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Dossier de presse

E n septembre 2004, dans le sanctuaire


gaulois de Tintignac (Naves, Corrè-
ze), fut découverte une fosse contenant
près de cinq cents fragments métalliques,
datés entre le IVe et le IIe siècle avant no-
tre ère. Il s’agissait, entre autres, d’armes
(épées, élément de bouclier et fourreaux),
de casques, d’un chaudron et de sept car-
nyx, c’est-à-dire de grandes trompettes
de guerre de la taille d’un homme utili-
sées lors des tumultes guerriers. Un cas-
que spectaculaire en forme de cygne et
un des carnyx, au pavillon en forme de
tête de sanglier, ont été étudiés, restaurés
et remontés. Ils sont présentés dans cette
exposition, accompagnés de panneaux
expliquant les circonstances et le contex-
te de leur découverte, les techniques em-
ployées pour leur fabrication et celles uti-
lisées pour leur préservation.

C es objets uniques témoignent d’un


savoir-faire technologique de haut ni-
veau confirmant l’expérience et l’habileté
des métallurgistes gaulois. Ne manquez
pas cette occasion de venir les admirer à
Toulouse !
Le dépôt d’armes
et d’objets gaulois
du sanctuaire de
Tintignac à Naves

A vant 2001, le site de Tintignac


était connu pour ses monu-
ments d’époque romaine (notam-
ment un temple et un théâtre).
Aucun vestige ne laissait supposer
une occupation antérieure. Depuis,
un sanctuaire gaulois est apparu
progressivement, lors des fouilles
réalisées entre 2001 et 2005.

Un fossé, qui a pu contenir une


palissade, cerne un espace de 24 m
de côté qui a accueilli en son centre
un bâtiment sur poteau dont le Le site romain de Tintignac (état de la fouille en 2003).
plan, modifié au fur et à mesure Photo : P. Ernaux/Inrap.
des reconstructions, a d’abord été
circulaire puis quadrangulaire. C’est
dans l’angle nord-est de cet enclos
que les premiers objets en bronze
sont apparus le 20 septembre 2004.

Ils se trouvaient dans une fosse


peu profonde (0,30 m), de forme
grossièrement carrée (1,10 m
de côté) dont les angles étaient
arrondis. Près de 500 fragments
d’objets métalliques ont été mis au
jour : épées, fers de lance, casques,
chaudron et éléments appartenant
à des carnyx.

Après étude, il semble que ces


objets ont été conservés de deux à
quatre siècles, comme de précieuses
reliques. On peut supposer qu’ils
étaient exhibés lors de cérémonies
majeures. L’acte de dépôt ou d’of- Le dépôt d’objets métalliques en début de fouille.
frande, a sans doute été réalisé au Photo : P. Ernaux/Inrap.
cours de la seconde moitié du Ier
siècle avant notre ère.

Texte d’après C. Maniquet/Inrap.


Les armes

L a plupart des lames d’épées,


fourreaux et fers de lance repo-
saient à plat, dans la partie supé-
rieure de la fosse.

42 fragments proviennent de lames


d’épée brisées et 148 sont issus de
fourreaux d’épée en fer. 11 éléments
ont peu être interprétés comme des
fragments de fers de lance. Un élé-
ment de bouclier en fer était aussi
présent.

à l’origine, les épées mesuraient


1 m de long environ. Elles ont tou-
tes été brisées volontairement. Les fourreaux et lames d’épée dans la fosse.
Leur poignée était en bois et leur Photo : P. Ernaux/Inrap.
lame était dotée d’un bout arrondi.
Une seule s’est révélée complète :
très différente des autres, elle est moins longue et sa poignée est réalisée dans un alliage
cuivreux.

Les fourreaux, suspendus à la ceinture, servaient à protéger la lame. à cette époque, il sont
essentiellement constitués de deux fines tôles de fer assemblées.

Texte d’après C. Maniquet/Inrap.


Les casques

A u total, 33 éléments découverts


dans le dépôt ont été interpré-
tés comme appartenant à dix cas-
ques quasiment entiers, quoique
fortement mutilés. Neuf casques
sont en alliage cuivreux et un seul
est en fer. Certains ont une déco-
ration ou une morphologie qui en
font des pièces uniques dans le
monde celtique.

Tous les casques ont subi des mu-


tilations importantes. Des traces li-
néaires indiquent des coups d’épée.
Les perforations pourraient prove-
nir de coups de lance.

Casque en fer. IIIe siècle avant notre ère.


Photo : F. Loubignac.

Casque en forme de cygne.


Photo : P. Ernaux/Inrap.

Texte d’après C. Maniquet/Inrap.


Les carnyx

U ne trentaine d’objets découverts


a été attribuée à des carnyx. Les
carnyx sont de grandes trompettes
de guerre, de la taille d’un homme,
utilisées par les Gaulois pour contri-
buer au « tumulte guerrier  ». Ces
trompettes étaient tenues vertica-
lement et dotées, à l’extrémité su-
périeure, d’un pavillon en forme de
tête d’animal. Par sa gueule ouverte
s’échappait le son. Les carnyx sont
essentiellement connus par des re-
présentations sur des monnaies
gauloises ou romaines et sur des
monuments triomphaux d’époque Pavillon de carnyx en forme de tête de sanglier.
Photo : P. Ernaux/Inrap.
romaine.

Quatre trompettes étaient dotées de


têtes de sanglier composées de tôles
de bronze assemblées. Deux autres
têtes de sanglier étaient réalisées en
bronze moulé. L’un des carnyx pos-
sède un pavillon en forme de tête de
serpent.

Pavillon de carnyx en forme de tête de serpent.


Photo : P. Ernaux/Inrap.

Texte d’après C. Maniquet/Inrap.


La sauvegarde du
dépôt gaulois

D ès la fouille, les restauratrices


du laboratoire toulousains Ma-
teria Viva intégrées à l’équipe ont
recherché des traces de cuir, de tis-
sus et observés les relations entre
les différents objets. Aux côtés des
archéologues, elles ont opéré une
micro-fouille, ont consolidé, préle-
vé et emballé les objets. Au labora-
toire, ceux-ci ont été décrits, photo-
graphiés et radiographiés.

Le casque-cygne et le carnyx sont


faits de tôles fragiles et fragmentées.
La restauration a été délicate car Préparation du prélèvement du pavillon de carnyx en forme de
serpent.
les corrosions étaient hétérogènes : Photo : P. Ernaux/Inrap.
certaines plaques étaient intactes,
d’autres plus attaquées. L’élimina-
tion des produits de corrosion s’est
opérée à l’aide d’un scalpel et de
produits chimiques. Les surfaces
ont ensuite été protégées par un
vernis synthétique.

Le carnyx avant sa restauration. On perçoit bien les corrosions


qui apparaissent dans un vert plus soutenu.
Photo : Materia Viva.

élimination des produits de corrosion à l’aide d’un scalpel, sous


observation binoculaire.
Photo : Materia Viva.

Texte d’après M. Drieux-Daguerre/Materia Viva (Toulouse).


étude des aspects
technologiques

C ette étude a consisté à examiner


et définir les outils utilisés par
l’artisan, les techniques et la chaîne
opératoire de fabrication du carnyx.
Elle a été réalisée en laboratoire à
l’aide d’une loupe binoculaire et de
clichés radiographiques. Ceux-ci
mettent en évidence les différentes
pièces constituant les objets et leurs
jonctions.

Au final, on peut en conclure que le


carnyx est une œuvre de dinanderie,
c’est-à-dire un objet creux en fine
Radiographie du carnyx.
tôle de bronze. Ses éléments ont été Photo : C. Gargam.
obtenus par un procédé de déforma-
tion plastique (martelage, ciselure
et découpage). Les tôles ont été as-
semblées en utilisant plusieurs mo-
des de jonction (brasure, emboîtage
et cerclage) qui ont permis de ren-
dre les jointures solides, étanches et
adaptées à la fonction du carnyx :
favoriser une circulation d’air fluide
à l’intérieur de l’instrument.

Cet instrument de musique consti-


tue une oeuvre d’art et d’artisanat
majeure qui confirme l’habileté
et l’expérience des métallurgistes
gaulois. Détail du carnyx permettant d’apprécier la finesse de la ciselure.
Photo : B. Armbruster/Cnrs.

Texte d’après B. Armbruster/Cnrs (Toulouse).


La numérisation

L a numérisation 3D d’objets con-


siste à prendre un très grand
nombre de points de mesure à la
surface des objets. Ces points sont
définis dans les trois dimensions
de l’espace (X, Y, Z). Le résultat
est un véritable « nuage de points
» plus ou moins dense. Dans le cas
des objets du dépôt de Tintignac,
plusieurs millions de points ont été
pris par un bras de mesure couplé à
un scanner laser 3D. Les nuages de
points obtenus par cette technique
Modèle numérique 3D monochrome du pavillon d’un carnyx
constituent donc un véritable dou- réalisé avant la restauration. Le nuage de point est constitué de
ble numérique tridimensionnel de plus de 1.5 millions de points espacés chacun de moins d’un
l’objet, sur lequel il est possible de millimètre.
réaliser un certain nombre d’études Photo : Loïc Espinasse et Pascal Mora (Archéotransfert).
sans risque pour les objets origi-
naux. Ainsi des calculs qui seraient
difficiles à réaliser par d’autres méthodes (calcul de volume, de surface, d’épaisseur mais
aussi parfois des simulations mécaniques ou encore acoustiques) peuvent-ils être réalisés
directement sur le modèle numérique à l’aide d’outils informatiques spécifiques. Ce modèle
numérique est aussi un support parfaitement adapté pour tester et faire partager au public les
hypothèses de restitutions des archéologues. On peut ainsi virtuellement redonner aux objets
l’apparence qu’ils avaient à l’époque de leur utilisation.

Texte d’après Loïc Espinasse et Pascal Mora (Archéotransfert).


Autour de l’exposition

Conférence

Au son du carnyx ! Le Gaulois, la trompette et le sanglier


En 2004, la découverte spectaculaire dans le sanctuaire de Tintignac (Corrèze) d’un lot d’ar-
mes gauloises en métal (lances, épées, enseignes) comprenant plusieurs carnyx a jeté un
éclairage particulier sur la singularité de cet instrument de musique celtique. Au-delà de
la description de cette trompe, unique dans les armées antiques, plusieurs aspects seront
discutés : sa valeur guerrière et rituelle chez les Celtes, le sens de cet emblème dans l’icono-
graphie triomphale romaine et la perception par Rome de la musique des barbares ; enfin la
pertinence des reconstitutions modernes de carnyx.
Par Christophe Vendries, Professeur d’histoire romaine à l’université de Rennes II.
Jeudi 11 février à 17 h. 4 €. Etudiant : 1,60 €. Réservation conseillée (05 61 22 31 44).

Visites commentées

Elles sont prononcées par des historiens de l’art, conférenciers des musées de la ville de Tou-
louse. Dates et horaires sur www.SaintRaymond.toulouse.fr.

Publications

13 € 15 €
Fiche technique

Cette exposition a été conçue et réalisée par le musée du Cloître de Tulle (Laurence
Lamy, conservateur des musées et Karine Viatgé attachée de conservation) en col-
laboration avec la DRAC du Limousin, service régional de l’archéologie (Martine
Fabioux, conservateur régional).

Elle a bénéficié du soutien des institutions suivantes :


> l’état - Direction régionale des affaires culturelles du Limousin, dirigée
par Philippe Geffre,
> le conseil régional du Limousin présidé par Jean-Paul Denanot,
> le conseil général de la Corrèze présidé par François Hollande,
> la commune de Tulle administrée par Bernard Combes, maire,
> la commune de Naves administrée par Alain Brette, maire.

Elle est présentée au musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, du 27


novembre 2009 au 28 février 2010.

Contributeurs scientifiques
Christophe Maniquet, archéologue, responsable des fouilles, Inrap, pour la coordi-
nation scientifique,
Monique Drieux-Daguerre, conservateur-restaurateur et ses collaboratrices du labo-
ratoire toulousain Materia Viva, Tanya Eyermann, Inocence Queixalos et Valérie
Uzel, pour la restauration des objets,
Michel Pernot et Frédéric Adamski, Institut de Recherches sur les archéo-matériaux,
Cnrs – UMR 5060 pour la métallographie (Bordeaux),
Barbara Armbruster, TRACES / Cnrs – UMR 5608, pour l’étude des assemblages
(Toulouse),
Jean Boisserie, de l’atelier Boisserie à Cublac (Corrèze), dinandier,
Patrick Ernaux, Inrap, photographe,
Robert Vergnieux, Loïc Espinasse et Pascal Mora, Archéotransfert – Cnrs, pour la
numérisation (Bordeaux),
Thierry Lejars, Cnrs – UMR 8546, pour l’étude des armes,
Céline Gargam, association Aktis Adelos et l’Apave à l’Union (Haute-Garonne), pour
les radiographies,
Marc Jeanclos, Guillaume Blanchard et Eric Charpentier de l’atelier Jeanclos à Meaux
(Seine-et-Marne), pour la présentation muséographique.

Commissariat pour Toulouse


évelyne Ugaglia, conservateur du patrimoine au musée Saint-Raymond, musée des
Antiques de Toulouse
Communication - Presse
Lydia Mouysset et Marie-Cécile Palacin, service des Publics du musée Saint-
Raymond
Montage et transport
équipe technique du musée Saint-Raymond, sous la direction de Patrice Doumeng
Musée Saint-Raymond,
musée des Antiques de Toulouse
Place Saint-Sernin
31000 Toulouse

05 61 22 31 44
www.SaintRaymond.toulouse.fr

Ouverture tous les jours de 10 h à 18 h


(fermeture les 25 décembre 2009 et 1er janvier 2010)

Contacts presse
Lydia Mouysset
05 61 22 22 87
lydia.mouysset@mairie-toulouse.fr

Marie-Cécile Palacin
05 62 27 49 57
marie-cecile.palacin@mairie-toulouse.fr

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