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Séminaire du I6 Novembre 1955. Conne.-vous-ltavesappris, cette année commence 1a question des psychoses, loin qufon puisse purler d'emblée du traitenents des psy~ promiire.ootevaus—Ltazait.comuniqué, et encore coins du traitement de la psychose chez Freud, ce qui, littéralement se fréauit A né i nt,car jamais Freud nlerpar2é n'en a parlé,sauf’de fagon tout & fait, allusive, i Nous allons d'abord eoseyer de partir de la doctrine frowdion- | ne pour voir,en cette matiare.ce qu'il apporte, puis nous ne pourrons’ | pas manquer,d l'intérieur méme de ses commentaires, d'y introduire, dans . les notions-que nous avons déja élaborées au cours des années précéden tes, tous les problémes actuels que posent pour nous les psychoses, : Groblimes do nature clinique et nosographique d'abord, duns lesquels il ma semblé que pout-stre, tout lo bénéfice que peut apporté l'analyso, niavait pas été compldtemcnt dégagé; probléme de traitement aussij acsuré-. ment, clest 1A que devra déboucher notre travail de cette année. Puisqu'aussi bien ce point de mire, st assurément ce n'eat pas ul hasard, mettons que ce soit un lapsus, c'est un lapsus signifi-, ° eatif; ce point de mare aéjh nous pode une question qni est une sorte £ a'évidence premitre jcomme toujours le moins remarqué est dans ce qui a été fait, dans ce qui se fait, dans ce qui est on train de se faire : quant au traitement dos psychoses, il est frappant devour qu'il semble qu'on aborde beaucoup plus volonticrs, qu'on s!intéresse d'une facon beaucoup plus vive, et~je-dirais-uéne.plus, qu'on attende beaucoup de 3 réaultaty de ta des paranodas, Je vous propose en maniére de point d'interrogation cette bord des schizophrénies, beaucoup plus que de 1abord romarque dés maintenant j;nous resterons peut-8tre un long moment a y apporter la réponse} mais assurdnent elle restera bous-jacente & une bon- ne part de notre démarche, ot ceed dds le départ. En d'autres terres, le situation un pou privilégiée, un peu nodale, . ~~ sens of il stagit d'un neud, mais aussi d'un noyau résistant, la situ- ation des paranofas est quelque chove, Go n'est ‘certainoment pas sans raison que noug en avons fait le choixpour aborder, pour commencer @aborder le probline des psychoses dans ses relations avec la doctrine freudienne, Fn effet, ce qui est frappant d'un autre cots, ctest que Freud entendu la schisophrénie, ni ce mouvement,lui quiétait contemporain de est intéressé d'abord & la paranofa, il n'ignorait pas bien Lélaboration de la schizophrénie.I1 est trés frappant et trés eingulicr que, s'il a certaineuent recon, admiré, voire encouragé les travaux antour de 1'école de Zurich, et mis en relation les conéepts ct la théorie analytiques avec ce qui s'élaborait autour dz Bleuler, Freud on soi restait assez loin; et pour vous indiquer tout de suite un point de texte auquel vous pourrez vous reporter - nous y reviendrons d'aillers mais il n'est pas inutile que vous en prenie2 connaissance dés maintenant ~ je vous rappelic qu'A la fin de l'observation du‘cas Scheeber, qui est le texte gondamentalde tout ce que Froud a apporté concernant les 4 psychoses, toxte majeur, vous y verrez de 1a part de Froud la notion a! une ligne de partage des eaux, si je puis m'exprimer ainci, entre: para- é, et dtun autre coté tout ce autil aimerait , dit-il, qu'on noka d'un co’ appelat paraphrénie, et qui correspond trés oxactement au terme qu'il voudrait bien, Iai Frend, qu'on doune au champ A proprenent parler des schizophrénies, ou encore ce qu'il propose qu'on appelle dans la no- sologie analytique, paraphrénic qui recouvre exactemont toute 1a dé- ence, Je voue indigque les points de repére qui sont nécessaibes & A'intelligenee a+ ce que nous dirons dans la suite. : Done, pour Freud, le champ des psychoses se divice on deux. Psychoses & proprement parler pour savoir ce que cela decouvre A pou | prés dans l'ensemble du domaine psychiatrique; psychose cela n'est pas | démence; les psychoses si vous vowlez~ il n'y a pas de raison de se re-. fuser le luxe @'enployer ce terme - ga correspond A pe que l'on a appe~ 1é toujours, et cui continue d'dtre appelé légitimement les, folies. Dano le domaine de Io folic, Froud fait deux part trés nettes, iI n slest pas beaucoup méiié de nosologic en matigre de psychoses que cola, mais 14 41 est trés net et nous ne pouvons pas tenir cette distinction, étant donné la qualité de son outeur, pour tout a fait nbgligeable. Je vous fait remarquer au passage, qu'en ceci conme il arrive, nous ne potvons que remarquer qu'il n'est pas absolument en accord avee son temps, ot que clest 1A l'ambiguité, soit parce qu'il est trés en retard, soit au contraire parce qu'il est trés en avance. Mais A un premier aspect i1 est trés en retard. En d’autres termes 7 'expansion qu'il donne au terne de paranofa,il est tout & fait clair qu'on va beaucoup plus loin qu'& con époque on ne donnait & ce terme.Je donne quelques yt points de repére pour coux qui ne sontpeut-dtre pas familiers avec ces choses. F Je ne veux pas vous faire co qu'on appelle l'historique de la paranoia depuié qu'elle a fait son apparition avec un psychiatre disci- ple de Kant an début du XIKéme oiécle.Ctest tout & foit une incidence Episodique. Le noximun d'extension de la paranofa, c'est’ justement le nonent of la paraneZa se congond & peu pros avec ce quton appelle les ¢ folics, qui est le moment qui correspond A peu prés A l’exemple des 70% dos malades qui étaient dans les asiles, et qui portaient l'étiqueite Mparanofa'; ga voulait dire que tout ce que nous appolons psychoses ou folies étaient paranofas. Mais nous avons d'autres tendances en France r le mot paranoia pric, & peu prés identifié avec le moment of 2 a fait son apparition duns 1a nosologie frangaise, mouent extrémenent tardif, ga joue sur une cinquantaino dtannées, of of il fut identifié A quelque chowe de fondamentalenent différent comme conception, de tout ce qu'il a;représenté dans la psychiatric allemande, Bn France, 2 que nous appelons un paranoZaque, of tout au moins ce qu'on appelait un paranoZaque avant que la thdse d'un certain Jacques facan sur los poy- © choses paranofaques dans leurs rapports avec la personnalité; ait tenté @e jeter un grand trouble dans les esprits, qui stest limité 2 un petit corelo, au petit cercle qui convient, on ne parle plus des paranofaques comme on en parlait auparavant, 4 ce moment-1A c'était la constitution paranofagne, ctest & dire que clétait dos méchants, des intolérents,des gens de mauvaise humours Orgueil, méfiance, susceptibilité, sur-estinay~ tion do soi-néne, Volle était la caractéristique qui faisait pour tout un chacun le fondewent de la paranofaj A partir de quoi on était plus quand i] était par trop paranofaque, ilar~ simple, tout stoxpliquait rivait & déliver. Voila & peu prés, je ‘ne force en rién , of nous en étions on France, je ne dis pas A la suite des conceptions de Sériewx ct Capgras, parce que si vous lisez, vous verrez qu'aw contraire i stagit li d'une clinique trés fine qui permet précisément de reconstituer les bases 6% les fondeuents de 1a psychose paranolaque telle qutelle est effectivenent ctructurée, mais plutét A la suite de la diffusion de Louvrage dans lequel, sous le titre de "Constitution paranofaque", Hr Génil Porrin avait fait prévaloir cette notioj caractérologique de Ltancualie de Ja perconnalité constituée evsentiellenent dans une stme~ ture qu'on peut bien qualifier, aussi bien le livre porto la marque et le style de cette inspiration, structure perverse du caractére, et comme toute perversion, i1 arrivait qu'il sorte. des limites et qu'il tombe dans cette affreuse folie qui consistait simplement dans 1'oxagération démesiurée de tous los traits de ce facheux caractére. Cette conception,vous le remarqueres, peut bien s'appeler une n paychologique, ou psychologicante, ou méme psychogé concep étique de la chone. Toutes les références X fornelics & une base organique de la chi au tempérament par exemple, ne changent en rien ce que nous you~ 8 paychologiqui yons appeler ¢! clest préoisément eola, c'est quelque a chose qui stapprécie, se définit sur un certain plan, et ensuite les re- lations, les liens de développement se congoivent d'une fagon parfaitencat continue, dans une cohérence qui est autoriome, propre, qui se outfit dans son propre champ, et clest bicn en somme de ecionee psychologique qu'il stagit, quelque puisse dtre d'un autre coté la répudiation atun certain point de vue que l'on trouvait sous 1a plume de som auteur, ¢a nly changerait rien, J'ai done essayé dans ma thése, d'y introduire une autre vue; A co moment 1A j'étais encore avsurémant wn jeune psychia tre, et j'y fus introduit pour beaucoup par les travaux, 'enseignenent direct et, jtoscrais ame dire la familiarité de quelqu'un qui a joué un réle tris important duns la psychiatric frangaise a/cotte époque, et qui cst WW. de Clérambuult. Mr de Clérambault - j'évoque sa personne, son action, son in~ fluence ct son nom dans une causeric introductive de notre chanp= pour ceux d'entre vous qui n'ont de son q@uvre qu'une connaissance moyenne ou approxinatine, ou par oute dire, et je pense qu'il doit y en avoir un certain nonbre, - passe pow avoir été le farouche défenseur d'une conception organiciste extréme, et assurément c'était 1a en effet le és théoviques, Néansoius, jo dessein explicite de beaucoup de ses expor crois que ctest 1& que peut tenir ln perspective sur Ltinfluence quia pu avoir effectivement, non seulement ga personne et son enscignenent, mais aussi la vériteble portée du cette découverte, puisqu!aussd bien tune wurre qui, indépendanaent de ses vioges théoriques, a une cle valeur clinique concrite d'une nature considérable: le nombre de syndromes, pour denner ce terre le seno le plus vague, cliniques

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