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1 Nombres Complexes
Le carré d’un nombre réel est connu pour être toujours positif. Ainsi, l’équation
x2 = −1 n’admet pas de solution dans R. Afin de doter de telles équations, dépourvues
de solutions réelles, de solutions “fictives”, les nombres dits complexes furent intro-
duits à la fin du XVIème siècle. Ce fut un succès immédiat puisque ces quantités
abstraites se prêtent très bien au calcul algébrique. Plus d’un siècle plus tard, A. Fres-
nel découvrit qu’une représentation complexe convenable permettait un traitement
efficace de questions liées aux phénomènes électromagnétiques, conférant ainsi à l’en-
semble des nombres complexes le statut définitif d’outil scientifique.
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si z $= 0, alors z −1 = 2 (a − ib).
a + b2
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Jérôme Dubois “Algèbre et Analyse élémentaires”
b a + ib
1 i
−
→
v
0
−
→
u a
−−→
Le nombre complexe z s’appelle l’affixe du point M ou du vecteur OM .
Le module |z| de z est la longueur du segment [OM ].
L’image du conjugué z de z est le symétrique de l’image de z par rapport à l’axe
des abscisses.
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sin θ
! −1 , 2 "
! √2 , 2 3 "
!−
√
(0, 1)
"
√ 3
√ 2 ,
√
2 2
1
2
" 2 3 π 13
!
√ 2
2 2
,
!
− √ 2
2
π
"
1
2 3, 1
π 1 5
3 !√ 3 , 2
3 4
◦
90 π
"
2 4 2
60 ◦
5π π
20 ◦
45 ◦
6 1
◦
6
50 ◦ ◦
30
(−1, 0) π 180◦ 0◦ 0 (1, 0)
◦
0 33 cos θ
21 0 ◦ 11
3 2 25 ◦
7π π
31 0◦ 3
40 ◦
6 6 !√
30
5
4π 2
"
−1
5π
3
7π 4
270◦ 2 , −1
! − 23 , 2
4
√
5π
"
!√
"
3π 2
,− √
2 2
! 1 ,−
2
2 ,
"
− 2
√ 2
2 3
2 , − √
2
− √
2 2
(0, −1)
"
√ 3
!
2
−1
"
!
y
1
−π π/2 π x
−1
y = sin(x)
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y
1
−π π
π/2 x
−1
y = cos(x)
sin θ
Lorsque cos θ $= 0, on définit tan θ = cos θ
. Observons que, pour tout
x ∈ R \ {π/2 + kπ | k ∈ Z}, on a :
cos2 θ + sin2 θ = 1.
−π 0 π
−π/2 π/2 x
y = tan(x)
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(b) Relations entre les fonctions sinus et cosinus. — Les fonctions sinus et
cosinus sont 2π-périodiques : pour tout θ et tout entier k, on a
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y y = arcsin(x)
π/2
1 y = sin(x)
−π/2
π/2 x
−1
−π/2
2. la fonction θ '→ cos θ réalise une bijection de l’intervalle [0, π] sur l’in-
tervalle [−1, 1] (voir Fig. 7), ainsi pour tous réels x, y tels que 0 ! x ! π
et −1 ! y ! 1
y
y = arccos(x)
π
3
π
x
−1 1 2 3
−1 y = cos(x)
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y
π y = tan(x)
π/2
y = arctan(x)
x
−3 −2 −1 1 2 3
−π/2
−π
−−→
argument de z, noté arg(z), une mesure θ de l’angle (→
−
u , OM ) (bien définie à un
multiple de 2π près), voir Fig. 9. Ainsi, on a :
z
Im(z) = r · sin θ
|z| = r
−
→
v θ
0
−
→
u 1 Re(z) = r · cos θ
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' (
La fonction arctan dont les valeurs sont dans l’intervalle − π2 , π2 , permet d’écrire
l’argument θ de z ∈/ iR en fonction de ses parties réelle et imaginaire :
& " #
arctan ab si a # 0
arg(z) = θ = " #
arctan ab + π si a < 0
3. Exemples.
(a) L’argument de 1 vaut 0 (modulo 2π).
(b) Les nombres réels strictement positifs ont un argument nul, modulo 2π ;
les nombres réels strictement négatifs ont un argument égal à π, modulo
2π.
π
(c) L’unité imaginaire i est d’argument 2
(modulo 2π).
(d) Les imaginaires purs non nuls ont un argument congru à ± π2 , modulo 2π,
selon le signe de leur partie imaginaire.
√ √ " # " #
(e) L’argument du nombre complexe 22 + i 22 = cos π4 + i sin π4 vaut π4
(modulo 2π).
π
(f) L’argument du nombre complexe 1 + i est 4
(modulo 2π), celui de −1 + i
est 3π
4
(modulo 2π).
autrement dit,
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Im
i
eiθ = cos θ + i sin θ
sin θ
θ
0 cos θ 1 Re
eiθ + e−iθ
cos θ = Re(eiθ ) =
2
et
eiθ − e−iθ
sin θ = Im(eiθ ) = .
2i
Lorsque θ varie entre 0 et 2π, l’image du nombre complexe eiθ décrit le cercle
unité (voir Fig. 10).
!
On vérifiera que pour tous z, z ! ∈ C \ {0} tels que z = reiθ et z ! = r ! eiθ :
z = re−iθ
1 −iθ
z −1 = e
r
!
z · z ! = rr ! ei(θ+θ )
z p = r p eipθ
Remarque : On constate que lors d’un produit de deux nombres complexes,
leurs modules se multiplient et leurs arguments s’additionnent. En particulier,
la multiplication par i s’interprète en termes géométriques comme la rotation
de centre O et d’angle π2 .
7. Exemples.
(a) Linéarisation de cosp θ, sinp θ.
Grâce à la formule d’Euler combinée à la formule du binôme, on peut
calculer cosp θ, sinp θ comme combinaison de cos et sin.
Calculons par exemple cos3 θ et sin3 θ.
On a, grâce à la formule d’Euler :
) iθ *3
e + e−iθ
cos3 θ = .
2
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de sorte que
inx
nx
e 2 sin 2
i(n−1)x sin nx2
S= =e 2 · .
e
ix
2 sin x sin x2
2
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Z = α + iβ.
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√ π
Observons que le module de 1 + i est 2 et qu’un argument vaut 4
,
modulo 2π. Ainsi sous forme trigonométrique, on a
π
(••) z1 = 21/4 · ei 8 et z2 = −z1 .
π
Des équations (•) et (••), on tire les formules suivantes pour cos 8
et
sin π8 :
! √
π 1 2+ 2
cos = 1/4 · Re(z1 ) = ,
8 2 2
! √
π 1 2− 2
sin = 1/4 · Im(z1 ) = .
8 2 2
2. Résolution dans C d’une équation du second degré.
(a) Principe. — Soient a, b, c sont trois nombres complexes avec a $= 0.
L’équation az 2 + bz + c = 0 d’inconnue z admet toujours deux solutions :
−b + δ −b − δ
z1 = et z2 =
2a 2a
où δ est l’une des racines carrées (dans C) du discriminant ∆ = b2 − 4ac.
On notera que z1 + z2 = − ab et z1 z2 = ac , de sorte que
az 2 + bz + c = a(z − z1 )(z − z2 ).
(b) Exemples.
i. Solutions de l’équation : z 2 − (1 − 2i)z + 1 − 7i = 0.
Cette équation est équivalente à l’équation suivante :
) *2
1 − 2i −7 + 24i
z− = .
2 4
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On retiendra que tout nombre complexe non nul Z a n racines nième distinctes,
ces racines ont même module, égal à |Z|1/n , et leurs arguments diffèrent de 2kπ
n
pour k = 0, . . . , n − 1. Ces racines sont situées sur un cercle de centre O et de
rayon |Z|1/n . Si n > 2 ces images sont les sommets d’un polygone régulier à n
côtés.
4. Racine nième de l’unité. Le nombre complexe 1 a pour module ρ = 1 et
argument α = 0. Les racines nième de 1 sont donc de la forme :
2k
zk = ei n π pour k ∈ {0, . . . , n − 1}
On observera que les images des racines nième de l’unité, pour n > 2, sont les
sommets d’un polygone régulier à n côtés.
5. Cas particuliers.
(a) Pour n = 1, la seule racine de l’unité est 1 ;
(b) Pour n = 2, les deux racines carrées de l’unité sont 1 et −1 ;
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Pour obtenir toutes les racines 6ième de 8i, il suffit d’en avoir une, puis de
la multiplier par les racines 6ième de l’unité. L’équation (() nous donne
l’une d’elle. Les autres sont donc :
) √ *
1 3 1$ √ √ %
(1 − i) +i = 1 + 3 + i( 3 − 1) ,
2 2 2
) √ *
1 3 1$ √ √ %
(1 − i) − + i = −1 + 3 + i( 3 + 1) ,
2 2 2
−1 + i
) √ *
1 3 1$ √ √ %
(1 − i) − − i = −1 − 3 + i(1 − 3) ,
2 2 2
) √ *
1 3 1$ √ √ %
(1 − i) −i = 1 − 3 − i(1 + 3) .
2 2 2
"π# "π# √
(c) Calcul de cos 12 et sin 12 . Les racines 6ième de 8i ont pour module 2
π
et pour argument respectif les nombres 12 + 2k π avec k = 0, . . . , 5. Ainsi
6 √ "
π
"π# " π ##
la racine 6ième de 8i qui a pour argument 12 est 2 cos 12 + i sin 12 .
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Ses parties réelles et imaginaires sont positives et sa partie réelle est supérieure
à sa partie imaginaire (car 0 < π/12 < π/4). On a donc
√ $ $π% $ π %% 1$ √ √ %
2 cos + i sin = 1 + 3 + i( 3 − 1) .
12 12 2
Par conséquent en identifiant les parties réelles et imaginaires, on a :
$π% √ √ √
1+ 3 2+ 6
cos = √ =
12 2 2 4
$π% √ √ √
3−1 6− 2
sin = √ = .
12 2 2 4
" #n
Démonstration. — On a eiθ = einθ . Il ne reste plus qu’à utiliser la formule
d’Euler pour conclure à l’égalité ((). "
La formule de Moivre peut également s’obtenir par récurrence.
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$ √ %14
1 3
(d) Ecriture sous forme cartésienne du nombre complexe : 2
+i 2
.
√
1 3
Commençons par écrire le nombre + i 2
sous sa forme trigonométrique :
2
√
1 3 π π
+i = cos + i sin .
2 2 3 3
Une application de la formule de Moivre permet d’obtenir :
) √ *14
1 3 14π 14π
+i = cos + i sin .
2 2 3 3
Observons de plus que 14π
3
= 4π + 2π
3
, de sorte que
) √ *14 √
1 3 2π 2π 1 3
+i = cos + i sin =− +i = j.
2 2 3 3 2 2
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1.7 Exercices
√ √ √
1. Soient z1 = 2 6(1 + i) et z2 = 2(1 + i 3).
(a) Déterminer les formes exponentielles et trigonométriques de z1 et z2 .
z1
(b) Déterminer la forme cartésienne de z = z2 .
(c) Calculer les formes exponentielle et trigonométrique de z.
π π
(d) En déduire les valeurs de cos 12 et sin 12 .
2. Déterminer les nombres complexes z tels que z 2 + z + 1 est réel.
3. Déterminer les nombres complexes z tels que z 2 + z − 1 = 0.
4. Déterminer les nombres complexes z tels que z 2 − 2z + 1 = 0.
5. Pour n ∈ N, calculer
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