Professional Documents
Culture Documents
Pr Daniel Genné
Drs Camille-Laure Blum
et Sébastien Menzinger introduction
Service de médecine interne
Hôpital neuchâtelois-site La Chaux- L’érysipèle est une dermo-hypodermite bactérienne aiguë,
de-Fonds
Rue Chasseral 20 essentiellement streptococcique, non nécrosante affectant le
2300 La Chaux-de-Fonds plus souvent les membres inférieurs (85% des cas) mais pou-
daniel.genne@ne.ch vant affecter n’importe quelle partie du corps, notamment le
visage. Dans cet article, le terme «érysipèle» regroupe les
termes anglais erysipela et cellulitis, la pratique clinique ne faisant
pas de distinction entre ces deux entités. L’infection est favo-
Cellulitis : clinical manifestations and risée par des facteurs locorégionaux offrant une brèche dans la barrière cutanée,
management tels que plaies chroniques, piqûre d’insecte, intertrigo, fissuration inter-orteil ou
Cellulitis is an acute bacterial non-necrotizing
mycose interdigitale. Des conditions systémiques peuvent également contribuer
dermal-hypodermal infection predominantly
affecting the lower limbs. It is characterised au développement de l’affection, comme le diabète, l’immunosuppression ou
by a circumscribed erythema with a raised toutes pathologies entraînant des œdèmes des membres inférieurs. Un antécé-
border and fever. The predisposing factors dent d’érysipèle prédispose également à un nouvel épisode.
are skin wounds, edema from any cause and
systemic factors (diabetes, immunosuppres-
sion). The diagnosis is clinical and the most épidémiologie
common complication is recurrence. Other
complications include local abscess, fasciitis
L’érysipèle touche majoritairement les adultes après 40 ans avec un sex ratio
and bacteremia. The germ is rarely identified. d’environ 1:1.1 Peu d’études ont été réalisées sur l’incidence de l’affection. Elle
The majority of infections (85%) is due to group est estimée à 9 cas/100 000 par an,2 et plutôt en augmentation.3
A beta-hemolytic streptococcus. The treatment
of cellulitis consists of an association of an
antibiotic with rest of the concerned area. sémiologie
L’érysipèle se manifeste le plus souvent par un érythème circonscrit accompagné
d’un œdème local et d’un état fébrile avec ou sans frissons. Le début est fré-
quemment brutal. La zone intéressée, douloureuse et chaude à la palpation, est
marquée par une surélévation périphérique, particulièrement au niveau du visage
(figures 1 et 2). L’affection s’étend progressivement et des lésions bulleuses super
ficielles peuvent se développer (figure 3), tout comme des lésions purpuriques.
Des adénopathies ainsi qu’un trajet lymphangitique peuvent être retrouvés,
mais de manière inconstante.1 Une porte d’entrée doit être systématiquement
recherchée et sera retrouvée dans deux tiers des cas, sous forme d’intertrigo, de
microbiologie
Il est rare de pouvoir identifier le germe de l’érysipèle, les
hémocultures n’étant positives que dans 5% des cas.5 Une
aspiration à l’aiguille fine au pourtour de la lésion permet
de documenter l’infection dans 5-40% des cas, mais cet
examen invasif est peu utilisé dans la pratique clinique. La
majorité des infections (85%) est liée au streptocoque bêta-
hémolytique du groupe A, suivi des autres groupes G, B ou
Figure 3. Lésions bulleuses superficielles compli- C. Les infections à staphylocoques aureus sont plus rares et
quant un érysipèle du membre inférieur plus souvent retrouvées chez les patients dont le point de
départ est un site d’injection (chez les toxicomanes prin
Origine : Service de dermatologie et vénérologie, Hôpitaux universitaires
cipalement) ou présentant une plaie initiale purulente. Par
de Genève.
ailleurs, dans ce cas de figure, des études américaines
récentes recensent une augmentation du S. aureus résistant
mycose interdigitale, de plaies, de piqûre ou d’un ulcère. à la méthicilline (SARM) communautaire comme germe
Les facteurs favorisants locaux comme les œdèmes de identifié (environ 50%).6 En Suisse, les infections à SARM
toutes causes (lymphœdème et insuffisance veineuse), ou restent tout de même beaucoup plus rares (4-17% des sta-
les dermatoses chroniques (par exemple, psoriasis) ainsi phylocoques en 2012 selon les régions).7
que les facteurs favorisants systémiques comme le diabète Dans des circonstances particulières, d’autres germes
ou l’immunosuppression doivent être documentés. peuvent être retrouvés (tableau 1).8 En cas d’immunosup-
Bibliographie
1 Lipsky BA, Moran GJ, Napolitano LM, et al. A pros- 8 Swartz MN. Clinical practice. Cellulitis. N Engl J coccal cellulitis of the lower legs. Clin Infect Dis 1997;
pective, multicenter, observational study of complica- Med 2004;350:904-12. 25:685-9.
ted skin and soft tissue infections in hospitalized pa- 9 Liu C, Bayer A, Cosgrove SE, et al. Clinical practice 15 Karppelin M, Siljander T, Huhtala H, et al. Recurrent
tients : Clinical characteristics, medical treatment, and guidelines by the infectious diseases society of America cellulitis with benzathine penicillin prophylaxis is asso-
outcomes. BMC Infect Dis 2012;12:227. for the treatment of methicillin-resistant Staphylococ- ciated with diabetes and psoriasis. Eur J Clin Microbiol
2 Ellis Simonsen SM, van Orman ER, Hatch BE, et al. cus aureus infections in adults and children : Executive Infect Dis 2013;32:369-72.
Cellulitis incidence in a defined population. Epidemiol summary. Clin Infect Dis 2011;52:285-92. 16 Prokocimer P, De Anda C, Fang E, et al. Tedizolid
Infect 2006;134:293-9. 10 Volluz SD, Abbet P, Troillet N. Quelle est la durée phosphate vs linezolid for treatment of acute bacterial
3 Bonnetblanc JM, Doutre MS, Dreno B. (In Process optimale de l’antibiothérapie pour les infections fré- skin and skin structure infections : The ESTABLISH-1
Citation). Ann Dermatol Venereol 2012;139:A1-2. quentes ? Rev Med Suisse 2010;6:1901-5. randomized trial. JAMA 2013;309:559-69.
4 Leclerc S, Teixeira A, Mahe E, et al. Recurrent 11 Bergkvist PI, Sjobeck K. Antibiotic and predniso- 17 Hepburn MJ, Dooley DP, Skidmore PJ, et al. Com-
erysipelas : 47 cases. Dermatology 2007;214:52-7. lone therapy of erysipelas : A randomized, double blind, parison of short-course (5 days) and standard (10 days)
5 Stevens DL, Bisno AL, Chambers HF, et al. Practice placebo-controlled study. Scand J Infect Dis 1997;29: treatment for uncomplicated cellulitis. Arch Intern Med
guidelines for the diagnosis and management of skin 377-82. 2004;164:1669-74.
and soft-tissue infections. Clin Infect Dis 2005;41:1373- 12 Morpeth SC, Chambers ST, Gallagher K, et al. 18 Thomas K, Crook A, Foster K, et al. Prophylactic
406. Lower limb cellulitis : Features associated with length antibiotics for the prevention of cellulitis (erysipelas) of
6 Moran GJ, Krishnadasan A, Gorwitz RJ, et al. Me of hospital stay. J Infect 2006;52:23-9. the leg : Results of the UK Dermatology Clinical Trials
thicillin-resistant S. aureus infections among patients in 13 Kremer M, Zuckerman R, Avraham Z, et al. Long- Network’s PATCH II trial. Br J Dermatol 2012;166:169-
the emergency department. N Engl J Med 2006;355: term antimicrobial therapy in the prevention of recur- 78.
666-74. rent soft-tissue infections. J Infect 1991;22:37-40.
7 Données de résistance, médecine humaine. www. 14 Wang JH, Liu YC, Cheng DL, et al. Role of benza- * à lire
anresis.ch thine penicillin G in prophylaxis for recurrent strepto- ** à lire absolument