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la Narration nouvelle enfer © purgatoire © paradis ) Faye le travail de la narration ¢ Montel esquisses orales } Boyer Jean-Claude Montel l’objet qui change narration des contraintes ¢ compétence narrative Jean Pierre Faye narration cavaliére narration et mort du Pére Duchesne Philippe Boyer temps carcéral double narration autour d’un meurtre Didier Pemerle cailloux dans un jardin roman Francis Bernard l’ombre de Marat Wolfson la rouquine ¢ la bombe ! gendarmes et edipes Danielle Bourcier Jean Paris infernovale Mitsou Ronat un épique abstrait Jacques Roubaud Ja double hélice du conte i794" f Pat SECHERS/LAFFONT — wars 1978 Change _ See 80 Double narration autour d'un = 88 L'identité — le nom: ee ee Les narrations de base ie 135. Gendarme et es (Dandl Bourcen 150 Le lien social G.C. M. qe 152 Le récit évité G.P.F) fee Chutes on i n La bombe! tie Jomeas Tatrnovale 2 Frayages 192 Vers un « épique abstrait » MR) 2 196 Lrentre narration eae 198 Frayeur de formes OPED) 200 La narration nouvelle GCM) BL 202 Ebauche partielle ac bei ER) 205 Les équivalents narratifs @.C.M) Renae AN) Dia ere + Roxtaw) double ce asa 21S Nowe sur double ble du conte U-P.F) Bl Semmens ch tae wl ‘Sioux etc. elle vers * eepicoic 6.2.) 09 221 Mise en narration @.P.F) fil) eae LRA Ay 1 oS 4 . | Annonce Nous nommons parmi nous « narration nouvelle » ce pouvoir sans cesse plus actif, dont les effets s’accélé- rent. Et qui tente de se dénuder dans Pécriture, en vue de sa propre exploration. La destruction de l'inutile « genre romanesque » n’a pas étre retardée, — mais précipitée au contraire, par la plongée dans les mouvements souterrains qui la traversent. Suscitant tour a tour formes et soubresauts, les sauts vers la surface de ce qui s’entend ou se voit par pos, roman, novela, novel, et 4 nouveau Roman (russe ou allemand). Annoncer que ce pouvoir entre dans des configu- rations, des accélérations, des entrechocs, des proje- tions nouvelles, sortir des images spéculaires, miroir sur la grand’route ou miroir dans le miroir — pour entrer dans les échanges et les pertes d’énergie narrative, leurs effets lacérants, leurs mises en cible, ce n'est pas autre chose que de faire voir : ce prétendu laboratoire est l'air libre, ca que l’on respire. Sont rapportés quelques jalons, par leur date, et dispersées les voies — et les voix — out le geste de rapporter lance Ia balle, donne le bond, le retourne sur qui frappe. La narration nouvelle nous traverse tous. Déja quelques uns tentent d’en capter la puissance d'action, de guérison, de venin, Janvier 78 ABR, L’épileptique sensoriel schizophréne LOUIS WOLFSON La rouquine suivi de La bombe! (suite) Une fois quand son copain « supérieur » sortit de la piscine profonde aprés s'y étre entrainé pendant quelque temps, les muscles ‘tout tendus et trés nets et les cheveux, courts et erépus, a peine déran- 86, V'épileptique sensoriel schizophréne avait les yeux fixés sur la ouquine, ce que le nageur naturellement nota (et accessoirement, il ne cherchait jamais, quoique trés fort en frangais, & converser avec le « schizo » en cette langue, et celui-ci au contraire trés faible en francais ne pouvait guére s’exprimer ainsi et y songeait encore moins). — Elle est toujours la parce qu’elle n'a rien a faire. En effet, je Ja connai — Réellement? Présente-moi a elle! Ty cut un trés bref silence. — Je ne veux pas! Aprés un instant et le coeur du « schizo » secoué : Ecoute-moi! Si on fixait un rendez-vous double? Tu diras Barbara, a un moment propice, que je veux sortir avec elle au ciné. ‘Tu peux choisir une de ses amies. N’importe quelle des deux sortirait avec toi. Nous pouvons méme arranger Ia chose pour ce soit. Il est encore tt. O.K.? (Le futur interné cut fait, d'une fagon quelconque, au commence- ment des vacances la connaissance de Barbara et de ses deux amies, et souvent il jouait avec elles au bridge sur leur couverture, mise sur un long et large rebord pour bains de soleil situé prés de la piscine profonde, tout en songeant avec des sentiments d’impuissance et de frustration a la rousse « inaccessible » assise sur le dos du trés long, ‘bane (de séparation) de l'autre c6té de cette méme piscine et souhai- tant que g'avait été avec elle qu'il bridgeait et il lui semblait que Barbara aimat trop se nourrir méme si elle avait une certaine joliesse 156 et que Nina et Roberta fussent sans beauté. De régle, quelques autres jouvenceaux et jouvencelles se trouvaient sur Ia couverture de Bat ‘bara ott on bridgeait la majeure partie du temps, mais aussi écoutait de la musique légére & la radio via un haut-parleur fixé @ proximité, faisait un peu de nage, parfois un peu de combat coups d’essuie- main... L’ami musclé de notre anormal ne s'était point mélé & ces autres adolescents, mais il s'y mélerait plus tard, et jouerait au bridge avec Barbara et sa bande beaucoup.) — Je ne veux pas d’amies & Barbara, Je voudrais emmener Ia rouquine? — Quill ne soit plus question d’elle! Je ne peux Ia soulitir. Elle est imbécile et dégottante! Enfin, si tu veux que nous fixions ce rendez-vous double, choisis quelqu’une. Eh bien? — All right [8 : (D ra’t ! En ce cas je veux Dj *! Le « schizo » ne savait pas si ca irat. Il n’avait jamais dit un seul mot & Dj *, jeune fille jolie sous tous les angles et qui ne se mélait point & cette bande qui bridgeait beaucoup sur la couverture de Bar- bbara, elle semblant bien au contraire se tenir & I'écart quelque part — du moins l'adolescent anormal ne Vavait vue que deux ou troi fois, soit avec une amie, soit avec sa viille, et en cette occa: Véphébe, aux pectoraux puissants et protubérants, eut semblé devoir changer quelques paroles avec cette derniére car il était son seul autre enfant (Dj * étant cadette d’un an et demi). — Done tu veux emmener Dj *? Pourquoi? (Les deux cama- rades se regardérent un petit moment et notre protagoniste ne put pas s’empécher de sourire du bout des levres.) Je ne sais pas si elle sortirait avec toi. — Si ce n'est pas la rouquine, ga devra étre Dj *! Dj * était sans doute un peu plus attrayante que cette rousse toujours assise sur le dos du trés long banc entre les deux piscines et ditigée vers celle de huit pieds de profondeur tout en ayant l’air une demi-déesse et en semblant regarder au loin; mais le futur interné avait Ihabitude fixe de songer a elle fidélement et comme peut-étre fiancé a elle. [Cette rousse s’appelait Sandra Lotto et sa photo se verrait dans le quotidien La Poste de N * lors de ses fian- sailles quelques années plus tard ... & un autre, bien entendu.) — All right. Je chercherai a la persuader. Elle est restée a la ‘maison aujourd’hui, mais je lui téléphonerai sous peu. Pour com- 157 ‘mencer, tu iras dire & Barbara que toi et moi, nous voulons fixer un rendez-vous double, que j'aimerais qu'elle m’accompagne et que, ‘quant A toi, je téléphonerai A ma sur pour lui dire que tu aimerais ‘qu'elle t'accompagne. Naturellement, Barbara te demandera pour- quoi je l'ai choisie, continua-t-il comme tout a fait expert dans ces complexités de Ia nature humaine ou peutétre tout simplement ‘comme un prophéte. (Quoi qu’il en fit, son condisciple admiratif ne s'attendait pas le moindre du monde & une telle demande de la part de Barbara, qu’il attendait & étre simplement ravie d°étre prige de prendre rendez-vous avec ce nageur faisant penser & une statue antique d'un dieu de I'adolescence. Mais, hélas! elle devait demander jjustement, et sans délai, la question de pourquoi on I'avait choisie ‘pour eette sortie projetée.) Dis-lui alors que je Vai choisie parce qu’elle est la meilleure de Ia bande (laquelle commission d’étre faite au ‘moment voulu). En tout cas, Barbara accepta séance tenante de sortit ce soir-Ia aveo ce gars bien bat, qu'elle eut sans aucun doute remarqué souvent, Celui-ci n’irait cependant pas la prendre chez elle ce soir-la, ‘ce que ferait notre héros depuis qu'il habitait le méme quartier qu'elle ‘et pouvait aisément se rendre chez Barbara & pied, I'am musculeux devant au contraire amener sa sceur & V'endroit du rendez-vous, prés ‘du ciné auquel tous les quatre se rendraient, tout en présumant natu- rellement que Dj * aurait consenti a sortir avec le camarade (deficient) de son frére, ce qui, comme dit, devrait étre réglé téléphoniquement malgré qu’on I’elt présumé provisoirement. Cet aprés-midi le « schizo » et son copain quittérent la « Colline du Chateau » de bonne heure. Au carrefour oi ils durent descendre de V'autobus pour prendre le métro aérien se trouvait une confiserie contenant une couple de cabines téléphoniques. Les deux jouven- ceaux entrérent et le « schizo » eft accompagné son condisciple jusque dans la cabine. — Alllons! je ne puis téléphoner si tu es ici et d'ailleurs je ne ‘yeux pas que tu écoutes! Aprés moins d'une minute (ol le déséquilibré dut se demander s'il n’eut point entendu a travers la vitre : « C’est une colombe ») : — C'est réglé. Et d’ajouter comme homme fait: « Il faudra que nous nous interposions entre elles en prenant place dans le cing, autrement elles jacasseraient I'une avec autre comme des pies ‘borgnes tout le long du film! » (Une autre foisildirait& son «disciple» : 158 « Quand tu te maries fuis-le avec une fille qui est bien de figure, parce qu’ainsi_ méme si elle devient grasse plus tard tu peux néanmoins encore rigoler avec elle! » Une autre fois encore : « Si tu aimes une ‘fille, faut que tu aimes chaque partie d’elle !» Et encore : « Je ren Contre et sors avec des filles. J’ai un rendez-vous au moins tous les quinze jours. Je ne me laisse pas étre affamé de rapports sociaux, ‘me sentir frustré! J"assiste par exemple A des soirées dansantes bimen- Suelles qui ont lieu au gymnase d'une école secondaire dans mon Voisinage. L’autre semaine une blonde vraiment belle était 18. Je lui ai demandé de danser avec moi, mais elle a refusé! De toute fagon si elle y sera la prochaine fois, je lui demanderai de nouveau. Si elle refuse alors, qu'elle aille au diable! J'assiste méme A des soirées dan- santes d’église! » Et encore : « La semaine passée j'étais sorti au cinéma avec la fille d'un pasteur! Tu sais ce type dont je t'ai parlé, celui qui se spécialise dans le développement de ses biceps et qui fait dans le Central Park ses tractions sur Ia méme barre fixe que je fais ‘mes rétablissements. Eh bien, il m’a prié de sortir avec ui pour accompagner l’amic d’une fille avec laquelle il voulait sortir. Tl ne sait pas que je suis juif. Tout le temps au ciné cette fille de ministre voulait que je l’entourasse de mon bras. C’était dégostant! ») Rentré, notre protagoniste annonga non pas sans fierté qu'il avait, pour aller au cinéma, rendez-vous avec une trés jolie jeune fille, seur de son meilleur ami, mangea son souper servi par sa mére ce fut naturellement avant qu'il ne sit méme de I’existence de vers Parasites, de leurs ceufs, de leurs larves), prit une douche peu froide (tout en ne point pensant & combien cruel peut étre I'élément du poisson), changea de vétements et, son beau-pére Iui ayant donné tun peu d'argent de poche supplémentaire et sa mére lui ayant soubaité tune soirée agréable et Iui ayant prié de ne pas rentrer trop tard, alla prendre Barbara, comme convenu, qui habitait 4 un mille de distance. Tous deux durent attendre quelque dix minutes & l'endroit du rendez- vous — un grand carrefour d’autobus a une rue de distance d’une ‘eertaine station d'une branche aérienne du métro et oit les rames traversent entre des grincements déchirants un coude ’équerre — pour Dj * et son éphébe de frére (fier et féru en francais), et le futur fugitif fut enfin froissé en ce que Dj * portait une robe toute déco- lorée. De plus Madolescent bien découplé de dire immédiatement, t ironiquement, & Barbara : 159 — Il resterait IA éternellement sans dire mot! Je suis Philfil et voici Dj *. En allant au ciné, A deux rues de Ia, le lyoéen désaxé demandait avec intérét & Dj * quelle école elle fréquentait, ce qu’elle voulait devenit, si elle voulait aller & Muniversité, ce qu'elle faisait de son temps perdu... — 1. Oui, je veux étudier a Puniversité, mais de toute fagon je finirai probablement par ne devenir que serveuse!... Mon pére me contraint toujours de lire des piéces frangaises! (Cela comme bou- deuse). ... Je ne suis probablement que moyenne de figure, mais tout le monde au camp disait que j'ai une silhouette élégante! (Elle avait passé une dizaine de jours & un camp de vacances)... ‘Comme avait é€ proposé, les deux gargons en prenant place dans le ciné, se placérent entre leurs deux cavaliéres pour prévenir de 1a « jacasserie ». Chose curieuse, tout a fait inattendue et que le jouvenceau déséquilibré n’oubliait jamais de sa vie, Dj *, une fois assise, lui dit au sujet de son frére, '— Il pense toujours & la mort! Moi, je n'y pense jamais. (Bien sir, le « schizo » sarcastiquement songea en soi-méme qu’elle y pensait & ce moment-ld.) ‘On y donnait ce soir-la, comme de régle, les actualités et deux Tongs métrages (tout étant naturellement en anglais) dont un trai- tait de Ia premigre ascension, plus que centenaire, du mont Cervin ou Matterhorn {mat*horn] (a tonique) et de la descente meurtriére Gui s’ensuivit. Aprés un petit quart d’heure, Phil leva le bras gauche tt le déplaca plutdt lentement, de facon pondérée et comme s'il alla fen entourer Barbara, Son camarade désaxé, évidemment assis & Ia droite de ce couple, s*étant du coin de I’eil aussitét apergu de ce geste du jeune nageur, I'aurait singé et son bras droit monta done en chandelle pour instantanément descendre autour de la sceur de son condisciple, laquelle ne sourcillant pas, et sur le sein droit de eelle-i, les doigts de l'adolescent aussi prés du mamelon de I'adolescente bien balancée que celui-ci ose le faire, et son bras devait y rester riveté jusqu’A ce qu'on quittat le cinéma. (Quant au bras gauche de Phil, il ne fut en fin de compte que placé derriére le fauteuil de son ppossesseur, qui de plus le remit aprés quelques instants dans son giron.) Quoique ne lisant guére rien dans les nombreuses revues et 160 digests achetés par son beau-pére, notre protagoniste eut cepen- ant In, il y avait eu une couple de semaines, attentivement et comme si par une certaine sorte de prévoyance ou de providence dans un numéro récent de Life (la'f} (magazine ne aar, plus) un article iaitant de ce méme événement infortuné que racontait Ie film et qui se fut passé en 1865 sur I'immense pyramide isolée dont les murailles abruptes sont environnées de nuages et qu’est le Matterhorn, (et dans ledit écrit, un peu étrangement, nulle mention n’était faite d'une adaptation cinématographique); et des moments critiques du film, et durant une bonne moitié sans méme point s’étre souvenu de cet article et se sentant comme si frappé par un trait de génie ou soudain inspiré, il dirait aux autres — bien entendu surtout & Dj* cen espérant I’impressionner — ce qui devait arriver aprés et toujours aurait-il raison de sorte que !'un ou l'autre devrait lui demander avec soupcon comment il savait si long sur le film et affirmer qu'il avait di dja y assister, ce qu'il naturellement nierait et sans mention- ner jusqu’d la fin l'article de magazine duquel il se fut finalement souvent, __— += Ce peintre a la manie d’ascendre cette montagne! ... Ce guide italien va I'abandonner quand d'autres Italiens arriveront! 1». Je vous l'avais bien dit! ... Méme si les taliens partiront les premiers T’Anglais trouvera suffisamment d'autres types pour former sa propre équipe. ... Je vous l'avais bien dit! ... Les Anglais et Suisses vont agrimper plus vite que les Ttaliens. ... Quand je vous le disais! ... La saillie rocheuse et l'abime! Mais on peut ‘ester tranquille. Rien n'arrive encore. ... Je vous l'avais bien dit! ... Quand les Italiens les entendent crier et se voient battus, ils vont rebrousser chemin... Enfin, quoi! quel joli coup d’cil! ... L’abime et la saillie rocheuse de nou- ‘eau. Mais on peut encore rester tranquille. Rien ne se passe pendant quelques instants. ... Je vous lavas bien dit! ... Regardez les deux Premiers types. Et prenez garde a Ia partie frottée de cette corde! Voila Ia danse qui va commencer! La corde va se casser! Quand Je vous le disais! Tous les quatre seront tués! ... Mais désormais ‘on peut rester tout a fait tranquille, Les trois autres vont réussir A retourner au village. ... Voili, je vous l'avais bien dit. (Cette chute pe cut liew par un vendredi quatorze au septi¢me mois de ‘Une fois sortis du cinéma non climatisé, les quatre jeunes firent 161 bon pas et contre un vent agréable une promenade d’un peu plus qu'un mille en suivant un grand boulevard paralléle & une partie aérienne du métro, le futur fugitif, dans un état euphorique, sifflant des chansons d’amour en vogue quand ne s’entretenant pas avec les autres, dont évidemment Dj * surtout, et cette dernigre de lui faire tx remarque & lendroit od I’on dut quitter le boulevard pour atteindre Ja station de métro avoisinante (& deux rues de distance), et devant Tes autres : 8 — Comment peut-on étre si heureux sans méme sourire! Les deux couples parvenus Ia station de métro, le camarade ‘du « schizo » annonga = — Il se fait tard! Je reconduirai ma soeur et L * reconduira Barbara! — Maix non! laissa échapper celui-ci impétueusement. Je ‘yeux reconduire Dj * moi-méme. — Mais il se fait assez tard! — Il n’est pas tellement tard! — All right, si tu veux faire les choses de 1a fagon difficile Dans le métro notre anormal devait remarquer malveillement les regards admiratifs qu’attirait Dj * de la part d’un beau gargon une belle carrure et peut-étre quatre ans plus figé que lui et leur faisant vis-i-vis. Le futur interné était, bien sr, trés impressionné par une remar- ‘que injectée par Dj * dans la conversation sans doute plus ou moins frivole dans le métro : — Je lis des tas de romans. Je puis discerner ce que veut dire ‘un auteur dans un paragraphe rien que d'y jeter un coup d’ceil! Tle faut si on veut lire des quantités de livres. : Notre protagoniste avait eu supposé et supposait pouvoir dire bonsoir & Dj * en 'embrassant. Donc, une fois dans le corridor du rez-de-chaussée de Ia maison de rapport ol! demeurait Dj *, il désira de prendre cette derniére dans ses bras. Cependant, la demoi- selle de se dérober en immédiatement se reculant pour s'adosser contre le mur arriére sous ’escalier oit elle fléchit la cuisse gauche jusqu’a ce que le genou ft & la hauteur de et directement devant ses parties honteuses et peut-étre comme si dans un lieu désert, a poil ‘et poussée aux extrémités pour préserver son pucelage, en présumant apparemment... L’épileptique sensoriel schizophréne, surpris, trés 162 froissé, voire choqué par cette posture insolite, demanda A la jolie Jouvencelle ingénument si elle ne se sentait romanesque. — Je ne me sens que fatiguée! rétorqua-telle. Alors, elle laissa tomber la cuisse élevée — tout compte fait, lle eut dit qu’elle état fatiguée — et ajouta en passant, pour atteindre Vescalier, son cavalier médusé : Je ne permets pas & un gargon de m’embrasser avant qu’il ne m’ait fréquentée pendant une année. ‘A ces mots d’ « encouragement », le futur interné se ressaisit suflisamment pour rendre un au revoir & sa nouvelle ami — Au revoir, L *! répondit-elle. Notre héros resta la immobile dans le corridor du rez-de-chaussée jusqu’a ce qu'il eGt entendu se fermer la porte de l’appartement de ia fille. L’ex-étudiant vietime du « mal sacré » et schizophréne fixait ces rendez-vous avec son vieux presque toujours les soirs et arrivait Je plus souvent une bonne heure aprés le moment nominalement convenu. Le but darriver assez tard était d’étre contraint moins longtemps de restir assis parmi a foule tapageuse en se raidissant & force de tenir un doigt enfoncé fermement dans chaque oreille (Ges postes émetteurs favoris [a.m.] ne semblant pas pouvoir pénétrer jusque dans ce restaurant au rezle-chaussée d'un et environné d'autres gratte-iel) pour étudier efficacement, sans tréve et tout en. attendant que son paternel pensit qu'un temps suffisant s'était écoulé pour que cela fat & propos que de lui donner peut-étre cing ou dix dollars, ou au-dessus ou au-dessous, et comme, semblerai et en se répétant, le salaire de tenir compagnie @ papa. Tout au moins en étant arrivé trés avant dans la journée, le jeune homme malade pourraitil dire biemt6t aprés et en apparence assez logiquement qu'il devait, vu I*heure, reprendre le chemin de la maison. D’ailleurs Ie « schizo » se sentait d’autant plus mal a ’aise qu'il appréhendait qu'on n’allit d'un instant & autre expulser et qu'il ne répondit par quelque réaction extréme, sotte, soit devenant tout & fait négat restant assis sur sa chaise, « codte que coiite », comme paralysé ou plutdt pétrifé, s’enfoncant les doigts dans les portugaises plus forte- ‘ment que jamais et ne voulant, ne pouvant pas bouger... soit, au contraire, méme se montant la téte, se livrant & des actes de violence, cassant une couple de soucoupes, crachant sur Ie gérant, et alors 163, dans V'impossibilité de se sauver, peut-ttre se faisant flinguer fata- Jement enfin par un flie fou et meurtrier. Mais il sentait bien que de telles réactions étaient beaucoup improbables, spécialement les violentes vu, entre autres, sa culture de certaines phobies. Done un soir, aprés avoir été assis quelque peu avec son dab ddans ce restaurant self-service et & moitié automatique, le « schizo », se servant de son excuse toute préte qu'il se faisait tard, exprima son désir de sen aller et se mettre en route pour chez soi. Papa, stupide- ‘ment et comme étonné, lui demanda s'il trouvait l'endroit génant, désagréable, ce premier semblant, en revanche, trouver cette sorte de milieu toute naturelle et sans doute parce que depuis son divorce, ily avait un quart de sige, il prenait & peu de chose prés tous ses repas dans des restaurants & bon marché ou prix modérés; et il ‘trouvait ces établissements sans doute d’autant plus naturels qu’ayant maintenant une retraite pour la vieillesse, il y passait, comme dit, de longues heures, en particulier par mauvais temps, y fumant des cigares avant, durant et aprés ses repas (certaines gens étant, selon toute apparence, naturellement immunes au cancer du poumon [mais, parait-il,c'en serait autre chose quant aux artéres coronaires)), ayant aux corneilles (et peut-ttre parfois révant au temps jadis), lisant sur les malheurs d’autrui dans quelque quotidien de langue anglaise abandonné. ‘Son dab, en demandant & notre protagoniste, en anglais, s'il trouvait Ie lieu désagréable, — ce dernier, aprés avoir fait part de son désir de s’en aller, se fut immédiatement mis debout, débou- ‘chant en méme temps son esgourde droite pour prendre de Ia main du méme c6té ses deux bouquins sur la table, et son procréateur, éeonome de paroles ce soir, en profita sans délai pour lui adresser cette question, peut-étre pensant se montrer ainsi assez malin, — eut cemployé le verbe like [la'k] « aimer; vouloir ». Ce tétragramme ‘monosyllabe, comme mentionné, adjectivement veut dire «tel, pareil » et, précédé dun g dur, formerait de fagon tout a fait comprehensible et & une variante dialectale prés, le mot allemand congénére et du ‘méme sens gleich [gla’g] (« yod sourd ») dont, eependant, le verbe correspondant gleichen [gla’¢*n] ne veut point dire « aimer » (ni « vouloir » non plus), ce sens exclusif d’ « aimer » de l'anglais like ayant résulté, semble-ti, d’une méconnaissance de Ia signification dde ce verbe dans une locution littéralement voulant dire « si [cela] 164 vous est égal » (if [if] you like). Done I" « étudiant » le considéra fortuné que d’avoir eniendu son dab utiliser a diverses reprises oe méme verbe « allemand » glaichen (quoiqu’avee un ch dur ou « k continu ») au méme sens que l'anglais like « aimer » en parlant le yddish, ce que ce dernier faisait, semblerait-il, quand il était de ‘meilleure humeur (ce sens supplémentaire du yddisch glaichen, se ‘trouvant dans des régions de langue anglaise, s’était apparemment produit par contamination); et ainsi l'épileptique sensoriel schizo- phréne s'efforca d’imaginer qu’l y eft eu un g devant Initiale liquide I du verbe like, que la finale de ce tétragramme monosyllabe n’etit pas été momentanée (ou occlusive ou explosive [boumt{]) mais au Contraire continue (ou fricative ow spirante) et que son pére n’efit pas &é bien possiblement de mauvaise humeur et edit parlé en yddisch. Néanmoins le jeune homme d’étude, lui sans doute de mauvaise humeur entre autres, s’en alla résolument et descendit l'escalier pour attendre le passage souterrain menant au métro, quoique Tentement plutdt et peu ou prou espérant que son vieux Ie suivrait et le rattraperait pour lui donner quelques « divins » dollars, et ceci dVarriver en effet au tournant dudit passage ott son paternel l'atteignit, Tui poussa un petit rouleau de trois coupures dun dollar assez sales (mais on pourrait se laver plus tard) et trés usés dans la patte droite, Taquelle portant ses deux livres devant Iui, dont I’un ouvert, & une distance de deux décimétres et demi, dirigé vers lui et adossé au plat supérieur du deuxiéme (dont le dos horizontal et en haut), et enfin lui souhaita le bonsoir, ceci peut-étre bien comme faché contre Iui fet aprés que tous deux furent entrés dans le métro par Mentrée (la premigre venue et tout prés — papa ayant introduit un jeton pour cchacun d’eux dans la fente d’un des tourniquets) & la navette, que le ppére prit pour parvenir a la ligne dite du cOté Ouest, laissant son fils schizophréne et ano-rectalement épileptique planté la semblant lire aboricusement un livre en langue étrangére. Ge demier, pour sa part devant prendre la ligne de métro dite du Oté Est, rassembla aprés un petit bout de temps sufisamment de ses forces pour surmonter son inerte et ainsi se trainer & travers un autre pas- sage souterrain, celuici peut-étre un peu long, oli se trouvaient trois bou- tiques, dont une librairie ne vendant guére que des livres brochés et de poche (mais il résista cette fois & y entrer et butiner dans les quelques bouguins bilingues) et un restaurant oi1 on prenait des casse-crodte au comptoir et dont les entrées étaient simplement des espaces aménagés dans une fagade de 165 ‘grandes plates peut-ére de plastique ou de verre incassable, Le jeune homme ‘avait jamais rien mangé & ce snack-bar qu'une seule tranche de giteau bien enveloppée, et peut-etre cette abstinence puisque, entre autres, il avait ‘une disposition & penser que partout dans le métro la poltution de lair evait etre particuliérement grande vu la turbulence incessante créée par Jes rames en mouvement et & se Pimaginer donc comme « dangereux » ddu point de vue parasites que d’y boulotter, d’y boire, voire des’y entretenir, til s’était toujours étonné que le Service sanitaire de la cté eut jamais jugs bon de permetire la mise en place de distributeurs automatiques presque partout dans les stations de métro au centre de la ville et dans les passages souterrains éventuels sur attenants. Malgré que n’ayant jamais mangé & ce snack qu’une seule tranche de giteau, notre protagoniste en y passant Giait parfois comme paralysé, un regard inquisiteur plongé li-dedans, peu ou prou méprisant les clients et d'autant plus qurils étaient ventripo- tents, en quelque sorte les plaignant aussi, également se faisant pitié a soi- _méme et se méprisant soi-méme, ne pouvant que songer comment ga serait voluptueux que dengloutir ceci et cela et & combien la plus grande majorité des gens mangeraient s'is étaient aussi maigres que Jui (mais vaguement Songeant aussi a ses phobies, & la possibilité d’amorcer un de ces acces de boulimic, si la sidération, & la perte de temps éventuelle), cherchant ‘comme idiotement & se répéter continuellement une phrase, une proposi- tion ou tout simplement un groupe de mots rencontrés tout & I"heure dans un livre en langue étrangire toujours ouvert devant Tui (une ou deux fois méme réussissant & quitter des yeux les aliments et les bougres et bougresses ccasse-crofitant dans le snack pour s'aider en jetant un regard sur le bou- quin) et seulement aprés quelque temps pouvant enfin s'arracher a 'en- droit, se félictant de plus de n’avoir que regardé et songé & « déjetner » au licu d’avoir passé & 'acte; de méme devant les distributeurs automatiques ou fréquemment il ne pouvait pas s'empécher de sarréter et considérer fou du moins faire des conjectures sur chaque sorte de friandise des points de vue nutritis(teneur en calories, méme en graisses saturées et instaurées et en protides éventuelles), dentaire (présence possible d’acide citrique, ouceur, solubilité), physiologique ou fonctionnel (excitation {théobromine, ccaféine}, constipation {manque de volume alimentaire de presque n’importe ‘quelle sucrerie}) et probablement surtout gustatif (godt et arriére-godt Gventuel) et tout en s'imaginant néanmoins ingurgiter & tort et & travers toutes les sortes par dizaines et douzaines. Dans une rame de métro il prenait toujours le dernier ou avant dernier wagon — wagons cependant devant durant la nuit, au cours de quelques mois, étre fermés a clé et défendus aux passagers en suite de la multiplication des crimes (dont des meurtres et, sembleraitil, pour un ‘oui ou pour un non) dans le métro méme et dans lesquels délits un nombre 166 disproportionné de négres figuraient et peut-étre en conséquence d’un fort sentiment d’insécurité et un besoin perverti de se faire valoir — oi il y avait moins de monde et devait done, raisonneraitil, 6tre moins de parlote et oi il croyait pouvoir mieux étudier, y trouvant presque invariablement ‘une place, et en ce cas, une fois assis ct son livre sur ses genoux, pouvant ‘méme mettre, s'il y avait des gonzes ou gonzesses qui papotaient trés haut (Ct parfois il aurait semblé que ceux qui faisaient le plus de bruit verbal prissent exprés ces dernires voitures), ses doigts dans ses esgourdes comme cchez soi a la maison de sa mére. Mais se boucher les portugaises n’ét ‘guére nécessaire vu naturellement le niveau maintenu de puissance sonore A. Pintérieur ’une rame en service du métro de la ville : les portiéres train de s‘ouvrir ou de se fermer et alors fréquemment les passagers se débattant contre elles pour entrer ou sortir, le vrombissement des venti- lateurs ou du systéme de ventilation, des passagers ouvrant assez bruyam- ‘ment les portires terminales pour changer de wagon et alors les laissant ‘ouvertes ou peut-étre méme poliment prenant la peine de les refermer mais probablement plut6t bruyamment ou cellesci, dans les trains plus now- vveaux et ceci « automatiquement » par gravitations avec le secours des secousses de la voiture en mouvement, pouvant trés bien seules se fermer (aves fracas), surtout le vacarme des rames en marche avec leur roues métal- liques et les grinchements stridents (méme beaucoup plus que la voix de sa vicile) aux tournants. Ce jour néanmoins, en rentrant apris s’étre séparé de son pére, I’ « étudiant > entendit un homme assis dans le méme wagon de métro que lui crier & un autre avec qui il se fut entretenu et qui était en train de sortir (celui-la entre deux ages, celui-ci plus jeune, tous deux d’appa- rence robuste, portant des vétements d'ouvrier et & la main un fourre- tout & fermeture clair) : Believe me! [bili:v (Vi fermé et long est tonique) ‘mij « Croyez-m’en ». Possiblement parce que peu avant son pére eut cemployé, pendant que l’épileptique sensoriel schizophréne prenait ses deux ouguins sur Ia table en se mettant debout pour sortir du restaurant self service « automatique », le verbe tétragramme anglais like [a/k] « aimer » ct que ce deuxiéme immeédiatement s'imaginait ce verbe avoir été avant tout précédé d’un g pour avoir été le yiddish glaichen (ch dur ou comme un k sans explosion et continu ou fricatif) apparenté & like mais du méme sens seulement par contamination, il avait aussitdt l'idée d'essayer de placer ‘un g devant le I de believe, dissyllabe qui depuis bien du temps Iui avait fait de fois & autre, sinon fréquemment, des ennuis, et cette intercalation ‘momentanée de Ia momentanée (ou explosive (boum!!!D vélaire (ou guttu- rale) g serait suffsante pour le faire sur le champ changer aussi le verbe (Changement phoniquement facile et historiquement fréquent et de toute fagon qu'il était bien habitué a faire en diverses situations (ayant fait, ceci en particulier & propos ici, pour convertir bon nombre de verbes anglais 167 ‘monosyllabes en leurs congénéresallemands) et ce get ce b allis au T+ vvoyelleseraient sufsants pour le faire atteindre alors allemand glauben {jla'*b'n} (en moyen haut-allemand gilouben) apparenté & believe, en anglo-saxon boljlan qui faisait reculer son concurrent gelyfan, tous ces verbes étant du méme sens (« croire ») et le sens primitif de leur racine tant « cher » (jl semble done étre un rapport entre le fait de croire et Paffectivité ou on n’aime point dire aimer un menteut). Toujours dans le métro du Coté Est de la « Cité » et retournant chez. soi aprés avoir rencontré son paternel dans le grand « Automat » & Toppo- site de la gare Grand Central Terminal {grend séntr te:(?)m*ntl] et n’ayant fait que penser & convertir (comme ligne de conduite «linguistique » future) believe (bli:y]« croire » instantanément en le peéfixe allemand be [be] plus le verbe allemand glauben, done Pidée de transformer v en b toute fraiche & sa mémoire, et la racine de believe ui faisant penser aux verbe et nom anglais homonymes leave (celui voulant dire : lasser; ‘quitter; celu-ci : autorisation, permis; congé, permission; adieu) il se souvint comme miraculeusement des mots allemands Urlaub [ourlap (nitiale tonique)] « permission, congé », Verlaub {férla*p (diphtongue ‘onique)] « permission », Erlaubnis érla*pnis (diphtongue tonique)] «autoe risation, permission » et erlauben (érla"bén (diphtongue tonique)} « per- ‘mettre, soutrir», supposant savoir, les avoir découvertssoi-méme, quelques apports étymologiques de plus et qui devraient & 'avenir iui ére util ‘mais cette supposition n’était pas tout a fait correcte, car si le nom leave est congénére aux racines des substantis Urlaub, Verlaub et Erlaubnis et & celle du verbe erlauben, le verbe leave n'a pas de congénére en allemand moderne et, comme dit plus haut, représente une toute autre racine indo européenne. Quoi qu'il en soit, doutant & ce moment- plus que jamais de nvimporte quelle parenté étymologique entre les verbes leave et lassen « Iaisser » et son habitude de transformer en s le ¢ final de la racine de certains voeubles anglais (presque tous monosyilabes) pour en faire immé- diatement les congénéres allemands fonctionnante apparemment en marche arvitre, il devait penser & anglais let [et] « permettre, laser», « louee » ui fut instantanément et presque automatiquement reconverti en Malle- mand lassen, le dilettante de langues se rendant alors bien compte que let ‘et non pas leave devrait de transformé en lassen, tant d'apréslétymologie particulitre intéressée ici que d'aprés ladite habitude de changer des ¢ Anglais en s sourds allemands, habitude basée de toute fagon sur des phé- ‘noménes phonétiques étymologiques parfaitement paraléles & celui entre let et lassen. On écrit des lies sur des feuilles de papier (22) 168 La mire de notre héros avait I"habitude — et combien est capitale, prépondérante, décisive Phabitude — de griffonner d'une grande écriture lun petit nombre de mots sur toute une feuille de papier pour se souvenir de presque n'importe quoi et de Ia fixer ensuite de fagon qu'elle frappe ecl; exemples : A un mur, & une porte de placard ou armoire; tout cela ‘comme si elle ne pouvait guére se souvenir de quoi que ce soit, et méme elle disait souvent, mais comme & la cantonnade, qu'elle ne pouvait guére se souvenir de rien car son esprit était si rempli de troubles. Bien qu'elle dit cola d’habitude en yiddish, en employant pour « troubles » un mot emprunté & V’hébreu, son fils aligné mentalement (suivant ce terme médico-légal) et épileptique ano-rectalement trouvait toujours agacante cette déclaration stéréotypée et sombre. ‘Voulait-il étre une créature vivante ou une pierre inerte? Et pourquoi ‘se donner tellement de mal pour étre tellement contre nature, si inhibé? ‘Ou enfin peutétre, et plus simplement, n'étaitce pas plus beau, ou dit ‘moins moins laid, plus juste ou du moins moins faux, moins mauvais, tant donné, par exemple, la configuration des molécules de son cerveau, des cerveaux des autres, ou plut6t étant donné, somme toute, la condition des choses, de se comporter (d’une maniére quelconque) dune fagon moins folle, et méme s'il ne pO guére ou point jamais penser qu'il sait quoi que ce soit? (Ce qui plus tard équivaudrait sans nul doute a agir pour que le jour du Jugement se dépéche! Boum!) Quoi qu'il en fot, son incantation d’ « optimisme », ou probablement d'extréme urgence, la plus récente est plut6t comme suit :sans doute une cer= taine sorte d'effortest-elle nécessaire pour ne pas s‘afaisser, pour ne pas S'arréter, pour continuer d’agir, pour « vivre », pour étre « sensé », «lucide... », peut-étre bien qu'il s'y trouve une cértaine difficulté méme; ‘mais peut-tre faire cela est-ce, nonobstant, moins dificile —quelque para ‘doxal que ceci semble et méme malgré un certain sentiment éventuel de scept isme, voire d'incroyance, de répugnance li-dessus au moment d'agir — ‘que de s‘affasser, de tomber dans un état de stupeur...! Peut-tre bien que Te cerveau a moins de travail, qu’il y a moins de tension, de résistance neu- rologiques, nerveuses, neuromoléculaires... dans ce premier cas que dans ce dernier cas. Peut-on du moins aucunement prouver le contraire? Done est il vraiment plus responsable, plus coupable qu'un objet inanimé suivant la figne de moindre résistance? Et cela mime si vivee, étre « sensé », suivre Jes autres, aider & maintenir tout en train... c'est mauvais, inintelligent, @golste, liche, absurde, insensé, cruel, ignominieux, inique. .. Et cela éga- Jement’ méme si on ne peut pas éviter d'accomplir & chaque moment des ‘choses « terribles » : car sans doute méme en supposant qu'on parvint, par hasard sous-entendu, a faire ou ne pas faire (Selon le cas), mettons main- ‘tenant par exemple, tel ou tel acte d’apparence tout & fait « insignifiante », 169 ‘un petit mouvement involontaire du bras par exemple, et qu’ainsi telles et {elles personnes (peut-

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