reprenant Léonard de Vinei, opposait la peinture (et la suggestion),
qui proctde per via di porr, EP Sculptate (et Panalyse), qui pro:
ede per vid di leare®; nous pensons toujours que les cuvres
sont des peinrures et que nous devons ls lte comme nous crayons
elles ont été faites, c'est-a-dire en nous y ajoutant nous-mémes.
i eeu ‘eal Técrivain peut se projeter dans Drame, seul LA DIFFERANCE*
Pécrivain peut lire Drame. On peut cependant imaginer, espérer
rune autre lecture. Cette lecture nouvelle, 4 quoi nous invite Drame,
fressaierait pas d’établir entre Poeuvre et Je lecteur un rapport
analogique, mais, sil’on peut dire, homologique. Lorsqu’un astiste
Tutte avec la matiéze, toile, bois, son, mots, bien que cette lutte id
produise, chemin faisant, des imitations précieuses sur lesquelles Je parleri, donc, dune lettre.
fous pouvons rééchir sans fn, est tout de meme ce lute et Dea: bremitze, il faut en coir Valphabet et la plupart des
cette lutte seule qu’en derniére instance il nous dit : c’est IA sa prez péculations qui s'y sont aventurées.
toutes les luttes du monde; cette fonction symbolique de Partiste pu paraltre nécessaire d’introduire, ici ou li, dans Pécriture du mot
est tr8s ancienne, donnée lire beaucoup plus clairement qu’aujour- diffrence; et cela dans le cours d'une écriture sur Pécriture, d'une
hut dans des cuvees @autrefois, ot Fabde, le pote, Cait charge écriture dans Vécriture aussi dont les diférents trajets se trouvent
de représenter au monde, non seulement ses drames, mais aussi done tous passer, en certains points trés déterminés, par une sorte
Son propre drame, 'événement méme de sa parole : les contraintes de grosse faute Porthographe, pat ce manguement& Forthodoxie
de a poésie, si actives dans des gentes trés populaires et dont la réglant une écriture, a la loi réglant Pécrit et le contenant en sa
tmaiteise a toujours suscité une vive admiration collective, ne pea- bienséance. Ce manquement 4 Porthographe, on pourra toujours
ent Etre que Pimage homologique d'un certain rapport au monde ¢ Velfacer ou le réduire, en son fait ou en son droit, et le trouver,
iT n'y a jamais qu’ seul ebté de la Itt, i n'y a jamals qu'une seule selontles eas qui chaque fois s’analysent mais reviennent ici au méme,
jetoire. Ce symbole s'est atténué dans la modernité, mais Pécti- grave, malséant, voire, dans Phypothése de la plus grande ingénuité,
vain eat eee 18 pour le stveller sans cesse et quoi qu'il amusant. Qu’on cherche done & passer telle infraction sous silence,
Tai en code : c'est ainsi qu’ Pexemple de Sollers il est de ce bté-i Vintérée qu’on y mettra se laisse d’avance reconnaitre, assigner,
comme preserit par Fitonie muette, le déplacé inaudible de cette
permutation littérale, On pourra toujours faite comme si cela ne
Ihisait pas de différence. Ce manquement silencieux i Forthographe,
Je dois dire dés maintenant que mon propos aujourd'hui revien
tha moins & le justifier, encore moins a Vexcuser, qu’d.en aggraver
Je jeu d'une certaine insistance.
On devra en revanche m’excuser si je me réf¥re, au moins impli-
fltement, & tel ow tel texte que j'ai pu me risquet A publier. Crest
ie, ie Noudrais préisment tenter dans une certaing mesure et
bien que cela soit, au principe et a la limite, pour d'essentielles
Masons de droit, impossible, de rassembler en jiceat les diferentes
iltections dans lesquelles j'ai pu utiliser ou plutét me laisser impo-
fer en son néo-graphisme ce que j'appellerai provisoirement le
du monde,
Roland Barthes.
1, Conférence prononcte a la Société fansaise de Philosophie, le 27 janvier 1968
ay, Le Technine prychana lt, 23,
arJACQUES DERRIDA
mot ou le concept de différance ct qui n'est, nous le verrons, &
inlet, ni un mot aun concept. Je tens il au moe de faiscean
pour deux raisons : d'une part il ne s'agira pas, ce que fasrals py
petal faire, de décrire une histoire, d’en raconter les étapes, texte
pur texte, contexte par contexte, montrant chaque fois quell
Per nomie a pu imposer ce déreglement graphique; mais bien da
ssoline ginal de cette dromomie, Diautee part le mot faicean paratt
Oits propre i marquer que le rasgemblement proposé a la structuse
Fever jntrication, aun tssage, d'un croisement qui laissera repat:
Gries différents fils et les différentes lignes de sens — ou de force —
tout comme il sera prét 4 en nouer autre
"fe mappelle done, de fagon toute préliminaire, que cette discret
indevention geaphique, qui n'est pas faite d’abord ni simplement
pout le scandale da lecteur ou du grammirien, a éx¢ calculée date
Pe iproces eerie d'une question sur V'ériture, Or il se trouve, Je
Gist par le fait, que cette diflérence graphique (le a au lieu du #)y
Gitts Fifférence marquée entre deux notations apparemment vocas
(ete four voyeles, reste puremeat graphique : elle sere 0
too tais elle ne sentend pas. On ne peut Pentendre et nous
Serrons en quoi elle passe aussi Vordre de entendement Elle s¢
errors par lune marque mvette, Par un monument tacite, je dirail
Propose Pay os yam, songeart ainsi non seulement a i forme
ree etre lorsqur'elle s"imptime en majeur ou en majuscule, mais
$Veal texte de P Encyclopédie de Hlegel oit le corps du signe est coms
ard a la Pyramide égypriennc. Leadela iférence, done, nes’entend)
Pag; il demeure silencieus, secret et discret comme un tombediy
‘Gui a’est pas loin, pourra qu’on en sache déchifirer la égendes
de Signaler la mort du dynage.
Uetombeau qu'on ne peut iéme pas faire résonner. Je ne peux
en effet vous faire savoir par mon discouts, par ma parole 4 Tings
int protérce 4 destination de la Socitté frangaise de Philosophicy
de quelle difference je parle au moment ob j'en patle, Je ne PeRs
parlor de cette diférence gmphique qu’en tenant un discours 1
Betouené sur une éeriture et 4 condition de préciser, chaque foisy
te je seavoic fla diférence avec un ¢ ou la diflérance avec ung
Ae Sine va pas simplifcr les choses aujourd'hui et nous donned
baacoup de fal, A Yous et A moi, si du moins nous voulons now
beauconP oe tout cas, es précisions orales que je donnerai — quand)
sodinal “ avec un ¢” ou “avec un a”” —renverront incontournalg
se ee un fexie der, Aun texte surveillant mon discours, 4 un text
ur je dens devant moi, que je lial et vers lequel il fandea bie
ae fe eente de conduire vos mains et vos yeux. Nous ne pourrong
ae
LA DIFFERANCE
pesagus puter cl de pase poe un tet fest, de nous néger sur
Ic déréglement qui s'y produtt, et est @abord ce qui m'importe.
dee ee cicntcppymmidal dea difrence graphique ent
Ie e ct le a ne peutil fonctionner qui Vintérieur du systéme de
Véctiture phonétique et 4 Vintérieur une langue ou d'une gram-
mire historialement lige & Mécriture phonétique comme & toute
It culture qui en est inséparable. Mais je dirais que cela méme —
ee silence fonetonnent & Miniéicar, seulement dune éeriture
tite phonétique — signale ou rappelle de fagon trés opportune que,
Se ee
Il n'y pas décriture purement et rigourensement phonétique
Lécrivure dite phonétique ne peut, en principe et en droit, et non
veulement par une insuffisance empirique et technique, fonction-
her qu’en admettant en elle-méme des * signes ” non-phonétiques
(ponctuation, espacement, etc.) dont on sapercevrait vite, & en
Caminer la structure et la nécessité, qu’ils tolérent trés mal le
toncept de signe. Mieux, le jeu de la différence dont Saussure n’a
fia qui rappeler qu'il est la condition de possibilité et du fonction-
fhement de tout signe, ce jeu est lui-méme silencieux. Est inaudible
hh diférence entee deux phonémes, qui seule permet 4 ceux-ci
etre et dopérer comme tels, L'inaudlible ouvre 4 Pentente les
tleux phonémes présents, tels qu’ils se présentent. SU a’y a
tlone pas d°éeriture purement phonétique, cest qu'il n’y a pas de
jplond purement phonétique. La diffrence qui fait lever les pho-
Mhomes et les donne & entendre, & tous les sens de ce mot, reste en
foi inaudible.
‘On objectera que, pour les mémes raisons, la différence graphi-
Win terme sensible mais étire un rapport invisible, le trait d’une
{elation inapparente entre deux spectacles. Sans doute, Mais que,
tle ce point de vue, la différence marquée dans la “ difference ”
tutte lee ct le a se dérobe au regard et a 'écoute, cela suggére
ppeutétre heureusement qu'il faut ici se aisser renvoyer 4 un ordre
{ul n'appartient plus a la sensibilité, Mais non davantage a V'intelli-
Hibiliee 4 une idéalité qui n’est pas fortuitement alfiiée 4 Pobjec-
Het da rea ou de entendements il faut haisser renvoyer
Win ordre, donc, qui résiste a Popposition, fondatrice de la philo-
Hien cet Selble ex Pintliible. Lorde qui resi 4 cee
Jposition, et lui résiste parce quill Ia porte, s’annonce dans un
Nemnt de difrance (avec wn 4) entre deus diférences ou
tutte deux lettres, différance qui n’appartient ni a la voix ni a Pécri-
{ie au sens courant et qui Se tient, comme lespace étrange qui
4BJACQUES DERRIDA
nous rassemblera ici pendant une heute, evfre parole et écriture,
au-dela aussi de la familiarité tranqnuille qui nous relie 4 Pune et &
autre, nous rassurant parfois dans Villusion qu’elles font deux.
Maintenant, comment vais-je m'y prendre pout patler dua de
Ja differance ?'Il va de soi que celle-ci ne saurait étre exposée. On
ne peut jamais exposer que ce qui 4 un certain moment peut deve-
nir présent, manifeste, ce qui peut se montrer, se présenter comme
tun présent, un étant-présent dans sa vérité, vérité dun présent ou
présence du présent. Or sila différance 3g (je mets aussi le x”
sous rature) ce qui tend possible la présentation de l’étant-présent,
elle ne se présente jamais comme telle. Elle ne se donne jamais
au présent. A personne. Se réservant et ne s’exposant pas, elle
exctde en ce point précis et de manitre réglée Porde de la vérité,
sans pour autant se dissimuler, comme quelque chose, comme un
éant mystéricux, dans Vocculte d’un non-savoir. Par toute
sition elle serait exposée 1 disparate comme dispartion, Elle
risquerait @apparaitre : de disparaitre.
Si bien que les détours, les périodes, la syntaxe auxquels je deveai
souvent resourie sessembleront, parfols sy méprenste, ceux de
Ja théologie négative. Déja il a fallu marquer gue la diffgrance n'est
‘at, stent pas, afest pas un tant présent (on), quel gull sit
ft nous serons amenés 4 marquer aussi tout ce qu'elle set pas; et
par conséquent qu’elle n’a ni existence ni essence. Elle ne releve
Gaucuine categorie de Pétant, qu’il soit présent ou absent. Et
pourtant ce qui se marque ainsi de la différance n’est pas théolo-
gique, pas méme de Pordte le plus négatif de la théologie négative,
flee!’ s'étant toujours afairée 4 dégager, comme on sit, une
supra-essentialité par-deld les catégories finies de Pessence et de
existence, cest-i-dire de Ia présence, et s’empressant toujours de
rappeler que si le prédicat de Pexistence est refusé 4 Dieu, c'est
pour lui reconnaitre un mode d’étre supérieur, inconcevable,
Ineffable. Il ne s’agit pas ici un tel mouvement et cela devrait
xe confirmer progressivement. La différance est non seulement:
Jeréductble 4 toute réappropriation ontologique ou théologique
— onto-théologique — mais ouvrant méme Pespace dans lequel
Yonto-théologie — la philosophie — produit son systéme et son
histoire, elle la comprend et excéde sans retour.
Pour la méme raison, je ne saurai pat ob commoncer 4 tracet le
faisceau ou le graphique de la différance. Car ce qui s’y met préci-
sément en question, cest la requete d'un commencement de droit,
“4
LA DIFFERANCE
d'un point de départ absolu, d’une responsabilité principielle.
a problématique de Pécriture souvre avec Ia mise en question
dle In valeur darchi, Ce que je proposerai ici ne se développera
tlone pas simplement comme un discours philosophique, o
depuis un principe, des des axiomes ou des définitions
tt se déplacant survant la linearite discursive d'un ordre des aisons,
Tout dans le tracé de la différance est stratégique et aventureux,
Stintégique parce qu’aucune vérité transcendante et présente hors
du champ de Péctiture ne peut commander théologiquement
totalité du champ. Aventureux parce que cette stratégie ne
psn simple statégi am sens ot Yon dit quel stratégeoviente
etactique depuis une vids final, un feds ou fe thtme ePune domi-
huation, dune maitrise et d’une éappropriation ultime du mouve-
Bient ou du clamp, Ststégic Gaacmacat sans Analite, on pourrait
sppelet cela tactique aveugle, errance empirique, si la valeur d’em-
pirisme ne peenitelle.méme tout son sens de soa opposition &
1 responsabilité philosophique. S’il y a une certaine errance dans
le tracement de la différance, elle ne suit pas plus la ligne du discours
philosophico-logique que celle de son envers symétrique et soli
thire, le discours empirico-logique. Le concept de jes se tient au-
tleld de cette opposition, il annonce, a la veille et au-dela de la
philosophic, Punité du hasard et de la nécessité dans un calcul sans
Aussi, par décision et régle de jeu, si vous le voulez bien, retour
fant ce propos sur Tui-méme, cst par le theme de la stratégie ou
tlu stratagéme que nous nous introduions 4 la pensée de la dif-
fiérance. Par cette justification seulement stratégique, je veux sou-
ligner que Vefficace de cette thématique de Ia différance peut fort
hlen, devra étre un jour relevée, se préter d’elle-méme, sinon a
fon remplacement, du moins 4 son enchainement dans une chaine
qu'elle n’aura, en vérité, jamais commandée. Par quoi, une fois de
plus, elle n'est pas théologique.
Je dirais done @abord que la différance, qui n’est ni un mot ni
lun concept, m’a paru stratégiquement le plus propre A penser, sinon
\ maitriser’— la pensée étant peut-étre ici ce qui se tient dans un
fertain rapport nécessaire avec les limites structurelles de la mal-
Irise — le plus irréductible de notre ““ époque ”. Je pars donc,
tratégiquement, du lieu et du temps oft nous ” sommes, bien
que mon ouverture ne soit pas en dernitre instance justifiable et
fue ce soit toujours a partir de la différance et de son‘ histoire”
fIue nous pouvons prétendre savoir qui et of * nous ”” sommes, et
te que pourraient étre les limites d’une “ époque ”.
45LA DIFFERANCE,
JACQUES DERRIDA
Bien que “ diférance ” ne soit ni un mot ni ua concept, tentons non seulement, bien entendu et comme toute signification, 4 érre
néanmoins une analyse sémantique facile ct approximative qui »utenu par un discours ou un contexte interprétatif mais déja en
fous conduira en vue de Penjeu. juelque Sorte par lui-méme, ou du moins plus facilement par lui-
‘On sait que le verbe “ diférer ” (verbe latin diferre ”) a deux méme que tout autre mot, le @ provenant immédiatement du
sens qui semblent bien distincts; ils font objet, par exemple dans pprticipe présent (diférant) et nous rapprochant de I'action en cours
ie Lilet de deux articles séparés. En ce sens le aiferre latin n'est thu diféter, avant méme qu’elle ait produit un effet constitué en
pas la traduction simple da diapherein grec et cela ne sera pas pout difiérent ou en différence (avec un ¢). Dans une conceptualité et
ous sans conséquence, liaat ce propos A une langue patticulidre aver des exigences classiques, on dirait que “ différance ” désigne la
@ a une langue qui passe pour moins philosophigue, moins oti- eausalité constituante, productrice et originaire, le processus de
inellement philosophiqne que Pautre, Ca la distribution du sens tission et de division dont les différents ou les dfférences seraicnt
dans le diapherein grec ne comporte pas Pun des deux motifs du les produits ou les effets constitués. Mais tout en nous rapprochant
diffrre latin, & savoir Paction de remettre a plus tard, de tenit du noyau infinicif et actif du différer, différance”” (avec una) neutra-
compte, de tenir le compte du temps et des forces dans une opé- lise ce que linfinitif €énote comme simplement actif, de méme que
zation qui implique un calcul économique, un détour, un délai, wance ” ne signifie pas dans notre langue le’simple fait de
tun retard, une reserve, une représentation, tous concepts que je mouvoir, de se mouvoir ou d’étre mu. La sésonance n'est pas
résumerai ici d’un mot dont je ne me suis jamais servi mais qu’on dav
ge Vacte de résonner. Il faut méditer ceci, dans Pusage de
pourrait inscrire dans cette chaine : la femporisation, Différer en ce hotre langue, que la terminaison en ance teste indécise entre Factif
ens, c'est temporiser, c'est recourir, consciemment ou inconsciem- ft le passil. Et nous verrons pourquoi ce qui se laisse désigner par
ment, A la médiation temporelle et temporisatrice d'un détout * ditiérance ” n'est ni simplement actif ni simplement passif, annoa-
suspendant Paccomplissement ou le emplissement du ‘ désir ” (gant ov rappelane plutét quelque chose comme la voix moyenne,
ou de la * volonté”, effectuant aussi bien sur un mode qui en disane uae opération qui n’est pas une opération, qui ne se laisse
ctuile ou on tempers Peffet. Et nous verrons — plus tad — en ise ni corhiila tasalb a nilecrer ae cried enya eel oored
toi ectte femporisation est aussi temporalisation et espacement hi A partir d’un agent ni a partir d’un patient, ni & partir ni en vue
devenir-temps de Pespace et devenitespace du temps, * constitue aucun de ces termes. Or Ia voix moyenne, une cettaine non-transi-
tion ofiginaire ” du temps et de Pespace, ditaient la métaphysique tivité, est peut-ttre ce que la philosophie, se constituant en cette
ou la phénoménologie transcendantale dans le langage qui est ick repression, a commencé par distribuer en voix active et voix passive,
cetitiqué et déplace. Différance comme temporisation, différance comme espacement.
Trautee sens de differ, cest le plus commun et le plus identi Comment s'ajointent-lles ?
fable : ne pas étre identique, étre autre, discernable, etc. S’agissant Partons, puisque nous y sommes déja installés, de la probléma-
des dilféren(t)(d)s, mot qu’on peut done écrie, comme on voudra, tique du signe et de V'écriture. Le signe, dit-on’ couramment, se
avec un /on un d final, qu'il soit question d’altérité de dissemblance Inet & la place de la chose méme, de la chose présente, “ chose ”
on daltérité allergic et de polémique, il faut bien qu’entre les valant ici aussi bien pour Ie sens que pour le référent. Le signe
Gléments autres se produise, activement, dynamiquement, et avec le présent en sonabsence. Il en tient lieu. Quand nous
une certaine persévérance dans la répétition, intervalle, distance, avons prendre ou montrer la chose, disons le présent, Pétant-
espacement: t, quand le présent ne se présente pas, nous signifions,
(Or le mot différence (avec un ¢) n'a jamais pu renvoyer ni au hous passons par le détour du signe. Nous preaons ou donnons
difféter comme temporisation ni au différend comme polemos, lun signe. Nous faisons signe. Le signe serait done In présence
Cest cette déperdition de sens que devrait compenser — écono- wire. Qu’il sagisse de signe verbal ou écrit, de signe monétaire,
miquement — le mot différance (avec un «). Celui-ci peut renvoyer tle délégation électorale et de représentation politique, la circulation
{la fois & toute la configuration de ses significations, il est immeédia= les signes difféze le moment of nous pourtions renconteer la chose
tement et irréductiblement polysémique et cela ne sera pas indifié méme, nous en emparer, la consommer ou la dépenser, la toucher,
rent 4 économie du discours que Pessaie de tenit. Il y renvoie In voir, en avoir Pintuition présente, Ce que je décts ici pour définir,
4s 47JACQUES DERRIDA
cen la banalité de ses traits, Ia signification comme différance de
temporisation, c'est la structure classiquerentdéterminée dusign
tlle présuppose que le signe, différant la présence, n’est pensable
Stepan oe i betsence qui difere exon ne dela présence di
the qu'on vise Ase réappropricr. Suivant cette sémiologie classique,
In substitution du signe a la chose méme est a la fois seconde et pro-
isvire seconde depuis une présence originelle et perdue dont le
signe viendrait a dériver; provisoire au regard de cette présence
finale et manquante en vue de laquelle le signe serait en mouvement
de médiation, ‘ ‘
‘A tenter de mettre en question ce caractére de secondarité
provisoire da substitur, on vermat sans doute s’annoncer quelque
Fiose comme une différance originaire mais on ne pourrait méme
plus la dire otiginaire ou finale, dans la mesure ou les valeuts d'ori-
Fine, d'archie, de los, Wescbafon, etc. ont toujours dénoté la
présence — ovsia, parousia etc. Questionaer Je caractére secondaire
Ee provisoire du signe, lui opposer une differance “ originaire ”,
ela aurait done pour conséquence: i
1. qwon ne pourrait plus comprendre la différance sous le
concept de “sige ” quia toujours voulu dice représentation dune
présence et stst constitué dans un systéme (pensée ou langue) r6glé
A partir et en vue de la présences P
2. qu’on met ainsi en question Vautorité de Ja présence ou de
son simple contraire symétrique, "absence ou le manque. On inter
roge aissi la limite qui nous a toujours contraints, qui nous con
fraint toujours — nous les habitants d’unc langue et dun systéme
de pensée A former le sens de Petre on général comme présence
ou absence, dans les catégorics de 'étant ou de ’étantite (ousia),
Tl apparait déA que le type de question auquel nous sommes ainsi
SapPaEits est dlsons, Ie type heldeggerien, etl differance semble
hous ramener A la différence ontico-ontologique. On me permettra
de retarder cette référence. Je noterai seulement qu’entre la diflé=
fence comme. temporisation-temporalisation, qu’on ne peut plus
penser dans T'horizon du présent, et ce que Heidegger dit dans
M yin und Zeit de. Ia tempotalisation comme horizon transcendantal
de la question de Petre, quill faut libérer de Ia domination tradi
tionnelle et métaphysique par le présent ou le maintenant, la com-
munication est étroite, méme si elle n’est pas exhaustive et inréduc-
tiblement nécessaire "
‘Mais séjournons abord dans la problématique sémiologique
pour voir sy conjoindre la différance comme temporisation et la
Fiférance comme espacement. La plupart des recherches sémio
8
LA DIFFERANCE
log
ues ou linguistiques qui dominent aujourd'hui le champ de
Ja pensée, soit par leurs résultats propres, soit par Ja fonction de
modéle régulateur qu’elles se voient reconnaitre pattout, renvoient
logiquement 4 Saussure, a tort on a raison, comme a Vinsti-
ar commun, Or Saussure est d’abord celui qui a placé Parbi-
iraire du signe ct le caractire différentiel du signe au principe de la
wémiologie générale, singuliérement de la linguistique. Et les
deux motifs — arbitraire ct différentiel — sont 4 ses yeux, on le
uit, inséparables. Il ne peut y avoir d’arbiteaire que parce que le
ysttme des signes est constitué par des différences, non par Ie
plein des termes. Les éléments de la signification fonctionnent
hon par la force compacte de noyaux mais par le réseau des oppo-
sitions qui les distinguent et les rapportent les uns aux autres,
c et différentiel, dit Saussure, sont deux qualités corré-
Iatives.
Or ce principe de la différence, comme condition de la significa
Hon, aioe la ott sg, Cenacle la fala face du ei guils
Bt ln face da signifiant, La face tu'signifié, Cesc le concept, le sens
idéal; ct le signifiant, c'est ce que Saussure appelle P “ image ”
tnatétielle, physique, par exemple acoustique. Nous n’avons pas
\ entrer ici dans tous les problémes que posent ces définitions.
Citons seulement Saussure au point qui nous intéresse : “Si la
partie conceptuelle de la valeur est constituée uniquement par des
fapports et des dférences avec les autres termes de la langue, on peut
‘dire autant de la partic matériel... Tout ce gui précéde revient
ie gue das fingue il n'y a que des difdreaces. Bien plos,
lune difference suppose en général des termes positifs entre lesquels
iit: mat dans l logue il n'y a que des diférences sans
mes positifs. Qu’on prenne le signifié ou le signifiant, la langue
hue comporte ni des idées ni des sons qui préexisteraient au systéme
linguistique, mais seulement des différences conceptuelles ou des
ditiérences phoniques issues de ce systéme. Ce quiil y a didée ow
de matiére phonique dane un signe importe moins que ce qui
yaautour de lui dans les autres signes. ”
On en tirera cette premigre conséquence que le concept signifié
fest jamais présent en lui-méme, dans une présence suffisante qui
fhe renverrait qu’a elle-méme. Tout concept est en droit et essen-
tiellement inscrit dans une chaine ou dans un systéme & Tintérieur
tluquel il renvoie a Pautre, aux autres concepts par jeu systématique
ile différences. Un tel jeu, la différance, est plus alors. simple-
fnjent un concept mais la possibilité de la conceptualité, du proces
fda systéme conceptuel en général. Pour la méme saison, la dif-
49JACQUES DERRIDA
férance, qui n’est pas un concept, n’est pas un simple mot, c’est-
iedire ce qu'on se représente comme M'unité calme et présente,
auto-référeate, d’un concept et d'une phonic. Nous verrons plus
foin ce qu'il en est du mot en général.
La difference dont parle Saussure n’est donc elle-méme ni un con-
cept ni un mot parmi autres. On peut dire cela a fortiori de la
france. Et nous sommes ainsi conduits a expliciter le rapport
de Pune 4 Pautre.
Dans une langue, dans le sysflme de lalangue, il n'y a que des
differences, Une opération taxinomique peut donc en entreprendre
Pinventaire systématique, statistique et classificatoire. Mais d'une
art ces differences jou? : dans la langue, dans la parole aussi ct
Bans Péchange entre langue et parole. D'autre part, ces différences
Sout elles-memes des efes, lles ne sont pas tombées du ciel toutes
prétes; elles ne sont pas plus inscrtes dans un fopos mmefos que pees
Pites dans la cize du cerveau. Si le mot “ histoire ” ne comportait
én lui le motif d’une réptession finale de la différence, on pourrait
dire que seules des différences peuvent étre d'entrée de jeu et de
art en part “ historiques
eae en Pe crit iframe, ce sera done le mouvement de jew. qui
“ produit ”, par ce qui n’est pas simplement une activité, ces difié
sehces, ces eliets de différence. Cela ne veut pas dire que la diffé-
tance qui produit les différences soit avant elles, dans un présent
Simple et en soi immodifié, in-difiérent. La différance est I oft
LA DIFFERANCE
saire pour que Ia langue sétablisse
parole prévite toujours,”
Retenant au moins Ie schéma sinon le contenu de Mexigence
formulée par Saussure, nous désignerons par diférance le mouve-
ment selon lequel la langue, ou tout code, tout systéme de renvois
on général se constitue * historiquement ” comme tissu de diffé-
fences, Se constitue ”, “ se produit”, “se erée”, “ mouvement”,
historiquement ”, etc. devant étre cntendus au-delA de la langue
métaphysique oi ils sont pris avec toutes leurs implications. Tl
faudrait montrer pourquoi les concepts de production, comme
ceux de constitution et d'histoire restent de ce point de vue com-
plices de ce qui est ici en question mais cela mentrainerait aujour-
(hui trop loin — vers la théorie de la représentation du “ cercle ”
dans lequel nous paraistons enfermés|— et je ne les utilise ii
comme beaucoup d'autres concepts, que par commodité stratégique
te pout amorcerla dsconstructon de ler syitme au point sctul-
lement le plus décsif. On auraen toutcas compris, pa lecercle meme
oii nous paraissons engagés, que la diflrance, telle qu'elle s'écrit
ici, n’est pas plus statique que génétique, pas plus structurale
quthistorique. Ou pas moins, et c’est ne pas lite, ne pas lire surtout
Ge qui manque ict A Féthique orthogeaphique que de vouloit
objecter partir de la plus vieille des oppositions métaphysiques,
par exemple en objectant quelque point de vue génératif un point
He vue structuraliste-taxinomiste, ou inversement. Quant 4 la
tifférance, ce qui en rend sans doute Ia pensée malaisée et Je con-
istoriquement, le fait de
gine” nompleine, non-simple, Vorigine structurée et, différante
Ses differences. Le nom d’ ‘origine ”’ne lui convient done plus.
Paisque la langue, dont Saussure dit qu’elle est une classifi
cation, n’est pas tombée du ciel, les diflérences ont été produites,
tlles cont des effets produits, mais des effets qui n’ont pas pout
Gause un sujet ou une substance, une chose en général, un étant
{quelque part présent et échappant lui-méme au jeu de la diférance,
SViank telle présence étaitimpliquée, leplus classiquement dumonde,
dans le concept de cause en général, il faudraie donc parler d'eflet
sans cause, ce qui conduirait trés vite 4 ne plus parler d'effet. La
soitic hors de la cloture de ce schéme, j'ai tenté d’en indiquer Ia
Visée A travers la “ trace ”, qui nest pas plus un effet qu'elle n’a
line cause mais qui ne peut suffie & elle seule, hors-texte, 4 opérer
Ia transgression nécessaire,
fort peu sir, ces oppositions n’ont pas la moindre pertinence.
Si Fon considére maintenant Ia chaine dans laquelle a“ dif
tance ” se laisse soumettre 4 un certain nombre de substitutions
fon synonymiques, selon la nécessité du contexte, pourquol recou-
fal riserve®, A“ archideriare "A areltage ” &
espacement”, voiteau “supplément” ouau“*pharmakon” etc. ?
Repattons. La diterance, Ces ee qui fait que I mouyement dela
signification n'est possible que si chaque élément dit “ présent ”,
spparaissant sur la scéne de la présence, se rapporte a autre chose
{We Tuicméme, gatdant en Tui fy marque de felément passé et se
Wisant dja cfewser par la marque de son rapport 4 Felément futus
A trice ne se rapportant pas moins 8 ce qu'on appellee futur qu’a
: s ¢ qu'on appelle le passé, et constituant ce qu’on appelle le présen
et hors delle, on peut étendre au signe en général ce que Saussure Pesta-dire pas méme un passé ou un futur comme présents modi-
Gerit de la langue : ‘ La langue est nécessaire pour que la parole fids, Tl faut qu'un intervalle le sépare de ce qui n’est pas lui pour
soit intelligible, et produise tout ses effets; mais celle-ci est néces= qui soit luisméme mais cet intervalle qui le constitue en présent
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smJACQUES DERRIDA
doit aussi du méme coup diviser le présent en Ini-méme, partageant
avec le présent, fout ce qu’on peut penser 4 partir de lui,
Cest'i-dite tout étant, dans notre langue métaphysique, singulidre-
ment la substance ou le sujet. Cet intervalle se constituant, se divi-
t dynamiquement, cest ce qu’on peut appeler espacement,
devenir-espace du temps ou devenis-temps de Pespace (femporisa
tion). Et est cette constitution du présent, comme synthése
Otiginaire ” et ireéductiblement non-simple, donc, stricto sensu,
non-originaire, de traces, de rétentions et de protentions (pour
teproduire ici, analogiquement et provisoicement, un langage
phénoménologique et transcendantal qui se révélera tout a Pheure
Inadéquat) que je propose d’appeler archi-écriture, archi-trace ou
différance. Celle-ci (est) (@ la fois) espacement (et) temporisation.
‘Ce mouvement (actit) de la (production de la) différance sans
Srigine, n’aurait-on pu Pappeler, tout simplement et sans néogra-
shisme, diffirencation > Entre autzes confusions, un tel mot ett
laisé penser a quelque unité organique, originaire et _homogtne,
venant eventuellement ase diviser, 4 recevoit Ia diffrence comme
tun événement. Surtout, formé sur le verbe différencier, il annulerait
Ia signification économique du détour, du délai temporisateur,
du différer ”. Une rematque, ici, au passage. Je la dois a unc I
ture récente d'un texte que Koyré avait consacté, en 1934, dans la
Rere dbisloire et de philosophie religieuse, A Hegel @ Tena (teproduit
dans ses Etudes d'histoire de la penste pbilosophigue). Koyté y fait
de longues citations, cn allemand, de la Lagique @’Téna et il en pro-
pose la traduction. Or a deux reprises, il rencontre dans le texte
de Hegel expression “ differente Bexiebung ”. Ce mot & racine latine
(diffrent) est extrémement rare en allemand et aussi, je le crois,
chee Hegel, qui dit plutot versehieden, smglech, cai appelle la diffé-
tence Unserschied, et Verschiedenbeit la wariété qualitative. Dans la
Logique @iéna il se sert du mot different, au moment ob il y va pré-
cisement du temps et da présent, Avant d’ea venie 2 une précieuse
remarque de Koyré, voici quelques phrases de Hegel, telles qu'il
les traduit : “ L'infini, dans cette simplicité, est, comme moment
opposé A l'égal 4 soi-méme le négatif, et dans ses moments, tandis
quiil se présente a (soi-méme) et en soi-méme la totalité, (il est)
Texcluant en général, le point ou la limite, mais dans cette sicane
(action de) nie, il se rapporte immédiatement a Vautre et se nie
Soisméme. La limite ou le moment du présent (der Grgen-wart),
“Ceci” absola da temps, ou le maintenant, est d'une simplicité
négative absolue, qui exclut de soi absolument toute multiplicité et,
par cela méme, est absolument déterminé; il est non pas un tout
sa
LA DIFFERANCE
fu un quantum qui s’étendrait en soi et) qui,en soi-méme, auraitaussi
in moment indéterminé, un divers qui, indifférent (glichpiltig)
fou extérieur en Iui-méme, se tapporterait A un autre (aif in anderes
Jeqige), mais c'est IA un rapport absolument different du simple
(ioudirn es ist absolut dfferente Beviebung).” Et Koysé précise remar-
fuablement en note : “ Rapport différent : differente Begiebung
On pourrait dire : rapport diflérenciant, ” Et 4 la page suivante,
wire texte de Hegel, ott l'on peut lite ceci : * Diese Bexiebing ist
Grgenvart, als cine diferente Beziehmg,” (Ce rapport est (Ie) présent
comme rapport différent.)” Autre note de Koyré : Le terme “ dife-
rent” est pris ici dans un sens actif.””
Ficrire “ différant ” ou “ différance ” (avec un ) pourrait déja
woir Putilité de rendre possible, sans autre note ou précision,
hh traduction de Hegel en ce point précis qui est aussi un point
ibsolument décisif de son discours. Et la traduction serait, comme
le doit toujours Pétre, transformation d’une langue par une
wutee, Naturellement je tiens que le mot “ différance ” peut servir
iussi A d’autres usages : Pabord parce qu’ill marque non sculement
activité de la différence * originaire ” mais aussi le détour tempori-
\teur du différer; surtout parce que, malgré les rapports d’affinité
libs profonde que la différance ainsi écrite entretient avec le discours
hégélien, tet qu’il doit étre lu, elle peut en un certain point non pas
fompre avec fui, ce qui n’a aucune sorte de sens ni de chance, mais
fn opérer une sorte de déplacement 3 la fois infime et radical dont
Jlessaic ailleurs qindiquer Pespace mais dont il me serait difficile
He parler trés vite ici.
Lies différences sont done “ prodnites ” — différées — par la
Aifernce. Mais gyestee qui difre ou gui difte? Autrement
tit qurest-ce que la différance ? Avec cette question nous atteignons
lin autre liew et une autre resource de la problématique.
Quiest-ce qui différe ? Qui différe ? Qu’est-ce quela différance ?
Si nous répondions & ces questions avant méme de les interroger
Wisse questions, ayant titne dees veioumaer ce ea tuatecies
In forme, jusque dans ce qu’elles semblent avoir de plusnaturel et de
pilus nécessaire, nous retomberions déji ca-degi de ce que nous
venons de dégager. Si nous acceptions en effet la forme de la ques-
tion, en son sens et en sa syntaxe (“ qu’est-ce que”, qu’est-ce
* gui eseee qui’) faudaat adinetie que la diferance ext
gorvenus, mattis et commandée 4 partir du point un
ftant-présent, celui-ci pouvant étre quelque chose, une forme,
im éut, un pouvoir dans le monde, auxquels on poutra donnet
loutes sortes de noms, un quoi, ou un étant-présent comme syjet,
53ar
LA DIFEERANCE
JACQUES DERRIDA
‘un gi, Dans ce demier cas notamment, on admettsait implict porlant qu'en commergant avec le systeme des diflérences linguit-
tement que cet étant-présent, pat exemple comme étant-présent & tiques; ou encore le sujet ne devient Sionifiant (en général, par parole
soi, comme conscience, en viendrait éventuellement a différer + fot autre signe) qu’en sinscrivant dans le systeme des différences.
Seis A retarder et 4 détourner Paccomplissement d'un “ besoin ” Boa ae ie sujet patlat ou signiGant ne setat pas présent
sor fun" désit ”, soit a différer de soi. Mais dans aucun de ces Be ce Scns, oe aclant ou signibant, san le jeu dela diflrance
cas, ua tel Gant-peésent ne serait“ constitué "par cette diffe 4 ao en at gue Para Oe fae ne peucon concevoe one pre
ance. A nce et bne présence & soi du sujet avant sa parole ou son signe,
“Ox si nous nous séférons encore une fois & la difference sémiolo- fe oe Peetu nue cans une conscience slencieuse ct
glans, awestce ae Saussure, en particulier, nous & rappelé ? Esitive P
ae “Ia langue [qui ne consiste donc qu’en différences] n'est pas Wine telle question suppose done qu’avant le signe et hors de lui,
oe fonction du suet parlant ”. Cela implique que le sujet (Identité 1 Yexelusion de toute acciet da ste difféeance, quelque chose de
roi °bn eventucllement conscience de Videntité a soi, conscience tel que la consclenee est possible. Be que, avant méme de distibuer
4c soi) est inserit dans la langue, est “fonction “ de la langue, ne fel coc tt dang fe monde, la conscience peut se
Geviene sujet parlant qu’en conformant sa parole, méme dans ladite tes signee di dike en sa présence. OF quiest-ce que Tl cons
cevitttion "meme dans ladite “transgression”, au systéme de see? Que veut dire * conscience ” ? Le plus souvent dans la
preseriptions de la langue comme systéme de. differences, ou dy cience ? Qos Wr“ wouloirdire ", elle. me se donne & pensct,
Proins & la loi générale de la différance, en se réglant sur le principe wus toutes ses modifications, que comme présence 4 soi, petcep-
Fe ln langue dont Saussure dit quelle est “le langage moins la tion de soi de la présence. Et ce qui vaut de la conscience vaut it
parole ”. «La langue est nécessaire pour que la parole soit intelli- tot oS gence dite subjective en général. De méme que la catégorie
gible et produise tous ses effets ”- i Gu sujet ne peut et cra jamais pu se penser sans Ia référence A ie
Si par hypothése nous tenons pour absolument rigoureuse opPo- trescnee comme spekelmenan ou comme ose, etc de meme le
sition de Ta parole 4 la langue, la diflérance sera non seulement resence COM: a(n jamais pu annonces autrement Be
Je feu des diférences dans la langue mais le rapport de la parole jet comme Conscienet O puvilége accordé a la conscience signi-
ala Iangue, le détour aussi par lequel je dois passer pont parler fie done le privilége accordé au présents et méme si Pon décrit,
Te gage silencieux que je dois donner, et qui vaut aussi bien pont fe done padcur of le fait Hsserl, la temporalité transcendantale
la semiologie générale, réplant tous les rapports de Pusage a0 dic hf conscience, est au * présent vivant ” qu’on accorde le pow
schéma, du message au code, etc. (J'ai essayé de suggérer ailleurs voir de synthése et de rassemblement incessant des traces.
Sioe cette differance dans la langue et dans le rapport de la parole cde synths ot hor de is metaphysique, element de notre
Tit langue interdit la dissociation essentielle qu'd une autre strate penne take quelle eo prise dans la langue de la métaphysique,
accom discours Saussure voulait traditionnellement marquer entre Bn ne peut délimiter une telle cloture qu’en sollicitant, aujous.
parole et écriture. La pratique de la langue ou du code suppossat Shot okie valeur de présence dont Heidegger montré qu'elle
Eh jeu de formes, sans substance déterminée ct invariable, suppo- et lac logique de Vetre; et a solliciter ainsi
Sant aussi dans la pratique de ce jeu une rétention et une protention serge presence, par une mise en question doot le
ies différences, un espacement et une temporisation, un jeu de ite Wak gare tour a fait singulier, nous interrogeons le privilege
trees, il fant bien que ce soit une sorte d’écriture avant a lettre, Hara de cette forme ou de cette Epoque de la présence en gene
tine avchi-écritare sans origine présente, sans archie. D’oi In ranate aera la conscience comme vouloir-dire dans la présence 4
Téplée de Parchie ct la transformation de la sémiologie générale cy
Seprammatologie, celle-