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KHMERS ROUGES

Robert Petit,
un départ lourd de questions
Le coprocureur canadien a annoncé sa instructionsd’unmembredugouvernement. » « Lamême
sourcem’aindiquéqueRobertPetitseraitaucourantde
démission, mardi 23 juin, pour « raisons cetétatdefait,etsic’estlecas,ilestnécessaired’enin-
personnelles ». En désaccord ouvert avec formerlesparties », avait ajouté l’avocat néerlandais.
De fait, il est hautement improbable que la Chambre
sa collègue cambodgienne, il n’avait eu de de première instance, composée de trois juges cambod-
cesse d’exiger de nouvelles poursuites des giens sur cinq, ne donne raison à Robert Petit en autori-
ex-dirigeants Khmers rouges. sant de nouvelles poursuites. D’autant que le Premier
ministre lui-même s’est publiquement prononcé à l’en-

C
’est un nouveau coup dur pour la crédibilité contre de telles initiatives, qui, selon lui, pourraient pro-
des Chambres extraordinaires au sein des voquer « uneguerrequitueradescentainesdemilliers
Tribunaux cambodgiens (CETC) : Robert depersonnes ».
Petit, co-procureur international, a annoncé son dé- La nouvelle du départ de Robert Petit tombe mal, alors

part du Tribunal, après trois ans de bons et loyaux
services. Son communiqué, diffusé mardi, est sibyllin :
tout juste évoque-t-il des « circonstancespersonnelles
etfamiliales », tout en indiquant être parvenu à cette
décision « aprèsdesmoisderéflexionetdeconsulta-
tion ».
Ses rapports orageux avec sa collègue cambod-
gienne, Chea Leang, étaient connus de tous. Le 1er
décembre 2008, les deux coprocureurs avaient même
officialisé leur désaccord, demandant à ce qu’il soit
tranché par la Chambre préliminaire : Robert Petit
demandait l’ouverture de nouvelles poursuites au-delà
des cinq accusés déjà sous les verrous, alors que Chea
Leang s’y opposait pour des raisons d’ordre public,
estimant que cela n’était pas « dans l’intérêt de la
Cour ».
AdriEn lE gAl
Robert Petit, contrarié par sa collègue Chea Leang.
Symptomatique des difficultés des CETC, le désaccord
a donné du grain à moudre à tous ceux qui ont fait leur
fonds de commerce de la dénonciation du système judi-
ciaire cambodgien. Le 14 février, l’ONG Human Rights
Watch s’en était prise avec vigueur à Chea Leang, dé-
nonçant des « interférencespolitiques » et affirmant que
« fautedenouvellespoursuites,lesCETCéchoueraientà
rendrelajusticeaupeupleduCambodge. » Le 4 juin der-
nier, l’avocat international de Nuon Chea, Michiel Pest-
man, en rajoutait, disant détenir des informations selon
lesquelles « la co-procureur cambodgienne prenait ses
que les CETC étaient à court d’arguments prouvant leur
indépendance. Au début du mois, une polémique avait
éclaté après l’annonce du parachutage à la tête de l’Unité
des victimes d’Helen Jarvis, réputée proche du vice-Pre-
mier ministre Sok An. La semaine dernière, l’équipe de
défense de Nuon Chea dénonçait, documents à l’appui,
le processus de sélection des juges et procureurs cam-
bodgiens des CETC. Ceux-ci auraient été directement
choisis par Hun Sen et Sok An, et non par le Conseil su-
prême de la magistrature comme cela devait être le cas.
Certains, néanmoins, semblent convaincus que la dé-
mission est bien motivée par des «raisons personnelles.
« Des gens arrivent, des gens partent, c’est comme ça »,
s’est ainsi contenté de réagir Youk Chhang, respon-
sable de l’ONG DC-Cam.
Benjamin Vokar et Adrien Le Gal

DUCH

Les larmes de l’accusé lors de la reconstitution à Tuol Sleng en

février 2008 faisaient débat.
Pool CETC

Duch a bien pleuré

à S-21
U
n court extrait vidéo de la reconstitu-
tion de S-21 a été diffusé mardi 23
juin devant la chambre de première
instance, alors que les débats se poursui-
vaient sur le fonctionnement du centre de
détention et de torture dont Duch était le
responsable.
La reconstitution, organisée les 26 et 27
février 2008, s’était déroulée à huis clos. À
l’exception d’une équipe de documentaristes
français, seules les personnes travaillant
pour le Tribunal avaient pu y assister. D’où
un débat, après l’événement, sur l’attitude
de Duch pendant cette reconstitution :
l’équipe de défense affirmait que l’accusé
avait pleuré, version confirmée par le porte-
parole des CETC Reach Sambath. En re-
vanche, ni Robert Petit ni le co-juge d’ins-
truction cambodgien You Bunleng n’avaient
remarqué ces larmes. B.V. et A.L.G.

Cambodge Soir Hebdo n˚ 88 – 2e année, 25 juin au 1er juillet 2009 13