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UNIVERSITÉ DE LA VALLÉE Sciences économiques Gabriella Vernetto

D’AOSTE

Epreuve écrite : synthèse de documents (exemple)

Lisez attentivement les textes qui composent le dossier ci-dessus et puis proposez une synthèse de ces
documents en 300 mots environ. Pour cela, vous dégagerez les idées et les informations essentielles que
contiennent les textes proposés et vous présenterez avec vos propres mots un nouveau texte composé de
façon suivie et cohérente.

ATTENTION : Vous pouvez bien entendu réutiliser les “ mots-clés ” des documents, mais non pas des
phrases ou des passages entiers.

Document 1 – Blockbuster versus générique

Léger bémol aux excellents résultats de l'industrie pharmaceutique, la vitalité du secteur subit un
ralentissement avec pourtant un taux de croissance d'environ 8 % en 2004. La montée en puissance des
médicaments génériques, dont le développement est soutenu par des États soucieux de maîtriser leurs
dépenses de santé, serait la principale raison de ce fléchissement. Lorsque le géant américain Eli Lilly a vu
son blockbuster (médicament capable de rapporter plus d'un milliard de dollars par an), le Prozac, tomber
dans le domaine public, le chiffre d'affaires est passé de 2 milliards de dollars à 645 millions en 2003.

A l'horizon 2007, un nombre important de produits vedettes vont devoir s'ouvrir à la concurrence, un défi
auquel devront faire face les laboratoires dans les prochaines années. Au total, 36 milliards de dollars de
chiffre d'affaires de l'industrie pharmaceutique seraient menacés par les génériques. Pour répondre à cette
menace, "le coût de la recherche et développement (R&D) a plus que triplé depuis une dizaine d'années.
Toutefois, malgré l'inflation des budgets, la productivité de la R&D des grands laboratoires s'avère
insuffisante et le nombre de produits lancés chaque année demeure globalement stable", note un rapport de
la direction des études économiques du Crédit agricole.

"ABSENCE PERSISTANTE DE TOUT PROGRÈS D'ENVERGURE"

Chaque année, la revue Prescrire réalise un palmarès des progrès thérapeutiques des nouveaux
médicaments. "Mais depuis plusieurs années, il montre l'absence persistante de tout progrès d'envergure,
relève la publication dans son éditorial de février 2005. Après tout, il n'est pas étonnant qu'après 40 à 50 ans
de découvertes répétées la recherche marque le pas."

Pourtant, la Caisse nationale d'assurance-maladie note que "le poste médicaments demeure un des rares
postes de dépenses dont l'augmentation n'a pas fléchi de façon nette lors du premier semestre 2004. Au
cours de l'année 2003, les différents régimes d'assurance-maladie ont remboursé plus de 2,6 milliards de
boîtes, flacons ou autres présentations de médicaments acquis dans les 23 000 pharmacies d'officines pour
un montant total de 16,5 milliards d'euros (+ 4,6 % par rapport à 2002)".

La surconsommation des Français est le résultat de la très efficace stratégie marketing de l'industrie
pharmaceutique. Agences gouvernementales, hôpitaux, formations continues, informations, associations de
patients… les laboratoires ont investi avec succès les secteurs-clé de leur développement.
Document 2 – Peu de progrès thérapeutiques

Le médecin prescripteur est la cible privilégiée des attentions de l'industrie pharmaceutique. "Dès la seconde
année de médecine, le futur médecin est pris en charge par les labos, témoigne le docteur Philippe Foucras.
Le milieu hospitalo-universitaire est primordial, c'est là que se prennent les premières habitudes de
prescription." Plus tard, la formation continue, dont le financement dépend quasi exclusivement des
laboratoires, prend le relais de la faculté et dispense ses conseils en matière de prescription.

En ce qui concerne l'information, les professionnels de santé reçoivent gratuitement légion de revues
médicales... financièrement dépendantes des achats de publicité de l'omniprésente industrie
pharmaceutique.

"CLIENT-CONSOMMATEUR-PATIENT"
L'indépendance des autorités sanitaires françaises se trouve également contestée depuis l'affaire Vioxx. "La
FDA américaine est fortement mise en cause. L'Agence européenne du médicament elle-même n'a pas
procédé à la réévaluation qu'elle aurait dû faire et que l'Afssaps lui avait demandée. La décision de
publication des essais cliniques annoncée par l'ensemble de l'industrie pharmaceutique mondiale au début
du mois de janvier 2005 est la suite logique, mais tardive, de cette crise majeure", poursuit Claude Saunier
dans son rapport. Mais des doutes subsistent sur la qualité des informations que les industriels proposent de
révéler.

Malgré des insuffisances, médecins prescripteurs et agences du médicament forment un filtre nécessaire
entre l'industrie pharmaceutique et le "client-consommateur-patient" .En effet, en Europe, un médicament
délivré sur ordonnance ne peut pas être nommément cité dans une communication à destination du grand
public. Néanmoins, par le biais des médias, l'industrie travaille à créer une demande du public bien en amont
de la mise sur le marché de leur produit. Anti-cholestérol, pilule anti-obésité, stimulant sexuel, vaccins… Les
campagnes de communication s'enchaînent jusqu'à l'autorisation de mise sur le marché de la molécule
miracle. Indépendamment d'une réelle réflexion thérapeutique, les patients deviennent alors les moteurs
d'une demande que les médecins ne peuvent endiguer, à contre-courant des efforts des Etats pour maintenir
une assurance-maladie solidaire.

Document 3 – Pour une liberté des médecins

Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leur maladie", répétait Molière au
crépuscule de sa vie. Contre toute attente, plus de trois siècles plus tard, la défiance du dramaturge envers
les médecins et apothicaires retrouve un certain crédit dans l'opinion publique contemporaine.

"La saga du Vioxx, le retrait du Staltor, les risques du Prozac, la vérité sur le traitement hormonal substitutif...
ont conduit à stigmatiser le système français d'évaluation des nouveaux médicaments", déclare Jean-
François Bergmann, vice-président de la commission d'autorisation de mise sur le marché des médicaments
(AMM) dans Le Monde du 3 mars 2005. Si les agences chargées du contrôle des médicaments font l'objet
d'une défiance de la part des patients et de nombreux professionnels de santé, estimer qu'elles sont les
seules responsables des affaires présentes et à venir constituerait un diagnostic largement incomplet.

Définir le bon usage des médicaments est l'un des pans critiques de la réforme de l'assurance-maladie
votée le 13 août 2004. La Haute Autorité de santé (HAS), installée le 1er janvier 2005, est le bras armé de
cette réforme. En 2004, le rapport du Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie avait souligné deux
lacunes majeures dans le système français : l'absence de coordination entre les différents acteurs de santé
et le manque d'évaluation de l'utilité des actes et des produits médicaux.

"LA FORMATION CONTINUE EST FINANCÉE PAR L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE"


La formation comme l'information médicale, capturées par l'industrie pharmaceutique, sont au cœur de la
réflexion de la HAS afin de "faire levier" sur les pratiques médicales des médecins. "La formation continue
est financée par l'industrie pharmaceutique, regrette Etienne Caniart, membre du collège de la HAS. Il aurait
fallu que l'Etat accorde un budget pour donner une indépendance à ce secteur. Mais pour des questions de
nécessités budgétaires à court terme, on a laissé la porte ouverte aux laboratoires."

Une tutelle que de nombreux médecins ne cessent de dénoncer. Pour mieux évaluer la qualité des
formations proposées, un collectif de professionnels de santé et de patients, le Formindep, met à disposition
sur son site Internet un questionnaire permettant de faire un point rapide sur la transparence, l'indépendance
scientifique et financière de la formation envisagée.

Parallèlement, depuis 2001, une petite part de la formation continue des médecins échappe au cercle
d'influence du lobby pharmaceutique : la formation professionnelle conventionnelle (FPC). Elle est financée
par l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam) et dotée d'un comité scientifique
indépendant. Près de 11 000 médecins sont passés dans ses rangs en 2004. Curieusement, la pérennité de
ce système n'est pas assurée. "La FPC représente aujourd'hui une partie non négligeable de l'argent
consacré à la formation. La gestion de cet argent intéresse du monde", explique le docteur Marie-Hélène
Certain, présidente d'un organisme de formation, MG Form. […]

FOURNIR AUX MÉDECINS UNE INFORMATION CLAIRE


[…] "Il nous faut fournir une information digérable par les praticiens, et les doter des outils informatiques
pratiques d'aide à la prescription qui aujourd'hui font défaut", précise Etienne Caniart. Côté presse, la revue
Prescrire demeure la seule revue médicale pleinement indépendante et financée par ses seuls
abonnements. Cette réussite éditoriale n'a pas été immédiate. Pendant ses premières années, la revue a
bénéficié d'une aide de l'État. L'expérience pourrait être reproduite avec d'autres titres.

Autre source importante d'information sur les effets indésirables des médicaments : la pharmaco-vigilance
(surveillance des effets des médicaments une fois qu'ils sont sur le marché). Son développement est
également l'un des axes de travail de la HAS. Les médecins et les pharmaciens sont tenus par la loi de
notifier à des centres de pharmaco-vigilances les événements indésirables qui leur paraissent liés aux
médicaments. "C'est une petite source d'informations en volume. Mais en qualité c'est très important",
estime Bruno Toussaint, directeur de la rédaction de Prescrire. Par ailleurs, les recommandations du rapport
de l'office parlementaire des choix scientifiques et technologiques, rédigé par le sénateur Claude Saunier,
souligne la nécessité d'une implication de la CNAM dans les travaux et actions en matière de pharmaco-
vigilance.

Dans ce même rapport, le sénateur Saunier réclame pour l'Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé (Afssaps) "une expertise radicalement revisitée". Pour ce faire, le parlementaire suggère
"un recrutement d'experts en nombre suffisant", "les moyens de s'assurer leur autonomie face aux diverses
formes de pression", ainsi qu'"une rémunération convenable des fonctions d'expertises". Une lourde pierre
dans le jardin de l'Afssaps.
Jean Marimbert, directeur de l'Afssaps, répond dans Le Monde du 18 février que l'expertise de son agence
ne "repose pas sur un seul homme, mais sur un travail collégial", ce qui limite, selon lui, l'influence de
l'industrie. "Ce n'est pas parce qu'on est indépendant qu'on est bon ou que l'on ne fait pas d'erreur, souligne
Etienne Caniart. L'expertise n'est pas valorisée dans ce pays, ni financièrement, ni socialement…
Commençons par rémunérer les experts à hauteur de ce qu'ils pourraient toucher dans le secteur privé,
viendront sûrement des experts de meilleure qualité."

SURTAXER LA VISITE MÉDICALE


Reste la visite médicale, cette relation de couple entre médecins et laboratoires, qui est au cœur de la
stratégie marketing de l'industrie pharmaceutique. Pour 110 000 médecins prescripteurs français, 23 000
visiteurs occupent les salles d'attente "pour donner plus d'informations", assure Patrick d'Humières, directeur
de la communication et des relations extérieures du syndicat des entreprises de l'industrie du médicament
en France (LEEM). Il est précisé dans la Charte de la visite médicale signée entre le LEEM et le Comité
économique des produits de santé le 22 décembre 2004, le souci de "ne pas occasionner de dépenses
inutiles". "Pour se convaincre de l'hypocrisie de cette démarche, il faut se demander si les représentants
commerciaux des firmes touchent leurs primes en fonction du respect de la charte ou en fonction du nombre
de boîtes de médicaments prescrits sur leur secteur", répond le docteur Philippe Foucras, fondateur du
Formindep. Reste que le gouvernement dispose d'une arme de dissuasion redoutable, la taxe sur la visite
médicale, qu'"il suffirait d'augmenter jusqu'à ce que la visite devienne pour les laboratoires trop onéreuse",
explique un proche du dossier.

Nombre de médecins estiment que leur indépendance est entre leurs propres mains. "Je n'en veux pas
particulièrement à l'industrie pharmaceutique, explique Dominique Dupagne, généraliste, enseignant et
webmestre de atoute.org. Leur objectif est de faire un maximum d'argent et ils le font bien. Ce qui est
inacceptable, c'est que les médecins ne puissent pas faire un dîner ensemble sans se faire financer par un
labo. Et ce, tout en ayant l'impression de contrôler la relation." Un point de vue que partage Etienne
Caniart : "Les médecins doivent se rendre compte de la manière dont ils sont monitorés par l'industrie
pharmaceutique et reprendre leur liberté de prescription."
Eric Nunès

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