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2007 - 2008
Dossier d’éthique
Mme Valasik
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I) Une bataille médiatique (Information)
A) La campagne du Sedif
B) La campagne Cristaline
C) Les raisons du débat
a) Le Sedif
b) Cristaline
B) Leurs réactions
C) L’eau du robinet
a) Acteurs
b) Critiques communes
c) Prix
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Cristaline, leader français sur le marché de l’eau en bouteille, choisit d’afficher
en Janvier 2007 un ton provocateur pour sa dernière campagne publicitaire,
provoquant un torrent de réactions des institutions et associations.
Se sentant menacée par cette campagne, l’eau de source Cristaline, qui occupe
aujourd’hui le premier rang sur le secteur des eaux en bouteille met en place, un mois plus
tard, une action de communication choc. Elle a, depuis ses débuts, basé sa signature
publicitaire sur le fait que son eau est une des moins chères du marché.
B) La campagne Cristaline
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Si jusqu’ici Cristaline avait fait de Guy Roux son emblème, évoquant ainsi sa radinerie
et donc l’aspect économique de la marque, elle change radicalement de ton. Le 8 janvier
2007 Cristaline lance une campagne d’affichage (sur une seule semaine) dont l’axe de
communication principal est la promotion de la qualité supérieure de l’eau en bouteille par
rapport à l’eau du robinet.
Les trois différentes affiches remettent tour à tour en cause le goût, la potabilité et la
provenance de l’eau du robinet. Cristaline choisit pour sa campagne un ton très provocateur.
Bien que l’eau du robinet ne soit pas citée, le lecteur peut explicitement faire le lien.
L’objet de cette étude sera donc de se demander dans quelle mesure l’eau du robinet et
l’eau en bouteille posent problème au niveau environnemental et humain étant donné la
pollution donc elles sont toutes deux accusées.
a) Le Sedif ?
Le SEDIF est un établissement public de coopération intercommunale, administré par
un comité où siège un délégué par commune. Crée en 1923, le SEDIF alimente en eau potable
144 communes réparties sur 7 départements de l’Ile de France.
Les élus fixent le prix de l’eau et décident des investissements nécessaires pour assurer
le service de l’eau. Avec 300 millions de mètres cubes distribués chaque année et 4 millions
de consommateurs, le SEDIF est le premier service public d’eau en France et l’un des tout
premiers en Europe. Ses installations figurent parmi les plus performantes et les plus
importantes en terme de capacité. Elles sont déléguées à la gestion au secteur (privé) de
Véolia Eau.
b) Cristaline
Cristaline est le leader du marché de l’eau en bouteille, en raison de son prix,
revendicant 20% des ventes sur tout le marché. Cristaline appartient à la maison mère Alma
group, via sa branche Neptune (Saint-Yorre, Thonon, Vichy Célestins, etc…). Le groupe
japonais Otsuka vient de racheter récemment Alma Group, qui emploie 3000 personnes, et
détient 34 usines. Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 783 millions d’euros en 2007,
pour une production de 4 millions de bouteilles d’eau par an. (source : LaTribune.fr,)
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B) Les réactions
Nous pouvons identifier différents acteurs, que nous regrouperons sous les catégories
suivantes :
• Eau de Paris (lié au Sedif), se sentant menacée, interpelle le gouvernement afin que
celui-ci prenne des sanctions à l’encontre de Cristaline. La société, en intentant une action
en justice, défend ses propres intérêts. Bertrand Delanoë, maire de Paris, et Anne Le Strat,
PDG d'Eau de Paris (société d'économie mixte de la Ville de Paris), ont en effet décidé
"d'engager une procédure pénale contre la société Cristaline, pour sa campagne de
publicité qui porte atteinte à l'image de l'eau du robinet et à la qualité du service public de
l'eau". Eau de Paris se fait donc indirectement le défenseur de l’entreprise Véolia.
Les institutions, telles que la DASS (Direction des Affaires Sanitaires et Sociales) et
le Syndicat de gestion et de distribution des eaux, sentent la qualité de leur travail
directement remis en cause par cette campagne.
Le président de Cristaline, Pierre Papillaud, reconnaissait de son côté "y être allé
peut être un peu fort", tout en soutenant que sa société n'a fait que se défendre après la
campagne incisive du Sedif. Quant à Eric Bousquet, Président de Business, qui gère le
budget de la marque depuis son lancement il y a 15 ans, il reconnaît tout au plus que
la signature « On ne boit pas l’eau qu’on utilise » est « un peu tendancieuse »
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III) L’eau en France : clarifications et analyses
/ Comparaison
A) Les Français et l’eau
Tout d’abord, avant d’approfondir l’étude sur les réalités de l’eau en bouteille et de l’eau
du robinet en France, analysons le dernier Baromètre SOFRES / Centre d’Information sur
l’Eau (C.I.EAU), intitulé "Les Français et l’eau", qui nous indique que les Français n’ont
jamais eu une aussi bonne opinion
du degré de sécurité que leur offre
l’eau du robinet :
Pour se repérer, il faut d'abord connaître les différentes cartes d'identité des eaux
disponibles dans le commerce. Nous en avons répertorié 3 sortes : eau de source, eau
minérale, et eau gazeuse.
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obligation de mentionner : "eau soumise à une technique d'oxydation autorisée à l'air
ozoné" (arrêté du 10 novembre 2004) ;
respect des limites maximales fixées pour les résidus de ce traitement.
L'eau minérale est agréée par le ministère de la Santé qui reconnaît des propriétés
« favorables à la santé ». De composition stable ; elle n'est astreinte à aucune norme
concernant sa teneur en minéraux et elle n'est pas tenue de respecter les seuils de potabilité
fixés pour l'eau du robinet et l'eau de source, qui peuvent être dépassés et non signalés. D’où
le fait qu’il ne soit jamais écrit « eau potable » sur les bouteilles d’eau.
Au final, les eaux minérales embouteillées ne sont pas tenues de respecter les normes de
potabilité demandées à l’eau du robinet. Cristaline par exemple, n’est pas une eau minérale
agréée par le ministère de la santé française mais une eau de source.
On notera tout de même que 40% de l’eau en bouteille dans le monde est en fait de l’eau
du robinet mise en bouteille, à laquelle on rajoute des minéraux pour un pseudo résultat sur la
santé.
b) La qualité minérale
Comme l’exige la
réglementation, la qualité
minérale d’une eau en
bouteille est toujours
indiquée sur l’étiquette, sous
forme d’un tableau ou d’une
liste. Le tableau ci-après
rassemble les
caractéristiques minérales
moyennes (exprimées en
milligramme par litre) de
quelques eaux en bouteille
(choisies au hasard) et, en
guise de comparaison, de
l’eau du robinet distribuée à
Paris. Cependant, ce tableau
semble ne pas être suffisant
pour informer et convaincre
le consommateur puisque de
nombreux slogans viennent
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caractéristiques des eaux en question.
Voici ce que dit l’OMS à propos de la minéralisation des eaux en bouteille concernant leurs
« aspects bénéfiques » :
Pourtant, les minéraliers insistent fortement sur les bienfaits que les consommateurs
peuvent tirer de la qualité minérale de leur eau en bouteille. Gain de vitalité (« reVittelisez-
vous »), plaisir, source de jeunesse, mincissez…
En outre, le fait que l’eau embouteillée provienne d’un site naturel exceptionnel lui
donnerait des caractéristiques particulières qui sont, selon les minéraliers, transmises au
consommateur.
On produit 38 millions de bouteilles chaque année dans le monde et une sur cinq
seulement est recyclée. La fabrication des bouteilles plastique nécessite l'utilisation de
ressources non renouvelables (pétrole, gaz naturel) et peut produire des pollutions.
Leur transport, de la source jusqu'aux lieux de vente et à notre domicile, puis le transport
des bouteilles usagées vers leur destruction, pollue, consomme du pétrole, accentue la
dégradation des voies d'accès et est source de nuisances comme le bruit. Jean-Pierre Deffis,
directeur général de Danone Eaux France : «Quelque 70% du transport d'Evian est assuré par
ferroutage. Malgré les hausses de tarif et les problèmes du réseau ferré. Nous sommes le cinquième
plus gros client fret de la SNCF»,
D’autre part, l'eau en bouteille peut contenir des substances chimiques issues du
plastique. Selon l'Institut Français de la Nutrition, des études ont relevé des teneurs
d'antimoine (SB), une substance toxique, dans des eaux vendues dans les bouteilles de
Polyéthylène téréphtalate (PET) . Les concentrations restent bien inférieures aux limites
autorisées mais elles mettent en évidence le risque de migration de la matière à l'eau. Ceci
s’ajoute au fait que les bouteilles en plastique ne sont conçues à la base que pour une
utilisation unique. Remplir plusieurs fois une même bouteille et boire au goulot
quotidiennement amène au développement de bactéries et à une dégradation du plastique
possiblement nocifs pour l’homme.
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Certaines associations demandent à ce que figurent de manière claire sur les bouteilles
qu’il ne faut les utiliser qu’une seule fois, et que la lisibilité des étiquettes concernant la
composition de l’eau en question ne doit pas être entravé par des arguments marketings.
d) Le prix
Plus la bouteille est petite, plus le prix au litre est important. Cela confirme, qu'au-delà
même du produit, c'est bien en priorité l'emballage, le transport et la publicité que chaque
consommateur paye.
Un litre d’eau du robinet revient à 0,00343€, un litre d’eau minérale à 0.44€ et l’eau
de source revient à 0.15€ le litre. Donc au final, par an (pour 547 litres), on payerait 240€
d’eau minérale ou 82€ d’eau de source ou 1.87€ l’eau du robinet.
C) L’eau du Robinet
a) Les acteurs
L’eau du robinet est un aliment parmi les plus surveillés par les autorités sanitaires :
plus de 50 prélèvements et analyses sont obligatoires (température, pH, minéraux, présence de
virus, bactéries et polluants). Depuis 2004, des mesures sont effectuées dès la sortie du
robinet, et non plus seulement au niveau du compteur.
Leur rôle tend à s’accroître en raison de leur spécialisation, de leurs savoir-faire et de leur
taille de plus en plus importante. Elles gèrent à la fois l’eau qui est distribuée au
consommateur et celles qui doit être épurée pour être rejetée dans la nature.
Ces groupes rachètent de nombreuses compagnies américaines, anglaises, allemandes ou
italiennes. La métropole de Shangaï a par exemple confié pour 50 ans à Véolia Eau la gestion
totale de l’eau, du traitement jusqu’à l’acheminement au consommateur, sur un territoire de
500 km². La générale des eaux (ou Veolia Eau) s’assure notamment des profits confortables
grâce à ses contrats auprès de plus de 8000 municipalités française. C’est le plus grand groupe
mondial de distribution d’eau.
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b) Critiques communes
L’eau est trop calcaire. Cela dépend en fait des régions. Il ne s’agit pourtant que d’un
élément gustatif : le calcaire ne présente aucun danger pour la santé, d’ailleurs il n’existe pas
de limite maximale.
L’eau du robinet est trop chlorée. Effectivement, l’eau du robinet est forcément
chlorée, pour éviter que les bactéries ne se développent lors du stockage ou dans les
canalisations (800 000 km de tuyaux en France !). Et si normalement les teneurs sont faibles
(0,1 à 0,3 mg/l de chlore, soit une goutte pour 5 baignoires), les quantités ont
malheureusement été augmentées depuis 2001, dans le cadre du plan Vigipirate. La sécurité à
tout prix…
Il y a trop de nitrates dans l’eau du robinet. Les nitrates sont des polluants issus des
engrais utilisés dans l’agriculture. La teneur en nitrates de l’eau est un paramètre très surveillé
: le seuil maximal autorisé est de 50 mg/l. Cette valeur est adaptée pour les bébés. En
revanche, pour les nourrissons de moins de 6 mois, le seuil de 15 mg/l maximum est parfois
évoqué par les pédiatres. En fonction des régions, la consommation d’eau en bouteille doit
parfois être envisagée…
L’eau du robinet contient des pesticides. La teneur en pesticides est elle aussi très
encadrée : les normes autorisent au maximum 0,1 microgrammes par litres de traces d’un
produit donné, et 0,5 microgrammes par litres pour la teneur totale en pesticides.
En Janvier 2008, on note une condamnation pour la mauvaise qualité des eaux en
Vendée et en Bretagne. En 2005, seuls 10 prélèvements sur 4935 effectués, ont révélé la
présence de micro-organismes. Or la plupart de ces anomalies sont dues à des défauts dans les
réseaux de distribution privés des immeubles. Outre ces prélèvements, aucun cas de
saturnisme n’a jamais été détecté en Ile de France.
c) Le prix
Ses prix varient, selon les régions, surtout en France. Dans bien des cas, le prix de
vente de l’eau n’est pas fonction de son prix de revient (lequel dépend des ressources
naturelles du lieu) mais de facteurs politiques beaucoup plus complexes.
En Espagne par exemple, malgré la pénurie qui résulte de la sécheresse d’une grande
partie du pays, le prix de l’eau est deux fois moins élevé qu’en France. Une hausse des prix
(justifiable) pénaliserait en fait les exploitations irriguées qui réalisent l’essentiel des
exportations des fruits et légumes de la péninsule. C’est aujourd’hui la Société des eaux de
Marseille qui va alimenter la ville de Barcelone en eau pour pallier une sécheresse historique
qui menace 5,5 millions d'habitants.
Dans de nombreux pays, le prix de l’eau prend en compte des dépenses coûteuses car
il faut la prélever, la traiter, la distribuer, la stocker, l'évacuer et l'assainir. En Europe, au
début des années 1990, le prix de l’eau du robinet a augmenté de 10% sur 4 ans du fait des
directives européennes. Mais l’eau du robinet ou l'eau courante coûte rarement plus de 0.003
centimes d'€ le litre.
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IV) Enjeux / Intentions au crible de la réflexion
A) L’eau et la culture
Au niveau de l’eau, un des truismes les plus répandus « L’eau, c’est la vie » résonne
dans toutes les têtes. Cela répond notamment à une réalité culturellement ancrée dans la
civilisation judéo-chrétienne (on peut penser à l’eau du baptême, faisant signe vers une
renaissance ou celle « coléreuse » de l’arche de Noë, paradoxalement « eau de mort »). Cette
eau a pu aussi être symbole de puissance au sein des villes (avec l’ostentation de fontaines,
notamment à Versailles). De manière générale, on lui donne des attributs sacrés, voire
magiques, et ce dans toutes les civilisations. C’est donc la nature « sacralisée » qui se voit
aujourd’hui « déchue » par l’avènement de pollutions intensives qui viennent donner à l’eau
l’apparence du risque et de la maladie.
On remarque d’autre part dans d’autres régions du monde que l’eau peut tuer si elle
n’est pas assainie. De fait, l’eau, naturelle à la base, est devenue un produit. Si elle nous est
prodiguée par mère Nature, elle ne nous est plus transmise de manière directe par celle-ci.
Faisant l’objet de recyclages, traitements, pollutions, dépollutions, il n’est plus possible de la
boire à la source (ce qu’utilisent les minéraliers comme image de promotion) et celle-ci n’a
plus rien d’un apport naturel direct. Elle devient un produit humain si l’on peut dire. En outre,
l’idée de « propreté » de l’eau est lié à un avènement de l’hygiène au XIXe siècle répondant à
de nouvelles exigences sociales. D’où l’augmentation des besoins en eau (les baignoires
amènent ainsi à dépenser beaucoup d’eau). Aujourd’hui, c’est cette propreté que revendiquent
les habitants des pays du Tiers Monde, qui voient dans les quartiers aisés canalisations et eau
dites « potable » (autrefois, un tel souci d’hygiène était ignoré par les populations).
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C) Les discours sur l’eau / enjeux économiques
D’une part, les minéraliers jouent sur les peurs liées à l’eau du robinet (alors qu’eux
même ne sont pas tenus de respecter les normes légales de potabilité) sans insister sur le fait
que leurs services reviennent à près de 120 fois plus chers que ceux proposés par le service
public.
Les minéraliers allèguent aussi à leur eau une qualité « minceur », « jeunesse »,
« santé » ou « tonifiante » qui relève davantage d’une stratégie marketing que d’une vérité
scientifique, tout en omettant la pollution liée au plastique qu’ils engendrent et l’augmentation
substantielle du prix de l’eau. On peut notamment remarquer que le fait de qualifier de
« naturelle » une eau gazeuse avec adjonction de gaz carbonique (provenant de la source ou
d'une autre origine) pose question sur ce qui est « naturel ».
Le discours marketing est donc celui du transfert de la nature vers le corps : "Si
un geyser jaillit à 67km/h, il doit bien pouvoir vous faire un petit quelque chose" (publicité
télévisée Arvie). On retrouve ici la croyance selon laquelle on devient ce que l’on mange.
Rappelons par exemple que dans certaines civilisations il convenait de manger le cœur de
l’adversaire que l’on avait terrassé pour acquérir sa force. Ainsi les minéraliers clament que
l’on tire une certaine force de la consommation d’une eau issue d’un milieu sauvage…
En France, le marché de l’eau embouteillée est très concentré puisque les groupes
Nestlé (Vittel, Contrex, Perrier, Vera, San Pellegrino...), Danone (Evian, Badoit, Volvic,
Arvie, Salvetat, Taillefine...) et Neptune (Thonon, Cristaline, Courmayeur, St-Yorre,
Vichy...) réalisent 80 % des ventes. Le chiffre d’affaires français de l’eau en bouteille
d’environ 2 milliards d’Euros par an attise notamment les convoitises des deux géants
américains PepsiCo et Coca-Cola. D’où des accusations virulentes pour garder une place de
privilège sur un marché saturé, accusations qui ne sont pas nécessairement justifiées, visant à
décrédibiliser l’eau du robinet. Ainsi, s’exclame-t-on chez les minéraliers : «Quand Suez
finance un programme court sur France 2 pour présenter une maman qui donne un biberon
d'eau du robinet à son nourrisson, nous estimons que la ligne jaune est franchie. Et quand
Brita dit fournir de l'eau de source à la maison... Ces discours sont mensongers !» Les
minéraliers en sont sûrs : «Tout cela, c'est pour justifier leurs hausses tarifaires !»
L’eau en bouteille est le deuxième produit le plus consommé en France après le pain :
avec une moyenne de 120 litres par an et par habitant. En vingt ans, la consommation d’eau
en bouteille a été multipliée par deux. Cet engouement peut se résumer à une perception
négative de la qualité de l’eau du robinet, l’arrivée des hypermarchés, la création de la
bouteille en plastique et les stratégies de communication très développées, avec un argument
massue concernant « la santé ».
On relèvera néanmoins que les médecins ne préconisent de l’eau en bouteille pour les
biberons que pour les bébés de moins de 6 mois, et ce uniquement selon la qualité de l’eau
régionale. Hormis cette recommandation, loin d’être exagérément restrictive pour la vie
quotidienne, l’eau du robinet ne semble pas poser problème, si ce n’est lorsqu’elle déroge aux
restrictions européennes.
D’autre part, les professionnels de l’eau, qui eux, appartiennent au domaine public,
et qui tentent de promouvoir une eau « transparente » de toute pollution. On ne peut ignorer
néanmoins que derrière le Sedif, c’est l’image du « privé » Veolia Eau qui est en jeu. D’où
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une guerre médiatique qui prend son sens. Veolia Eau est « le N°1 mondial des services de
l’eau». Des géants économiques en affrontent donc d’autres.
Un des enjeux sous jacent à cette guerre médiatique est donc la privatisation du
« marché » de l’eau. Aujourd’hui, le marché de l’eau mondial est aux mains de très grosses
entreprises notamment françaises : Véolia, Ondeo et la Saur se partagent à elles seules 40%
du marché mondial. L’enjeu financier est de taille : un marché de l’eau payante, très dispersé
géographiquement, estimé par les économistes à 1000 milliards de dollars.
Tous les écologistes du monde s'unissent pour décrier les pratiques des industriels de
l'eau, grands utilisateurs d'emballage plastique et de transport. De manière générale, on
dénonce le fait que les techniques capitalistes amènent à privatiser l’eau. Ainsi, certains
courants écologistes voudraient l’eau - vitale comme l’air - gratuite pour tous et d’abord aux
plus démunis. Ce genre de revendications est à mettre en relief avec certaines
réalités puisqu’elles ne prennent pas en compte l’aspect financier (lourd) nécessaire à
l’approvisionnement de tous, nécessitant des retours sur investissements indispensables à
l’entretien des installations. On ne peut notamment passer sous silence le fait que l’eau
potable ainsi distribuée sous contrôle des municipalités et de manière organisée revient le plus
souvent 4 ou 5 fois moins chère que celle qu’il faut aujourd’hui acheter dans les pays pauvres
aux porteurs d’eau ou aux mafias qui prennent en otage les rares sources d’eau potable.
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francophones, dans les régions du monde où la France a une responsabilité politique et morale
particulière »
E) Belu
Un certain nombre d’initiatives essaient de donner
aux bouteilles d’eau un supplément éthique. C’est le cas de
Belu, une jeune entreprise d'eau minérale britannique. Belu
propose la première bouteille en bio-plastique compostable,
investit dans l'énergie renouvelable pour compenser ses
émissions de CO2 et reverse tous ses profits à des projets
de purification de l'eau partout dans le monde : création de
puits et de pompes à main pour alimenter un village de 10
000 habitants au Tamil Nadu, nettoyage des cours d'eau et
rivière en Angleterre (45 tonnes de sacs plastiques
ramassés chaque année), facilitation de l'accès à l'eau
potable au Mali, etc. Grâce au partenariat avec l’association
WaterAid, chaque bouteille achetée par un consommateur
britannique permet à une personne en Inde ou en Afrique d’avoir de l’eau pure pendant un
mois. Signalons au passage que, dans le même esprit, l’eau américaine Ethos, dont les profits
servent à financer des programmes d’accès à l’eau potable dans les pays du Sud, se développe
rapidement en Amérique du Nord grâce au soutien du réseau Starbucks.
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Sources
http://www.strasbourg.fr/environnement/assainissement/fiche_10.pdf?FileID=documentsprinc
ipaux%2Fenvironnement%2Feau%2F%C3%A9co-consommateur%2Ffiche_10.pdf
(Dossier sur l’eau filtrée)
http://www.cieau.com/toutpubl/sommaire/texte/10/f101.htm
Sondage « Les Français et l’eau »
http://www.mescoursespourlaplanete.com
(Bouteille ecologique) -
http://www.sedif.com
Gestion des activités du groupe, informations sur le traitement des eaux, études et brochures
diverses
www.veoliaeau.com
Site de la l’entreprise Veolia
http://www.consoglobe.com/cp780-1716_bataille-eau-robinet-bouteille-choisir.html
Evoque la bataille médiatique
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Etudes sur l’eau en bouteille, au robinet, sur les actions médiatiques
http://www.cbnews.fr/
Agence de communication. Relate les épisodes médiatiques.
http://www.who.int/fr/
Site officiel de l’OMS
Livres
L’eau dans le monde : les batailles pour la vie (Petite encyclopédie Larousse) – (Yves
Lacoste)
François Anctil est professeur de génie civil et de génie des eaux à l’université Laval
(Québec) et est spécialisé dans l’analyse et la modélisation de séries temporelles
hydrologiques. Il a rédigé seul ou conjointement près de soixante publications dans des revues
scientifiques.
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