You are on page 1of 10

Retour sur les textes

 Questions et commentaires

 Différences entre les deux textes?

Fondements de l’utilitarisme

 Utilitarisme : théorie téléologique (ou conséquentialiste) où ce qui est bien est

ce qui produit le plus de plaisir et le moins de douleur.

o Téléologique (ou conséquentialiste) : considère les résultats d’une

action pour évaluer sa valeur. Ainsi, la maxime n’a pas

d’importance dans l’évaluation de l’action. Ceci n’empêche pas

qu’une théorie téléologique puisse encourager les maximes se

basant sur certains principes; cependant, elle ne le ferait que dans

la mesure où ces maximes amènent plus souvent ou de façon plus

efficace les résultats désirés.

 Le souverain bien de l’utilitarisme est le plaisir (et l’absence de douleur).

 Un des principes de toute morale utilitariste est de « produire un maximum de

plaisir et un minimum de douleur ». Dans le cas où plusieurs actions sont

possibles, mais qu’un choix doit être fait (dilemme moral), un moyen est

proposé : le calcul d’utilité. Après ce calcul, l’action ayant la balance des

plaisirs la plus élevée doit être choisie.

o Calcul d’utilité : évaluation d’une action en terme de quantité de

plaisir et de douleur qu’elle apporte. On additionne les plaisirs,

soustrait les douleurs, et on obtient la balance des plaisirs.


 Toute théorie utilitariste doit donc indiquer qu’est-ce qui compte comme un

plaisir et comme une douleur. Il doit aussi indiquer comment calculer la

« valeur » de plaisir/douleur d’une action.

 Critères d’Épicure : un critère qu’Épicure donne pour reconnaître un plaisir est

d’évaluer à quel point il contribue à la santé du corps et à la sérénité de l’âme; il

reconnaît l’importance de calculer les plaisirs et douleurs futures dans

l’évaluation :

« Nous considérons bien des douleurs comme préférables à des plaisirs, dès lors
qu’un plaisir pour nous plus grand doit suivre des souffrances longtemps endures «

Il affirme qu’un mal est la torture imposée par la non-présence du plaisir. » Dans

cette optique, il suggère de se contenter du minimum « au cas où la profusion

nous fasse défaut ».

 Critères de quantification de Bentham : durée, intensité, certitude (probabilité de

réalisation), proximité (le moment où il aura lieu, bientôt ou dans longtemps),

fécondité (quantité de plaisir qu’il peut entrainer), pureté (quantité de douleur

qu’il peut entrainer).

 Critères de quantité de Mill : Mill parle peu de la quantité des plaisirs dans

l’extrait qu’on a lu. Il sous-entend probablement la même chose que Bentham,

s’inspirant de lui.

 Critère de qualité de Mill : Mill parle ici des plaisirs qui sont d’une qualité

supérieure à d’autres. Ce sont les plaisirs qui satisfont nos facultés supérieures

(l’intelligence, la raison, le goût, etc.) Mill affirme que ces deux plaisirs ont été

goutés par plusieurs personnes, et que la grande majorité de ces personnes


affirme que l’un des plaisir est supérieur, alors c’est ce dernier qui a une balance

de plaisir supérieure.

o Question : pourquoi est-ce que ceux qui ne connaissent que les

plaisirs sensuels inférieurs ne peuvent affirmer qu’ils sont

préférables aux plaisirs intellectuels supérieurs?

 La distinction qualité/quantité des plaisirs et des douleurs peut être intéressante.

Mill semble avancer que certains plaisirs sont supérieurs à d’autres, sous-

entendant qu’une grande quantité de plaisirs inférieurs ne puisse pas équivaloir

à une petite quantité de plaisirs supérieurs. Nous considérerons tous ces critères

comme simplement des critères de quantification : ce qui nous permet de

quantifier une action en terme de balance des plaisirs.

 La division du calcul d’utilité entre quantité et qualité des plaisirs est à mon avis

inadéquate. Ils servent tous les deux à calculer la balance des plaisirs propre à

chaque action, donc à « quantifier » la valeur des actions. Les critères de

Bentham ont rapport à des qualités qui peuvent être « mesurées », tout comme

le critère de qualité de Mill qui peut être « mesuré ». Je propose donc de dire

que ce sont tous des critères de « quantification ».

 Parenthèse : Mill affirme que les plaisirs intellectuels sont supérieurs et les

plaisirs sensuels inférieur.

o Trouvez des exemples de plaisirs intellectuels et des exemples de

plaisirs sensuels

Il affirme d’ailleurs qu’ « il vaut mieux être un homme malheureux qu’un porc

satisfait, être Socrate mécontent plutôt qu’un imbécile heureux. »


o Trouvez des situations où cette affirmation est questionnable

o Comparez des plaisirs intellectuels avec des plaisirs sensuels;

lesquels vous semblent les plus importants; lesquels laisseriez-vous

aller en premier, et lesquels en dernier?

On pourrait critiquer Mill en affirmant qu’en fait, il se trompe et que les plaisirs

sensuels sont préférables.

o Trouvez des situations où cette affirmation est questionnable

 Une façon de répondre à cette critique peut être de proposer que la

quantification des actions soit relative à la situation; un bon exemple de guide

de quantification relatif à la situation est la pyramide des besoins de Maslow.

o Abraham Maslow est un psychologue du milieu du 20 e siècle.

C’est un des pères de l’approche humaniste en psychologie. Sa

pyramide des besoins représente les différents types de besoins

nécessaires à la pleine réalisation de l’individu. Les besoins

primaires, en bas de la pyramide, doivent être comblés pour rendre

possible la satisfaction des besoins secondaires, plus hauts dans la

pyramide.

 Danger de relativisme moral : l’éthique utilitariste tel qu’on l’a montré

actuellement ne prend en compte que les actions individuelles. Les plaisirs

poursuivis peuvent être poursuivis sans égard au « bien-être » des autres. Ainsi,

une personne pourrait voler et tuer si tel était son plaisir, et rien ne permettrait

d’affirmer que ses actions sont répréhensibles d’un point de vue utilitariste.
 Épicure a été accusé de ce genre de relativisme; on affirmait que le bien était

pour eux la recherche des plaisirs sensuels, comme le sexe, l’alcool et la

nourriture. Épicure n’encourageait pas du tout ce genre de vie (en fait, plutôt le

contraire), mais ceux qui se sont proclamés ses « héritiers philosophiques », les

épicuriens, ont souvent été reconnus coupables de tels excès.

o Question : à votre avis, est-ce que la philosophie d’Épicure est

coupable de relativisme morale? Pourquoi?

 Le problème n’est pas que Épicure encourageait ce genre de vie; le problème

vient du fait que sa philosophie n’est pas incompatible avec ce genre de vie.

L’épicurisme est, en un certain sens, coupable de relativisme moral.

o Exercice : trouvez un principe compatible avec la philo d’Épicure

qui permet ce genre d’excès.

 Mill propose une morale fondamentalement similaire à celle d’Épicure.

Cependant, comme le montre son argument en défense de l’épicurisme, il ne

croit pas que l’utilitarisme soit nécessairement coupable de relativisme moral.

Pour le démontrer, il énonce un principe (à la fin de l’extrait) qui permet de

limiter la poursuite des plaisirs d’un individu et de conférer à certaines actions

une valeur morale supérieure. C’est le principe du plus grand bonheur total et

général (Bentham en parlait aussi; il ajoutait un 7e critère d’étendue, soit l’effet

sur la communauté, dans la quantification des plaisirs).

 Avec ce principe, on doit prendre en considération les plaisirs et les douleurs

que nos actions provoquent sur les autres individus. Soudainement, l’utilité

devient la poursuite du bonheur général, et impose des exigences morales


beaucoup plus importantes sur les individus. Ce principe repose sur celui

affirmant que tous les êtres humains ont un droit égal au bonheur. En terme de

quantification des plaisirs, un plaisir n’est pas de valeur supérieure parce qu’il

est apprécié par un individu (soi-même) plutôt qu’un autre; autrement dit,

l’individu affecté par une action n’a aucune influence sur la balance des plaisir

de cette action. Ainsi, un calcul d’utilité montrant que le sacrifice d’un individu

(le fait qu’il subisse de la douleur) permette de produire des plaisirs chez

plusieurs individus pourrait montrer que l’action moralement légitime à prendre

est de sacrifier l’individu au profit du groupe; cet individu pourrait d’ailleurs

être celui qui fait ce calcul. Mill affirme que l’utilitariste se doit d’être « aussi

rigoureusement impartial qu’un spectateur désintéressé et bienveillant »; dans ce

cas, il devrait se sacrifier lui-même pour le bien-être du groupe.

 Exercice (dilemme moraux) : est-ce que le principe « le plus grand bonheur du

plus grand nombre » présente certaines lacunes? (voir solutionnaire)

 On a vu que le calcul d’utilité doit être fait à chaque action entreprise. Un tel

calcul peut devenir difficile à faire à chaque fois, particulièrement si on

considère que nos actions ont des répercussions importantes que l’on peut

difficilement calculer sans des recherches poussées concernant la situation (ex. :

acheter tel ou tel chandail, manger tel ou tel met, etc.) C’est ce qu’on appelle

l’utilitarisme de l’acte.

 Pour faciliter le calcul, on peut calculer la balance des plaisirs de l’adoption

d’une règle par exemple, « il est interdit de tuer et de voler ». Dans ce cas, on

évalue les conséquences de l’adoption d’une règle pour calculer la balance des
plaisirs de l’adoption de cette règle; dans ce cas, le respect de la règle doit

toujours être là. Cette approche comporte certains avantages sur l’utilitarisme de

l’acte. Outre la plus grande facilité du calcul utilitaire, elle permet de considérer

les différents cas se présentant avec un jugement d’ensemble moins propice à

être influencé par des jugements de préférences; elle force aussi de considérer

les impacts à long terme des actions. Par exemple, on peut considérer que voler

un pain pour se nourrir est ok lorsqu’on est dans l’impossibilité de s’en procurer

d’une autre façon et qu’on en a besoin pour vivre; cependant, si on considère

cela comme une règle à adopter par une société (voler est ok si c’est nécessaire

et qu’il n’y a pas d’autres issues), on peut imaginer que cette société aura de la

difficulté à assurer le bien-être de ses membres.

 Elle comporte aussi certains désavantages qu’il faut mentionner. La règle est un

outil pratique permettant de calculer plus facilement la balance des plaisirs

d’une action. Le respect de la règle est considéré ici comme une façon sûre

d’assurer un maximum de bien-être. Mais il y a plusieurs cas où enfreindre cette

règle résulterait en un plus grand bonheur pour tous, particulièrement s’il

l’accroc n’est jamais dévoilé.

o Question : trouvez des cas où une exception à la règle mène à plus

de bonheur que le respect de cette règle.

On peut donc accepter que la règle favorise une balance des plaisirs supérieure,

mais tout de même admettre que certaines exceptions peuvent être justifiées.

Mais dans ce cas, on est plus tout à fait dans un utilitarisme de règle, et de plus

en plus vers un utilitarisme de l’acte. On perd les avantages…


 De l’autre côté, si on affirme qu’il faut toujours respecter la règle, même dans

les cas où un accroc mènerait à un plus grand bonheur total, on s’éloigne de

l’utilitarisme et on se met à affirmer que ce qui est bien, c’est le respect de la loi

(plutôt que d’affirmer que ce qui est bien, c’est ce qui maximise le bonheur

total). C’est une autre théorie éthique (les éthiques du devoir) qui comporte ses

forces et ses faiblesses, mais ce n’est plus de l’utilitarisme.

 Mill semble pencher des deux côtés. Il affirme que l’adoption de certaines règles

favorise le bonheur général (par exemple, il parle de noblesse de caractère p. 21-

22; il parle aussi du danger de mentir ailleurs), ce qui semble indiquer qu’il

adopte un utilitarisme de la règle; cependant, il accepte certaines exceptions,

dans certains cas, ce qui indique qu’il pencherait plutôt du côté de l’utilitarisme

de l’acte.

 Peut-être que les règles utilitaristes ne sont que des guides pratiques, des

raccourcis de calcul; peut-être que les règles doivent, au fur et à mesure des cas,

spécifier quelles sont les exceptions…Dans tous les cas, un calcul utilitariste

d’une règle reste très pratique (voire essentiel) pour l’adoption d’une loi.

 Au niveau politique, l’utilitariste doit gouverner en produisant le plus grand

bonheur du plus grand nombre. Pour y arriver, Mill et Bentham proposent 2

moyens d’encourager les actions bonnes (celles ayant la balance des plaisir la

plus élevée) dans la communauté.

 Tout d’abord par l’éducation. Par exemple, Mill parle du fait que l’altruisme est

une qualité qui doit être encouragée et développée chez les citoyens; elle est

bonne pour le plus grand nombre, mais il croit même que l’altruisme est bon
pour celui qui la pratique. Par l’éducation, on enseigne aux citoyens à

rechercher les plaisirs les plus profitables pour le plus grand nombre.

 Il y a aussi par les sanctions; on punit les actions qui ont une balance des plaisirs

négative pour le plus grand nombre, même si elles peuvent apporter de grands

plaisirs pour certains individus. Bentham parle de 4 sanctions :

o les sanctions naturelles où les actions de l’individu ont un impact

sur son environnement, qui lui est par la suite plus hostile et moins

plaisant. Ex : polluer la rivière où on puise notre eau potable.

o Les sanctions sociales où nos actions entraine la réprobabtion des

autres et un jugement négatif à notre égard de leu part. Ex. : jeter

ses ordures par la fenêtre entraine la réprobation des voisins et des

passants

o Les sanctions religieuses où nos actions entraine une colère divine

ou autre type de malheur religieux (enfer, purgatoire, âme souillée,

etc.). Ex. : coucher avec la femme de son voisin envoie un chrétien

en enfer.

o Les sanctions légales (les plus importantes pour notre étude,

puisqu’elles sont imposées par l’état, donc influencées par une

analyse de philosophie politique) où la loi répond à une action en

exigeant une rétribution de la part de l’individu. Ex. : commettre

un meurtre au 1er degré est passible d’une peine de prison à vie au

Canada.
 Mill souligne l’importance d’imposer des sanctions légales dans certains cas

seulement. Selon lui, l’État est justifié d’imposer une sanction à un individu

seulement si ses actions porte préjudice à autrui. Selon lui, si ce n’est pas le cas,

aucun « vice individuel » ne devrait être sanctionné par la loi.

You might also like