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Résumé
REB 35 1977Francep. 5-42
D. Stiernon, La Vision d'Isaïe de Nicomédie. — Une tradition hagiographique assez suspecte (BHG 1731, 1734) fait intervenir un
saint Isaïe, reclus de Nicomédie, dans le mariage de Théophile et de Théodora (821 ?) et dans le rétablissement des images
(842-843). De la vie de ce thaumaturge n'a été transmis, à partir du XIIe siècle, qu'un seul extrait (BHG 2208), relatif à l'efficacité
posthume de la liturgie eucharistique, plus précisément de la célébration continue de quarante messes quotidiennes, réplique
byzantine du trentain grégorien. Ce curieux document est introduit, édité, traduit et commenté.
Stiernon Daniel. La Vision d'Isaïe de Nicomédie. In: Revue des études byzantines, tome 35, 1977. pp. 5-42.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1977_num_35_1_2064
LA VISION D'ISAÏE DE NICOMÉDIE
Daniel STIERNON
15. ΚαΙ μαθουσα (μαθών cod. omnes) περί τίνος αγίου ανδρός έγκεκλεισμένου
έν τω της Νικομηδείας πύργω" πανταχού γάρ έφημίζετο ή μεγάλη καΐ ενάρετος
αύτοΰ πολιτεία (W. Regel, Analecta Byzantino-Russica, Saint-Pétersbourg 1891,
p. 419"24).
16. στέφει τε (ibidem, p. 429); στέφει σε {Vatican, gr. 2014, f. 139; Messan. gr. 30,
f. 228, col. 2).
17. πάντων (των add. Vatican, gr. 2014 et Messan. gr. 30) γυναικών (cod.
omnes).
18. W. Regel, op. cit., p. 419-5e. Ce passage est reproduit dans I. Rochow, op. cit.,
p. 14-16.
19. Ph. P. Bourboulis, op. cit., p. 3-14.
20. W. Regel, op. cit., p. 1227"29 (Vatican, gr. 2014, f. 141 ; Messan. gr. 30, f. 230*,
col. 2).
8 D.
27. W. Regel, op. cit., p. 24-26. A part les derniers mots, ce passage de la Diègèsis
de Théophile manque dans les manuscrits utilisés par Regel, qui a comblé la lacune en
reproduisant, avec quelques inexactitudes, l'édition du P. Combefis.
28. F. Combefis, op. cit., col. 732. Cf. Paris, gr. 789 (xie s.), f. 364, col. 2 ; Vatican, gr.
1595 (xne s.), f. 196 v, col. 2 ; Paris, gr. 1181A (xme s.), f. 141, col. 2, et la plupart des autres
manuscrits parisiens ; de même Matrit. BN 086 (xive s.), édité par W. Regel, {op. cit.,
p. 32 23). Par contre, la mention d 'Arsakios est absente du Londin. Addit. 28270 (ibidem,
p. 32) et du Coislin. 304 (xive s.), f. 146.
29. Omis à bon escient (+818) par le Paris, gr. 789 (xie s.), Coislin. 304 (xive s.) et
Paris, gr. 1556 (xive-xve s.), f. 235 v.
30. Absent de même des manuscrits susdits et, en outre, par télescopage (Théophane
Homologète, Syncelle et Hagiopolite), des manuscrits suivants, tous du xrve s. : Paris, gr.
771, f. 62 v; Coislin. 285, f. 285 v (Théophane le Confesseur y est qualifié de reclus);
Matrit. BN 086 (W. Regel, loc. cit.).
31. Omise par le seul Coislin. 285, cette titulature aberrante figure partout ailleurs.
La répétition du mot όμολογητής a induit le copiste du Vallicell. Β 34 (xne s.) à sauter
directement de Théodore (dont la qualité d'higoumène de Stoudios a été la première
victime de l'amputation) à [Michel] le syncelle, l'hagiopolite (f. 152, col. 2).
32. J. Gouillard, Le Synodikon de l'orthodoxie. Edition et commentaire, TM 2,
1967, p. 124.
33. Ibidem, p. 145.
34. F. Combefis prétend le contraire (pp. cit., col. 744e n. 4), mais en référence apparem
ment à un « synaxaire » factice forgé par Baronius.
10 D. STIERNON
nages pour leur confier, ainsi que saint Ioannikios (dont l'historicité semble
solidement établie), un rôle prééminent et prophétique dans l'œuvre de
restauration de l'orthodoxie en 843 ? Un conteur édifiant, à chercher
probablement parmi les hiéromoines sans grand talent littéraire, mais très
habiles à mettre le merveilleux au service des émoluments sacerdotaux,
puisque tel est finalement le but intéressé de la Visio de missarum stipendio,
que les premiers témoins présentent comme un extrait d'une Vita Isaiae
inclusi, dont on peut se demander si, à l'instar de son héros, elle exista
jamais42.
La tradition manuscrite de la Vision
L = Londin. Addit. 28270. Copié par « l'humble Nicolas le calligraphe »
le 3 août 6619, ind. 4 (= 1111), le codex est présenté dans le colophon
comme τό νέον παράδεισον43. Mais le recueil ainsi intitulé (f. 28) est
précédé de la Vie de l'impératrice Theodora (f. 1-16V) {BHG 1731), de
l'absolution de Théophile (f. 16V-25V) {BHG 1732 et 1735), enfin de notre
texte (f. 25V-27V)44. C'est le seul cas, à ma connaissance, où la Vision
a été transmise à la suite de la Vie de Theodora et des documents relatifs
à la légende de l'empereur Théophile, auxquels il se rattache idéalement
et par la faveur accordée à Isaïe de Nicomédie. A vrai dire, la Vita Theodorae
imp. n'a pas eu la faveur des copistes. Outre le Londin. Addit. 28270, unique
témoin de l'édition de Regel, mentionnons le Vatican, gr. 2014 (xiie s.)45
signalé par H. Delehaye46. La Vita y est mutilée47. Il est possible qu'à
l'origine ce témoin si malmené ait possédé lui aussi notre texte. En tout
cas, celui-ci ne fait pas suite à la Vie de Theodora contenue dans le Messan.
gr. 30 copié le 2 septembre 1308 au monastère du Saint-Sauveur de
Messine48. Quant au renvoi au Vatican, gr. 1987 (xe-xie s.) inséré dans la
table d'un catalogue imprimé49, il aurait dû être placé sous le nom de
Theodora Alexandrina. En revanche, le récit de l'Absolution de Théophile
a connu un franc succès, mais sans entraîner pour autant la transmission
de l'extrait de la Vie d'Isaïe de Nicomédie. Nous avons déjà constaté que,
curieusement, le Londin. Addit. 28270 reproduit une recension de YAbsolutio
où ne figure pas le passage concernant l'intervention d'Isaïe dans la
campagne victorieuse des iconodoules50. Ce ne me semble pas une raison
suffisante pour écarter l'hypothèse d'un rapport étroit entre l'hagiographe
responsable de la Vie de Theodora et de la Diègèsis Théophilou et l'auteur
de l'évanescente Vie d'Isaïe de Nicomédie. Dès lors, cette dernière Vie,
à supposer qu'elle ait existé intégralement, ne serait pas antérieure au
xe
siècle, époque à laquelle paraît remonter la légende de l'absolution
posthume de l'empereur iconomaque51. Quoi qu'il en soit, 1'έκ του βίου
que j'édite sera le plus souvent transmis parmi des « récits utiles à l'âme »
et se rattache désormais aux textes qui suivent dans le Londin. Addit.
28270 et constituent, nous l'avons vu, un Novus Paradisus ou recueil de
traits édifiants tirés de Jean Moschus, d'Anastase le Sinaïte52 et d'autres.
D'une calligraphie parfaite, troublée seulement par les itacismes, cette copie
nous servira de base pour l'établissement du texte53. La formule δέσπ(οτα)
εύ(λόγησ)ο(ν) qui conclut Yintitulatio indique que le récit était utilisé
comme lecture à l'office canonial. Le copiste, qui a bien indiqué que la
64. Il faudrait compléter ici R. Devreesse, Codices Vaticani graeci. ΠΙ. Codices 604-
866, Cité du Vatican 1950, p. 240, qui ne signale qu'un seul liber asceticus. Il y en a au
moins trois : f. 338V έν βιβλιδαρίω τινί περί τών έξ αγνοίας ήμίν πεπραγμένων... το έν τη
θεία κλίμακι γεγραμμένον περί Στεφάνου ; f. 340 εις έτερον δέ γέγραπται βιβλιδαρίον ;
f. 341ν τοιγαροϋν και έν τοις μεγάλοις πατράσι γέγραπται 6τι ό μέγας βντως Άγάθων ;
f. 342 και άλλο που πάλιν έν έτέρω βιβλιδαρίφ εΰρομεν γεγραμμένον οΰτως (suit BHG
1444J).
65. 'Επιτομή λογικής, III, Leipzig 1784, ρ. 134-135.
16 D. STIERNON
BHG 1449h, 1318w. Ces trois derniers récits figurent aussi dans le manusc
rit suivant.
M = Marcian. gr. II, 101 (an. 1592), f. 122M2478. Avec ce manuscrit,
de contenu homilétique et hagiographique, notre texte réapparaît dans un
lot beaucoup plus important de διηγήσεις ψυχωφελείς79 attribués à Paul
de Monembasie, entre BHG 1175 et BHG 1450q. En voici le titre :
Του όσιου πατρός ημών Ήσαΐου εγκλείστου του πύργου Νικομήδειας
διήγησις περί τών λειτουργικών τών διδομένων εν ταις έκκλησίαις του
Θεού τοις ίερευσιν εύλόγησον πάτερ.
Τ = Sina.it. 530 (xve-xvie s.), f. 146-147v8° ; de contenu très varié. La
Vision s'insère entre la synaxe du martyr Zôtikos et BHG 801 d. Ce témoin
nous a été inaccessible, comme le suivant. La collation ne concerne que le
lemme d'après Vasiljev sans tenir compte d'une mauvaise lecture dans
l'incipit.
Y = Athon. Esphigménou 267, xvie s., de contenu canonique81.
Dans un recueil d'apophtegmata Patrum contenu dans Athon. Karakallou
64, XVe s., Lambros signale un λόγος του Ήσαίου του εγκλείστου82.
Il pourrait s'agir de notre texte.
Le Nomocanon de Malaxos. C'est assurément au remarquable compilat
eur qu'est Manuel Malaxos que la Vision sur les messes doit d'avoir été
le plus souvent reproduite par les copistes et même éditée. A cet auteur
revient encore le mérite d'avoir placé le récit dans un ensemble cohérent
relatif aux suffrages liturgiques pour les morts et les vivants,
a) En grec littéraire. Le Nomocanon de Malaxos, composé d'abord en
λογία γλώσση, remonte à 1561 et est conservé dans quatre manuscrits :
l'ancien Kolybas 8 (à l'Académie d'Athènes), Athon. Iviron 287, Bucarest
Académie roumaine 278 (olim 209) et Vatican, gr. 2590. Etablie sur cette
base, l'édition princeps est en préparation1. N'ayant pu obtenir une repro-
son œuvre originale. Il l'a retravaillée. Pour ce qui est des chapitres qui nous
intéressent, le compilateur y a introduit une nouvelle division, en dépeçant
notamment le chap. 247. Voici en détail la présentation des képhalaia dont
la numérotation varie d'après les manuscrits :
1) Texte de Denys PAréopagite (chap. 246 Kolybas-Vaticari)11 .
2) Récits 1 et 2 tirés des Dialogues de Grégoire le Grand (chap. 247,
n° 5 de Kolyb. -Vatic.)18.
3) La Vision introduite par le lemme : Περί των διδομένων λειτουργιών
τών ιερέων δια τα σαρανταριά δια ζωντανούς και δια άποθαμένους·
[τα σαρανταριά δια τους ζωντανούς]19.
La nouveauté concerne surtout le texte lui-même, dont Malaxos a camouflé
l'origine20. S'il explicite dans le titre la référence aux quarante liturgies
(sarantarid), le compilateur élimine au cours du récit l'allusion aux liturgies
apostoliques21 et introduit une autre histoire édifiante soi-disant tirée du
Patérikon22, dont la conclusion reproduit celle de la Vision d'Isaïe23.
On en reparlera à propos des quarante liturgies24. Le Nomocanon de
17. Chap. 132/158 (Bucarest), 127 (Sgoutas, Borgia), 134 (Arch. S. P.), 184 (Zach.
von Ling.), 207 (Vlat.); deest in cod. Sidéridès.
18. Chap. 133/159 (Bucarest), 128 (Sgoutas et Borgia), 114 (Sidéridès) etc. Le hiéro-
moine Pierre qui pose la question au pape (dans la tradition latine il est simple diacre)
est devenu, dans la traduction roumaine (mauvaise lecture de l'abréviation de preoj ?),
rien moins que patriarche ! L'erreur remonte à l'édition princeps de la îndreptarea legii,
Targoviçte 1652, p. 128; éd. Bucarest 1962, p. 165.
19. Chap. 134/160 (Bucarest, éd. p. 765-769), 129 (Sgoutas et Borgia, f. 97M01),
115 (Sidéridès), 136 (Arch. S. P., f. 104M06), 186 (Zacharias von Lingenthal), 209
(Vlat.). [ ] add. Sgoutas et quidam alii codd.
20. Dans le Borgia gr. 11, f. 97V, on lit, en marge de l'inc. de notre Vision : τών θείων
διδασκάλων. De même dans Bucarest 307, qui ajoute θαυμαστή διήγησις δια τα σαραν
ταριά τών ζωντανών (ρ. 765). Il n'y a rien dans Archiv. S. Pietro C 150. La référence
à Isaïe de Nicomédie figure peut-être dans quelque manuscrit athonite ou athénien.
En tout cas, Sidéridès mentionne Isaïe parmi les sources du Nomocanon en référence
au chap. 115 (Περί τίνος, ρ. 195).
21. Ci-dessous p. 2741-29S0.
22. Après l'équivalent quelque peu glosé du passage édité ci-dessous p. 2951-57,
on lit dans Bucarest 307 : Έκ του πατερικοΰ θαυμασία (θαυμαστή Borgia)
διήγησις· δια τα σαρανταριά τών άπεθαμένων (άπο- Borgia)' περί δέ τα σαρανταριά
δπου γίνονται δια τους άπεθαμένους (άπο- Borgia), να ακούσετε" εξηγούνται εις το
πατερικόν, δτι ένας γέροντας Ιερεύς του Θεοΰ τοΰ υψίστου εΐχεν έναν καλόγηρον
ύποτακτικον καί ποτέ τον λόγον αύτοΰ δέν τόν έκαμνε (îndreptarea legii, p. 767 ; cf.
Borgia, f. 99). Dans le manuscrit de Sidéridès, ce récit, qui constitue le chap. 116 du
Nomocanon de Malaxos, est introduit par : 'Ακούσατε καΐ δια τα σαρανταριά δπου
γίνονται δια τους άποθαμένους (art. cit., p. 198).
23. Avec quelques variantes. Voir ci-dessous p. 2959s·.
24. Ci-dessous p. 35.
22 D. STIERNON
Malaxos se poursuit par un chapitre sur les merides25, un autre sur la commé-
moraison des défunts les 3e, 9e et 40e jours (εις τα σαράντα) après la mort
sous le nom du « saint et théophore Alexandre »26, enfin un titre analogue
annonçant un texte de Nicéphore Xanthopoulos27.
Cet ensemble de morceaux « funéraires » subsiste aussi à part du Nomo·
canon de Malaxos, en tout ou en partie, dans cet ordre ou dans un ordre
différent, mais toujours en grec vulgaire, dans divers manuscrits de basse
époque (athonites surtout), postérieurs à la constitution du recueil de Malax
os. Ainsi dans YAthon. Pantéléimon 801 (août 1612)28, Dionysiou 299
(an. 1635)29, S. Anne 20 (an. 1642)30, dans le Lesbos Leimon 216 (an. 1669)31,
YAthon. Dionysiou 241 (xviie s.)32, S. Paul 22 (xvne s.)33, le Métochion S.
Sépulcre 62-796 (xvne s.)34 et YAthon. Iviron 906 (xvme s.)35. Dans ce
dossier isolé du Nomocanon le lemme Περί των διδομένων λειτουργιών
των Ιερέων δια σαρανταριά est rarement anonyme36; le plus souvent
figure le nom de saint Isaïe, moine, prêtre et reclus; une fois, il est dit
simplement abba Isaïe37.
Isolé de ce contexte, le récit se lit encore, en grec vulgaire, dans un manusc
rit de Londres, Harleian 5734 (ca an. 1580), f. 28-29 v 38. La recension est
25. Chap. 135/161 (Bucarest), 130 (Sgoutas) etc., en correspondance du chap. 250
de la rédaction primitive (Kolybas et Vatican, gr. 2590).
26. Chap. 136/162 (Bucarest), correspondant au chap. 251 de la recension en grec
ancien (Kolybas- Vatican, gr. 2590), qui attribue le texte à Macaire d'Alexandrie (d'autres
témoins disent généralement d'Egypte). Pour l'attribution à ce mystérieux Alexandre
(appelé aussi ascète), voir le Vindob. theol. 333 du XIe s. (Auct. BHG 999w).
27. Chap. 137/163 (Bucarest) = chap. 250 (Kolybas- Vatican.).
28. S. P. Lampros, Catalogue... Athos, II, p. 436, n° 6308 (9-14).
29. Ibidem, 1, p. 408, n° 3833 (16, 22-26).
30. Ibidem, I, p. 16, n° 101 (24-31). Gérasimos Mikragiannanitès, Κατάλογος
χειρογράφων κωδίκων... της βιβλιοθήκης... της αγίας Θεομήτορος "Αννης, EEBS 29,
1959, ρ. 184-185.
31. Α. Ι. Papadopoulos-Kérameus, Κατάλογος των έν τη βιβλιοθήκη της εν Λέσβω...
τοϋ Λειμώνος μονής... χειρογράφων, Ό εν ΚΠόλει ελληνικός φιλολογικός Σύλλογος.
Μαυρογορδάτειος βιβλιοθήκη. Παράρτημα τοΰ ΙΕ' τόμου, 1884, ρ. 108-109, η° 5-8.
32. S. P. Lampros, op. cit., I, p. 382, n° 3775 (4, 7, 8).
33. Ibidem, p. 23, n° 149 (22-27).
34. A. I. Papadopoulos-Kérameus, Ίεροσολνμιτική βιβλιοθήκη, V, Petrograd 1915,
p. 285; MB, I, p. 288, 295.
35. S. P. Lampros, op. cit., II, p. 236, n° 906 (13-17).
36. Il l'est dans Dionysiou 241. Dans Iviron 906, la Vision est annoncée comme un
Διδασκάλων εξαίσια διήγησις (f. 96V), tout comme dans la rédaction en grec vulgaire
du Nomocanon de Malaxos.
37. Athon. S. Paul 22.
38. R. Nares, A Catalogue of the Harleian Manuscripts in the British Museum, III,
Londres 1808, p. 291. Le descripteur intitule le morceau sermo de liturgiis. Cependant
le texte est introduit uniquement par le nom de saint Isaïe, moine, prêtre et reclus.
LA VISION D ISAIE DE NICOMEDIE 23
39. Noter toutefois les incipit divergents : Ένας άρχων εύρίσκετον (Bucarest 307,
éd. cit., p. 765); Άπόθενεν ένας #ρχων (Harleian 5734).
40. Cf. Bucarest 307, éd. cit., p. 766. L'éd. ci-après p. 2952-53.
41. S. P. Lampros, op. cit., I, p. 289, n° 3230 (11-12). Le n° 11 : του οσίου μοναχού
Ήσαΐου (sans indication de folio) doit être relié au lemme suivant (le n° 12 est donc
à éliminer) : περί των διδομένων λειτουργιών των ιερέων δια τα σαρανταριά. Corriger
aussi l'indication finale qui laisse entendre que ce n° 11 est en grec plus classique.
42. Ibidem, p. 25, n° 176 (3). Le lemme περί τ. διδομ. est ici anonyme comme dans
le Nomocanon en grec vulgaire de Malaxos.
24 d. stiernon
5. Nous sommes mal renseignés sur le tarif des mnèmosynai ou intentions de messe
à Byzance (voir P. Lemerle, Autour d'un prostagma inédit de Manuel II, Studi bizantini
e neoellenici 9, 1957, p. 273 n. 2). Le nomisma donné par l'archonte de Nicomédie ne
couvrait certainement pas les frais du « quarantain » sous-entendu. Une réponse synodale
émanant du «premier» concile de Constantinople (859?) à l'adresse du patriarche
d'Antioche s'élève contre un abus : le prêtre auquel on a fourni de modestes honoraires
liturgiques célèbre plusieurs messes par jour (pour arrondir son budget), ce qui est
contraire à la discipline apostolique. Même lorsque l'honoraire versé pour une liturgie
est égal seulement ou inférieur à dix nomismata, il est interdit de biner (I. B. Pitra,
luris ecclesiastici graecorum historia et monumenîa, II, Rome 1868, p. 147).
6. Sur ces quarante liturgies, voir ci-dessous, p. 30-36.
7. Pourquoi cette entrée solennelle dans l'Eglise (ou l'église) ? L'archonte en aurait-il
été exclu à cause de son manque de confiance à l'égard de l'efficacité de la messe et du
peu de cas qu'il avait fait des prêtres dans son testament ? Ou faut-il supposer que ce
notable, si généreux envers les pauvres, les orphelins et la domesticité, n'était pas « pra
tiquant » ? L'idée sous-jacente à cette escorte serait plutôt l'introduction dans le paradis ;
l'archonte n'étant pas mort, le narrateur a trouvé une formule boiteuse de remplacement.
D, pour la rendre intelligible, élimine le réveil en sursaut et affirme que «l'archonte
se préparait à se rendre à l'église» au moment où les cavaliers lui apparaissent.
8. Littéralement, selon la leçon la plus généralement admise par les copistes : « pour
l'union de la situation pacifique des empereurs». S'accuse ici la démarche bancale que
le récit prête à l'archonte, ce moribond revenu à la santé sans avoir voulu assurer le
salut de son âme par des offrandes sacerdotales. Isaïe, son guérisseur, lui avait arraché
un nomisma à titre de rachat et d'assurance. D fait intervenir « au plus haut (des deux) »
un « stratège de choix » (S. Michel) et oriente les liturgies « vers l'union de la situation
de l'empire en vue de la paix ». RV ajoutent : « et pour la rémission de tes péchés ».
LA VISION D'iSAÏE DE NICOMÉDIE 27
Visiblement embarrassé par cette formule cryptique, Malaxos, dans la rédaction vulgaire
de son Nomocanon (non relevée dans l'apparat), écarte et la paix de l'empire et l'union
des empereurs. Il interprète ainsi : « Tu as été uni à Dieu et désigné pour recevoir sans
ambages le royaume des deux» (îndreptarea legii, Bucarest 1962, p. 766).
9. Sur l'évocation des «anaphores apostoliques», voir ci-dessous p. 36.
10. Cette phrase gauchement bâtie a déconcerté les copistes, comme le montre l'apparat.
28 D.
άγιος Σίλβεστρος ό της 'Ρωμαίων επίσκοπος, δι* οπτασίας του αγίου και
κορυφαίου των αποστόλων Πέτρου είργάσατο, οτε και τόν δράκοντα το
χαλεπόν και ίοβόλον θηρίον δια της των χαλκών πυλών συμπήξεως αίωνίω
50 όλέθρω παραδέδωκεν.
Και τούτων εν μνήμη γενόμενος, έπείσθη ακριβώς κατά την του οσίου
πατρός ημών Ήσαίου παραίνεσιν δτι πολύ ισχύει ή αναίμακτος και αγία
αναφορά υπέρ αφέσεως αμαρτιών προαγόμενη τω φιλανθρώπω Θεώ. Έπί
τούτοις οδν πάσιν δ άρχων εκείνος πεισθείς ακριβώς άπό τε του εις αυτόν
55 γενομένου θαύματος, άπό τε τών δηλωθέντων παραδόξων πραγμάτων,
f. 27ν διέ|δωκε τήν ούσίαν αύτοΰ πάσαν δια πιστών και ευλαβών ιερέων εις λειτουρ
γικά υπέρ αφέσεως αμαρτιών αύτου, ειπών οοτως δτι μετά αληθείας δύνανται
αι προς Θεον γινόμεναι λειτουργίαι και εύποιΐαι άναγωγεΐν ψυχήν ανθρώπου
άπό τών καταχθονίων εις τα ουράνια και άπό του αιωνίου σκότους έπί
60 το μακάριον και αϊώνιον φώς.
Ταύτα άκουέτωσαν πάντες κοσμικοί τε και ιερείς ως γραφέντα και
πραχθέντα προς ψυχικήν ημών ώφέλειαν, και οι μεν κοσμικοί Οπως γινώ-
σκουσιν ακριβώς οϊων αγαθών παρά του φιλάνθρωπου Θεοΰ άξιοΰνται δια
της μικράς καταβολής του αργυρίου της γινομένης εν ταΐς χερσίν τών
65 ιερέων οι δέ ιερείς οι λαμβάνοντες τα τοιαύτα λειτουργικά, ινα μή ραθύμως
και άμελώς και καταφρονητικώς ταύτα έκτελουσιν δι' αίσχροκερδίαν,
άλλα μάλλον μετά προσοχής και συντετριμμένης καρδίας μηδεμίαν λειτουρ-
γίαν καταλιμπάνοντες, ως μέλλοντες υπέρ τούτων πάντων λόγον δούναι
τω φιλανθρώπω Θεφ εν ημέρα κρίσεως· δτι αύτώ ή δόξα και το κράτος
70 εις τους αιώνας τών αιώνων αμήν.
Commentaire
par un autre Grègorios, « le plus humble des clercs » (BHG 1737), au cours de la
deuxième année qui suivit le décès de la sainte (+ 892). Celle-ci, à la mort de son
mari, avait fait célébrer chez elle les offices traditionnels du troisième et du neu
vième jour17. Lorsqu'elle mourut à son tour au monastère Saint-Etienne, sa
fille Théoctiste, higoumène de ladite monè, fit mieux encore : en fille authentique
de la bienheureuse défunte et « animée d'un amour divin pour la disparue »,
elle « invita sept prêtres18 très pieux à célébrer les τεσσαρακοστά offerts pour les
défunts selon la tradition de la sainte Eglise, demandant que chaque jour l'un
d'entre eux vienne au monastère pour y célébrer la divine liturgie» à l'intention
de feu sa mère19. L'« humble clerc Grègorios» invoque la tradition de l'Eglise.
Sans doute pense-t-il aux Constitutions apostoliques, qui enregistrent seulement les
τεσσαρακοστά en tant qu'office funèbre du quarantième jour20. Certes la coutume
de célébrer quarante messes consécutivement remonte moins haut.
Un texte attribué au « très saint Anastase » est introduit par le lemme : Περί
των μ' λειτουργιών τών άποιχομένων ; l'éditeur a traduit : De liturgiis in
quadragesimo die pro defunctis, tandis qu'il a rendu littéralement par quadragesima
sacrificia l'incipit : Και περί τών σαρρακοστών [cod.] λειτουργιών21. Ce texte
canonico-liturgique envisage le cas où les défunts à honorer par des suffrages
sont deux, trois ou plus encore. On n'est pas nécessairement obligé d'offrir la
liturgie pour chacun d'entre eux22; il est également permis de commémorer
l'ensemble (αμφότερους) dans une seule liturgie (εν μι^ λειτουργία). Il semble
17. Τα τρίτα καΐ ε"ννατα του ανδρός οϊκοι τελέσασα {Vie de sainte Theodora de
Thessalonique, 19 : évêque Arsenij, Èitie i podvigi Sv. Feodory Solunskoj, Jurev 1899,
p. 12; de même § 20, p. 12). Dans la Vita retractata (BHG 1738), il est dit simplement :
τα επιτάφια όσίως καΐ θεοφιλώς τελέσασα (Ε. Kurtz, Mémoire de Vacadémie impériale
de Saint-Pétersbourg, VIIIe série, VI, 1, 1902, p. 127).
18. On sait que la tradition byzantine confie idéalement à sept prêtres la collation de
Γεύχέλαιον ou sacrement des malades appelé pour cela, dès le moyen âge, το έπτα-
πάπαδον (M. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium, III, Paris 1930, p. 477,
480, 484).
19. Ποιεϊν τα κατά την παράδοσιν της αγίας Εκκλησίας υπέρ τών κατοιχομένων
γινόμενα τεσσαρακοστά αίτησαμένη καθ' ήμέραν ενα τούτων ένταΰθα παραγενόμενον
τήν θείαν έπιτελεΐν λειτουργίαν (Arsenij, op. cit., 46, p. 2633"36). La Vita retractata
élimine de même le terme technique τεσσαρακοστά et inverse la formule : τά... γινόμενα
υπέρ τών κατοιχομένων (Ε. Kurtz, op. cit., p. 2634). Je me suis assuré de l'omission
du mot dans le Palatin, gr. 211, f. 51V, base de l'édition de Kurtz.
20. Ci-dessus p. 30 n. 3. Le passage de l'un à l'autre usage a dû s'opérer comme
naturellement.
21. I. B. Pitra, Iuris ecclesiastici graecorum historia et monumenta, II, Rome 1868,
p. 277 (d'après le Barberin. gr. IV, 58, nunc 476, f. 7, du XIe s.).
22. Le binage étant exclu et aussi la multiplicité des autels dans une même église,
voire même la succession de plusieurs prêtres au même autel le même (quarantième)
jour, il ne reste plus que la dispersion des liturgies dans des églises différentes. C'est
pourquoi l'idéal se trouve dans le second élément de l'alternative (cumul des commémo-
raisons).
LA VISION D'ISAÏE DE NICOMÉDIE 33
23. Des τεσσαρακοστά il est encore question plus loin, lorsque le canoniste impose,
dans le cas de τεσσαρακοστά (sans article) pour les vivants, les mêmes lectures liturgiques
que pour les défunts (I. B. Pitra, op. cit., II, p. 278).
24. Grégoire le Grand, Dialogi, iv, 54 : PL 77, A2\BC. A noter que la célébration
du trentain (diebus triginta continuis) commence trente jours après la mort du moine Justus
et que Syméon de Thessalonique a transformé en « quarantain » le trentain grégorien :
Grégoire le Romain a délivré un frère de la damnation εν τεσσαράκοντα προσφέρων
ήμέραις υπέρ αύτοϋ (Περί τον τέλους ημών : PG 155, 688°). De son côté, Manuel
Malaxos n'a pas retenu dans son Nomocanon l'historiette du trentain grégorien jugée
sans doute trop latine ; il s'est contenté des trois récits qui encadrent l'aventure de Justus
(ci-dessus p. 20).
25. E. Freistedt, op. cit., p. 161-171.
26. A. Mai, Scriptorum veterum nova collectio, X, 2, Rome 1838, p. 309, n° 18.
27. Codificazione canonica orientale. Fonti, VII. Disciplina armena, Cité du Vatican
1932, p. 631. Les sources canoniques arméniennes n'ignorent pas ce service funèbre le
quarantième jour : canons de Jean le Stylite et réponses du katholikos Sahak ou Isaac
(+703); cf. A. Mai, op. cit., X, 2, p. 302, n° 15.
28. G. Amaduni, Monachismo. Studio storico-canonico e fonti canoniche, Venise 1940,
p. 121, n° 191a. De même V. Hadzuni, La messe selon le rituel de FEglise arménienne
(en arm.), Venise 1936, p. 7.
29. G. Amaduni, op. cit., p. 166, n° 272a, qui renvoie à l'édition du sigillion episcopal :
St. Orbelian (+ après 1295), Histoire de la province de Sisagan (en arménien), I, Paris
1859, p. 259 ; cf. p. 180 n. 1. De même pour la plupart des documents suivants.
30. G. Amaduni, op. cit., p. 167, n° 273.
34 D. STIERNON
31. G. Amaduni, op. cit., p. 167, n° 274. Dans le calendrier arménien le cycle liturgique
de la Transfiguration s'étend sur un maximum de sept semaines (donc 49 jours) à partir
du dimanche consacré à ce mystère (VIIIe dimanche de la Pentecôte) (V. Grumel, La
chronologie, Paris 1958, p. 330). D'autres testaments arméniens stipulent que le « quarant
ain » se célébrera au temps de Pâques (G. Amaduni, op. cit., p. 157, n° 254), ce qui est
conforme à l'usage byzantin qui réserve à la mémoire des défunts le temps compris entre
le lundi de Quasimodo et la Pentecôte.
32. G. Amaduni, op. cit., p. 172, n° 281.
33. Sigillion lapidaire du katholikos Constantin I (1220-1268), qui exige en outre, le
jour de la Purification, une liturgie à neuf autels de la cathédrale (G. Amaduni, op. cit.,
p. 161, n° 262; voir aussi p. 149, n° 237).
34. Testament du prince de Sounia, Grégoire Souphan (deuxième moitié du IXe s.)
en faveur de l'église de Qot érigée par lui (G. Amaduni, op. cit., p. 148, n° 231 ; V. Hadzu-
ni, op. cit., p. 7).
35. Sigillion du prince Vahram Bahlawouni daté de 1029 (G. Amaduni, op. cit., p. 156,
n°252).
36. Explication de la liturgie (en arménien), Venise 1847, p. 72-74. Cf. G. Amaduni,
op. cit., p. 30-31.
37. Explication de la liturgie, p. 78. Je remercie très vivement le P. Grégoire Petrowicz
du Pontificio Collegio Armeno d'avoir eu l'amabilité de me traduire le chapitre que
Narsès consacre au trafic scandaleux des karasunk. Je n'utilise ici qu'une mince partie de
cette traduction.
38. G. K. Spyridakès, op. cit., p. 33 n. 5. Par là, l'auteur renvoie globalement à
trois témoins (Dionysiou 241 et 299 et S. Anne 20) de la paraphrase néo-grecque de
notre texte.
LA VISION D'ISAÏE DE NICOMÉDIE 35
39. Ibidem, p. 33. D'autres donations, plus récentes encore, contre un σαραντα-
λείτουργον : P. Nikolopoulos-N. Oikonomidès, 'Ιερά μονή Διονυσίου κατάλογος τοϋ
αρχείου, Σύμμεικτα 1, 1966, ρ. 305-306 (an. 1671, 1675).
40. Un texte transmis par le Paris, gr. 2419 (xve s.) fait état de l'exploitation de la célé
bration de la liturgie pendant quarante jours dans un but plus terre à terre que les suffra
gesen faveur des défunts. Il s'agit d'une recette magique περί έρωτος (A. Delatte,
Anecdota Atheniensia, I, Liège-Paris 1927, p. 45834 ; cf. G. K. Spyridakès, op. cit., p. 58).
41. Ibidem, p. 34-35.
42. L. Petit, La grande controverse des colybes, EO 2, 1898-1899, p. 326.
43. Sauf dans D. Voir ci-dessus apparat lignes 28-29.
44. îndreptarea legii. 1652, Bucarest 1962, p. 767-768.
45. Je n'ai rien trouvé dans M. Landau, Hölle und Fegfeuer im Volksglaube, Dichtung
und Kirchenlehre, Heidelberg 1909, auquel renvoie le plus souvent Ε. Fleischnack,
Fegfeuer. Die christliche Vorstellungen vom Geschick der Verstorbenen geschichtlich
dargestellt, Tübingen 1969.
36 D. STIERNON
tain » des témoignages moins magiques et plus solides que ceux des récits édifiants ;
ils peuvent servir à combler les lacunes de notre information à partir de l'an mil.
Le typikon du monastère de la Théotokos Εύεργέτις à Constantinople (vers
1054) ordonne que dans les ecténies il soit fait mémoire du moine mort récemment,
chaque jour à l'office de l'orthros, à la liturgie, aux vêpres jusqu'aux τεσσαρακοστά
du défunt et que chaque jour on offre pour lui une προσφορά46. La même ordon
nance quasi stéréotypée se retrouve dans la plupart des typika47. D'après celui de
N.-D. de Bonne Espérance, également à Constantinople (vers 1345), à la mort
d'une moniale, la liturgie se célèbre pendant quarante jours consécutifs pour le
repos de son âme ; ces jours-là on distribue aux pauvres une portion de nourr
iture48.
L'enquête est loin d'être exhaustive. Une recherche plus poussée permettrait
d'éclaircir certains points, comme par exemple l'apparition du mot σαραντα-
λείτουργον49.
2. Les anaphores apostoliques. Provoqué par la vision « cavalière » des quarante
liturgies, l'archonte de Nicomédie se rappelle les anaphores des apôtres Barthélémy
et Philippe et « la grande anaphore » du pape Sylvestre. De quoi s'agit-il ?
Saint Barthélémy, a) Les trois anaphores. A en juger d'après les textes édités,
ni la Passion de saint Barthélémy {BHG 227) ni le récit de la translation de ses
reliques à Lipari {BHG 229) ni aucun éloge {BHG 230-231) ne mentionnent les
46. Άλλα καΐ του νεωστι τελευτήσαντος καθ' έκάστην άνα πασαν σύναξιν όρθρου τε,
φημί, και λειτουργίας καΐ εσπερινού την άνάμνησιν γενέσθαι εν ταϊς έκτενέσι δεήσεσιν
άχρι των τεσσαρακοστών αύτοΰ, εν οΐς όσημέραι και προσφορά υπέρ αύτοϋ προσκομισθή-
σεται (Α. Dmitrievskij, op. cit., p. 647).
47. A Constantinople, Théotokos κεχαριτωμένη (avant 1118) : PG 127, 1088e; Saint-
Mamas (1159) : A. Dmitrievskij, op. cit., p. 708; S. Eustratiadès, Ελληνικά 1, 1928,
p. 29113"15, 293 4"7. A Messine, Saint-Sauveur (1131) : M. Arranz, Rome 1969, p. 440.
En Bithynie, Elegmoi (1162) : A. Dmitrievskij, op. cit., p. 754. A Jérusalem, Saint-Sabas
(typikon amplifié, xie-xne s.) : Venise 1615, p. 66; cf. L. Allatius, op. cit., p. 50. En
Chypre, Néophyte le Reclus (1210) : I. Tsiknopoulos, Κυπριακά τυπικά, Leucosie 1969,
p. 6010"15; cf. p. 854.
48. Επισκοπήσω ha μέχρι των τεσσαρακοστά ήμερων λειτουργήται υπέρ της ψυχής
αυτής λειτουργία καθ' έκάστην μία (Η. Delehaye, Deux typica byzantins de V époque des
Paléologues, Bruxelles 1921, p. 982426, 991). C'est ce que fit, selon le témoignage de
Macaire Chrysoképhalos, le hiéromoine Théolepte aussitôt après le décès de Mélétios
le Galésiote (21 janvier 1286) : έξ αυτής ημέρας της έκδημίας μέχρι τεσσαρακοστής
δλης, ακατάπαυστα λειτουργών ήν, καθ' έκάστην Θεώ τά μυστικά καΐ υπέρ αύτοϋ
δεήσεις ποιούμενος {Γρηγόριος ο Παλαμάς 5, 1921, p. 6238"11). Une curiosité : d'après la
diataxis de Michel Attaleiatès pour le monastère urbain du Christ Tout-Miséricordieux
(1077), à la mort d'un moine, son assistant (υπουργός) ne doit pas être chassé, mais
être mis en quarantaine (ha παραμένη... έπί ημέρας τεσσαράκοντα) dans le ptôchotro-
pheion (MM, V, p. 32079).
49. Un vocable de basse époque vraisemblablement. Il y a aussi le mot τεσσαραλει-
τούργημα (absent de G. K. Spyridakes, op. cit.), dont parle J. Goar (Εύχολόγων, Venise
1730, p. 541) à propos des peines canoniques infligées aux riches capables d'assurer les
frais de quarante messes consécutives.
LA VISION D'ISAÏE DE NICOMÉDIE 37
59. Combefis prétend que Joseph et Théodore disent aussi έν λάρνακι λίθινη (PG
105, 214 η. 45). De Joseph il resterait à examiner le second Eloge de saint Barthélémy
(BHG 323b), que je n'ai pu lire dans le Vatican, gr. 984 (palimpseste) des ixe-xe siècles.
60. E. Mioni, I kontakia inediti di Giuseppe Innografo, Bollettino délia badia greca
di Grottaferrata 2, 1948, p. 96. E. Tômadakès propose de s'en tenir à l'attribution reçue
('Ιωσήφ δ 'Υμνογράφος. Βίος και έργον, Athènes 1971, ρ. 228). Noter cependant que
ce canon emprunte des éléments au premier enkômion de Joseph. L'hymnographe a
de toute façon composé un canon (inédit) en l'honneur de saint Barthélémy (E. Tômad
akès, op. cit., p. 168, n° 298).
61. Troisième strophe de la quatrième ode de l'orthros : Μηναία τοϋ δλου ένιαντον,
VI, Rome 1901, p. 496.
62. Liber in gloria martyrum (Miraculorum liber I), 34 (33) : W. Ardnt-B. Krusch,
MGH Scriptorum rerum Merovingicarum, VII, 2, p. 5104 (PL 71, 734B).
63. Synaxaire de Sirmond : H. Delehaye, Syn. CP, col. 7451-2 (et apparat synaxaires
S); Β. Latysev, Menologii anonymi byzantini, II, Petrograd 1912, p. 3530; PG 117,
493B; 105, 213s, 214 n. 15; Vatican, gr. 1191 (xm«5 s.), f. 143, col. 1.
64. Actes de Philippe, 137 : R. A. Lipsius-M. Bonnet, op. cit., II, 1, Leipzig 1898
(rééd. 1968), p. 69. Les mots entre crochets manquent dans certains manuscrits.
65. Ibidem, 139 : p. 7312.
LA VISION D'ISAÏE DE NICOMÉDIE 39
afin que le Seigneur lui pardonne sa vendetta66. Une vigne surgira de la terre
baignée par son sang. Barthélémy et sa diaconesse en boiront le vin et, le troisième
jour, ils devront élever leur amen vers le ciel et leur offrande sera complète67.
Après la mort de Philippe, Barthélémy et Mariamnè exécutent les ordres de
l'apôtre : επί ημέρας τεσσαράκοντα προσφέροντες προσφοράς αδιαλείπτως
προσευχόμενοι [var. δωδεκάκις της ημέρας]68. Au bout de quarante jours, le
Seigneur, sous les traits de Philippe, apparaît à Barthélémy et à Mariamnè et leur
annonce que le paradis lui (à Philippe) a été ouvert et qu'il est entré dans la « gloire
de Jésus»69. Dans un opuscule «Sur les trois carêmes» attribué au patriarche
d'Antioche Anastase, mais qui ne serait pas antérieur au patriarcat constantino-
politain de Nicolas III Grammatikos70, on invoque l'épisode de la quarantaine
de Philippe71 en faveur du jeûne quadragesimal. Pour ce faire le Pseudo- Anastase
prête à Philippe l'ordre donné à Barthélémy et à Mariamnè de dire à Jacques et
aux autres apôtres de jeûner et de prier pour lui (Philippe) pendant quarante
jours72. A part la liberté qu'il prend de transformer en anaphores les προσφοραί
de la légende apostolique, le «biographe» d'Isaïe de Nicomédie serre de plus
près le texte de l'apocryphe tel que l'ont transmis les témoins connus73, sans que
l'on puisse dire avec certitude que l'auteur du Martyre de Philippe (dont la compos
itionoriginelle remonte à 300-330) 74 soit l'inventeur du « quarantain » byzantin.
Du moins s'est-il prêté au rôle de précurseur de cet usage liturgique.
Saint Sylvestre. La Vision évoque enfin la « grande anaphore », la « grande
liturgie» que Sylvestre, évêque de Rome, célébra sur l'ordre de saint Pierre en vue
de l'emprisonnement du dragon75. Est bien connu l'épisode du dragon maléfique
qui nichait au Capitole dans un antre de la Roche Tarpéienne et que saint Sylvestre
jugula au profond soulagement des Romains. Il constitue une séquence de la
légendaire Vita Sylvestri qui attend encore, en latin (BHL 7725-7742 ; Clavis PL
2235) comme en grec (JBHG 1628-1630 ; Auctarium BHG iidem), une édition critique,
une Vie ou plutôt des Actes dont l'original latin, soumis à des rédactions diverses,
76. R.-J. LOENERTZ, Actus Sylvestri. Genèse d'une légende, Revue d'histoire ecclé
siastique 70, 1975, p. 426-439, avec renvoi aux deux articles du même auteur sur le Consti-
tutum Constantini (p. 426 n. 2).
77. La plus ancienne et plus courte rédaction A est restée inconnue de la tradition
grecque; voir W. Levison, Konstantinische Schenkung und Silvester-Legende, Scritti
di storia e paleografia. Miscellanea Francesco Ehrle, II, Rome 1924, p. 224.
78. Dans les recensions grecques il y a trois cents (F. Combefis, Illustrium Christi
martyrum lecti triumphi, Paris 1660, p. 269) et même trois cent cinquante marches
{Vatican, gr. 2045, xie s., f. 49, col. 1 ; Ottob. gr. 415, xive s., f. 185M86 ; peut-être aussi
Vatican, gr. 2084, Xe s., f. 137, où πάντες = πέντε ?). Ce dernier manuscrit présente
la séquestration du dragon d'une manière notablement amplifiée.
79. B. Mombritius, Sanctuarium seu Vitae Sanctorum, II, Venise 1480, f. CCLXXXIIV
(2e éd., Paris 1910, p. 52943). L'apôtre lui demande encore, une fois le dragon muselé,
de prendre sur la confession de saint Pierre et de consommer un pain qu'il a spécia
lement préparé comme antidote (p. 5295455). Réédition de B. Mombritius par P. di Leo,
Ricerche sui falsi medioevali. I. // Constitutum Constantini, compilazione agiografica del
sec. VIII, Reggio Calabria 1974, p. 153-225 (l'épisode du dragon p. 214-217).
80. F. Combefis, op. cit., p. 271. Cette édition est basée sur le Paris, gr. 513 du Xe s.
Voir W. Levison, op. cit., p. 224-225. Variantes : ή om. Vatican, gr. 1638 (xie s.), f. 47\
col. 2 ; πριν είσέλθης εις τόν δράκοντα μετά τό κατελθειν Vatican, gr. 2084, Xe s., f. 141V ;
είσελθεϊν Ottob. gr. 415, f. 185V ; προσένεγκας τήν άναίμακτον τφ Θεφ θυσίαν Paris,
gr. 1448 (xe-xie s.), f. 3V, col. 2. Dans la Vie de saint Sylvestre attribuée à Jean Zonaras
par certains témoins (BHG 1633-1634), on lit : κάκεϊ (à l'entrée de la grotte) τήν άναί
μακτον λατρείαν προσαγαγεϊν τφ Θεφ (II testo greco del ΒΙΟΣ di S. Silvestro attribuito
al Metafraste, Roma e l'Oriente 6, 1913, p. 344); plus loin, Sylvestre exécute l'ordre
de Pierre : Ό 8έ κατά τήν έντολήν και τήν λατρείαν έτέλεσε (ibidem).
81. Ci-dessus p. 2949.
LA VISION D'ISAÏE DE NICOMÉDIE 41
82. F. Combefis, op. cit., p. 269. Variante : φθοροποιών (άποτελών om.) Vatican, gr.
2045, f. 49, col. 2, et Ottob. gr. 415, f. 185V. A Nicomédie également un dragon sévissait
ainsi à la même époque (Sozomène, Historia ecclesiastica, iv, 16 : PG 67, 1157Λ).
83. F. Combefis, op. cit., p. 272. Variante : φωνιώδους Vatican, gr. 1638, f. 47V.
84. Ibidem, p. 272.
85. Roma e VOriente 6, 1913, p. 344.
86. On pourrait dire aussi que la Vie attribuée par certains témoins à Jean Zonaras
est antérieure au célèbre canoniste (xne s.) et la considérer dès lors comme une source
possible de la Vision. Mais dans cette hypothèse il faudrait expliquer pourquoi la Vision
ne suit plus ladite Vie quand il s'agit de préciser la matière (bronze) dont étaient faites
les portes de l'antre capitolin, détail qui se trouve, en dépendance des Actes latins, dans
la recension grecque éditée par F. Combefis (pp. cit., p. 271) et conforme aux autres
manuscrits (perpauci inter tantos) que j'ai collationnés.
87. B. Mombmtius, op. cit., éd. 1910, p. 52953.
88. F. Combefis, op. cit., p. 271-272. Variantes : μέχρι της συντέλειας τοϋ αιώνος
άχρι add. Ottob. gr. 415, f. 186 ; 2ως της άνεσπέρου καΐ φρικτής ημέρας της
κρίσεως (dans la Vie par Jean Zonaras : Roma e Γ Oriente 6, 1913, p. 344).
89. Les Actes grecs ont, à cet endroit, simplement μακάριος (F. Combefis, op. cit.,
p. 271) ou άγιος (Ottob. gr. 185, f. 185V). Le Vatican, gr. 2084, f. 141V, omet l'épithète
et la qualité d'évêque (omise également dans Γ Ottob. gr. 185). Quant à Ε (voir ci-dessus
apparat lignes 47-53), il élimine toute référence à saint Sylvestre (le qualificatif élogieux,
amplifié, est appliqué à saint Pierre) et prouve que le copiste a relu les Actes de Sylvestre
avant de retravailler la séquence de la Vision concernant l'anaphore romaine.
42 D. STIERNON