Professional Documents
Culture Documents
Abstract
Although the text remains unedited in Greek, Florence de Montleau has published a French translation of Theodore Stoudite's
first book of Catecheseis, based on the transcription of a single Greek manuscript found in the late Julien Leroy's papers. Her
work is most useful, and her translation is on the whole accurate and reliable. The book provides a vivid picture of the beginnings
of Stoudite monasticism. The translator's notes rightly focus on Theodore's spirituality, but a historical commentary of this
important source is now needed.
Résumé
REB 61 2003 p. 215-228
Olivier Delouis, Le stoudite, le bénédictin et les Grandes Catéchèses. Autour de la traduction française d'un texte grec inédit. —
Bien que le texte reste inédit en grec, Florence de Montleau a publié une traduction française du premier livre des Catéchèses de
Théodore Stoudite, fondée sur la transcription d'un seul manuscrit grec trouvée dans le dossier laissé par Julien Leroy. Le livre
offre un tableau vivant des débuts du monachisme stoudite. Les notes de la traductrice s'attachent, à juste titre, à la spiritualité
de Théodore, mais on attend maintenant un commentaire historique de cette source importante.
Delouis Olivier. Le stoudite, le bénédictin et les Grandes Catéchèses. Autour de la traduction française d'un texte grec inédit. In:
Revue des études byzantines, tome 61, 2003. pp. 215-228.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_2003_num_61_1_2278
LE STOUDITE, LE BENEDICTIN ET
Olivier DELOUIS
Summary: Although the text remains unedited in Greek, Florence de Montleau has
published a French translation of Theodore Stoudite's first book of Catecheseis, based
on the transcription of a single Greek manuscript found in the late Julien Leroy's papers.
Her work is most useful, and her translation is on the whole accurate and reliable. The book
provides a vivid picture of the beginnings of Stoudite monasticism. The translator's notes
rightly focus on Theodore's spirituality, but a historical commentary of this important
source is now needed.
* Je remercie Mgr. Paul Canart de la Bibliothèque Apostolique Vaticane et Paul Géhin de l'Institut
de Recherche et d'Histoire des Textes à Paris de m' avoir donné accès aux archives Leroy partagées à
ce jour entre ces deux institutions.
1. Théodore Stoudite, Les grandes catéchèse (Livre I) ; Les épigrammes (I-XXIX) ; précédées
d'une étude de Julien Leroy sur le monachisme stoudite. Présentation, traduction et notes par Florence
de Montleau (Spiritualité orientale 79), Abbaye de Bellefontaine 2002 (= GC I). Autres œuvres de
Théodore citées en abrégé : GC II = Livre II des Grandes Catéchèses : A. Papadopoulos-Kérameus,
Του οσίου Θεοδώρου Στουδίτου Μεγάλη Κατήχησις, Saint-Pétersbourg 1904 ; PC - Petites Catéchèses :
Ε. Auvray, Sancti Patris Nostri et Confessons Theodori Studitis Praepositi Parva Catechesis, Paris
1891 ; Ep. = Correspondance : G. Fatouros, Theodori Studitae Epistulae (CFHB SB 31), Berlin 1991,
2 t. Voir aussi note 13.
2. Une bibliographie incomplète des travaux de J. Leroy a paru dans Présence d'En Calcat 95,
juin 1987, p. 19-21.
Revue des Études Byzantines 61, p. 215-228
216 OLIVIER DELOUIS
qui durent à la fois sourdre de son travail d'éditeur et qui, dans l'esprit du cher
cheur, devaient in fine accompagner son grand œuvre3. Du parcours inachevé du
bénédictin témoignent encore ses archives personnelles : c'est sur elles que repose
la présente traduction.
Avec un certain recul, on mesure mieux aujourd'hui l'influence considérable que
Leroy eut sur l'historiographie : depuis sa mort, aucun byzantiniste, au moment de
décrire l'organisation interne du monastère de Stoudios, n'a pu vraiment ajouter à
ses études, et le concept de « fédération » ou de « confédération » stoudite a par
exemple connu une fortune critique d'autant plus étonnante qu'il a finalement été
peu discuté4. S'il y eut peu de débats autour de l'œuvre monastique de Leroy, c'est
certes qu'il y montrait une virtuosité forçant le respect, mais aussi qu'une partie de
ses sources demeurait inédite, rendant par là son travail difficilement verifiable
- ce à quoi ce nouveau livre remédie pour partie. L'historien pouvait du moins
faire à Leroy cette critique raisonnable : s'il prit en compte avec talent l'intégralité
de l'œuvre catéchétique de Théodore, il négligea ce qui eût enrichi sa réflexion
historique, la correspondance5 - singulièrement oubliée -, ou l'hagiographie
stoudite6. Leroy ne mena jamais de travail comparatif avec les monastères de
l'époque dont la mémoire nous a été conservée7 et ne fit que peu appel aux sources
non monastiques qui éclairent également l'histoire de l'établissement constantino-
politain. Son but était autre : percer, en son quotidien, la spiritualité d'un
monachisme oriental pour lequel il avait une profonde admiration, et témoigner
d'une période où la vocation cénobitique arrivait pour lui à un sommet. Sur ce
point, en gardant à l'esprit la perspective qui fut la sienne, force est de reconnaître
qu'il atteignit pleinement son but8.
Il ne rentre pas dans notre propos d'éclairer la tradition manuscrite qui nous a
fait connaître les trois livres des Grandes Catéchèses. L'ouvrage inachevé de
Leroy, Études sur les « Grandes Catéchèses » de S. Théodore Studite, qui devrait
3. Nous citerons désormais en abrégé : J. Leroy, La vie quotidienne du moine stoudite, Irénikon 27,
1954, p. 21-50 (= Vie quotidienne) ; Le cursus canonique chez saint Théodore Stoudite, Ephemerides
Liturgicae 68, 1954, p. 5-19 (= Cursus canonique) ; Un nouveau témoin de la Grande Catéchèse de
saint Théodore Studite, REB 15, 1957, p. 73-88 (= Nouveau témoin) ; La réforme studite, dans //
monachesimo orientale (OCA 153), Rome 1958, p. 181-214 (= Réforme) ; Les Petites Catéchèses de
S. Théodore Studite, Le Muséon 71, 1958, p. 329-358 (= Petites Catéchèses) ; Saint Théodore Studite,
dans Théologie de la vie monastique. Études sur la Tradition patristique (Théologie 49), Lyon 1961,
p. 423-436 (= Saint Théodore Studite) ; Studitisches Mönchtum. Spiritualität und Lebensform (Geist
und Leben der Ostkirche 4), Graz- Vienne-Cologne 1969 (= Studitisches Mönchtum) ; Études sur les
« Grandes Catéchèses » de S. Théodore Studite, manuscrit dactylographié, à paraître dans la série Studi
e Testi, Rome (= Études).
4. Par exemple T. Pratsch, Theodoros Studites (759-826) - zwischen Dogma und Pragma (BBS 4),
Francfort 1998, p. 123-134 (= Theodoros Studites) et R. Cholij, Theodore the Stoudite. The Ordering
of Holiness, Oxford 2002, p. 45 (= Theodore the Stoudite).
5. Un exemple du travail réalisable à partir de la correspondance est donné par la remarquable
thèse (inédite) de P. Henry, Theodore of Studios, Byzantine Churchman, Ph. D. diss. Yale University
1967 (= Theodore of Studios).
6. Liste des sources hagiographiques utiles dans T. Pratsch, Theodoros Studites, p. xix-xxi.
7. Sauf via la figure de l'higoumène Paul de l'Evergétis : voir Un nouveau témoin et Études, chap. VHI,
« La tradition indirecte des catéchèses studites : le Catéchéticon de Paul de l'Evergétis », p. 226-313.
8. Cf. le remarquable article Saint Théodore Studite, cité note 3.
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 217
9. Des arguments internes montrent que Leroy a travaillé à cet ouvrage au moins jusqu'en 1984-
1985, et peut-être jusqu'à sa mort (1987). En cela, nous le tenons pour un excellent testament de ses
positions sur le thème des catéchèses. R. Cholij, Theodore the Stoudite, l'a également consulté et
l'utilise largement p. 65-73 de son livre.
10. J. Leroy, Nouveau témoin, p. 73-75 ; Études, p. 73.
11. J'ignore la logique de ces ajustements : sont-ils des repentirs de lecture de Leroy sur le
manuscrit ou des corrections du même (ou d'autres) venant masquer l'état original ? De nombreuses
erreurs demeurent par ailleurs : celles-ci sont-elles des fautes de lecture du bénédictin, ou proviennent-
elles bien du manuscrit ?
12. Les plus opiniâtres ont déjà pu utiliser la lecture du manuscrit par Leroy, comme P. Hatlie,
Abbot Theodore and the Stoudites: A Case Study in Monastic Social Groupings and Religious Conflict
in Constantinople (787-826), Ph. D. diss. Fordham University 1993 (et ses articles qui en découlent :
OCP 61, 1995, p. 407-423 et DOP 50, 1996, p. 263-288).
13. G. Cozza-Luzi, S. P. N. Theodori Studitae Magna Catechesis, in Patrum Nova Bibliotheca,
éd. A. Mai, IX-2, Rome 1888 ; Id., S. P. Ν Theodori Studitae Sermones Reliqui Magnae Catecheseos,
dans ibidem, X-l, Rome 1905 (= CL). Des grandes catéchèses des trois livres y sont mélangées, plus
quelques inclassables.
14. GC II, p. κ '-λγ'.
15. Tvorenija prepodobnago otsa nashego i ispovidnyka Feodorja Studitja ν russkom perevod
[Oeuvres de Th. Stoudite traduites en russe], Saint-Pétersbourg 1907, 1, p. 457-667. Dans le tome 4 de
la Philocalie préparée par le monastère athonite russe de Saint-Pantéléimôn, Dobrotolubie ν russkom
perevod [La Philocalie traduite en russe], Moscou 1899, tout entier consacré aux catéchèses de
Théodore, se trouvent des extraits de 81 sermons du livre I (p. 25-181). Concernant ce volume, qui fut
un des points de départ du travail de Papadopoulos-Kérameus, voir GC II, p. δ ' sqq., repris par
J. Leroy, Études, p. 338-340 ; R. Cholu, Theodore the Stoudite, p. 70 η. 420, cite l'ouvrage athonite, mais
n'a pas vu le lien avec l'édition de Saint-Pétersbourg. Il est un des rares à avoir récemment exploité la
traduction russe de 1907 des GC I, dont il donne à l'occasion quelques passages en anglais.
218 OLIVIER DELOUIS
La première partie de cet imposant volume de 636 pages s'ouvre par une
biographie très générale de Théodore (p. 17-24). Elle est suivie de brefs repères
chronologiques, sur lesquels nous reviendrons (p. 26-27), et de deux cartes sché
matiques (p. 30-31), l'une de Constantinople, l'autre de la Propontide et de la
Bithynie. Le P. Vincent Desprez dresse ensuite la liste des manuscrits nous ayant
conservé le livre I (p. 33-34) et fait un rapide inventaire des archives Leroy. Deux
tables commodes donnent la correspondance entre les catéchèses publiées par
Cozza-Luzi et celles du présent volume (p. 35-37), tables à rapprocher des pages
117-120 qui font de même, pour le livre II, entre l'édition Papadopoulos-Kérameus,
sa réimpression récente16, et l'édition partielle de Cozza-Luzi17. Surtout, la tr
aductrice a eu l'excellente initiative de publier la version originale française,
obtenue de l'abbaye d'En Calcat, d'une monographie importante de Leroy parue
en 1969, Studitisches Mönchtum. Spiritualität und Lebensform^, bien connue
dans le monde germanique, mais peu distribuée ailleurs (p. 39-116). Privée de sa
préface originale, le lecteur ne saura pas que cette étude avait pour but non pas
d'accompagner des catéchèses, mais la traduction allemande en vers métriques
par Franz Schwarz des vingt-neuf premières épigrammes de Théodore. Comblant
pour partie une lacune en français, F. de Montleau a respecté la logique de
l'ouvrage allemand en donnant à son tour sa version des vingt-neuf poèmes19
(p. 569-599). Notons seulement que le résultat, heureux, demeure très proche du
texte grec, une précision qui corrige la souplesse de style et les déviations de sens
de celui qui à ce jour avait le plus traduit les épigrammes en français, l'abbé Eugène
Marin20. Vient ensuite une bibliographie abondante sur Théodore (p. 123-132).
Cette bibliographie est inégalement utilisée dans le corps de l'ouvrage. Par exemple, la
légende (p. 6) de la reproduction en quatrième de couverture de la célèbre miniature du
ménologe de Basile II pour le 11 novembre est fautive, car l'enlumineur n'a pas représenté
« Théodore Stoudite [qui] traverse le Bosphore pour rejoindre le monastère de Stoudios », mais
bien son successeur, l'abbé Naucrace, ramenant les reliques de l'higoumène le 26 janvier 844,
tandis que Théodore est figuré à gauche en prière (voir P. Franchi de' Cavalieri, Un'antica
rappresentazione délia traslazione di S. Teodoro Studita, An. Boll. 32, 1913, p. 230-235 et
D. Mouriki, The Portraits of Theodore Studites in Byzantine Art, JOB 20, 1971, p. 253,
cette dernière citée en bibliographie p. 128). La carte p. 31 semble datée et ne prend pas en
compte les suggestions déjà anciennes de R. Janin, Les églises et les monastères des grands
centres byzantins, II, Paris 1975, par exemple p. 181 pour le monastère de Sakkoudion
(livre cité ici p. 130) ou celles plus récentes de J.-Cl. Cheynet et B. Flusin dans Du
monastère Ta Kathara à Thessalonique : Théodore Stoudite sur la route de l'exil, REB 48,
1990, p. 193-211, par exemple p. 203 pour celui de Kathara (article cité ici p. 127). Il est
enfin singulièrement regrettable que, face aux moines que nous voyons surgir page après
page (certains connus, d'autres non), les prosopographies récentes n'aient pas été utilisées21,
elles qui ont déjà effectué Γ« étude prosopographique approfondie, se basant sur les autre
livres des catéchèses et sur la correspondance de Théodore » que F. de Montleau appelle de
ses vœux (p. 422 n. 35).
Il est inutile, sans l'édition du texte grec, de discuter en détail de chacun des renvois.
Notons un oubli : en GC I 5.22, le passage « Quelques os, n'est-ce pas, comme le dit le
divin Basile, tout ce que nous laisserons de notre réalité matérielle », est une citation de
L'homélie sur le mot 'Observe-toi toi-même'24. Au-delà de la sphère religieuse, on peut
21. Prosopographie der mittelbyzantinischen Zeit, éd. F. Winkelmann, R.-J. Lilie et al., Berlin
1998-2002, 7 t. (= PmbZ) et Prosopography of the Byzantine Empire I (641-867), éd. J. R. Marttndale,
CD Rom, Londres 2001 (= PBE I).
22. C'est ce système que nous utilisons ici, y compris pour nous référer au texte grec de Leroy sur
lequel cette numérotation a été reportée par F. de Montleau.
23. J. Leroy, L'influence de saint Basile sur la réforme studite d'après les Catéchèses, Irénikon
52, 1979, p. 491-506.
24. Rapprocher le texte basilien édité par S. Y. Rudberg, Stockholm-Göteborg-Uppsala 1962,
p. 321617 et celui de la catéchèse : ΟΰχΙ έν ολίγοις όστέοις, ώς ό θείος και μέγας Βασίλειος λέγει,
την ύπόστασιν ημών καταλειψόμεθα ;
220 OLIVIER DELOUIS
25. GC I 84.8 : κου, γοΰν τις και των εξω [...] εκείνον γάρ, φησί, σοφόν καλώ τόν βίον άρυπον
[lege αρρυπον ?] και άκηλίδωτον κεκτημένον, καν μήτε γράμματα μήτε νοείν έπίσταται.
26. Voir Ε. L. von Leutsch et F. W. Schneidewin, Corpus paroemiographorum graecorum,
Göttingen 1839-1851, 1 : D. VI 56 ; II : D. III 18 et Ap. XI 53.
27. GC I 22.15 : εις πίθον τετρημένον, το δη λεγόμενον, άντλοΰμεν. Cf. Corpus paroemio
graphorum graecorum, I : Ζ. II 62627, Plut. Boiss. 4 ; II : Μ. Ill 57 et Αρ. VI. 79.
28. Proverbe ainsi conservé : και γαρ κατά τους Στωικούς μεγίστη ενδειά έστιν ή των ορέξεων
απληστία dans Α. Busse, Davidis prolegomena et in Porphyrii Isagogen commentarium
(Commentaria in Aristotelem Graeca 18-2), Berlin 1904, p. 172728, répété p. 3631. David n'a pas été
pris en compte par H. von Arnim dans son édition des Stoicorum veterum fragmenta, Stuttgart 1905
[réimp. 1963]. Même idée et formulation proche dans le fragment présocratique suivant : μέζονες γαρ
ορέξεις μέζονας ένδειας ποιεΰσιν : Η. Diels et W. Kranz, Die Fragmente der Vorsokratiker, Zurich
1951-19526, Π, ρ. 189"
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 221
Plutôt que de vérifier page à page une traduction, disons-le dès maintenant,
généralement sûre, souvent élégante et parfois astucieuse, donnons quelques
remarques ponctuelles nées de la consultation de ces catéchèses, qui s'avère enthou
siasmante29. On y voit en effet Théodore, en particulier au début du recueil,
multiplier les voyages à Constantinople depuis le monastère de Sakkoudion (dont
l'histoire sera désormais mieux connue30), faire part des difficultés qu'il éprouve
pour mener à bien son projet, dont on devine qu'il tient à l'installation au presti
gieux monastère de Stoudios ; on rencontre encore notre abbé au patriarcat, puis au
palais, où le luxe déployé en plein carême le choque (67.1-4), tandis qu'auparavant
il a refusé d'aller rendre les honneurs à l'Empire, ce qui lui vaut les reproches du
pouvoir (58.7-14). On trouve dans ces textes, tout comme dans le livre II, des listes
de diaconies, ou emplois monastiques, proprement spectaculaires31, comptant
jusqu'à plus d'une trentaine de métiers (comme en 35.12-22 et 57.8-50), dont cer
tains définis avec un luxe de détails jusque-là inconnu. Il faudra lire la description
poignante et clinique du corps décomposé d'Euthyme, le jeune frère de Théodore
dont la biographie s'éclaire, échoué non loin de Cyzique, après un naufrage qui fit
disparaître dix moines (54.5-22) ; lire également le portrait du dandy de la capitale,
qui « arpentait les alentours du palais », « ne supportant pas sur ses chaussures la
moindre trace de boue », confronté au sein du monastère au bûcheron descendu
des « pentes escarpées » et qui jusque-là « frappait à pleins bras pins et chênes »
(50.27-36) ; voir comment, lorsqu'un consul qui « est célibataire et possède une
belle fortune » se présente au monastère, rare aubaine, il est immédiatement reçu
par Théodore, en deux jours seulement, comme πρωτοσχηματάριος et μοναχός
τέλειος, et cela même en l'absence des supérieurs du monastère, car, se justifie
l'abbé, « le renoncement n'est pas égal pour tous » (44.30-37). On sourira sûrement
de ses savoureuses attaques contre les extravagants ermites (42.10-15 ; 47.17-19 ;
79.15-17 ; 81.18-24), proprement inutiles d'après l'higoumène, quoique encore
bien vivants de son temps et disposant d'un pouvoir de fascination qui semble
intact. On s'étonnera enfin des conseils qui touchent aux plus infimes détails
pratiques : comment le cuisinier, « le visage noirci par la fumée, les vêtements
sales, tout le corps couvert de suie, suant et échauffé par [son] combat pour être
prêt à l'heure », doit faire fondre les oignons, nettoyer les ustensiles de cuisine
(5.32-37) ; comment le moine sortant de l'office peut vaincre les tentations par une
position de sommeil appropriée (14.21-23) ; comment chacun doit lutter contre
l'intolérable gaspillage, même minime, de légumes, de fruits, de tissu, d'huile
ou de vin (63.22-34) ; comment encore la distraction est interdite, même dans la
satisfaction des besoins les plus naturels (48.25-28) - la sexualité occupant
d'ailleurs dans ce livre une place envahissante. Bref, l'ensemble constitue une
source concrète, vivante et riche. Contrairement aux Petites Catéchèses dont le
29. N'ayant pu inclure le commentaire détaillé d'une source aussi substantielle dans le cadre
imposé de ces quelques pages, nous réservons sa publication pour un autre lieu.
30. Ce monastère reste à localiser avec assurance. Voir R. Janin, Les églises et les monastères des
grands centres byzantins, p. 177-181 et V. Ruggieri, Byzantine Religious Architecture (582-867): Its
History and Structural Elements (OCA 237), Rome 1991, p. 225-226.
31. Voir les GC I, 2, 11, 13, 16, 21, 28, 33, 35, 36, 41, 47, 49, 57.
222 OLIVIER DELOUIS
succès immense s'explique en partie par leur abstraction de tout détail sur le con
texte où elles furent produites, le livre I des Grandes Catéchèses, si peu diffusé
pour l'exacte raison inverse, nous conduit, bonheur de l'historien, en plein cœur
du quotidien de ces moines de l'an 80032.
Commençons par un aspect textuel et peut-être marginal, celui des titres des
sermons. Pour Leroy, ceux des Grandes et Petites Catéchèses ne pouvaient
remonter à Théodore. Selon un scénario qu'il a plusieurs fois défendu, parfait
ement valable dans ses grandes lignes, « peu de temps après la mort de Théodore,
une dizaine d'années tout au plus, le volumineux dossier des catéchèses a été
classé, divisé en deux groupes, et édité sous les noms de livre des petites catéchèses,
et livre des grandes catéchèses ». Puis, l'éditeur médiéval aurait ajouté un titre à ces
pièces, selon une « solution facile », un « procédé un peu simpliste » : « former le
titre de quelques mots de la catéchèse qui paraissent particulièrement import
ants»33. Nous pouvons aisément vérifier que cette technique est aussi celle du
livre I34, et il faut sur ce point corriger l'opinion de Georgios Fatouros, qui a cru
pouvoir inclure parmi les œuvres de Théodore « plus de cent titres des Grandes
Catéchèses écrites en trimètres iambiques »35. Cette fantaisie n'est bel et bien
attribuable qu'à l'innovation du moine Arsène, du monastère Saint-Jean-Baptiste
de Pétra à Constantinople, qui signe le Paris, gr. 891 en 1136, soit plus d'un siècle
après le Patmiacus 11136.
Leroy a toutefois passé sous silence un argument troublant. En effet, les titres
des GC I 27, 44 et 70 mentionnent respectivement les noms du frère Théososte,
de l'ancien consul Pierre et de l'économe Arsène37. Or ces noms n'apparaissent à
aucun moment dans le corps des catéchèses respectives, comme si Théodore évo
quait devant sa communauté des événements connus de tous qui n'exigeaient
32. Leroy écrivait ainsi : « Sur les 199 manuscrits des catéchèses de Théodore dont j'ai pu con
naître le contenu avec précision, seuls 37 contiennent des catéchèses qui n'appartiennent pas au seul
recueil des Petites Catéchèses », Études, p. 66.
33. J. Leroy, Petites Catéchèses, p. 343. Même opinion dans Études, p. 34-35. Voir déjà
I. Hausherr, Saint Théodore Studite. L'homme et l'ascète (d'après ses catéchèses) (OCA 6), Rome
1926, p. 82.
34. Deux exemples parmi d'autres : le titre de GC I 31, Περί βίου όρθρου, και δτν ήτοίμασταν
στέφανος ουράνιος τοις δια Θεόν πάντα έγκρατευομένοις reprend les mots de 31.10, στέφανος
ουράνιος ήτοίμασται ό του μαρτυρίου ήμίν ; celui de GC I 36, Περί των νοσοΰντων, ότι δει
ύπομένειν έν τοις διδομένοις, και πολύς ό μισθός emprunte à 36.14 : 'Επί δε τους άσθενοΰντας ό
λόγος. Δεδήλωταί μοι ώς ούκ ευχαρίστως δέχεσθε τα διδόμενα.
35. Ερ., ρ. 35*. Il faut ici relire GC II, p. λθ '-μ '.
36. Voir par exemple le passage de Περί του μη μεγαλΰνειν άλλον βίον πλείον των κοινο-
βιακώς διαβιοΰντων (GC I 42.T) à Κρείττω μοναχών μηδέα λέγειν βίον (CL, IX-2, 16, ρ. 43), ou
encore celui de Περί της κεκαθαρμένης ψυχής, δτι γνωστώς γνωρίζει τα αποκυήματα τής αμαρτίας
(GC Ι 39.Τ) à Ψυχή καθαρά γνώριμα τα πταιστέα (CL, ΙΧ-2, 52, ρ. 143). Voir encore J. Leroy,
Études, p. 35. Sur le manuscrit et son scribe, cf. E. Gamillscheg et D. Harlfinger, Repertorium der
griechischen Kopisten 800 - 1600, 2A, Vienne 1989, 40, p. 39.
37. Respectivement : Περί του μη έρωτάν τινας τους εξερχόμενους έκ τής φυλακής το τί και
πώς, και περί τής αναφανδόν έξαγγέλσεως του άδελφοΰ Θεοσώστου. Περί του καθηλώσθαι τω
φόβω τοΰ Κυρίου τους προσερχόμενους και περί τής άποταγής του άδελφοΰ Πέτρου. Περί τοΰ
οικονόμου 'Αρσένιου, όπως δει έπιτιμαν συμπαθητικώς, και τοΰ ΰπομένειν τους έπιτιμωμένους.
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 223
38. J. Leroy, Études, p. 11 : « Tout compte fait, on peut estimer que Théodore s'adressa à ses
moines au moins 1500 fois dans la catéchèse du matin ».
39. Voir les textes qualifiés en titre de κατηχητική (Ερ. 381, 382, 433, 457, 480, 483, 488, 503) ;
παραινετική/ός (Ερ. 397 ; GC I 30 ; GC II 52, 55, 64, 92, 93, 99, 100, 101) ; προτρεπτική (GC I 35) ;
επαινετική (GC II 93) ; κατανυκτική (GC II 95) ; ou même ιστορική (PC 63).
40. Par exemple chez Théodore de Cyzique : την προτρεπτικήν έκείνην και ενθουσιασμού
πεπληρωμένην έπιστολήν, dans J. Darrouzès, Epistoliers byzantins du Xe siècle (AOC 6), Paris
1960, Lettre 25, p. 33734 et plus tard chez Michel Psellos, qui en donne, à propos d'un psaume, le
synonyme exact : έτερος δε προτρεπτικός, ως προτροπήν σημαίνων, dans L. G. Westerink, Poemata,
Stuttgart-Leipzig 1992, 53, p. 305?5.
224 OLIVIER DELOUIS
1 19.T, τα πειρατήρια του διαβόλου est traduit par « les tentations du diable », tandis que
la même expression en GC 1 62.T est plus justement rendue par « les pirateries du diable ».
De même, της πανωλεθρίου παρρησίας (GC 1 2.T et 48.T) est traduite en premier lieu par
« la très pernicieuse familiarité », en second par « très funeste ».
Même s'il apparaît seulement sous ce nom de « père », il est très regrettable que Platon
soit absent de l'index des noms propres. On verra donc pour l'oncle de Théodore : GC I
1.3 ; 4.3 ; 6.26 ; 9.27 ; 11.3 ; 16.36 ; 23.11 ; 25.6 ; 35.22 ; 38.12 ; 44.28 ; 45.24 ; 48.7 et
23 ; 55.44 ; 57.1 et 11 ; 57.27 ; 59.22 et 23 ; 60.6, 32 et 40 ; 61.3 ; 74.9 ; 76.2 ; 79.11. La
confusion avec Dieu le Père n'est pas à craindre, Théodore faisant toujours lui-même une
distinction claire, comme dans ces deux exemples : « Béni soit Dieu qui n'a pas repoussé la
prière de notre père », εύλογητός δε ό Θεός ος ουκ άπέστησε την προσευχήν του πατρός
ημών (23.11) ; « la grâce du Seigneur, avec la prière de notre père, vous gardera exempts
de tout dommage », ή χάρις του Κυρίου, μετά της ευχής του πατρός ημών, etc. (55.44).
41. Sur Platon : Pmbz 6285 ; PBE I Platon 1 ; T. Pratsch, Theodoros Studites, p. 47-48 et p. 71 sqq.
42. Repérage des références à Platon dans les GC II par I. Hausherr, Saint Théodore Studite,
p. 77-78. On ne peut plus suivre cet auteur quand il croit lire dans le livre I « une absence d'allusion
à Platon », p. 85-86.
43. Econome et prêtre : GC 1 45, 57 et 58. L'indication d'âge (mais il faut se méfier des protestations
d'humilité de Théodore) pourrait être tirée de GC 1 45.26 : τοΰ πρεσβυτέρου [ici Joseph] του σαρκικώς
και πνευματικός κυριωτέρου μου. C'est J. Pargoire, Saint Joseph de Thessalonique, EO 9, 1906,
p. 278-282 et 361-356, ici p. 278, qui avait fixé la naissance de Joseph en 761/2, suivi par l'histori
ographiepostérieure (bibliographie dans PmbZ 3448). Toutefois, à partir de la seule Correspondance, la
notice de PBE I (Ioseph 2) contient une remarque allant dans notre sens : « He [Joseph] was apparently
older than Theodoros 15 : cf. e. g. Theod. Stud., Ep. 37[5] (Theodoros addressed him as άδελφοπάτορ),
Ep. 43[2] (he is styled της αδελφικής και πατρικής σου αγιοσύνης) ».
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 225
Une chose est sûre, Théodore est pris d'enthousiasme à partir du moment où il
prend de nouvelles responsabilités dans la Ville, constatant le succès rapide de son
œuvre et l'augmentation de son troupeau. La joie de son succès est perceptible
dans plusieurs passages et notamment dans les lignes suivantes, qu'il faut toute
foiscorriger :
« Et, véritable cité de Dieu, élevés et placés en haut de la montagne de la vertu, vous
vous êtes exposés à tous les regards dans la ville impériale, on parle de votre divine
manière de vivre et les hommes pieux tiennent en honneur votre saint nom, et cela
jusqu'au patriarche et [au pouvoir impérial même] » 44.
44. GC I 24.7 : Και ώς αληθώς πόλις του Θεοΰ επάνω του της αρετής ορούς άναβιβαζόμενοι
και άνακείμενοι εμφανείς γεγόνατε έν τή βασιλευοΰστ) πόλει, και περιλαλείται υμών το θεοπο-
λίτευτον και δια τιμής άγουσι το ιερόν υμών όνομα οι εύσεβοΰντες μέχρι και του άρχιερέως και
αυτής της βασιλείας. Même satisfaction de voir ses moines être un exemple pour le monde et pour
les autres moines de la ville impériale en GC III [65], CL IX-2, p. 181-182.
45. Voir ainsi l'entrée βασίλεια dans le Liddell-Scott.
46. J. Leroy, Réforme, p. 204, parle par erreur de la Basilissa (tout en renvoyant à l'édition de CL
IX-2, 74, p. 208, qui porte, tout comme le Patmiacus 111, της βασιλείας) ; une erreur corrigée dans
Études : « Théodore dit que ses moines sont connus dans la ville impériale, et qu'ils sont estimés du
Patriarcat et du pouvoir », p. 89.
47. Le microfilm du Patmiacus 1 1 1 de l'IRHT, que nous avons utilisé ici pour vérifier le texte grec,
confirme la première occurrence, mais est illisible pour les deux suivantes. Je fais donc confiance à l'a
ccentuation de Leroy, qui eut l'occasion à plusieurs reprises de travailler sur le manuscrit même à Patmos.
48. Études, p. 100.
226 OLIVIER DELOUIS
Petites Catéchèses a été établie avec assurance par Charles Van de Vorst, et
Leroy l'a acceptée avec des corrections de détail : il s'agit des dernières années de
la vie de Théodore, entre 821 et 82649. Les trois livres des Grandes Catéchèses
font quant à eux constamment mention de Platon et datent donc d'avant sa mort,
en avril 814. C'était la conclusion d'Irénée Hausherr pour le livre II, plus tard
confortée par Leroy pour l'ensemble des Grandes Catéchèses50. Les premières
bornes de la datation des Grandes Catéchèses seraient donc 794 - date d'acces
sion de Théodore à l'higouménat - et 814. Enfin, même s'il a varié sur le sujet51,
Leroy considérait en dernier lieu comme établi que la tradition manuscrite avait
conservé les entités des livres I, II et III dans un ordre chronologique. En leur sein,
les sermons auraient été classés selon la même logique52, et l'impression du
lecteur ne permet pas a priori de contester cette position.
49. C. Van de Vorst, La Petite Catéchèse de S. Théodore Stoudite, An. Boll. 33, 1914, p. 31-51
(= La Petite Catéchèse) ; J. Leroy, Nouveau témoin, p. 74 n. 1 ; Petites Catéchèses, p. 353.
50. 1. Hausherr, Saint Théodore Studite, p. 76-86 ; J. Leroy, Études, p. 86.
5 1 . Comparer Studitisches Mô'nchtum, p. 1 8 n. 20 = Monachisme, p. 46 n. 20 (« il semble que le livre
III contient des pièces qui sont antérieures à celles des deux autres ») et Études, p. 100 (« La Cat. III. 36
invite à considérer que les pièces de ce livre sont postérieures à celles des deux livres précédents »).
52. J. Leroy, Études, p. 34 : « Puisque les Lettres sont présentées selon un certain ordre chrono
logique, on peut espérer que les livres des Grandes Catéchèses le seront aussi ». On sait pourtant que
le livre II présente une anomalie de structure : il inclut un volumineux dossier de sermons adressés
uniquement aux monastères de la « fédération », hors Stoudios, placé entre les GC II 51 et 75. Pour
Leroy (Études, p. 100), ces textes sont contemporains des autres catéchèses du même livre.
53. 1. Hausherr, Saint Théodore Studite, p. 78.
54. J. Leroy, Études, p. 34 : « On peut espérer retrouver dans les trois livres des « Grandes
Catéchèses » - dans la mesure où l'on réussira à les reconstituer - les catéchèses qui datent des trois
périodes de paix et donc de vie monastique régulière ».
LE STOUDITE, LE BÉNÉDICTIN ET LES GRANDES CATÉCHÈSES 227
furent pillées55. Les années 803-804 sont tout aussi envisageables, même si les sources
grecques (Théophane mentionne en 804 une terrible défaite de Nicéphore en Phrygie) et
arabes ne correspondent pas toujours56. Nous démontrerons ailleurs que les Catéchèses du
livre I, si elles connaissent ponctuellement des séquences ordonnées, comme celles de deux
cycles pascals qui couvrent GC I 46-55 et 66-71, n'ont pas en fait été transmises dans un
ordre chronologique strict. Elles débutent assez clairement après le mois d'août 797, mais
leur terme n'est pas assuré : pour le déterminer, il faut reprendre la question de la datation
des premières catéchèses du livre II.
* * *
55. E. W. Brooks, Byzantines and Arabs in the Time of the Early Abbasids, English Historical
Review 15, 1900, p. 728-747, ici p. 741-742 ; R.-J. Lilie, Die byzantinische Reaktion auf die
Ausbreitung der Araber. Studien zur Strukturwandlung des byzantinischen Staates im 7. und 8. Jhd.
(MBM 22), Munich 1976, p. 177-178 ; P. E. NiAVis, The Reign of the Byzantine Emperor Nicephorus I
(AD 802-811) (Historical Monographs 3), Athènes 1987, p. 191-192 ; C. Foss, Byzantine Malagina and
the Lower Sangarius, Anatolian Studies 40, 1990, p. 161-183 (repris dans Id., Cities, Fortresses and
Villages of Byzantine Asia Minor, Londres 1996, VII), ici p. 161-163.
56. Sources et analyse dans M. Canard, La prise d'Héraclée et les relations entre Harun ar-Rashid
et l'empereur Nicéphore Ier, Byz. 32, 1962, p. 345-379 et P. E. Mavis, op. cit., p. 186-220.
57. C'est du moins le décompte final établi par J. Leroy, Études, p. 349.
58. P. Henry, What was the Iconoclastic Controversy About?, Church History 45, 1976, p. 16-31,
ici p. 29.
228 OLIVIER DELOUIS
privés de Γ arrière-plan qui fut le sien, nous ne savons plus expliquer. Bien avant
l'aventure discutable de la seconde affaire mœchienne, bien avant le rôle mal taillé
de conseiller de Michel Ier et bien avant le basculement dans un second icono-
clasme qui viendra parasiter ses projets tout en lui conférant paradoxalement sa
sainteté, nous voyons comme en creux dans ces Grandes Catéchèses la belle
utopie de Théodore mise en pratique : le monachisme byzantin est réformable, il
poursuit une œuvre de sanctification cénobitique placée au cœur de l'histoire du
salut, il doit passer par la capitale impériale pour que cette autre Jérusalem le
proclame un modèle universel. L'appréciation du décalage entre ce que nous nom
merions volontiers une idéologie monastique et la sanction des faits est un autre
débat.
Olivier Delouis
Université Paris I Panthéon-Sorbonne