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1. Lorsque Adam et les autres patriarches eurent entendu le discours d'Asmahael, vois,
tous furent saisis du plus profond étonnement - à l'exception d'Hénoc -, et ils ne surent ce
qu'ils devaient en penser.
2. Hénoc s'aperçut aussitôt de l'embarras des pères, et, plein de compassion, se mit à
leur adresser spontanément le discours suivant pour les éclairer et leur permettre à tous de se
réjouir sans arrière-pensée :
3. "Pardonnez-moi, mes chers pères, d'avoir pris la parole sans en avoir été d'abord
prié ; mais je n'ai pu m'empêcher de le faire, car vous avez tous besoin maintenant d'être
éclairés par la lumière d'En-haut, écoutez bien ! Ma langue va vous transmettre à présent des
paroles de Vie venant des hauteurs et des paroles venant des profondeurs ; - les premières
seront saturées de lumière et les deuxièmes de Vie ; car dans les hauteurs, Dieu est la lumière
de toute lumière, et dans Ses profondeurs, la Vie de toute vie.
4. Voyez : le sens de ces paroles doit être compris ainsi : lorsque nous jetons un coup
d’œil vers les hauteurs, puis un autre en bas, sur la terre, de façon toute naturelle, nous
apercevons li s hauteurs pleines de lumière, alors que ce que nous voyons de la terre nous
montre les activités les plus diverses. Là reposent des vies innombrables cachées dans les
graines qui sont ensevelies dans les sillons de la terre, ainsi qu'une multitude de semences
appartenant à l'espèce animale qui se trouvent dans leurs nids bien tempérés ou dans leurs
entrailles, attendant avec impatience la chaleur et la montée vers la lumière.
5. Mais en vérité, tant que tous les sillons de la terre, tous les nids et toutes les
entrailles des bêtes ne seront pas pleinement pénétrés par la chaleur, aucune vie ne sortira du
germe caché dans sa geôle pour s'élever vers les libres espaces pleins de lumière !
6. Ne voyons-nous pas été comme hiver la même lumière éclairer la terre ? - Et
pourtant ce n'est pas la même chaleur qui réchauffe ses sillons ! Voyez : si la lumière
apportait la chaleur, alors il ferait toujours chaud lorsque le soleil brille ; or, il n'en est pas
ainsi, comme le prouve l'hiver et sa froidure.
7. On peut maintenant se poser la question : que peut bien être cette chaleur, et où se
trouve-t-elle, puisqu'elle ne dépend pas de la lumière et que celle-ci n'en est pas porteuse ?
8. Voyez : cette chaleur est la vie même qui est cachée et endormie dans les
profondeurs et ne peut se libérer elle-même ; mais lorsque la lumière a éclairé assez
longtemps la surface de la terre, elle éveille la chaleur de son sommeil. Elle déchire alors son
froid réceptacle, se libère et s'active, puis s'unit à la lumière pour former un être qui déploie
ses racines dans le sein originel de la vie et y cherche sa nourriture, tandis que la partie
analogue à la lumière s'élève librement au-dessus du sol pour maintenir sa vie qui vient d'être
éveillée. Et ce qui éveille les plantes éveille également les animaux de n'importe quelle
espèce, et tous sont extraits par la lumière et rendus actifs par la chaleur.
9. Mais tout cela n'est qu'un phénomène naturel, et cette activité qui prend des formes
les plus diverses n'est valable que pour les êtres porteurs d'une vie élevée.
10. Lorsque nous voyons des êtres de même nature s'attirer et se rencontrer, et
d'autres, dissemblables, se repousser et se fuir, nous pouvons alors en déduire que pour ces
derniers ce n'est pas la même chaleur et la même lumière qui les met en mouvement, - mais
qu'il y a là une lumière volée et une chaleur dérobée qui fait pousser toutes les mauvaises
herbes et la vermine. Toutefois, seul un être élevé et libre est capable de s'en apercevoir !
11. A présent la question se pose de savoir ; comment et pourquoi un être élevé et libre
peut-il se rendre compte de cela ? O pères, c'est ici que se trouve le point essentiel qui reste à
élucider !
12. Ecoutez bien : de même que la forme des choses dans leur plus grande diversité est
une expression de la chaleur naturelle en relation avec la lumière et qu'elle se différencie des
autres uniquement selon sa capacité d'absorber plus ou moins de lumière ou plus ou moins de
chaleur, le langage de l'être humain est une forme née de la chaleur spirituelle, - laquelle est
l'amour divin qui a le cœur pour demeure, -- et de la lumière spirituelle, - laquelle est la grâce
divine qui se trouve dans l'être humain.
13. Comment pourrions-nous exprimer des paroles sensées si elles ne nous étaient pas
données comme formes éternelles de l'esprit ? Puisque nous pouvons nommer toutes ces
choses, dites-moi, qui nous enseigne cela ?
14. Dieu seul pouvait le faire, car Lui seul est la représentation de toute forme ; Il est
Lui-même la vie et la lumière, ou l'amour et la sagesse, et en tant que la réunion inséparable et
éternelle des deux, Il est la forme originelle de toutes les formes, ou l'Etre originel de tous les
êtres et par conséquent la Parole éternelle elle-même ! de verbe)
15. Donc, si quelqu'un a trouvé extérieurement la parole, puis l'a comprise et acceptée,
il n'a pas trouvé une chose, mais une vie spirituelle en permanence, vu que chaque parole est
une forme qui naît de la chaleur et de la lumière spirituelle. Alors, je vous le demande,
pourquoi le discours d'Asmahael devrait-il nous étonner ?
16. Ne ressemblons-nous pas plutôt, avec nos questions, aux poissons qui se trouvent
dans l'eau et ne s'en aperçoivent pas, aussi bien que nous sommes entourés d'air et ne le
voyons pas, ce qui fait que, malgré la plénitude de Vie émanée de Dieu qui est notre attribut,
nous sommes stupéfaits en apprenant ce que ressent véritablement Asmahael ?
17. O pères, tout a sa raison d'être ! Voyez : nous possédons vraiment une Vie
indestructible qui se trouve dans notre propre parole ; mais cette Vie ressemble encore à celle
qui est enfermée dans la graine ! Si nous tournons notre cœur vers le monde, alors pour nous,
ce sera l'hiver, et la lumière trop brève de la grâce ne pourra pas dégager en nous la chaleur de
l'esprit ; mais si nous tournons constamment notre cœur vers le Seigneur, alors la lumière
continuelle de la grâce dégagera bientôt en nous la chaleur spirituelle de la Vie et nous nous
élèverons nous-mêmes en tant que formes ou paroles vivantes vers l'éveil éternel dans la
lumière du Seigneur.
18. Qui n'agit pas de la sorte est un brigand et un voleur ; il deviendra semblable à la
mauvaise herbe, à la vermine, et sa vie prendra une forme affreuse comme celle des habitants
des profondeurs.
19. Il en est donc ainsi que celui qui a la parole a aussi toujours la Vie ; mais la Vie
sera semblable à la parole.
20. Voilà comme nous devons comprendre le message d'Asmahael. Amen.