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GÉOGRAPHIE DES RELIGIONS AFRICAINES AU BRÉSIL

PAGELANCE ET CATIMBO

p. 241 Si l'on excepte la régino du Maranhão où le Dahomèen a dominé, tout le nord du Brésil, de
l'Amazonie aux frontières du Pernambuco, est le domaine de l'Indien. C'est lui qui a marqué, de son
influence profonde, la religion populaire, pagelance au Pará et em Amazonie, enchantement au
Piauhy, catimbó ou cachimbó partout ailleurs. Le Noir importé s'est integré dans cette religion; nous
devons donc em dire un mot em commençant – pour voir tout ce qui sépare une religion populaire
d'origine indienne d'une religion populaire d'origine africaine et pour comprendre comment, malgré
cette oposition structurelle, le nègre a pu em accepter le dogmatique ou le rituel, quitte
naturellement à y ajouter quelques éléments africains.

“La primière ébauche du catimbó apparaît aux origines mêmes de la colonisation, où elle
prend le nom de santidade. (…). Ce culte était centré autour d'une idole de pierre, appélée Marie, et
dirigée par un “pape” et une “mère de dieu”; on y entrait par une espèce d'initiation, simple
démarcage du baptême catholique, et tout le cérémonial constituait un syncrétisme très poussé
d'éléments chrétiens (…) et d'éléments indigènes (…).

p. 242 “(...). Ainsi s'élaborait, à l'aube même de la colonisation, le culte des “enchantés” qui domine
toujours dans la region, y triomphant de la religion des “nègres de la Côte” (…).

“Évidemment la santidade telle qu'elle existait autrefois, poursuivie par l'Inquisition, a


disparu. Mais l'essentiel em est resté, le mélange du catholicisme avec la culture indienne et le rôle
de la fumée.”

“L'élément de transition entre elle et le catimbó, c'est le culte indigène des cabocles, plus ou
moins vaguement christianisés, du sertão”.

p. 244 “(...). Le catimbó est un culte individuel, et non plus social, où on vient guérir ses maux
physiques et panser ses plaies spirituelles.
“Ce qui frappe d'abord le spectateur, c'est la pauvreté de la maison du culte, qui est d'ailleurs
la propre maison de résidence du catimbozeiro, ainsi que des objets rituels.

p. 247 “A la pauvreté de l'élément liturgique correspond la pauvreté de l'élément sacerdotal. On


distingue le maître de la permission, qui est le plus fort de tous; le maîre em second qui préside la
fête si le premier n'est pas lá; les aides ou disciples-maîtres, em petit nombre, qui répondent au
maître quand il est em transe, préparent le jurema, et parmi lesquels se choisissent les futurs
maîtres; les disciples; la confrérie des croyants, et enfin le serviteurs qui va chercher dans le sertão
les racines de jurema, transmet les message, etc. Il n'y a pas d'initiation à proprement parler; les
disciples apprennent les chants et les secrets de leurs maîtres aux heures de loisir, em conversant
avec eux. Mais le futur maître se fait remarquer par as capacité de tomber em trase, par des crises
nerveuses, qui sont un signe de son futur pouvoir, et aussi par une espèce de verrue, la “semance”.

“La mythologie qui soutient le culte est également très pauvre. Elle est centrée autour du
jurema et du royaume des enchantés. Le jurema était jadis un arbre comme les autres, mais lorsque
la Vierge, fuyant Hérode partit pour l'Égypte, elle cacha le petit Jésus dans un pied de cette plante et
désormais l'arbre a pris une force divine.

“Quant au monde des enchatés, il est divisé em royaumes, sept selon certains, Vajucá, Tigre,
Canindé, Urubá, Juremal, Josaphat et le fond de la mer; cinq selon d'autres, Vajucá, Juremal,
Tanema ou le royaume d'Iracema, Urubá e Josaphat. Ces royaumes à leur tour comprennent un
certain nombre d'États et chaque État 12 village. Chaque village a trois maîtres, ce qui fait pour un
État une population de 35 maîtres. Chaque maître a as ligne, c'est-à-dire son catinque qui précède as
visite sur la terre. Les principaux maîtres sont Indiens, comme Maître Itapouan (le dieu du Soleil
des anciens Tupis), Maître Toupan (l'ancien dieu du tonnerre), Maître Xaramundy, le grand
guérisseur, Maître Mussurana, le prince de Jurema, Maître Iracema, Maître Turuatâ. Il faut y ajouter
les âmes de personnes mortes, em particulier d'anciens catimbozeiros célèbres, comme Maître
Carlos, Maître Roldâo de Oliveira, Maître Petit (…). A ces pléiades s'ajoutaient encore des esprits
catholiques, comme le roi Héron ou Saint Antoine, ainsi que de mystérieuses divinités des eaux (les
petites filles de robes vertes), enfin quelques esprits de nègres.”

p. 248 “Certes, nous trouvons dans la capitale du Ceara et dans quelques endroits du sertâo le terme
de macoumba, qui indique bien une influence africaine, voire même des noms d'orishas, comme
Shangô ou Ogoum, mais ces divinités sont devenues des “maîtres” ou des “enchantés”; dans sete
“ligne africaine” tout comme dans “la ligne cabocle”.

“Dans le Parahyba où nous nous trouvons à la limite de notre troisième aire géographique,
celle des Xangôs, le catimbó de l'endroit retient peut-être dans unes de ses priéres, le nom du dieu
africain Ogoum, “Goum peut davantage que Dieu”. (…) pourquoi le nègre a accepté si facilement
d'entrer – à ces rares excepetins prés – dans une religion étrangère.

“C'est que la plupart des Noirs de ces régions sont venus d'Angola, sont par conséquent des
Bantous, dont la mythologie n'est pas aussi développée que celle des Noirs guinéens. Ils croient à
des esprits, mais ces esprits sont liés aux forêts, aux rivières ou aux montagnes de leurs pays; ils
sont pris aux accidents de terrains, aux marécages, aux grottes et ne peuvent pas émigrer comme les
hommes; ce sont des dieux locaux. Le Bantou, em passant em Amérique, laissait ainsi derrière lui,
em M~eme temps que son territoire, les esprits qui le peuplaient. Ce qu'il gardait, c'était seulement
as mentalité animiste et, em abordant sur une nouvelle terre, qui était, elle aussi, peuplée d'esprits,
em même temps qu'il était obligé d'accepter le nouveau territoire où il devait vivre, il devait
accepter forcément son double surnaturel.

p. 249 “(...) des maîtres africains vont s'intégrer, dans le royaume des enchantés, aux côtés des
maîtres cabocles, et créer ainsi, à côté de la “ligne indienne”, une “ligne africaine”.

p. 251 “Si nous passon de la mythologie au rituel, la contribution africaine apparaîtra plus
sporadique. C'est que le rituel est toujours fonction d'une mythologie et qu'il y a opposition entre la
mythologie du catimbó et celle du candomblé.

p. 253 “Mais surtout l'élément essentiel introduit n'est-ce pas l'existence même de catimbozeiras,
femmes pratiquant la pagelance? Le pagé indigène est toujours un homme; dans le candomblé, au
contraire, la femme préside souvent le culte, d'ailleurs après la ménaupause em général. C'est par
imitation donc du candomblé – notons em passant que beaucoup de ces catimbozeiras sont de
négresses ou de mulâtresses – que la femme d'aujourd'hui peut tenir la fonction de l'ancien pagé
masculin.

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