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Debout la République 76 (http://dlr76.blogspot.com – dlr76@wanadoo.

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Nicolas Dupont-Aignan : le dernier des opposants ?


Gaulliste indépendant, Nicolas Dupont-Aignan joue le réseau local contre une élite
coupée des électeurs qui ont dit « Non » au référendum. Acharné, cet « opposant
professionnel » est le poil à gratter d'une droite en train de se réveiller.

Nicolas Dupont-Aignan à Yerres. Crédits : SL

« Vous allez peut-être me trouver frapadingue mais le peuple est avec nous ! » Malgré son sourire de
petit garçon assorti à sa coupe de gendre idéal, il ne faut pas s'y tromper : Nicolas Dupont-Aignan
est très sérieux. L'année 2007 a pourtant été difficile pour « NDA » : privé de présidentielle faute
de parrainages suffisants, seul député de son parti, Debout la République (DLR) élu aux dernières
législatives, privé de financement par l'UMP... Il aurait plus d'une raison de déprimer.

Mais la grogne qui monte à droite, dans l'électorat comme chez les élus, est du pain béni pour lui,
qui l'élève au rang de contestateur en chef du Président. Nicolas Sarkozy, NDA le connaît depuis
son entrée au RPR, en 1993. A l'époque, Sarko et sa bande le regardait déjà de travers quand il
avait ravi à Karoutchi le poste stratégique de secrétaire aux Fédérations.

Aujourd'hui, Nicolas Dupont-Aignan ne pardonne pas au nouveau président de la République


d'avoir déçu « l'espoir qu'il a suscité à droite » pendant la campagne. « En juin 2007, il avait une
légitimité fabuleuse pour remettre en cause la pensée unique sur l'Europe à Bruxelles, peste-t-il. Mais sa
vanité l'a emporté sur la raison. »

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Dans sa mairie, pas un drapeau européen qu traîne. Crédits : SL

Hérault depuis plus de dix ans de la contestation d'une construction européenne qui menace,
selon lui, « la grandeur de la France » - grandeur qu'il met en première ligne de son programme de
gaulliste social-, Nicolas Dupont-Aignan profite de son indépendance pour voter contre le traité
de Lisbonne, qu'il surnomme « Le coup d'Etat simplifié ». Le 8 avril, il soutient la motion de
censure, à l'inverse de Bayrou. Regain d'intérêt des journalistes qui viennent chercher ses piques
contre Sarkozy tandis qu'une poignée de députés le félicitent (discrètement) de ses interventions à
la tribune. « Nous partageons beaucoup d'idées, notamment sur l'Europe, confie Jacques Myard, député
UMP des Yvelines. Mais il a fait l'erreur de se marginaliser. »

Nicolas Dupont-Aignan n'est pas d'accord : « je ne me fie pas au raisonnement de la Salle des Quatre
Colonnes. L'un de mes plus gros atouts, c'est mon réseau local. » Au moins une fois par semaine, le
député-maire d'Yerres se rend en province : Lorraine, Bretagne, Centre… Cette semaine, c'est
Marseille et Toulon, où il espère pouvoir renforcer son parti qui compte un peu moins de 10 000
adhérents aux profils variés - chevènementistes, anciens RPR ou encore villiéristes - qui l'animent
dans 72 départements.

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Le centre névralgique de Debout la République : une petite permanence entre la gare RER de Yerres et la mairie.
Crédits : SL.

Parmi eux, Dominique Farcis, retraité et bénévole qui a « levé le doigt pendant le meeting de la
Maison de la Chimie en 2007 » quand Nicolas Dupont-Aignan a demandé si certains souhaitaient se
présenter aux législatives. Aujourd'hui il travaille presque à plein temps à la permanence de Yerres
au milieu des milliers de tracts que les militants envoient à travers toute la France. Ce petit local
est le QG d'une propagande nerveuse alimentée par les bonnes volontés : privé des subsides de
l'UMP, Debout la République fonctionne avec 350 000 à 400 000 euros par an, en comptant les
cotisations des adhérents, contre 600 000 en 2007. Une rigueur qui oblige cet « opposant
professionnel », comme se surnomme Nicolas Dupont-Aignan, à être sur le pont à plein temps,
s'accordant juste de quoi profiter de sa famille et de sa ville.

Ecole Saint-Exupéry, promenade Barbara, Cinéma Paradiso… A Yerres, « NDA » a marqué la ville
de ses goûts. Faites le tour de la bâtisse rococo de la mairie, fouillez-en les couloirs et retournez
chacune des chaises, vous n'y trouverez pas un seul drapeau européen !

Envoyé un peu par hasard dans cette commune de l’Essonne pour se présenter contre un maire
socialiste réputé imbattable, il est élu dès le premier tour en 1995. « Mon premier miracle », confie-
t-il. Le second fut son élection comme député en 1997, au second tour cette fois et d'une courte
tête (50,4%).

En 2008, NDA est le maire le mieux élu de France. Crédits : SL

Depuis, il gère sa municipalité avec l'expérience acquise comme conseiller technique à la politique
de la ville entre 1993 et 1995 chez François Bayrou puis Michel Barnier. En 2008, il est le maire le
mieux élu de France, avec 78% des suffrages exprimés au premier tour.

Il préfère de loin la gestion de sa ville aux intrigues de parti. Ses premiers problèmes avec le RPR
remontent à 1999, quand il s'oppose au traité d'Amsterdam - attitude jugée par ses
coreligionnaires indigne du secrétaire national qu'il est alors. Toujours au sein du parti, il soutient
la liste Pasqua-Villiers aux élections européennes et devient secrétaire général adjoint de leur
Rassemblement pour la France. L'aventure se termine au bout de trois mois et il revient au RPR, «
la queue basse, pour assister au détricotage du parti gaulliste », se souvient-il.

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Gaulliste : il défend bec et ongles cet adjectif que l'UMP lui dénie. Il faut dire que ses positions
eurosceptiques lui attirent des voisinages un peu sulfureux. « Je suis un républicain, insiste-t-il. Je ne
veux pas être amalgamé avec le souverainisme ringard de Villiers : je suis un progressiste ! »

Philippe de Villiers, lui, aimerait bien capter la nouvelle aura du président de Debout la République
: « Nicolas Dupont-Aignan fait le même bon constat que nous sur l'impossibilité de faire de la
politique en France quand tout se décide à Bruxelles », explique Patrick Louis, député européen
MPF. Paul-Marie Coûteaux espère aussi ce rapprochement qu'il tente de favoriser en vue des
élections européennes de 2009.

Bref, Nicolas Dupont-Aignan n'a jamais été aussi courtisé mais il préférerait choisir ses
prétendants. Son objectif est simple : « survivre jusqu'en 2012. » « Aujourd'hui, je ne vois personne qui
veuille reprendre le flambeau de mes idées », déplore-t-il. Un avis que partage François-Xavier Vilain,
député-maire de Cambrai affilié à DLR : « Je me retrouve dans ce qu'il exprime et il est le seul à porter
ces idées-là sur l'Europe à droite. Les électeurs commencent à le connaître ! », ajoute-t-il. « Sincère »
pour beaucoup, il est, pour un journaliste qui l'a suivi toute la campagne durant, « trop gentil. »
Mais, de l'avis général, c'est un véritable acharné.

Sa motivation ? Des pères de famille qui l'encouragent à la sortie de la boucherie. Pour lui, le non
au référendum sur le TCE a été le signal : « on a une élite d'abandon qui n'aime plus le peuple et vous
voudriez que je travaille avec cette élite ? » Qu'il se rassure : cette élite n'a pas l'intention de lui
proposer le moindre job. Face à un Président qui remet en cause la laïcité, réintègre l'Otan ou
reste passif face à l'euro fort, NDA voit venir la révolte. « Ca va finir dans la rue, toute l'histoire est
faite de ça, dit-il d'un air d'évidence. Il y aura besoin d'une recomposition politique et j'espère
modestement pouvoir y participer. » Pour l'instant, Nicolas Dupont-Aignan organise la résistance.
Seul.

Mercredi 23 Avril 2008


Sylvain Lapoix

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