé des variables stationnaires en différence première. La modélisation
de ce vecteur sous la forme d’un processus VAR(1) non restreint peut être
représentée pour chacune des variables comme suit :
φ15 LPIBt −i ε t
1
LPIBt C10 φ11 φ12 φ13 φ14
LMOt C 20 φ 21 φ 22 φ 23 φ 24 φ 25 LMOt −i ε t
2
LDEP = C + φ
φ 32 φ 33 φ 34 φ 35 LDEPt −i + ε t3 (5)
t 30 31
LREC t C 40 φ 41 φ 42 φ 43 φ 44 φ 45 LREC t −i ε t4
LIPC t C 50 φ 51 φ 52 φ 53 φ 54 φ 55 LIPC t −i ε t5
Avec
LPIBt C10
LMOt C 20
Yt = LDEPt ; Γ0 = C 30 est un vecteur de constante de dimension (5 × 1) ;
LREC t C 40
LIPC t C 50
φ11 φ12 φ13 φ14 φ15
φ 21 φ 22 φ 23 φ 24 φ 25
Γ1 = φ 31 φ 32 φ 33 φ 34 φ 35 est une matrice de dimensions (5 × 5) ; i = 1 …4
φ 41 φ 42 φ 43 φ 44 φ 45
φ 51 φ 52 φ 53 φ 54 φ 55
E (ε t ) = 0 ; E (ε t ε t′ ) = ∑
′
ε t = (ε t1 , ε t2 , ε t3 , ε t4 , ε t5 ) le vecteur des chocs structurels ou des perturbations de
dimensions (5 × 1) , ε t ≈ iidN (0, ∑ ) où ∑ est une matrice diagonale. Ces
perturbations qui sont sources de fluctuations, constituent les chocs
contemporains affectant l’économie sénégalaise. Elles déterminent le rythme
et l’intensité des variables des politiques monétaire et budgétaire. Nous
admettons que celles-ci proviennent des impulsions d’offre ou de demande.
Les premières connues sous le nom de chocs exogènes, représentent les
fluctuations du prix du baril du pétrole ou des matières premières, les
32
fluctuations du dollar, les accidents climatiques ou les conflits des pays
voisins. Les secondes quant à elles, désignent les chocs internes affectant la
productivité globale des facteurs.
Où Γ(L ) = (I − Γ1 L − Γ2 L2 − Γ3 L3 − Γ4 L4 )
Le modèle VAR (4) s’écrit sous cette forme : Γ(L )Yt = Γ0 + ε t et sa forme réduite
devient Γ(L )Yt = ε t en admettant que toutes les variables soient centrées.
∞
Avec Ψ ( L) = Γ −1 ( L) = ∑ Ψs Ls et θ = Ψ ( L)Γ0
s =0
33
Tableau : Estimation du modèle pour p=4.
34
o Les recettes totales dépendent négativement des dépenses et de l’IPC et
positivement du PIB, de la masse monétaire et des recettes. Ceux-ci
peuvent être influencés par les valeurs passées des recettes tandis que
les dépenses et l’IPC ne le sont pas.
35
5-4°) – Causalité à la Granger des variables
Granger a introduit le concept de non causalité en 1969 dans le but de
rendre optimale la prévision réalisée au niveau des variables. Ce test se
donne comme objectif d’évaluer l’ordre temporel et la capacité de prévision
des variables (Araujo et al. (2004)30. Ainsi, il permet de formaliser au plan
statistique les relations économiques entre les variables de politiques
monétaire et budgétaire pour des raisons évidentes de politique économique
(Montmarquette et al. (1979)) mais d’étudier également les variables qui
seraient susceptibles de prévoir l’évolution des variables de politiques
monétaire et budgétaire et de l’inflation. L’analyse de la causalité mettra en
exergue les interactions entre les variables des politiques monétaire et
budgétaire. Ainsi, elle permet également d’avoir « une information sur les
liaisons temporelles entre les variables » (Hairault [1995], p.110). L’utilisation
des variables brutes ou filtrées a fait l’objet de nombreuses controverses
entre les statisticiens et les économistes. Les premiers estiment que « le
filtrage des séries brutes évite les corrélations fallacieuses et élimine les
relations qui peuvent exister entre les tendances des séries »31 tandis que les
seconds prétendent que ce procédé de filtrage détruit toutes les informations
économiques contenues dans les séries. Cette étude au sens de Granger des
relations économiques entre les variables de politiques monétaire et
budgétaire s’appuie sur l’approche des économistes. La formulation de la
relation de causalité au sens de Granger s’énonce comme suit :
36
Les hypothèses du test de causalité se présentent comme suit :
L’hypothèse nulle (non causalité) est acceptée dès que prob est supérieure à
5%.
37
o Causalité à la Granger des variables
Lags: 2
F-
Null Hypothesis: Obs Statistic Prob.
38
L’indice des prix à la consommation, le produit intérieur brut, les recettes et
la masse monétaire influent sur les dépenses totales, il est donc préférable
de se baser sur ces deux variables pour faire de bonnes prévisions sur les
dépenses totales. De même, les bonnes prévisions des recettes demeurent
tributaires des valeurs retardées de la masse monétaire, les dépenses
totales, le produit intérieur brut et l’indice des prix à la consommation. Ce
résultat révèle que la politique budgétaire au Sénégal est fortement
endogène. La politique monétaire, par contre, demeure faiblement endogène
du fait que les bonnes prévisions de la masse monétaire sont obtenues en
tenant compte de l’IPC et des recettes. Ce résultat corrobore la relation
étroite qui lie l’évolution de la masse monétaire et le niveau général des prix.
39
nécessaire pour que les variables retrouvent leurs niveaux de long terme. Les
variables que nous avons retenues pour simuler les chocs sont : le produit
intérieur brut, la masse monétaire, les dépenses totales, les recettes et
l’indice des prix à la consommation.
40
o Choc sur le produit intérieur brut
La figure ci-dessous retrace la simulation de l’impact d’un choc sur le
produit intérieur brut. Ce choc peut être imputable soit à une dynamique
des impulsions provenant de l’intérieur ou soit à celle émanant de
l’extérieur. Analysons les répercussions de ce choc sur le produit intérieur
brut, la masse monétaire, les dépenses totales, les recettes et l’indice des
prix à la consommation.
Un choc positif sur le produit intérieur brut se traduit par des effets
similaires sur la masse monétaire durant toute la période.
Un choc positif sur le produit intérieur brut se traduit par des effets
similaires sur les dépenses totales. Le choc affectant le produit
intérieur brut reproduit les mêmes effets sur les dépenses totales à
court, moyen et long terme. Ces deux variables ont des comportements
similaires qui illustrent la pro-cyclicité des dépenses totales. Ce
résultat confirme celui obtenu par Dufrénot et al. (2007) qui
soutiennent une pro-cyclicité des dépenses liée à leur ajustement face
aux fluctuations de l’activité économique. A cet égard, ces auteurs
déduisent que « durant les phases de croissance économique les
dépenses augmentent fortement et qu’elles diminuent pendant les
phases de ralentissement économique. Ce résultat n’est pas surprenant,
en raison de l’absence de stabilisateurs automatiques dans les
économies en développement, contrairement à ce que l’on observe dans
les pays industrialisés »33.
Un choc positif sur le produit intérieur brut se traduit par des effets
similaires sur les recettes totales. Les liens entre les deux variables
révèlent le caractère pro-cyclique des recettes totales.
33DUFRENOT, G . et al. « Politique budgétaire et dette dans les pays de l’UEMOA », Ed.
Economica, 2007, p. 82.
41
Un choc positif sur le produit intérieur brut se traduit par des effets
négatifs sur l’indice des prix à la consommation pour la première, la
cinquième et la neuvième période. Les effets positifs concernent tout le
reste de la période. Une baisse (hausse) du PIB induit une hausse
(baisse) de l’inflation. Les phases de stabilité sont similaires. L’indice
des prix à la consommation est fortement corrélé aux fluctuations du
produit intérieur brut. Ce résultat confirme l’analyse susmentionnée
sur le calcul des élasticités de court et de long terme.
.020
.015
.015
.010
.010
.005
.005
.000
.000
-.005 -.005
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.020
.015
.015
.010
.010
.005
.005
.000
.000
-.005 -.005
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.002
.000
-.002
-.004
-.006
-.008
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
42
o Choc sur la masse monétaire
La figure ci-dessous retrace la simulation de l’impact d’un choc sur la masse
monétaire. Ce choc peut être imputable soit à une dynamique des
impulsions provenant de l’intérieur ou soit à celle émanant de l’extérieur.
Analysons les répercussions de ce choc sur le produit intérieur brut, la
masse monétaire, les dépenses totales, les recettes et l’indice des prix à la
consommation.
Un choc positif sur la masse monétaire se traduit sur les recettes par
des effets négatifs juste pour la neuvième période et positifs pour le
reste des périodes. Ces effets se manifestent par des phases alternées
de hausse ([4, 5], [9, 10]), de baisse ([1, 2], [5, 6], [8, 9]) et de stabilité
43
([2, 4], [6, 8]). Ces deux variables ont des effets similaires sur le court
terme [1, 2] mais leurs effets divergent sur le moyen et long terme.
Un choc positif sur la masse monétaire se traduit sur l’IPC par des
effets négatifs sur la cinquième et la neuvième période et positifs pour
le reste des périodes. Ce choc sur la masse monétaire reproduit les
mêmes effets sur l’IPC dans le court [1, 2] et moyen terme [4, 5]. L’effet
se stabilise dans le long terme [8, 10]. L’indice des prix à la
consommation est relativement élastique aux fluctuations de la masse
monétaire. Ce résultat corrobore les objectifs de stabilité des prix et de
développement économique que s’est fixée la BCEAO.
44
Figure : Fonctions de réponses suite à un choc sur la masse monétaire
.03
.004
.02
.002
.01
.000
.00
-.002
-.01
-.02 -.004
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.02
.015
.01
.010
.00
.005
-.01
.000
-.02
-.03 -.005
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.01
.00
-.01
-.02
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
45
o Choc sur les dépenses totales
La figure ci-dessous retrace la simulation de l’impact d’un choc sur les
dépenses totales. Ce choc peut être imputable soit à une dynamique des
impulsions provenant de l’intérieur ou soit à celle émanant de l’extérieur.
Analysons les répercussions de ce choc sur le produit intérieur brut, la
masse monétaire, les dépenses totales, les recettes et l’indice des prix à la
consommation.
Un choc positif sur les dépenses totales se traduit par des effets
positifs sur le produit intérieur brut durant toute la période. Ces effets
se manifestent par des phases alternées de hausse ([4, 5], [8, 9]), de
baisse ([5, 6], [9, 10] et de stabilité ([1, 3], [4, 6], [8, 9]). Une baisse des
dépenses se répercute par une stabilité du PIB dans le court terme [1,
2]. Les deux variables ont des effets similaires sur le moyen et long, ce
qui illustre les liens qui les unissent. Ce résultat montre qu’une bonne
allocation des dépenses (dépenses d’investissement) est susceptible de
générer des répercussions positives sur la croissance économique.
Un choc positif sur les dépenses totales se traduit par des effets
positifs sur la masse monétaire durant toute la période. Ces effets se
manifestent par des phases alternées de hausse ([4, 5], [8, 9]), de
baisse ([5, 6], [9, 10] et de stabilité ([1, 3], [4, 6], [8, 9]). Une baisse des
dépenses se répercute par une stabilité de la masse monétaire dans le
34Idem, p. 81.
46
court terme [1, 2]. Les deux variables ont des effets similaires sur le
moyen et long, ce qui illustre les liens qui les unissent. Ce résultat
corrobore les objectifs de croissance économique que s’est fixée la
BCEAO.
Un choc positif sur les dépenses se traduit par des effets similaires
positifs sur les recettes durant toute la période. Ces deux variables
sont fortement corrélés sur le court, moyen et long terme.
Un choc positif sur les dépenses totales se traduit sur l’IPC par des
effets négatifs juste pour la neuvième période et positifs pour le reste
des périodes. L’indice des prix à la consommation est corrélé aux
fluctuations des dépenses totales du fait de la convergence de leurs
effets sur le court [1, 2] et moyen terme [4, 6]. L’inflation se stabilise
sur le long terme. Ce résultat confirme l’analyse susmentionnée dans
les tests de causalité à la Granger.
47
Figure : Fonctions de réponses suite à un choc sur les dépenses totales
.006
.03
.004
.02
.002
.01
.000
.00
-.002
-.01 -.004
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.0075
.008
.0050
.004
.0025
.000
.0000
-.004
-.0025
-.008 -.0050
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.008
.004
.000
-.004
-.008
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
48
monétaire, les dépenses totales, les recettes et l’indice des prix à la
consommation.
Un choc positif sur les recettes se traduit sur le PIB par des effets
positifs qui englobent toutes les dix périodes. Ces effets se manifestent
par des phases alternées de hausse légère ([4, 5], [8, 9]), de baisse ([5,
6], [9, 10]) et de stabilité ([1, 4], [6, 8]). Une baisse des recettes se
répercute par une stabilité de la croissance économique à court terme
[1, 2]. A moyen et long terme, ces deux variables ont des effets
similaires mais l’effet du PIB est beaucoup plus accentué. Ces deux
variables sont corrélées, ce qui illustre les liens qui les unissent. Ce
résultat corrobore les conclusions susmentionnées dans le calcul des
élasticités de court et long terme.
Un choc positif sur les recettes se traduit sur la masse monétaire, par
des effets positifs qui englobent toutes les dix périodes. Ces effets se
manifestent par des phases alternées de hausse ([4, 5], [8, 9]), de
baisse ([5, 6], [9, 10]) et de stabilité ([1, 4], [6, 8]). Une baisse des
recettes se répercute par une stabilité de la masse monétaire à court
terme [1, 2]. A moyen et long terme, ces deux variables ont des effets
similaires mais l’effet de la masse monétaire est beaucoup plus
accentué. Ces deux variables sont corrélées, ce qui illustre les liens qui
les unissent au niveau des résultats obtenus sur les tests de causalité.
Un choc positif sur les recettes se traduit sur les dépenses, par des
effets négatifs juste la cinquième période et positifs pour le reste de la
période. Ces effets se manifestent par des phases alternées de hausse
([5, 6], [8, 9]), de baisse ([4, 5], [9, 10]) et de stabilité ([1, 4], [6, 8]). Une
baisse des recettes se répercute par une stabilité des dépenses à court
terme [1, 2]. Leurs effets divergent sur le moyen terme [4, 6] et
49
convergent sur le long terme [8, 9]. L’effet de convergence de long
terme est conforme à celui obtenu par Dufrénot et al. (2007). Ils
estiment que « dans le cas spécifique des pays de l’UEMOA, le caractère
pro-cyclique des dépenses est dû à la corrélation positive entre les
dépenses et les recettes : en période de conjoncture favorable,
l’augmentation des recettes conduit les gouvernements à accroître les
dépenses plus que proportionnellement »
Un choc positif sur les recettes se traduit sur l’IPC, par des effets
négatifs sur les périodes cinq et neuf et positifs pour le reste des
périodes. Une baisse de l’IPC se manifeste à court terme ([1, 2], par un
effet similaire sur les recettes. Les effets des deux variables divergent
sur le moyen [4, 6] et long terme [8, 10]. Ce résultat corrobore les
conclusions susmentionnées dans les tests de causalité à la Granger.
50
Figure : Fonctions de réponses suite à un choc sur les recettes
.015 .004
.010 .002
.005 .000
.000 -.002
-.005 -.004
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.004
.004
.002
.000
.000
-.004
-.002
-.008
-.004
-.006 -.012
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.004
.000
-.004
-.008
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
51
Choc sur l’indice des prix à la consommation
La figure ci-dessous retrace la simulation de l’impact d’un choc sur l’indice
des prix à la consommation. Ce choc peut être imputable soit à une
dynamique des impulsions provenant de l’intérieur ou soit à celle émanant
de l’extérieur. Analysons les répercussions de ce choc sur le produit intérieur
brut, la masse monétaire, les dépenses totales, les recettes et l’indice des
prix à la consommation.
53
Figure : Fonctions de réponses suite à un choc sur l’indice des prix à la
consommation
.020
.002
.015
.010 .000
.005
-.002
.000
-.005 -.004
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.004 .004
.000 .000
-.004 -.004
-.008 -.008
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
.004
.002
.000
-.002
-.004
-.006
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
54
5-5-2°) – Décomposition de la variance de l’erreur de prévision
L’étude précédente, basée sur les fonctions de réponses impulsionnelles,
peut être complétée par une analyse de la décomposition de la variance de
l’erreur de prévision. L’objectif est de calculer la contribution de chacune des
innovations à la variance de l’erreur en pourcentage. Quand une innovation
explique une part importante de la variance de l’erreur de prévision, nous en
déduisons que l’économie étudiée est très sensible aux chocs affectant cette
série. Les résultats relatifs à l’étude de la décomposition de la variance sont
reportés dans le tableau en annexe. Ils indiquent que :
55
niveau des prix. La variance de l’erreur de prévision de la masse
monétaire due à ses propres innovations diminue à moyen et long
terme, du fait son caractère endogène.
36 L’économiste allemand du nom de Adolphe WAGNER formule une loi connue sous le nom
de « loi de wagner » visant à plaider pour une intervention de plus en plus de l’Etat dans
l’économie.
57
autres variables. L’économie sénégalaise reste donc très sensible au
choc affectant le total de la valeur ajoutée des biens et services réalisés
dans le territoire sénégalais pendant une période donnée, y compris
par les ressortissants étrangers. L’impact d’un choc sur le niveau des
prix vient en seconde position suivant l’ordre d’importance de la
variance de l’erreur de prévision dans l’économie. Celui de la masse
monétaire vient en troisième position, les dépenses viennent en
quatrième position et enfin les recettes viennent en dernière position.
La politique budgétaire réagit plus que la politique monétaire à un
choc d’innovation affectant le produit intérieur brut.
Les chocs affectant le produit intérieur brut, le niveau général des prix, la
masse monétaire, les dépenses totales et les recettes constituent la
principale source de fluctuations de l’économie sénégalaise dans le court
et long terme. Autrement dit, le produit intérieur brut réagit suite aux
chocs sur ces variables. La politique monétaire est fortement corrélée aux
variables budgétaires et au niveau général des prix du fait qu’elle réagit le
plus suite à des chocs d’innovations susceptibles de rétrécir
singulièrement son efficacité. La réaction de la politique monétaire à un
choc d’innovation sur le niveau des prix est corroborée par les études de
la BCEAO. Celles-ci soutiennent que les chocs d’innovations sur l’indice
des prix à la consommation ont des répercussions directes sur le crédit
intérieur37. L’impact des chocs d’innovation met en évidence les effets de
rétroaction d’une variable sur l’autre.
58
Conclusion
59
l’influence de la politique monétaire sur la politique budgétaire pourrait se
justifier par une compensation des effets des variables budgétaires
susceptibles de contrecarrer l’efficacité des instruments monétaires.
L’analyse des chocs d’innovation entre les variables et du sens de causalité à
la Granger donnent ainsi fortement à penser que les impulsions des
variables principales ont des retombées importantes sur la crédibilité des
politiques monétaire et budgétaire. De même, il ressort suivant l’estimation
du modèle à correction d’erreur que le stabilisateur automatique au Sénégal
appréhendé par le coefficient associé à la force de rappel β 4 semble être très
faible (12%). Ce résultat montre que les déséquilibres causés par les chocs
au niveau des variables des politiques monétaire et budgétaire tardent à se
compenser, ce qui explique la persistance des impulsions et de
l’affaiblissement de l’efficacité relative de ces politiques.
38CHAMBAS. G., « Afrique au Sud du Sahara : Mobiliser des ressources fiscales pour le
développement », Economica, Paris.
60
budgétaire qui peut garantir l’atténuation des fluctuations conjoncturelles de
l’économie sénégalaise. Cela signifie que la BCEAO prendra des mesures
pour que l’inflation ne s’écarte pas trop du critère de convergence de
l’UEMOA en matière de prix, qui est de 3,0% et que le gouvernement du
Sénégal veille à une meilleure allocation des ressources vers des dépenses
productives susceptibles d’assurer une viabilité macroéconomique (Dufrénot
et al.(2007) et à une baisse du ratio de sa dette au PIB.
61
Références bibliographiques
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62
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Notes d’Information et Statistiques (2001) : « Evaluation de l’impact des chocs exogènes récents sur les
économies de l’UMOA », mars, N°512.
63
ANNEXE
64
Response to Cholesky One S.D. Innovations ± 2 S.E.
Response of D(LPIB) to D(LPIB) Response of D(LPIB) to D(LMO) Response of D(LPIB) to D(LDEP) Response of D(LPIB) to D(LREC) Response of D(LPIB) to D(LIPC)
.020 .020 .020 .020 .020
Response of D(LMO) to D(LPIB) Response of D(LMO) to D(LMO) Response of D(LMO) to D(LDEP) Response of D(LMO) to D(LREC) Response of D(LMO) to D(LIPC)
.04 .04 .04 .04 .04
Response of D(LDEP) to D(LPIB) Response of D(LDEP) to D(LMO) Response of D(LDEP) to D(LDEP) Response of D(LDEP) to D(LREC) Response of D(LDEP) to D(LIPC)
.04 .04 .04 .04 .04
Response of D(LREC) to D(LPIB) Response of D(LREC) to D(LMO) Response of D(LREC) to D(LDEP) Response of D(LREC) to D(LREC) Response of D(LREC) to D(LIPC)
.020 .020 .020 .020 .020
Response of D(LIPC) to D(LPIB) Response of D(LIPC) to D(LMO) Response of D(LIPC) to D(LDEP) Response of D(LIPC) to D(LREC) Response of D(LIPC) to D(LIPC)
.03 .03 .03 .03 .03
65