You are on page 1of 24

Notions du référentiel : égalité/inégalité des

chances, inégalités, équité, justice sociale,


Chapitre- Démocratie et égalité
pauvreté

Fiche 1 : Définition et mesure des inégalités et de la


pauvreté

Introduction :

Comme l’écrivent JP Fitoussi et P Rosanvallon :


• « lorsqu’il n’est point précisé le concept d ‘égalité est vide de substance. Chacun aspire à l’égalité, mais
chacun donne un contenu différent à cette aspiration. »
• « L’idée d’égalité est, en effet confrontée à deux types différents de diversité :
- l’hétérogénéité des êtres humains
- et la multiplicité des variables en termes desquelles l’égalité peut être appréciée »(A.Sen).
• Le débat sur l’égalité n’oppose pas, comme on peut parfois l’interpréter superficiellement, les pour et les
contre, mais porte sur le choix de la variable de référence. La vraie question est donc quelle égalité, ou plus
précisément l’égalité de quoi ? »
• Le débat est encore compliqué par l’introduction de termes tels équité, justice sociale, qui sont souvent mal
explicités ou définis de manière imprécise ou différente.

Partie 1 – Définitions des inégalités

I. Définitions générales

A. Définition de l’inégalité

Une inégalité ne doit pas être confondue avec une différence :


• En effet une différence entre deux individus ou deux groupes ne devient une
inégalité qu’à partir du moment où elle est traduite en termes d’avantages ou de
désavantages par rapport à une échelle de valeurs .elle est donc toujours
relative.
• Les inégalités ne peuvent donc être étudiées de manière absolue, il faut
impérativement tenir compte du cadre social, culturel qui indique ce qui est
acceptable et ce qui ne l’est pas.

Un diaporama de l’académie de Versailles pour définir le concept d’inégalités : Télécharger la PréAO au format
pps

Sur l’Observatoire des inégalités : ici

B. Définition de l’égalité

• C’est un concept très délicat à définir qui varie, en particulier, en fonction du


niveau auquel on se place.
• Mais aussi selon JP Fitoussi : « Une politique de l'égalité est d'autant plus
complexe que la notion d'égalité est difficile à définir, en raison de
l'hétérogénéité des êtres humains et de la multiplicité des variables qui
permettent d'apprécier cette notion. La difficulté vient du fait que l'espace
auquel peut s'appliquer le concept est multidimensionnel et que la définition de
l'égalité dans l'une de ses dimensions implique, au sens causal, l'acceptation
d'inégalités en d'autres dimensions. Par exemple, le principe " à travail égal,
salaire égal " justifie que les rémunérations soient inégales lorsque les
occupations sont différentes. L'égalité des chances peut, elle aussi,
s'accommoder de très grandes inégalités de réalisation et donc de positions.
Mais ces inégalités seraient jugées inacceptables si la société avait
l'impression que le principe initial - l'égalité des chances - n'avait pas été
respecté et les sujets d'examen connus à l'avance par certains. »

Une vidéo de Canal U : ici

II. Des définitions parfois contradictoires

C’est cette caractéristique qui entraîne plusieurs définitions de l’égalité qui peuvent être contradictoires

A. Egalité de droit-Egalité de fait

1. Le principe

Principe de l’égalité de droit : Selon l’article premier de la Déclaration des droits de


l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : « les hommes naissent libres et égaux en droits.
Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » Les mêmes
règles s’appliquent à tous : c’est une égalité de droit. Cette conception est à la base la
démocratie libérale .

2. La critique de cette conception

Cette vision a été critiquée par Marx qui considère :


• Qu’il s’agit d’une démocratie formelle conférant au peuple des droits et des libertés
précieux, mais aps les moyens de les exercer ; Ainsi ? le maître de forges et son
ouvrier sont libres et égaux en droit , mais le second est surtout libre de mourir de faim
s’il ne se vend pas.
Pour en savoir plus : ici

• qu’il s’agit d’une démocratie bourgeoise , assurant sous la fiction de la souveraineté


populaire, la domination des propriétaires des moyens de production que cette égalité
n’est que théorique et non réelle .
Pour en savoir plus : ici

• qu’ il s’agit d’une démocratie représentative organisant la passivité et la dépolitisation


du peuple, en même temps que l’autonomie des élus par rapport aux électeurs.

B. Egalité des chances-égalité des situations

Cette distinction porte sur le moment choisi pour mesurer l’égalité ou l’inégalité : au
départ ou à la fin.

1. L’égalité de départ ou égalité des chances


Consiste à traiter tous les individus de la même manière au départ et à accepter les
différences de situations .Aussi cette forme d’égalité s’en prend elle d’abord aux
diverses modalités de l’héritage, non pas seulement au patrimoine, mais aux divers
avantages que les privilégiés souvent dans leur berceau.

2. L’égalité d’arrivée ou égalité des résultats

Consiste à traiter les individus de la même manière à l’arrivée. R Boudon écrit ainsi :
« aujourd’hui , ce n’est pas seulement l’égalité de départ qui est revendiquée , c‘est
aussi l’égalité des résultats. Ce n’est plus seulement le privilège de la naissance qui
est scandaleux, c’est l’existence même d’un écart entre les performances des divers
concurrents qui est tenue pour suspecte. ».

Cela a donné naissance à deux conceptions de l’égalité : l’égalitarisme et l’égalité libérale ou méritocratique

Sur Melchior, égalité de droit-égalité des chances : ici

C. Egalitarisme-méritocratie

La distinction remonte à Aristote qui l’a formulé le premier. Aristote distinguait :


• l’égalité arithmétique ou selon les besoins qui énonce que tous les
hommes doivent être traités de la même manière,
• de l’égalité des chances ou méritocratique qui considère que les
rétributions que l’individu retire de la participation à la société doivent être
proportionnelles aux contributions qu’il lui apporte. R Boudon écrit ainsi : « il ne
serait pas juste que celui qui n’a pas travaillé reçoive autant que celui qui s’est
beaucoup efforcé ».

Toute la difficulté vient de ce que, comme Aristote l’avait noté, les deux formes sont
difficilement conciliables.

1. L’égalitarisme

a. Définition

L’égalitarisme est :
• fondée sur l’égalité de situations. Les différences doivent être rejetées quelles
que soient les origines et les institutions doivent, autant que possible,
rapprocher la situation des hommes sans se soucier de leurs actes.
• Chacun doit disposer de ce dont il a besoin et cela indépendamment de son
activité
• Le principe est donc« à chacun selon ses besoins »

b. Les applications du principe

Cette conception est à rapprocher des fondements de l’Etat-Providence et de la Sécurité


Sociale :
• selon Beveridge (cf. chapitre politiques économiques), fondateur de la Sécurité Sociale
anglaise, l’objectif est de « libérer l’homme du besoin » en l’assurant contre les
principaux risques de l’existence : retraite, maladie, chômage.
• En pratique, la Sécurité Sociale verse des prestations à des individus momentanément
ou durablement sans activité : la protection sociale, même si elle ne verse pas des
revenus de transfert comparables à ceux liés à l’activité , aboutit à une réduction et
parfois à une suppression de la relation existant entre activité et revenu .

c. Les difficultés engendrées par le principe

La difficulté, selon R.Boudon, sera de définir de manière précise les besoins :


• soit on peut considérer comme le fait le RMI, que les besoins concernent seulement le
minimum vital,
• soit on considère que les besoins sont relatifs, qu’ils dépendent de la richesse de la
société. Il peut , en effet , apparaître scandaleux , que dans des sociétés où une
majorité de citoyens a toute latitude de gaspiller , une minorité ne dispose pas d’un
minimum d’éducation de culture et de santé .

d. Critiques de l’égalitarisme

Selon Boudon :
• « une stricte égalité des résultats, avant ou après redistribution, ne peut être obtenue
que moyennant une organisation sociale extrêmement contraignante, que les
idéologies solidaristes cherchent à légitimer par l’invocation de l’intérêt général.
• L’égalitarisme des résultats conduit à une réduction parfois dramatique des libertés
individuelles. Il ne limite pas seulement la liberté de ceux au détriment desquels le
transfert de ressources est opéré. Il institue aussi une sorte de tutelle sur ceux pour le
bénéfice desquels il a lieu »

2. L’égalité libérale

Aristote déjà dans l’antiquité distinguait deux types de justice :


• la justice corrective qui sanctionne les infractions au droit
• la justice distributive, qui consiste à proportionner les charges et les honneurs au
mérite de chacun. Dans cette optique, on cherche à égaliser d’un individu à l’autre les
rapports entre la rémunération sociale et l’apport de chacun

a. Définition

Le principe est :
• « à chacun selon ses mérites ».
• L’égalité consiste à mettre les individus dans la même situation de départ. C’est
une égalité des chances : deux enfants disposant de talents identiques et
fournissant un même effort, obtiendront des récompenses égales.
• Il y a égalité des chances au départ, mais à l’arrivée inégalités de situations.

b. Application du principe

Cette conception, que R Boudon qualifie de méritocratique , prétend établir une


correspondance rigoureuse entre les contributions des individus et leurs statuts :
• Elle compte sur une mobilité sociale accrue pour extirper les privilèges une fois
qu’auraient été instituées dans la concurrence entre les membres de la société
des conditions égales pour tous. Une fois tout le monde mis sur le même pied,
on fait l’hypothèse que les gagnants ne peuvent être que les meilleurs .
• La méritocratie accepte des disparités éventuellement très fortes dans la
hiérarchie statutaire .La question est de savoir dans quelle mesure les
disparités sont équitables et justes
c. Les critiques de l’égalité libérale

• La notion d’égalité des chances masque les inégalités


• permet de légitimer les inégalités sociales, puisque tous les individus ont eu les
mêmes chances au départ
• Le problème n’est donc pas social, mais individuel

Pour en savoir plus : ici

Sur le blog de C.Peugny : La fin des privilèges de la naissance?

3. L’égalité des possibles

• Maurin constate les limites de l’égalité des chances : « Par égalité des chances,
on entend généralement l'égalité de traitement des individus par les institutions
d'évaluation et de sélection sociale que sont l'école ou l'entreprise, par
exemple.
• Dans un objectif de justice sociale, cette notion est insuffisante dans la mesure
où elle oublie que les individus arrivent fondamentalement inégaux devant ces
institutions. Chacun d'entre nous est le produit d'une histoire personnelle plus
ou moins heureuse, dont il n'est pas responsable, et il est profondément injuste
de le nier. Pour progresser vers davantage de justice sociale, le plus difficile est
de définir les causes des inégalités dans la constitution même de chaque
personne. C'est un processus de long terme qui commence dans la petite
enfance et se poursuit au long de l'histoire familiale notamment.
• On ne réglera pas le problème de l'injustice sociale simplement en rendant les
mécanismes de sélection moins inégalitaires. Il faut avant tout donner les
moyens aux enfants et aux individus de se construire. D'où l'égalité des
possibles. »

D. Egalité et équité

• L’équité est une notion ancienne : elle est, selon Aristote, le principe qui
caractérise la justice distributive, c’est-à-dire donner à chacun son dû selon sa
situation particulière, sa valeur, son mérite.
• Le principe d’égalité ou d’équivalence (selon Aristote), en revanche, s’applique
en matière de justice commutative, c’est-à-dire dans les échanges privés fondés
sur la réciprocité, l’échange ne devant pas modifier la position relative des
classes de citoyens.
• En matière de justice sociale et de répartition, l’équité conduit donc à
proportionner des rétributions à la situation des individus en fonction des
critères de justice. Cela conduit nécessairement à considérer que des
distributions inégales peuvent être plus justes que des rétributions égales.

L’observatoire des inégalités : la distinction équité-égalité : ici ; Le mérite individuel peut-il justifier les
inégalités sociales ?
Cette notion est devenue ambigüe, car elle est utilisée de manière contradictoire par :
• les auteurs libéraux qui préconisent au nom de la justice sociale et de l’efficacité une distribution inégale des
richesses proportionnée aux mérites des individus
• les auteurs défendant des politiques de discrimination positive, celle-ci consiste, au contraire, au nom de
l’équité à moduler les droits afin de donner plus à ceux qui ont moins ou souffrent de handicaps (naturels et /
ou socio-culturels ) ou de discriminations . Il s’agit donc d’une inégalité juridique compensatrice (exemple :
la politique d’affirmative action aux EU ou les ZEP , la parité en France )

un article sur la discrimination positive sue le site de l’ENS : ici

Une fiche très complète sur l’historique de la notion d’égalité et ses différentes formes : ici

Partie II – Comment mesurer les inégalités ?

I. La mesure des inégalités quantitatives ( p 1935-195)

On distingue trois mesures quantitatives de l’inégalité : la dispersion, la concentration et la disparité :

A. La disparité

Définition : . On parle de disparité lorsqu’on mesure l’écart qui existe entre les
valeurs moyennes de deux groupes différents

Méthodologie :
• Il a donc fallu au préalable classer la population étudiée :
• Par exemple si l’on veut mesurer la disparité des salaires entre les ouvriers et les cadres supérieurs, il faut au
sein de la catégorie salariée opérée une distinction entre les membres des deux catégories.
• On calcule ensuite le salaire moyen de chaque catégorie.
• Enfin pour comparer les revenus moyens on calcule :
coefficient multiplicateur =on compare le salaire moyen des cadres et celui des
ouvriers salaire moyen des cadres supérieurs
-----------------------------------------------------------------
salaire moyen des ouvriers

B. La dispersion

Définition : On parle de dispersion lorsqu’on mesure l’écart qui existe entre les
valeurs extrêmes prises par une série de grandeurs.

Méthodologie :
- Dans ce cas, on peut utiliser les déciles ou les quartiles :
• les quartiles correspondent aux valeurs du caractère observé qui partagent l’effectif en quatre parties égales,
les valeurs étant classés par ordre croissant.
• Les déciles partagent l’effectif en 10 groupes égaux.

- Pour mesurer la dispersion, on utilise :


• l’intervalle inter décile : D9-D1. Cet intervalle est tel que 80 % de la population est comprise entre
les deux caractères. Cela mesure l’écart absolu
• on peut aussi mesurer : l’écart relatif ou écart interdécile : D9
D1 qui permet d’obtenir l’éventail
des salaires .
• On peut enfin calculer : le coefficient de dispersion qui est : D9-D1
Médiane

Sur le site de J.Dornbush, une animation flash pour comprendre les quartiles : ici
Sur le site de SES, un diaporama sur le rapport interdécile et la courbe de Lorenz : Présentation Powerpoint

C. La concentration

Définition :
• Pour mesurer la concentration des revenus on utilise la courbe de Lorenz qui
est une représentation graphique des inégalités.
• La courbe de Lorenz permet aussi de donner une mesure précise de la
concentration appelée coefficient de Gini (ce coefficient varie de 0 à 1) :
Surface entre la courbe et la diagonale
Surface de la moitié du rectangle

Un diaporama sur le site SES de l’académie de Toulouse sur la courbe de Lorenz et le coefficient de Gini :
cliquer ICI pour accéder au diaporama

Une vidéo d’écodico de BNP Paribas : ici

Une vidéo www.cours-seko.com sur la courbe de Lorenz et les déciles : ici

II. La limite des mesures quantitatives

Mesurer l’inégalité pose de multiples problèmes :


• quelle variable est prise en compte ? : salaire, revenu, patrimoine, diplôme. La hiérarchie des inégalités sera
différente selon la variable .
• qui prendre ? : les individus, les familles ou les unités de consommation,
• la mesure des inégalités n’est pas unique , elle dépend de l’indicateur choisi .
• comment mesurer les inégalités qualitatives qui par définition sont difficilement mesurables par une
analyse statistique,
• comment prendre en compte les nouvelles inégalités qui sont apparues depuis l’entrée en crise pour
lesquelles l’appareil statistique habituellement utilisé semble peu adapté : P Rosanvallon et JP Fitoussi : « la
société française aujourd’hui confrontée à deux types d’inégalité , qui s’expriment dans des termes différents :
- les inégalités structurelles mises en évidence par l’intermédiaire de l’immense corpus de statistiques
publiques sur la répartition du revenu , des logements, etc. . Elles correspondent de la vision que l’on
avait de l’inégalité quand ces systèmes statistiques ont été construits. C’est à dire à un moment où , le
risque de chômage était mineur, l’inégalité dans les probabilités de trouver un emploi ne venait pas
perturber l’interprétation que l’on pouvait faire des données sur la répartition des revenus ou des
richesses. La statistique publique se réfère ainsi à l’ancienne économie , c’est à dire aux anciennes
catégories. (...)Ces distorsions multiples font que les catégories socioprofessionnelles, qui donnaient
hier une bonne représentation de la société, en raison de leur homogénéité interne, perdent peu à peu
de leur pertinence .
- on assiste au développement de nouvelles inégalités, mises en oeuvre par la dynamique du chômage
ou celles de l’évolution des conditions de vie: inégalité devant l’endettement, la sécurité, les
incivilités, ou même inégalités devant certaines nuisances quotidiennes, comme le bruit par
exemple »
- Enfin les inégalités se cumulent, il semble donc nécessaire d’avoir une vision globale des inégalités.

L’observatoire des inégalités : les indicateurs de mesure des inégalités et leurs limites : ici

Partie 3 - La pauvreté

I. Définitions

A. la pauvreté absolue
la pauvreté absolue désigne l’incapacité pour un individu de satisfaire ses besoins
fondamentaux (se nourrir, se loger, se vêtir, etc.) . Elle est définie de façon précise en France
puisqu’en 2002 est définie comme pauvre toute personne disposant de moins de 10 euros par
jour.
Cette définition paraît pourtant insuffisante car elle ne prend pas en compte le contexte
économique et social dans lequel se situe l’individu.

B. la pauvreté relative

L’union européenne définit comme pauvres : « les individus ou les familles dont les
ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles qu’ils sont exclus des modes
de vie minimaux acceptables dans l’Etat membre dans lequel ils vivent »
A Sen écrit quant à lui « être relativement pauvre dans un pays riche constitue un grand
handicap, du point de vue des capacités, même lorsqu’on dispose d’un revenu élevé au regard
des normes internationales. (…) Pour participer à la vie d’une communauté, il faut parfois
satisfaire à certaines exigences en matière d’équipements techniques (télévision, voiture,
etc.) »

II. Les indicateurs


Trois indicateurs principaux permettent alors de mesurer la pauvreté :

A. la pauvreté monétaire
• En France sont considérés comme pauvres, les personnes disposant de revenus inférieurs à 50%
du revenu médian de la population
• L’Europe quant à elle considère comme pauvres les ménages dont les revenus sont inférieurs à la
moitié de la moyenne des revenus de la population du pays membre dans lequel ils vivent.

B. la pauvreté existencielle

En France elle est mesurée par l’indicateur conditions de vie qui est calculé annuellement par
l’INSEE, sont retenues 28 dimensions de la vie quotidienne regroupées dans quatre domaines :
• contraintes budgétaires
• restrictions de consommation
• retards de paiement
• difficulté de logements
Sont considérés comme pauvres les individus cumulant les handicaps dans chacune des
catégories retenues

C. la pauvreté administrative

sont considérés comme pauvres les bénéficiaires des minima sociaux

Pour la pauvreté selon le PNUD : ici

Pour un constat et une évolution de la pauvreté : ici et ici

Le dernier rapport de l’ONPES : Rapport 2009-2010 (PDF - 6 Mo) Fiches de synthèse (PDF - 532.2 ko)
Notions du référentiel :PCS, patrimoine,
Chapitre- Démocratie et égalité revenu, moyennisation/ polarisation

Fiche 2 : Analyse des inégalités

Partie 1 – Constat des inégalités dans la France des années 2000

L Maurin écrit : « Liberté, Egalité, Fraternité " : notre pays ne saurait déroger à son idéal républicain. Pourtant, sa
devise est de plus en plus souvent bafouée sans qu'on en fasse grand cas. Premier responsable, l'appareil statistique.
Les données les plus récentes concernant la distribution des revenus des ménages, revenus du patrimoine inclus,
remontent à 1996. Le dernier état des lieux des inégalités de revenus ne peut donc être dressé que pour le
gouvernement d'Alain Juppé (lui-même en partie le reflet de la politique d'Edouard Balladur)... Le coupable est
pourtant moins l'institution que le politique : l'Insee dépend du ministère de l'Economie et il ne tient qu'au ministre de
faire accélérer les choses »

I. Des inégalités qui demeurent importantes

A. Les inégalités quantitatives ( 1 à 7 p 182-183)

1. Les inégalités de revenu

a. Les inégalités de salaire

Une étude de longue période montre que la hiérarchie des salaires a été affectée par une succession de mouvements
contraires qui se sont compensées pour maintenir une disparité des salaires relativement importante en France :
T.Piketty constate que les inégalités face au travail n’ont pas réellement diminué sur longue période :
• ainsi, la part des 10 % des mieux rémunérés a oscillé aux alentours de 25 – 28 % de la masse salariale tout au
long du XX° siècle
• la part des 1 % les mieux payés (le centile supérieur) a été stable aux alentours de 6 – 7 %
• la part des 10 % les moins bien rémunérés (décile inférieur) a quant à elle toujours gravité autour de 4 à 5 %

Pour développer : ici

L’observatoire des inégalités :


• l’évolution des inégalités de salaires entre 1996 et 2006 : ici
• les inégalités hommes-femmes : ici

b. Les inégalités de revenu d’activité.

Remarque : On introduit maintenant les professions indépendantes qui bien évidemment n’avaient pas été retenues
dans l’étude des inégalités de salaires.

Constat : le rapport entre le revenu d’activité moyen des indépendants non agricoles et celui des ouvrier s’établit à
2,47. Ces inégalités pourtant non négligeables ne sont rien par rapport aux inégalités de revenu de la propriété.

Pour voir l’évolution récente du revenu disponible des ménages français : ici

Un article de T.Piketty dans Libération Profits, salaires et inégalités ici

c. Les inégalités de revenus de la propriété

Remarque : L’activité professionnelle n’est pas la seule source de revenus pour un ménage, certains éléments du
patrimoine dont le ménage dispose produisent des revenus, qui viendront s’ajouter à ceux engendrés par les activités
professionnelles de ses membres, pour constituer la totalité de son revenu primaire.

Constat : Les inégalités de revenus de la propriété sont très importantes. Elles le sont d’autant plus que si sur la
période 1990-1996 les revenus fiscaux ont en moyenne augmenté de 0,5 % (1 % pour le décile le plus riche , mais ont
baisse de 2,5 % pour le décile le plus pauvre) , la performance réelle des placements a été de 10 % , les actions
françaises ayant même gagné sur la période 25 % . La très forte valorisation du patrimoine financier résultant de la
dérégulation des marchés financiers a ainsi contribué à creuser les inégalités de revenus durant les années 90

2. Les inégalités de patrimoine (8 à 12 p 184-185)

- L’inégalité de patrimoine a diminué depuis un siècle


- Mais elle reste très importante : elle est plus forte que l’inégalité des revenus

Pour en savoir plus : ici

Un article de T.Piketty dans Challenges: Les gros patrimoines ne s'en sortent pas si mal ici

L’observatoire des inégalités : les inégalités de patrimoine : ici


• Ainsi quand on établit le rapport entre le patrimoine moyen d’un indépendant non agricole et celui d’un
ouvrier , on obtient 6, 14.
• Si l’on fait une étude en terme de concentration :
- on constate que les 10% les plus riches transmettent 51,2% du patrimoine total ( les 1% 20%),.
- Par contre les 10 % les plus pauvres transmettent seulement 0,7% du total (les 50% les plus pauvres
transmettant 12,6% du total , c’est à dire presque deux fois moins que le 1 % le plus riche).
• La part des revenus tirés du patrimoine dans le revenu des ménages après être resté stable aux alentours de 4
% entre 70 et 98 , a fortement augmenté durant les années 90 pour atteindre 10 % en 82 , ce qui traduit la très
forte augmentation de la rémunération du capital , en particulier sous forme d’actions , alors que les salaires
qui avaient fortement augmenté pendant les 30 Glorieuses ( multipliés par plus de 6 en francs constants )
progressent maintenant très lentement .

La politique de redistribution des revenus opérée par l’Etat a donc pour objectif de réduire ces inégalités.

3. Les inégalités face à la distribution

a. Les inégalités face aux prestations sociales

Le système de protection sociale français relève principalement d’une logique d’assurance, pour percevoir des
prestations sociales, il faut au préalable avoir acquitté des cotisations. Le montant de la prestation (retraite, chômage)
sera fonction de la contribution de l’individu. Cela va avoir deux effets :
• Tous ceux qui n’ont pu acquitter des cotisations se trouvent dépourvus de toute protection sociale. A Bihr et
R Pfefferkorn écrivent « la protection sociale risque de manquer à ses plus élémentaires devoirs et de ne plus
même mériter son nom ».
• le montant, et la durée de prestations telles que les allocations chômage peuvent varier dans des proportions
importantes , ce qui risque d’accroître les inégalités . En effet ceux qui sont les moins bien insérés ont cotisé
moins longtemps bénéficient donc de droits réduits dans le temps, ce qui risque de les faire tomber dans
l’exclusion.

Conséquences : Pour pallier ces insuffisances, l’assurance maladie a été généralisée et de prestations de solidarité
ont été instituées (minimum vieillesse, RMI, etc.). Relevant explicitement d’une logique de solidarité, répondant au
principe : « à chacun selon ses besoins » A Bihr et R Pfefferkorn se posent deux questions :
• ces prestations couvrent-elles les besoins des populations concernées ?
• leur montant est-il suffisant ?

Constat : Si l’on prend en compte les prestations familiales, logement, RMI, et minimum vieillesse la redistribution
n’est pas négligeable :
• En effet les 10% des ménages déclarant les revenus fiscaux les plus faibles voient grâce aux prestations citées
, leur revenu s’améliorer de 83,6 %, le chiffre n’est que de 1,1% pour les 10% les plus riches .
• Si l’on prend en compte tous les revenus de transferts opérés par l’Etat , on constate que l’écart interdécile en
1970 après redistribution était de 4,8 ( il était de 10 si l’on mesure les inégalités de revenus fiscaux ) , en 97 il
n’est plus que de 3,4 ( 6,5 si l’on mesure les revenus fiscaux ).

Relativisation : A Bihr et R Pfefferkorn considèrent que le montant des prestations sociales relevant de la solidarité
(tel le RMI) est nettement insuffisant pour assurer une couverture convenable des besoins des populations concernés.
La logique de l’assurance semble donc l’emporter sur celle de la solidarité.

b. Les inégalités face aux prélèvements obligatoires (3 p 182)

• La fin des rentiers que nous avons expliquée plus haut et la forte chute de la concentration des patrimoines
constatée depuis le début du XX° siècle s’explique essentiellement par l’introduction d’une fiscalité
progressive : en 1914 , l’impôt sur le revenu n’existe pas , le taux d’imposition sur les successions est
extrèmement faible : 1 % tout au Long du XIX° siècle .. Mais dès 1924 , le taux marginal supérieur de
l’impôt sur le revenu atteint 90 % et se maintient tout au long des 30 Glorieuses aux alentours de 70 % .

Pour en savoir plus : ici

• Mais Piketty poursuit : « La fin des rentiers est due à des circonstances historiques particulières et à des
institutions spécifiques . Si ces circonstances changent et si on revient à fiscalité du XIX°siècle , alors il est
fort probable que l’on revienne à des inégalités du XIX° siècle .De fait , à l’aube du XXI° siècle , plusieurs
facteurs contribuent à remettre en cause le compromis fiscal du siècle précédent .La faillite du communisme a
jeté le discrédit sur l’intervention de l’Etat dans l’économie en général , y compris sur les formes
d’intervention publique qui ont relativement bien fonctionné . Ce retournement idéologique est
particulièrement marqué aux EU . Après avoir fortement abaissé l’impôt sur le revenu pour les contribuables
aisés , le président Bush a décidé en 2002 de supprimer purement et simplement l’impôt sur les successions ,
impôt qui avait vu le jour en 1916 outre-Atlantique et qui avait été longtemps plus progressif que son
équivalent français . La mondialisation et la concurrence fiscale croissante que se livrent les Etats pour attirer
les investissements accentuent cette évolution et contribuent à la propager en Europe , dès lors que la
politique fiscale continue d’être déterminée à l’échelon national . Si un tel mouvement devait se confirmer , il
serait fort étonnant que l’on ne voit pas réapparaître terme une classe de rentiers » .

A Bihr et R Pfefferkorn constatent quand ils dressent le bilan que « dans leur ensemble les prélèvements
obligatoires sont bel et bien dégressifs en France. Autrement dit moins on gagne, plus on paie ,
proportionnellement parlant . L’arbre de l’IRPP (impôt sur le revenu) masque ici la forêt des impositions
directes et surtout des cotisations sociales. »

Pour en savoir plus : ici

L’observatoire des inégalités : la répartition de la richesse en France ici


Les inégalités de revenus : ici

Un article de T.Piketty : fiscalité et redistribution sociale dans le France du XX° siècle :ici

B. Les inégalités qualitatives

1. Les inégalités face au logement

Constat : Le droit au logement a mis du temps à être reconnu en France , il a fallu attendre 1990 et la loi Besson pour
que « le droit au logement constitue un devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation . ».Mais A Bihr ET R
Pfefferkorn constatent que « sur ce point comme sur bien d’autres la solidarité nationale est bien défectueuse » :
On comptabilise ainsi en France en 2000 850 000 personnes qui vivent dans des habitations sans confort et
insalubres .Plus de la moitié des ménages à faible revenu ne dispose pas d’un logement pourvu des commodités
indispensables ( toilettes et salle de bains )

Pour développer : ici

L’observatoire des inégalités : le mal logement :ici

2. Les inégalités face au système scolaire

On a vu dans le cours sur la mobilité sociale qu’elles restent importantes en France malgré la démocratisation qui
s’est développée depuis 40 ans , mais en plus on constate que ces dernières années les disparités semblent à nouveau
augmenter .

Pour développer : ici

L’observatoire des inégalités : La composition sociale des filières, de la 6ème aux classes préparatoires : ici

3. Les inégalités face aux usages sociaux du temps

a - l’usage social inégal du temps libre

- Les familles populaires ont un usage du temps libre qui est plus centré sur le foyer et la famille que
les cadres qui ont plus d’activités en couples, solitaires et culturelles

Pour développer : ici


- Le passage aux 35 heures ne paraît pas avoir permis de réduire les inégalités, il peut même les avoir
accrues car :
• avec le développement de l’annualisation du temps de travail , la réduction du temps de travail s’opère
souvent en fonction des impératifs des entreprises pour les ouvriers et employés. Ainsi les ouvriers auront du
temps libre durant les temps morts des entreprises qui ne correspondent pas forcément aux périodes qu’ils
souhaiteraient (vacances des enfants). Inversement pendant les périodes de forte production les horraires
peuvent aller jusqu’à 45 heures par semaine, des week-ends sont alors consacrés au travail.
• Pour les cadres la réduction du temps de travail se traduit par une multiplication des week-end à la montagne,
en Europe, artistiques ou gastronomiques.

b- les activités tournées vers l’extérieur;

On peut les regrouper en deux grandes catégories :


• les activités sportives : pour toutes les catégories sociales, la pratique sportive a augmenté mais les sports
pratiqués sont différents
• les spectacles et les visites et sorties : les inégalités se sont accrues

Pour développer : ici

L’observatoire des inégalités : Les inégalités face aux vacances : ici

4. Les inégalités face à la santé et à la mort (1 à 8 p 187-189)

• L’état moyen de santé de la population française s’est considérablement amélioré.


• Mais les inégalités sociales devant la mort n’ont pas pour autant disparu, elles semblent même s’accroître.
Ainsi en 1960-69 l’espérance de vie à 35 ans d’un manœuvre est de 34,2 ans, celle d’un cadre supérieur de
41, 7 . Entre 1969 et 1989-89 l’espérance de vie des manœuvres s’est accrue de 1,5 ans, celle d’un cadre sup
de 2,3. En 80 , l’écart d’espérance de vie à la naissance entre un ouvrier et un cadre était de 4,8 ans , il a
augmenté pour atteindre 6,5 ans en 1996 et 7 ans en 1999. Les inégalités entre les sexes ont elles aussi
augmenté ( 5.8 ans en 1950 d’espérance de vie en plu pour les femmes en 1950 , 7 ans en 2004)
• Ceci peut paraître surprenant alors que la sécurité sociale a justement eu pour but de mettre toute la
population à l’abri de la maladie, donc de réduire les inégalités face à la mort.

Pour voir les explications : ici

L’observatoire des inégalités : obésité et milieux sociaux : ici

5 - l’inégale participation à la vie politique.

Pour étudier l’inégale participation à la vie politique : ici

L’observatoire des inégalités : les critères sociaux aux élections européennes : ici

Cette inégale participation à la vie politique n’est pas répartie de façon équitable dans les différentes catégories de la
population : ainsi la participation à la vie politique augmente si l’on passe
• des femmes aux hommes,
• des jeunes aux personnes âgées,
• des sans diplômes aux diplômés de l’enseignement supérieur,
• des ouvriers agricoles , des classes populaires aux cadres supérieurs,
• des célibataires aux mariés,
• des individus qui ne participent pas à la vie associative ou syndicale à ceux qui y participent.

Pour étudier les explications de cette participation inégale à la vie politique : ici

Conclusion :

Contrairement à ce qu’avançait Tocqueville :


• on n’assiste donc pas à une réduction des inégalités ,
• mais au contraire on observe une stabilité , voire un accroissement des inégalités.
• L’évolution est d’autant plus contradictoire avec les prévisions de Tocqueville que les inégalités se cumulent
• elles font système

L’observatoire des inégalités : les 10 indicateurs pour mesurer les inégalités : ici

II. Des inégalités qui font système ( 8 p 184)

A. Des inégalités qui se cumulent

A Bihr et R Pfefferkorn constatent à la fin de leur ouvrage déchiffrer les inégalités que : « les inégalités s’établissent
généralement aussi bien à l’avantage qu’au détriment des mêmes catégories. (...) :
• les catégories ouvrières apparaissent bien les plus défavorisées de toutes : sur les 40 indicateurs de l’inégalité
retenus, elles se trouvent en position défavorable à 36 reprises, soit dans la quasi-totalité des cas, et elles
occupent la position la plus défavorable 24 fois !
• Inversement elles ne sont en position favorable que 4 fois, dont 3 grâce au mécanisme de redistribution des
revenus. (..)
• Avec les cadres et professions libérales on aborde les catégories situées au sommet de l’échelle sociale. Seul
le mécanisme redistributif leur est défavorable. (...)
• La situation des commerçants, artisans et chefs d’entreprise apparaît à peine moins enviable. Sans doute leur
situation est elle moins brillante dans le bas du tableau (école, santé, culture),mais elle est plutôt meilleure
dans le haut du tableau(revenus et patrimoine) ».

Pour étudier les deux groupes aux extrémités de la hiérarchie sociale : ici
Sur le blog de J.Gadrey : Pauvreté et inégalités dans les pays « riches »
B. Nécessitent la création de nouveaux indicateurs : le BIP 40

La construction d’indicateurs de synthèse paraît nécessaire afin de mesurer la réalité des inégalités et de la pauvreté
.Ainsi a été établi le BIP 40 qui est une référence ironique au PIB et au CAC 40. Il vise à quantifier les différentes
dimensions de l’inégalité et de la pauvreté. 6 principales dimensions ont été retenues :
• emploi et travail qui retient 4 rubriques :chômage , précarité , conditions de travail , relations professionnelles
• revenu qui retient 4 rubriques : salaire, pauvreté , consommation , inégalités et fiscalité
• santé : 5 indicateurs retenus
• éducation : 5 indicateurs
• logement : 5 indicateurs
• justice : 4 indicateurs

Pour établir le BIP , on attribue à chaque indicateur partiel une note comprise entre 0 et 10 ( 0 pour les meilleurs
résultats , 10 pour les pires ) .L’indice progresse donc quand les inégalités et la pauvreté s’accroissent . Dans un
second temps , on agrège les notes obtenues en tenant compte du fait que certains indicateurs sont plus importants que
d’autres . On va donc calculer une moyenne pondérée ( par exemple , les coefficients de pondération de l’emploi et du
revenu sont les plus élevés ) .
Les résultats obtenus sont qu’entre 82 et 2000 le PIB / habitant a augmenté de 38 % , mais que cet enrichissement
moyen de la population n’a pas permis de réduire les inégalités qui ont , au contraire , fortement augmenté , puisque
le BIP se situait à 3,5 sur 10 en 82 et qu’il atteint en 2000 une note de 6 . Les inégalités de travail , d’emploi de
logement et de justice sont celles qui ont le plus fortement augmenté .

Pour voir l’évolution du BIP 40 : ici

Le site du BIP 40 : http://www.bip40.org/

III. Des inégalités qui se reproduisent

• Comme l’écrivent A Bihr et R Pfefferkorn : « parler de système des inégalités, c’est présupposer que celles ci
tendent à se reproduire de génération en génération
• A cette idée s’oppose l’idée encore communément répandue que notre société serait une société ouverte: le
destin d’un individu n’y serait pas tracé d’avance, chacun y aurait des chances d’améliorer sa situation sociale
de départ, en accédant à une catégorie sociale supérieure celle de ses parents (..).
• Certes notre société n’est pas une société de castes : la situation sociale de chacun n’y est pas strictement
déterminé par sa naissance, puisqu’elle n’interdit en principe à personne de quitter sa catégorie sociale
d’origine, ni d’en changer en cours d’existence.
• Mais les développements antérieurs laissent en même temps deviner qu’elle n’est pas cette méritocratie que
certains se plaisent à dépeindre ». Pour une analyse approfondie de la reproduction sociale et de la mobilité
sociale on se reportera au chapitre sur la mobilité sociale.

Sur le blog de J.Gadrey : La pauvreté en héritage

Une analyse du livre de Bihr A. et Pfefferkorn R. (2008), Le système des inégalités : ici

Partie 2 – Les inégalités dans l’Union européenne

L Chauvel constate :
• Lorsqu'elle était comparée au reste du monde, l'Europe des Quinze apparaissait comme un club de nations
riches et relativement égalitaires.
• L'entrée de nations comme la Pologne, tout à la fois très pauvre - le revenu moyen est cinq fois plus faible
qu'en France, quand on le mesure selon le taux de change, - et de grande taille a considérablement changé
l'architectonique sociale de l'Europe.
• Avec l'élargissement à vingt-cinq pays, et peut-être bientôt plus encore, l'Europe actuellement en construction
s'éloigne durablement de la réalité initiale faite d'abondance et d'homogénéité relatives. Sans condamner pour
autant d'emblée le processus en cours, il faut bien comprendre la profondeur de ce changement et ses
conséquences possibles : l'élargissement économique sans approfondissement social pourrait en effet conduire
le projet européen vers de lourdes contradictions.

Pour un développement : ici

L’observatoire des inégalités : les seuils de pauvreté en Europe :ici et L’espérance de vie en Europe : ici

Partie 3 – Explications de l’évolution des inégalités dans les années 1950-2000

I. Explications de la baisse des inégalités lors des 30 Glorieuse

A. La théorie de Kuznets

Dans les années 50 , S.Kuznets a établi une loi selon laquelle l’évolution des inégalités aurait
la forme d’une courbe en cloche .Suivant le stade de croissance et de développement , les
inégalités passeraient par 3 phases :
• dans les sociétés sous-développées et traditionnelles, le niveau des inégalités est
relativement réduit : excepté une minorité peu représentative, la majorité de la
population travaillant dans l’agriculture est pauvre
• lors de la phase d’industrialisation, les écarts s’accroissent entre les régions et les
catégories qui restent dans le modèle traditionnel et ne bénéficient pas des retombées
de la croissance et celles qui , suite à un exode rural , migrent vers les secteurs les
plus dynamiques de l’économie . Cette augmentation des inégalités ne signifient pas
une augmentation de la pauvreté, mais un enrichissement de certains et une
stagnation des autres
• les bénéfices de la croissance et le développement se généralisent à l’ensemble de
l’économie : les secteurs en retard disparaissent (destruction créatrice ) ou se
modernisent et toutes les catégories voient leur niveau de vie s’accroître . Un
rattrapage des catégories les plus favorisées s’opère aussi

Conclusion :La thèse de Kuznets a été particulièrement bien étudiée et vérifiée dans les cas
anglais et américain . Ainsi , aux EU , « la part du patrimoine total possédé par les 10 % les
plus riches est passée d’environ 50 % vers 1770 à un maximum d’environ 70-80 % vers
1870 , avant de retrouver en 1970 un niveau de l’ordre de 50 % , typique de l’inégalité
contemporaine des patrimoines » ( T.Piketty )
Ce resserrement de la hiérarchie des revenus est une tendance de long terme qui contredit la
thèse marxiste de la paupérisation de la classe ouvrière. *

Sur Melchior : ici

B. La moyennisation ou la société en toupie ou en mongolfière

La France, comme la majorité des pays occidentaux , a mis en place , à la libération , un


modèle de développement fordiste reposant sur 3 piliers :
• une organisation du travail assurant de formidables gains de productivité reposant sur
les principes tayloriens et fordiens
• ces gains de productivité vont systématiquement être redistribués à l’ensembles des
catégories sociales sous forme de hausses régulières du pouvoir d’achat qui va
permettre d’accroître continuement la demande effective qui est à l’origine du modèle
de production et de consommation de masse
• une organisation centralisée et rigide de la redistribution stabilisée par un réseau de
conventions collectives , par la législation sociale et par la part centrale de l’Etat-
Providence

Conclusion : A.Lipietz en conclut : « la distribution des revenus prend ainsi la forme d’une
mongolfière ventrue (peu de riches, peu de pauvres, beaucoup de moyens) qui s’élève
régulièrement et avec ensemble. La hiérarchie des salaires est en effet rigidement corsetée
par les conventions collectives : classes aisées, classes moyennes, classes populaires,
accèdent successivement à une même structure de consommation, qui s’élève selon des
trajectoires décalées dans le temps mais semblables. Le mode de vie de l’ingénieur précède
de quelques années celui du technicien, celui-ci éclaire l’venir de l’ouvrier professionnel, qui
montre le chemin à l’OS. Si l’on veut une autre image, la société est emportée par un escalier
mécanique où les distances sociales restent stables mais où tout le monde s’élève . Les
nouveaux venus de l’exode rural et de l’immigration prennent place sur la dernière marche ».
Mendras opère le même raisonnement en parlant de toupie

II. L’explication de la hausse des inégalités depuis la fin des années 70


A. La remise en cause de la courbe de Kuznets

• T ;Piketty écrit : « Pendant longtemps , la loi de Kuznets est apparue comme la fin de
l’histoire de l’inégalité , même si le fait que de nombreux pays tardaient à rejoindre le
monde enchanté , où croissance et réduction des inégalités iraient main dans la main ,
a toujours suscité des doutes légitimes .
• Mais c’est surtout la constatation, dans les années 80 , que l’inégalité avait
recommencé à augmenter dans les pays occidentaux depuis les années 70 qui a porté
le coup fatal à l’idée d’une courbe reliant inexorablement développement et inégalité .
Ce retournement de la courbe de Kuznets marque la fin des grandes lois historiques
sur l’évolution des inégalités, au moins pour un certain temps, et incite à une analyse
modeste et minutieuse des mécanismes complexes qui peuvent faire que l’inégalité
augmente ou diminue à différents points du temps ».

B. Vers la société en sablier

Depuis les années 80 , on constate :


• une flexibilisation du rapport salarial , avec en particulier la remise en cause de la rigidité du lien à
l’entreprise, une baisse progressive de la portée des garanties de l’assurance-chômage qui conduisent à un
affaiblissement des couches moyennes
• en contrepartie , on assiste à une forte hausse des profits qui sont redistribués soit sous forme de revenus
financiers ou de stock options pour les dirigeants , ce qui provoque une concentration des revenus sur les
couches épargnantes
• la conséquence , selon A.Lipietz : « L’ascenseur social repart vers le bas , la montgolfière se dégonfle et elle
devient un sablier .L’image du sablier est , elle aussi , à la fois descriptive et plus « physiologique » . ( … )
La distribution des revenus passe de la montgolfière au sablier : dégonflement du vaste centre des couches
moyennes , et apparition d’une société que l’on appelle en anglais two-tiers , « en deux tiers » , ou hour
glass , « en sablier »

Les raisons avancées par de nombreux auteurs tournent principalement autour de 2 axes :
• la mondialisation et la concurrence de certains PED ou NPI qui sont à la fois qualifiés et moins rémunérés
que ceux des PDEM . La mondialisation aurait ainsi détruit quelque 300 000 emplois depuis 20 ans , donc
occasionné une augmentation du chômage et de la pauvreté pour les travailleurs ainsi concurrencés
• les effets du changement technique et des structures de production ont bouleversé les besoins de main
d’œuvre : le progrès technique serait biaisé en défaveur des salariés les moins qualifiés qui subiraient des
processus d’externalisation

Sur le blog de C.Peugny : Haut, moyen, bas : se situer dans l’échelle sociale

Un article de l’observatoire des inégalités sur la moyennistaion de la société et sa remise en cause : ici

Un article de Sciences humaines Les classes moyennes de Xavier Molénat ici

Sur le blog de J.Gadrey : Si on prenait un peu aux riches, ça ferait combien pour les pauvres ?

Et si on prenait un peu aux riches… (suite)


Notions du référentiel : société
Chapitre- Démocratie et égalité démocratique, justice sociale, équité,
incitations, méritocratie

Fiche 3 : Inégalités, croissance et développement

La question que l’on va tenter de résoudre dans cette partie est la relation qui existe entre développement et
démocratie : le développement est-il un préalable à la démocratie ou est-ce le contraire ?

Partie 1- Selon les libéraux, les inégalités sont nécessaires pour assurer croissance et développement

I. L’égalité, un obstacle à la liberté et à l’efficacité

Selon les libéraux, l’égalité serait synonyme :


• d’uniformité c’est-à-dire qu’elle coulerait tous les individus dans le même moule, elle
les stéréotyperait. L’inégalité est alors défendue au nom du droit à la différence.
• d’inefficacité : en garantissant à chacun une égale condition sociale, aussi bien dans
l’accès aux richesses matérielles que dans l’appropriation des biens culturels, elle
démotiverait les individus, ruinerait les bases de l’émulation et de la concurrence qui
constituent le facteur essentiel de tout progrès .L’égalité serait donc contre-productive,
stérilisante, tant pour l’individu que pour la communauté.
• de contraintes , d’aliénation de la liberté : elle porterait atteint au libre fonctionnement
du marché en bridant la capacité et l’esprit d’entreprise , en déréglant les
autorégulations spontanées du marché par la réglementation administrative en se
condamnant du même coup a étendre et à complexifier sans cesse cette dernière
jusqu’à enserrer l’économie et la société entières dans les rets d’une bureaucratie
tentaculaire .
• F.Von Hayek est contre l’égalitarisme , car le progrès social trouve son origine dans les
innovateurs , ce qui suppose une inégalité de conditions . L’idéologie égalitariste
constitue, donc selon lui une menace pour le progrès social en faisant disparaître toute
motivation et en garantissant des droits indépendamment de toute conduite morale

II. Les inégalités assurent efficacité et équité

A. Les inégalités sont justes

1. La conception traditionnelle de la justice sociale chez les libéraux : l’optimum de Pareto

a. Postulat de base

Cette conception insiste sur la liberté permanente dont disposent les participants à
l’économie :
• Si une personne choisit de travailler et d’échanger, alors qu’elle vit dans une société
basée sur la liberté et l’égalité de droits, c’est forcément qu’elle y trouve son avantage.
• On ne peut donc intervenir dans le jeu des échanges et de la production que si l’on ne
lèse personne et que si certains s’en trouvent mieux: c’est l’idée de l’unanimité comme
point de repère fondamental.

L’observatoire des inégalités : Existe-t-il des inégalités "justes" ?


b. Conséquences

Dans cette perspective, la vision des inégalités est beaucoup plus tolérante :
• si une personne travaille beaucoup et accumule des capitaux pour finalement retirer
beaucoup de profit de ses affaires, c’est parfaitement juste pour peu qu’elle ait conclu
des accords de plein gré avec ses partenaires.
• Si quelqu’un travaille peu ou ne travaille pas et n’obtient donc que peu ou pas
d’argent, la chose n’est pas scandaleuse. Sa situation résulte de ses choix.

c .Conclusion

Ainsi seule la liberté des échanges concurrentiels mène à un résultat souhaitable : l’équilibre
général des marchés est en même temps un optimum au sens de Pareto, c’est à dire une
situation dans laquelle il n’est pas possible d’accroître l’utilité d’un agent sans diminuer celle
d’un autre. Le principe sur lequel repose cette théorie est le suivant :
• compte tenu de ce qu’ils avaient à leur disposition avant que les échanges
commencent (leurs dotations initiales) les agents ont procédé à des échanges libres et
ont fait du mieux qu’ils ont pu, c’est à dire que les deux coéchangistes y ont trouvé
leur intérêt.
• En quelque sorte la traduction concrète de l’unanimité est le marché concurrentiel, et
toute tentative pour en modifier les résultats ( produire autrement , modifier certains
prix , redistribuer), se ferait au détriment de certains agents, ce que l’on ne veut pas
envisager car cela conduirait à une situation sous optimale et serait à l’origine de
conflit : comment justifier une redistribution des plus riches vers les plus pauvres ,
alors que la pauvreté relève de la responsabilité individuelle. Cela générerait des
conflits entre les divers groupes sociaux pour accroître leur part du gâteau, et serait
désincitatif au travail.
• Comme l’indique Smith , l’aiguillon de l’intérêt suffit à rendre une société performante
et juste par la main invisible , le marché attribuant à chacun ce qui lui est dû : la justice
est donc incluse dans l’échange .
• F .Von Hayek ira encore plus loin en démontrant que l’existence de gagnants et de
perdants dans l’échange , pour injustes qu’elle puisse paraître , est nécessaire au bon
fonctionnement du marché , puisqu’elle indique les impasses qu’ils doivent éviter et les
avenues qu’ils ont à emprunter .

2.La théorie de la justice de John Rawls

J Rawls a déplacé le débat en proposant une définition originale de la justice sociale. Sur quoi
doit porter l’unanimité? Non sur les résultats des interactions économiques, mais sur les
règles de fonctionnement de la société

Pour voir son analyse de la démocratie de propriétaires : ici

Son analyse peut se décomposer en trois temps :


• Rawls commence par définir une situation ayant des propriétés telles que tout individu
acceptant de raisonner dans son cadre serait contraint de faire un choix identique en
ce qui concerne les institutions souhaitables de la société idéale. Cette situation
imaginaire, éminemment adaptée à la double condition d’unanimité et de justice est
celle de la position originelle. La caractéristique principale de cette position est
l’ignorance : aucun individu n’est censé avoir la moindre information sur sa situation
future, sa richesse. Tout ce qu’il a droit c’est d’être rationnel et égoïste.
• L’individu étant, dans ces conditions, parfaitement conscient du fait qu’il pourra
occuper, dans la société réelle, n’importe quelle position parmi toutes celles qui
correspondent à la répartition des revenus sera naturellement incité à adopter une
attitude d’impartialité. En effet, un comportement de prudence élémentaire fait que
comme personne ne sait qui sera le plus défavorisé (voile d’ignorance), tous
recherchent une société qui soit juste.
• Situés de la sorte en position de négociation collective, équitable et égale, les individus
s’accorderont selon Rawls sur 2 principes fondamentaux :
o d’abord le principe de liberté qui ouvre à tous dans des conditions
d’équité suffisante les fonctions et conditions sociales. Chacun peut ainsi
entreprendre ce que bon lui semble pour obtenir la réalisation des fins qu’il se
propose. Rawls écrit ainsi : « chaque personne doit avoir le droit à la plus grande
liberté fondamentale, compatible avec une liberté semblable pour tous »
o Mais ces avantages étant reconnus, il se trouve que des inégalités vont se
manifester: les plus forts, les plus doués, les plus favorisés par le sort vont
s’imposer progressivement, de sorte que les inégalités vont se renforcer
mutuellement, puis se perpétuer. D’où l’affirmation d’un principe de différence:
« les inégalités sociales et économiques doivent être aménagées de telle sorte
qu’elles soient :
 assurées, en dernière analyse, pour le plus grand profit des plus
défavorisés,
 attachées à des emplois et à des postes accessibles à tous dans
des conditions d’égalité équitable des chances ».

Remarque : Toutefois, le premier principe primant le second, on ne doit pas, pour combattre
les inégalités, aller à l’encontre de libertés fondamentales.
J Rawls considère que :
• du point de vue économique et social, l’état le plus juste d’une société est celui qui,
parmi tous les états possibles, assure au membre le plus défavorisé une position
maximale. Au demeurant, il peut arriver que s’améliore la situation des plus
défavorisés sans que se réduise l’écart les séparant des plus favorisés.
• Dés lors il peut être utile d’appliquer une politique de discrimination positive qui
favorise les individus les plus défavorisés. Cette politique inégalitaire semble plus
équitable que la politique de l’égalité des chances.

Une présentation philosophique : ici

Un article de l’express : ici

B. Les inégalités sont positives

1. Elles favorisent la croissance

a. A court terme

• Pour assurer un décollage économique, il est faut accroître très fortement le taux
d’investissement (cf la thèse de Rostow) , ce qui nécessite « au départ pour que cette
accumulation fut possible, une extrême inégalité des richesses, seule à même de
dégager l’épargne nécessaire ». Or ce sont les plus riches qui ont la propension à
épargner la plus forte
• Les inégalités produisent des incitations qui poussent les individus à faire des efforts.
C’est en effet un système méritocratique où le revenu dépend du travail et des
mérites. Comme tous les individus adoptent le même comportement, la croissance
apparaît. C’est donc conforme à la main invisible d’A.Smith.
b. A moyen terme

Ainsi il semblerait que plus d’inégalités aujourd’hui assure plus de croissance économique
demain, « l’inégalité sert au mieux les intérêts, sinon des plus pauvres d’aujourd’hui, du
moins des plus pauvres de demain ».C’est en tout cas la thèse développée par Kuznets qui
avait établi une courbe en cloche reliant croissance et inégalités (fiche2 plus chapitre
croissance et développement
Dés lors une réduction des inégalités, en particulier dans les PVD, entraverait le décollage
économique. Une redistribution des revenus n’handicaperai pas seulement les plus riches,
elle détériorerait la situation des plus pauvres : la taille du gâteau n’est pas indépendante de
la manière de la partager (cf. la théorie de Laffer, chapitre : les politiques économiques )

2. Et le développement
• Si l’on s’intéresse maintenant non plus seulement à la dimension économique et sociale , mais l’on intègre la
démocratisation des sociétés , on peut constater que les libéraux considèrent généralement avec B Russet qu’il
existe une corrélation entre un grand nombre d’indices d’ordre économique et un nombre plus réduit d’indice
politique. Ceci permettrait de corroborer une relation entre le développement économique et une
démocratisation des sociétés

• Cela correspond à l’analyse d’Inglehart : l’enrichissement de la population se traduit


par un passage à des valeurs post-matérialistes : égalité, liberté (cf chapitre croissance
et développement).

Le site de R.Inglehart sur les valeurs : http://www.worldvaluessurvey.org/

Partie 2- Les inégalités peuvent entraver la croissance et le développement

I. Les critiques de la conception libérale

La tradition libérale est selon B Gazier : « extraordinairement restrictive et conservatrice :


• Elle se heurte à une difficulté centrale: tout dépend des dotations de départ. Il y a
autant d’équilibres concurrentiels (et d’optimum de Pareto) qu’il y a de dotations de
départ.
• La priorité est donc l’efficacité économique ( l ’efficience sous la forme de
l’optimisation des échanges) et la justice sociale dépend de cela. . »
Or :
• que doivent au mérite les ressources dont on dispose à un moment donné quand on
songe au rôle du hasard dans la constitution de certaines fortunes (héritage), ou d’un
capital humain rémunérateur : est-il juste demande ainsi M Friedman (qui est pourtant
libéral) que l’aveugle gagne moins parce que sa productivité est plus faible ?
• de plus, comme le notent A.Bihr et R.Pfefferkorn : « l’égalité serait synonyme
d’uniformité selon les libéraux, mais l’argument repose sur une double confusion entre
égalité et identité d’une part , entre inégalité et différence de l’autre .Pas plus que
l’égalité n’implique l’identité ( l’uniformité ) , l’inégalité ne garantit la différence . Bien
au contraire : les inégalités de revenu génèrent des strates ou couches sociales au sein
desquelles les individus sont prisonniers d’un mode et style de vie , qu’ils sont plus ou
moins tenus de suivre pour être et rester à leur place ( … ) Inversement , loin
d’uniformiser les individus ,l’égalité des conditions peut ouvrir à chacun d’eux de
multiples possibilités d’action et d’existence , qui seraient éminemment plus favorables
au développement de leur personnalité , et en définitive à l’affirmation des singularités
individuelles »

II. La réduction des inégalités peut être souhaitable

A. La réduction des inégalités peut assurer la croissance

1. Constat

La plupart des études semblent montrer qu’ une répartition inégalitaire des revenus ne favorise pas la croissance
économique :
• JP Fitoussi écrit : « parmi les NPI, ceux dont la croissance fut la plus élevée sont aussi ceux dont le degré
d’inégalité dans la répartition des revenus a décru le plus vite. (...) Il semble ainsi exister une corrélation
inverse dans les PVD entre inégalités de revenu et croissance, c’est à dire une corrélation directe entre
cohésion sociale et performance économique »
• Si l’on construit un graphique mettant en relation la croissance de la productivité du travail entre 1979 et 1990
et le degré d’inégalité des revenus : on constate pour les pays développés qu’il existe une relation de
corrélation entre une forte croissance de la productivité et une répartition plus égalitaire des revenus. Ainsi les
pays connaissant les taux de croissance de la productivité les plus forts sont le Japon, la Finlande, la Belgique
et la France qui se caractérisent par une répartition plus égalitaire des revenus, à l’autre extrémité on trouve
les pays anglo-saxons.
2. Explications

La réduction des inégalités peut favoriser la croissance économique car :


• les coûts de l’exclusion peuvent être générateurs d’inefficacité économique. Ainsi, un
fort degré d’inégalités va dissuader les familles les plus pauvres de pousser leurs
enfants à poursuivre de longues études, à constituer un capital humain, donc va,
comme l’a démontré la théorie de la croissance endogène , limiter les capacités de
croissance de l’économie .
• la réduction des inégalités favorise la consommation de masse et la dynamique
fordienne. On retrouve ici la logique que Keynes a développe des 1936 : « les 2 vices
marquants du monde économique où nous vivons sont : le premier que le plein emploi
n’ y est pas assuré , le second que la répartition de la fortune y est arbitraire et
manque d’équité ( … ) . Dans les conditions contemporaines, la croissance de la
richesse , loin de dépendre de l’abstinence des milieux aisés , comme on le croit en
général , a plus de chances d’être contrarié par elle . Ainsi disparaît l’une des
principales justifications sociales des grandes inégalités de fortune ».

Pour l’analyse de Piketty : ici

Un article de Piketty dans Alternatives économiques : il faut taxer très fortement les hauts revenus ici

L’observatoire des inégalités : Des impôts élevés n’empêchent pas la croissance

Sur Libération L'inégalité responsable de la crise ? - Libération

B. Et le développement

1. Constat

Si l’on s’intéresse maintenant à la démocratisation politique et le décollage économique, on constate que :

a. La démocratisation ne nécessite pas au préalable un développement économique

Contrairement à ce qu’affirme B Russet il n’existe pas de corrélation montrant que la démocratisation nécessite au
préalable un développement économique . On constate ainsi :
• qu’avec un PNB faible les Etats-Unis sont devenus une démocratie des la fin du 18 ème ,
• alors qu’avec un PNB plus élevé le Guatemala des années 60 était une dictature.

b. La démocratie entraîne la croissance économique

• l’absence de démocratie entrave le développement économique (cf. le cas de l’URSS, ou celui du Chili de
Pinochet pour une expérience libérale),
• et au contraire la démocratie favorise le décollage (USA, GB).

2. Explications : la conception d’Amartya Sen

Sen s’interroge sur la relation démocratie et développement.

a. Constat

Cette dimension constructive de la démocratie vaut pour tous les pays, quel que soit leur
niveau de développement. Sen donne l'exemple de l'Inde, où les Etats les plus démocratiques
sont aussi ceux qui réussissent à faire émerger de nouvelles valeurs plus respectueuses des
individus. Ainsi, l'Etat du Kerala est parvenu à faire baisser les taux de natalité sans recourir
à la contrainte, grâce à la discussion démocratique, qui a débouché sur la formation de
nouvelles valeurs.

b. Explications

Cette corrélation s’explique par les caractéristiques de la démocratie :


• Elle a tout d'abord une importance intrinsèque en ce sens que la liberté politique ainsi
envisagée est une condition de la liberté humaine. La participation sociale et politique,
qui n'est pas réservée aux professionnels de la politique mais ouverte à tous les
citoyens, apporte une contribution essentielle au bien-être+ des personnes.
• La démocratie a également une fonction instrumentale, dans le sens où elle donne plus
d'écho aux revendications des personnes et incite donc les gouvernements à mieux les
prendre en compte.
• Enfin, la démocratie a une dimension constructive, dans la mesure où elle donne aux
citoyens la possibilité d'apprendre les uns des autres. Ce point est essentiel dans la
perspective de Sen: les préférences, désirs, besoins, etc., des individus, au même titre
que les valeurs et normes sociales, ne sont pas donnés indépendamment de la
discussion publique démocratique, mais construits au cours de cette interaction
dialectique. De même, la compréhension des besoins économiques et sociaux passe
par l'exercice effectif de la démocratie, qui garantit la discussion ouverte et le débat,
avec la possibilité réelle de la critique et du désaccord. La formation des valeurs et des
croyances n'est donc pas une affaire de décision individuelle, mais de délibération
collective. Dans l'esprit de Sen, un tel processus de démocratie délibérative réelle (par
opposition à la démocratie formelle enracinée dans le droit de vote) apparaît comme la
condition même de décisions aussi informées et raisonnables que possible.

Pour plus de développement : ici

Pour la définition traditionnelle de la démocratie : ici

Pour la diversité des régimes parlementaires : ici

Pour la conception de la démocratie de Tocqueville : ici

La synthèse du rapport de l’OCDE : Croissance et inégalités

Sur le site d’Arsonval : Les inégalités sont-elles une source d'efficacité ? - [Un peu d ...

Sur Ecopublix, une présentation des analyses sur la relation croissance-inégalités ici

You might also like