Professional Documents
Culture Documents
Discours de
François Hollande
Périgueux
17 octobre 2009
-
La France après la crise :
Une réforme fiscale pour
une France plus juste
et plus forte
Discours de
François Hollande
Périgueux - 17 octobre 2009
Préface
par Stéphane Le Foll
Président de l’association Répondre à Gauche
La crise semble se retirer ; elle est comme une immense marée qui,
à un moment, nous a submergé et qui amorce le reflux. Elle laisse
derrière elle un champ de désolations : un chômage supérieur à
10% de la population active, une croissance timide, des déficits
exceptionnels et une dette publique qui gonfle comme une bulle
au point de provoquer la prochaine déflagration financière.
Cet âge d’or n’existe pas ; le monde meilleur n’est pas derrière nous,
il est devant. Le progrès scientifique, le progrès des techniques,
le progrès humain, le progrès des droits, tout cela se poursuit.
L’Humanité avance. La richesse se diffuse. De nombreux pays
émergents accèdent à la consommation de masse et à des modes
de vie comparables au nôtre.
Ainsi, cette grande réforme fiscale que nous avions tant et tant
annoncée, nous ne l’avons pas en définitive menée, voire même
engagée.
Une assiette large, une base large avec des taux modérés et
progressifs.
Est-ce à dire qu’il ne faut plus avantager ceux qui ont recours
à un emploi à domicile ou à un logement à haute qualité
environnementale ou à un investissement supposé utile en matière
de culture ? Sûrement pas mais l’intervention publique relève
alors d’une subvention, d’une allocation, d’un avantage, mais en
aucune manière, d’une réduction ou de l’assiette ou de l’impôt lui-
même. Le prélèvement doit être sur le revenu global.
D’autant plus sûrement que la droite fera toujours croire qu’il est
possible de se dispenser de l’effort en mettant en cause la dépense
publique et la protection sociale.
- Une réforme fiscale pour une France plus juste et plus forte - 21
Nous sommes pour l’impôt non pas pour spolier mais pour
préparer, pour investir, pour financer, pour stimuler. La
fiscalité révèle l’état d’une société : « Dis moi quels sont tes
impôts, je te dirai dans quel pays tu vis ».
Nous devons être précis, pédagogue dans l’effort qui sera demandé
aux uns et aux autres. Sinon nous inquièterons tout le monde.
- Une réforme fiscale pour une France plus juste et plus forte - 23
Nous devons en finir avec une logique d’excuses parce que nous
n’aurions pas bien fait avant ou parce que nous ne serions pas
suffisamment « sûrs » après. Nous ne pouvons pas nous situer
dans une logique de soumission à l’égard de nos possibles alliés,
courir derrière ceux qui ne veulent pas de nous et repousser ceux
qui veulent nous rejoindre. Nous devons être au clair sur les
idées, sur les clivages, rassembleurs et forts.
Les baisses d’impôts réalisées par la droite depuis 2002 ont été
sources d’inégalités, car elles ont privilégié les plus aisés. Elles
ont rompu le contrat social en donnant plus à ceux qui ont déjà
beaucoup, et en faisant porter l’effort sur tous les autres. Enfin
elles ont amputé les moyens de nos politiques de solidarité.
Plus généralement, la droite substitue progressivement un
mécanisme d’assurance privée à nos politiques de solidarité
nationale. Or un système social fondé principalement sur
l’assurance privée, comme le système américain par exemple,
est plus coûteux (c’est aux Etats-Unis que le poids des dépenses
de santé dans le PIB est le plus élevé), injuste (une très grande
proportion de la population américaine vit au-dessous du seuil de
pauvreté) et moins efficace (le niveau des retraites américaines
financées par des fonds de pension s’est abaissé du fait de la crise
financière). C’est d’ailleurs pour ces raisons que Barack Obama
s’est engagé à créer un véritable système américain de solidarité
nationale.
Nicolas Sarkozy applique une politique opposée à celle de Barack
Obama : il s’attaque aux mécanismes de solidarité nationale, alors
que le président américain se bat pour les renforcer.
Nous ne voulons plus d’une politique fiscale qui fait reculer la
justice sociale, qui pénalise l’emploi et qui menace le financement
de la solidarité nationale.
Nous voulons engager une réforme fiscale globale qui repose
sur les quatre grands principes suivants :
28 - Une réforme fiscale pour une France plus juste et plus forte -