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Plan détaillé commentaire Rousseau – France Culture

I/ Présentation de l’ouvrage et de l’auteur :


- quelques mots sur J.-J. Rousseau éducateur et son expérience de précepteur
- Le Mémoire présenté à M. de Mably sur l’éducation de son fils ; quelques mots sur ce
texte très précoce (1740), d’un Rousseau d’avant Rousseau ; quelques mots sur la place
de cette réflexion sur le bonheur dans le projet éducatif d’ensemble qui forme l’enjeu
souterrain du texte : « Quel est le vrai but de l’éducation d’un jeune homme ? C’est de le
rendre heureux. »

II/ Introduction du commentaire du texte :


- l’objet : le bonheur – proposition de définition et tour d’horizon du lexique du bonheur
(bonheur, félicité, joie, plaisir)
- le problème : la définition du bonheur permettant de l’atteindre par plusieurs chemins
permettant d’arriver au même but – la satisfaction, c'est-à-dire l’extinction du désir –
quel moyen choisir pour y parvenir ? Faut-il privilégier l’intensité des désirs et des
satisfactions ou bien au contraire faut-il apprendre à se contenter de peu ?
- la thèse de Rousseau : la voie de la limitation, de la modération et de la mesure
contribue plus au bonheur que la voie de l’intensité, de l’excès et de la démesure
- plan de l’argumentation en forme de comparatif (cf. découpage du texte en annexe) :

A- L’énoncé du problème : deux voies qui paraissent mener au bonheur, mais


aucune des deux n’est suffisante ; il manque à chacune ce qui fait la force de
l’autre et elles sont malheureusement contradictoires

Conclusion intermédiaire : le véritable bonheur, qui serait l’alliance de la vivacité de la


jouissance et de la durabilité de la satisfaction, est donc inaccessible – que doit-on alors
privilégier ?

B- Méthode : puisqu’il faut choisir, comparaison des effets à court comme à long
terme de chacune des deux voies possibles
1) la voie de la jouissance et de l’intensité
2) la voie de la modération

Objectif du 1) = renverser progressivement l’impression commune que c’est la voie de


l’intensité qui l’emporte sur l’autre – du moins si l’on suit l’évolution du bonheur avec le
temps, c’est tout l’inverse qui est vrai
a) supériorité apparente de la jouissance sur la modération
b) deux raisons qui vont d’abord rétablir l’équilibre, puis le renverser carrément

III/ Commentaire linéaire du texte

Détail de l’argumentation et des concepts employés, partie par partie.

Points à développer en particulier :


- le problème et sa résolution : mathématiser le problème du bonheur ?
- le facteur temps dans la question du bonheur
- le rôle de l’imagination dans la perte d’intensité de la vie de jouissance
IV/ Deux questions pendantes à la suite de ce texte :

A - modération vs. excès : la liberté se trouve-t-elle du côté du contrôle ou de


l’excès ?
1/ Libérez la jouissance ! Examen de quelques critiques morales (Calliclès,
Nietzsche, …) de l’idéal de modération ici assumé par le jeune Rousseau
2/ Le facteur temps peut-il et doit-il jouer un rôle dans la recherche du bonheur ?
Construit-on son bonheur en ayant l’avenir en ligne de mire ou bien doit-on faire droit
au fait qu’on ne vit qu’un instant à la fois ?
3/ Jouissance, consommation et accélération : l’idéal de jouissance n’a-t-il pas
aujourd’hui été vidé de sa puissance émancipatrice et enrôlé au service des plaisirs
tristes de la domination ?

B - Rousseau contre Jean-Jacques – un comparatif des thèses de Rousseau sur le


bonheur

1/ le bonheur est-il dans le désir et l’anticipation ou bien dans l’extinction


du désir ? L’imagination est-elle la condition du bonheur ou bien sa pire ennemie ?
Comparaison des thèses du texte avec la lettre VIII de la 6ème partie de la Nouvelle
Héloïse de Rousseau lui-même :
« Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce
qu’on obtient que de ce qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. En effet, l’homme,
avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de
lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en
quelque sorte, et, pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.
Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet lui-même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux de son
possesseur, on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède,
l’illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être
habité, et tel est le néant des choses humaines, qu’hors l’Etre existant par lui-même il n’y a rien de beau
que ce qui n’est pas ».

2/ Faut-il vraiment lutter contre nos désirs ou « jouir de tout notre être » ?
L’intensité des désirs comme jouissance de soi.
Comparaison des thèses du texte avec le texte suivant, tiré du livre II de l’Emile

« En quoi donc consiste la sagesse humaine ou la route du vrai bonheur ? Ce n’est pas précisément à
diminuer nos désirs ; car s’ils étaient au-dessous de notre puissance, une partie de nos facultés resterait oisive, et
nous ne jouirions pas de tout notre être. Ce n’est pas non plus à étendre nos facultés, car si nos désirs
s’étendaient à la fois en plus grand rapport, nous n’en deviendrions que plus misérables : mais c’est à diminuer
l’excès des désirs sur les facultés, et à mettre en égalité parfaite la puissance et la volonté. C’est alors seulement
que toutes les forces étant en action l’âme cependant restera paisible, et que l’homme se trouvera bien ordonné.
C’est ainsi que la nature qui fait tout pour le mieux l’a d’abord institué. Elle ne lui donne
immédiatement que les désirs nécessaires à sa conservation, et les facultés suffisantes pour les satisfaire. Elle a
mis toutes les autres comme en réserve au fond de son âme pour s’y développer au besoin. Ce n’est que dans cet
état primitif que l’équilibre du pouvoir et du désir se rencontre et que l’homme n’est pas malheureux. Sitôt que
ses facultés virtuelles se mettent en action l’imagination, la plus active de toutes, s’éveille et les devance. C’est
l’imagination qui étend pour nous la mesure des possibles soit en bien soit en mal, et qui par conséquent excite et
nourrit les désirs par l’espoir de les satisfaire. Mais l’objet qui paraissait d’abord sous la main fuit plus vite qu’on
ne peut le poursuivre; quand on croit l’atteindre il se transforme et se montre au loin devant nous. Ne voyant plus
le pays déjà parcouru nous le comptons pour rien; celui qui reste à parcourir s’agrandit, s’étend sans cesse ainsi
l’on s’épuise sans arriver au terme et plus nous gagnons sur la jouissance, plus le bonheur s’éloigne de nous.
Au contraire, plus l’homme est resté près de sa condition naturelle, plus la différence de ses facultés à
ses désirs est petite, et moins par conséquent il est éloigné d’être heureux. Il n’est jamais moins misérable que
quand il parait dépourvu de tout: car la misère ne consiste pas dans la privation des choses, mais dans le besoin
qui s’en fait sentir ».
Annexe :

A - "Je conçois deux manières d’arriver à la félicité. L’une en satisfaisant ses passions et
l’autre en les modérant : par la première on jouit, par la seconde on ne désire point, et
l’on serait heureux par toutes deux s’il ne manquait à l’une cette durée et à l’autre cette
vivacité qui constituent le vrai bonheur.

B- Les routes pour arriver à ces deux états sont entièrement opposées, il faut donc opter,
et le choix est aisé si l’on compare les effets de l’un et de l’autre.

1)
a) On ne saurait nier qu’un homme qui savoure à longs traits le plaisir et la
volupté ne soit actuellement plus heureux et ne jouisse mieux des charmes de la vie que
celui qui ne désire ni ne possède point.
b) Deux choses me semblent pourtant rendre l’état du dernier préférable.
- En premier lieu : plus l’action du plaisir est vive, et moins elle a de durée ; c’est un fait
incontesté. On perd donc sur le temps ce qu’on gagne sur le sentiment ; jusqu’ici tout
serait compensé.
- Mais voici en quoi la chose n’est pas égale : c’est que le goût ardent des plaisirs agit
d’une telle manière sur l’imagination qu’elle reste émue, même après l’effet du
sentiment, et prolonge ainsi le désir plus loin que la possibilité de le satisfaire.

D’où je conclus que la jouissance immodérée du plaisir est pour l’avenir un principe
d’inquiétude.

2) Au contraire : les peines d’un homme qui, sans avoir joui, n’a que quelques désirs à
combattre, diminuent à mesure qu’il gagne du temps, et la longue tranquillité de l’âme
lui donne plus de force pour la conserver toujours. Son bonheur augmente à mesure que
celui de l’autre diminue."

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