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2 ­ L’UNION EUROPEENNE

À l’heure actuelle, l’Union européenne n’est plus une organisation internationale


ni même une confédération. Elle a dépassé le stade de l’organisation internationale.
Les premiers projets constituaient de simples solidarité d’intérêts : traités de la
C.E.C.A. (1951), de la C.E.E. et de l’Euratom (1957). Ces textes internationaux ont été
suivis de traités généraux d’unification institutionnelle et matérielle. Ils ont réalisé
progressivement une intégration économique, puis politique. Ce sont les traité de
Bruxelles (1965), traité de Maastricht (1992), traité d’Amsterdam (1997) et traité
établissant une Constitution pour l’Europe (29 octobre 2004).

Des six Etats fondateurs (France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas,


Luxembourg), l’Europe est passée à neuf en 1973 (Danemark, Irlande, Royaume-Uni),
dix en 1981 (Grèce), douze en 1987 (Espagne, Portugal), quinze en 1995 (Autriche,
Suède, Finlande) et vingt-cinq en 2004 (Tchéquie, Estonie, Chypre, Lettonie, Lituanie,
Hongrie, Malte, Pologne, Slovénie, Slovaquie).

Mais l’Union a aussi dépassé le stade du confédéralisme. Aujourd’hui, il ne saurait


être question d’une simple « société de sociétés », selon l’expression empruntée à
MONTESQUIEU. Les institutions mises en place répondent à la structure classique du
pouvoir constitutionnel : pouvoir exécutif, pouvoir législatif, pouvoir judiciaire.

- Un exécutif tricéphale. C’est l’originalité de l’Union européenne. L’autorité


décisionnelle est morcelée : Conseil européen (réunion deux fois par an des chefs
d’Etat, de gouvernements et ministre, avec présidence tournante tous les six mois,
organe d’impulsion à caractère politique sans pouvoir normatif), Conseil des ministres
(représentants des gouvernements, décisions à la majorité qualifiée ou à l’unanimité,
nombre de voix variable en fonction de l’importance démographique de chaque Etat),
Commission européenne (commissaires nommés par les Etats pour 5 ans, avec
investiture du parlement européen, organe d’initiative législative et d’exécution du
droit communautaire, responsable politiquement devant le parlement).

- Le parlement européen. Depuis 1979, il est élu au suffrage universel direct pour 5
ans par les peuples des Etats membres. Le nombre des députés européens a été porté à
732 par le traité de Nice en 2000. Ce parlement a deux missions. 1°) Il a une mission
législative : il peut amender le projet de budget de l’Union ou le rejeter à la majorité
des 2/3 ; en matière de transport, d’emploi, d’éducation, de culture, de santé ou de
protection des consommateurs, il approuve les décision du Conseil des ministres. 2°) Il
a une mission de contrôle : il peut constituer des commissions d’enquête, a un pouvoir
d’investiture de la Commission et peut user de la motion de censure à la majorité des
2/3 des suffrages exprimés et de la moitié de ses membres. C’est donc un organe qui a
acquis une réelle dimension politique.

- La Cour de Justice de l’Union européenne. Elle est composée de 15 juges


nommés d’un commun accord par les gouvernements des Etats membres pour six ans
renouvelables. Le président est désigné par ses pairs. Saisie par les Etats, les
institutions de l’Union ou les particuliers, elle est chargée d’assurer le respect du droit
communautaire.

Afin de ne pas heurter les susceptibilités nationales, les auteurs du traité de


Maastricht comme celui relatif à la Constitution européenne ont refusé de reconnaître
explicitement son orientation fédéraliste. Le mot a donc été retiré, mais l’idée en a été
conservée : le principe de subsidiarité affirme que l’Union n’est compétente pour
intervenir que dans la mesure où son action permettrait d’obtenir de meilleurs résultats
que l’action individuelle des Etats-membres. C’est un principe de répartition des
compétences typique du fédéralisme : la compétence de principe appartient aux Etats-
membres, la compétence d’attribution revient à l’Union.

D’autres éléments démontrent que l’Union européenne est d’ores et déjà un


système fédéral : existence d’un droit spécifique dit « dérivé », d’une citoyenneté
européenne, extension des procédures de vote à la majorité qualifiée (et non plus à
l’unanimité) au sein du Conseil des ministres, adoption d’une Charte des droits
fondamentaux de l’Union à Nice les 7-9 décembre 2000 (texte repris dans celui de la
Constitution européenne). Cette Charte énonce un certain nombre de droits et libertés
sur le modèle des déclarations de droits (dignité humaine, droit à la vie, droit à
l’intégrité de la personne, interdiction de la torture et de l’esclavage, droit à la liberté
et à la sûreté, etc.).

Certes, le fédéralisme européen n’est pas encore parfaitement établi. Les obstacles
les plus importants demeurent le déficit de culture politique européenne et l’absence
d’idéal commun partagé par les populations concernées. S’y ajoute la difficulté
d’unifier l’exécutif et de le démocratiser. C’est pourquoi la Constitution européenne
prévoyait que le président du Conseil européen serait désormais élu en son sein à la
majorité qualifiée pour un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois. Chargé
de représenter l’Union à l’extérieur pour sa politique étrangère et sa politique de
sécurité commune, il devait apparaître comme son véritable président. Le président de
la Commission européenne devait être élu (et non plus investi) par le parlement
européen. Cette innovation devait le rapprocher de la situation d’un chef de
gouvernement.

Dans le traité de Nice, la France représente 9 % des votes. Dans la Constitution


européenne, elle passait à 13,35 %. Dans le traité de Nice, les six pays fondateurs
détiennent 36 % des voix. Dans la Constitution, ils pesaient 50 %.

Le traité établissant la Constitution européenne devait entrer en vigueur le 1er


novembre 2006. Mais il fallait pour cela qu’il soit ratifié avant cette date par tous les
Etats membres. Dans le cas où un ou plusieurs Etats rencontreraient des difficultés
pour ratifier le texte, il était prévu que le Conseil européen se saisirait de la question
(il n’a pas été précisé quelles seraient ses possibilités d’action en la circonstance). Or,
il se trouve que les Français ont refusé de ratifier ce traité par 54,87 % de non lors du
référendum du 29 mai 2005. Cet échec met un coup d’arrêt au processus d’adoption de
la Constitution européenne même si les autres Etats ont affirmé leur volonté d’aller
jusqu’au bout du mécanisme de ratification.

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