Avril 2010 Numéro 1

La Lettre de la Pastorale des Familles

DIOCESE DE MEAUX du diocèse de Meaux

Éditorial
Dans ce numéro
Voici le premier numéro de la lettre de la pastorale familiale
• Éditorial de notre diocèse.

Elle a pour objectif d’être un lien entre les différentes

• Journée des équipes, entre les mouvements, entre les pôles
équipes de missionnaires, pour partager nos initiatives, nos réalisations,
nos projets.
préparation au
mariage N’hésitez pas à la faire circuler au sein de vos équipes et à
nous signaler les personnes qui désirent la recevoir
régulièrement.
• 2011, année de la
famille Envoyez-nous les informations que vous souhaitez faire
connaître et partager : sessions pour couples ou familles,
retraites, conférences, présentation de votre mouvement,
• Un nouveau site etc., etc.
pour la préparation
Nous avons pour projet de publier cette lettre tous les
au mariage
trimestres, elle a l’ambition de devenir un lien efficace entre
les acteurs de la pastorale familiale de notre diocèse.
• L’équipe diocésaine
Laïcs mobilisés dans la pastorale des familles, prêtres et
de la pastorale des diacres, « il nous revient de servir le projet de Dieu en servant
familles les familles :
•certes aider chacun à trouver la voie du bonheur même
lorsque la vie de famille semble impossible et a été brisée,
•surtout montrer que vivre en famille permet à chacun
e d’acquérir son identité d’homme et de femme à la place qui
c t e r l
é’qéuqiupiep : est la sienne dans une dynamique qui ouvre à l’altérité et à la
ontcater l’famiialile ale
Puorurcocntato
o ra l efamil ra: ng.efr.fr vie sociale … et, pour un chrétien, à son identité de fils de
s
P la patorale 77@roange
de pas miliael.e7.7@o Dieu tendrement aimé du Père que Jésus nous a révélé »
de laale.fm a ilial
p atsotroarle.fa (Mgr Descubes).
pa s
L’équipe de la Pastorale familiale

DIOCESE DE MEAUX
Journée des équipes de préparation au mariage
Le 30 janvier dernier, Anne
Lannegrace, responsable du
département Famille, au sein
de la Conférence des Eveques
de France a fait réfléchir les
participants à cette journée
sur « La famille dans sa
réalité sociale, les nouveaux
modèles familiaux »
Le thème auquel vous consacrez
cette journée aujourd’hui est celui
de la famille, des « familles » est il
plus juste de dire puisque nous
allons parler des familles dans leurs
diversité.
Nous sommes à une période de
transformation très profonde de la
société. Nos modes de vie se sont
considérablement modifiés avec
internet, la mondialisation, le
développement des nouvelles
techniques. Nous sommes dans un
monde nouveau en train de
s’inventer avec de nouveaux
paramètres, et les nouvelles
générations vivent en fonction de
valeurs, d’exigences, de logiques
très différentes de celles de leurs
parents et de leurs grands parents.
Il est difficile de distinguer ce qui
est porteur de vie et d’espérance de
ce qui l’est moins. La vie est
complexe et toute avancée peut
être positive sur certains aspects et
comporte néanmoins des
conséquences négatives. Comment
distinguer dans les évolutions
actuelles ce qui est normal,
souhaitable, inévitable même, et ce
qui constitue des remises en
question ou des attaques sur des
points fondamentaux tels que:
Avril 2010
•Une certaine conception de
l’homme,
•La protection des bases
structurantes essentielles à la
construction des personnalités, des
couples, des familles,
•La prise en compte de repères et
de valeurs qui font grandir
l’homme.
Je vais vous proposer un état des
lieux de ce qui se passe
actuellement dans la société, non
pas pour critiquer, mais pour
prendre acte et réfléchir ensemble
comment y discerner des messages
d’espérance et d’optimisme
associés à une grande vigilance sur
les enjeux sous jacents.
Quoique nous pensions de ces
évolutions, elles nous concernent
tous puisque nous en faisons tous
partie et que c’est nous qui la
constituons ou qui l’avons
constituée.
Etats des lieux
Nous sommes actuellement à un
moment de société qui représente
une véritable révolution des
mentalités en ce qui concerne
l’évolution des familles.
•Accroissement constant du
nombre de couples qui se
constituent et ont des enfants en
dehors de toute inscription sociale
et civile.
•Être en couple est devenu une
histoire privée et la société s’inscrit
dans cette histoire par
l’intermédiaire de l’aide à l’enfant.
• Les relations au sein du couple et
de la famille ont été profondément
transformées avec des
revendications d’identité et
Numéro 1
d’autonomie des uns et des autres.
Ces modifications très rapides des
différentes manières de se mettre
en couple, de fonder une famille et
de se séparer ont provoqué un
« désordre dans la famille ». La
famille comme institution a été
malmenée.
•L’union libre devient le mode de
vie dominant.
•La cohabitation est devenue un
mode de vie habituel chez les
jeunes. 90% des couples qui se
marient vivent déjà ensemble. Le
nombre de mariages civils a
considérablement diminué et les
mariages religieux représentent
moins de la moitié de l’ensemble
des mariages.
•Environ 50% des enfants naissent
en dehors du mariage. Il y a une
nette augmentation des
reconnaissances de paternité, alors
même que le nombre d’unions
libres augmente. La reconnaissance
de la filiation et de la paternité ne
sont donc plus liées à l’inscription
civile ou religieuse du mariage. Un
nombre important d’enfants ne
verra pas ses parents se marier. 1/3
des enfants qui naissent sont issus
de l’immigration.
- Les ruptures et les divorces sont
de plus en plus nombreux. Même
s’il s’agit encore d’un phénomène
minoritaire, leur nombre augmente
constamment. Le seul chiffre qui
soit en augmentation est le
remariage des divorcés, en
particulier chez les catholiques qui
sont très attachés à l’idée du
mariage. C’est un point important
auquel nous devons faire attention.

DIOCESE DE MEAUX
Journée des équipes de préparation au mariage
Ruptures et divorces sont donc de
plus en plus fréquents ; ils sont le
signe d’une évolution de la vie des
couples et des mentalités.
Les causes de ces séparations sont
nombreuses et de multiples
facteurs de tous ordres
interviennent sans que personne ne
puisse dire quelles sont les causes
qui sont déterminantes et comment
va évoluer cette nouvelle société.
•Le nombre de familles
monoparentales est en constante
augmentation (environ 2.000.000.),
soit entre 20 et 25% des familles,
une famille sur cinq, davantage en
région parisienne. Entre 17% et 20%
des enfants vivent donc dans une
famille monoparentale, c'est-à-dire
environ 2,4 millions d'enfants. Ce
sont le plus souvent des femmes
très jeunes qui élèvent seules des
enfants en bas âge. La séparation
des parents est à l'origine des trois
quarts des familles
monoparentales.
•Le nombre de célibataires est
également en augmentation. Il y a
de plus en plus de personnes qui
vivent seules, principalement dans
les grandes villes. Cela
représenterait un peu plus de 20%
de la population française.
•Le nombre des familles
recomposées augmente
régulièrement avec un nombre
croissant d’enfants vivant dans des
familles aux structures complexes
et compliquées pour eux.
• Les jeunes couples qui restent
unis sont eux aussi confrontés à des
difficultés importantes. Ces
difficultés sont moins évidentes
puisqu’elles n’aboutissent pas à une
Avril 2010
séparation et restent dans le secret
des intimités, mais elles n’en sont
pas moins compliquées ou
douloureuses pour ceux qui les
vivent.
Le souci actuel est donc de tenter
de comprendre quel sens donner à
ces transformations du couple, de la
conjugalité et de la famille,
transformations qui ne touchent
plus seulement la nouvelle
génération mais concernent
maintenant toutes les générations.
Le nombre de retraités qui
divorcent est en constante hausse.
Les nouvelles modalités de la mise
en couple et de la construction de
la famille
Le mariage quand il a lieu ou tout
au moins la mise en ménage stable
et la fondation d’une famille sont
davantage l’aboutissement d’un
cheminement commencé très tôt
plutôt que comme le démarrage
d’une nouvelle manière de vivre. Le
mariage est considéré comme un
point d’arrivée et non plus comme
le commencement d’un nouveau
projet, ce qui peut engendrer bien
des malentendus.
On peut distinguer plusieurs
étapes dans ce cheminement vers
des formes de vie de plus en plus
structurées:
•les amoureux adolescents : Ce
sont des couples très jeunes ayant
des relations sexuelles précoces, le
plus souvent dans leur groupe
d’amis proches. Ils ont des relations
sexuelles imprégnées de
l’immaturité affective normale à cet
âge là. Le corps y est peu ou mal
protégé (le sien et celui de l’autre)
parce qu’il n’est pas encore
Numéro 1
respecté comme faisant partie de
l’unité de la personne. Il est plutôt
considéré comme un objet à
disposition. L’appartenance au
groupe d’âge est importante voire
tyrannique, avec conformité aux
injonctions du groupe par peur de
l’exclusion ou du sentiment
d’infériorité. A cet âge là, les
relations amoureuses ne sont pas
durables. Les souffrances
amoureuses éprouvées au moment
des ruptures peuvent s’atténuer
mais l’attente de la rencontre
idéale est toujours aussi grande et
l’entrée dans une nouvelle histoire
amoureuse est marquée d’emblée
par l’idée du risque de rupture. Le
désir d’engagement devient plus
réfléchi et reporté par crainte de
l’échec.
•la cohabitation : dans ce type
d’union, il n’y a pas de séparation
explicite d’avec la famille d’origine.
Les fantasmes de grande proximité
affective imaginaire avec les parents
ou les frères et sœurs persistent et
peuvent continuer à infiltrer le
psychisme de manière inconsciente
en barrant l’élaboration progressive
d’un engagement plus complet dans
le couple. La recommandation de
l’Evangile « L’homme quittera son
père et sa mère.. » est reportée, ou
jamais mise en pratique par un
engagement civil devant des tiers.
La maturité est paradoxalement
précoce et plus tardive. C’est le
modèle « génération Tanguy »
•le mariage : Le propre du mariage
est l’engagement définitif. Le
couple se constitue comme
construction commune, à deux,
d’une nouvelle entité qui n’est pas
réductible à l’addition de deux

DIOCESE DE MEAUX
Journée des équipes de préparation au mariage
deux individualités. A cette étape
de la constitution du couple,
l’investissement de l’autre est
majeur avec des attentes très
grandes voire excessives. L’autre est
chargé de réparer toutes les
blessures affectives des relations
amoureuses qui ont échoué
auparavant, ce qui est une tache
infaisable. Il peut en résulter des
déceptions, des conflits, des
revendications, qui prennent la
forme de crises graves et même de
rupture puisque la moitié des
couples qui vivaient ensemble
depuis plusieurs années divorcent
après un ou deux ans de mariage.
L’engagement définitif comporte
donc des effets positifs mais aussi
des risques potentiels qui sont
difficilement prévisibles tant que
cette étape de l’engagement
définitif n’est pas franchie. La
communication au sein du
couple est sous le signe de la
contradiction avec l’injonction de
tout se dire et en même temps de
grandes difficultés de
communication à propos des
questions relevant de l’intimité des
consciences et de la conscience
morale personnelle.
•la naissance du premier enfant :
La naissance du premier enfant est
un moment de grand bonheur mais
aussi une période de grande
fragilité pour le couple et en
particulier pour le jeune père. C’est
le moment du choc des
narcissismes. Près de la moitié des
jeunes couples se séparent après
plusieurs années de vie commune,
et souvent au moment de la
première grossesse ou de la
naissance du premier enfant.
Avril 2010
C’est à ce moment là qu’on
s’aperçoit que la cohabitation sans
structure institutionnalisée n’est
pas suffisamment protectrice pour
le jeune enfant et la mère, plus
particulièrement pendant la
période qui entoure la grossesse et
la naissance du premier enfant,
même dans notre société où la
protection sociale est bien
organisée pour les individus. C’est
l’enfant qui est la personne la plus
vulnérable à prendre en compte
dans cette absence d’organisation
sociale de la vie des couples actuels.
La jeune mère est également
vulnérable, et cela d’autant plus
qu’elle est sans ressources ou avec
des ressources limitées. Depuis
quelques années, le mouvement de
société va dans le sens d’une prise
en considération accrue de l’enfant
puisque la moitié des enfants nés
hors mariage sont reconnus par leur
père ce qui est tout à fait nouveau.
Il n’y a pas encore de prise de
conscience identique par les jeunes
couples de la nécessité de protéger
la mère. L’argument que la plupart
d’entre elles travaillent et de ce fait
ne demandent pas à être protégées
sur le plan matériel traduit une
méconnaissance de la difficulté
pour une femme seule à élever des
enfants, indépendamment de tout
élément matériel.
•les couples remariés : famille ou
espace familial ? Jusque
récemment, le couple qui se mariait
se glissait dans l’institution
familiale, et en quelque sorte, se
mettait à son service. Ce pouvait
être compliqué et enfermant mais
cela permettait également à chacun
d’assumer sa maternité et sa
Numéro 1
paternité de façon plus simple et
souvent plus heureuse.
Actuellement, la situation semble
s’inverser, et la famille se trouve
mis au service de l’épanouissement
des individus, et donc, se trouve
dépendante des subjectivités et
itinéraires particuliers des membres
du ou des couples. On voit se
dessiner une évolution où enfants
et parents sont amenés à vivre
deux, voire trois recompositions
familiales, avec des fratries élargies.
Les enfants vivent dans des tribus
représentatives de l’histoire
affective de leurs parents. Sur le
plan affectif, ces situations dans
lesquelles ils vivent des expériences
d’abandons successifs peuvent être
difficilement structurantes pour
eux. Paradoxalement, il est donc
nécessaire de reconnaître et
d’organiser la structuration de ces
nouvelles familles comme nouveau
cadre de vie, d’aider à la
reconstruction familiale en
institutionnalisant ce qui peut l’être
pour éviter une certaine forme de
désocialisation et faire en sorte que
la fonction éducative puisse être
assumée. Dans ces cas là, la famille
n’est plus seulement une
communauté de personnes, mais
une communauté de petites
structures familiales en
interrelations.
•les familles monoparentales : Une
place à part pour ces jeunes
femmes isolées avec des enfants,
qui sont en attente affective d’une
relation amoureuse stable et
protectrice. Elles peuvent vivre des
relations passagères, en formant
des couples précaires qui les
démolissent plus qu’ils ne leur

DIOCESE DE MEAUX
Journée des équipes de préparation au mariage
apportent de bonheur. Elles sont les
oubliées de notre société et sont
très vulnérables. La multiplication
des situations de familles
monoparentales dans lesquelles les
jeunes femmes vivent seules avec
leurs enfants est particulièrement
préoccupante. La présence d’une
image paternelle de qualité ou tout
au moins aimant leur mère est
déterminante pour l’avenir affectif
des enfants et nécessite d’être
attentifs à la manière dont on peut
aider ces jeunes femmes à sortir de
leur isolement pour elles et pour les
enfants élevés dans des situations
de carences symboliques et
relationnelles. La question tourne
essentiellement autour de la
nécessité de reconnaître un tiers
paternel et masculin entre la mère
et l’enfant pour éviter l’évolution de
la société vers un modèle
matricentré. C’est là toute la
question du statut du beau parent.
Pour tous les observateurs, le
divorce est maintenant considéré
comme un mal, pour les enfants qui
en sont les premières victimes,
pour les femmes avec un nombre
accru de familles monoparentales
en situation de grande précarité,
pour les pères séparés de leurs
enfants et qui ne peuvent plus tenir
leur place ce qui est un élément
important de la crise de paternité
d’aujourd’hui.
Qu’est ce qui fonde un couple ?
Ce qui fonde un couple est devenu
une affaire individuelle et les
éléments psycho affectifs sont aussi
déterminants dans sa formation
que les éléments sociologiques.
Avril 2010
•La mise en couple constitue un
bouleversement dans l’économie
psychique d’un individu, jusque là
plutôt centré sur lui même. Le choix
amoureux se fait à partir d’un
mélange complexe de traits de
caractère de maturité et
d’investissements affectifs de base.
C’est leur association qui permet le
développement du sentiment
amoureux qui mènera au désir de
construire sa vie ensemble.
•Comment durer ? La construction
du couple se fait donc à partir
d’investissements affectifs de base
qui vont devoir évoluer pour
permettre au couple de durer sur
des bases de plus grande maturité
affective. Cette évolution va
nécessiter pour chacun une série de
remaniements affectifs et de
renoncements souvent à l’origine
de conflits ou de crises graves.
C’est la règle commune pour la
plupart des couples. Un couple qui
se fonde doit apprendre à résister
aux crises liées à la confrontation à
la réalité et à la sortie de
l’imaginaire. Ces crises peuvent être
momentanées et l’occasion d’un
nouveau démarrage. Des structures
souples de soutien peuvent lui être
utiles.
•Construire une vie ensemble :
Passés les premiers temps de la
mise en couple, le désir de fonder
un couple durable correspond à un
désir plus structuré sur le plan de la
maturité et à un projet. Deux
évènements concrétisent le plus
souvent les unions :
- La décision de vivre dans un
appartement commun, qui a une
valeur symbolique très forte.
Numéro 1
- L’annonce d’une grossesse. C’est
l’enfant qui fait famille. Le désir de
fonder un couple durable se
manifeste souvent par la
conception d’un enfant avant tout
projet de mariage. C’est l’enfant qui
apparait en premier comme le
ciment d’une union qui veut durer.
La naissance de l’enfant incarne un
projet qui se décide dans l’intimité
du couple. Il est un élément majeur
dans cette question du couple et de
sa reconnaissance civile
•Officialiser : De plus en plus
souvent, le mariage est un acte à
valeur sociale qui officialise la
famille déjà constituée. C’est de
plus en plus souvent « une
régularisation ». La famille se
constitue autour de l’enfant sans
qu’on puisse dire pour autant que
c’est celui-ci qui fonde la famille. La
décision du mariage correspond à
un certain moment de la vie du
couple. C’est un acte d’engagement
définitif qui se décide à deux, sans
réelle consultation d’un tiers
extérieur. Les motifs de cette
décision peuvent être à valeur
constructive ou à valeur défensive
(contre des conflits sous jacents non
identifiés et non élaborés de type
« fuite en avant ».). Le mariage lui-
même devient un aboutissement
de l’union et non un point de
départ. Il a une valeur tout à fait
différente puisqu’il fait rentrer les
époux dans un cadre civil qui n’est
pas déterminée par eux et qui est
premier. Le mariage ratifie le gré à
gré et lui donne une valeur
publique.
•La dimension transcendante dans
la vie d’un couple qui dure. Dans
tous les cas d’union qui dure et plus

DIOCESE DE MEAUX
Journée des équipes de préparation au mariage
particulièrement le mariage, il y a
une recherche de la dimension
transcendante de la vie de couple
qu’il ne faut pas sous estimer,
dimension qui nécessite d’être mise
en valeur et explicitée. C’est le rôle
de ceux qui sont en situation de le
faire d’éclairer ce qu’un projet de
vie commun comporte de joies, de
dépassement de soi et de
renoncements.
Quelles sont les raisons les plus
fréquentes de la crise du couple?
•Compte tenu des attentes idéales
placées sur la vie de couple, la
déception et la désillusion
provoquées par la routine de la vie
quotidienne sont inévitables et
considérées comme insurmontables
dans la logique du « droit au
bonheur » ambiant.
•La passion du début est fusionnelle
et évolue vers un amour dans lequel
l’autonomie de chacun est
davantage valorisée. L’excitation
affective est devenue un impératif
et sa recherche prévaut. Quand elle
disparaît ou s’estompe, elle
provoque un sentiment de manque
qui amène à la retrouver
autrement.
•L’irréductible de la différence des
sexes n’est plus prise en
considération dans une société
marquée par l’interchangeabilité
des rôles féminins et masculins. Il
en résulte des malentendus, des
conflits et des revendications qui ne
sont ni reconnus ni acceptés, ni
parlés. Il y aurait lieu de réfléchir
davantage à la situation des jeunes
femmes des nouvelles générations
prises en étau entre leur désir de
féminité, leur désir de maternité et
Avril 2010
leur nouvel être de sujet d’une
société dans laquelle elles ont un
statut professionnel et social
irremplaçable. Toutes les affiches
autour de la séduction des corps et
des vêtements sont là pour
masquer leur fatigue et leurs
difficultés à tenir tous les rôles.
•La difficulté à supporter les
frustrations vécues comme des
mises à mort psychiques. C’est la
conséquence de toute une
éducation où l’enfant roi est pris en
otage de l’anxiété et de la peur du
lendemain de ses parents.
•La difficulté à faire passer
l’aboutissement d’un projet avant
sa satisfaction personnelle c’est à
dire la capacité à prendre appui sur
son projet à long terme à certains
moments de la vie, en mettant de
coté la satisfaction à court terme.
C’est ce qu’on appelle « la
sublimation ». Les processus de
sublimation sont à l’œuvre dans
tous les projets de vie. Ils peuvent
soutenir le désir au moment des
difficultés momentanées. L’aide
d’intervenants extérieurs permet de
les mobiliser dans une relation de
soutien.
• L’absence de communication ou
le non renouvellement de cette
communication. La plupart des
infidélités ont lieu avec des
collègues de travail. Le couple s’est
constitué sur des bases
sentimentales qui ne sont plus
investies et qui sont remplacées par
un intérêt nouveau pour des
relations plus intellectuelles ou
professionnelles.
• La non prise en compte ou la
méconnaissance de la valeur ou de
Numéro 1
l’importance de la parole donnée
et de l’engagement définitif à
l’égard de l’autre. Les décisions qui
engagent la vie de celui qui la prend
sont considérées comme
personnelles et ne l’engage pas vis-
à-vis de la vie de l’autre. La fonction
structurante de l’engagement
définitif qui ouvre à une nouvelle
dimension de la vie de couple n’est
pas perçue.
•Les conditions de vie matérielle
joue alors un rôle important dans la
réussite ou l’échec de certains
couples. Plus la vie professionnelle
est compliquée et précaire et plus
l’attente vis-à-vis de la vie familiale
est importante, et en même temps
plus cette vie familiale est difficile à
vivre de manière équilibrée ou
épanouie. L’éloignement dû au prix
des loyers, les conditions de
transports ont un impact important
dans les conditions de vie . (cf.
l’article de Marie Boëton « Les
couples TGV »). Les exigences de la
vie professionnelle qui nécessitent
de plus en plus de mobilité et de
capacité à se réinvestir dans
d’autres secteurs de vie valorisent
les changements voire l’instabilité,
ce qui se répercute dans la
conception de la vie dans son
ensemble et dans la vie
sentimentale en particulier. La
réponse en temps réel disloque et
fragmente le temps personnel.
•- L’allongement de la durée de la
vie qui modifie la relation au temps
et à la gestion de son temps. Le
recul de la mortalité et l’élévation
global du niveau de vie permet des
évolutions de mentalités et de
mœurs impossibles auparavant, en
particulier pour le statut des

DIOCESE DE MEAUX
Journée des équipes de préparation au mariage
femmes et des enfants.
La plupart des mariages se
termineront ils par un divorce ?
• La possibilité de divorcer revêt
un aspect positif dans la société
actuelle: « La seule chose
importante dans l’individualisme,
c’est la certitude que l’individu
continue à valider positivement ses
appartenances, ses liens, ses
positions… C’est la raison de
l’énoncé suivant qui peut heurter
s’il est mal compris ; le divorce
donne sens à la relation conjugale.
Non parce que la rupture est un
idéal; mais parce que la liberté de
se séparer rend possible la
réélection et donc la valeur du
maintien du lien. » (Fr. de Singly)
Dans cette conception, le lien qui
unit deux personnes reste vivant
parce qu’il peut être remis en
cause. C’est une autre logique que
celle de l’engagement définitif, dans
lequel le lien est respecté même
dans les crises pendant lesquelles il
semble détruit. La fidélité à la
parole donnée est elle aussi une
dimension du transcendant.
•Le sens donné à la souffrance a
évolué : dans un couple qui divorce,
il y en a toujours un qui souffre plus
que l’autre, qui attend avant de se
résoudre à la séparation, et qui
peut mettre des années voire une
vie à s’en remettre. Pour autant, la
souffrance de la solitude est
actuellement plus acceptable que
celle de la trahison, de l’humiliation,
de la maltraitance ou du sentiment
de destruction intérieure.
•Mutations dans un contexte plus
global de société en pleine
transformation.
Avril 2010
On ne peut pas aborder la question
de la famille de manière isolée mais
comme une des communautés
humaines où se révèlent des
mutations plus générales, qui
dépassent pour l’essentiel la
volonté des individus et les relations
propres liées à la conjugalité et à
l’exercice de la responsabilité de
parent. La question ne se pose pas
en termes de morale. C’est une
même personne qui vit en couple,
en famille et dans une société qui
change.
- Stabilité et mobilité : par
exemple, dans la société
traditionnelle, la stabilité était une
valeur : on faisait le même métier
toute sa vie, on vivait dans le même
village, etc. Actuellement, c’est la
mobilité qui est indispensable pour
pouvoir continuer à participer au
monde du travail. Le mariage se
trouve fragilisé par la mobilité au
même titre que toutes les formes
d’engagements durables, qu’ils
soient associatifs, professionnels,
ou familiaux.
- Appartenance et identités plus
floues. . De même, dans la société
traditionnelle, l’appartenance à un
village était déterminante, donnait
une identité forte, marquée par des
frontières avec les autres villages.
Dans la société moderne, les
communautés humaines sont
devenues poreuses, les frontières
sont floues, et les identités moins
affirmées. Il n’est donc pas
étonnant que cela ait des
conséquences sur la famille, qui
devient elle aussi un espace plus
flou et plus poreux. La famille n’est
plus le seul groupe social qui
confère une identité aux individus.
Numéro 1
- Besoin de sécurité et précarité.
Dans la même logique, la précarité
s’impose progressivement comme
toile de fond dans l’existence de
beaucoup, non pas comme réalité
immédiate – encore que beaucoup,
à un moment de leur vie, en ont fait
l’expérience directe, par un de leur
proche ou par eux-mêmes – mais
comme une « épée de Damoclès »
qui installe une inquiétude diffuse.
Comment s’étonner de ce que la
précarité s’est aussi installée
comme inquiétude, et donc à un
moment, comme réalité, dans la
vie des couples ?
-Attente idéalisée et
individualisme. La montée de
l’individualisme, (qui est le
« mauvais côté » de la
reconnaissance des individus et leur
aspiration à la liberté par rapport à
une époque ou seule comptait le
collectif), a sa propre logique qui
fait que chacun, y compris dans le
couple, cherche à vivre du point de
vue de son propre
épanouissement. A la fois, il en
attend beaucoup, mais s’en sépare
dès qu’il ne lui apporte plus rien,
comme il le fait pour son métier, ou
pour d’autres réalités matérielles ou
relationnelles (clubs, associations
mêmes humanitaires, etc.)
• La crise des identités féminines et
masculines. La montée de la place
des femmes dans l’ensemble de la
société est un phénomène
important qui a des conséquences
directes sur l’évolution de la famille
et du mariage. Plusieurs causes sont
à l’origine de ces modifications de la
place des femmes: la
contraception, qui permet de
maîtriser la nature et de ce fait de

DIOCESE DE MEAUX
Journée des équipes de préparation au mariage
remettre en cause le principe d’une
sexualité sacralisée autour de la
fonction de procréation et dans la
recherche du plaisir sexuel pour lui-
même. La remise en cause de la
soumission féminine fondée sur le
modèle patriarcal, et la possibilité
d’envisager une carrière
professionnelle, et la possibilité
d’une autonomie matérielle. La
crise de la figure masculine, et la
crise de la figure paternelle sont
également des phénomènes de
société majeurs dans l’évolution des
familles. La première s’ancre
davantage dans la montée du
féminisme, la seconde dans la crise
de l’autorité qui affecte l’ensemble
de la société, crise elle-même
directement liée à cette fin du
transcendant. La mondialisation,
qui sur fond de crise des
institutions, rend visible d’autres
manières de vivre la famille et le
rapport homme/femme. Non
seulement, le modèle est remis en
cause, mais en plus, il y en aurait
plusieurs modèles possibles,
renvoyant à l’idée ou à l’illusion que
la liberté réside dans le choix d’un
modèle, et dans la relativité de ces
modèles.
•Le développement médical et
scientifique qui renforce la volonté
de maîtrise et de pleine jouissance
quant aux modalités de son
existence, y compris que ce qui
concerne les enfants, et les
relations conjugales.
•Les modèles économiques et
leurs injonctions paradoxales ne
sont pas sans conséquence sur les
rapports à autrui, y compris dans la
famille et le couple.
Avril 2010
Par exemple, l’injonction liée à la
société de consommation (désirez
tout, profitez de tout, jouissez de
tout, sans limite), ou l’injonction lié
au « libéralisme réel » (l’argent va
aux plus forts, la culture de la
réussite ou de la performance)
fragilise la fonction éducative dans
les familles, et construit des
personnes qui ont des difficultés à
envisager l’avenir dans un rapport
sain avec autrui et avec
l’engagement. Les rapports
deviennent souvent fondés sur ce
que les autres peuvent apporter en
termes d’épanouissement
davantage que sur la gratuité.
La société est elle à un tournant ?
On assiste actuellement à une
redécouverte de la valeur du
mariage et du couple stable par les
jeunes couples, encore à peine
perceptible, évoluant à bas bruit,
mais de plus en plus fréquente, et
cela dans tous les milieux sociaux.
La prochaine journée d’échanges
des équipes de préparation au mariage
aura lieu le dimanche 30 janvier 2011
Numéro 1
Conclusion
Dans l’anthropologie chrétienne, la
famille a une place irremplaçable et
ne peut être affadie ni dans son rôle
sociétal, ni dans son rôle
symbolique.
La vie de couple basée sur la
différence des sexes, fondée sur
l’amour durable et sur le respect de
l’autre, dans une ouverture à la
dimension transcendante de
l’altérité, est ce qui est le plus
souhaitable pour le bonheur et
l’équilibre de tous les membres
d’une même famille.
Au-delà des divergences de
conceptions de ce que doit être une
famille équilibrée pour le bien des
enfants, ce qui compte c’est de
toujours transmettre que nous
sommes appelés à une autre
dimension de l’existence que celle
de la vie matérielle et que toutes les
situations sont des chemins.
Une date à retenir.

DIOCESE DE MEAUX
2011, année de la famille
Le 26 mars dernier, Mgr Jean-
Charles Descubes, archevêque
de Rouen, président du
Conseil famille et société, a
présenté sur le site de la
Conférence des évêques de
France (CEF) le bilan des
activités et des projets du
Conseil épiscopal Famille et
Société. Tour d'horizon des
enjeux.
Quelles sont les grandes questions
de société que vous avez abordées
lors de votre intervention en
assemblée plénière ?
L Conseil permanent a souhaité que
les commissions et conseils rendent
compte de leurs activités et de leurs
projets lors de l'assemblée. La
famille est au centre des
préoccupations car elle a beaucoup
changé. Cinquante pour cent des
naissances se font hors mariages,
un mariage sur deux connaît le
divorce, beaucoup de familles
recomposées ou monoparentales
vivent la précarité notamment dans
les classes les plus populaires.
La famille est un lieu de liberté, de
choix et de responsabilité. Elle
assure un cadre pour construire la
personne et favorise
l'humanisation. Mais la famille subit
les difficultés de la société qui
effacent les repères dans un monde
marqué par la précarité et la crise
économique. Nous voyons en
même temps dans ce contexte que
la famille est la valeur qui tient, le
premier lieu de solidarité.
Au centre de la réflexion que vous
menez avec le Conseil, quels points
d'attention souhaitiez-vous
partager?
Avril 2010
Le constat sur la famille amène le
Conseil à formuler trois intuitions
principales:
- Dire la Bonne Nouvelle de la
famille en des termes recevables
pour la société. Elle est un lieu
d'épanouissement personnel qui
contribue à la construction de sa
propre identité
- Prendre acte des situations
existantes et ouvrir des chemins
d‘espérance. Les familles, même en
difficulté, sont des lieux essentiels
pour devenir des sujets libres et
responsables
- Transmettre un savoir-vivre. Le
respect de l'autre et une attention à
ses besoins sont des attitudes qui
peuvent s'acquérir dès le plus jeune
âge. La famille est la cellule de base
de la société et pour l'Église.
Qu'envisagez-vous avec votre
Conseil prochainement pour les
familles?
L'année 2011 sera l'année de la
famille. Des Assises de la famille
sont programmées pour septembre
2011. Elles seront précédées par la
tenue de trois colloques en
province en coopération avec les
Associations familiales catholiques.
Ces colloques préparent un «
Dimanche des familles » et une
grande fête avec un pélerinage à
Lourdes. Ces Assises permettront
également d élaborer des
propositions tant pour contribuer à
une meilleure politique familiale
que pour définir une pastorale des
familles.
Numéro 1
Un site
Le nouveau site Internet de la
fédération française des CPM
est en ligne sous cette nouvelle
adresse:
www.preparation-mariage.info
La fédération des CPM a
souhaité refondre son site
Internet pour:
•Mieux répondre aux futurs
mariés d’aujourd’hui qui se
posent la question du mariage à
l’Église, qui veulent découvrir ou
approfondir le sens de leur
engagement et qui cherchent de
l’aide pour préparer leur
célébration.
•Permettre une meilleure
communication entre les
animateurs de préparation au
mariage et mettre plus d’outils à
disposition afin d’améliorer
notre manière de « fédérer ».
Une équipe
L’équipe de la pastorale
familiale du diocèse regroupe :
-Bertrand et Agnès Monfort
-Luc et Yvette Cahon
- Claude et Dominique Cottin
- Philippe et Sylviane Gérat
- Christine Morel
-Jean-Paul et Véronique
Vandaele
- Guy (diacre, accompagnateur
de l’équipe) et Laurence Brisson