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LM.”
zſ ſ ctzctſ nïſ ſi, n 802199
,- LA
-ïïí-;z THEOLOGIE
'AFF DU COEUR
4_ Ol.]

RHE c; UE I L.
DE QUELQUES TnAlTxſſ-;s

~ ' 'Qui contiennent Ip: lumierer le: Flux


/-'~\\ſ dit/inn de; .Amer _ſimples
Ïc-V
F' Pure:

PREMIERE PARTIE.
ï I… Le Berger illuminé.
Ï II. L’Abregé de la perfection Chr W A A
tienne,
g 1H_ Lal-uïne de Fumeur-propre;

. A C0 LOGNE
Chez JEAN D! LA PIERRE 1690
.ſîc-;c .ÂADPËOÜÆÎÂÆÏP- '
……I>1s Ã\E'..-I.II.

v. .e
ï*
.A
ï
'édition de: excellente: Piéces la'
: (T.) inutilzté de laſageſſe-dn"
z auprés de qui l'on doit chercher ‘
la véritable Sageſſe.
H. ( l) 'L4 Théologie Myſtique , vimlîquie la'
L: raillerie de quelques Daim Critiques. ( 2.) '
.Du mépris que le: ignorem: enfant. (3)~Ï
Deuxſortez de Théologie Myſtique. (4-) l'é-j
ritable idée qu'on en donne. _
III. Beau paſſage de Lnmóergia: ſi” ce! ?ri/ë
ttéres-ZŸÆ. _
1V. (l) Particularité: ſur le: Traité: field'
mms: [ein-s Approbation! . é- qiſilxſhm* à'
l'a/âge de 'touſles Chrétiens; D11 x.
Traite' , le Berger ilîuminé , (3) 'ſon-UHF
table Anthem-ó- flm hiſtorien. (4,) D” u;
Traitíde
tienne. 7)l'Abrégé
Die ur. dela Perfection Chr#
deſAbnégatión Ixité-ſſ
rieure.” ileſtparléelela V! l E‘r !Indé
~ de la grandeùr ;le la eorruſ tion Je l'homme, ñ
V. ( l ) Réponſe â une Objet-Finn capitale de:
Pélñgien: ſur eeſujet. (z) ;Avis de lecture_
ſur ee: Traités. , ñ
VI. ( l) O72 ne ëloitÿä: en faire peu de' :MP5
cauſed” Peu d'éclat Je leurs Anthem-S. (z)
Couche/zoo» de cettePref-Îee; '
IJ
. _N cc triſte-ſiècle , -q-uc par un aveu 1e
ment d'eſprit qui paſſe tout pro igï
l'on appelle unfiéde éclaire' . jt DC_ T9217
S'il pourrait étre quelque choſe de mcxlleur
que de- _faire paroilrc au monde quclïlüfiï
z ‘ 3, trans
PREFACE.
traits de la ,pure St de la véritable lumiere
d'enhauc
nant à la , confronter
pour eſiayer ſi les
avec cellehommes ve
ou ilsſipen
ſeſinrézre, ne pourroient pas ſe convaincre
que leurs lumières ne ſont que ténèbres, 8c
que leurs ténèbres ſont fi épouvantables que
perſonne ne ſe connoit plus ſoiméme, non
plus que la voie qui conduit à laconnoiſ
ſance de la vérité.
Cela pourra peut-étre profiter à l'un ou
5. l‘autre de ceux qui ont encore quelque
volonte' de ſe ſauver &t de ſe retirer de la
voie qui mtine à. la perdition pour entrer
dans celle qui conduit à la vie. On peutaſ
ſurer ceux qui ſeront veritablement dans
ce deſir que s'ils veulent lire avec attention
decœur les piéces de ce petit Recœüil (qui
n'eſt qu'une affaire de peu d'heures,) ils
s'en trouveront tellement éclairés , qu'ils re
connoitrónt ſains peine , avec une certitude à
n'en plus douter jamais 8( avec une con
viction toute pleine, les ténèbres du mon
de. la ~voie infaillible de ſe ſauver. 8c le
ſolide de nôtre veritable devoir 8c de la ve'ri
täble Religion Chrétienne; 6c qu'ayant beu
un trait des eaux pures de cette divine do
ctrine, ils cnleront tellement refaits t qui
perdront avec joie le deſir de toute autre
choſe que l'on pourrait rechercher ſur la
terre.
(L) Il eſt éronnantque les habiles réres
dufiétle éclairé , qui ſont tant de casdc leursñ
doctrines, aient ſi peu d'eſprit, que de nc
pas
* PREFACEL
pasínfſiëker que toutes leurs ſèiences. tou'
tes leurs manières d'étudier les choſes divi
ncsôc humaines, 8C toutes les idées qu'ils
sîet] ſont forgécs, ‘ne valent tien du tout .
par la conſidération des fruits \ſelles pot
tent 8c des effets qu'elles proäuiſent; vû
que jr sus—C H R I ST nous allure que
(a) tout arbre doit jêcoïmoííre par-ſh” fruit.
Or on ne voit pour tous effets des lumières
du fiecleéclñíré que l'accroiſſement de tou
tes ſortes- de maux. On n'y voir que di
viſions , <contentions, animofités , hai
nesimplacables 8: envie de ſe calomnierôc
dc #einer-miner les uns les autres autant
qu'il eſt poffible: On y peut remarquer que
la ſcience des lus doctes 8c des plus mode
rés aboutit en n à l’Atheïſinc: quelcs Phi
loſophes abandonnent Dieu pour adherer à
l'idole vaine de leurraiſon corrompue: que
les
tantplusas finsdcnos Critiquesdencſe
d'étre desſſAthées conten
cœur, ſont
tous curs efforts pour planter par tout lc
vrai Athëíſmc du cœur, je veux dire, lc
Pclagianiſme infernal , qui bannir du cœur
des hommes Dien, ſon Eſprit, ſes opéra
tions intérieures , 8c les lumières de ſa divine
grace par leſqucllesil nous ayertit de nôtre
corruption infinie 8c nous en veut guérirſi
nous leur donnons place, par une véritable
humilité. Mais, ce qui eſt bien le pis dc
tout. Ceſt qu'il n'y a rien de ſi éloi nc' des
eſprits de nôtre ſiècle éclaire', que l' ium-ili_
* 4, té ’
(a) LSIAHLY. ‘ ' ſ
PREEACE
té, niriel] de ſi profondément &defi uni
verſellement enraciné dans eux que l'or
gueil. . -
Cela étant ainſi , comment ſerait-il poſ
ſible que de celles gens fuſſent éclairés de la
Iumiére d'enhauc , puis que Dieu a reſolu
abſolument de ( a) rgſíſter torîjour: au: eſprit:
orgueilleux , ó- de ne donner ſngrace qu'aux
cœur.: humólas; 8c quejeſus- Chriſt loüe ſon
Pere, (b) > de ce qnïl mekefer divine: connaiſ- .
_ſauces au: ſh-uarzs ó- uus effiritó entendus,
pour ne les revéler qu'aux ſimple.- ó- m”.
Petits?
(3) Cela nous doit faireconclure, _que
pour trouver la Sageſle du Ciel il vaut mieux
sŸaddrellſier aus ames ſimples 8c humbles
nÏaux grands genies- du ſiecle éclaire'. Auſ
l voyons nous que Dieu ne nousa commu
uiqué-ſes divines Ecritures que par le nwien'
de cellesames; qu'il eſt dit , que Dieu agira
t0ûj0urs~ ainſi , 8c qu'un jour viendra,
(c) qtià la confuſion de ſe: ennemi: ſa glaire
firu reſſpamvlue par toute lu terre Paz-l'organe
de: patine” um ó- dc ceux qui ffiront allaitan:
â la mamelle de ſa divine lägellè.
Cell pourquoi , loin qu'on doive ſe cho
quer d-c ce qneles di-vins Traités de ce Re
cueil ne viennent quede perſonnes fimples
8C peu conſidérables danslc monde ſavant ,
nous dev-ons plſirôr prendre cela pour un
préjugé en leur ſaveur. Dc vrais ſavansz'
quravoicnt
ſi , joint laA piéce'
~ 8c Phumilixé la.â.

(a) 1.1%”. z. (b) Matfh.ll.,(_c)' PM. 3.' -


P-ILEFACE
la ſcience , ne les en ont pas moins eſtimés-ç
&ilsen ont méme procure' ſouventdiverſCI-ſi
éditions en Italie , en France , en Flan
dres, 8c en pluſieurs autres Provinces , avec
des Approbacious rrés-avaiuagcuſes.
III
(i) Il efl vrai qu'ils ne ſeront pas du
Foût fin 8c delicat dc ſéruditior] ſtérile' 8c
upcrficielle-de certains ſavans. dc certains
Critiques . &de/quelqueseſprirs Pela icns,
qui croiant donner grand poids aus &aides
rallleries qu'ils ſont des' choſes divines
quand ils-les qualifient de myſtiques,, ne
manqueront pas à ſe ſentir tentés de rcnou.
veller ici cette eſpèce de raillerie. Mais on
prie ces Meſſieurs de ſonger, que comme
chacun ſçait qu'un cheval n'eſt pas juge
compétent du prix des pierres précieuſes»
6c qu'il préfére le foin quîlmange 8c la.
paille dont 1l fait litiérc _aus lus XÎClICS dia
mans z auſſi regarde-fon de méme le ju.
gement que ſont , ſur! les choſes divines 8c
éternelles de l'eſprit , certaines créatures-qui
n'y entendant rien ,ññne s'occupent qvſàraó
finer leur goût ani_mal parmy la-pailleec
les ordures de mille vain-es bagatclſes 8c do
mille folies de nul uſage pour; l'éter
niré. (a) Ces-ames ppdarmies ,ñdic l'A
pôtre S. Jude ,_ lzlasfemezzt le; choſe: qu'il:
ne connaiſſent pas; ó- m fimt _que ſi: @anom
pre par cellnguïl; comgrcïxcflià IM! 7114-.
' * z viíroſi
“d '\
KÔÏ jul: 'U1 Iſſy _, . 'd

_J
PREFACE.
niíre brutale comme des béres ſtim intellige nee.
De telles perſonnes croironr ſans doute
avoirbeaucoup de ſujet ou de mépriſer , ou
de décrier les Traités de ce Recueil par la
méme qualité de myſtique, qui peuren effet
leur étre donnée :l bon droit, Puis qu'en
core qu'ils ne propoſent pas un Syſtème ni
Émabrëgé de cette ſorte de Théologie, ils
com énenr néanmoins ce qu'il y ade plus
ſolîiciilldans ſes dogmes, 8c de plus neceſſai
reâ 'ſon introduction. ~'
(a.) Il ne Faudroít pas s'étonner que la
Théologie Myſtique étant , comme elle
l'eſt, le fleau des occupations vainessc des
dfflrractions inutiles, auffi bien que le con
írepoiſon infaillible des héréfies Socinien
nes 8c Pélagiennes , 8L de toutes ſortes d'er
reurs dangereuſes, elle vinſt à deplaire ſi
fort 8c aus vains ſavants, 8c aus diſciples
de Pelageôc de Sorin. Mais que des perſon
nes 8: orrhodoxeséc pieuſes , ſe ſoient laiſſé
prevenir à l'encontre , 'c'eſt aſſurément de
quoi elles sïronneroienc_ elles memes ſi el
lesne l'avaient Fairparîignorance; s'étant
formé une idée chimërique lle cette-divine
Théologie, ſims ſavoir, qu'elle n'était au
tre chole que la plus pure connaiſſance 8c
le plus pur amour de Dieu; ou, que l'u
nion avec Dieu autant qu'il eſt poſſible de
l'avoir-en cette vie ;ou bien , ſelon (a) Ger
fîóh‘-,“ l'union expeïimentale é' gratuite de
Fume avec Dien; 8: méme à labien pren.
²~ “ t dre,
(a) GerſI AIN/ah 36. lit.:
PREFACE.
dre , c'eſt la plus parfaite eſſence de la Re-Ï
ligion Chrétienne, ſans la ſubſtance dela
quclle nulle ame ne parviendra jamaisàla
viſion béatifi ue de nôtre Dieu.
je me pet uade qu'on ne trouvera pas
mauvais que j'eſſaie àdire ici uelque cho
ſe tant pour lîéclairciffement e cette ma
tiére , que pour enlever quelques préju
gés que l'on a ſurce ſujet.
lly en a qui sïmaginent que la Theola
gie myſtique eſt ce qu'on appelle une ex
plication typique ou allégorique de la S.
Ecriture; 8c c'eſt ſur ce pied-là qu'ils en
font l'objet de leur mépris. Mais quoi qu'on
puiſſe dire de cette divine manière d'inter
preterPEcriture allégori nement, ce n'eſt
pas pourtant cela qui eſt a Théologie Myſti
que.C’eſt la Théologie Symbolique ou figu
rative: 8c c'eſt une grande mépriſe que de
prendre l'une pour l'autre. Il eſt bien vrai,
que les interpretations allégotiques portent
quelquesſois le nom de myſtiques: mais
ce n'eſt que par accident, quand il écliet
que la matiére ſoit myſtique; ou bien , im
proprement, quandelle ne l'eſt pas.
D'autres ſe figurent que la Üéolagie
myſiiqye ſoitje ne ſçay quels efforts ridicu
les de sfl-:xtaſier, ou de ne faire nuls actes
d'eſprit, 8c de ne penſer à. rien; ou bien
un amas de viſions bourrues, de ſpécula
tions creuſes , 8c- dïtxpreffions extravagan
tes ui_ne ſignifient rien, &je ne ſiíai quel.
lesc 'ſnerés de cette nature, auſſié oignées
*k 5 \ de
PR E BAC E.,
de la Théologie myſtique que le Ciel( l'eſt
de la terre.
Mais la véritable Myſtique étant tout
autre choſe , _il eſt bon d'obſerver, pour en
avoir-une juſteidée. qu'on peut_ la pren
dre.,en deux différentes ſignifications: la
premiere en lui donnant un ſiſens étroitóc
reſſerré 5 par alors ,z _c'eſt ſeulement l'union
de Panic avec Dieu , ſans conſidérer les voies
qui y ont ſervi de moieiis ~. l'autre ſens eſt
plus étendu , 8: il comprend de plus les
voies ínterieures par leſquelles l'ame peut
arriver à cette divine union.
(3) Or comme dans l'ame il y a &CDX
facultés, principales , ſentendement 8c la
volonté,- ôc quel'0n peut atriveràſunion
divine par l'une 8c par l'autre de ces deux
voies; auſſi la Théologie Myſtique. “ſ5
dans ſa ſignification la lus étendue, Cdi*
viſe en deux eſpécesdi ëreutes, dont cha
cune ado rapport à l'une de ces voies-là.
La premiére eſt extraordinaire : c'eſt
celle de la voie de Pentendcment; qui con
ſiſte en ce que Dieu faiſant ceſſer ſon acti
Viſé. opere dans lui par des manières ſur
naturelles de raviſſemeus &- dextaſes, 8c
par des viſions intellectuelles 1 qui à I3 Vf
rité ne ſe doivent ni mépriſer ni rcjetter
lors qu'elles .viennent véritablement de
Dieu , comme il y en a rant d'exemples
dans la S. Ecriture ; mais auſſi tous les
Théologiensmyſtiques tombent d'accord
que cette voie_ ê( cette eſpèce de Théologie
u
P R E F C E.
myſtique eſt trés-rare z \qu'on ne la doit
jamais deſirer; 8c que ſi l'on y a du pen
chant, l'on y eſt ſujet à mille périls 8c à
milleilluſions diaboliques ou l'on ne \nan
quera as de tomber. Ce n'eſt pas de cette
forte :ſe Théologie myſtique qu'il s'agir
dans les Traités (uivans: 'au contraire', l'on
yen déconſeille exprellèrhenc lc deſir , qui
ne pourroir venir que d'orgueil , de pré
ſomption, Œaveuglemenrôcdzimour pro
pre. 8c ui ne pourroi: avoir 'que de fu
nefles e ets. '
(4) L'autre ſorte dcT/:éologíe Myſtique
qu] regarde la voie de la volonté , conſiflc
en ce qu'on vuidc ſon c-xur de l'eſtime 8c de
l'amour des choſes créées 8c de ſoiméme,
pourlc donner tout à Dieu, 8c pour n'aime:
plus que lui ſeul 8( que l'accompliſſement
de ſa volonte' divine; en ſuite dequoi Dieu
s'uniflant àl’ame la remplit de ſon plus di
vin amour, 8L lui communique ſes lumiéù
res les plus pures. Et c’cſt là. la véritable
Tnfloroc” MYSTXAUE , proper.
tionnëe à la capacité de tous les hommes,
à l'uſage d'eux tous, 8l que plûſt à Dieu
que tous voulullent bien étudier.
Elle eſt apellée Myſtique , c'eſt à dire,
cachéeôz jècrére , rant parce que l'union di
vine ſe fai: intérieurement dans le ſécret du
cœur Puzifié , que parce que les ſavans
mondains ne compréneur rien à ces divines
communications intérieures de la Sageſſe
ê: de l'Eſprit de Dicp: C'eſt ce que \loué
_ 7 ²P~
PREFACE;
apprénent )eſus Chriſt 8c S. Paul en pir
lant de certe ſacrée Théologie. (a) Celui
qui m'aime, diljle_ Fils de Dieu , ſera aime'
Je mon Pere, U-je Paimeraj, ('7- me ferai
connaitre à lui. . . . Si quelqu'un m'aime il
gardera ma parole, ó- mon Pere l'aimer.: ,
ó- nous -viendronx à lui, ó- nous ferons ne'
tre demeure dans lui. (b) Bienheureux ſm:
;mx qui ont le cœur pur; car il! verront
Dieu (c) Nou: annonſons , dit S. Paul, 14
ſhgeffi de Dieu qui eſt M Y S T 104i E ou
en nuI
que MYdexſages
STE 1l Eduſiſiecle
, c'eſt à n'adire» cachée,
connue.. ('5 ſ
. .qu'on
71e peut connaitre queparPEſpÛrit ;le Dieu. . _ _
Léo que l'homme animal ne ſaurait compren
dye; ma” qui luíeſt fblie 8c ſujet de riſéc,
lille eſt encore apellée myſtique ou cachée
parce qu'elle ne ſe peut démontrer :l per.
ſonne par aucun raiſonnement, 8c qu'on
n'en ſauroit prouver iii faire comprendre à.
d'autresla réalité &les vérités par aucunes
idées. Il en eſt ſur cela comme de toutes
les choſes d'expérience. On ne lauroit,
par exemple. prouver par raiſonnement à
une perſonne qui n'aurait jamais vû le So
leil , que cet aſtre eſt brillant de clarre' , ncti
lui donner d'idée de ce qu'eſt ſa lumière;
On ne ſautoir par aucune demonſtration
faire comprendre à quelqu'un qui n'aurait
jamais goûte' de douceur, ce que c'eſt que
. la douceur. De méme auffi ne peut Un ai.
xe comprendre à perſonne les lumières de
cer
(a) 70an- 14. (b) Matth. 8. (c) i Cor. 2..
PREFACE.
cette divine ſcience 8c ſa force , lice n'eſt en'
renvoyant ceux quiveulençläpprcndre , à
l'expérience 8c à la pratique fidelle des
moyens que l'on y propoſe pouratreindrc
àſajouïïlance, laquelle eſt indiſſoluhlede
la connoillauce vive de ce qu'elle eſt , 6c'
avant laquelle on ne peutavoir aucune
vraie idée de ſite que ſes termes ſignifient!
ce qui ell: auffi la raiſon pourquoi les ignoà
rans diſent , que ce n'eſt qu'un amas de
mots qui ne ſignifient rien , tout de méme'
que les termes de lumiere 6c de couleurs (ont
des mots qui ne ſignifient rien à des' aveni
gles-nés. '
111.. . i -
Un grand ſpirituel du ſiecle paſſéjle
trés-éclairé 8c trés-pieus Lansbergius, ex'
prime ainſi ce que j'aurais voulu dire de
plus ſur cette matière.
,. Les Contemplarifè (c'eſt à dire, ccuxſi
n donc l'eſprit 6c le cœur goûtent 8c voyeur
,,Ie Seigneur 8c la douceur, comme par.
,,lc David ,J apellent TlaealogieMj/flique
nou Saqeſſe ivine l'union avec ſiDic-u. Elle
:-conſilîeà connoitre Dieu 8c à le contem
z- pler; à mourir à ſoi 8c à routes choſes
J) Pour \d'étre uni qu'à lui Sc ne vivre qu'en
…lui Cela ſe ſaitlors quelkſpçicdcrhonx'.
d. me par un generenx mépris qu'il fait
nde routes choſes , s'élève au deſſus de tout;
»Sc que renonçant à toutes les créatures
:D qu!
(a) Lam b. Milíce Cha-it. cluſ- 37.
— PREPA-»CE
ſſn qui lui pourraient ſervir dempéchement ,
3, il nc ſe ſoucie de jouïr que de Dieu-.ññ s'u
,, nir par amour à lui , 8c ne- ſonge quïſilui
z, plai-re. C'eſt pourquoi cette union, que
., nous diſons étre apeliée TL-éalogie Myſh
nque, ne peut sbbtenir qu'on ifaitaupa
,,ravant déracine' tous les vices , plante' les
»vertus à leur place , 8c appailë lc tumultc
9, des paffions , qui trouble la vûëintérieu
,, re, 6c ne permet pas â l'ame de pouvoir
., regarder Dieu. Car comme Dieu eſt un
»eſprit
,, trés-pur.
ou ſicontem lé ,queil ne
parpeut
les auffi
amesétre vû
putes.
,, Mais quan le cœur eſt épuré de ſes vices ,
,zil n'a point de peine à s'élever en Dieu
,, comme à ſa vraie origine : 5c il lui eſt
,,aulli naturel de ſe porter vers ſon Créa
,, s'élever
ſi., teur comme ileſt naturel àla flamme de
cn haut.
ſi» On peut inſerer de là, que pour par
.j, Venir à cette union de l'eſprit humain
,, avec l'Eſprit de Dieu, 8c pour ſe rendre
., ſavant en la Théologie _Myſtique , — les
"livres , ni les Docteurs , ni laſubtilité
"d'eſprit, ne ſont nullement néceſſaires.
,, Car iln'y eſt pas beſoin d'un grand tra
l) vail ni d'une grande étude , Dieu ſeul
.. étant comme le Maitrequi enſeigne cette
…divine ſcience , ou qui communique ce
,. don aus ames ures , 8c principalement aus
,, hnmbles , ſe on Faflurance que nous en
z. adonnée le Sauveur lors que faiſant une
n élévation d'eſprit 'au Pere éternel il lui
- ,, di—__
PREFACE.
., diſoit : ( a) J*: 'vom rendsgrate: , ÊPia-e qui
,, ét” le Seigneur du CÏBIÔJB la terre. le”
,. quvæiam caché ce: choſe: a' reuxqui s'eſt/ment_
»ſages ó- radenr, 'vous [em-vez découver
ntes aux umbles. Cette ſcience touteſii
nblime qu'elle eſt, eſt donc commune en
l) tre les doctes 8c les indoctes: &méme il_
” arrive ſouvent que ceux qui ne ſavent rien
,, 8c qui ſont les plus ſimples , [commeles
,. Autheuis des Traités ſuivëaiis ,1 s'y avan
z» cent néanmoins le plus; parce que leur;
,, affection. qui ſſeſtpointenga ée danslx
,, curioſité des ſciences, étant [fins facile
,, ment attirée vers Dieu , ils acquierenr,
»une connoiflanee d'experience des choſes_
,. divines , beaucoup plus grande que-celle de
z, luſieurs perſonnes qui ſont arrivées par;
,,l)eur travail à un haut de ré de ſcience.,
…La raiſon eſt, que la Thaolagía Mzfliqnc
,, ne conſiſtant point en théorie ni en des
,, ſpeculations intellectuelles , la ſubtilité
,, d'eſprit n'y eſt point neceſſaire; maisla
,, pureté du cœur, 8c un pur amour envers
,, Uieu , c'eſt â dire , un amour dégage'
,.descréatures, Bt qui s'exerce ou ſe puiig
., fie par un tenoncemeutâ _toutes choſes.
…Mais quoique cette 'ſcience incompaz
,, table :St cette union avec Dieu puiſſe étre
,.
., pourtant
ſi communeàl'eſtime
tous,,que
celal'on
ne zdiiriinue
en doit glis

,, re. Car quoique nous ayons dit qu'elle


, , peut étre commune à tous z il ne s'en_
ñ "ſuit
'(1) (Matth r i .
PREFACE.
,, ſuit pas néanmoins qu'elle le ſoit, puis
,, que par malheur i] y a ſi peu de perſonnes
…qui aſpirent à ce bien-heureux état . Sc
..li peu qui y parviennent… ll eſt toutes
,, fois certain qu'il mérite d'étre recherche"
,, plus que routes les autres choſes : car
,, aprés que l'homme eſt arrivé à cet état
,, d'union , il ne voit plus rien ni au cicl ni
,, ſur la terre qu’il puiſlc ſouhaiter: 8c pen
,,dant qu'il en ſera éloigne' il ne trouve
,, ra rien dans le monde qui le puiſſe raſ
,,ſafiet. '
,, En effet, qu'y a-t'il de plus noble 8c
,,de plus excellent que cette union avec
,, Dieu ou cette Théologie Myſtique , qui ï
»eſt comme un gage de la gloire ſuture ,
,,un avant-goût du Paradis , 8c un prélu
,, de de la joie ineffable dont les bien-heu
,, reuxiouïſſent dans le ciel? Cette' divine
…ſcience doit tenir le premier rang entre
,, routes; puis que les autres étant pure
., ment humaines , celle-ci n'a point d'au
,,tre objet que Dieu méme , en la con
"templaiion duquel elle s'occupe entiére
,, ment. Les effets des autres ſciences ſont
,,ſi peu utiles 8c durent ſi peu, qu'ils fi
,, niflentavec la vie de celuiqui a conſume'
,, la pluſ art de ſes années pourles acquerir :'
,, Mais a Théologie Myſtique. qui n*eſt‘
,, autre choſe
"verſe ue la contemplation
une aclzondance de Dieu,
de biens ſpirituels

,, dans l'ame, 8c fait qu'elle boit dans la


,, ſource de l'eſſence divine, Où aprés que
l'on
.PREFACE,
,, l'on a bû une ſois. ainſi que dit (a l'E
,, criture, on ne peut plus avoirſoi . Elle
…apporte de ſi grands avantages à l'hom
,, me, qu'elle le reforme 8c renouvelle en
,, tierement , au dedans 6c au dehors. Elle
,, luicommuriique de ſi-grands dons dans
,, l'intérieur , que Pamelè voiantcombléc
,, de toutes ſortes de richeſſes , ne croit oint
,, étre en état d'avoir beſoin d'aucune c oſez
,, C'eſt pourquoi on lui pourroit appli—
,, quer ces paroles de Salomon , lorſque
…racontant les avanraoes b
qu'il avoitac
"Puis en acquerant la Sage e , il diſoic:
.I, 3) Y'a)- ſhubaité d'a-voir dieſem ó- d”
,, jugement', é- cela m'a été donne'. fa) in
,, voquë l'Eſt-rit _deſhgeſſè , é» elle ne m'a,
,, point été refuſee. je n'a? pas mémedſſélui
,, comparer 1e: pierres précieuſes. CM' e” :amd
,, pur-diſh” d'elle l'or perd tout ſim prix, ó
,, l'argent eſt main: eſlime' que Je la 605i”
,, Elle m'a été plu: chére que laſunte' (5- l”
,, beauté; ó- je meſuis reſhlu de !apprendre
,, pour ma *véritable lumière, puis qu'en ef
,fet c'eſt une lumiere qui' ne s'éteint point.
,, Toute: ſhfles de bien: me ſant 'venus avec
,, elle, ó- fny rdv-ſu de ſe: mains de: richeſſe:
,, innombrables. Enfin c'eſt? un rhreſhr iné
,, puífidóle pour ceux qui' ont Ie éim de la
,, poſſeder. _
.. ll n'y a rien dans tous ces élogcsqui ne
,, puiſſe convenir à la Théologie mvſtiquc»
,, que quelques nus appellent Sageſſe (lq/rm.
Out
(²) 704m4- (b) Sax-T'
P R-E F A--C E;
'ſiñTout ce que Salomon a dit de l'Autre c~1β
,, pluſieurs endroits de ſes livres, eſt deu
n àcelle-ci, &encore plusjuſtemenr. Car
,, comme elle eſt un bien le plus grand-de
,, tous les biens. auffi les louanges qu'on
»lui veut donner doiven-tñ ſurpaller toutes.
n loüanges. ñ;
:a Or cela-étant, les-hommes ne de
…vroient-ils-pas tous rendre à cette ſorte»
"d'union avec Dieu, en- laquelle CODſiſtCl
»proprement la Thélogie myſtique? Ncff*
…devroienrñ-ils- as-aſirer de- tout leu:
»cœur à cette ivine ageſſc ſi (alutaireôt
,, ſi utile? ll n'y-a certainement nul dans!
"le monde qui ne le dcuſt faire. Et néan-l
,, moins bienñloin d'y ſonger on voit que,
"preſque tous leshommes s’abandonnent~
,, a leurs paſlions; 8c au-lieu dechercher
»Dieu dans leur intérieur, Oli il eſt -Eoû
»jours- preſt deexreîrieuremenr
,ſilsſcdiffipent leur faire lêntir
, 6Claſegrace,
loiiil-ſſ
z, lent toujours d'avantage par lïmpurcte'
,, de leurs deſirs. O quel compçe Dieu leur
,, demandera-film jour dumauvais cm
,, ploi quîils-auront- fait du temps z 8C d.:
,, pluſieurs choſes quileur ayant c'te' clon
..nées pour arriver auplus ſublime degre”
»de la P ERPICTION CH-lLEſſT r s N
,,N n , n'auront cependant c'te' emploíées
,..<ſ'[u’à des plaiſirs St :ſides amuſemens non
,,. eulementñ inutiles , mais encore crimi
p; IÎÛlI l

1V».
-PîRI-IFACE.

I V.
( i) Comme c'eſt de cette Sageſſe du ciel
que ſont pleins les Traités ſuivans, on ſe
perſuade, aprés tout ce que-l'on vient de
dire , queirccpté-lesimpies &les profanes,
nul de ceux qui ſont proſeffion du Chriſtia
niſme ne pourra les regarder qu'avec eſtime
ni les lire qu'avec une édification ſinguliè
-re , loin d'y trouver quelque ſujet dächop
pement. (Qoique les Approbation: des
Docteurs Catholiques que l'on y a jointes,
ſemblent ne les mettre hors de toute diffi
culté que pour .les Catholiques ; nean
moins , ceux qui ſe ſont ſéparés d'eux, ne
pourront ne pas en étre édifiésſpoutvû uc
(ſans ſe donner de peine ſur une comparai on
tirée de l'Eucariſtie qui ſe trouve dans le
Berger illuminé, ni ſur un mot qu'il y die
de 5. joſeph; non plus que ſur un avis qui
regarde l'office des Anges , que celui qulï
publié le premier IZ/ibrégé de la Perfection
Chrétienne. a fait mettre à la fin) ils ne
s'arétent qu'au but principal, 8c à la ſub.
ſtance dechaque Traité, au lieu d'appuyer
ſur des choſes incidentes. que l'on n'a pas
ce
afiſiiendanr dû ces
de laiſſer tetrancher
ouvrages en leur 8c
invariés faveur,
dans
toute eur integrité, avec une entiére fi
délité. _
(z) Le premier de ces Traités 1 qui por
tepour tiltre, L E B Hte. ER rr. Luurus'.
étant propre a'. attirer -le-ctxut à l'amourfiles
C 0'
PREFACE.
choſes éternelles, 8e a reveiller l'eſprit par
uancite'que
divines de l'on
merveilles également
y aptemſſira de la rares
bouche8c

d'un pauvre garçon de paîſan age' d'envi


ron r8 ans. on l'a pour cet effet mis avant
,les deux autres Traités , qui montrer-ont
àceux que la lecture du premier aura orté
à la recherche de Dieu , la voie a uréc
-qtſilsdevtont ſuivre pour le trouver 8L pour
-cnjoiiircommece divin Berger. L'Edition
de Mons deſan 164.8. qui etoitla quatriè
me, &t quicſtcelle que l'on a ſuivie , por.
toit pour: titre. Colloque ſhirizuel d'un ;In-ot
Ecclefiaflique ó- ëfun Berger : Mais on a
mieux aime' prendre le titre dela traduction
-flamcnde qu'on vient d'en publier à An-p
;vers , 6c qui Fintirule , le Berger-illuminé z te
;renant cependant le texte françois de Mons,
qui eſt le texte original , à la reſerve dc
quelques mots hors d'uſages-t de quelques
.phraſes obſcures 8c embaraflées qu'on a
.cânlxé de rendre plus claires, laiſſant tout
de reſte dansla ſimplicité où il étoit_
(3) Cependant on ne doit pas s'imagi
ner que .ces Entretiens ſoient une aventure
aqueſonait voulufeiudrc .Pour donner à la
matiere quelque air &l'attrait ou de Alou-veau
ste'. Ceſt une rencontre dreſs-véritable qui
-cſt-atrtivée réellement au lLllïére Buzin ,
Jeſuïte de la Province de France , qui dans
-unclet-t-re qu'il .écrivit ſur ce ſujet au.) au
tre Religieux ,- nommé, le Rlîcxefrançois
Poire' , lui raccontczquedeſtlui-mémequi
c. \ ‘ 'a ren
PREFACE.
a rencontré 8c entretenu cet admirable Bet#
ger 5 8c lui fait le rapport preſque mot pour
mot d'une grande partie de ces Entretiens.
)’ay trouve' entre les papiers d'un Eccleſiaſti.
que de piété 8: qui avoit beaucoup de con
naiſſances par tout , le commencement
d'une copie de cette lettre , qui contient
ces particularités . 8c queje garde encore.
' (4,) Want aus deux autres Traités, .ce
lui de tfilkniuvſon' D E i. A PERP: c
TioN CHxE-i-!ENNEGE celui de LA
RuïNE DE L'AMOUR PitoPiut PAR
i-'A BN EſſGATKON INTEſſRIIURB; ils
ont été écrits en Italien par une Dame Mi.
lanoiſe , au moins indubitablement celui de
la Perfection Chrétienne. dont l'autre n'é
tant qu'une application 8c une amplifica
tion route tiſſue des memes paroles 8c écrite
du. méme air, il aroit aſſez qu'iln'a pour
autheut que la m me perſonne. je n'ai point
vû l'original Italien, non plus que l'Edi
tion Françoiſe de Paris; mais bien une qui
fiitfaiteiut celle-ci à ArrasPan i6 2.9 , mais
qui eſt ſi pleine de fautes. ſi confuſe 8c ſi
obſcure, qu'elle en eſt quelques ſois tout
a-iait iuintelligible; ſi bien que je ne m'é
tonne pas que &François de Sales ait dit
(a) quelque part touchant ce livre , Pdórégí
le la Perfection Chrétienne, auſſi' bien quel”
Perle E-Uangelíque , fimt de: livre: fa” ab
ſcurs , é-qui ne cheminent que ppr la cime de:
montagnes : il ne s'y fau: 31cm: arréter:
z. en
(l) Eſt-In J4” ÜVU Zn
--PREFACL
en effet, ces deſſauts en rendaient la lectu
reuon ſeulement delàgréable; mais auſſi
inûuctueuſe. L'on' a fâché d'y remedier en
»mettant le :unten-termes plus clairs 6c plus
-intolligihles làns-ôter-pourcant au diſcours
ſa ſimplicité 8L ſans s'éloigner de ſes ex
PreffionsHOn a pour le méme effet rendu
àchaque traité &à chaque ſection ſa place
naturelle; .ortles a diviſés en plus de chapi
-rres \land ilñ étowneceſiaiiäe; on y a mis
des annuaires qui -ſhiitivoir- en un morla
ſubſtance de» leur .Tanzania-Er la~ liaiſon des
zmaeiéressdſnns' aavoiizclrangé. en tout cela ,
—(quc lîonſäuhc ,'=')';uine ſeule penſée du corps
xlectſouvragcï, dont onï a uniquement tâche
«le-pénétrer &le faire comprendre le ſens
-avec toute la ſincerité 8c toute la fidelite' qui
'z'ſe'-ELÏAl-rctegéde
.pourrait ſouhaiter.
laP-erfectianchyétíenne, qui
Zrectnoitledernier rang dans les Editions pré.
-cëdentesg- ou .l'on-avoit auffi tranſpoſe' les
Supplement, devoir étre placée comme elle
:Feſt ici. C'eſt un' Traite' ineſtimable; Je _n'ai
jamais rien vû en ce gcnrcñlà de plus parfait ,
deplus concis, de plus méthodique ni de
plus ſolide
*qui-ſans que cetteenmerveilleuſe
ſiſe répandre railounemenspiéce.
,» ne
-contieiut-quexde puts principes , &t va coû
èjwljs julípſâsla racinedcs voies lesplus pro
--fixidcssc 'les plus inrérieureslle l'eſprit.
1 ~. j'en dois dire tout autant . &encore plus
s'il étoit paiſible. -du Traite' …de IA Ruïne de
'l'Amour proprï p” Fdlbnégation intérieure,
. .-1,3 qu'on
rREEAcE
qu'on a pris la liberté dïntituler ainſi uoí
que l'original n’euſt pour titre que les culs
mots de lbrózeégation Intéríeure : mais com
me il paroit viſiblementquc c'eſt comme une
ſuite de la troiſieme ſection dePAbregé de
la Perfection , oû l'on avoit déja entamé
cette matiere de l'amour propre , que ce
Traité-ci reprend 8c continue en lui appli
cant les preceptes de luth-âgé, on acrû de
voirindiquer cette liaiſon ſurle titre , auſſi
bien qu'y marquer que l'on trouveroit icî
l'explication d'une matiere qui fait bien du
bruit encoreàpréſint, je veux dire, dela
Wzrruoz , qui eſt un des grands points
de la Théologie myſtique. Mais ſi l'on z
jamais écrit ſur cette matiere avec précau~
tion , pour la mettre hors d'abus, 6c pour
découvrir 8c faire éviter toutes les illuſions
du demon 6c de l'amour propre qui pour
roients'y gliſſer , 8c ainſi Rétablir clans une
pureté achevée , il ſhut avoijer que la plume
de cette divine Dame peut bien l'emporte:
par deſſus tous. Alle dirai-je des lumlércg
per antes par où el e découvre ſi à lïnſin:
8c !manifeſtement le monſtre de l'Amour
Propre-Sc de nôtre corruption dans Pabime
dc nôtre coeur 6c dans toutes nos actions ,
méme juſ u'aus plus ſacrées P Certaine
ment cela ?oi-ine de Fépouvante; 8c je' con
ſeſlc , pour moi , que cette découverte-a'
penſe' me ſhire dire plus d'une fois cette pa.
role des Apôtres , Held: Seigneur, qui eſt.
nloucqui pour” äreſautue' .' Eten vérité;
i: f nôtre
PREFACIÊ.
nôtrecorruption eſt fi immenſe, quenous ~
.n'aurions à choiſir que le party dude eſpoir ſi
ce n'eſt que nôtre Liberateur étant Dieu inc'.
me a_une Toute-puiſſance infinie pour ar.
lacher de l'abyme ſans Fond de nôtre cœur
gâté ce monſtre diabolique de l'AMM”,- pro
pre , qui eſt tellement pétri avec nous,,
qu'il ſemble étre ſſdevenii \unoméme choſe
que nous; 8c avoir plûtôt Fate de nous. la,
corruption 8e Finiquité mémezque desſujsts
.ſimplement corrompus 8c déréglës.
.v.

(i) Welquïiu dira peutñétre. que ceci


eſt un Peu trop outre s que ces ſoma dp
;uſées ne ſervent qu'à dëcou-ragr les
Lmlmcs 8c à leur ôter la volonte' de ſom-it
du mal a &c couine Dieu. comm”.
de à. tous
:fiez de aire le que
lîlflnifſieſtcmcfflzl bientous
.- cela ſuppoſe
ne ſont pa:
dans une celle ímpui-ſſaucequc l'on dit. Dieu
lie-pouvant avec équité ,exigerdc Pçríbnnc
ce que l'on d'aides 5c que l'ou- ne peut pae
Voila les_ plaintes. 8c le fort. des diſtipJ-es. de
Delage.. qui ſont bien voir par là que les
voies &Pmtegzívo de l'Eſprit de Dieu leu-r
ſont auſſi_ inconnues. que la corruption de
leu: cœur. Ilefi ſi ſucceſſeurs_ que lcshom
mes perdent lc cpurxgoquïls fondeur ſur
ïuxmémcs: .. 8c. qui »ñ comme_ il parut en
S, Pierre . n'eſt que purs: préſomption,
qu: c'eſt préciſcíizacixr Evaux leur-ôter cocon
rasc que plûrôc cette. orguaillsuſeiæroſmiæ
o. \IDD
FREFACE.
tion de Paix-è du bien par eux , uedîeuü
plait à 1m11- iglculqutt 8c à leur \rt ſentit
vivement 'a imc immenſe de leb: dépreſ
vnripu. Mais 'ce uîeſt pas entrant afin
qu'ils en perdent le courage c fàírelebien
Faâsla grace _qäci DËutſt i-_eſt de chère?
o ceux qui n c vtm mor' un u e-ñ
ment s'en paſſer la dcfircrbhr la lui de
mlndemnt ayccnnc reconnaiſſance ſincère
djriegiríndigençc 2 8: ce n'eſt-que poux-exe
cxu-g dan: Its hommes cvsîdeſir ,— a !rs or'.
ter… a. cette demande, que Dieu exige d un
!chien a' l: vertu qui ñcpcuvént venir dc
lcnrmmrc ſcorrdmpue, maisſrnlemcntde
ſa pure gmbc 8c donation. 'll ne demande de
npup que pour &ire Z116 xcflécnifiäns ſut
nousmçmcsdançlçcÿë tÏcÎc-Iàtrsfärç, 8c
!ccêmotſſadkluegrflîæîihfpxififlängÿàî rigîtrciní
c’- nad poufs a rc on:
i… ez lùïçítmàndÊïïs-ddäùoi &ui-Edùmim
cc qifí-lvcuc de @eſt comme nant!
jçſqs Chriſt îjboixe il I? auäaæ
maide pour 1re qu :-méme ux en' c
mandaſi , ſur quoi il Im' diſhii, (t) Si T”
cormmflbísledm de Dieuz-ó-qm' reins" nin.
demande àëâriej' fi"r1i'connoi isîiaii Erad
ſhé du Scigneurà-(ócîqäre celui qui' rc dc
mande un don eſt l'auteur 8c h \But-cé de,
tous les bicnssc de tous ks dóns ,- Tu lui'
en Iemanzleroi:
cafion toi-médoc:
delà dc lui (tuqlîifflil
demander renredonne
roi-Soc
lui-méme cc qu'il demande de toi éd i?
F* a*- î'. "îfm
(a) Joanq..
PREFACE.
ſaurait donne' de l'eau 'vi-ve Ioîcſïilliroimt
le: je” jufipdes dan! la *vie éternelle: il tc
donneroitla grace 8c ſon S. Eſprit. quiſe
roit en loi la ſource de toutes ſortes de biens
ſalutaites, &de tous les dons quïldemau
de que tu lui faſſes: conſeil que S. Augu
ſtin prariquoít divinement bien ſelon l'in
tention du Sauveur toutes les fois qu'il
ſaiſoit à Dieu cette admirable priere 5
_Donnez mai, Seigneur , ce que *vous com
mandez-, à»ſ commandez
plaira. ſ ct moi ce qu'il vou:
L'on voit bien que cette divine doctrine
anime vivement le cœur de l'homme. lui
donne une ſainte confiance , lui fait évi
ter Porgueil ,V le remplit d'humilité , le
porte a la gratitudeçc a' la reconnoiſſançe
envers Dieu, ;R nous fait rendre à ſa Ma
jeſté l'honneut_, _laqgloire 8e la loüan cde
tout bien comme à lbdxëihcur de tou” ne
’ l
Jon-m'on , à celui qui accomplit tout en tous ,
6c qui doit etre tout en tous. Et comme c'eſt:
par la connoiſſance dela grandeur de nôtre
corruption que l'on entre dans ces états,
l'on ne ſautoir avoir aflez d'averſion pour
les erreurs Pelagíeniies… ui s'y oppoſent ,
ni aſſez d'eſtime
Traités ſuivans, pouríles
qctuinous irvincs vérités
découvrant comdes
bien nous ne valons rien, 8c que nous iom
mes encore bien éloignés du but où nous
voulons atteindre , ſervent au S. Eſprit de
moieiis pour donner à ceux qui ſelveulent
lâxffitrartirer parlui, le courage de s'avan
_, cet
DREEAOE.
cer à grands pas vcrsce but ſouverain, leur
diſant par là comme l'Ange a Elie, (l) Lc
-Ue m' ó-te renforce , car le cbcminguë' te rez/Ze
à faireejZ encore bien long. ’
(a.) Cependant il nſcſl: pas conſcillable
de ſe mettre_ trop enpeine à rechercher ni
àmcſurer, pourainfi dire. la longueur de
ce chemin qui nous reſte àfaire encore, 8c
beaucoup moiusde s'amuſer à_ confidéret en
détail toutes les ſtations plus avancées que
celle ou l'on eſt , pa): une curioſité inutile ,
&même nuiſible, qui ne feroir que diſtrai.
:d'eſprit, 8c lui faire .oublier l'état ou il
eſt alors pour nc le répairre que d'idées ſur
les états qui ſont encore ſi e'l0i nés du lien.
C'eſt ce qu'on ſera bien d’ob crverſſ dans la
lecture des Traités ſuivans , ,od chacun
doit prendre pour ſoi, pour matière deſon
occupation 8c de ſa pratique , ce qui con
cerne l'état où il ſe trouve preſentement,
laiſſantle reſte pour à meſure que l'on s'a
vancera , ſans vouloir le pcnérrer ni l'étu
dier, en raiſonner ni en diſcourir avantle
temps : _on ne pourrait s’en former ainſi
que des idées tres-defectueulſies , pour ne
pas dire trés-fauſſes. jointes à une dange
reuſe imagination d'étre auffi avancé dans
la réalité qu'on le ſeroit dans la ſpécula
tion. A quoi bon regarder ſi loiu de nous
en négligcanr ce qui nous eſt tout proche?
Quiconque détourne ſes yeux du lieu ouil
marche 8c ou il doit mettre le pied pour
*f* 3 les
(1) 3.* FFS' ‘9*,
PREFACE.
les jetter à cent lieües delà. eſt en danger
de tomber â chaque pas 8c de uc point avan
cer. Il nous doit ſuffire de ſçavoir eu ge'
néral qu'on eſt encore bien éloigne' de l'etat
où l'on doit rendre, 8c de regarder ſculeñ_
ment à la ſituation preſente oû'l'oi1 ſetrou
ve, &au premier pas qu'il faut faire pour
alors. Les autres états ſe découvriront plus ’
ſalutairement à meſure ue l'on marchera
plus avant, 8c alors vien ra à uſage ce qui
auparavant n'y (toit pas encore.
Vf…
‘~ (r) je veux croire au reſte, qifilne fè
trouvera perſonne d'allez déraiſonnable
pour mepriſer ces divins Traités ſous pre'
rexte que ce ſeroient des ouvrages de per
ſonnes ſans études, 8c méme veuans en
partie d'une femme, aprés que de trés-ſa
vans 8c de trés-éclairés erſonna es our
approuve', admiré, 8c publie' tant 'autres
ouvra es de filles 8c de femmes auſſrillumi
nées e Dieu que véritablement ſaintes,
telles qu'ont été les Hildegardcs; les Bri
gittes, les troisCatherines, de Sienne, de
Genes, 8c de Boulogne z les Gerirudcs,
Marildes, Angeles, Thereſes, celle qui
a ſait Fadmirable Perle Evangelíque , 8c plu
ſieurs autres encore dont il ſeroit trop
long dc parler. _le ne ſçay d'où pourroitve
nir le dégout que' quelques-uns ont pour
ces ſortes &Pautheurs ſinon de ce uc laiſ
ſant dominer dans eux Porgueil &d'amour
. ' pro.
PREFACE.
propre , ils ne peuvent ſouffrir les moyens '
par ou ces vices ſont le plus choqués. Il
eſt vrai qu'ils le ſont quelques ſois par des
ſavans memes. 8L qui plus eſt , par de grands
8c d'illuſtres
quent aurheurs ainſi
pas dcſſſattirer , quila auſſi ne manle _Ã
eenſureou
mépris de ceux qui ne ſe me-'priſent- 6c i_1e ſeñ
baiſſent pas euxmémes; dïoûñ vient qu'on'
n'a pas peu gronde' contre les trop veritable: ñ
Reflexion: morale: d'unilluſtre (a) Autheur
de ce ſiecle qui a fait voir aus hommes- que
[orgueil 8c l'amour propre ſont la ſource de.
toutes les vertus des honetes gens däiujour-z
dhui
cet amour
: Mais miſerable
il ſaut avouër
ne que_
peuvent
cet orgueil
le ſentir;

choquer plus vivement, que lors qu'un idiot(


vient montrer a des ſavaus , 8c une ſemë;
me à de grands hommes, tant politiques —
qwl-Zccleſialltiques, 8c memes a\ tous lansñ
exception, qu'ils ſont plongés juſques par.
deſlus la téte dans les ténèbres 8L dans la:
boüe du péché; qſſuniverſellement &par
tout l'on eſt hors des fondemens du ve
ritable Chriſtianiſme, qui (ont- l'abri-ega
tion de ſoiméme 8c l'amour de Dieu; que
tous ſont remplis du poiſon de l'Antichſi-_
lliaiiiſme , qui eſt cet amour propre ,
dont i] eſt tant parlé ici; 8c que de plus z'
JESUS-CHRIST eſt à la porte pourex_—
ierminer par ſon Jugement redoutable qui
conque ne voudra pas renoncer a ?orgueil
8c à ce propre amour par embraſier l'humi
* * 4. lité
L (a) Mr, le R” de lg Ævchrfmäïffl:
PRÉFACE;
lité 8c le renoncement â routes choſes 8: ſur
tout à ſoi méme'. ll eſt dur à tous , il l'eſt en
core plus à de ſuperbes ſavane, de ſe voir dire
ſans deguiſement ces ſortes de verirés par des
femmes 8c pardes ignorans. Cependant SŸiIS
veulent ouvrir les yeux rant loic peu , its*
gvänrronr voirzſans peine que laſaÿeſieäe la
nré de Dieu ne pouvoir trouver e moiens —
plus propres que ceuxzlâ pourdomptcr e:
extermincr de leurs cœurs ces deux grands
8c diaboliques ennemis de leur ſalut, 8:
pour y mettre des diſpoſitions contraires. .
C'eſt ſans doute pour-certe raiſon que Nè
tre Seigneur s'eſt ſervy du paſſé de perſon
nes celles que nôtre Berger &nôtre Wla
noiſt: Er s'il vouloir encore ſe ſervir de
ſemblables. 8c faire renaître l'Eſprit: de
Ion Evangile ſoit par des petits 8c des
idiots comme étoienr ſes Apôtres , ſoit par
des femmes celles que celle dont Snjean
parle au n. de l'Apocalypſe, ce ſeroir bien
l'effet d’une grande miſéricorde donc l'a
mour propre &d'orgueil des hommes d'à
Preſent , montés qu'ils ſont au comble de
eur derniére meſure , ont extremement
de beſoin.
Mais comme de quelques moyens que
Dieu ſe ſerve , ou n'en doit eſpérer de fruit
que par l'opération 8c la grace de ſon di
vin Eſprit, on ne ſautoir mieux faire que
de s’azrendre 8c de ſaddreſier c0nrinuclle~
menrâlu ſeul. _ .
(2) E. prirsaint, Eſpricadorable du Pe
reäc'
PREFACE.
re 8c du Fils. Eſprit du veritable 8c divin
Chriſtianiſme, qui l'avez aurrcs-foisfon
dé ſur la ſim licice', pour confondre :ou:
artifice; ſur 'humilité , pour ruïner l'or-A
gueiI 5 ſur le rcnoncemenra ſoimémc , pou:
anéantir l'amour propre; ſur vôtre dWÎDC
ageffis, pour extermuser la vaine ſcience
du ſiecle; 8c ſur la ure charité 8c le pur_
Amour de Dieu , ago qu'on ne vive plu:
que dansvous 8c par vous; (i vous ne venez
Seigneur nous ſecourir, le monde ne »ſera
plus biemôt qu'un triſte Eizfer de ténèbres_
8c dïniquités. Où eſt maintenan: ;vôtre
Chriſtianiſme d'autres-ſois dans les horoſ
mesdäujourdhui , oubliéôcbanni ue vous
étes enriérçmenrdcleurs cœurs ar 'amour
propre , par Porguçil. par l' cction des
iens de la terre ,' 8c par les fauſſes 8c creuſes
fineſies
qui: d'unedans
éteint inalheureuſe ſagefle8chumaine
cſiux vôtre divine vivante
)

lumière juſqu'à la derniére étincelle? Ce


?Nil y a de plus déplorable , eſt , qu'ils
ont tellement plon és dans l'amour de
leurs tenebres , que e ne vouloir plus ſouſd
frir qu'on les en reveille, ni qu'on leur reme
morc cette parole (lue vous avez dite pour
le Chriſtianiſme d'a préſent, (a) T” a: le
nom &le Tit/rez mai: m é; mort. Tu Jia', j?
_ſuis riche, _Ïaócnde , je ne manque ;le rien a
(je ſuis éclairé 8( en drac de grace 2 ) é* f#
m connai: pa: qi” t” é; un mallæeureu: ó
un :rd/Erable , que m é: pau-vn- (7- aveugle*
djv- mal.
(a) Apc. 3.
PREPACE.
ó-rmd. O divin EſprieCr-!amlrz quiavcz
créé nos Cox-mns ur due vos Temples. v-ô—
tre ſiège 8c in T ronc dc vôtre lumière 8c
de vôtre gloire , venez y revivre 8c y xe
îrendrc la place que l'eſprit diabolique 6c
nricbrczicn y a ſi longtemps tenue; &ſy do
minant deſormais par vous-méme, ayez
tout ſeul nôtre lumiëxe , nôtre Amour ,
nôrrccmuducteur, 8c nôtre adorables! uni
que ſageſſe, auſſi &ifférchtc des va-'meslu
mil-Êtes 8c de la fiuffè Ta cfic 'dcccmikra
blé ſiècle éclairé , que a vie diffère dela
mdrr', 6c l'immenſe ſageſſe de la \bikin
< finie.
l Pertçftímnu: gl” Îütffl”. d “î ~ -²
l
a .ñ “Naſa-m WPE""‘"” “î- ' ?Îîîïîï
I

f: rrelquentrÿujÿxſſspírituffi" “__²*”,-'-'-‘,‘
4' Credanmómnirempafe!" ~‘ë"" 'W
' ' ~ PLN 'j'

Fau
Fautesfi corriger.
Peg. 129.15g. rg. grande liſe-'Mgarde
2.7; a8 xeſſentiroir. l. 3'” reſſenti
roir.
2.80 2.0 àces. l. àdea
299 r7 àla l. à ſa
307 6 effacez même.
32.4- 16 qu'il l. ôcquül.

Notez.
P45. r2.. I. 2g. d” lieu de parlant aux hom.:
mes ſinon par, on pe” [in , qu'en parlant
aux hommeslpar 8re.
P45. 23. l. 8. a” lie” des ma” me loger chez
elle avec lui; on rm": qu'on pourrait lire,
1a loger chez. moi avec lui; ou bien, me
loger chez. lui avec elle; mais comme and
venin ſuivre exactement l'original , un n”
pas trouve' dprapot de changer ces mo”.
..L

I. COR. 11:14.
L'homme naturel ne comprend pa: le:
:baſé: de ?Eſprit de Dieu: il le:
tient pónr folie CF ne ſimroit le: m
tmdrc: mr ,on ne' peut le: corznoízre
m' en bien juger 9mz_p4r1a lumière
de [Effim de Dieu.

LE
LE BERGER
ILLUMINÉ,
Ou ſi'

ENTRETIEN SPIRITUEL
D'U N B E R G E R
Et
D'UN ECCLESIASTIQUE.

Où ſont découverts les admirable: ſecret!


de la Sageſſe Divineôc idyllique que
Dieu rcvéle aux ames pures &Sc
~ ſimples.

Et mm flmplízióiuſcrmoeinnrío q'un.
Prov. 3:31.
'I'
.PR Ê~F-A c; E,
JHE wwpnſênte, dmLLect-ænr, l'ex
trait d Um diſtant: qui contient le;
plu: bel/e: -Uériteæ du Chriſtianiſme.
Si 220m le lzfez. avec re/Zexzan , C9' que
ww canoe-mhz, bien ce qxffzl 'vom dit ,
jeſidi: aſſênré qu'il 'vous _ſenc-lira à puri
fier 'z/aſtre ame, CF 71h! eſlewra 'U6'
tre cœur à Dieu. , CF le nrc-m dan:
Panam- des" bien: eſſternelx. ſe regrette.
_ſeulement queje ne puzffi' 710m le don
ner dan: le: term” C5 dan: la pureté
d” ſtzle de PAutbenr comme il n
parlëdanrſer Confierencez; car il w”
ravifaitpdr 1.1 douceur CFF” la vert”
de_ſe:propre:paroles. Maté.: ce bien eſt
irreparab/e ; parce que le reciieilqxfn” _
partzenlier en afait , a paffiſipar rome
de mains, U on en a ttreſſtnnt de ca
Pier, 752i] n) &Xp/m moyen de revenir
ëzſſorzgznal. Il faut donc [ê contenter
de ce 7m' nem en reſte, C9' remedier
pein lſizbnpeeffion à la-peſte entiere :ſan:
pzeccæzqm nou: da” etre chere par”
714,617$ eſt belle CF profitable. Et que;
que le diſêours ne fait PM rapporte dam
2- 14
P R E F A C E.
la pafictión avec Laquelle LPO/In
rhenr Pa dicte', neíznmoin: il y en 4
tom' regal 'eſt de meilleur; C5 le 714$
ſed” Îfcſſfpar encore ſi loin de ſ21 fimi
1mn: qiiil ne porte lagon/l C5 ln d'ou
Erur de. laſaurce. Beur/ez, , mon cher
Lecteur., de cette agreable liqueur,
elle raſſâzſicra *vo/Irc eſprit; C5' ſi 'vom
en bcnvezſauwnt , elle vanrfera jZ-n
rir., combien Dim care/ſh .ceux qui
lïëzrmrnt , "(7)". combimeſi' heureux c:
Iuy qui _Æ-.confic en 1x7. Guſtateêc
vidctc quoniam ſuavis ell: Domi
nus.; beatus vir qui ſperax in co!
Pſàl. 33. Gozítcz. C5 vaitz; combien le
Seigneur'. eſt doux. O qzfheureuxï
ſänz -cenxqni ne s'attendent qu'à lui!
Âïídſienp." . . ~ . L: i .
z j _ n - ( _ l , . \
ñ- _ J; . 1 I. l. , )
-. :Sn . h“ ñ** '~ '. ~— .' -i
*.~.‘.*‘\.'."'i :ſſl d. «id 'i i* I ' .
., .A
\çrh ç ..X d Q .1 ..— ..\l ,…
)i\_-\ . A ... . a_ ._d r
'r . l
*..".‘. l! déni: .V1 'i' ;tri ..i 3.1. 1 ‘ u'. z
.
tſi-î' 1 r *Had_ Ã-\‘)-."‘.u - \LIL
ſſñ -ſi ſi ſſi …dl '-7
'S' .". ' î. .

LLËÉÈRÛÊR
Dívinerificſinictlllulctninè.
-z

CONFERENCEL
' Rencontre f5 deſcription Je Id ezfàñncde
ce Berger ;_ de ſèr vertu: E5' eſè: dan: ;
défi-r cnrretienrfizr I?uñian avec Dictlſſl ,
fin' ſé; artribunîä' _là communication ;
ſi” Iaperfectio” , le: _ſàuffiancex ,' 1'0
'~ raiſin: , lïlluminatiqn de l'ame , l'a e
ratia” intírícure de 'Dim , la lauëæigo
humaine, E5 . -
, 5"]
s E voudrais bien lavoir àſñ
' ſés de' force; pour rgçon
z~ ſ de
rertoutàzrlongſôc
lpirxíeſird "pèurſiſ bienàſſez
_dx
rimer'. combienïheureh
. ñ V eme-m: '.m’a’ço1icjdit Nô
trc Seigncuſctâ la \Bi-rie 'äeifióp' Pzſrfs ,
pour lag-encontre» ue' *eîfisdïun bien
' ueje né ſçaurois ése inierſjp veûx
Hire , d'une; amédes_ plusfffràreaquc
~ j’aye jamais connuës,ï'& de qui jîäy
appris des ſecrets merveilleux, [Sc çii
vlns.] ’
- — ,A z 2.. je
6 Le Berger
z. Je trouvay dans le coche placé
tout prés de moy un jeune Garçon âgé
-de i8. ou 19. ans, extrememeno ſitn~
ple 8c groſſier en ſa parole, ſans let
tres aucunes, 8: qui aprés avoir paſſé
ſa vie à ſervir un Prêtre, eſt mainte
nant Berger ,- mais au reſte, remply dc
toutes ſortes de graces , 8c de dons in
terieursſi relevez, que je n’ay jamais
rien vû de ſemblable. ~ ~
z. Il n'a jamais été inflruitde per
ſonne que de Dieu en Ia vie ſpirituelle ;
ce ndant il m'en a parIéai/ec tant de
. ſu limité, d'abondance , 8c de ſoli
dité, que tout ce que j'en ay lû ou en
tendu n'eſt rien en comparaiſon de ce
qu'il m'en a dit. ' _
4. Comme d'abord j'eus découvert
ce thréſor , je me ſeparay dela com
p pagnie pour efire avecluy, ra-ne-queje
pourrois , faiſant avec Iuÿ tous 'mes reñ
pas 8c mes entretiens. Hors les_ diſ
cours que nous tenionsîenſêmble-il
_ eſtoit continuellement
laquelle en Oraiſon-;dans
il eſioit ſi ſublime ~Ã~ſi~que ſes
commencemens furent_ des. 61ans,. qui
ſont (à ce qu’il dit) des imperfections
dont noſtre Seigneur l'avoir delivró_
Les fondemens de ſon .ame ſont une
- grandefim Iicité 8c une profonde hu
milité. A a ſaveur de la ſimplicité Fay _
découvert beaucoup de merveilles;
com
Illumintf. -ÇonE I. 7 '9'
combien que ſon humilire :n'en air .ca
ché ,beaucoup d'autres. ' V. _
— 5- .Ie le. \nés ſuxzxous-.Ïcs Psïïnïsde !ï
vie ſpirituelle dont je' ÎIS_ mägîſçr du
iranczrrois joEzEê-z ram: urcçqtxi touche
ñlapvëxciqueëqæ-&J-æſ ecylaxiqq: vSE-.jîcn
*… ;ñyñ reçu giesñizépçn ,es .rue laiſlbiept
- remply däéronnement.; _- .‘\
6. Auffi-toſï qu’~l fapperic-evoit de
ſiçeqzfil meſi diſait…. .il ſee .vquloit jetter
à mes pieds pour s’humi vier.; _car- nous
zdeſoendipns; ſouvent du coche .pour
;nous entretenir ,plusíà l'aiſe, Sc eſtxe
-moinsiqterrçm
, , 7. 1,1 ſecroiçl,,pus… ,_ qu'il. eſt_, ,
8c_ il aſſeure
@un des plus grands pecheurs du monde i
..ôic ,il mZaDEÎéR-.Æonjuré .de le croire. ,
ó. Il-mfa; Elif-tenu! -tQucÊ-îunc \matinée
.deg çüverëzóefltats; de.; la PÎUSZ-Pëïſaile
union avec Dieu ;_ des cdmmunieaçiqízs
_dcsïcnsoisPaſonnesñDivi-aes avce-l'ame ;
.de Pincomprehenſible Farniliarité ide
'Dieu avec les. ames. urcs; des ſecrets
,que Dieu luy avoit ait connoiſire tou
..çhant ſes Açtributsſñ 8; partiçuliere.
.ment de ſa juſticszſur les ames qui n'a
_vancent .aflàlaçxerſection
les la-degreñnr_ quoy qu'à
:- dqdÿſivers rargadesfln
ges 8c des hommes Saints. -
Il me 'dit encre autres choſes, qu'il
ne quittera” pas une ſeule communi
cation. qucilÿœu -luy fai! d: ſoy c" \me
- __> “ ’ A 4 . , r. C0113*
T8 ~1 7 'Ëe-ſſBePgàFſ
“Qdxſiïizfiunibng ouetÔutcequelesAh
es en _Peflac e la gloire, &mus les
’ Ômmesj luy "poui-roientdonner-ton
ŸWÛÏÃÏÎHŸÎ' lnſiidÏrpèdrſiëieſſ-Ã
x,-‘u ez 'x pr
ſ7 Iæpureçé' , -efloic-'tellemëntïÿoſſedéeſſle
² Dieu -z~~qli~elle. tenoietous ſes' mauve i
_mens en
Ÿ-coſirps ſa puiſſance
,ſſ excepte: , méme
rei-tains» ceux
peti” du
egare
ïîſzenr; Janrlgfluelæeſille peche; Ceſoiic
ï es' ropresnfocs. e ‘ 'ï -.—.z>_ ‘ 1.-.
[lime dnrque cefpàr quoy une-ame
?ſe hall-e le plus à? la pëärfectvion ,— eſtdeffè
Éatnnoijîre U corriger; 18( quL-ifrletglſiuſ
U oit pas de demander ai ,ion
'- mais qu'il falloir ſe faire vio ence: qué
.deficit la pure ſaute des 'Rieli ieux
²s'ils n'eſtoient~point' ärſairs; qu' s _ne
"peérſevérent point ?ſe yaincre eux
Lm mes..
²‘ Que Ie lus'.grſiandî
.1;['~‘!')r‘. j!
malheur eſtoíe
‘ n'on n'agit pas bien des 'ſoufflanceä
infirmitez du corps , dans leſquelles
Dieu avoit de grands deſſeins ,~ qu'il
~s'uniſſoit à l'ame' bien plus parfaite
'ment par les douleurs que' par les de
lectaticns; que-le trop grandſoin de
"la ſanté en eíïoib un grand empeche
mcnt. - v '- -' '
Que la vraye Oraiſon conſiſte non pas
à recevoir de Dieu , mais à luy donner;
8: aprés avoir reçu de luy , le luy rendre
par amour. ' Que
!Ilan-ind CËmf. l. ‘ 9
~ Wc quand Pamour embrazé 'vient
juſqu'au
«me doit raviffement , la'&àſedépctoüil
conſiſter à \îuir fidelité de Pet
ler de tout ', à meſure que Dien sïipprd
che pOur-la remplir. ’ '
8. je luy propoſay toutes les diffi
cultez de monintérieur en tierce per
ſonne, (car autrement je ſſeneuflè pû
rien tirer )que'
leſorte, à quoy il me que
je iëroyoîs ſatisfit en tel
ce fût un
Ange; 8c ce doute 'me reſta juſqu'à
ce' qu'il me demanda à Pontoiſe de ſe
confeflèr , 8c de communier: or les
Sacremens ne 'ſont pas Faits pour les
Anges. ll ne m'a jamais voulu pro
mettre qu’il² prieroit Dieuîpour- moy z
mais qufil feroît ce qu'il luy ſeroit poſñ
ſible; celà ne (lependant pas de luy.
9. je luY demandai, ce qu'il jugeoí:
de la ſainteté de‘S.j0s E Pu , 8c s'il
luy eſtoit Fort devot? Il me dit, qu'il
y avoit-ſix :ms u’il cſioit ſon Protc—
&eur , ſon Mai re 8c Directeur; 8C
que Noſtre Seigneur luy-même le luy
- avoit donné ſans l'avis de perſonne. Il
ajoûta , qu'il avoit connu clairement
de ce Saint Patriarche, qu'il eſtoit le
— plus grand de tous les Saints aprés la
V r E x a E , qu'il avoit la 'plenitude 'du
Saint Eſprit tout autrement que lEs
Apoſtres , qu'il eſtoít Dominateur ſur
les ames dont la vertu doit :ſire caché:
— A 5 . Cn
Io _ _Le langer _ '
Once-monde, commela ſienne l'avoir
jeſté: il m’affi~xra
céir aimable de plus;
Protecteur queeſté
avoit lavie ,de
ſi peu
.connuë , qu'en recompenſe Dieu a
voulu qu“il n'y euſt que les_ ames extré
mement pures quieuſſent des lumières
touchant ſes grandeurs. ~ Il meſditen
core , que Saint J 0S E P ki avoit eſté un
homme de grand ſilence; que' dans la
maiſon deNoſtreseigneur il' parloir fort
peu , Noſtre D A M 5,8L J :Sus encore
moins: ue les yeux lu apprenoienr ~
aſſez dec ſes ſans que 'un ou l'autre
luy parlaſt beaucoup. ,Enfin , il me dir
uneſi grande quantité' de bonnes en
ſées , que je ne ſ urois ſuffire- a les
écrire; 8c je m'a eure que ces trois
jours m'ont autant valu que beaucoup
&années de ma vie. a
I0- Ce que ſay particulierement
crouvéde remarquable en ce Garçon ,
eſt une extraordinaire
efficace prudence admirable, 8c une
en ſiſes paroles.
u. Il me dit, que la lumiere ſur
naturelle que Dieu verſe dans une Ame,
lui fait voir toutce qu’eIle doit faire,
lus clairement que la lumière du ſo
cil ne monſtre les Objets ſenſibles; 8c
ue la multitude des choſes qu'elle
écouvrc dans Pinterieur eſt plus gran
de , que tout ce qui eſt en la nature
corporelle: We D [au avec rouä
ñ Illumítre'. ' 'CODE I. k-rſſ

ſa gi²andu1r…yïbalíite'~,> Gr ſe Edit ſentir


dans le cœur humble, pur, ſimple 8C
fidele.. ë ' ' ñ ‘ '
1 2.. Comme je le preſſois de me dire',
ſi quelqu'un ne l'avoir point enſeigné ,
il rue-dit ;qué non; 8c qu'il y avoit des
ames à qui les créatures ne pouvaient
-que nuire :ï que .quandPEvangile peti
‘roit , 'Diouduyi en avoit aſſez appris
pour ſon ſalut : qu’à ces ames Dieu leur
, eſt toûjours preſent; 8c que rien ne lo
Fe dans elles queluy ; 8c qu’en conver
ant parñcharité avec le prochain , elles
reçoivent de trés-grandes operations ;
meſmeque durant la nuict: , quand il
:faut dormir, ellesne perdent que \Fort
peu de tem s. Je luy demandai, comme
quoy cela e faiſoit? il me dit, que je
le ſ<1'avois
_ mieux q ue luY d 8c *l u’il efioit
—lc p us ignorant de tous.
Qu: noſtre Sei neur lui avoit a pri!
particulierement a excuſer le proc ain,
»USE ne ſe pasſcandalizer.
r . I me dit des merveilles pour la
con clarion 8c direction d'une ame la
uelle ayant des attraits à Pora-iſon ï, 8c
des deſirs de vertu , en eſtoit retardée
par lesîinfirrnitez du' corps: queDieu
demandait d'elle une patience du tout
An elique; aprés quoy, fi elle efloie
ſide le, il repareroit tout en une heu
rc. -
A 6 14. L'un
\
il** .1 .ſi1L0' Berg”- "Ã
.~ Î'4.z' L'un de ſçs pÿlùs 'relevei-dffçouïcs
fut, comment Ames
Pintérieurdes Dieu. opérer tout dans
parle Verbe, 8C ~ ct
,les relations qu'elles doivent avoir â
,Die-u par Loy. en- toutes leurs diſpoſi
,tions , 15a_ 'meſme dans leups… ſoufflan
"H v". . .llflr ‘ ct".i- '. ,S 6"' L

> . . r-gull îmedib… que-lee hommes de


noflre profeſſion. quiëne combattent
'5 point le plaiſir qu'il y :MPa/Ire Zélie' du
.monde, .ne gouſieronc jamais Dieu;
_qu'ils ſont rdeslarrons; que leurs téné
,hres petite
;dre croitronr coûióursi. @ela l'ame
rinuſitilité-'obſcurcic moinz:

zQge ceeflui.. empeche la liberté du


.cœur ,Z 'une certaine ,diſſimulation
.habituelle qui l'a ,reſtreint ; ce fini-fi:
propre: Termcr., Enfin; je me ſeparai de
;luy avec millezpardons qu'il me de'
manda de m'avoir parlé: avec tant d'on
zgueil . :~ luy~quiï eſtoit ſi groſſier à loüer
,ZE honorer Dieu-z ce qu’il ne devoir Fai
re parlant aux hommes ſinon par fim
_ñplicitéôchumilitefl 8c non pas par pa
.roles. (Le Dieu obligeoit les ames au
zſeçrec 8c au ſilence touchant les farni
zliarixevz qu'il leur fait; ’ … ñ
,.—~, rfi. En effet ,i il* mefallutr uſer d'une
-merveilleuſe induſtrie; faiſant ſem
blant comme ſi 'e deuſſe-fait aucun
eſtat de luy; 8c ſoy perſuadant, qu'il
cſioit obligé par charité de nſentrete
‘ ~ nir
illuminé. Conſ. I. r)
'nie de quelques diſirours', “puis que jle
"ne pouvais tofijours parler; &ainſi , l
îïabandoiunóir; &tout enflammé d'a
*moldr ne Faiſoit 'plus *de reflexion ; mais
‘ 'an-loir “ſuivant” ïl-'iiíäpetuoſité de l'e
"pour
ïlî>rit'z’moÿ
Si côtîque
,l- ilïexätfiaeäa
jePeuschargé
?défiancede, 8c ‘_

tint plus ſur ſes gardes: _mais îilfdeflezb


Ëtrémement ſifflpiëxï 8c Terroir le moin
dre de tous -, il s'eſt découven ÿlus qu'il
'n'a pensé. Tout ce que deffur fut lazare
mierc Conférence. ' ’ ' ’—
ï

CONFËHR-ŸÉNOE Il?
ſi ſiDe Ia _ſâurceſſ der banner' penſee: ES' Je:
bam' deffiL-inr.. Difference de Dieu , de
l*homme , G7 Ãn Demon. Can/Îderafion
de; ſàtrffrancer Je ÎEJiU-Cbriſl E5' de:
nätrcr. Grace , finite de: verts”.
'L A ſeconde Fois ue ſenti-crins
À ~ nôtre Berger , i' ne me parla
que des pratiques journalieres que
nous devons faire de la vertu.
z. _Ilnous
ſ -fois, medit, quejetter
devions tous l'es
les jours
yeux une
ſur
les ſaintes inclinations de] E Su S , 8c de
?ſ11 S. -M E-R E, pour" les adorer 8E de
firer. é
g. Quand apr S avoir rendu quel
que_ long 8c penible ſervice a Dieu , il
. A 7 ne
:14 Î Bdxgtrſ
.ne nous donneroit gut-me, bonne _pen
:ſée dans l'eſprit , nous. ,devonsnous
…croire eſire bien payez; que nous ne
«m—~
Payonspas même meritée , 8C que nous
'la-devons ñhonorerzen ,nous comme un
-, reſent Venu du_ Paradis; _ puiſque ..CPR
1.9, ïaindonc ;Fcnxxeïëicnncns les »Anges
…B94.;
?SSPÎUÊB-zz
Ilſſ me ditſſ- ,ctnque
— - quand il faiſoir
(ſſ quelque propoſition en Foraiſon , il
- ,_ ne diſoit jamais, Je meärofuſh d'ete/ſen
avant de ſhirt
je re-ſiſiſterai quelque;
a' un tc] vice,cde vertu , ou,
que c'eſt
une préſomption; mais u'il s’offroit
à Dieu comme un vil in rument en
_tre ſes mains, pour faire, avec l'aide
de ſa grace , la guerre à un tel vice , ou
pour faire des actions d'une telle vertu :
de manière que quand il en venoit à
bout , il remercioit Dieu de s'eſire ſer
vy deluy , 8c de l'avoir accepté pour
faire céte bonne action , ou vaincre ce
4 vice ;. &que quand il Ïexécutoit rien
de ſa propoſition , il ne ſe troubloit
J point, diſant , .Auſſi-bien Dieu »fefloit
L: . ſaint aHlzëdeſèjêr-zzir de! mo).
i. g. Il me dit encore , que ſi les De
mons aprés mille ans .de peines pou
voienc avoir une bonne penſée 8c la
poſſeder en eux, ils eſtimeroientleurs
peines legeres, 8: ſe ſentiroient obli
gez à Dieu , la tenans de ſa pure miſe
ricor
Illumjne'. ConF. II. .ls
ricordc : Mais quand ils voient le bien ï
8c le deſirent comme_ une ,choſe éloi'
gnée d'eux , dontils .ne jouïront ja
mais, c'eſt là 'la ſource de leur deſ
eſpoir.
. 6. Il me fiſſt uſine remarque tres-ex'
1*!

_ ctcellente de toute la_ nature fintellectuelñ


_ le, ſous laquelle ſont contenusïDíe-vfi,
. l'Ange &fHomme; ,& mettant lesbons
_ Anges en la_ claſſe des Hommes, il mit
les Demons en la troiſième claſſe, en
cette ſorte, Dieu, FHM-nm, &le-lia
ële; 8c dit , que la bonté eſtantinſepa..
. ſable de Dieu , íâjuſëica inſeparable des
diables, ſa _miſéricorde eſtoit inſepara
ble des bons Anges 8c des Hommes;
tellement qu’il n'y a que la ſeule miſe
ricorde , qui nous faſſe, diſtinguer de
Peſtat des Demons : de .manière que
tout ce qui eſt bon aux Anges 8c aux
Hommes pardeſſus les Demons , eux
8c nous le tenons de la [mrc miſéricorde
de Dieu.
7. Une choſe qui me ravir d’eſ’con~
nement aux diſcours de ce Berger , fut
qu'il me dit, que châquefois qu'il ſe
repreſentoit J Ë: S u s ſouffrant , il ſe re
preſentoit aulli le Pere Etcrnel le ju
geant àla mort: 8c qu’auſſ1 tôt il s'ar
reſtoit court pour adorer la juſtice du
Pere jugeant_ ſon fils 8c rendoit un
particulier hommage a ſon jugement :
puis
- 1
[6 ' * Le Berger l x _
ñpuis deſcendant ſur ſa propreame pci
*chercſſe 8c ſur ſon corps, pour con
'templer les amertumes 8c ſou rances
»quiy pouvaient eſtre, il levoic alors les
yeux en haut, adoroit Dieu ſon Juge,
-Bcñrendoit un hommage à ſes juſtes ju
~gen1ensfilrlu . Aprés cela, il retour
.noit à regar er- les ſouffrances du Fils
1U , avec
. 'c ſirit', ſesdondleurs
&Ies adoroit'. duPuis-
corps 8c de
deſcen
:dant, iladoroit les ſiennes comme in—
-fiigées de Dieu. -
. 8. Il dit encore ſurceſufét, que ce
n'eſt point aſſez d'acier-er es ſoufflan
-ces de ) E S u S-C u R 1 s T, mais qu'il ſaut
.' adorer les penſées-ô( les intentions qu'il
-avoit _touchant nous 8c ſur nous en
'ſouffrant 8c expirant, 8c tout ce qu'il
'y a en luy de cachéàla connaiſſance
;des hommes. Ye la ſouveraine digni
;cé du Fils de ieu nous oblige à luy
.rendrñe ce -devoir 8c cét hommage,
quand bien nous n'y profiterionsrlc
Tien.
9. Finalement
idevons il dit,
ſouvent Offrir que nous nous,
à jssus-Cnnxsr
-Scle prier , que parla grace ui eſt en
-luy , comme un fidele mini. re de la
»porte de ſes vertus , nous puifflons ê
tre introduits dans ſa patience , ſon hu
milité, ſa charité , ſa douceur , 8c dans
les vertus que nous y coimoiſſonsdôc
~ a O
Illumſhlfſi-"ËÎÔÃÉ III.. E Î7
aſidorónsë; que'- qdand 'nous ſont'
~- mes introduits, nous ne nous en re"
~ connoifficzns redevables qu'à la ſeule
' grace , 8c n'en dónnioñs rien -à nos in
duſtriesſ 8c qu'il croit qae'c’eſt pour
—1-' LàctgË-arz
cela "que"deSaint
DieuPaul diſait
d/Z ailes ſi ſouvent:
may', f5' n'ya?
~ P.” viſit-e ’; Parce que c'eſt elle qui travail
‘ le à nfintroduire dan: lerplur ram* Wrz
turdejssus-CHRÎST.

- ſiCOEN-'F ELLE N c E III. ïſ


Iſaufcedèflírzquiéíude :l'a l'ame. Gran
deur de la corruption E9' de l’im taff/u”
cede l'homme( Baſſem-zine aïe/Zag
.CIM-tſiſur _la amer. De L'amour #Pro
tbzín. De Iſainazſitr ran' uóéïdej I4 veg
ſim. FizcxÎIíÎízlc-Ia' èrſſfegion; .ſi/íbnegq
I
tian gſeffôi-rſrírzze. , t
ſi ‘- D Epuis la deuxiéme Conference de
mon Berger , dont je vous ay par
lé , en voici une troiſieme, que ſay eu
.peine de rediger
ë e contient en ſopardes
écritpreceptes
, parce qu’eI'
trés
…x cachezflt tres-ſuhlitnes ſous lîeſcorce
' d'une doctrine tres-ſimple en apparen
ce. Approſondiſſei-la donc mieux que
moy avec la bonté 8c ſubtilité devo
ſtre eſprit , qui doit eſtre pur 8c reposé
_pour cét effet. . . — 'fl
1 I”
I8 LeBerger j . ’
2.. ll me dit, que la ſourcedes plus ‘
grandes inquiétu es d'eſprit
_ qwavoient _ .
plufiíeurs ames Çhäeſiiennes _ôclÿâh
leu es rovenoit ene as connai re
eur captivité ſous la-lo \lio peçhéñ, 'St
z leur inutilité au bien; uepour cela
Dieu permettait u'el,les, emeuraſſent *
longues années en 'obſervance commu
g ne de leurs Regles , dans de tresóardans
deſirs de la perfection, ſans pour cela
éteindre aucun vice ny ac uerirqauçupe
'des' vertus déſirée ;tbùcëè a afin u'el~
les jaqprénent- àreconoitre lfintpm' ame
quie en elles ; 8; à chercher hors d'el
~les là puiſſance de vaincre le vice 8c
'd'arc uerir lavercu qui ne ſe trouve pas
'en el s. _' _ q
~ z_- 'Ilmefitvoir en peu de paroles,
“comment la enſée que nous avons de
"quelque pui ance ou “vertu qui eſt en
nous , n'eſt que préſomption , trompe
,rie,, &illuſionz 8c voicy commeil me
'le prouva dignement. Toute la puiſ
ſance qui accom agne Peſire naturel
;quenous \irons ’Adam, our ce qui
_couche l'affaire de noſtre [Blur, n'eſt
.qu'une puiſſance telle qu'il avoit aprés
,le peché (car il ſſengendra aprés Cela
qu'à ſa ſemblancez) 8c comme cette
puiſſance n'eſt preſque \l'une puiflàn
ce de Faire le mal & tom er dansle vi
ce, (ce qui eſt pluſtoſt une impuiſſan
ce,)
Illumínä. Conſ. III. \I9
ce , ) il eſt aiſé à voir , que la ſeule im
puiſſance eſt née avec nous, 8c qu'elle
eſt inſéparable de noſtre nature quant à
F-.‘ST4UzD.’Wl-.ñaA-z
—-r-a1..v.-rnn_-
la ſubſtance d‘Adam , _ ui eſt le co s;
8c parce que l'eſprit .cr é de Dieu , ?de
»qui il a tiré la puiſſance de faire le bien
8c d'agir vertueuſement par -lä libre
volonté.) entrant dans le cor . eſt
auffi-toſt enveloppé du deſor re dela
nature d'Adam
.ſcuctrcifflnt le flam uieauPembaralſe,
dela raiſon.ob8c
.affoibliſlànt ſa volonté ;ſſuvoilapourqnoy
dcr-ra nous _neſſimdevons
:qu'une uiſſanteconſiderer_ enunous
qujffancexieſtouc
.coſté, C'e pour _ce a', dit-il; que
nous devrions renoncer à toute céçe
mal-heureuſe
cteſt puiſſance
en nous ânoſtrſie d‘Adam,
préjudice: qui
8c qu'il
rñ‘i'ñflfñ— n'y a autre _voye 'de ſalut qwenrenon
çant à Adam qui eſten nous., 85 à_ tout
ce «Lue nous avons .tiré -_de _luy ?pour
eſta liren. ſa place Peſprit de ns u s
C n Rler Scourage;
-ce, T avec ſesles
dependances
vertusſſ, 8;, lesvlu
la For
miéres qui decoulent de lu . . - _
4. Il Faudroit , dit ce rger, re
ſſ connoiſtre tous les jours noſtre miſere,
non telle que nous la voyons , (car-nos
yeux nous flarent, pa ce qu'ils ſontà
nous, ) mais telle que is” la vait.
ç. Il dit , ne ſi nous avions tant ſoit
peu de deſir je nous joindre à ) n S u s
C H R r s 1'
, "to 11v -Leiíerjrrſſ
' r _uïî

"C H r. is r 'Sc d’eſtre ſes eſclaves ,ſſ nóûs


'prendrionsplaiſrr de renoncer au do
'maine qXÏAdam a ſurndſtre nature , 8c
au droit que _nous avonsſurhoſtre pro
ïpœ eſprit, pour le transferer à j E S u s~
'C un 1s 1" 8c l'en inveſtir , le priant de
,ſe Paprpxbpærièr ,V attendu que par ſon
incarnation 8C par ſa Mort il s'eſt ac
-quis tousles droits ſur les écheurs. ‘
‘ 6. A eine ce devot ergcr eut' il
7 achevé e prononcer ces dernieres pa
roles du dla-naine que J E S u S-C H r. 1 S 1'
Jà-'étairatguírfldr noùïparſk Mdr: , qu'é
«levaiitles-yeux &les mains au Cie , il
'demeura preſ 'ue un quart d'heure pri
'véde tout u age des ſens: le retour
A duquel ayant attendu avec impatience ,
il commença avec un eſclatant ſoupir .
âme arler delaſortc; ,-, Puis n'aim
’,,ſi-c , puis qu'ainſi eſt! que e Fils
~,, de Dieu m'a acheté de ſon Sang, 8c
',, m'a acquis par ſa Mort; 8c que par
,,le Bapteſme, où ce Sang eſta pli
,, qué en ma faveur, tout vil 8c c etif
,, Ber er que je ſiuis, je ſuis fils adoptif
',, du ?ils naturel de Dieu; je luy ſuis
,, donc acquis autant par droit 8c par
,, juſtice, commeil l'eſt à ſon Pere par
-',,nature: en ſorte que comme il nc
,, s'en eut retirer ſans détruire &rui
,, ner a grandeur de ſon Pére ; aufli
,,moy, chetif Berger qui luy ſuis fils
‘ ï ,, adoptif ,
Illuminóf. COHFJII. ſſxjz

»adoptifl je ſuis íiabſolumezxt acquis.


,,â ſon domaine, que je ne m'en puis;
,, plus retirer ſans commettre une tres
»gcande injuſtice , 8c ſansñ détruire
,, autant qu'il eſt en moy la grandeur 8c*
"l'excellence du Fils encant que Re
ï ndempteur. Voilà pourquoy il nous.,
î~ "faut ſoigneuſement renoncerâ ce qui,
,. nous retire du tout , ou qui nous éloi- ,
z, gne tant ſoit peu de ce parfait domai
,, ne qu'il a~ſur nous. . _ . a .
, ,, Si donc le monde par ſes flateries.
,, nous attire à Puy complaire ;'fi le diaz.
,j ble par ſes idées libertines ,' 6c les def-z;
,._ ſeins qu'il gliflé_ dans …nos eſ [its 5, fi ,
,, la chair par ſes douxqattraits menus,
…ſoins de Pcntretenir en cſiat de plaire_
,, ou agréer à ſoy ou à autruy , nous at-.ñ,
,Ltirenê 8c _deſrobent .les penſéeskôc;
,, nous Ioîgnent tant ſoit peu de lïaçcÿa-z
1 ,, che &du domaine parfait que.] z s g;
,,.C i-Î R x s 'r a acquis ſur nous , il_ 11995_
,zen faut defaite. . - . . u*
7. Il dit, que toutesôc nantes Fois,
que l'ame refuſe Screbute 3e ſoy quelz:
que legere inclination , quelque_
qu. aèiziçp qui-_Péloigne tant ,ſoitzpeq ,j
ou qui refroidit lac ſeryitude qtfclledêiç;
â J.: Su sï-Çira x Sr; cezſonc _ autant(
de ſacrifices, &hommages , 8c de reïz_
terations de vœux , ar leſquels elle,,
monſtre qufellç avpuë .ſervitude DÊÊZÛJÃ;
. e _
l

:v - Le Berger i
eſclavage', _8z ledomaine que !dénude —' — ‘
Dieu.s’eſt acquisſurelle. 'ï
- comm: ilfaut aimer ſ5” prochain. ' -
8.f'IEneſ
dans “eàyficët Angelique Berger
raviſſementdeîſon eſprit ‘
eutquelque connoiſſance des douces in
clinations par leſquelles le mien ſe pan
ehoit facilement , mais Fortement , à
aimetëce qui eſtoit aimable ;ï &s'il eut
uelgue _ charitable” crainteſ que dans
cbr , ëëoqlemefie; 'mon- (peut neäatta
au_ âtma âffl ro
prejudicg 'osàlëedeiiipteur;
depfon ne ue cr ture;
hors*
dudohiaiñe duquel 1'] ne ſe pduvojtreó
tirer avec ïjuſtice; Car 'de ce diſcours
il paſſa fi'- adroitectment à Ïceluy d"un
amour ſ1 ſublime qwexige ce divin 'do
maine, que' jfeneutois tout ſurpris- 8e
'étre-pp ,a 1[-é..)1-?1’-z.:‘..1_‘ ,__

- 9': ‘ _ uiâÿè' dit-iii les hommes ;


5,8: les Anges' ſont acquis a~u domaine' l
,,_8;àla roprieté dejrsus-Cnit 1 51",'
,‘,_ilsne‘ ’~nt‘plué’âeuit, 'aînsàluÿz 8c
,;pa'r conſequent , 'ils ne peuvent rien
,—,' aliener d'eux , ny faire' pàflërdeurs 4
,gſcégehrsiau ddmaÎne-'cijaucuræe creator-z ',
,; queſuÎvanEñrinel-írîaeionj 8g la' voltaire'
» ,‘,' Reäeinpteur ;~c’e\Èc’_îa 'dire ;ſiqüeje
,, ne puis avec juflice' retirer mon cœur '
,j de uy pour le mettre ſousſle 'pouvoir
"d'un autre, ny en recevoir un autre
" ,, chez
UIMM-vie. cqnk'. m. , sf_
de ,ſchez moy ſans rebélement 8è larcin ,î
,, ſi ce‘n'eſt ſous ces conditions: 1; que_
,,;faimeîèetkecréatureîçbmme luy', qui V
,, ayant de 'l'amour pourelle ,’ la reçoit"
wçn-ñadæ-zcïëäz-;ñîëïſ fflî ,, en ſon 'cœur tentant .quïlëſe 'plait au ~
,,bien: z. que le~lîaime~parce qu'il,
,, me reeoniman e_ dela recevoir', 'ou q'
,, me logerchez elle ;avec luy: en 3.
_., lieu, il veut encor , ue je Paimeâ. ;
,,13 façon qu'il aime', r il aime en lact
., Creature raiſonnableffllapnstnreiÿz la
,ſgrace _comme choſes ſiennes 8c 'tresä-'F'
…parfaites , :8: pour laqconſideration
, ;de l'amour qu? _luy porte. p '-_- " 4-1"
- m; Il dit-par aprés ,~ quenóusavons'
troisobjets girnables , , ~ '
.-— V'"
WPF-î chain, 8c ‘ eſmes; 8c q
m~e on nepeuteimer ſans cœur; v nous
devrions avoirtroís cœurs: &qu'il eſt.
'desïjma ine; qe les-avoir; pour
@avan bien” fre 'la diſtinction desa- ~'
;quenous devonsjâ ees trois"
Objets": pour Pina 'un cdcurreſpedcueux: '-1
ppm- ieîÿrdçbaín un cœur de Mere tres
“fi_ K_=.:7-_z …hLS pitoyàb e ;j 8c pour pour, un cœur de
Egg ſevere, ne nousſæümans que ſelon;
juſtice; q _ ~
‘- 5153._ llëmedit-ldeplus fquequand nous ë
vdÿîons 'une' vcréatízre jîpccupée raprés;
nous , 'd nous Aimer &Tex-vir par puíe‘
fènfibílité-irrætiſonnable ,' ‘ 'Pfalloit re- î
~reter ’ q\l'un
gſiſſ ui LouvoitDieu:
aimer '
92L ~_ Berger
Dieu ,., fut opcqpénſibilite'
L
ànous,ſi aimeigôcſer-
8c_ que nous___
vii' par ſinip e man-fs
devónscteſtre e de' ,tenir .poſſibleſt
dans ſon Ÿcœur le leu &ſi ſilaſiplace que
devroit
&noſtrey Rſſedepipteur.
tenir noſtre ſouverain
QjepourAmantobvier _
àce' mal , il
ami quelque faloit ou
maprctque oppo er de
livrée à noſtre,,
noſtre '_ .
lïedempteurqui futenv nous , ui,
pûteſtrepſobjet deſes. eux, &de es
dpucesjnclinations careſſes.; 6:
quîainſijtla créature ſeroit airniíeqäc che
rie ſansppréjudiceziſiu Redqmptcux , puis
que ſes ſeules_ .armespôc &ſtandart-s ſe
roient pluſtôt honore; ÿ: airnqz en _la ‘
créature. ï , ~ , , . -l .
_ 1 z.. Ce qui magrpéa Ïavantageldans
les diſcours d'amour dont mïentretint .
cçÔBŸrÉËr-fifimoureux . ,. ſut, lgyconclu- .
F199 uïvaatefflrufil -mäækännäz-PËE, 14-' z
qÜeuË .lèlfflel ÜËSQ 'ÏŸÏÆLÏÊ .ne, .'
CEOY. 3>îiPPUYQÎR²VPWÆŸHCPÆÃËEÙHBHIP…
our_ 'zmmxr--äglæóiefixcæzunnëluëa l?)
Tite' -îëifiîëîln . 1°” Ï3Cl_ÏË.-‘«5F.&9iläñóë
næedwdçäs ?avc-mer !vera anim-r- ,
ÿFîîPëfflîêëzfiffi-P . 1R2" Ëfflïîlï 1551s.
eDieu nousa donn e de noſtre-HES?
MADE: , Gæuxñzæhÿani . H
lezfàexffl-W ?MEG-tenues
*bt-Mazel . mmWæfQ-Êsquêzizsëu x
CÎ ain't_ s 'FRYJOÎÇ priſes delanamrppour
nous figurer les .myſtères de la grace.
<“‘ſi .d _m
Illumihe'. conf. IH. z;
eſiatitlexcellentes, on Y- trouvoit auſli
des :apports trés-parfaits: 8c par ainſi ,
queïſi nous travaillons à former nôtre
cœui-*fur le modéle du Ciel, nous ne
nous éloigner-ons jamais des loix parfai
tesdèlïæzmeurdivinôchumain; 8c ue
le ſenſible Nétouflèra' jamais le rai on
nàble.- " î Y
1). Au Royaume duCiel, qui eſt
le Paradis , le Créateur veut bien Y
admettre quelque Creature en ſa com
pagnieg' auffi veut-il bien ue nous en
admettions quelqu'une en on Royau
me ſpirituel, qui eſt nôtre cœur. Au
Ciel ſont' librement admiſes dans ſa
com agnie celles qui portent pour ëar
mes apuretéôclînnocence; auſſi leurs
ſemblables peuvent ſans crainte étre
admiſes dans noſtre cœur avec luy. Au
Ciel quelques Saints qu'ils ſoient , corps
8c eſprits , il les admet en ſorte , qu’au~
cun ne préſume comme Lucifer d'oc
cuper le haùt bout: ains il y veut re
gner comme Roy; 8c noſtre cœur eſt
appellé pour cela ſon Royaumeäcſon
domaine d'acquiſition : parce qu'il veut
regner ſur le mefmc cœur, 8c ſur nos
amis, àquinousavons donnéentrée.
r4.. Il nouseſt donc Permis de les
admettre avec nous z r mais aux pieds
là tout devant
adorables de celuy
Ro esdes
embraſſer
Amants&ca-
, 8c l

B \CF
2.6 La .Bp-ger ._‘
relier, comme descnfansíquikioüent
devantleur Pete, 8c des ujctsdevanc.
leur Roy; &c aprés les avoir careflë..
les pouſſer 3l exciter âembraſïèſ & 4-
dorer, comme des &mantes Madelei
nes, les pieds du Sauveur 8c du Sou
verain Roy descœurs. A. -
xs. Ilſeſautméme imaginer, u’-il
prend plaiſir à nous voir inſepara le
ment liez& unisponær luy donnerplai
ſitôt pouraeœndreſesſigiæes, ſeecom
mandemens , 6c ſes ordonnances, à
l'execution delquelles nous ſoions prêts_
d'ami' toutes nos Forces 8c ind-Jiri”
naturelles , 8c employer toutes les gm- ,
ces qu'il nous donnera. Que ſi nous
nous ſentions aimer de la forte , nous
devrions nous réjoüir .de l'empire de
) E S us ſur nous . entreprendre nôtre
amy . pour de compagnie inlieparabíe
voirregner le Redcmpteur ſur l'un 5c
l'aune , 8c entrer dans uneméœeté de
ſentiment pour conſerver .ſon domaine
en HOUS
:6, Finalement il me dit , que ſi
nonsnereconnoiflíons _pasque jnsus
C1! i. x S T regnaſt en nous ſi parfaite
ment, quülnousfalioit &wir de lare
quéíc quül nous avoit dreflëe pour la
-luy pœſcnter.. à luy dire à toune heu
œ. juſqæes à -Qe que œla ſoit: ſite”
Rrgne 14m deſir( , nou; paſſe arts-er.
. x 7- Pour
Illumine'. Conſ. III; a7
27. Pour concluſion de tout ce diſ
cours de Pamour, il me dit, ue Dieu
nedemandO-ít que trois choſes e nous;
que nous ;preferaffions l'Eterníte‘ au
Temfr, 1d ſarl/ſm auſènr, 851e Createur
à la ciutare .- 8c que tout cela étoítſi
raiſonnable , qu'un bon jugement ne
le pouvoir refuſer.
Cornu-ent ílfnet rimer la Vert”.
18. A Exit
tésVdïiruela manière
mon BeŒmt
er ilm’eut
Faut
aimer la créature raiſonnable , il me
voulu-t apprendre comme quoy il faut
aimer la vertu ,- Se me dit, u’il ne la
Faut paseſiimer niaimer pour abeauté
8c l'excellence quïellea en elle-méme
&en :nous ; carceſeroit l'aimer en Phi
loſiophe; mais qu'il
ſeſide la beauté faut Paimerà
8c exceilence cau
qu’ellea
en JEsus-Cuæus-r , où elle eſt en
perfection plus relevée; 8c ;c'eſt alors
aimer en Chrétien. Car en elle-mé
me 8c en nous, elleefi purement-na
turelle & humaine; mais en J: Su s
C-Hr. 18T elle eſt. toune divine 8c
firmamrelle. Aimez donc la Venu par
ce uffelle -eſien iuy , Y 8c pratiquez a
la äzoigneuſement parce qu'il l’a prati
q uée. ,
1 . D’ícy nous venons en la con -
noillía
ncc du grand avantage, que les
B 2. 110m
;8 z Le, Berger
hommes tirent de Péri-e de 'Jssus
C H x r S Î~ , qui correſ 0nd à l'avantage
que les pierres , lesp antes , &les ani
maux reçoivent de 'étre de Phcynme
Les animaux reçoivent de l'homme un
étre bien plus-excellent , ue celuy
qui leur eſt propre , en con Îderation
e la nature raiſonnable à la uelle ils
ſont unis en l'homme: Ainſi es hom
mesreçoivent de J E Su S-C H il r s r un
étre beaucoup plus excellent que le
leur pr0pre,8c ce à cauſe de ſa Perſonne
divine, âlaquelle leur nature eſt unie,
20._ Les actions animales ſont bien
plus nobles étantoperées en l'homme
qu'aux brutes -, 8c nous prénoms plus
(le plaiſir de les Voir ratiquer par les
hommes que par des étes. Ainſi de
vons nous croire , que les actions hu
maines ſont plus noblement operées
dans le Fils de .Dieu incarné , que dans
l'homme; 8c nous. devrions prendre
beaucoup- plus de plaiſir de les regar
der en luy, qu'en nous ou en elles
mêmes par Fimagination. En l'hom
me lesjactions animales ſont appellées
humaines à cauſe qu'il eſt homme: en
. 1 Esus-C uk 1 ST toutes les actions
humaines ſonteſtſanctifiéesô:
àcauſe qu'il Dieſſu. (Fe diviniſées,
fi tous les
animaux ſe mirans ſur l' omme, ſor
-moient 8c conduiſoient leurs actions
’ ’ ' ani
Illumirte'. Conſ. III. :"9
animales ſur l'homme , on pourroit
appeller telles actions , raiſonnables.
Ainſi devez-vous croire, que ſi tous
les hommes ſes mir-ans* ſur jssu s
CH R] S1”, formaient” 8c Coſctldlllſolent
leurs 'actions 'humaines iiirle modéle
des humaines qu'ils contemplent en- ñ
luy , toutes leurs actions humaines fed
ſoient ſanctifiées , 8c ourroient étre
appellées dir-inn. Si onc vous faites
vos actions humaines à l'imitation de
de celles de J'E—s~u s-C nin ST', 8c fi el'
les ſuivent lesiîennes ,- comme leurs
tres- humbles ſervantes pour -leshonoret
8c imiter , elles ſeront toutes iäinctes
8c chrétienne-r .~ 8c voilà_ pourquoy on
dit , que les actions humaines des Saints
ſont en eux-ſûr-humaine!, pourlîhonſi
neur-qſſelles ont de ſei-apporter à celles
dejssus-Cnnrsr. _ ' a '
2.1. lñl me dit auffi , que les Servi:
teurs de Dieu pouvoient prendre en cetï
te vie quelque recréation en des actions
honnêtes 8c lieites; mais ue pour les
rendre plus parfaites, ſil-les alloit, dit
il, conſiderer ſanctifiées 'non en nous ,
mais en l'enfance de JEsus-Cfflusr, où
elles peuvent avoir eſté d'air-façon
trés-parfaite; Se-ajoûta, que ſi nous
faiſions ces actions en la veuë des ſienó
nes toutes_ pures', ſim les ,_ 8c inno
centesi, ce ſeroiiäfaire revivre emma-ins
z a
zo Le Berger
laſainte Enfance de Jzsusd Et voilà
comment nos actions ſuivront toùjouts
les ſiennes comme leurs ſervantes , qui
leur ſeraient honneur.
2.2.. De tout cecy il eſt. aiſé à voir,
ue nos actions humaines , 8c nos actes
,de vertu morale , \ſont «Pexcellenceôc
de perfection que ce quelles en tirent
du Verbe incarné; noſtre Redempteur ,
à la veuë duquel elles ſont faites- Pour
ce qui eſt de leurs merites, il me dit,
que comme elles n'eut ontque ce qu'el
les empruntent de l'eſtime de JE Sus
Cu R r ST, c'eſt à nousàlesſaire; 8c
à luy , qui eſt Juge, de les priſer 8c
approuver. ñ
zz. Nous devrions, dit-il , chaque
ſoir rappeller en nôtre memoire toutes
les actions du jour, 8c lesluy preſen
ter, afin qu'il leur donne leprix 8c la
taxe ſelon ſon bon-plaiſir.; de manière
que n’en connoifiànt pas nous-mêmes
la valeur, nous devons travailler àles
perfectionner toûjours de plus en lus.
2.4. La fin de céte douce &agr able
Conference ſut , 'qu'il y a quantité d'A
mes chrétiennes 8c Religieuſes un peu
Iaſches de nature 8c faibles decourage ,
~ quiſe retirent du chemin de la perſe
ction par la crainte dela mortification
dela nature 8c de l'amour propre. Non ,
ditce Berger, ne vous effl-ayez point:
car
Illuminſié. Conſ. IIſ. 31
car- Dieu ne demande pas quëon é or
ge la naturesç l'amour propre: ?ant
s'en Fauts,lËauroieaconſeilîvg
mais-c'eſt
tut???
rio ~, qpcſien
ſaps
8: leînature
anschacun r nous
'auto de o??qe² ſey
ces-deux

ayanrdu de “drezæziucler lementä:


de
ecllaréde
ſi‘ ravatlion,
ſine “eneÿnam'
,lanîgure
' v_ ſ ' parle
a ÛOEÏSÆHÆÎÏSÆPÎÏÏDBÏ
en notÏs-éftttibuani quelque »cupra-coudé
Hfùfflœ; ' Yilïauëîeorrí tieſoräreä.
'Celujïäêläïiafiíre
Baptême ecrit-tige”
îqſidäfœ àïaëcdäl , nl?r're”le
flanc quan dmcfârdreäxpênfi Æus
MM.
' teiaüî* " " _, c_- …ont
— ~~‘“~” "1-
èaèiifelïliâfisſ .’ < '?Feel-maud
. …PYR a
' ~ re-iïerepëife-Ëfles ſnszflëîju.
Me, Îäfufa ‘ ;Ïqùÿî-ne nonsîiſt
'nt à… nous' ~ propiians'. e
R111; ce qui n'eſt pointſnqi reg; àon api
"' e-ccçjïjzzszdirùëx-r Fo* j-'ſjîñgpx
Kaze' 151' ctt Ëfrſſóírdeíbÿjæroÿrctnent , mhz-s_
J-Êísîäfií 'Æîtiläfflïfflëfflfliïÿñÿäï
; ’ y; tantmi f; W_ "gr" qi”
. gigi-re.
:E: 7 'u'- .d ~':r .ñ 1 ï
'-.1 r ;un o" l' vu.: J." ñ l"
iu'. ,HLzU. ;dfj- _v- THI….
. . . - -.Lu-J
z
‘._ c. B . CON
5 >- LJEÊYÎZF' . .î,

C o N F E 113E', NſdE TY. ſſëſij


.Que la voie à ITíI-'umïnatian 'E5' .ila, m”
Tlæcalogia., eflólayuret! de Plan-ITU l'une
trefle” :wp Dim. ÜIJ' vrai: livre-EJ'
du ont) Direäcàr. Da l'œuf?) . v
ËËÊèîËËäîPÆÊÏLëÃËoËËgÃ-ëd-“Ëäîxäſiâî
ger 8E de txgàitèr and l_u_i,, jgjlſſófisfflflèſüreſi
qu’il_ 'tn’a.—\fi _puiflàmmçnt gay-vi _jqccſæjïqrzz
que j _a gouté coute compplgnxe 6c mpc
autre mn, pour] pouvoir .entretenus
. L'aiant entendu diſcourir d; quelques
matières quçma 'plume nïeÿc ñpa; papa;
ble d'exprimer hi monzepçcpdqmçqpd:
concevoir ,. 8; dougſanpâeguçl; cſpçiçjl
äâïëîîîîë-“ë *E*>11*"ïfflïaväís-ffl*
V onjurer 'me uqenç n :nc:
8c en charité la vJye par laquellq ſon eſs
Êrjtlÿétoir ainſi ouvsrtaux lumières gig
1e . . _ .
_. A qu” \axés «YFE-culte ôc-Ëqtëñdèiïïenë
;l .me du ?ſouÿfffflï qÎ.1’418;>'Êx%iä1.ñ-.‘
01T Point e. x1 riaæoivñ-ñ. P? n? .>
f!! avaär 1520i?
'ame dïautrcqfie
entretien ;Pica e la pgcôtê
avec' íeu e.ct-.I
ear c'eſt . dit-il , ,par Iæäpumä' ‘dſiu miroir
de nôtre ame qu elle emcure en paix
8E trés-bien diſ ſée pour recevoir dans
elle le viſage umineux de Dieu, qui
..v.5.3 i \z s’y.
Illu/uinä. Conf'. IV. ;g
S’Y imprime avec ſes lus rares traits,
au moyen dequoy , e] e vientà le con
noifire ſelon la Penfection decette vie ;
8: par Verztretiezz &- devis familier qu'el
lea- avecluy 8c luy avec_ elle , chacun
parlant à \bn tout, elle S’habituë au
lvſpectñôc .àí la delicateſſc des paroles
les plusÃ-ſéantes 8c convcnables à la
Cour d’un tel Prince , 8c aux affaires 8c
mifléres qu'on y traite. Delà vient
’ u’un ruſti q ue ber er , comme m0Y
peut devenir trés-éloquent îîhéolo
gien , ’ defi à dire,- Diíèoureurozl 011a
tcur
le divin.
,' où jſie meEtvoiîàïïPAcademie
ſmſſsïlſi-'nſtlîlitſ-ï . — rez-a;
.L jeÿloy demàndäyï, ‘—s’il ne' s’étoit
point-.ſervy de quelque livre ſpirituel?
Qu de :quelque Directeur. 'Il me dſc;
?uïouy ’,~ mais-qu'il l'es àvoit Pris en leur
ourceÿfflôc' qu’il Îjawoítñ laifléî les ruiſ
ſsaut.- 'Q__ue~ ſon -li-vre ſpirituel jävoiu
été le saintïEvangilëz 'SSE que ſon Di
recteur. avoit _étécelùy qui en' eſt l'Au
theur.) @fil avoíccu -quèlque deſir de
ſe ſervir des exçrciçedj dès hommes',
maís' ?il a-voitî vd; îque ce‘c]ue_1’41n
établ' ibifautÏe-Iè rïuïhóitz? &qu'il
avoit -ju' é ’,-':q1ie'céée‘c0ne‘rari“eté (T01
pinions de qondqiteëſnelpxäuçſoizïprofl
coder de'-1’Eſpnit>de— "Dieu", **qui -xPeſP
point: contraire à! \by-lnémé é- SÊ_ pou(
cela , qu'il avoit eu- Eecours aùñpremíçn
B, g Dl
3-41- le Bezçger
Directeurs,, 8c à l'exercice ſpirituel'.
— quîil nous a laiſſé par écrit.
z. Car dit ce Bet . 's uel’0rai—
ibn eſt uneaction ſi ifilffiuqelle anno
blir les-ames ui la pratiquent.. .path
converſation amiliére qlfelle leu-dom
ne à laCour du RQYñde gloire ;puis '
le Fils de Dieuäc le Roy des flcc ‘
étant venu converſer parmy les imm
mes , Pa tant haut loüée &tant record-ë
mandée qu'il'ne crie _ autre choſe dana
ſou. exercice-ſpirituel. ſinon qu'il fau-t;
zoäziaurspæicr E9' _inuit m: kjſhl;iil lñfeſt
pas vray-ſemblabiequëfl ait oublié. de:
nous enſeignerlentnogen 8s la façon
dont nôtre' éprit ſe-.doit gouverner dans
cette Academie 8E Cour. Royale. De
maniere, ,qiſañiant neounéla methode
rrzésëclaire~ 6c, trés-facile, ,… laquelle”
mîa-méme confizméparſon exemple;
ſay crû que je. la devoisſhivre; &que
fizje nŸT @WPF PKI .ſa dite-Won, ‘ je ne
ple. dois'- jama-is attendre? de: celle des.
hommes, intereflezz-Êqwïlä ſont. dans
leursopimon? .
ou-4-mfíſſñ-gſüfllcr-
vres , ,Êni; \le
la ...Oilladit,, non.-
djizeétion montrer
,flepconduitcísdai

hommesrênïflndus- 8H '~ 'Snitz és


choſes- ſpirifiuellesz &z en* Padrbflèfiiœ
ames à, la_ perſeéztiqn :,,n_on- paint- auſſi
~P°Uſ inſigne-AU _Dieu oeglaiſe) qu'enſu
' . r il_
_ llluguſſïiiiflîſiÛblifl IVÏ_ à z(
E _ puiſſe' ' attribuer ,Pintelliſſÿeiſiice ' la
fäintÿeó ſſECTÎEEΟP, .ſans .Maiffre &z inter
Ërérè: çar elle-méme Sr' nôtre Mere la
îÈ liſe Îjgüsfiiäffiigbenÿ: lecontraire;

, â 'Pc
la
Doc: V: I]
çeresísçgógffàjclirect* ê”
. ËÇ3IÎüYÎÏîf-ë’dè‘zéſesMa-,íflresffſpiz
a: ê? :f n â‘u: 'i'
rituels":qquaiidjïinlgèpkautreefi faire
avec les cirñonflantçèà
éèſtîque requiſes_ärôtre'
jeÎrËpodQ-finiplement Mais
demande 'aut' ,fcíuiîtne toucheç-,Sc
Rfflfïîïlîlïlë .- --ñ-Ïïlïsſiïëî--Ïctpî .A \
PaÎZÎï-sziéëfótés 'irfiuzës ds_179v_ ÎÏÎËWBÈt e_11.1s
&'
par ' (ès gaâfçsns' écrites ,ñ -&Ï_qu'_1'l-;m’a
preſſcYQJaY-*Ëhtâ ?Ôíïänscurn arai on
mieu-en fórai_ en par Peſprítſ .ſa graz
ce; qÙËſŒÎîſŸËíUrOÏEÏiÊ-QËC tous les livres
&ſes enſeignemëns des hommes : Yen
tçns dfeshommçgiquinepqíÿà _' :Qintla
FûÜÎéFè,.ë$ſ..!.’îÎ1~\Οî{l²-Ÿ,~Ÿd°ct&ïct-z … . ’ '
ſi S
q _ .- q( r _
inoipâranger &herläes ames, älzeur mo
des: leüropiñion-_la élleneÿîäccpre
&Iam- pdîntavecla cóngäíte divine , leur
perte* pâté de ptéïudicé &deretardeï
mem' queÎcfepro-fit 8c de progres. e laiſ
fÉÎÎQHCLË-'Ïîÿdlÿhbrer
giêtcsxïsîcërzxï… dico;maísſſe de_ effort
îles-amas
oiehtfëüÿë-ÏΟIËÏIÏIÇS GÔÛJLHÊË de. l' ſEEiS
'dermeuôreñtíëreóaäzvffdzä-EPÊÊ . TES
. .ils drëffë.ÎËPÛÏÏÉCÊÛŒWÜYÏFÏPŒÂP
qd'
IEÏÎÛÏÛÏICÏCÏU a celuy' CÏeÜku , STF
E. óñ.- fon
fdrçans de_ reconnaitre , decoſidſüiſfi 5C
d'avancer _par cette Voie ceux 'qui les
ont _choiſis pour' leursguides', ſou. qui
dépendent d'eux, Ponrſrnon Lartigu
Iîíijer n, cgcdVCſgſi-Jîlſ ÎQÇéÎÏÇfllIÇmCÆa-Yſieÿ
bisich-ë”'agnelets,
ëext. rîeurémezzia @cf i ..
qui ne ïn gſiméſiÿgctlÿçñfi

point î, ' inais mïnfiruiſent; _plutpcſ 'en


pluſieurs maniëfes , ' 'jepnſe vay .poinf
chercher-en !È ville ce que? Ïräjuveôfl
ueDieu me onneen a oqitu e-fl _ï
1e luzademandag( ,,q;uél'~oi;dre il_
avoit tenu pour: SZihtr ;ſuite -, Ïlïeï_ mur;
i-irL; 8E slentrerènîr _en cet jggeççiceíz._&
lé*pi{iai’ de* inërenſeigflei , “iuÿjzfomeçz
rant que , - ſans jamais plus_ changer z' .JË
’ le ſuivrois noncomme un eíícrcíce qälâ
- me fût enſeigné d'un homme ;~ mais I
Dieu par un. homme.. — .
il; Vóuà reconnoîtrezlpjien-
l'Auteur dÊſſCÏÊôt,, _mezdit-e
quelſera 'Çxercitçà
Si &eſt un homme pécheur ,Îquelqufçieä
levé qu’il fait., il krouvèraſíeutzétre une
telle diſpoſition en vôtre naturejpiriſi
ruelle ou corporelle , que vôtre _ſens &c
vôtre raiſon fentiront quelqueódifficulté
â le recevoirrQqe ſi vôtre .entendement
accepte
certainel'exercice;
ſoûmiffionîä ce céthomfiieſi,
ſera commepàr
ou
comme un art qu'il ſeſreſoud de pren;
dſeatâchepouir ſe perfectionner : D
la Vient que_l'on ſe ſent plûtôt' pong
U L
Illuminé Gonfi IV. 3H7
cteviolerzczçjç” qu²alleché par douceur.
Mais iſxlſexercicevientde Dieu , com
nze Dieu eſtle Çſeateurdes ames, Pe
i514.; gçsepçençlemepis 8c _deñ nos V0”
ſentez; .zñVQX-_Szële - .fetätiaez fàcilemenn
Évensireëplaœ dî1eZ.-.V°.\{ê%î':<3$ YôËrÊ-Êſz
ter ,î “ÈPQÜËÎÏYÏÎÛQ
ptit_ mais méme ne le ;fleulflmçng le-_cebue
pojugageéer; ſe
ſencautfi haucementrellevég, ,ann0b]yſi,~
5C fàucilité-Pa* e iœliſſïiien- tentes. ſes OPÊ*
z rations
. u ,~ q u’i1 ccoiça-.nzéxçc
. . Créé; ue,
Pflllſ-…zïfltîfl -Dxztigue-ù-Recevczx. . ;de
mPYSOÊIlÊ-.cyçn ?FERRE-y . .-.
’ , __ Izſizffirufïioÿ: pgizlxÿj-’l’flrzaffizn.î,~ ~
6. avant que deñmfadonner à P04
z ’ raiſon, jtzy vouluï ſçavoir. ce
que détoic Ordi/im; 8e pouyçela req
gardant dans ,ruoxæ ezgeççice vcompbœ
pg( [eîFils de Dieuz- ſay_ Ydûque een? -
toit autre 'choſe , qu'un entrſetíqnt fdÛ
hj_ ÎÊJIIÊËÜWÊKŸLÆÔ. ue toutesleszfois
qufil-allóit-fairçeêrai_ n', il ne ;faiſait
autre »choſes *Deſde ſe -retirer à Pécart
4 ' ſſdécpuvect
&parler à deux
Dieu ſOrtes-dkzraiſons,
ſon Pere. De-là ſayou
deux manières -desentretenixz avec
Dieu; ‘ L'une ,— en le lqzïant pour ſes per
fections 8c les adoramz; l'autre, en
luydcmandmr. z Cas-quelque ſoisle Fils
de Dieu_ ;levant les yeux du corpseau
Ciel, _ pour nous dire qu'il falloir éle
l _fl B 7 ver
33 Le :giga ' ' :\.' 'Ï-.î
ver ceux de l'ame Mil beniſſoít , [définit,
8c rendait gracesí à~ ſon Pere de ſes pro
pre-sexceklcncbs: (Sccelaennüüs, eſt
une adoration z) puis] dëùtres Pórîsîf
dîemandoîë-!Æ
nom; a äragëníe,-gloÿificätíon
le- fälùtfäläîfäſirk#

té ein-corps !diïknç : ñzz-E æe-cïózïzepzæ


ſëdemzſ;—çſ’g—_ "z-T …ii :_.=-’.-.
7; Si rofl' èjé-ſuis venu Alarm
nóiffaxrce tie-cds * deux. forces edvraîſonsz
èdmennëseæï cérèxerciïce ,' jÿaijetté"
l'es ïyeux>äëcitía² *geïïſée -ſür 'toutes
créatures intel eÎIeàï; iÇómí-Îäeïïles
Anges ,Q H \rimes , 8c les Demons .
_our
leä dſſèvoir ',3' fí e les' étaient
fâirëoraſſíſórî toutes
; 8U .póui- fſſaiſècapa
plus
fäcïlemeùe là difflnction cteleur capaci
té', 'jelesñaî refiuites ſous troisclaíïès,
Voir ,ſdéfiriu lesqcreacures, de'
ä SFP 8! dŒn ans adoprifîídu Ftîili
- Dku'.'._;
_r
_
.> . ,
1227.».
X0":
8è Êhtäji-fîqhe créatures ſimplëmëde;
Jïäy Ÿù que nuiles-“Üélles fflétdienti- c'et*
pables \iut-*Fäîre (rräíſori 5 (far l-'oñaiſon
étant un entretien ' familier avec DB1',
8E la famitisrifié fuppoſarrtqueïquerégaji
me, HER! !régi-evident
de ,’Ÿacſèfltuſſtä
gu‘i<l,y a* me
'dlflæræcer erésſigrfimÿë an.
cran”, ~‘l.“..'" j; LU. : W;- _
A.- cäuflznéâïfñffióſhè que ſa ' îuvreté',
-Pindigenœ &>12 neeèffiié, ñ ſont inſe
pärabies dai: eréæeure ,~ ébmmë la bon'
té, .
Illuminé. Conf. IV. 3,9
té, les richeſſes ,ſi l'abondance ſi ſont
infeparabics du_ Createur , toute créa
ture raiſonnable peut-faire Maiſon, Je.
murder ,l..&: invoquer Ieſecoursï du”
Créateur. ~ W1" ï ?ï
' gmlntant que pecàereflëyſ-æieäne
creafiurenñrfl'. capable ?de faire" là' E#
condeïſarte d'or-nikon.. quiffi 'dpi-ed
menti-Entretien familier lavé-er 'eu ſu?
ſes' [nerfectîonsñ, .avec-reconnoiſfance;
adoration', 8c action degraees. Car pour
les Démons, leurs-eſprits \bnttrop img*
purs 8c .en1baraſſez'de7tenebres ou?
pouvoir recevoir une bonne penſ eîdu
Ciel', queDieu neverſejamaisdans Uni'
vaiflëauſi immonde., Et pour les- 1203112_
mes pecbeuis _ui ſont en pechémortek
&croupiflènbr ans l'ordi-ire, ilspartídid”
peut aux tenebresïdes Demons; &corn
nieilsêſontinorts 8c -ez<de’l)~_ieu ,ï ils
n'oaezniflcdmit— à la' amiliaritéôr-cäïi-Û
verfation -awec luy NSC: fi- deineuransë'
dans leur obffination , -ils ourſuivofenk
&élever leurs eſprits ' .és u Thrôneklé
ſa divine Majeſté, les nsAnges lesred
buteroient , ainſi qu' ils firent' a- Lucifer ,
ZE _ſe Eentiroient auffi-tôtrabaiflër lîeſlí
prit dans les propres cenebres' ~ ue leur!
produiſent les creatures HUÜÏUC les leur
draw: efl: ,deſordonnément 'attaché ct; ' &l .
ati-lieu des idées divines quïlsïpenſe?
roienc temerairement puiſer dans Ile*
ï . l-ſi.,
40 Le Berger
Ciel, les objets de la terre deſordorh
nément aimez inveſtiroient -leur enten
dement de leurstenebreuſes images,
avec. leſ uelles ils ſeroient contraints
de faire eurs entretiens. _
. Ils . uvent -néanmoins eſire admisâ
cette_ ion-heureuſe :communication ~,>
sfils s'Y— preſentent_ comme repentis 8c
comme poſtulans de la grace de laquel
leils ſe voient- déchûs parleurs crimes',
u'ils condamnent eux-mêmes.; qu'ils
eſavouënt. ,ñ 8c dont -leur volonté ſe
dépoíiælle au-pied' du Créateur.
_ 19.'..Entant que-:bons Chrétiens 8c
membres unis. au Fils de-Dieu , nous
entrons dans les mêmes droits qu'il a de
ſe -preſenterà ſon Pere, de converſer
familiérement avecluyz; de-luy parler, '
~ 6; de recevoir ſes zrélfflnſes.
z 71,1, 'Qxand donc Pay eſté aſſeuré-ó
que ,rebumnt le péché, (pourPem é—
chement--quíilzmez donne par ſes t néñ.
bres 8c par leódeſdain que mon Créateur
a contre luy , 8c Yaverfion qu'il-con
çoit de ſes folles images) 'je-pouvais
avec une humble confiance au Sang de
ſon Fils- naturel (par .lezntoyen du uel
je ſuis, adoptif) _me preſenter au P rez'
élever 8: nourris mon eſprit groffierà
la Cour Impériale, 6c que je pouvois
étre admis a converſer avec luy; jeme
ſuis mis tout auflî-.toſt à la recherràhe
- es"
Illnmíne'. Conf. IV. '4t
des ſujets ,a ſur leſquels' je pourrais eu,.
tretenircmon eſprit avec mon Dieu,
ci*aignantzque,ine prelèntaun-devantſes
yeux ſans_ efire bien-accordé avec luy ñ,
je ne demeuraſſe muet avec ma courte
honte devant une ſi grande puiſſance ,
.ouque je ne ſuſſe contraint delentre
tenir_ de diſcours ruſtiques 8c indécens
a ſid grandeur. Je ſuis donc a]lé,cher,~
cher ina a leçondans mon exercice ſpiri
tuel, où toutà ?ouverture d'un feuil
_ let de l'Apocalypſe , gjſay trouvé ce
qu'il me fa oit; cîeſiun Cayerâpart,
eſcrit dedansñô: dehors. .
r z. Ce (petitLivre ou Cañyer, par de
hors repre eme le Createur , 8; par de,
dans \le ;Redempteurz Qäaudgje ſçeuq”
cela , 1eme ,voulue plus_ 'autre lignée.
Ie_ ñpris-ñâncontinente' Ëznañ houlette:
curages,
ôc je diſais-à
uivancgnon part may; les…
troupeaurdans que je
ifavois que faire d'autre lumiere par- de
hors. our lire ce double livre quedu
ëêlei -ÆBRFËFÙÇÂMBHÂ \DBT découvre-puce
[ËQËLMOHJC "Lffi1.y fitvoirleè notag
\Pura qïíflœz ?eapcrfectiona-…du
Ëles veſtiges airzïëuili d'autre-JUNG.
partie ans que dezcelle de la. Fog', xqui.
découvrant_ .J n s u s-Cu I. 1s T mon
ame,, nfy ,fit voir. les iemar uablesz
QffÇÇËpdÇjjzPl-fls \raz-ça ualitgz, u_ IIe-L
démpteur , qui \aux la once , l'amour .z
_i-J_ 8c la
4: î Le Berger
Gc- la miſericorde ,î avec toutes lesver
tus-qu'au divin-lement pr-atï es. '
n. Et ainfi me voyant* rbícn* 8c ſi
parfaitement inflruitîqùü] ne me rdïoi; È
plus que deſçavoiræl 'qui desfrolsPep
ſonnes Dívines jeñ devoisme preſenter;
&par que! moyen' je devoís comtirenñ” ñ
cer ,_ 'e ‘ retournez* 'iucomínent- voirie
lipid-e* ‘ mbh-ſhnvekffi
regal-dau; Directeur
cótïxment" flîavoît ,-’ 8c'
Yaitg', &Dois
donné äuir autres de _faire ,T —' fàytèonÿë; 4
qùedëzóic àu Pere qufilfefilíï
loïc &dz-enz- —,î îeomïriè -äî la fdäïeé dd
tout étre, 8c au -Peœdctbutè kçmuére:
^ Voícyîcórríme III-parloir, &ſe pro-f
à_ ſon Pere
#P ' ?Par-dî, .-'² cfa, glàrÿfëæÿóyfië
:ſl: ,Ûääiſiîhmrälç ŸPÏÎÛ;
n” MHz-e, gum adr-vcd' _ yé; ind-i
P_ 7,- fvfdonhéz-Ieíäififirſiïdír &r; ;Tiré-J
mnwudei mnïefÿi-Ær knife" wE-'änæôz-,Ï
&ainſi il expire] , fakiſânt draiſonfäiíätr'
Pere; l ſ ~'~'.‘²" ï;
ñ- Voícy comme il-infïruit; &édifié;
files; qui'1nY~demandoâeflc~Î'a~-~faiç
Æer- dde_
:VM dmx!, 'ëæeuc 'xeæofid \xl-IPB
F# Pere qui efléïie? cid -,:— d' a
Nmïſm flirzäzÿffl ïEpailleuràilſ M
quo-foutre que nou! Jerrmizîcranr Bfm ſiPÊ-[rï
m'enfin nom, il le Janfléra-Ÿ Il nercfle
plus que de voirlaïmaniére, ſelon la**
quelle vOus-vous devez preſenter de
vant Dieu. ‘ ’ — ë e ’
M4
hſſllluminc'. CODE VI.
4P
Mania-e de fhire Ordi/Im. t.

V 14. E N vous preſentant devantle Pe


reEternel pour vous entretenir
Yi avec luy de ſes propres perfectíons, il
s'y fauräzreſènter avec une tres-grande
ureté 'intenti0n, qui doit eſire ſeu
ment pour connoiſtre les perfectioms
aimable; 8c adorables qui ſont en lju_ ,
&ſeulement àdeſſeîn de lesloüer, es
Florifier, les honorer, les adorer, 8c
es reſſentir comme vôtres , 8c ſur tout ,
vous offrant à luy pourîétre revêtu de
quelque eſprit cïoraiſon, tel quïlluy
plaira, ſoit-il accom agné de diſtra
ction ou de. ſéchereſſe), d'inquiétude
ou de repos. î q _
x5. La reconnoiſſance de' la \zi-eté
de vôtre eſprit z &ant faire , i ~ vous
faut commencer à entretenir le 2ere
Eternel: 8c our ce faire, ardez vous
de vous pre enter devant es yeuxen
vôtre perſonne , ‘ 'ni de ?entretenir en
vôù-c nom_ L " , :_: LMÏÎÎIIÏË' “Z -Ï
. Ii s'y ſaut introduifeîvfoùsicepñtroii_
titres: -' ’ .ſi. .- 'Jlſir Li'. r '
En la erſànne Jeïjîënïlíil? ,"Icxîíä
,
En l'ex/Fri: Jaſon Fil”, - . 5° --4
En la vcritldejîm 1-711. ‘ ' "
Parce que nous nhvons-poinf de
droit d'aborder le Péreque par luyôè
nous revétans de luy. Voyezëla belle
figu
zl
44 ſi Le Berger

figure que nous en avons dans l’Ecritu- l


l
re : jacob deſirantla benediction de ſon
Pere des
vert Iſaacvétemens-
, ne Poſeaborder ſinonElſiaü
de-ſon frére ſcou ,
(quiluy avoit cedé ſon droit, ) en ſa
veur de l'odeur 8c des parfums deſquels,
il tira la benediction du Pére. N’eſt-ce
ï pas ce que Saint Paul adit: Rei/étai”
mur-ds noſtre Seigneur jtsus-CIÎMSTP
- Il ſe faut donc preſenter au Pere au
Nom &en la Perſonne du Fils. Et s'il l
[demande qui(peus ſommes réponílocrlis
ans crainte ementi" (à 'exemp e e
Jacobquidit à lſaac ſon Pere , je ſiſi-ï'
-uoffircl-"ilr Eſàù', ) Naurſbzmnerà ?aſtra
1711:.- t'a ſu] qui v! Ufarle en nour.
16. r a mani-.re e vous revêtir ’
âäsfi, .Gt ſaiiecêt heureux paſſagÊ
VOUSCD: Esus- uaisr nous:
enſei née dignement par une créature
inſen lez qui eſt le pain, dont nous
conſacronsñ le Corps
Ce pain deſtiné pourdeétre
JESUS CflRlSſ.
preſente au l
ſaint Sacrifice de la Meſſe , étant une
créature trés-vile 8c trés-ravalée pour
ſervirà un ſi haut 8c ſi divin myſtère,
&plus ue trés-indigne que ſa vile ſub
ſtance oit convertie au tres-Saint 8c
treS-pretieux Corps de* JIBUS-ÜHRXST ;
ee pain . disje, ne pouvant s’anéantir
tout à fait ſo -méme . deſavouë , ſe
depouille , cede le droit qu'il a
pour
Illumintfi Conſ. IV. 4';
' pour
nant àſon
ſonpropre étre;il 8c
Créateur, 'l'abandon
le laiſſeſi tranſñ_
ſubſtantier-en l'être corporel du Fils de
Dieu , incarné pour Pamour 8( le ſalut
des hommes , ' en la Perſonne 8c ſub
ſtance du uel il s'offre-aux yeux du Pe
re Eterne -, 8c c'eſt une offrande ſi
agreable 8c acceptable , qu'elle ne peut
étre refuſée; 8c il n’eſ’c rien de tout ce
i que la voix de ſon Sang demande à
Dieu le Pere, qui puiſſe luy étre dé
‘- nié. Ainſi venans à paroitre devant
‘ſi Dieu
parlerpour
, denous offrir a luy8cafin
Pentretenir, de luy
le recon
noîtte , il nous faut appeller ſon Fils
JESUS en nôtre memoire ; ~8c étant
ainſi prés de nous, 'luy ceder le droit
de nôtre vil étre , nous gliſſans- en ſa
Perſonne , 8c nous y uniſſans comme
les membres à leur Chef; 8c en cette
maniére nous avons le même droit que
luy d'entretenir le Pére : 8c ainſi enſon
nom , couverts de ſes habits ;le Pere
ne nous peut rebuter.
17. De ſorte, quecommeenîla ſain
te Hoſtie , le Pere ne reconnoit point
1e pain , (car il n'y eſt plus, ains ſeule
ment ſes accidens ou eſpecesŸ mais
ſon Fils , auquel s'eſt inſenſib ement
gliſſée, pour ainſi dire 8c en la chair
duquel a eſté inviſiblement 8c divine
men: convertie la ſubſtance du pain
(com
46 d Le Berger ~ l
(comme auſſi celle duvin en ibn Sang ,) l
par les paroles du méme jtsus-CHMST ,
prononcées parle Prêtre; ainſi le Pére
ine-nous regarde , 8c ne nous écoute
pas, vilsindignes que nous ſommes
_de nous-meſmes: mais ſon propre Fils
q ui eſt en nous,, au nel nôtre cœur
S eſt gliſſé par la fimp e parole d’aban~ 5
don , 8c de conſentement de nôtre
propre volonté z par, la nelle elle sfleſt
donnée en la pleine poſſel ion de JESUS'. i
Cinusr , par un acte dbbéïflànce 8c de
ſoûmiſlion totale, ſe devétant 8c dé
poüillant de toute ſa Proprieté , afin
d'étre toute transformée en la volonté
de J E S u s.
Il nous Faut donc approprier 8c revê
tir de la Perſonne 8c des mérites de
JESUS-CHR 1 ST, nondesnôtres, ni
de nôtre ſuffiſance , pour avoir audien
ce du Pere celeſte; car le Fils l'a meri
~ té pour nous..
18. En ſecond lieu, il ſe faut intro
duire devant le Pere en l'Eſprit de ſon
Fils, ce que le meſme Fils enſeigna ,
comme bon Directeur , à la Samaritaiñ …
ne, diſant: que le: vrai: .Âdóratcuri
adorent Ir: Pere cn eſprit íJ' verite'. Nô
tre eſprit eſt trop ravaléôc diſpropor
tionné à Dieu pour croire Pentretenir
dignement de nos penſées 8c diſcours
naturels: puis que , comme dit S. Paul.
010K!
Illumineîë, ConE IV. 47x
nm; ſſaóſômmer- p”ſ10$'ſhi-u , ſatlrſæmſèr
guigui: ;Ævſè .de bien. de #Fray-er _fan-er ;
ait” que toute Mitra fix_ ſince vient da'
Dick.. Pour entretenir unzDieju, il ſand
un eſprit divin , qui fdrme en ,nôtre
amendement despenſées dignes delay,
&i pour avoir un eſprit' divin, ~il ſam
renoncer à la baflèſſcæ de nôtre diſcours
étudié, 8c demander à Izsus-Ciuusr
ct( Eſprit ſaint , .divin--ôceloquent,
dont , étant .icY-bas ,' il entretenoít
ſim Pere. 1l zifleſtpas pourtant Deceflài.,
œ de-ſçavoir 5; ſi-nous .avons cét Eſprit'
avai-it quede-commencenzii ſuffit de
nous donner àinyen. Eoy 8c ſimplicité,
pour entrer en ſecondaire 8c poſſeffion.
J. En troiſième lieu , il faut ado
rer. ZZ prie: le Pere en verité , 8c ſerre
vétiróde ?Eſprit de verité &î de Foy : 8C
nousen ſommes revêtus lorſque nous
nous propoſons un .my ?cete ou quelque
perfection divine, non ſelon la cOnnoiſÎ
Iànce quenous en avons,, qui eſt trop
baflè . étant proportionnée à nôtre en
tendement ; mais comme le myſtere ou
la perfection divine eſt en ſoy , 8c ſelon
qi-felie le merite ; ce qui ne ſe fait que
parla Foy , de laquelle étant aſſortis ,
nôtre eſprit .eſt revêtu de verité; puis
qu'il contemple les choſes non comme
elles ſont en elles—me’mes, mais com
me elles ſont en luy.
10. Voi
48 - ſi Le Berger "J "î
2.0. Voicy comment ?Ame s'élève
vers Dieu le Pere, pour Fentretenir 8c
Padorer. C’eſt que nôtre entendement
étant? -revétuñde la Perſonne , ñ de:l’E-.
ſprit ', 6c de "la veritable .lumiere du
Fils, zquieſt la Foy , il sïeléve douce»
ment par-le diſcours, que. l'on appelle
Medimtion 3-26; va cherchant quelque
vertuÎ-proprieñté , 8c excellence 'de
Dieu , -Jcomme ſont la perfection cde
ſon étre -, ſa bonté, !ſat beauté , .ſa
puiſſance, ſa ſageſſe, ſon amour, ſa
vertu, ſa gloire, 8cm: puis en ayant
découvert quelquune qui ſe manifeſte
plusque les autres , Pentendemerít s'ar
rête court àla contempler avec admi
ration, 8( cecy ?appelle Cantem la
tion, oùPentendemententretient ieu
înſenfiblement 8c ſans bruit ,' de ſes
pro \res Perſections. Finalement .la
puii 'ance affective de l'ame, qui eſt la
volonté , ſe ſervant de cét entende
ment éclairé , comme d'un oint de'
lumiere , elle fait par ſou affi ance un
heureux paſſage , 8c entre dans ces
Perfections divines que Pentendement
contemple : où étant introduite, 8:
ayant interdit à cét entendement ſon
operation , elle veut faire la ſienne,
rendant hommage à ces Perfections
qu'elle adore en ſon Créateur , dans
leſquelles, étant comme ſay dit, af
ſecti
IHM/nine'. Conſ. IV. 49
Fectivement , 8c comme furtivement
paſſée , elle ſe voit toute revétuë 8C
articipante de ces divines qualitez : 8C
es voyant encore gliſſées du ſein de
Dieu ſur toutes les créatures, elle s'y
gliflë quant 8c quant, de ſorte qu'elle
lesadoreen Dieu &hors de Dieu, par
tout où elle les trouve , 8c ainſi elle n’eſt
point diſtraire par les Creatures.
2.1i Semblablement a meditant les
_vertus 8c perſections naturelles &ſur
naturelles
C H a is T , de ?Humanité
paſſans 'enſi elles'de JESUS
, 8c nous
en revétans , nous les adorons en luy ,
&hors de luy en ſesserviteurs, nous
rendans Chriítifizrmer. En cette dernie
reaction de avolonté &cét heureux
paſſage , eſt 8c conſiſte la vraye Orai
ſon : 8c c’eſt vrayement adorer le Pere
en la Perſonne, en l'Eſprit, 8c en la
verité de ſon Fils. '
2.2.. Et ſi vous deſirez pour vôtre ſatis
factionſ irituellc de ſçavoir par rati
que que eſt l’eſ rit avec lequellÎÎFilS
adoroitôc rioit on Pere, regardez-le
priant en on Agonie au' jardin des oli
ves , 8c je mïaſſeure , que vous verrez en
vôtre Directeur comme quoi vous devez
vous revêtir de ſon Eſprit en vôtre Orai
ſon. Quand il fut agité de la vûë 8c du
ſouvenir deſaſon
menszôc de ennemy
mortéſion , deentra
eſprit ſes tour
daps
— ' a
50 Le Berger
la vertu de ,patience , dont il ſe-revétit ,~
8C qui eſt d'autant plus grande que ſem
ble croîtrel’impatience du ſens. Si tel
les choſes ſe re reſentent à vous, ren.
-trez dans cét ſprit, 8c vous en revê
.tez. Qiëand il fut refuſé en ſa demande .
_il ſe re v tit de l'eſprit &humilité &de
reſignation , avec equel il demeura de
ñvant ſonPere. @and il fut conſolé de
l'Ange, il entra dans l’eſ rit de juſti
ce, 8c s’en revétit , ne e ſervant de
cette conſolation ſenſible qu'aux fins
ipourquoy elle luy étoit donnée, qui
-efloit , our embraſſer plus courageuñ
_ſement a Croix. q
2.3. Sur tout prenez garde , qu'il
faut demeurer en Peſtat conforme ~â
l'eſprit duquel vôtre ame ſe ſentira re
vétuë, ſoit d'humilité, ſoit de ſouf
france', de joye , de triſteſſe , d'a
mour, ou d'autre quel tquffl ſoit, par
une canfaranizó/ à la volon divine : ain
fi que ] E S u s-C H n i ST demeuroit en
I’ei’cat conforme à Peſpritfqui le poſſe
..doit, de joye, de triſte e, &cp 8c
comme cette ſainte Ame ſçavoit que
c’e{’coit l'Eſprit de ,Dieu qui la mettoit
en cet eſtat , 8c qu'il eſtoit ſon Di
recteur; elle ſe revétoit des infirmitez
8c paſſions .qu'il laiſſoit _couler ſur elle ,
adorant cét Eſprit de Dieu en elle,
tout rigoureux Directeur qu'il ſem
bloit
Illumine'. Conſ. 1V. gt'
bloit eſitre , par une conformité de vou
loir , 8c de non-vouloir.
2.4. Imitezdonc JESUS-CHR, xsT,
puis qu’il eſt le Souverain Directeur des
Ames; &vous ſerez aſſeuré d’avoirle‘
parfait eſ rit -d’oraiſon , 8c vous ne
vous trou lerés de quoy que ce ſoit
dont
au voſtre eſprit
contraire puiſſe
, toutes étre cmbaraſſé
choſes vous coô-'ſi;‘
éreront en bien , 6c vous joüirezdes
umiéres 8c cles connoiſſances- pour leſ-.
uelles vous allez admirant mon eſprit ,
ſans avoir conſidere , que la ſeule Per-ñ'
ſonne &le ſeul Eſprit du Fils de Dieu
nous merite ces graces &ces familiers
accez aupflrés du Pere _des Lumières , 8c
non pas notre induſtrie.

CoNFERÉNcE V.
Du juge/ntm* arrivez/él .~ rambieuilſêra
glorieux à Dieu, E5' combien ileſZ de
ſirable à ceux qui aiment purement
Dieu : merveille: de rejour- Id.
x. 'Eſtant venuë durant ces en—
treſaites une excellente Pro
phetie de la prochaine fin du monde,
je mîaviſay de la porter auſh-tot voir
à nôtre Berger , qui l’oyant lire , mon
ſtra en ſon viſage 8c en ſes geſtes une
joye extraordinaire. diſant tout bas
" C 2. tan
S²~ ÙBFËW-ñ
tandis que je _liſois , ,Que .n'eſt-cd aujour- ~
d'in-ly; que auſi-ce aujourdflóuy: cequi
fut. a cauſe , .que jepue píxs me tenir
äprës la lecture ,, de luy demander ,,
pourquoy il ne leuroit_ és; ne tnrembloit
pas au lieu de e rejouïr, vu que les
plus grandssaints ont, toûjours redouté
cedçrnier jour, à cauſe du Jugement
univerſel qui S'Y ſera, où les hommes
ne trouveront p uslieu de mllÊlÈCOſdC .>
,Aquo ñil me fitqune répon e iexcel
lente fi relevée , voire ſi ſenſible,
qu'elle me reſtera toute ma vie en l'a
me, pour ſujât detonnement. _
3-. Il [ne dit donc , que les ſaints
ljerſonqziges qui ont redouté .ce jour,
:feſtans pouſlez pour lors , que d'un
amour iuterellé dans la perte des pê
cheurs reprouvez, deſquels le ſort —
toit ,incertain pour eux meſmes', n'y
conſideroient , que la ſeverite' du Juge,
8c lc_- dcſavantage des _reprouvez jugez.
Mais pour moy , dit ce Berger, re
noizçant à lïntéreſt -que l'amour pro
pre mä geroiä plrendre danä ma rtízprc
perte ' answa eur, pour pou ei-_im
pleurent les interets du juge , 8c les
grands .avantages que luy ê( les Elus
recevront de ce jour,- il ſaudroit qlq-e
je n’euſſe point d'amour pour ce ju e
DSC IŒÛIËÛ( Jugîrpour ne point deſi
xer , uiemeaveç pa ion , cette journée ,
__ L] en
Illumfneî' V. ~ fzſſ
en laquelle tous ſes defirs ſerontaccorîr
plis ſur les Anges 8c ſurles Hommes'.
z. je vous dis de_ plus , que ce ſe
cond avenement du Redempteur doit'
être en certaine façon plus paffionné
-rrient deſiré que le remier tie-le ſut dés
SS. Péres , pour \ſe grand 'avantage
q.u’e‘mporte~ ce ſecond ſur le' 'premiexz
Au- :premier _avenement ſemblait
que' le'Fi~ls de_ 'Dieu tïtîrt ctÿénÿſiínëëÈâ la
grandeur-de ſon étre , 'puis qiiesglïaul
dit, ſiſi] .r’an_(4ntit,'—prer1actnt Iii ffbrïñc
deſir-vite”. Il ſernblîoit qífil ,eut re-ñ
nOncé-à la grandeur dezſes richeſſes,
entrant dans' noshpauvretez' -;~ f à' “ſon
honneur , ſe couvrantï-'clelärÿ lzoniëî-ſiëflc
»confuſion cles peclieursfläèîqfii plusïeſt ,
il renonça - en efitôc tout defbdnj ,Peſñ
pace 'de trente-Lewis ans qu‘ili dedié-uſa
en cette vîernortelle, â l'intéret que l'a
partie inférieure de ſon Ameäc tout
ibn Corps pouvaient trés-juſtement
pretendreï â lagloire , en vertu cle-l'u
nion &gdu maria eindiſſolubledëſóh
Humanitéïavec- e Verbe' 'glorieuxü
Au contraire_ enèeſecoud avenemenf!,
il viendra en pleine poſſefllon &lè-la dou
ble gloire
plus' de l'ame 8C du-
dans Pavilſiiſſement corps, non
ïdes-'pecheursg
ou dans Pinfirmité de cette vie' mortel
le; mais parfaitement vivant, 8c re
gnantdansſa” pmpre' Majeikë, gloire)
C z. puiíî
54 .La Berger
v iêiſſance., 8c authorité de Dieu ſon
re.
4. Au premier avenement il vint ſeu
lement pour les hommes pour eſtre ju
gé d'eux , 8c pour ſubir toute la r1
gueur de leurs injuſtes jugemensaſon
deſavantage: En. ce deuxiéme avene
ment, il viendra pour luy-méme, 8c
Iſe préſentera à tous les hommes &les
;Anges pour eſtre leur Juge; 8c 1l les
.jugera à l'avantage de ſa gloire.. &
.de ſon honneur.
l
, Si_ donc j'ay tant ſoit peu (ſamour
pour luy , ne dois-je pas defirer que ce
~ jour arrive- bien-toſt ,ñ puis qu'il ſera
.tout à ſon avantage?
ï _— 5. Tajoùteencoreâcecy, que com
me par précepte nous ſommes obligez
s d'aimer
. J-ESUS-CHR 1 ST , P lus (l ne
nousmémes, ſous les deux titres de
Créateur 8c de Redempteur , &Ê de
préſerer ſes interets aux nôtres,- nous.
_devons aimer ce deuxiéme avenement
dïxnamour_ tlout-particfpliî , puis qu'il
. Orne, tousRedempteur.
Hſin rsT es intere S e l Esus

6, _Si vous ſçaviez , dit ce Berger,


.les glorieuſes actions , qui ſe paſſeront
,en ,ce jour, vous le deſireriez autant
que moy. Et plût à Dieu que tous les
hommes du monde , 8c ſpecialement
í
l
.168 Chrétiens, Religieux 8c Prétres,
’ ,g com
Illmninl. Confî.” V. gf
comme vous elles, en euſſent -le peu'
de connaiſſance que m-’en a donné ſa'
,Bontél Non, ils ne voudroientpoint
de plus douces meditations en leur en-ñ"
ſées : mais je croy que la Sageſſe ivi
ne les cache aux yeux des plus ſages du
_monde , qui ſont ave les dans leurs
przopreslumieres,, ur es revélerauac
_ plus ſimples 'SSC gro ieiszcommemoy .
7. Ces aroles. retenues …mfenfla
merent' ſi Ort l'eſprit :luz-deſir deſça
voir les penſées. que ce Berger avoit"
du jugement, que lſſçayâllt' convié de'
me confier céte' grace ſi ſecrète que'
Dieu luy avoit faire; dontzjïeſ ,émis de
me ſervir d' ementzy-il_ meſſttaſſeoù'
à terremain
d'une aupr ,—s de luy*: ſpllſſzclîà
oſiant 8E: merpnenant
undï
-lïautre pour parler dece myſi ,e avec
plus de "reſpect, 'il commença de cé.
-te ſorteà me déclarer tout l'ordre des
_glorieuſes actions de ce jour tant rez
douté du monde 8c tant-deſiré deluy.
8. Premièrement, Nôtſe' Seigneur
) E s u S-C H r. ps rñ ſe preſenter-a aux
Anges , aux Demons ‘, 8C aux hom
mes, pour étre reconnu Juge de_l'Uë
nivers , rantdes hommes qui reſteront
alors ſur la terre, que de CÊUXFÏOUËÎÊS
corps aurontété enſeYÊ-lis depuis la
création du monde. Les Demons ne
Faccepteront pas dezgreſ à gré ; 1113i* j
c 4 par…
z 56 Le Berger
pax-force: Mais bien les Anges. Les
reprouvez demeurcront dans la rebel
'lion des Demons , 8c les prédeſtinez
dans la ſoûmiffion des Anges. Joignez
vous donc dés maintenant à ceux-cy -,
8c vous imaginant que JESUS-CHMST
ſe preſente à vous plein de couroux ,
pour eſirc reconnu juge de l'Univers ,
joignez vous à luy , pafiez dans ſon
zéleôc dans ſes inclinations; 8c épou
ſant ſes intereſts, proteſtez de donner
le coup Où il le donnera, de détruire
ce qu’il détruire,, 8c de pancher Où il
panchera.
9. Second-amene, il détruira tout le
monde d'Adam-z au moins, tout ce
“qui aura ſervy âlïimpureté d'Adam ſe
renouvellera. Nouveau Ciel, nouvel
“le terre , nouveau Soleil gl nouvelle
Lune. Voilà , dit-il par Saint jean,
que jefai: tout nou-veau. joignez vôtre
zéle au ſien: donnez-vous à luy, a
vec tout ce quieſt impur dans ce mon
de d"Adam: 8c détruiſez preſente
ment les créatures dont l'homme 8c
dont vous-meſme vous efles ſervy â
Poffenſer; puis que Dieu les excermi
nera.
lO. Troifiémement, aprés avoir déñ
truit 8c perfectionné le Monde , il
détruira en nous tous les deſordres
d'Adam , qui eſi le vieil-homme. Don
nez
ÏÏIÎHHÎËÃ ;I7
nezj* .vous -donc à :Meme-méme encre..
ſesmains toutes-puiſſantes ,T z 8c paflànrſi
vôtre cœur dans lè ſien , .toutpleiu ,de
juſte ,courroux contre ,cea deſhrdres
qu'il' cOnnoit-;Sc que vous tecotmoiſlèzi'
en vous, ,GE-Îquîilñ, détrLti-ja-Ên coder
nier jour,- doëpétez dészmaiïrtenant ä
eet-tc- deſtruction- L. ita-Vousirefocfilanu
à bon-eſcient'. ſans atfiêfldiÿ-Çzſhflyffllſfl;
.TSC cela eſt :détruire-l'empire ŒAlÏamz-i…)
Il décruira-zIÎempirc du péÇhéëjſUPJCfi
prédeſtinczd Si-vous vdivzézdgns l'eſpé
rance d’entel’cre~, commencez de l-'ai-ñ,
derâle détruire en vous( …,4
- Il déëiuirar_ v rempli-e ;M quer inf-qu'au
lors le díableaura euoſur les pvedeſtſ gi;
par .le peche dî-'Adaniëäcpar les-de rie
dres quíefioientmez avec a1X’,’;-j‘ffl];;q
Il détruira-lîempire: \Elfe-Ja ?claims .QD
ſorte que dés lors ſieſptiiſcbælnÿfiçêljz _
ſon regne 8c ſon ,em ire ſuiÿjxrchæiiſ,
Efforcez vous toutz çecçehqure-.gç
_ſouſtraire cét empire :à: la-zçhair-:z s'il
vous ſembler difficile ,_- îjdÎgQqLVQuSſ-Ÿ.
_IE S us-C [HK is-r ,— afiznſ qu'il, fortifiç
vôtre éprit, ou du moinsz deſavoüez
cét em ire du-ſens z 8c n’y engagez pas
vôtre ibeïrté. t ’ p .
Il détruira l'empire de la mortñ, qui
commença quaſi avec le monde; 8( la
vie commencera pour nefinir jamais,,
tant ſur. les prédefiinez que \titles r8
C 5 prou.
58ct' Le Berger
rouvez; rendantla vie par ſa miſeri
corde à ceuxàïqui par la rigueur de ſa
juſtice il l'avoir oſtée z rendant les_
corps aux ames auſquelles autrefois il
les: avoit donné pour com agnons inſé
paräblea; .avec cette di erence pour'
tant, que ceuxàquila ſeule juſtice auó
ra oſté la vie , il ne la leur rendra que par
la même ?office 'z' mais ceux à ui la mi
ſéricorde] aura oſté &v effacé e peche'
aveela vie, par la méme miſericorde
il leur donnera ſa grace 8c la gloire,
avec la vieñ perdurable , qui eſt luy
méme, >- ë ñ
ï- n. Mais ‘ n'oubliez pas deñremar
quer 8c” dfadoreren )Esu S-CHR 1 s-r
la ſource d'où il puiſe ſa vie avec la
plenitude' 8c ,abondance d’icelle, par
laquelle-il-tetire' tout l'Univers de la
mort-ç Gt rétablit en une vie perma
nentedLa ſource de la lumiere, eſt le
ſein du Soleil; _Ge la ſource de la vie de
*j'a S-us-C-un 1 S T , c'eſt le ſein de ſon.
Pere . duquel il tire l'être éternel com
me ſa-vie: De manière que gliſſant
cette *viie éternelle du Pére (qui eſt en
luycomrnele rayon eſt en la lumière")
dans les morts, il les ſait vivre en luy
8c par luy ~. qui étant inſeparable du
Pere, les Fait vivre par luy au Pere:
C'eſt pour cela qu’il diſoit autres fois ,
qufil (fait la rëjſurrectiorz _E5 la vie: 8C
c'eſt
Illluxmíne'. Cclnfſi. VA." 59'

c‘e{’c encore 'ce que Saint Paul enſeigne


diſant , que quand nour ſomme; mar”,
naître -Uie :fl cache? avec) E S u S-C H a l s r
en Dieufin Pm- : E5' gge quand J E S u s
_ CHR [ST, ce Fils, cette Lumiere é
ternelle, viendra à paraître au jour du
jugement , gliſſant le rayon de' ſa vie
en nous , naurſèranr _ſîunblabler à [u]
parla vie; &aurons une vie qui vien
dra de la méme ſource que la ſienne,...
12.. Qui_ aimera donc tant ſoit peu
JESUS-CHR x ST, 8C ne deſirera voir
ce jour , auquel il aura ce contente
ment de voir ainſi ſa vie re nerſur la
mort? Partant adorez tous es jours en
J E Su S-C n n x S T la vie, par laquelle
il doit vivifier tout ’l’Univers. Pour
moy ,. dit ceBerger , aprés que ſay
adoré cette vie Divine qui regnera dans
les morts, je renonce entiérementà la
mienne comme à une vie qui n'en meri
te pas le nom , 8c je prie mon Re
dempteurflc mon Juge de m’ôter1’af
ſection dérëglée 'que je ſens à cette'
mort vivante , ou vie mourante, me
donnant à luy pour entrer à preſent en -
quelque Façon dans cette vie nouvelle ,
non jamais interrompuëlpar la mort,
dans laquelle je commence le premier
acte de mon adoration éternelle, que
je ne veux jamais interrompre. _c
13._ JESUS ayant rendu -la 'vie a
C. 6 . tous
60 Le Berger
tous les mort, il donnera ſentence de"
condamnation 8C de ſalvation reſpecti
\Tcmentaux An es, aux Hommes, 8c
aux Demons. I confirmera les An es
en leur état bien-heureux, 8c les é
mons en leur état malheureux ; 8c il
donnera aux reprouvez la vie er e
tuellement niourante, &aux pr d i-_
nez la víe éternellement vivante.
i4. Cecy couſideré , j’adore de tout
mon cœur la ſentence qui ſortira dela.
bouche de mon juges( Redempteur,
voire le jugement qu’il fera ſur moy
méme; (à cauſe que je ne ſçay , ſi alors
je ſeray en état de lu en faire honneur ,
8c de le vouloir a orer, ) afin de me
joindre âſon jugement; 8c ſi l'aimant —
plus que moy'-meme je vois qu’il tire
gloire du jugement 8C de la condemnæ
tion qu’il donnera contre moy , je veux
:Sucette-heure adorer ſon ju ement, 8c
renoncer au mien intere par lequel
je veuxlagloire pour mon propre con
tentement . deteſtant néantmois tous
mes péchez 8c oſſeuſes. _
x9. je dis de plus, qu'en ce dernier
jour j E S u S accomplira tous les defirs
des Anges , des Demons , 8c des hom
mes, tant predeſtinez que reprouvez.
Le deſir des Anges , c’cſ’c de voir
leurs ſièges remplis , leur Societé ac
ciſië , ë: l'Empire du Redempteur
‘ . - par.
Illuminê. Conf. V. 6l
parfait ; ce qui _ſe fera en ,ce jour.
ré Les
un Demons, qui ont
plein empire toùjoursdefi
\ctur les hommes;
Pauront alors établyñ, ſur tous les re
prouvez. O tyrannique Empire, pa
reil à celuy que_ J :Su s-Cn x rs 'l' lem
donna un jour ſur un Lunatique u’ils
jettoient tantôtdans le Feu, 8c; fau
tre-fois dans, l'eau'. ._ _
Les reprouvez étans en _cette vie,
ont toujours defiré la chair, la te1're,
&les metaux; & ils auront alors leur
chair mal-heureuſe avec ſes ſenspils
ſeront accablez de terre en ſon tene
breux centre 8c ſur-chargezde me
taux , qui n'en ſont que la crême.
IIS en ont joüy dans les ténèbres dela
raiſon
ſiſi dansobſcurcie
les Enfers8(n'en
nuagée du ſens,-autre
auront-ils auſi
joüiſſance que dans les ténèbres &les
peintures du ſens. llsont defiréôc oſ
ſedé toutes choſes ſenſibles deſor on
nément 8c contre Perdre du Créateur _Sc
du Redempteur étably en eux ; aufli en
ce jour ſeront-ils enveloppez de tous les
Objets ſenſibles, mais dans un deſordre
ſi grand, qu’il combattre! le bel ordre
que le Créateur a étably en eux ſelon
lequel il avoit voulu . qu'ils les poſſe
daſſent avec plaiſir 8c innocence, 8c
voilà leurs deſir-s accomplis.
Les prédeſtinez , enfans de Dieu,
C 7 au
6 2. Le Berger
auront-encore en ce grand 8c heureux
jour-pour eux. leurs deſſeins &deſirs
-accomplis, qui ne l’avoient pû étre en ñ
céte Vie: car comme ils ont deſiré la
oſſeffion 8c la jouiſſance des" choſes
ſenſibles avec juſtice &Ï-aiſon , &ſe
lon l'ordre établi en eux ar le Créa
‘teur'& Redempteur; au 1 les poſſe
deront-ils de la ſorte ſans aucun trou
ble, deſordre, ou empcchement des
ſens. + Ils ont defiré avec juſtice 8c in
nocence l'union 8c le repos de leur
cœur ſenſible 8c raiſonnable ſur un objet
aimable. qui portoit ſeul la ſenſibilité
8c la raiſon ; afin que demeurans en
Punion , ils fuſſent divertis â pluſieurs
objets ; 8c ils trouveront en )Esu s
CHRIST ce double objet , corps &a
eſprit, ſurlequel leur cœur ſenſible-Sc
raiſonnable ſe repoſant avec douceur,
'ils joüiront avec juſtice 8c innocence
des plus grandes delices que leurs ſens
8c eſprits aient pû jamais defirer;
16. jugez, je vous prie, fi ce diſ
cours du jugement dernier , dont \n'en
tretint ce Berger , n’eſt pas capable de
ſatisfaire à un eſprit meilleur-que le
mien. A
17. Si tôt qu'il eut achevé ce que
deſſus, ilfit une longue poſe, demeu
rant tout ſuſpens: 8c moy croyant que
ce ſut tout ä: le voulant interrompre
pour
Illumíneîſſ Conf. V. dz
pour luy faire quelque autre queſtion
qui me venoitparenlal'eſprit
bruſquement main , , 8cil me
me dzit:
rit
Tout beau , mon Pere , tout beau , ce
n'eſt pas tout. Tout ce que nous avons
dit peut facilement :tomber dans un
eſprit humain z mais cequi reſte à dire ,
ne peut étre cônnu que du Redemp
teur, Fils du Pére Eternel , 8c de ce
luy à qui le Pere Paura revelé. Receñ
vez-le donc de luy , par mo , miſe
rableôcchetiſ Berger que je uis, &le
conſervez ſecrètement en vôtre cœur,
ſans le divulguer, fice n'eſt que le mé
me Fils-de Dieu vous en donne le mou
vement.
Voicy donc ce qu’il me dit en pour
ſuivant ſon diſcours . que vous jugerez
étre un ſecret puiſé dans le ſein auquel
le bien-aimé Diſci le puiſa tous ceux
quîil nousa maniſe és 8c depeints tous
par énigmes obſcurs. —
i8. En ce dernier jour , le Fils de
Dieu en qualité de Fils, de Redemp
teur , 8: de Juge,'accomplira tous les
deſirs de ſon Pere.
Le prémier , 8c le plus puiſſant de
ſir qu'a jamais eu le Pere Eternel, a
été celuy-cy: d’établir ſon étre &na
turel 8c glorieux en ſon Fils. Ce qu’il
fit en Pengendrant; puis que ce fut une
action interne par laquelle il gliſiaéſon
tre
64. Le Berger
étre lumineux en luy comme Faifle S04
leil engendrant la lumiere. Voilà la preñ
miere communication Divine, qui En;
accom agnée d'une ſeconde, par là
.produ ion quele-Pere fit~avec ſon Fils
dela Perſonne du S. Eſprit.
r9. Le deuxiémedeſir que Dieu le
Pére a eu, a-été de gliſſer ſon méme
étre au dehors -de luy dans les creatures
parle moyen de ce Fils , ui luy cſtoit
comme le pont pour a er 8c établir
ſon étre naturel nen-g orieux- dans el~
les, ainſi que le Soleil ſe ſert de la lu
miere comme dîun- pont par lequel il _
gliſſe ſon étre icy bas ſur le monde: 8c
c'eſt ce que divinement a remarqué
S. Jean, diſiantz. Toute: Ier theſis; ont
reçu Fqîre :lu-Pere parle Veräe, ſanr le»
quel aucune Creature ne l'aurait rcſu.
zo. Or comme parla création. qui
ePE-Ia premiere action au dehors , il
ne communique 8c nîeſtablit que ſon
étre naturel és creatures par ſon Ver
be & ſon Fils, &a non pas ſon étre
lorieux, comme il eſt en ceFils; il
ny reſte [Êour troiſième 6c dernier de
fir, d’éta lir eéc étre glorieux en elles
ſelon qu’elles~le peuvent recevoir; 8c
ceſera ſa derniere action externe, qui
devra encore Per conſé uent étre faite
gar le Fils meme, par equel il aéra
ÏY ſon étre naturel en touteschoſes.
2.1. EI
I/'lumirzcî ' Cónſ. V. -65
u. Et je dis, que ce dernier deſir
du Pere ne doit étre accomply que par
ſon Fils Dieu 8c Homme: tant par ce
qu’il eſt ſon Fils, que parce qu’il l'a
mérité par ſa ſoumiſſion. En voicy le
ſecret. jizsu s-C H n r s r entant que
Dieu 8c Fils de Dieu étant auſſi puiſſant
que ſon Pére, 8c auſſi maître. _de ſoy
méme , il pouvoir uſer à ſon-bon plaiſir
de ſon étre incréé 8c indépendant,
qu’il avoit de ſon Pére ſſparîſa' généra
tion éternelle, & ſemblablement diſ
poſer â ſon gré de ſon étre créé qu’ila~—
voit reçu 8c tiré de ſa Mere par ſage
neration 8c naïflance temporelle. Ce
que n'ayant jamais voulu .faire en au
cune façon .que parîle 'jugementâor
donnant-e du Pere, \avec lequel il a
toûjours été de méme volonté ,. 8E au
quel il s'eſt volontairement ſoumis juſ,
qu'à la fruſtratilzn de ſon Etre Glorieux
ans les Creaâpres: voilà pourquoi en
ce dernier jo,, , auquel le deſir de ſon
Pere doit<êt~i²e accornply ſur tout ce
qu’il a produit , il lÛJIOÜÛÎÎUË Juge
auſſi bien de ſes propres interéts que
de toutes ſes créatures ,j 'dans leſquelles
le Pere gliſſant ſon Etre Glorieux par
le Fils 8c avec le Fils, ily imprimera
ſi puiſſamment cét Etre Glorieux , que
par luy 8c avec luy, il y établira \on
Regne 8c ſon Empire pour toute l'éter
nite. 2:.. Et
66 - Le Berger
u.. Etnotez, que JESUS-cuil l ST
établira en ſorte la gloire de ſon Pere
dans les créatures, qu’il ne changera —
en rien leur propre conſtitution natu
relle 8c ſpecifique,- mais ſeulement ily
établira une. gloire proportionnée à
Pétrevnaturcl, le relevant ſurnaturel
lement, 8c luy donnant des ſublimes
ualitésde nobleſſe 8c de participation
ivme;
Ilétablira ſa gloire au Ciel, au S0
leil , à la Lune , aux Eſtoiles , rehauſſant
8( renforçant leur clarté naturelle par
celle de Dieu , qui leur ſera appropriée
par jzsu S-C H RI-*STS
- Ilétablica ſa gloire dans la terre, reñ- ‘
haufkzt ſa ualitéopaque en transpa
rence , . _ſans détruire ſon naturel de terre
Ilëtablira ſa' gloire dans-nostorps
de la méme façon 8c par les autres dons
6c qualitez glorieuſes., rehauſſant nos
ſens 8: nos organes d'une delicateſſc'
tres grande 8c trés ſenſible , qui-ſur
paſſera incomparablement celle qu'ils
ont icy à preſent. ~
ll établira la~gloire 'de Dieu dans nos'
ames, gliſſantla gloire lumineuſe , ou
la lumiere glorieuſe du Pere, qui eſt
en luy , dans le Soleil de nos entende-D
mens ,- par laquelle joignant ainſi la
gloire à l'être ils ſeront annoblis 8C
cransformez;
ll
Illumine'. Conſ. V. 67
Il établira ſa gloire dans nos volon
tez, ui ſont les meres del'amour; 8c
ſans c anger leur nature, appliquant
\on amour glorieux , ou la gloire de
ſon amour au nôtre , nôtre amour ſera
annobl , rehauſſé, renforcé, 8c ren
du déi orme en ſon acte , 8c cela d'au
tant plus hautement 8: parfaitement,
que la gloire de Dieu eſt plus parfaite
& plus excellente que la nature de
l'homme.
De maniére que le Fils étant juge
des intéréts de ſon Pére, aprés avoir
conſideré les mérites 8c diſpoſitions de
chaque créature, il jugera en quel dc'
gré de gloire il établira l’Em ire
.olorieux de ſon Pere dansachacune 'el
ESS _ - ſi

zz. Un autre ſecret, c’eſt que JE


sU s-C H R r S 'l' rendra la juſticeâ tous
\ès myſtères qui ont été opérez pour les
hommes. afin qu'ils ſoient auſſi deli
cieuſement, honorablement, 8c glo
rieuſement établis dans les eſprits ra
chetez , comme ils ont été douloureu
ſement 8c ignominieuſement opérez ſur
l'Humanité du Redempteur; n'ayant
d'ailleurs jamais été parfaitement 8c
clairement connus des hommes , ni
établis dans leurs eſprits , qui. toûjours
en cette vie , en ignorent quelque cho
fie , quelques livres qu'on en ait écrits,
8c quel
6-8 Le Berger
8( quelque conception ,' diſcours 8c de
claration qu'on en ait Fait. '
Illeur rendra juſtice en ce jour; car
ilétablira tres-parfaitement les myſté
res ſecretsñde ſa Conception , de ſa
Naïſtànce , les actions de ſon enfance ,
ui nous ſont inconnus, ?entretien de
on eſprit Peſpace delneuf mois au ven
'tre -Virginal de ſe tres-Sainte Mere,
\à Paſſion , ſes triſteſſes, les penſées
qu’il avoit de nous dans ſon agonie du
jardin 8c de la Croix,- tout cela, dis
je, demande juſtice, 8c elle leur ſera
renduë en ce jour par JESUS-cllklsr,
qui les établira hautement 8: doucc>—
ment dans- l'eſprit des Elùs, mais non
dans ceux des reprouvez , auſquels ÎIS’
:ſauront dc rien ſervy par leur propre
.faute,
2.4. Wi ne ſouhaitera donc ce grand
jour 8c ne le defirera s'il aime J E Su S
C u n r S T, puis que tout cela eſt pour
.ſa plus grande gloire ? C'eſt pourquoy ~,
_dit nôtre Berger , je le deſire tout
.maintenant, je l'aime. je l'adore .Sc
tout ce qui s'y paſſera , fut-ilà mon deſ
avanmge , puis qu’il eſt a lîavantage
du Pére Createur , dzu Fils Redemp
teur , du S. Eſprit Santificateur, 8E
de toute la tres-Sainte Trinité. Je con
jureray le Ciel, la Terre. le Soleil,
la Lune , les Etoiles, 8c touteslôs
créa
illumine'. Cond'. V. "69
créatures , "de s'efforcer de porter en
elles l'être glorieux du Créateur par
les mains du Fils Redempteur, &de
- :fap orcer aucune refifianceâ recevoir
ſes g orieux Caractères. je ferai toute
diligence à rétablir ſ1 puiflàmment en
moy 8c en autruy tousles tres-ſaintsôc
' adorables myſteres de ma Redemption,
amoureuſement Opérez par mon Re
dempteur ,V que dés qu'il me viendra
un ſeul doute ſur aucun d'eux, ou la
moindre penſée au préjudice de l'hon
neur 8( de la gloire ui leur eſt deuë ,
je la condamnerai ſur e champ comme
ennemie capitale de la gloire de mon
Redempteur -,‘ que je revere 8c adore
comme le luge unique de tous les inte
réts- de ſon Pere , des ſiens ro es,
des miens, &deceux detous' es lbs ,
Anges & hommes.
l. . I N' ' '_ñ".'4

i* ‘ d..~»ud. …du —"~\.u


ïApdc. zz. Jñ- T* -
' ï 1E: Spip-ita: i5' Spanſa dinan!, Vent' ,
Œzqui_ quii! ,_ die-u", Vehi. E
_ p tian( 14ans' Â Domme [çsul

_d ;l
~TABLEct
~ DW

OONFERENCES
Deœ
' ' ‘ r
Tin A -1 T E.
IHCONFERENCE
Rencontre d'un Berger IIIamine' ,* dx-;ſàrÿ
_ tion de ſaperfimne f5' de fl: don: E5 -oer
n”. Entretien ſurPunion avec Dieu,
ſi” ſe: attribut; , FJ): coſmnunica- _ !au
-:—,_—Ÿ_

tion, _ſur Ia Perfeflion, lexſouffi-an


. _ce.r, l'ordi/on , l'illumination de Pu
' ,_m_o , l'operation interieure Je Dieu , la
r vlopïpgge humaine , &c. pag. s

H.CONFERENCL
De Il _ſource de: bonne: penſe”. De la
différente je _Dieu - _deſtbommeïïtfflu o»

demon. Conflderation de; ſouffrance:


Je Ïeſur- Cllÿſt f5' ile-T nâtrer. Lagrne
ct
4l la _ſource
' ï
e Z/CÏÎIU'. I3

IH.C6NFERENCÉ
Source Je' l'inquiétude de l'ame. Gran
deur Je la corruption &ide l'ip” uijfizn- . ~‘
ce de l'homme. Du domaine de E s u ~s- '
C un x s 'l' _ſur le: amer. De l 'z/ímour
du
Table des Conférences
Juproclmin, E5' :le lïflmaur E5' de la
Pratique de la vertu. facilite' de la fer
fëäian. Almegatian de ſài méme. l7

IV. CONFERENCE.
Quid Vzzieà Pillumination U' à la vraie
Tbealagie , q/Z lëpuretë Je lMme U l'en
tretien avec Dieu. de: vrai: livrer E5
r du Wa] Direffeur. Derûraiſbn. 31.
V. CONFERENOEL
D” dernier Jugement , &î der merveille:
qui 1'] fëront Pour le retabliſſement Je
lagloirc de Dieu. _ ;ñz

,Finde la Table.

AP
\ . r

ÀPPÉOBATION
Joints à [4 grdatric-'rzze Edition
_ dec/WDM_ 1648.
C E Collo ue ſous 'le nom d'un devot
Eccleſia ique 8c d'un Berger,
pour ſa céleſte 8c ſublime , 8c néan
moins ſimple Sc familière Doctrine,
ſera trésñutilement mis en lumiére.
.ATournai, le 2.0. Septembre, 1646.

MATT-HIAS N^vEus
Docteur en Théologie ,
Chanoine , E5' Ccnſèur de:
Iivrcr.
ABREGËſi
De la

Perſe-Hiva Cbrc-'ríezzne
.AT/Sc
SES EXERCICES»,
Etun Traité
DE L'AMOUR PROPRE.
Oo) Po” trouvera aisím-ent , avec 0r
Síre Î CF avec une [eine conviction
Ce qu’il y ade plus ſolide, 8c de plus
ſublime dans le véritable Chriſtianiſ
me 8c dans la Theologie Myſtique.

'Traduit cy-demnzt de I’It.1lim.


EXTRAIT
CPunc ancienne

PREFACE.
L Or: que l'on fit imprimer pour la
premiere foi; cet ouvrage /raduit
de l'italien , ilëtoitſi olvſêzur C5 ſiplein
defaute: , ſhit de [apart du Traducteur
ou de celle de: Imprimeur: , qu’il eîoit
inintellijäzible en bien de! endroi”.
Mais dexperſônnes -Æeſ/Brit C5 de pute'
jugeant que e’étoz~t damage qu'un ſi
excellent treſor CF une piéceſi admira
ble, (qui pour petire qfflfel/e ſeit trai
te d'un ſujet le plu: ſiiblime du monde
d'une manii-'re qu’il ne .Peſt (guerre
rien 'au de plu: beau ,) demeuroit ain
ſi eau-verte de iíneſibre: , cela porta
.quelques Religieux <3' quelque; *Do
cteurs intel/gen: en cette ali-ame ſcien
ce a le revoir C5 a le mettre en meilleur
D 2. eſſtat
76 P n E r' A c EÏ
état ,pour :nfrzire un pre/em* à ldpaſte
rite', C5 particulierement nm- amer
dévore: : cnrponr le: docte: mandarin: ,
ce: ſçdwzn: ignorant , ce /enrſânt let
tres elajZ-s, qui ne .Pnaldreſſent non plu:
à eux que [ep-ain dcr enfant: !Peſtpazer
le.: clan-nr CF les perle: pour le: pour
remix: anjfl Phomme animal :Neil:
pas capable de comprendre les
choſes divines ôcſpirituelles, qui
viennent de l'eſprit de Dieu, dit
Sjîmtl.
_Quoique tout ce qui e/l dans ce
livre rcſſème plæîtât Peſſirtſit d’nn S. De
nis que celui d'une perſonne infirme ou
pen célébre , la vérité eſt pourtant
qu'il eſt ſom de ln plume däme per
ſonne inconnue C9' dn :éxe le plu: foi
He. Tant ce 7Mo” en ſçait , eſt que
äeſitozt une trefelaoióornóle Dame Mz'
lrirzoifl- de treCr-ſàinte C9' de tier-par..
fizite UYU. Dieu ſe ſert ainſi des cho
ſes foibles de ce monde , 01km:
_ſimple fëínme, pour confondre les
choſes Fortes &F la Daim- ſàgeflê de:
_fçawm de la terre. Mai: 'vous , rame.:
7""ï ñimez. Pie”, :ſm
'll- eſtimez
i a l pas main:
?'4'

D.
PREFACE. 77
ce: divine: verite? 5 CF recevez cepre'
ſènta' auffi bon cœur q” on 'vom la,, re
7 3 2 ai

en 'zz-om ſôuhaittdznt augmentation de:


flu/ear.: du Sezgneur, CTI en firecom
mandarin; 'vos prie-Per.
De Tori: , le x 3 ſui/let , I 598,
D. C. IW.
78
APPROBATION des Doc-r EURS.
N Ous ſoûſignez Docteurs en Théologie 3
cerzifions avoir vû 8c lû le preſent \Paſſé
ſpirituel, intitulé L'Ange' de la Perfectwn
Chrétienne, 8c n'y avoir trouvé qu? \OUR
bonne doctrine , conforme à la ſ01 &F11
CCſlKÜïlCPEällſC Catholique, Apoſtolxque
8c Ronmíne , à laquelle nous nous ſou
mettons.
BLANZY. Du MoNrſi

ç/ÎÛ/rre eſippraéñztion.
C Es deux petits traitez [de la Perfection
Chrétienne é* !Ie lL-lónegution interieur-l]
rémicrcmcnr imprimez &Vapprouvez en
l'Univerſité de Paris , ſe pourront ëlcrcchef
imprimer en ces ?dis-bas , ,pour la conſola
timides ames dcvotcs qui dcſirent arriver â.
une profonde humilité , re ſignatioo 8c ab
negaríon , 8c de là s’elcvcr au comble de la
perfection Chrétienne. Fait à Arras lc
»zo Decembre lſ99.

GU l LLAUMS GAZET,
Curédc l'Egliſe de S. Ma
rie Madeleine 8c Viſiteur
des livres audit Arras.

De
79
De la Perfection Chrétienne
Premiere Section. '
Dieſt a _ -- 1.,
L’A B R E G E
Dela
PERFEOTION, .,
C H A P. I.
Ce que Ia Perfëffian fizſzpzzſëz dan: l'ame
avant que de rommerzccr 4 _y venir.
…, p , A Perfection Chrétienne
?avant que de commen
' cer à S’établir dans une
â». ame , y requiert ces diſl
W poſitions.
’ i." Un deſir ferme 8c
,reſolu de vouloir véritablement Y par-s
venin._œ ‘_ ’
z. @rap-és que Pefficacedece deſir'
nous aura enfiammés là~ vouloir ~y par:
venir , 8c à nous appliquer à la mor
tification- de -nos ſens 8! de nos(paſſions
par des efforts continuels de urmon
ter leurs pentes 8c leurs averfions juſ
qu'à ce que nous les vainquions plei
. D 4 ne
80 dfllzrege' Je la Perfection
neme_nt &que nousleur- puiffions d0—
miner avec empire;- nous ayions cette
perfection pour but en toutcsnos pra
tiquesôc nos actions. .
z. Une troiſiémerequiſition eſt, que
l'on sîétudie entiérement à la mortifi
.cation 8c à Pabnegation de \à propre
volonté 8c de ſon propre jugement;
cn ſe ſoûmettant 8c Obeïſſant pleine
ment 8nde mute ſim ame à la direction
d'un‘Co~nducteùr éclairé de Dieu. ²
4. Il faut en quatriäſſme lieu , que
ſelon les occaſions tlifférectes on s'exer
ce tellement e'n toutes ſortes de vertus ,
8c principalement en l'Amour dc Dieu
8c du prochain -, qu'on y faſſe de temps
en temps quelques progrès remarqua
bles ſans- demeurer toûjours dans la
voye des Chrétiens grofliers 8c des com
mençans. . f ,
Du moins ſaut-il qu'on ait veritable
mcnt Fait une Ferme reſolution de vou
loir Flùtôt mourir , iſóffenſer Dieu ,
(ne iuſt-ce que trés- gércmçnt, ou,
comme on dit, veniellement)ou c0m-~
mettre ,la moindre t'aura contre .la Per
fection: de ſorte qu’il. faut que les pc
chés que l'on pourra commettre cn ſuite
ne ſe faſſent que par pure inaclvertence
8c fragilité.
ll eſt abſolument neceffiiire pour
atteindre àla perfection que toutes ces
..~ . ſ Ch()
Clzrírienne. Chap. II. 81
choſes conſpirent enſemble inſépara
blement. ~
Car il efi clair de ſoi-méme qu’on ne
peut Obtenir la Perfection , beaucou
moins celle dont il s'agit ici, qui eg
la plus haute de toutes, 8c que méme
on ne peut s’y acheminer , quand on
n’a point un ardent deſir pour elleg
mais qu'au contraire l’on eſt dans la
tiedeur 8c dans la nonchalance quand
on recherche ſes aiſes 8c ſes avantages ;
8c que vivant ſans retenue on veut de
meurer dans ſes imperfections ſans s’en
corriger.

CHAP. H.
Deux P R x N c 1 P E S g ëxquclæ conflſte
la Pcïfëfliæm.
Out l'édifice de cette haute Per
fection , eſt Fondé ſur deux Prin
cipes, qui conſiſtent en pratique. Et'
?uiconque ſçaura regler par eux avec'
oin 8c attention toutes les actions or
dinaires 8c journalieres de Pétat 8c de
la vocation où il eſt , parviendra in
f illiblement au ſommet & à le’accom
p ſſement de cet édifice divin de la.
Perfection Chrétienne.
I. Le premier Principe eſt, Avom
um ESTIME TRES-BASSE DE TOUTES'
D g LES,
8: ;Abregëde Ia Pdrfèſiëlion
LES cHosEs c R E‘E’E S , ET SUR TOUT DB
SOl MEME
De ce peu &eſtime doit ſuivre,
quantàPeflèt, un depouillement entier
de toutes les créatures, 8c un renon
cement â ſoi-méme; 8c quant à l'aſ
fection , avoir toûjours dans ſon cœur
la Ferme volonté de mettre avec joye
ce dépouillement en pratique lors qu’il
en ſera ſaiſon.
De ce méme Principe doit encore
deriverun re ard vrayement tranquille
dela ſouſtra ion que Dieu ſait en nous
lors qu’il nous retire ou nous cache ſes
graces. Il ſaut le ſouffrir &l'accepter
de bon cœurrSc demeurer content avec
beaucoup de joye 8c de paix que le Sei
gneur ſe rerire un peu de nous, ou qu’il
nous dépouille de quoi que ce ſoit.
Il. Le ſecond Principe de la Per
fection eſt , Avon: UNE TRES-HAUTE
EsTrME DE DIEU', non par unevoyede
ſpeculations 8c de conceptions Théolo
giques, comme ſi l'on vouloir pénétrer
d’une maniére intellectuelle les choſes
hautes de la Divinité; cela n’eſtantni
neceſſaire, ni que de peu de erſonnes:
Mais parla voye d’une tr S-prompte
8c_ pleine ſoumiſſion de la Volonté,
8c méme de l'homme tout entier, à la
Majeſté de Diempour Padorer , 8c pour
faire à ſa plus grande gloire tout ce
qu’il
Clzrítienno. Chap. II." 83
qu’il veut de nous , ſans égard â nôtre
intereſt pour ſaint qu’il uiſſe étre.
Pour cette haute eſtime e Dieu, il
ſuffit, que l'ame le conçoive ſimple
ment avec la lumiere dela foy ſous les
notions du ſymbole , comme ſont ,
celles de Tout _flflſſflñf , de Souverain
bien, de nätrr fin; 8c que par le grand
amour qu’il a eu Pour nour, il a En!induit
aſèflzire homme , à _ſouffrir , E5 à enduro-r
juſqu? la mort. De plus, qu’il nou: e/Z
toujour: pro/Ent, qu’il nour gouverne en
route: chez/Z*: E5 quant a la nature F' quant
à la grace; E5 que nzeflne il nour appelle
en Particulier E5 nou: veut acheminerpar
une grace toute ſtngulierc a cette haute
E5' ſublime Perfection : 8c ſemblables
penſées, que le Seigneur donneâ cha
cun ſelon ſa capacité, 6c ſelon la me
ſure de la grace divine.
De cette eſtime de Dieu ſi haute 8c ſi
excellente il doit naitre en nous une
confbrnóité pleine & entière de nous mé
mes avec la volonté divine, laquelle
doit toûjours être larégle de tous nos
deſſeins, de toutes nos actions, &de
tout ce que nous faiſons tout le jour. ,
Cette manière d’agir en toutes cho
ſes par ces deux Principes, meine 8c
éleve l'ame à l'union divine , 8c méme à
la tranjïormafíon en Dieu , ou àla Dei'
fication; non par la voye myſtiques:
D 6 ex
84 .ÂI-regí Je la Pe/ffèflion
extraordinaire, des raviſſemens &des
exſiaſes, des ſuſpenſions d'eſprit, 8C
des ardeurs ſenſibles 8c ſurnaturelles
quñien precedent : car tout cela eſt ſujet
à mille illuſions 8c à de grands travaux
où l'on eſt expoſé au peril de ſe ruïner
l'eſprit 8c le corps ſans y rien profiter le
plus ſouvent; puis que cette rare voye
n’eſ’c que pour trés-peu de privilegiés.
Blais nos Principes bien pratiqués ,
meinent l'ame à Dieu par la voye roya
le 8c commune , à ſçavoir , par une
entiere conformité, ar un _ferme éta
bliſſement, par unep eine transforma
tion cle nôtre volonté en celle de Dieu ,
8c par un amour parfait , qui fait faire
toutes choſes en Dieu 8c pour Dieu,
quand méme on manqucroit delumiére.
De cette voye tous en ſont capables,
8: l'on y marche avec facilité 8c avec
clarté , mais non pas ſans peines 8c ſans
travaux , qui néantmoins ſont ſuivis
ordinairement de pluſieurs dons , de
lumieres ſ irituelles 8c &affections di
vines , le quels on doit pourtant tenir
comme des graces qu’on appelle dan
neí-x grafuïîemcnt , comme elles le ſont
en effet; de ſorte qu’il ne faut pas trop
padhérer, ni faire grand fond ſur el
es. Elles ſont différentes ſelon les dif
férentes diſpoſitions des ames: les unes
en 'ont plus , 8c les autres moins; «Île
_T
Clap-Etienne. Chap. III. 85
il n'y a point ſur cela de ré le de nô
tre part; mais elles. dépen ent pure
ment de Dieu, 8c doivent étre entié
rement remiſes à ſon bon plaiſir. ~

CHAP. III.
Ge: Príncipe: pratiqué-j'en: marcher 1’ -
me à f” Perfl-ctian par rraír draft. Le
Premier , CFF: difflren: dejgreÿ.
C Els deux préincipes qu'on vieſnt d’ex
i uer , detant
toutïesqſortes mis .en
matieres u a?cures
, ſur e ſur

nos actions 8c tous nos mouvemens;


conduiſent l'ame par un progrès con
tinue] dés le commencement juſqu’à la
fin dela courſe de la Perfection.
Toute cette courſe ſe peut reduire
à trois états différens , chacun deſ
quels, «Sc ſur tout_ le premier, ontdi.
vers dégrés qui ie ſuivent Pun aprés
Pautre ; ſi bien que, comme en une
échelle divine, on monte d’un états:
d'un degréâPautre, juſqu'à ce qu’~on
arrive au dernier 8c au plus ſublime de
tous.
Dansle premier état Pame-doitpaſ
ſer IP. asElle
troisdoit
voyes.
en premier lieu paſſer
par le) voye de la connaiſſance 85 du peu
d'eſtime ou du mépris de ſoi-meme: œ
D 7 quîelz
86 A Bregëdc I4 Perffèffio” N
qu’elle peut pratiquer en pluſieurs ma
niéres ; mais principalement en quatre.
1. La premiere eſt, de ſe reconnoi
tre 8c de s’eſtimer comme un pur néant;
puiſque c’eſt du néant qu’elleaété ti
rée par la création ; 8c que ſans Dieu
qui la conſerve elle retourneroit au
néant.
A cette reconnoiſſance de nôtre néant
peut beaucoup contribuer la conſidé
ration dela diſproportion de nôtre pe
titeſſe avec tout l'univers , avec tous
les hommes , avec le ciel 8c tous les
bien-heureux, &avec Dieu-méme , à
comparaiſon deſquelles choſes nous
verrons facilement que nous ne ſom
mes pas d'avantage u'une petite goûte
d'eau à Pegard del' céan.
2.. La ſeconde maniére de S’exercer
dans le peu d'eſtime de ſoi-méme eſt ,
de ſe tenir pour la plus vile 8c pourla
plus inutile de toutes les créatures quel
ques baſſes qu'elles puiſſent étre , com
me ſeroient, dela pouſſiere, dela Fan
ge, le [pus d’une apoſtume, 8re. car
ces cho es ſont encore bonnes à quelque
uſage; au lieu qu'elle n'eſt propre qu'à
offenſer Dieu. .
3. Une troiſième manière de ſe mé
ariſer, eſt, quepechereſſe
plus grande l'ame ſe tienne pour
de tout le ct
monde , 8c méme pire que tous les dé
mons ,
Chrétienne. Chap. III. 87
mons, 8c digne de plus grandschâti
mens qu'eux tous; S’imputant la cauſe
de tous les péchez (a qui ſe font au
monde, 8c reconnoi ant qu’e1leméri—
te toutes les peines qui leur ſont deües.
Mais ceci ſuppoſe qu'on a une vive8c
Hi une profonde connoiſſance du péché,
8c ce que c'eſt qu'une offenſe commiſe
contre la haute 8c infinie~Majeſté de
Dieu. 8re.
4. Enfin la uatriéme de ces manié
res eſt, de deſlcendre dans le detail de
la connoiiſance du ſes péchés, de ſes
vices, & de ſes manquemens particu
liers , sabaiflant tous les joursâ la vûe
lumineuſe de cette grande Bonté de
Dieu qui l'a ſupportée continuelle
ment. ~
II. L’Ame dans le premier état
ayant ainſi marché par la vo e theore~
tique de la connoiſſance du peu
d'eſtime de ſa baſſeſſe, 8c yfaiſantun
-v-x_ progrès continuel, doit venir, en ſe
cond lieu. de ces penſées aus effetsôc
à la pratique.
Cette pratique conſiſte ,
1. Premièrement , en la haine de
toute loüange, de tout honneur, 8c
de
(a) Comme n'ayant p” _fait jim [lavoir pour
prier Ô pour obtenir la grace qui les din-oit em
perbir; !jam attire' IB maledíctim ſur tonte; :hc
fe: 3 donne' man-Wii: exemple , aime' de tou”
ó- de la grace míme pis que les demon: z Ô?
88 .Abrrgifde la Farſi-Bio”
de toute dignité; 8c que quand l'oc
caſion S'en preſente, elle les fuye de
tout ſon pouvoir: car c'eſt contre tou
te raiſon qu'on donne óu qu’0n faſte
de l'honneur à un néant , 8c à une
créature ſi vile & ſi méchante. Et cer
tes une ame qui ſent véritablement ſa
_ baſſeſſe. tient pout impoſſible dé s'é
léver , quelques loüanges qu’on lui
donne: elle s'en rit 8c s*en mo ue à
part ſoi : 8c voyant combien el e eſt
eloignée dela vraie Bonté', dela Ver
tu, 8c du mérite de la loüange &de
Phonneur , elle S'en confond & s’en
humilie toûjours d’autant plus profon
dément.
z. Il y a plus: elle embraſſe méme
volontiers toutes les occaſions de mé
pris , de confuſions , d’affi~onts, de per
ſecutions, dfinſamies, 8c de traitemens
ſemblables ; elle leur va au devant avec
joye 8c jubilation: elle les acce te com
me choſes dignes d'elle 6c qu‘e le a bien
méritées; 8c remercie Nôtre Seigneur
de ce qu’il la traite ainſi d’une manière
ſi convenable 8c ſi juſte: Elle ?eſtime
méme indigne d’étre viſitée de Dieu ,
de la ſorte, 8c que ſa Majeſté divine
daigne exercer ſa juſtice ſur elle: Mais
ſur tout, elle ſe rejouït extrêmement
de ſe Voir ainſi dans les opprobres 8c
dans Pignominic; puis qu'il en doit
re
Gbrctienne. Chap. III. 89
revenir de la gloire à Dieu , 8c ſur tout ,
à ſa divine Bonté, quia daigné créer,
gouverner , racheter, 8c ui veut ſauver
un ſujetſi mépriſableôc irebelle.
z. De ſa part elle doit. en troiſieme
lieu , choiſir pour ſon uſage les choſes
les plus baſſes 8c les lus viles , ſoit lieu ,
ſoit vétenſens, 8c e reſte, ſans pour
tant affecter rien de ſingulier : elle doit
croire que le lieu le dernier , 8c l'emploi
le plus bas dela maiſon , ſont encore
beaucoup plus que ce qu'elle mérite;
& que loin qu'on luy doive davantage ,
eilenefl pas ſeulement encore digne de
ce qu'elle a.
Cette pratique fait atteindre l'hom
me au vrai aníantiſſement de ſoi même.
Et quoi qu'une ame ne trouve as dans
ſon entendement des idées 8c es pen
ſées particulieres qui lui repreſentent ſa
baſſeſſe auſſi clairement qu'elle le vou
droit; elle ne laiſſe pas pour cela d’é
tre dans le véritable abaiſſement; puis
ue quiconque s’abai'{le en effet, &ſe
ſoûmet volontiers â toute créature,
pour vile qu’elle ſoit, seſtime véritables
ment trés-peu 8c ſe tient eneffet pour
trés-petit. Quiconque ne ſçait prati
quer cet anéantiſſement, ne peut aufli
rien ſcavoir de ſon utilité 8c de ſesa
vantages. -
Ill.
ë' Aprés que l'amev a ainſi paſſé
par
90 .Abrogé de la Peife Elia/z
par les deux voyes de la connaiſſance
8c de la pratique du mépris d'elle-mé
me, Fondée qu'elle eſt alors dans ſon
néant, elle entre dans une troiſième
voye , Où elle rencontre conjointement
la deſappropriation ou la véritable ab
né ation , la ſouſtraction que Dieu fait
or inairement ici dans les ames, 8c la
conformité avec la divine volonté, qui
enfin ſont transformer l 'homme en Dieu.
Mais comme toutes ces choſes ont
des Objets différens, elles ont auffi de
dlffèrens degrés , ſelon Perdre que nous «lſi-l_
'PG
HAF_
allons expliquer.

C H A P; IVM
Premier degre' Jüzbnrgdtion (Je Jóſüaíiíllaſi
~ mon: , zleſàuſiractio” , U' Je rànfarmítâ
ct dtr-inc dan; 12: matière de: cbqſér crt-Yeti
U tndſſrrenier en elle: meîncx.

1 L Faut en premier lieu 8c avant tout ,q


. quïlnaiſſe dans l'ame un renoue-Erneſt
plein ê( entier de toutes les _choies
créées qui ſont d'elles mêmes indifférenñ.
tes, telles que ſont la vie, la mort,- la
ſanté , toutes ſortes de commoglites , de
plaiſirs 8c d'avant» es , les Offices , les
dignités , les poſſel ions , 8L tout ce qui
.y eſt ſemblable. ,
Cecy ſe doit faire en deux mauiélges ,
7 1. re
l Cbrítienne. Chap. IV. 91
l r. Premiérement par Paffeflion, en
renonçant entiérement à tout deſir 8c
à toute volonté pour ces choſes-là. Ce
que chacun doit ſaire en ſon particu
lier, ſe déſaiſant de tout ſouhait, de
toute affection , 8c de toute inclination
1 qu'on ourroit avoir vers ces choſes,
8c ſe ſevrant de toutesleurs commodi
tés. de leur gouſt 8c de leurs plaiſirs
ni plus ni moins que ſi l'on étoit mort.
_- L. Cela ſe doit faire . en ſecond lieu ,
par œuvres 6c par effet , en uittant
L_ toutes ſortes de ſuperfluités, ne re
tenant que ce qui nous eſt préciſément
l, neceſſaire, ſelon l'état ou l'on eſt, 8c
ſuivant le conſeil d'unaSuperieur é
clairé. —
3 Dame aiant ainſiagi , Dieu pour
?avancer lui correſpond auſſi de ſa part
par la ſouſtraction qu’il fait en nous
des mémes choſes, aflàvoir , dela vie,
nous envoiant la mort ; de la ſanté,
nous viſitant de maladies; des commo
dités 8c des moyens , lors u'on nous
les ôte ; des plaiſirs 8c des ſou agemens ,
nous envoiant des peines 8c des tra
vaux; 8c ainſi de tout ce qui nous ar
rive quaſi à toutes heures par les viciſ~
ſitudes continnelles des choſes humai
nes , le tout ſe Faiſant par la Providen
ce divine: de ſorte qu'il ne ſe paſſe pas
un ſeul jour auquel Nôtre .Seigneur
~ ne
9 2. .Âbregede I4 Perfêäíon
ne nous ôte pluſieurs choſ s 8c ne nous
prive de pluſieurs Objetsôc commodi
tes en ce qui regarde les choſes cadu
ues 8( periflàbles de cette vie , le tout
elon la conduite differente de ſa divi
ne Providence.
Celui qui eſt veritablement dépouil
lé de toute affection de ſemblables cho
ſes, admet avec allegrellè leur priva
tion, inſtruit 8c appris qu’il eſt à les
mépriſer toutes , pour grandes qu'elles
ſoyent. Si bien qu'à cette ſouſtraction
~queDieu luien fait, Famecorreſ 0nd
auſſi de ſa part ar une mer-Veil euſe
conformité avec e divin vouloir, ne
voulant autre choſe de tout ce qui eſt
créé que ce que Nôtre Seigneur veut
8c qu’il nous octroye, &ſe rejouïſiant
d'étre par le moyen de cette viciſſitude
8c Varieté des choſes , depouillée con
tinuellement ar ſa Bonté paternelle:
méme les choſés qu'il nous donne , elle
ne les veut qu'autant qu’il le veut ainſi ,
ſans qu'elle ait égard à aucun intéret,
commodité, deſir 8c inclination pro
pre ; mais uniquement à la plus grande
gloire de Dieu. Elle n'oſe 8c ne ſe ſert
des choſes que d'une maniére confor
me à la volonté di-vine, qu'elle con
noit parle moyen de la volontéôcdes
réglemens d'un Superieur éclairé de
Dieu , 8c par la conſidération de ce
qui
Clgrcticrtne. Chap. IV. 93
qui‘eſt neceſſaire à l'état de ſa vie.
La
1. ratique de tout en
remierement, ceciune
conſiſte .
entiéreinſi
différence de toutes les choſes créées,
comme nous l'avons mis pour l'un des
fondemens de nos Exercices.
z.. Secondement à faire chois d’un
état de vie qui ſoit conforme à lavo
lonté divine: Que ſi ce chois eſt déja
fait, il faut encore choiſir dans le iné
me état la maniére de vivre la plus baſſe
&la plus abjecte uiy ſoit, 8c nous y
exercer continue] ement dans la priére
8c dans les œuvres reglées en nos exer
cices.
z. Il faut en troiſiéme lieu par cette
pratique , qu'en toutes nos actions jour
nalières nous exercions les vertus ſelon
les Occaſions qui S'en préſentent diver
ſement, tantôt la temperance, tan
tôt la patience , 8c les autres, avec
Yabnégation , la ſouſtraction 8c le
chois dont nous venons de parler: car
c'eſt par là que les vertus deviennent
plus—nobles, plus parfaites , 8c plus
excellentes qu'auparavant , ſur tout
lors qu’0n les conforme à la volonté
de Dieu , & qu'on les pratique our
ſa ſainte gloire 8c pour ſon divin on
neur.
4. Cette pratique conſiſte , en qua
trième lieu , en ce que nous dépendions
en
94 .Abi-agé de Ia Farſi-Bien
entierement de la Providence 8c dela
volonté de Dieu dans tout ce qu'il nous
donne 8c qu'il nous ôte de toutes les
choſes créées. v '
5. Enfin c'eſt en ce que , ſoit en priant
ſoit hors de la priere, l'on s'offre eiitié
rement 8C pleinement à Dieu.
De cette pratique de la conformité,
il nait 8c croit dans l'ame un véritable
8c un trés-grand amour de Dieu , puis
que ar elle on ôte tous les obſtacles des
clio es créées qui étoient auparavant
entre Dieu &l'ame Et partant, l'ame
vient à s'unir parfaitement avec ſon
Créateur, 8c à ſe transformer en lui,
ce qui eſt ordinairement ſuiv de grands
dons ſpirituels , de lumières , d'af
fections, &de ſentimens divins: dont
néanmoins on ne doit pas beaucoup
faire de cas; mais tâcher ſur toutes
choſes de ſe ſeparer de tout ſon pou
voir de tout ce qui eſt ſenſible 8c des
creatures , en ſe reſignant totalement à
ſon Dieu. Cette ſéparation 8c aliéna
tion eſt la véritable extaſe &le vérita
ble raviſſement de la volonté, qui dif
fére de l'extaſe de Pentendement. 8c qui
eſt beaucou plus grande, plus ſubli
me, 8t deï e davantage Fame. ~

cHAPz
Cbrítiemtz. Chap. V. 9;
, .
CHAP. V.
Second dígre' oPabnég-atian , Je dJpaùïIle-ſi
ment, Je _ſàul/Zraüian, E5 Je confèr
mité' divine à l'égard Je; cboſèrſàin
ter ſpirituelle: quant à Ieurgoût (53.
leurſenflbilite'.
L ſaut en ſecond lieu Sr pour ſecond
degré, paſſer plus avant en la ſou
ſtraction des choſes créées. On doit la
pratiquer non ſeulement à l'égard des
indifférentes, dont on vient de parler;
mais auſſi à l'égard des ſaintes 5c des
ſpirituelles , qui ſervent de moyens â
unirPeſprit avec Dieu: non qu’il Faille
s'en priver entant qu'elles nous meinent
à cette fin excellente ; mais entant que
Pamour propre 8c l'intéret particulier
peuvent S’y mêler , 8c méme s'y mêlent:
ordinairement ſous une ſainte appa
rence.
Cette ſorte d’abnégation 8: de ſou
ſtraction comprend auffi des dégres dif
férens, dont le premier 8c le plus bas
de tous , Fort connu aus perſonnes ad
donnés à la ſpiritualité, eſt celui qui
regarde les conſolations ſpirituelles,
qui redondent aus ſentimensôt aus af
fectîons ſenſibles du cœur , une ten~
dreſſe, uhe ſerveur , des larmes . une
douceur ſenſible en tout ce qu’on fait,
8c une
96 -Abregële la Peófefíian
8c une grande facilite' à ſurmonter tou
tes ſortes de difficultés arl'abondance
de ce gouſt 8c de ce p aiſir delicieux.
Il faut ſe priver de tout cela , 8c ne pas
ceſſer de tendre à leur abnégation
?n'on ne ſoit venu à n'y étre plus ſen
ible.
On s'en dépouille auſſi lors qu’on ne
Faitpoint fonds ſur elles , 8c qu'on n'en
fait oint d'état ; puis qu'en effet ,
ces acilités qui nous ſont agir ſans pei
ne ne viennent pas encore d'une liabi
tude de vertu, ni d'un don de grace
qui ſoit particulierement à nous , 8c
encore moins de la charité. Elles ne
viennent que de certaine douceur 8c de
certain attrait de ſenſibilité, qui s'ac
commodent fort avec l'amour propre 8c
le propre interét , leſquels par le plaiſir
8c le contentement qu’ils en reſſentent ,
y trouvent leur nourriture, 8c paſſent
en gloutonie ou friandiſe ſ irituelle.
à quoil'on ne ſauroit ſe lai er aller ni
en faire cas , ue nous ne changions par
là les choſes ſaintes en autant de ſujets
de propres plaiſirs 8: de propres delices.
Abuſer ainſi des choſes ſaintes en les
accomodant à nôtre propre goût 8c à
nos ſenſualités ſpirituelles , eſt aſſure
ment un vice trés-grand , quoique bien
ſecret 8c caché: Et il en peut naitre
_ une infinité de complaiſances orgueil
lieuſ
T* Cbreîíenne. Chap. V. . 97
leuſes , de vaines illuſions , de trompe
ries du diable, 8c je ne ſçai combien
d'autres maux.
On ſe depouille encore de ces ſortes
de ſenſibilités , de conſolations , de
douceurs 8c de facilités ſpirituelles , en
ſe repreſentant,, ue la vertu n'en de
pend pas, non p us qu'elle n'y conſi
ſte pas auſſi. Ce ſont au contraire des
choſes baſſes 8c pueriles: car avec el
les, -tant ſoit eu d'effort 5c la moin
dre vertu ſuffi ent pour nous faire em
braſſer les choſes les plus ardues Sr diſ
ficiles. Il faut donc s'en dépouiller
comme d'autant de choſes balles, vi
les Sr abjectes; 8c méme par labnéga
tion dont on a parlé cy-devant , s'en
reconnoitre trés-indigne , 8c ſe met
tre dans une entière indifférence de les
avoir ou de ne les pasavoii-,avec égalité
d'eſprit. La vertu &la perfection veut
qu'on s'en ſerve ſeulement pour la fin
que Dieu les envoye, quieſt. u’avec
grande ſoumiſſion, humilité, avec
actions de graces on reconnoiſle qu'el
les viennent de lui , 8c qu'on les lui rap
orte , ſans avoir d'autre intention
ors qu'on les reſſent que' de s'établir
8c de croitre d'autant plus dans la vé
ritable 8c la ſolide vertu , prenant bien
garde qœemporté par de certains tranſ
ports , 8c , pour ainlrdire, eny vré dg ces
0U
98 .Abregdde la Perjfiäion
douceurs 8c de ces gouſts ſpirituels ,
on ne vienne à faire des reſolutions ou
des promeſſes precipitées de faire telles
choſes ou de pratiquer telles vertus, x
qui ſont neanmoins au delà de nos ſor
ces , dont la difficulté 8c méme
Pimpoflibilité nous -paroit dés ue ces
— douceursôc ces plaiſirs ont ce és. On
evitera cet inconvenient par un m6 en
dont on a deja parlé , qui eſt, la ou
miſilon à une perſonne éclairée de Dieu.
auſſi bien qu'en *acceptant avec promp
titude de cœur la ſouſtraction que Dieu
Opére en nous de ces conſolations-là ,
Faiſant alors plus d’eſtime de Dieu 8c
dela vertu que jamais , 8c tâchant d'o
pérer par eux avec plus de courage 8c
d'ardeur qu'auparavant , ſans nous
ſoucier de la ſatisfaction 8c du plaiſir
que recherche l’amour propre ; 8c ne
regardant qu'à l’amour de la vertu me'
meôc à la gloire divine.
La Confbnnire' que l'on a avec Dieu
dans ce dégré , eſt aſſez évidente 8c
d'une grande excellence: puis que pour
s’unira ſa divine volonté, l’on ſe pri
ve ſoiméme de telles conſolations, ſe
contentantde quelque croix ſ irituellc
que ce puiſſe étre. Auſſi, p us telles
douceurs 8c tels ſentimens ſpirituels
paſſent leschoſes créées 8c leurs plai
iirs ſuperficiels , plus la privationlque
*on
Gb revienne. Chap. VI. 99
l'on en fait transforme'-t-elle l'ame
en Dieu , 8c fait croître en elle l'a
arfait 8c une véritable Deïſica
WW
Ya~…
0 \
le zñ CHAP.VL
'ſie Jzſgre' dwlznegarian , JE de~ '
_<\.‘

pozïillement , de _ſbuſt1*a&i~on, f5' ;la


canfbrnrité àffegardgda: lumière: dim'
nex, Je: ddïrrîfiſider affêäionr pour lp
-ærrm, - - ‘

IL vient. ordinairement dans l'ame


apré le .dé ré précedent , des lu
miéres, des. eſirs 8c des aflèctiongde
vertus ſtables 8c ſolides; choſes ui
ſans comparaiſon ſont beaucoup p us '
ſublimes que les goûts &les douceurs
donton vient de parler: parceqſſëlles
ſont de, purs principes, auſſi bien que
des moyens pour acquerir les vertus ſo
lides 8c ſtables , 8c qu'elles reſident dans
la partie ſuperieure de l'ame. Dans
p cette conjoncture , il faut que l'ame
monte à un plus haut degré de dépouil
lement, de renoncement à ſa propre
volonté, de ſouſtraction , 8c de con-_
formité à la volonté divine, :ar le
moyen de Panéantiſſement 8c de abaſ
ſe eſtime de ſoi méme, donton apar
lé au commencementE z. ſ C'eſt '
1 oo -Abrrgë de la Pezflñian
C'eſt pourquoi-il faut étre ſérieuſe
ment averty , qu’encore que ces lumié-ñ
res 8c ces affections-là ſoient de_ Dieu .
au commencement , 8c que d'abord
u’on les a reçûô( embraſſe' ellespro
uiſent en l'ame de trésbons effets , l’in
citantà s'unir à Dieu par une vertu ſer
me 8c ſolide ; néanmoins ._fi l'on ne
prend garde à ſoi en ſuite , on s’y laiſſe
ra entrainer par l'affection naturelle, ui
nous fera volontiers embraſſer de tel es
lumieres & de tels mouvemens avec
grand contentement de nous mêmes,
defl: à dire , qu'on n'y trouvera plus
qu'une ſecrète complaiſance de ſoi
:.
méme: Et cependant, pour tâclierde
coopérer avec ces lumières divines , on
ſe mettra à diſcourir ínterieurementôc ..

amplement »avec ſoiméme: on voudra


exercer , 8c méme fortifier, les puiſ
ſances naturelles deſentendement , de
la volonté , des affections, penſant
que par ce moyen nos premiéres lumié
res s’en mentent de beaucoup , 8c
qu'elles e dilatent fort dans l'intérieur.
Mais rien moins que cela. Bien loin
que ces choſes ſoient des effets de Dieu ,
ce ne ſont que pures reflexions de l'a
me, jointes au plaiſir qu'on ade goû
ter le principe quiles cauſe. Lïnſuſion
de la lumière de Dieu s'éteint tellement
de ia ſorte peu à peu, qœenfin il ne
~' ’ reſte
Clan/tienne Cliap. VI. :or
reſte que l'effort naturel de l'ame 8c dc
la raiſon , c'eſt à dir , que l'amour
ropre, qui par la c mplailance que
7
onyprend. dilate ce peu de lumiere
divine que l'on avoit reçue auparavant ,
8c qui
l'eſt pas.tient
On pour
tombeſort cri-and
della ſortecedans
qui un
ne

aveuglement orgueilleux, ê: dans une


vaine préſomption d'avoir beaucoup
de vertu; de quoi viennent une infini
té de tromperies , d'illuſions, & de
deceptions
ſa main de, telles
Nôtre ens
Seigneur retirant
ſià cauſe qu'ils
s'oppoſent ainſi â ui par leur amour
propre: car quoi qu'ils sïmaginent a
voir beaucoup de vertus 8c de lumières
infuſes, ce ne ſont pourtant, ſi vous
en exceptez les commencemens , que
purs diſcours de l'ame, 8: des effldrts
ſimplement naturels; enſuite de quoi,
tleſtitués qu'ils ſont de l'influence de
l'Eſprit de Dieu , ils tombent dans des
Fautes 8c des erreurs conſidérables.
C'eſt de ce principe que ſont ſouvent
venues de trés-grandes illuſions qui
néanmoins avoient eù de bons com
mencemens.
Lors donc que l'ame reçoit les ſen
timens divins dont l'on vient de par
ler , incontinent elle doit s’humi
lier profondément, 8c comme un rien
ſe reduire aX un grand anéaritiſſemeflf
E z Cet
102. -Abregede Io Perfieffion
Cet acte retranchera 8c abatra toutes
les forces de la complaiſance: Aprés
quoi, l'on proteſtera de ne vouloir re
chercher nul contentement ni ſatis
faction ropre dans ces races-là , dont
on s'e imera trés-in_ igne ç comme
n'étant qu'une créature trés-abjecte 8c
trés-vile. C'eſt ainſi qu’on ſe dépouil
lera de tout ce qui pourroit venir dans
l'ame du crû de l'amour propre par de
telles lumiéres divines: 8c comme l’on
ſe. privera de la ſorte de choſes beau
coup plus excellentes qu'auparavant;
auſhcy acquiert-on une beaucoup plus
gran e vertu, quoi qu’il ſemble qu'au
contraire, on la diminue: ce quin'eſt
pas ainſi ; car on ne fait qu'ôter un
.obſtacle qui ſous l'apparence de la ver
tu s'op oſoit &nuiſoit beaucoup à la
vertu olide. ñ
Nôtre Seigneur trouvant alors l'a
me bien diſpoſée par une telle abné
gation , lui au mente ces lumiéres 8C
ces ſentimens pirituels par un con
cours 8c une correſpondance particu
liére 8c par des moyens réels 8c ſoli
des , quoi ue ce ne ſoit pas avec
tant de gou ni de plaiſir ſenſible.
De la ſorte il la conduit avec aſſu
rance dans; la voye de la perfection.
Et alors l'ame dépouillée, comme on
Vient de le dire , _de telles lumié
res
I.

Chrétienne. Chap. VI. ioz


res pures 8C divines, les refére 8c les
æt"ïfflî-F' rapporteà Dieu ſeul , ne ſe ſentantà
leur ſujet affectionnée à quoi queſice
ſoit qu'à la ſeule gloire de Dieu, avec
une rande reconuoiſſance envers ſa
Bont ~, de ce u’elle daigne-d'abaiſſer
v\aw
W7' à une' créature Ê abjecte par Pinſuſion
de ſes divines faveurs.
Il im orte beaucoup de ſe' tenirià
cette regle en matière de ſentimens
ſ irituelsñ; parce que s'ils ne. ſont pas
eDieu , cela ſedécouvre incontinent
par le moyen decette abnégation-là;
8c ſi c_es lumieres_ ſont de Dieu , nous
nous mettons en aſſurance parla méme
voye, que ni l'amour propre , nr' le
diable ne puiſſent s'y gliſſer. De plus,
lors que nous les rapportons ainſi à
Dieu, qui nous les a données , nous
venons cle la ſorte à faire lus d'eſtime
du Donateur ,que de ſes clous; 8c ar
ce moyen nous acquerons la vertu er
me 8c lblide.
Cecy eſt ſuivy d'une canformitëtrés
purement lumineuſe , avec des actes
de volonté 8c (Fafiections toute; pures ,
ui ſont revêtues de la volonte' de Dieu;
e ſorte qu’en ces divines infiuxions
l’on ue prétend que de ſatisfaire 8c con
tenter Dieu ſeul, 8c ſon ſeul bon-plai
ſir; 8c nullement nous mêmes: 'à rai
ſon de quoi l'ame paſſe de ſoi en Dieu ,
E .4 &s'y
!O4 ſſAbregë de la Pdiflction

8c S'y transforme d'une maniere 'plus


ſublime 8c plus profonde que jamais.
C'eſt icy qu’elle s'offre , qu'elle ſe don
ne . & qu'elle ſe conſacre entierement
àDieu.

CHAP. VII.
Quorrííme lígr( Æabnegatian , Je :IJ
jzouillemont , de jbuſtraäion ſpiri
Îuel/e. E5' de conformité divine à l'a'
gard de: deſírlplu: ſÿinruelr de laper
feüian E5 d: la vertu.
P-rés que Pame s'eſt ainſi exercée,
en ſe purifiant 8C ſe deſapro
priant quant aux ſentimens divins 8c
aux deſirs de la ſolide vertu , de la ma
niére qu'on vient de le dire, il ſe pre
ſente un dégré (ſabnégation encore
plus haut que les précédens , qui eſt tel.
Il arrive ſouvent que l'ame qui ade
te_ls deſirs , ne peut neanmoins obtenir
ce qu'elle veut, empechée qu'elle en
eſt par certaines aſtaires humaines,
comme par exemple , s'il falloit quitter
Poraiſon à la uelle on ſe ſentiroit diſpo
ſés( attiréà 'union divine, parce que
l'obéiſſance ou la charité exigent qu'on
la quitte pour une autre œuvre ui de mmm

ſa nature ſera de grande diſtra ion,


mais qui auflï ſera profitable _à nôtre
pro
Cbreóícnm. Chap. VII. to;
prochain. En ce cas, il ſei-a neceflàíre
de quitter l‘Oraiſon , non ſeulement une
ſeule Fois. ou pour une ſeule affaire;
mais il faudra méme quitter entière.
ment toute la manière 8c l'état d'une
vie tranquille 8c conteniplative, où
l'ame ſe ſentoit ſi delicieuſement en
flamée de deſirs ardens 8c ſolidement
vertueux , pour s'occuper à des affai
res de la vie active pour leſquelles el
le aura beaucoup de repugnance , &
dont elle recevra mille ſujets de di
ſtractions. v
Cependant, ou bien elle verra alors
ſort clairement que Dieu l'a pelle à
uitter l'état deſiré de l'orai on pour
e rendreà ce dernier; ou ſi Dieu ne
luiaccorde pas ſi tôt qu'elle voudroit
la vertu &la perfection à quoi ſon deſir
la porte , ce ne peut étre que par de
ſecrets empéchemens divins.
Or en de telles occaſions , l'ame
reſſent ordinairement de la peine 8c des
anxiétés â cauſe de ces em echémens
là , 8c méme elle s'en a ~ge. C'eſt
pourquoi il ſaut, qu'elle regarde avec
eaucoup de diſcernement, ſi le pro
pre intereſt ne pourroit pas y étre m5
é, quoi ue tréscachéôttrés-couvert:
8c @eſt equoi elle ſe doit enſuite de
pouïller par une eſpéce dbbnégation
toute noble 8c toute merveilleuſe.
E L En
'L56' uflrrge'Je 1a- Përfdffion '
'En effet', la douleur 8c Panxiétéqui
affligent 8c inquietent l'ame qui a de
tels deſirs, viennent ordinairement de
l'amour propre : 8c quoi» qu’elles ne
ſoient point péché , elles ſont néan
moins des empéchemens entre Dieu 8c
l'ame; vù que, comme choſes de naï
ture créée , elles retardent ſa per
fection , 8c Pempéclient d'arriver à
ſon comble. Auſſi eſt-il aſſez Facile de
découvrir une ſecréte Proprieté dans
une niatiére de choſes ſiſaintes, 8c il
ſemble méme que dela ſorte l'ame en
vienne, quoi qwindirectement , juſ
qu'à donner la loy à Dieu. De ſorte
que cette inquiétude ui afflige 8c trou
ble ainſi l'intérieur de 'ame , n'eſt point
de Dieu , l'Eſprit duquel eſt doux,
benin , 8c plein de paix 8c de tran
quillité. —
Pour ôter de l'ame cette inquiétude ,
il Faut ſe dépouiller de tels deſirs, 8C
-de la méme vertu, de la maniére qui
ſuit.
Premierement , l'ame doit accepter 8c
recevoir ces bons deſirs-là comme des
'dons de Dieu , ſans s'y arréter par com
plaiſance 8c par propre ſtatisfactionfflinſi
'qu’il a été dit au degré precédent : elle
doit auſſi tâcher avec toute ſorte de di
ligence de les mettre à execution , ſans
ncgliger jamais deſſaier 8c de mettre
en
Clzrétienne. Chap. VIT. 10;'
en œuvre aucun des moyens quipour
roient la faire atteindre à la vertu &à
la perfection dont elleale deſir: parce
qu'en ce faiſant, elle éloignera de ſoi
la tiedeur, le relachement, 8c la né
gligence.
Qge ſi aprés cela les empéchemens
dont il s'agit lui ſurviennent, elle en
doit incontinent reconnoitre, que la
Divine Bonté ne ſe plait pas alors en
Péxécution de ſon deſir: 8c partant el
le doity renoncer effectivement , avec
proteſtation de ne vouloir ni vertu ,
ni perfection (quant à l’acte&âl’exe
cution du deſir, dont le Fonds 8c leſ
ſence doit néanmoins demeurer) ſinon
telle que Dieu la veut donner, ,Sc de
la maniére 8E au temps qu’il la veut
donner , en renonçant veritablement.
àtoutlereſte. j ,
Alors il faut ſe décharger de toute"
peine 8c de tout chagrin , puis que l'ou
découvre clairement. que l'amour pro
pre] 8c le propre intérét ſe cachoient
ſous ces deſirs quoique ſaints ,- 8C de
là on doit auffi apprendre cette tres-_
haute doctrine , que tels deſirs, mé-_
me celui du martyre, lors qu'ils ſont_
joints avec ces peinesſôc, anxiétés,
quoi (qu'ils pzíroiſſent quelque choſedq
gran , ne ſont néanmoins 'alorsqueb
tres peu de choſe', 'puisquece n'eſt que'
E 6 pro
"1 O8 .Abregd de 14 Perfiffio”
propre intéret, 8c que vrai obſtacleôc
empécliement entre Dieu 8c l’ame.
Mais cet Obſtacle n'eſt pas plutôt ôté,
que le deſir en ſon Fonds 8c bien-épuré ,
demeure plus rand que jamais; &au
lieu &ſempre ement 8c d’anxieté , il
eſt accompagné d'une tranquillité in
dicible en Dieu & en ſa divine volonté.
Et remarquez , que l’ame qui a un
tel deſir avec re os 8c tranquil ité ſans
avoir à ſa façon a vertu 8c la perfection
defirée , eſt beaucoup plus agreable à
A—-*ÜEΗÆ..FT'
Dieu que celle qui a la méme vertu:
Que ſi elle ne l’avoit jamais encore eüe ,
ou qu'elle ne l’euſt point alors actuel
lement , elle ne s'en donneroit ni beau
coup de chagrin ni beaucoup d’inquie—
tude z parce que toute perfection eſt
en celui qui ſe contente de ce que Dieu
veut; 8c un tel fait un heureux échan
ede la vertu créée avec la divine vo
onté incréée , qui vaut infiniment da
Vantage.
Il eſt vrai que le deſir évacué de la
ſorte eſt accompagné de quelque crain
te: mais ce n’eſt pas une crainte hu
maine, ui trouble ou qui afflige l’a
me: c'eſt une crainte divine , laquelle
eſt néceſſairement annéxée à ce deſir;
puiſque deſir-er une choſe que l’on n’ob
tient pas encore , apporte de ſoi une
crainte, qui _eſt accompagnée de peinlç
1U '
Ghreîienne. Chap. VII. 109
juſquà ce qu'on obtienne ce n'on de
ſire: mais cette peine eſt une oui-cede
contentement merveilleux 8c de gran
—~A.—~ſ'
de reſignation en Dieu , à qui' l'on
ſçait bien que cette peine eſt trés-a
gréable, lors qu'il voit une ame qui
demeure tranquile 8c contente en ſa
eine pour ſe reſigner à lui St accomplir
lladivine volonté '. une ame dis-je . qui
dur plaire à ſon Seigneur , quoi qu’el
ebrûle d'un grand deſir pour un bien
ſpirituel, veut néanmoins librementôc
de bon cœur en demeurer privée parla
raiſon qu’elle aime plus ſon Seigneur
que ni bien, ni perfection, ni vertu.
En telles ames réſide ordinairement
une lumiére divine qui les inſtruit, 8c
qui leura prend de combien grande di
ligence e les doivent uſer en tout, ſans
ſe relâcher jamais 8c ſans ſe laiſſeraller
àſattiedilſement &à la langueur. Ce
pendant. perſonne ne doit faire appui
ſur ſa diligence; puis que ce n'eſt pas
par elle ni par nôtre induſtrie, pour
grande qu’elle ſoit, qu'on parvient à
ce quel'on deſire; mais ſeulement par
. la bonne volonté 8c le bon plaiſir de
Dieu , qui tantôt accorde, tantôt re
fuſe ce que l'on recherche, ainſi u'il
lui plait. Ce qui fait que l'ame d po
ſant 8( perdant toute eſtime de ſon in~
duſtrie 8c de ſa diligence , acquiert une
E 7 con.
1 ro zflbrcgéde la Perfläíon
confiance certaine 8c une aſſurance fi
liale , que Dieu , qui a donné le deſir,
donnera auſſi l'accompliſſement 8c la
perfection quand il lui plaira ; 8c ainſi ,
elle ſe remet 8c ſe jette entre ſes bras
comme un petit enfant , ſe contentant
de tout ſansy plus penſer, opérantôc
faiſant ce qu’elle fait comme ſi elle
étoit ſans elle méme ou hors d'elle-nié
me 8c comme à Pavanture, avec une
roteftation naïve 8c fincéreâ Dieu de
'abandon qu'elle lui fait de tout , 8c
que comme un etit enfant elle laiſſe
toutle ſoin de oi-méme â Nôtre Sei
gneur , avec une tranquilité vraiement
divine.
C'eſt à ce depauïllement 8C à cette
deſhpprapriarion ſi ſublime que cor
reſpond la ſbuſëraäian de Nôtre Sei
gneur dont on vient de parler, quand
il ne nous accorde pas la vertu que nous
deſirons 8c demandons; laquelle ſou
ſtraction divine on doit admettre avec
joie , 8c y coopérer en la maniére qu'on
vient de dire. il Y a encore ici une Can
flzrmité à la volonté divine quieſi fort
ſecréte 8c connue de peu de perſon
nes; mais qu'on découvre ſort claire
ment en ce procédé: uis que l'hom
mey laiflè Dieu pour Bleu , c'eſt à di
re , qu’il laiſſe & quitte Dieu entant
qu'il lui donne quelque choſe de pro
pre
Chrétienne. Chap; VII. :rr
pre intéret en fait de vertu 8c de er
fection , pour poſſeder le méme ieíi
ſansintervention d'aucun intéret: de
quoi derive une rramflzrændrion trés-ſu
blime , 8c une deification admirable,
d’où procèdent des dons excellens , 8c
de trés-rares lumiéres , dignes d'un
tel amour, 8c d'une ſi grande amitié
de Dieu.
Faiſons quelques applications par.
ticulieres de cette doctrine , laquelle
uoi qu'applicable a\ toutes ſortes de
deſirs , nous conſidererons ſeulement
par rapport à trois.
Le premier ſera, le deſir de la gloire
éternelle. L’ame s’en doit dépouiller
de la maniére qu'on vient de dire quand
Nôtre Seigneur la differe: on doit fai
re beaucoup plus d'état de la volonté
divine, à qui il plait de ne pas donner
encore cette gloire , que non pas dela
méme loire. Il faut méme en venirà
une te le conformité , que quand il
plairoitàDieu de ne nous la donner ja
mais, pourvû que ce fuſt ſans aucune
faute de nôtre côté , nous voulions
bien nous contenter de cette divine vo
lonté, afin de nous dépouiller entié
rement de tout amour propre , uoi
qu’il régardaſt le plus excellent ien
quiſoit.
Le ſecond deſir à quoi nous appli
que?
r r r. .Abregdde la Paflffiorz
querons cette Doctrine, eſt le deſir de
l'anéantiſſement, du renoncement de
nous-méme. 8c dela conformité avec
Dieu ; deſirs qu'il faut auffi modérer par
la méme régle lorsque Nôtre Seigneur
ne les octroie autant qu’on voudroit
bien. On voit ici à merveilles, comment
ſe dépouiller de l'amour de cette méme
vertu du dépouillement .lors qu'elle eſt
jointe avec une inquiétude 8( une pro
prieté qui recherche du contentement 8c
dela ſatisfaction en ſa poſſeffion; 8( ſe
contenter de ifétre pas dépouillé de ſes
imperfections autant qu’on voudroit ,
our demeurer Contant de tout ce que
Bien veut, eſt un dépouillement trés
grand, 8c une vertu, qui ſurpaſſe les
autres vertus. En cette vertu, il faut
ôter Pempreſſement, l'inquiétude, le
chagrin qu’on pourroit prendre pour y
atteindre 8c pour en jouir; 8c remar
quer, qpe plus on sempreflèra avec
eine proprilété pour l'obtenir de
ieu , moins on 'aura.
Le troiſiéme deſir eſt celui de ſouf
frir. Encore que nôtre nature y repu
gne comme â une choſe qui lui eſt amé
re ; il peut néanmoins arriver qu'on
l'ait trop grand , trop empreflé, 8c avec
înquietude 8c amour propre , ainſi que
les femmes groſſes ont quelques fois des
envies excellivesde manger dela terâeg,
f
Clzreítíenne. Chap. VII. rrz
des charbons , 8c choſes ſemblables qui
ſont deſagréables au goût; outre que
ſouffrir pour Dieu eſt une choſe qui de ſa
nature peut donner rande ſatisfaction
â l'ame , à cauſe de on exellence 8c de
ſon rix , 8c qu'ainſi elle peut étre l’Ob—
jet el'amour propre. Devant Dieu le
meilleur deſir de ſouffrir eſt celui qui
marche avec le dépouillement 8c la
conformité dont il s'agit.
A propos de quoi, quiconque aſpi
re à une haute perfection ſe doit tenir
pour averty , qu'elle ne conſiſte pas,
comme pluſieurs le penſent , en c;
?n'on ait toujours ſes penſéesäciesat
ections en croix 8c dans les afflictions
les plus grandes u'on puiſſe trouver:
car pour grande erveur qu’ou ait, en
fin la nature sîen reſſent , l’ame s’affli e ,
&de cette triſteſſe lui vient une e é
ce de difficulté 8c de violence qu’il aut
faire pour opérer: en quoi il eſt vrai
qu’il ſemble qu'il y ait une grande ſain
teté &beaucoup de merite; mais c'en
eſt certainement un Obſtacle: uis que
toute choſe, pour petite u’e le ſoit,
devient dificile à l’ame tri e ,- au lieu
qu'au contraire, Pallegrcflë égaye 8c ad
doucit tout travail , quelque grand qu'il
ſoit. Ce n'eſt donc pas l'acte ſouverain
de la vertu que de vouloir bien patir ou
endurer; puis que cela ſe doitſaire avec
reſtriction 8c meſure. Mais
1 14 .Abi-agoda la Perfl-&ion
Mais l'acte dela vertu eſt un parfait
acquieſcement 8c contentement, le
uel nait d'une pleine 8c entiére con~
ormité avec le divin vouloir, 8c qui
cauſe une diſpoſition trés—prompte à
ſe ſoumettre en tout 8c par tout à ce
que Dieu veut opérer 8c faire dansl'a
me , par elle , 8c d'elle , ſelon ſon
bon 8c divin plaiſir. Et parce que le
trop grand empreſſement de vouloir
endurer ou patir ôte cet acquieſcement
tranquile , 8c qu'il empêche la per
fection des operations divines . l'ame
doit S'en défaire È le retrancher , com
me auſii rejetter les penſées des croix 8c
des trauvaux lors qu'il n'eſt pas ſaiſon
de les endurer , changeant adroite
menttout cela en cette divine gayeté
dela conformité avec Dieu; àl'acqui
ſition de la uelle on n’avance pas peu
en ſe repre entant des choſes joyeuſes
8c agréables, pourvù que ſaintes: car
de telles penſées ſont conformes à la
perfection.
De telle gayeté nait une promptitu
deàtoute Opération , une force àſur
monter les difficultés, une joieôcune
lieſſe divine de cœurôc d'eſprit, ſelon
ce mot de l’Apôtre , Gauddre in Do
minoſâmpcr; irorum dico , guilde-fe : Soyez
joyeux ou Seigneur .' encore un coup ,ſtiiez
Ãflflrldſctjel Ilnaitencore d'elle, une
agi
l
l
il…
Chrétienne. Chap. VII. l1 ç
agilité merveilleuſe à ſe mettre à
l'œuvre , une facilité à Pexécuter 8c
l'accomplir , une douceur en toutes
rencontres , méme à la croix quand
on [embraſſe ſeulement pour l'amour
de Dieu 8c our lui plaire. Qgefi ce
pendant onſé trouvoit ſans cette divi~
ne allégreſſe, il faut tout au moins de
ſirer 8c faire effort de l'avoir, en re
ſiſtant à tous les Obſtacles que le Diable
-y pourroit mettre. —
De cette gayeté étoit doüé fin lie
rement Nôtre Seigneur jeſus C iſt:
8c ce qui le rendoit merveilleuſement
aimable, eſt, qu'il la faiſoit ordinai
rement reluire ſur ſon divin viſage:
doùgil paroit
toujoursâ , quïlzpe
ſa Paffion ;ſſëmaispenſoit pas
u’il en dé
tournoit ſon cœurôc íàpen ée excepté
lors qu’il ſavoit que c’étoit la volonté
de ſon Pere ; penſant au reſte à des
choſes joieuſes avec un viſage ſerein,
plein d'une douceur 8c d'une grace , ui
jointes à une ſerieuſe gravité 8c à es
paroles cned-giques, attiroient le cœur
des hommes avec non moins d'amour
ue d’authorité. Mais en aprés . il‘
oufflit «Sc endura la ſouſtractionde cet
te gayeté au temps de ſa Paſſion.
n
17"65? H ?ſin (CJ.- *ñ* 'z FCV; ~ l \z’
n
l 'Ïſſf1" .1 ñ ,. ë
jîëîz"
Ê* 4
dë* '
. CHAP.
(ſi, ;Ÿſſ-.ËÊÎ 'Jjjí U' _FL r
— r
1,. -rc- &d'in l .
l i6 .Âbrqgó-'de la Pcijfzctían
~
C H A P. V I I I.
C'inguieflæze degré dſſzbncgarion . de dc'- ï
Paiïillement, de ſbuſtrafïion U decon
formítd dan: le: tentation: dir/in”,
quífldrvcnant à la partie infctieure de
Paine vertueufi , ſèmblent ruiner _ILT
T/crtur, ſé: bien: , ſbn TCPÛ! Œflzpaix.
Uand l'ame eſt établie en la con
formité, en la tranquillité, 8c en
l'aile reſſe dont on vient de traiter,
qu’el e s'y trouve avec un grand pro
grés dans les vertus parfaites, &avec
beaucoup de force 8c de pouvoir dansla
partie ſuperieure , à cauſe dela grande
abitude 8c facilité qu'elle a acquiſe en
reprimant 8c refreinant ſa chair 8c ſes
paſſions, Dieu a coutume enſuite de per
mettre, quand bon lui ſemble, qu'elle
recommence à ſentir des tentations
ſemblables, ou plus randes encore, que
celles qu'elle avoit ouvent endurées au
commencement de ſa converſion , com
me ſont des tentations de la chair, d'im
patience, decrainte, de difficultés,&
ſemblables. De cette ſorte commençant
de nouveau à ſentir une grande rebel
lion de la partie inférieure contre la ſu
perieure , 8( que le Diable la tente for
tement , il faut qu'elle retourne à com
battre , méme avec beaucoup de peines.
Mais
Chrétienne. Chap. VIII. 1x7
Mais pourtant la partie ſupérieure
combat , gaigne , 8c emporte genereu
— ſement la victoire. ſ
Par cette viciſſitude 8c ce change
ment ſi étrange l'ame redevient ſem
blable â un novice qui eſt encore au
commencement 8c dans un état -im ar
fait. La violence des rebellions e la
partie inferieure contre la ſuperieure ,
.celle des repreſentations des clemons,
des mouvemens dela ſenſualité, 8c de
toute cette nouveauté, eſt, ce ſem
ble, contre la voie commune de la
grace, qui ordinairement eſt donnée
apres les premiers combats des tenta
tions 8c la victoire qu’on en arempor
tée , 8c aprés avoir acquis les habitudes
des vertus parfaites 8c dompté de œ]
q le ſorte la ſenſualité qu'à peine avoit
elle encore la force de regimber- L'é
vénement inopiné de toutes ces Cho'
ſes enſemble , mettent ordinairement
l'ame en grand peril de croire qu'elle
retourne en arriere, 8c qu'elle a don*
né ſujet de retomber en mauvais état;
d'où lui nait in uietude, deſeſpoir, .Sc
grand peril de eruïner.
Et partant il faut qu'elle ſe 'mette
bien ſur ſes gardes, 8c qu’avant toutes!
choſes elle remarque 8c decouvre clai
rement , comment par la grace de Diet!
ſa volonté eſt trés-reſolue de moqçíf
P U'
J
:18 Abregíde Ia Peóſfà-Hian
lûtôt mille fois que d’ofienſer Dieu en
la moindre choſe ue ce ſoit: 8c puis
que le péché con iſte en la volonté,
elle doit donc tâcher de ſe convaincre
qu’elle eſt bien éloignée dele commet
tre , puis que toute ſa triſteſſe vient de
ce point, je veux dire, de la grande
volonté qu’elle a de ne point offenſer
Dieu. De plus elle doit prendre garde ,
que de ſon côté elle n’a point donné
Occaſion à de ſemblables tentations,
puis qu’elle les a en rande horreur 8c
deteſtation ,_. 8c q_u’el e deſire ſur toutes
choſes de ſe conformer à la volonté di
vine,& ſe deſapproprier de tout le créé.
Elle doinencoregétre avcrtie z qu’elle
fait alors luſieurs actes de vertus avec
la partie uperieure-, parce qu'en effet
ſon eſprit eſt alors rendu plus ſort ar
la grace de Dieu , quoi que la chair oit
émûe 8c 'ſe reſſente de l’aiguill0n: ce
qu’elle doit reconnoitre pour d’autant
plus evident 8caſſuré, ue mieuxelle
voit qu’il n'ya point la edansdbſſen
ſe de Dieu. @Je ſ1 cette ame ne ſe
ſent pas capable de porter jugementlà
deſſus à cauſe du trouble 6c des ſcru
pules où eſt ſa conſcience , qu’elle
s'en remette entiérement au jugement
de celui qui la gouverne, 8c qu’elley
acquieſce.
Cette ame doit encore ſavoir , que ces
ten
Chrétienne. Chap. VIII. 119
tentations-là , quoi qu'il ſemble que ce
ſoient lesmémes qu'on avoit ordinaire
mentau commencement dela conver
ſion , en ſont néanmoins trés-différen
tes quant à leur ſource. Car au com
mencement dela converſion, lors ue
la partie ſuperieure étoit encore ans
bonnes habitudes , ſans les vertus 8c
ſans les graces qui la fortifient, 8c
qu'au contraire la partie inférieure étoit
pleine d'habitudes mauvaiſes 8c trés
uiſſantes , ce n’étoit pas de merveil
es que Partifice du demony entreve
nant , la chair ſe rebellaſt 8c comba
tiſt contre l'eſprit , 8c que cecy duraſt
juſqu'à ce que la partie ſuperieure fuſt
rendue forte &vigoureuſe par la force
que Nôtre Seigneur lui donnoit pour
vaincre enfin la partie inferieure , la
quelle ainſi domptée , cette ſoi-te de
bataille ceſſoit avec beaucoup de ſo1^1—
miffion de la chair, 8c une grande
tranquillité entre elle 8c l'eſprit : ce
que Nôtre Seigneur permettoit afin
que par voie de combat, âſon imita
tion , nous obtinſlctions la victoire , 8c
que nous pûffions recevoir ainſi de lui
les dons dela vertu. Mais maintenant
lors qu'après toutes ces choſes, 8c a
prés que l'ame eſt déja établie dans la
force divine , les tentations reviennent
ſans qu’elle y ait donné d'occaſion,
qu’elle
i :O .Airegóîde la Perfection
qu'elle ſaçhe que c'eſt tout autre choſe
qu'au commencement , 8c qu'elle tien
ne our tout aſſuré , que c'eſt l'effet ex
pr s du ſoin 8c de la Providence par
ticuliere de Dieu qui le veut ainſi , 6:
que la ſource de ces tentations ne vient
point d'un principe intérieur , comme
de quelque vice ou éché qui ſeroit
dans l'ame; mais qu'i vient d'ailleurs;
8c que ce procedé cache veritablement
un grand myſtère 8c un grand bien.
Sur uoi il eſt trés-bon de ne as
ignorer a quelle fin NÔtre Sei neur ait
&permet tout ceci, Ceſta avoir:
Premierement, afin que le reposäc
la paix que l'ame avoit avant cela , ne
lui donnent occaſion de ſi grande ſa
tisfaction de ſoi-méme que Venant à s’y
complaire beaucou elle ne tombe en
péril de senorguei lir.
Secondement , afin que l'amour r0
pre qui pourroit ſubtilement ſe g iſſer
dans ſa tranquillité, ſoit entierement
éteint.
En troiſiéme lieu , afin ue l'ame
croiſſe 8c safermiflè de la orte dans
laconnoiſſance de ſa baſſeſſe, 8c dans
la ſainte ſoumiffion.
En quatrième lieu , afin qu'elle vien
ne àde nouvelles lumiéres , 8c qu'elle
connaiſſe , que la perfection ne con
Ûſte Pas a n'avoir point de tentations ,
ni
Cbrctienne. Chap. VIII. in .
iii à ce (gril y ait paix entrela raiſon 8c
la ſenſi ilité : vû qu’au contraire il
peut alors arriver que les tentations .
ſoient plus véhémentes qu'auparavant ,
8c que 'ame en patiſſe beaucoup.
Elle doit donc, tenir pour une choſe
certaine , que par cette voie Nôtre
Seigneur veut la 'conduire à une plus
grande vertu.
C'eſt pourquoi lors u’elle commen
“ce à entrer en de tes travaux, elle
doit avant toutes choſes ,
r. S'liumilier & s’abimer en ſon
néant , en ſe rcconnoiſſant digne de
toutes ſortes de tentations: &comme
au commencement elle S’étoit accou
tumée â recevoir avec contentemens
les mépris 8c les travaux du dehors,
Œàÿpréſent elle s'efforce à ſe réjouir
de ce ue Nôtre Seigneur Phumilie,
8c qu’i permette qu'elle ſoit colaphiſée
.du Demon. _
z. Elle doit en ſecond lieu, ſe ele'
pauiller du repos 8c de la paix qu'elle
reilèntoit lors qu'elle n'avoir point de
grandes tentations, comme aufil de la
iatisfaction qu'elley trouvoit. Et plus ~
ce repos eſt un bien ſublime 8c excel
lerit , plus grand auſſi Sc plus agréable à
Dieu eſt le ſacrifice qu'on lui fait d'en
vouloir _étre privé pour l'amour de lui.
3. L’ame doit enttpre recevoir qvefc
.a __
1 z r. .Abregí de I4 Perfection
l'affection 8c la promptitude dont on
a déja parlé, la _ſbuſtraâiaríque Nôtre
Seigneur fait en elle ,_ laquelle conſiſte
en ce qu'il ne permet pas que la vertu
dela artie ſuperieure redonde Sc opé
reen a partie inferieure 8è lui donne la
force de ne plus ſentir de tentations,
comme il arriveroit fi Dieu y concou
roit comme auparavant: Mais Nôtre 'Ln_.—,4

Seigneur ſouſtrait 8c retire ce concours;


8c de là vient Panxieté 8c le travail
dont on eſt preſſé.
4. Enfin il ne Faut "pas s'efforcer de
chaſſer les tentations a force de péni
tences 8c de grandes mortifications de
la nature , comme lors qu'on étoit en
core commençant &novice; car il ar
riveroit de-là ce qu’on lit de quel
ques Saints , que les tentations croi
troient plùtôt par ce moyen que de di
minuer. Mais il faut ſe ſoumettre à
Dieu avec humilité pour endurer vo
lontiers ce qu'il lui plaira ; 8c aprés
cela ne plus ſe ſoucier des tentations,
&même les mépriſer.
Cela eſt ſuivi d’une Confirmitä avec
la volonté de Dieu beaucoup plus gran
de que du paſſé , puiſque pour ſe con
former à lui l'ame eſt contente d'étre
deſolée en elle méme , 8c de ſouffrir ces
travaux & la confuſion d'étre ainſi ten
tee: refignation qui eſt trés-agréableâ
Dieu ,
Chriſtie-nue. Chap. IX. zz;
Dieu , outre la conformité qu'ilyaici
avec N ôtre Redempteur , lors qu'étant
au jardin il voulût que la partie infe
rieure ſentit de la eine â ſoufflir, 8c que
néanmoins il dit a ſon Pere , Nan mea,
ſée] !ua volants: fiat .~ N011 ma volonte',
, mai; la vôtrefaitfaire. Et de cette Con
formité s’enſuit Sc nait dans l’ame non
ſeulement un amour d'union qui la
tramfarme en Dieu plus hautement;
mais encore un amour 8c un deſir dela
croix, ſe conformant avec celle de jeſus
Chriſt 8c voulant bien y ſouffrir toutes
ſortes de tentations. Ici l’on ne s'offre
8c ne ſe conſacre as ſeulement tout à
Dieu; mais auſſi 'on s’y ſacrifie entié
rement.

' C H A P. IX.
Siirieïrze degre' ffabhcgafim, de depart”
#ment , de ſäzſtraäihn ſpirituelle , E5
Je confbrminï ivine dan; IE3*: tënëbre: ,
lei-ſècbereſſèr , Z5 le: travaux de la
partie fizperieure d'une ame qui a ac
guir ler. verts”.
A Prés tout ce que l'on vient de _dire ,
les choſes nesarétent pas encore la:
mais ordinairement ,les travaux mon- /
cent plus haug; , 6E vont juſqu'à l_a par
tie ſuperieure de Peigne z Où \Êſidenëèſî
I_ .
1 :4 .Abrogé Je lo Porfiüíor!
vertus 8c Peſprit. Alors cette ame s'ap
perçoit que luy tariflènt 8c lui defaillent
dansPentendement la lumiére 1 8c dans
la partie des affections les bons deſſeins
8c les bons deſirs , la romptitude à
bien faire. la force , la patience:
de ſorte qu'au lieu qu'auparavant elle
combattoit avec courage &avec gran
de force , maintenant il lui ſemble
qu’elle eſt ſans force 8c ſans vertu , 8c
qu'elle eſt incapable de faire la moin
ore reſiſtance. Un petit fétu lui paroit
une groſſe poutre: elle ne ſent a8: n'a
perçoit que nua es obſcurs , grandes
ténebres, aveug ement, aridité, cha
grin 8c Ânxiétés, tiedeur 8c rebellion ,
puſillanimité , conſiiſion, 8c une grande
oppreíſion: &le retour à ſes remiers
deſſeins 8c à ſes bonnes re olutions
liii paroit comme entiérement impoſ
- ſible.
C’eſt ici qu'à la verité il y a grand
dangerpour Pame ſi l'on ne s'efforce
d'y remedier comme il faut, afin que
(iut-ant cet abandon elle ne vienne à
tomber dans des déſordres confide
rables; cequi luy pourroit arriver en
pluſieurs maniéres ; A
Premièrement , en ſe donnant des im
preſiions-*St des apprehenſions trop for
tesde cet état 6c de -ce qu'on vient d'en
.toucher, regardant' ces choſes comme
~ - une
'Chrétiennez- Chap. IX.; 1 z,
une grande perte, 8c de là s'en attri
ſtant 8c s'en affligeant exceſſivement.
Secondement , en s’arétant trop à
rechercherôc â imaginer la cauſe de
ce grand revers , que l'on rapporte à
ſes propres defauts , leſquels on ſe me:
alors à rechercher trop curieuſement
8c ſcrupuleuſement.
En troiſiéme lieu , du côté de la vo
lonté, en cherchant avec ſoin 8c avec
grande diligence —d’ôter ces deffauts
uppoſés . prétendant ainſi remedier 8c
donner ordre _à tout, retourner à ſon
reiiiier état, 8c ſortir du préſent, que
llon tient pour miſérable. Mïis loin
d'en venir à Pexécution, elle rejette
bientôt en arriére tout ce travail fati
uant ,- puis qu'en effet ce n'eſt pas là
e reméde qu'il faut à ſon mal, dont
la cauſe aulli ne vient pas de ce côté-là_ :
8c c'eſt ce qui lui redouble ſes peines 8c
ſon chagrin.
En quatrième lieu , comme il lui
ſemble delà que rien ne lui eſt à ſe
cours-, 8c qu'elle va toûjours de mal
en pis , elle tombe pour l'ordinaire
dans l’im atience , dans la crainte,
dans la pullllaniinité , 8c mémeen peril
de deſeſpoir.
Or ſuppoſé que l'ame ſoit exercée
dans les degrés précédens: il faut ici ,
qu'à part_i~oi , 8c auſſi avec le ſecours de
F 3 celui…
r 2.6 .Aôregëdr la Peiflzflion
celui qui la conduit, elle médite &
remarque les myſtéres ſecrets 8c mer
veilleux qui ſont cachés ſous ce triſte
état. '
Qſelle ſache donc , pour le re
mier, que la vraie ſource de ce ont
il s'agit, eſt la divine Providence, la
quelle voulant éprouver 8c affiner une
ame aprés avoir rempli ſa partie ſupe
rieure de forces 8E de vertus, luiretire
le ſecours ordinaire ſans lequel .ces ver
tus ne peuvent opérer. D'où vient
qu’encore qu'elles ſoient dans l'ame,
elles n'y ont néanmoins point de ſor
ces, 8( qu'il ſemble qu'elles n'y ſoient
pas; 8( qu'au contraire, il n’y paroit
que ténèbres , aridités , 8c les autres
iniſéres dont on vient de parler. Ce
_ pendant l'ame re laiſſe pas d'avoir les
memes graces 8c les mémes vertus
qu'auparavant.
Eneffet, elle doit ſavoir , pour un
ſecond point , que cette divine ſou
ſtraction ne vient nullement de l'abſen
ce des vertus , des dons , 8c des graces
de Dieu en elle , puis qu'elles y de
meurent entiérement : .moins encore
vient-elle de l'abſence de leurs actes,
quoiqu'en effet Paine s'en trouve alors
privée. Mais il faut conſiderer u’eii
'tait d'actions internes 8c ſpiritue les,
11 Y a, premièrement , Pacte direct,
qui
Chrétienne. Chap. IX… 11.7
*qui tend directement à Dieu , qui eſt .
l'opération méme envers l'objet; com
me par exem le . la connoiſſance prati
que. 8c l'a e de .chois ou la volonté
libre de vouloir ſouffrir , vouloir aimer
Dieu. vouloir étre teinperé, chaſte,
obeïſſant . ne point conſentir au pé
ché, 8c ſemblables. Il y a en ſecond
lieu, l'acte refléxe , qui ſe retourne
8C réfléchit ſur ſoi méme , comme , re
marquer 8c juger que l'on fait tel acte
afin de contenter ſa conſcience, 8c de
s'en rejouïr , tant pour la gloire de Dieu
que parce qu’on ſe ſent ainſi fort 8C
victorieux des tentations, avec grand
repos de l'ame. _
De ces deux actes , le premier eſt le
pur acte de la vertu , 8c non Ie ſecond ,
qui eſt le Fruit 8c la ſruition de la mé
me vertu: car il eſt évident que l'acte
dela temperance ne conſiſte pointâle
ſentir, ou à en jouïr 8c âs' complai
re: mais à le deſirer 8c à le mettreâ
effet. Or dans l’état de queſtion. , Dieu
concourt à ce premier acte , 8c ainſi
les actes des vertus s'y ſont véritable
ment : mais- il en ſouſtrait Ie ſecond
'acte , ſavoir nôtre 'connoiſſanceg .re
flexion, jugement ,~ 8c nôtre ſatis
faction de l'avoir ſait : _cPoù vient qu’il
nous ſemble de n' point faire . at
tendu qu'au de la connaiſſance*
K F 4 … q”
_M/
1/
' 1 28 .Abrrgë Je Id Pezffèäïo”
quinous a été ſouſtraire, viennentles
ténébres 8c l'aveuglement; 8c au lieu
de la jouiſſance affective , l’aridité.
L'on eſt alors comme une perſon
ne qui ayant grande faim, recevroit
la nourriture dans ſon eſtomac ſans la
ſentir 8c ſans la goûter z il eſt évi—
dent u’il mangeroit . 8c cependant
il lui embleroit de n'avoir pas man
gé , 8c il ne tireroit point de ſatis~,
faction ni de plaiſir de cet acte, qui ſe
roit à cet égard comme n’étant pas fait.
Puis donc que ſentir nos actions in
térieures n’eſt ni la vertu ni l'acte de
la vertu; mais que ce n’eſt qu'une ſa
tisfaction de ſoi-méme; Nôtre Sei
gneur, qui prétend nous dépouiller
e tout notre propre goût 8c de tout
propre intérêt comme d’un,obſtacle
quieſt entre lui 8c nous, nous laiſſe la
pureté de la vertu , ui n’eſt autre cho
ſe que la deſirer 8C a ratiquer; &il
nous ôte cette ſecondec oſe adjointe,
ui eſt un certain amour propre, plus
ubtil' que_ les precédensë, 8c un propre
intéret
oùſielle dont
nous l’ame ſe d'une
retiroit nouriſſoit, 8c par
plus grande
' union avec Dieu.
7 Cela étant ainſi , on découvre evi
demment que non ſeulement il n'y aen_
tout ceci ni mal n." _ruine ou perte pour
l'ame: mais, qu'au contraire, elle eſt
‘ ~‘\ par.
Gctlzrëficnne. ChapI IX. ng
parce divin artifice puriñée dans la ver
tu
de ,toutlle
8c urgée de tbnrelauilui
propreintëret proprietécîc
étoiem:
cachés: ar où elle eſt éclevée à un dé
gré plus liant", 8c diſpoſée à une plus
grande grace"& à une plus grande u
- nion avec# Dieu qwauparavant.
_ Pour donner jour à tout ceci, que
Pameïprenne grande à deux choſes.
La premiére, que fi elle veut exami
ner la pureté de la vertu , elle la verra i
véritablement dans ſes actzes plus qu'elle >
n'y fût jamais;
’ u’ellctepuiſque fi on
'eſt dans cesluianxietés
deman ,.
'doit lors
dans c'es t ébres , 8c dans ,ces rebellions v:
là , ſi elle voudroit bien oflcteníèrñüñieu; .
elle diroit' incontinent ,' 'næflſe aime
_roit mieux mourjz- de mil ç rnprrs que
- de FOÛÏŒQÈEËEÎlejſuqindfepéçlíâ,3C le
_momdrë Evan( nement… ,Ve .ſi .on 'lui '
demïîzíie, ſi. .é le flveucïeirzoñfqſièrmer_ à ñ
13; volônté divineſi, _Ïiellefiſrépqnçlſa ſans ñ
héſiter, q-iſelle le 'deſire p 71s, que ja~— ~
mais, &i1 reſolumentz qu’elle.vgu~
droitímourir po 1 r,bctrzluſLdemapzdfe-ſiſſelle
eneffidezriéme IagloiredeDieu.. Il .
_— defauts-z
deſire desîamender., de connaitre ſes
deëbapgerzſagvíeQdeſehaïr—l
, ſoiméine; d'aimer ſilà _perF-ectípxi; zëcc.
" &rantaux _acteszextérieurs ciesvercas,
'ël e 'ne laiſſe pas, non obſtant l'état
. \ - *
affligeantou elle ſetrouveiî! z !le >.P,J”
.

' F,, s),- ‘ ſſh:


. ..MM
r ;o dflregó' de la Pcrflzäian
uirer en ſon temps 8c avec attention
:le ſes devoirs ordinaires, &d’accom~
plir entiérement ce qu’exige d'elle ſa
vocation: Ce qui eſt une marque evi
dente que la pure vertu n'eſt pas affoí
blie ni diminuée dans elle; mais que'
plutôt elle y eſt devenue plus excellen
te , encore quel’ame n'en ait pas le ſen
timent 8c le goût, qui ne faiſoit qu’aider
8c ſoulager ſa Foibleſſe auparavant.
La ſeconde choſe à quoi elle doit
prendre
"ner garde , qu’il
la' différence eſt , Ydeactde
biencet
_diſcer
état
’ d'avec celui auquel' l'ame ſent les mé
mes
ſa oppreſſionsôc
faute ténèbres,8cmais
8c par ſact négligence pare ear:
carzdans ce dernier cas., elle perd les
actes de la vertu &le deſir de l'a per
fection : que fi par avanture elle a quel
ques uns de ces deſire , ,ils ſont entié.
rement ſans efficace 8c ſans effet: de
ſorte qu'une telle amequittantle grand
bien qu’elle faiſoit auparavant., vañde
mal en pis-avec 'péril de ſeperdre.
" Outrecesobſervations, remar uons
~ encore les ſuivantes uinousîd cou
yrent davantage la ſubiimitéŸde l'état
- dont' nous' traitons! ",“‘ cett étaët ,ejſtiune
~~I'. 'Premierément
vive-Sc' une 'excellente imitation ſide
'Nôtre Seigne” jeſusîCliriiÎrz duquel
iielt dit au 'commencement de ſa dlqu
' eu
Cheîíenne. Chap'. IX.- 131?
lîeureuſe Paſſion , Cœpit Fawn, rade.
re, $5' mæſtm effiè , c'eſt à dire qu’il com
mença à avaírjzeur , à étre abattu , L5' dila
venir triſte.- aprés il dit encore, Trtflu'
6j? anima mea ufque ad mortem: Man
ame eſt Îrrſtcjóſſzuäi la »ſorte 8C enſuite,
Sur-gite , cam” ; Lavez-vaut , allant
mux-en : en quoi il y. a trois. choſes di
, gnes de remarque ; La premiére , la
grandeur des douleurs 8c des tourmens
de Jeſus Chriſt , auſquels il commen
poit à entrer : La ſeconde , qu'alors lui
A
ut ſouſtraire la concurrence de laforce,
'de la patience, de la magnanimité', BC
de ſemblables vertus , quant au ſenti
ment, en la maniére que-nous avons
expliquée; ſi_ bien qu’il tomba in
Continnenten ſi grande anxiété, eur'
8c triſteſſe, que la moindre-des ou
fflleurs,, dont il.- diſoit' auparavant avec
joieeny penſant, Baſótjfmo api” balnéo
rlvaptË/Zrriſ. Ua. Je dai: étre baptiſïdäm
certain. baptème ,_ lui ſembloitalors qua
ſi inſupportable: La troiſiéme. qu’a
vec tout cela la ſolidité des vertus étoie
enlui trés-ferme , 8c plus ſtable que
.jamaisy puis qu'en ces paroles Surgitez,
_ufflplfi , il le découvre unemerveilleuſe
prom _titude àendurer; une patience ,
une_ orce , .une generoſité de cœur
invincible au milieu de cette ſou
ſtraction: 'enquoilelqs ſaints Docteäîs
n”. Ã/Jbrcge'x11: la Perfóflíon
’d y que Nôtre Seigneur meritoit*
alors pour les SS. Martyrs 8c pour les ñ
autres Saints , afin qu’au milieu de leurs
travaux ils- fuſſent ainſi- revêtus en la
partie ſuperieure deleur. ame de patien
.ce , deſorce , de magnanimité, 8c d’au~ a
très vert-us, par leſquelles ils fuſſent
ñdelectés 8c réjouïs dansleurs tourmens
sôzſupplices, ainſi qu'on le lit de plu~
ſieurs ſaints Martyrs.
Quand donc il plaît âNôtre Sei
neur d’ôter— à l'ame cette Force ſenſi
le dont: elleétoit comme revetue, .
8c que parle grand amour qu’i1 lui por- —
Vtezil Pen dépouille , comme il fait 'en
cet état par Ie moyen de la ſouſtraction ..
- dont il s’agit , il eſt evident , qu’il gra- .
tifie alors l'ame d'une plus ſublime imi
tation de ſoi que n’étoit la precedente , 7
epuis que- lui méme a ſubi cette' ſou
ſtraction del-a -pai-t de ſon Pere éternel.
. II. Outre-ïcette raiſon tirée d’une
-ſſîeſus
lus vive 8c plus-parfaite
Chriſt.; imitation
-eii -voici encore de
d'autres
qui nous découvrent Pairantage de cet
état. C'eſt que dautantælus 'que Ia
.partie ſuperieure de l'ame -e plus noble
que ſa partie inſerieurc -Sr que' le corps;
d'autant plus auffi les ſoufflances de_ cet
' te-partie ſuperieure, ou» de laſuperieü
-reôc delinſerieure enſemble, ſont plus .
nobles 5c depjus grandeî prix qu'au-jim
mar
Chrétienne. Chap. IX; lzz
martyre corporel quand l’ame n'y ſouf
fre pas ainſi. Car au reſte , ſouflrir avec
cette allegreſſe 8c cette liberté de ver
tu 8c de force ſenſible dont les Mar
tyrs étoient quelqpes fois revétus., cela
leur ſembloit au 1 facile, 8c il l'étoit
en efièt , que d'étre couchés au milieu
des roſes. Mais avec une telle ſouſtra
ction, cela ſemble non ſeulement diſ
ficile -, mais méme impoſſible : d'où'
vient qu'en y demeurant néanmoins a
vec niagnanimité 8c courage, on ſer
_diſpoſe d'une maniére trés-puiſſante à
une vertu plus haute. 8c de plus grand
mérite qu’auparavant. p
III. Enfin ,A ſe ſentir ſi alégre 8c ſi é
levé dans la \ïertu où l’on eſt , eſt un état
qui de ſa nature met l’ame en perilde~
sfenor ueillir: auſſi fut-il donné à
S'. Pau , (ne magnituiía revelqrianum cx
zolleret cum; de peur que la grandeur
de ſes revelations ne lui cauſaſt de Pele
vation ,) Féguillonde la chair..Mais
dans l'état dontnous parlons ici , l'ame
ſe trouvant comme abimée. dans la
baſſeſſe p_ar . des ſentimens .d'anxiété,
de craintes ,‘ &ï ſemblables , _ _eſt en aſſu
" rance. 8c bien munie contre ceñ peril;
'Sc partant, Welle eſt dans un état plus
. haut qœauparavant, puis qu’elle a un
' fondementplus profond d'humilité 8c
(Yabjectíon de ſoi mémeſ Ce qui pa
F. 7 toit,
-Aſibrrgddc la PEUT-Bio”
*J4
toit, ce ſemble, au ſujet de ce quieſt
dit de Paiguillon de la chair qui ſut
donné à S. Paul pour remede du péril
où il étoit ſans cela. Car il s'enſuit de
là, qu'être avec Péguillon de la chair
- lui étoit un état beaucoup plus haut que
Ie premier ,- 'puis que ce qu'il. y avoit
‘ dïmparfaitôc de perilleux dans le pre
‘ mier état, étoit enleve' par le mo en
de cetgfguillon , 8c qu'ainſi 1'Apotre~
étoit en aſſurance de ce côtéſilâ.
De ſorte que ce dernier état eſt une
q éé ûs
reuve
, unecertaine que Dieu
viveſiimitation fait deSei
de Nôtre ſes
gneur jeſus Chriſt , un Martyre plus
excellent que l'exterieur, 8c un état
qui Fondé dans une trés-profonde hu
milité, eſt plus aſſuré que quelqu’au-.
tre état que ce ſoit; comme il eſt auſſi
de plus grand mérite, &qu'il diſpoſe
' à recevoir de plus grands dons 8c de
plus grandes graces de Dieu. Il eſt me'
me plus ennemi 'de l'amour ropre
qu'aucun autre état: car il ôteà 'hom
me la ſatisfaction 8c le plaiſir u'il re
çoit des vertus qu'il a; 8c ainll il de
vient plus purement 8c de plus en plus
~ conformeàla volonté divine, 8c plus
purementópïisdhnïunpuſ Dieu que
- dans les états précedens; puiſque pour
plaire à Dieu, il veut bien étre privé
des grands biens ſpirituels qu'il voyoit 4
d num-Mſi* a… au'
Cliretíënne. Chap. XI. 13;
auparavant dans ſoi , 8c demeurer avec
des actes de vertus tout purs 8c tout
nuds,ſans apparence 8c ſans aucun goût.
Voici maintenant la pratique , ou.
ce u'il y a à faire, 8c comment l’0n
\Je oit conduire, lorsque Poneſtdans
cet état-cy. .
I. Premierement, parce quele Dia
ble a de coutùme de mettre dans les:
ames une multitude de penſées com
me ſi cet événement leur venoit de'
. quelques grands deſſauts qui fuſſent
, ans elles; pour ſe delivrer de cetem
barras il Faut avoir un regret général de
tous les manquemens . de toutes les
fautes , & de toutes les occaſions qui
pourroient avoir contribué à ceci: 8c
puis, ſans y penſer d'avantage, ſe re
mettre de tout cela 8c de tout le reſte
à ſon .Pere ſpirituel ,- croire ſon avis en
. tout cout,- renoncer au propre
jugement . 8c ſe tenir "en paix~8c repos
— de conſcience; *prenant pour maxime
une veri-téîtres-néceſſaire en ce ſixième
degré dÃ-ibnégation, qui eſt, Auf-ame
ne doit ici juger m' [de ſói m' Je ce qu’elle
_ ſan; zen jbizzpuäs que la ſouſtraction óü
,a elle eſt; -fait-quœlleíne peut-avoir ni
. dedluziſniéæerefléke', nide jugement ar
fait de ſeSàctims-:lmais elle doit plutôt
ſe contenter , &étrebien-aiſe de ſen
ññtir en ſoi de telles ténèbres 8c aridicés;
doit
x ;6 .Abrogé-GIE la Peófeäion
doit s'humilier, ſe ſoumettre au juge
ment d’autrui, 8c s’anéantir parfaite
ment , en ſe reputant- digne 8c de cela 8c
de pis encore; 8c indigne de toute lu
miére 8c de coute douceur: 8c en telle
baſſzſle elle doit glorificr Dieu.
II. Quoique les mouvemens d’im-"
patience, 8c ſemblables émotions nañ
tnrelles, ſoient dans elle, 8c lafaſſent
devenir triſte 8C malancoli ue , ſans
—]ui laiſſer ſentir aucune con olation ni
.aucun ſoulagement; elle doit ſavoir,
-_ &tâcher d'expérimenter ici, que c'eſt
.une partie de la ſoumiſſion à Dieu,
dont, il s'agit maintenant , que de ſe'
reſigner 8c ſe remettre â luicomme fait:
un malade, qui encor-e que la véhé
mence de ſes douleurs le faſſe crier,,
néanmoins ſe ſoûmet entiérement-à
Dieu quant à-ſa volonté', &ſe-conten
te de tout endurer. -
, III. @antàla crainte 8c àla ufil
lanimité, outre la naturelle que 'ame
reſſent, &quirfleſt pasmauvaiſe, elle
ne doit pas en admettre d'elle méme
z n] s'en procurer de plus grande; njauffi l
.,'conſentir: maiselle
faire des actes doit'. Skipd) lîtjuer
de ſoûmifiîonſi, ſi '
CCO/ll,- _
ſiance en Dieu —. r de--familiarîité- "avec
.lui, 8c ſemblables. - ' - - ;
_I V. Si en faiſant tout ceïguelîón
vient de dire, &uſedepouiliant méme 4
CII-l .
Clirëticnne. Chap. IX. 137
encore de tout ceci en ſe conformant à
Dieu, 8c ne voulant que ce qu'il veut,
Fame ſent néanmoins croître ſes peines
&ſes ténèbres, elle ne doit pas pour
tant s’affliger ſoi-méme en aucune ſor
te, ni pourquoi que ce ſoit qui lui ar
rive. Mais que plûtôt ſans murmurer,
elle tâche d'oublier ſon mal ; 8( qu'el
le ſache, que Dieu en agit ordinaire
ment de la ſorte en nos tentations,
nousretirant toute conſolation 8c tout
ſecours ſenſible. Et partant cette ame
doit alors redoubler les actes de conſor
mitéà la volonté divine, &d'actions
de graces â Dieu; 8c que ſe mettant
en repos , elle s'aſſûre u'aprés tou!
Nôtre Seigneur ne l'aban onnera pas,
8c qu’il ne permettra point qu'elle ſoit
tentée par deſſus ſes forces, leſquelles
ici ne conſiſtent pas toutes en la refi
ſtance, puis que l'ame ne peut refiſter
â cauſe de la ſouſtraction du ſecours de
Dieu: mais bien en ce qu'elle ſouffle
8c qu'elle ſupporte tout : ce qui eſt
beaucou plus ſeur 8c plus parfait que
les raviflgmens 8c que les extaſcs,

CHA
1 38 Abregëde I” Pexfèffian
ſi CHAP. X.
SIſſCOND E’T^T DE LA PEErEcTroN.
Delaſouſtrafíion de tout Pafírf de l’ame
-rzcrtueuſè : comment elle j doit car
reſjæondre par dnëantíffièment. Dc ſi:
confbrmité in' : .AT/ir fi” cet état: ,
de la ſuffit/trèfle l'ame.
QUi diroit qu’il' y euſt encore dans
l'a1ne de quoi la deſaproprier, la j
dépouiller 8C en ſouſtraire , aprés ce
que l’on vient de dire , 8c que l’ame
eſt reduire au ſeul 8c pur acte directe l
de la vertu , en quoi il ſemble n'y avoir
rien que vertu toute pure 8c toute de
pouillée de tout propre intéret? Mais
ſi l'on conſidéré que cet acte , quoi que
ſi purifié , eſt néanmoins un pur acte
d'élection , 8c de nôtre chois 8c volon
té. laquelle avec la vertu active pour
l'intérieur, &Pimperative pour le de—‘
hors, opére 8c produit des actes ver-j
tueux, on ne pourra nier qu’i-l n'y ait
encorelà une propriété de volonté 8c
d’intéret quoique trés- purifiée: 8c par
conſéquent il y aencore matiére de dé
pouillement 8c de ſe purifier davantage,
Lors donc u'une ame eſt arrivée au
ſixiéme degr du premier état général
dont on a parlé juſquïcy , 8c que rien,
ne
Chrétienne. Chap. X. 139
neluy eſt laiſſé ſinon de Faire des actes
dela maniere qu’ona expliquée ; Nô
tre Seigneur vient ordinairement luy
ſouſtraire &retirer peu à peu le pou
voir de faire de tels actes , lui ôtant
tantôt la puiſſance de faire celui-ci,
8c tantôt celle de faire celui-la , juſ
qu'à ce qœeffectivement il lui ôte tout
pouvoir, excepté celui de ſe confor
merâ ſa divine volonté.
On éprouve alors par experience;
que l'ame ſe trouve uelqueſois ſi acca
blée d'ennuis 8c d'a ictions, 8c aſſail
lie de tant de diſtractions 8c de miſères,
que quelque effort nîelle veiiille Fai
re , elle ne ſauroit aire aucun acte ni
d'actions de graces envers Dieu, ni~de
quelque vertu que ce ſoit , ni méme de
vouloir ce qui eſt agréableàDieu: 8c
alorsil faut qu'elle demeure dans cette
penible ſouffrance tranſpercée juſqu'à.
l'intérieur de milles( mille tentations.
Comme les Martyrs ne pouvoient
parer les coups qu'on leur infiigeoit,
niéviter les douleurs qu'on ſaiſoit ſen
tir â leurs corps ; mais ſeulement les
recevoir en ſe conFormant à la vo
lonté divine: le même fait ic l'ame,
â laquelle il eut ne pas reſter amOin~
dre Force a ive , mais ſeulement la
paffive , d'endurer tout pour l'amour de
Dieu , 8c de demeurer contente de celai
l.
I
14e uíbrfgëde la Perjfltílion
Il Y a plus, Nôtre Seigneuraenco
re
de coutume d’ôter Dieu;
ſe confſiormerà à Pamedecet acte-là
ſorte que
non ſeulement elle n'a aucun inſtinct:
pour le faire , mais encore moins le
peut elle executer. Il ne lui reſte alors
qu’une tranquillité paſlïve , par laquel
le, comme un agneau devant celui qui
.le tond , elle demeure paiſible , laiſſant
faire d'elle à Dieu tout ce qu’il lui
plait.
Et @eſt làla véritable ſou/Zrañion de l
tout l'actif de l'ame , ſçavoir , que
Dieu lui retire en telle ſorte ſa divine
concurrence, que cette ame, quelque
ſainte 8c élevée qu’elle ſoit, ne puiſ
ſe faire aucunes operations actives en
ſa partie ſuperieure : mais que ſeule
ment elle puiſſe demeurer paiſible 8c
tranquille, endurant volontiers ce que
Dieu permet lui arriver.
L'arme doit correſpondre à cette
ſouſtraction par Paneflznriſſement , re
connoiſſant qu’elle eſt un pur néant,
8c qui pis eſt , pleine de péchez infinîs ,
8C partant indigne de faire aucun acte
de vertu. Elle doit ſe rejouir de ce que
Dieu la mépriſejuſqœâ lui ôter le pou
voird'élever ſon cœur à luiñ, 8c ſe dé
pouiller par une renonciation toute li
re de tout l'actif& de tous les actes
de vertu , qui plus purs ils étoieqt, Q1
p us
Cbnftienne. Chap. X. i4!
plus grand auſſi eſt le don que Dieu en
avoit fait, 8c lequel on lui remet.
Il arrivera ſouvent a rés ceci, que
les ennuis 8c l'es a ictions ,ſeront
non ſeulement comme auparavant;
mais qu'ils deviendront encore beau
coup plus grands; parce que l’ame
aura perdu les actes de vertu , qui
lui ſervaient de rempart 8: de bou
clieg De plus , il s’eXcitera dans ſa
_partie inférieure
rſinouvemens & concupiſcible
fi violents des
, fi deſordon
nés , 8c ſi extraordinaires, que de ſa
vie elle n'en aura jamais ſenti de tels;
de ſorte qu’il lui ſemblera qu'elle ſoit
en Enſer- Et ici elle n’aura qu'à s'armer
ſim lement de ſoûmiffion 8c de tran
qui lité paffive , ſupportant: tout cela
pour ſatisfaire à Dieu , qui le veut ainſi,
L’ame doit ſavoir , que cette ſou
miffion 8: cette tranquillitélui donne
ra une force trés- rande; non active,
mais paſſive , par aquelle on ſe donne
&ſelivre en proye a Dieu, 8c, com
me un trés-patient agneau , on endure
tou: , fi débile 8c ſi éble quel’ou ſoit.
Il ſuit de cette paix 8c tranquillité
une conformité avec le divin vouloir,
laquelle, quoique paſſive, eſt cepen
dant plus ſublime ſnns comparaiſon que
les precedentes; il en vient encore une
eſpèce cle .Deïfication &jui palli- toute
exc ,
1 4 z. .Âärtgë Je la Perſo-Rio”
expreſſion : c'eſt un acte encore paffif,
qui n'eſt ni _oblation àljDieu, ni don,
ni conſecration, niſacrifice, ni holo
cauſte de ſoi méme ,- mais c'eſt quelque
choſe de beaucoup plus excellent 8c de
plus parfait ; comme ſeroit , de ſe
donnerlî: ſe laiſſer ſoi- méme tout en
proiea ieu.
_Dans cet état, il eſt bon que l'ame
ſoit avertie deqnelques points impct
tans.
I. Le premier eſt , _pue les actions
Êxtériâures 8c Ãmperées dela vertu ne
eper ent as ans cetétat-là ; au con
traire , el es ſont agiſſantes plus que
jamais , de ſoi-te que l'on a .la force

d-oípérer _Sc de travailler de corps, 8c
de eſervir de ſes puiſſances, penſant ,
parlantôc faiſant tout ce qu’il convient
de faire chaque jour ſelon la vocation
où l'on eſt; faiſant auſſi des actes de
tempérance , de patience 8c ſemblables.
De méme lors qu'il eſt ſaiſon d'aider
8c de ſecourir le prochain avec dou
lceiä' 8c affabilitâ comme au aravant,
d'auſzfggxclghliîrlſirre Ënccgſipemaairptez-Ïkſeäirr c? ~l

l'ame, qui ſçait encore commander & 4


diriger toutes les actions imperées 8c
du dehors. Car la ſouſtraction de l'actif
ne ſe doit entendre que de ce qui regar- _,11
delentendement 8c la volonté quant à
leurs
Cbrfftíenne. Chap. X, j”
leurs actes interieurs 8c propres . de
volonté , d’intention, de chois, de
fruition, de joïe, de ſatisfaction, 8c
ſemblables, 'qui lui ſont effectivement
otez. _
II. Unſecond point eſt, qu'il ne
faut pas entendre ue N ôtre Sei rieur
ore a l'ame ſes ons ou ſes aintes
habitudes : il ne lui en ôte que les
actes , ne lui donnant pas ſon aide 8c
- ſon concours pour les produire. Tou
tefois il ne le fait pas toùjours ſans
diſcontinuation; puiſque ſouvent dans
ce méme état il remet par fois l'ame en
ſa premiére franchiſe 8c liberté d'opé
rer; 8c uis il la ſuſpend de nouveau:
ce qu’il ait quand il lui plait 8C ſans au
cune régle certaine. C'eſt pourquoi il
faut que l'ame ſoit trés-reſignée à ſe
voir doüée ou privée de tout acte,
autant de fois 8c quand il plaira à Dieu ,
ſe tenant pour cet effet toûjours préte
au renoncement avec une admirable
indifférence.
Lors que l'actif eſt ſouſtrait à l'ame
de la maniére qu'on vient d'expliquer,
elle demeure alors en un état pafliſ en
deux maniéres.
I. La premiere eſt, en ſe ſoumet
tant avec promptitude 8c grand calme
à toutes les affiictions , ennuis , miſéres
8C détreſſes dont ona parlé, 8c les (CIE
x44 díbregéde la Pcrfèäia”
durant tres-volontiers , uoi u'elle ſe
ſente navréve 8c tranſperc de ouleur ;
.parce qu"ayant fait une reſolution ſi ſer
me de ne pas offenſer Dieu qu'elle ai~ñ
mel-oit mieux endurer mille morts que
d' contrevenir , elle ne ſe ſent pas
ngaumoins loin du peril de le faire:
Elle eſt- auſſi en paſſiveté tant dela part
(Yuneinfinité de mauvais mouvemens,
qu’elle doit endurer; que parce qu’elle
ne peut faire aucun acte de vertu z mais
ſeulement ſouffrir cette affliction pour
l'amour de Dieu.
II. En ſecond lieu , Fame en cet:
état, retirée qu’elle eſt dans le plus
profond de ſon cœur, (ce que les my
ſtiques appellent la Paixde l'ame, pax
anim-c, ) 8c la force d'operer lui étant
ſouſtraire, elle ſe donne 8c ſe ſoûmet
avec grande romptitude à Dieu , qui
opere dans el e , avec le conſentement
paſſifde ſa libre volonté, des acte; beau
coup plus ſublimes que ceux de le reñ
mercier de s'unir à lui,
ou de choiſir quelqu'autre acte de vertu
que ce ſoit: l'ame n'y goûte rien , mais .
elle les admet ſeulement , 8c y coôpére
avec rant de plenitude de cœur 8c o’ai~—
ſection,
être que Pentendement
attentif ne naturelles
avec ſiſes Forces peut plus
aus vertus actives , ainſi qu'il étoit
auparavant : mais étant alors retiré
des
Cbrffriertnc. Chap. 14j
des ſens& comme en extaſe, il reçoit
une d/ivinelumiére, qui produit en lui
des intelligences 8c des connoiſſances
tres-hautes. C'eſt ce que les Myſtiques
appellent pari dir/ina , recevoir en paſ
ſiveté les impreſſions divines. Qpe ſi
Nôtre Seigneur Opére ceci dans 'en
'tendement qui eſt élevé par deſſus ſes
forces naturelles ; à plus forte raiſon
en pourra-t-il faire de méme dans la vo
lonté lors qu'elle renonce à tout ce qui
eſt actif, 8C qu’elles'en dépoüille ainſi
qu'il a été expliqué. Car alors Nôtre
Seigneur Félevant en une extaſe pra
tique 8c trés-vertueuſe, opere parfais
tement dans elle ce qu'il lui plait: ce
qui eſt auſſi le vraiſſpari :lir.-ina ,~ ſouffiir
lesdivines impre ions ,- état beaucoup
lus haut encore que celuiqui regarde
’entendement : parce_ que l’_eXtaſe de
Pentendement eſt périlleuſe , .qu’elle eſt
de peu de perſonnes, &pleine d'occa
~ ſions infinies de nourrir la curioſité 8c la .
proprieté: maisici, la volonté s'y dé
poüille, s'y humilie, &vient ſe ſoſi
mettre à Dieu dans une pleine aſſuran-ñ
ce. Ce quieſtune eXtaſe qui. uoique
plus ſublime 8c plus haute que 'autre ,
eſt néanmoins de la portée de tous . 8c
rend l'ame tres-agréable au Seigneur.

G cHAIàz
146 .Abregéde la Perſe-Zion

CHAP. XI.
DU rsorsrflMz ET DERNIER_,.ETAT
DB LA PERFECTlON.
De la _ſouſtraction de Paäxf' E5' ſiſidu paſſif
de Pameſàinte; apr-er quoi i] ne demeu
replu: rien dan: elle jirr quoi l'amour
propre , Ia propre complalflznce E5 14
propre 'volonté puiſſent avoir priſe E5'
s'y cacher , l’ame etant alor; pure , par
faitement deſizppropriée, anéantir: Afin',
route abandonnéeà Dieu, C5' Janx une
pleine conformité, union E5' deïflirmi
te' , c'eſt à dire , dan: l'etat de la vraie
PERFECÎION CHRETXENNE.
Prés toutes les choſes ſuſdites Nô
tre Sei neur vient enfin à ôter non
ſeulement 'actif , mais auffi le paſiif
íÀD,A
dont on vient de parler. Alors la vo
lonté eſt en toutôc par tout dénuéeäc
impuiſſante à tout ; 8c ſans reſiſter ni
s'oppoſer à rien, elle ſe laiſſe ſimple
ment de ouiller de tout.
Pour ’intelligence de ce dernier é
tat, qui eſt plus ſublíme que tous les
autres, il faut remarquer , que la li
berté de la volonté a tant de forces:
de. uiſſance, 8c qu’elle eſt fi grande
8c llillimitée , u’elle peut renou
cerà ſoi, àſa m me volonté, &elſa
me
Chrétienne. Chap. XI. 147
mémeliberté; 8c qu'effectivement elle
peut s'en dépouiller tout de méme que
ſi jamais elle n'en avoit eu, ce qu'elle
fait tout librement 8c de ſon bon gré,
Faiſant ainſi de ſa volonté une non-vo
lonté , 8c de ſa liberté intérieure 8C
toute libre , une choſe aſſujettie 8c ſoû
miſe , de la méme maniere que S. Pau
'lin our racheter un eſclave ſe fit eſcla
ve ui-méme, -de libre qu’il étoit au
paravant.
C'eſt alors que Nôtre Seigneur ôte -
à l'ame ar ſa divine ſouſtraction 8c
~l'actif& e paſſif, 8c quelque acte ue
ce ſoit, ſi bien qu'elle eſt autant ans
acte queſi elle n’étoit pas du tout: à
quoi elle ne reſiſte point ; mais con
courant avec lui par la pleine exhibi
tion d’une telle renonciation , Welle
devient pratiquement non-voulante ,
Üeſtàdire, qu'à l'égard de toutes les
operations u’elle fait 8c qu'elle ſçau
roit faire, e le ne les Fait nine les veut
de ſa part ou parce qu'elle les veut , les
voulant cependant 8c les opérant par
une volonté conformé à la divine: elle
les fait donc 8c les veut comme com»
rnandées immédiatement de la volonté
divine , ſans méler avec ce principe
mouvant la concurrence de la ſienne,
en la place de laquelle elle met la vo
lonté de Dieu.
G a De
x48 .Al-rege' de la Perfläiart
De ſorte que comme dans un palais
magniſi ue :Sc opulent dont une per
ſonneeſ maitre 8c gouverneur , s'il
vientà-sen abſenter 6C qu’il y laiſſe en
ſa lace un amy pour y étre maitre ab
ſoſſ] , on y fait encore les mémes cho
ſes qui s'y faiſoient auparavant, mais
c'eſt ſeulement par le commandement
de ce nouvel amy , 8c non par celui de
l'autre : De meme la volonté renon
gant à ſoi en tout , tant dans l'actifque
dans le paſſif, 8: quoique pure 8c ſain
te ne voulant plus rien que ce que
Dieu veut, 8c ſe depoſant en effet 8c
de cet office tant en l'actif qu’au paſſif',
8c de la ſatisfaction .qu’il y a à s'y-entre
mettre , reſolue qu’elle eſt de ne plus o
pérer comme voulant elle-méme; elle
rie laiſſe pas néanmoins de faire 8c d'o
pérer tout ainſi qu'auparavant; mais les
choſes qu’elle,fait, elle les fait comme
purement voulues 8c ordonnées de
Dieu , 8c non d’elle—méme, laiſſant 8c
abandonnant entiérement Sc immédia
tement au bon plaiſir de'Dieu le com
_4…"…L—
mandement de tout ſon corps , de toute
ſoname, de ſesactions, deſes mouve
mens 8c ſentimens , tout comme ſi veri
tablement elle n'avoir plus de volonté.
C'eſt â cette abnégation, à ce dé
* T-oícñ.t_,
pouillement, 8c à ce pur abandon de
l'ame, que Dieu correſpond par la ſou
r \traction
Chrétienne Chap. XI. x49
ſtraction detout acte: en ſuite de n01
s'il arrive que l'ame faſſe ou ne aiſe
pas des actes, elle les fait ou les laiſſe
non ſelon ſa propre volonté, mais par
la
qu'elle
raiſon
l'es aiſſe
u'elleouvoit
qſſeltleuelesDieu
faſſe. veut
On voit cette renonciation 8c cette
ſouſtraction dans' N ôtre Seigneur au
jardin , lors qu'il dit, Nan m” , ſèd
,Jun volunrar fiat .~ Mon Pere , vô
,, tre volonté ſoit Faite , 8c non pasla
,, mienne . méme en ce qui eſt d’en—
,, durer &la croix &les tourmens , leſ
,, quels ma volonté ſuperieure veut bien
,, comme étant conforme à vous, Etre
,, divin 8c éternel; 8c qu'elle veut avec
,, une pureté 8c une ſainteté extreme:
,, Mais je renonce encore à cette vo
,, lonté~ciz 8c pour ce qui eſt d'endu
,,rer ces tourmcns 8c la mort , je le
,, veux non parce-que cette mienne vo
,,lonté, quoique trés-ſainte, 1e veut
,,.& le déſire ~,— mais ſeulement parce
,, ue la vôtre le veut-, 8c je renonce
,-, -utout à la mienne: 8c ainſi mali
,, bre volonté devient non-volonté 8:
,, non-libre volonté: c'eſt pourquoi. je
,, dis, Nan mea, _fè-zi tua valuntar , ma
,zvolonté ſoit- non-volontc' pour don
,,ner
C'eſtplace à la vôtre.
ici que Panéanríſſſiement , le de'
pazïillement 8c la _ſouſtraction reluiſent
G 3 d'une
1 50 -Âhregff de la Perffèffian
d'une maniére merveilleuſe z 8c que
non ſeulement la divine canflórmite/ y
eſt , mais encore quelque choſe davan
tage : parce que ar ce renoncement
la volonteſsmnit, elie, ſe plonge, 8c
s’abime en Dieu , &y demeure entie
rement erdue 8c tres-dézfiäc par une
totalei entité 8: unité dans elle: à
quoi l'on arrive parle moyen dela pra
tique ſolide 8c réëlle que nous venons
de propoſer. Amen.

CONTINUATION
Et
ct~ SUPPLEMENÏ DE PADLEGD'

de la Perfection Chrétienne.
;AT/ir ſur quelque; !noyaux pour arriver
à la plu: haute Prrfàflio” , en forme
de difficulté: E5 de Tflſſûflſêl
APrés avoir ainſi expoſé la per
fection de tous les états differens
dont on a parlé, juſ u’à celle du der
nier, qui conſiſte à e dépouiller en
tiérement de tous motifs 8c de tous
prétextes , 8c ne pretendre en toutes
ſes actions autre choſe que Dieu ſeul
d'une maniere trés-parfaite 8c trés
excellente z il reſte encore de propo
ſer quelques moyens néceſſaires pour
at-ñ
Chrétienne. rgr
atteindre à la plus haute Perfection.
C'eſt ce qu’on va faire en examinant
8c reſolvant quelques points ou dou
tes , qui comme autant de difficultés
fontde la peine en cette voye. Nous
en propoſerons ſept, 6c nous ajoûte
tons à chacune ſon remède ſpirituel.
PREMXEREDXHIcULTE'.
I. Ce qu'on doit faire lors que l'a
me aprehende quelque travail ou quel
que affliction, qui ſe preſente à el e de
nouveau.
Reponſe.
Comme l’ame eſt liée 8c attaquée par
_ Ia ſuggeſtion de la partie inſerieure 8c
infirme, auſſi Papprehenſion qu'elle a
de _telle 8c telle croix , eſt ordinaire
ment trés-véhémente; 8: mille exa ~
gerations qui ne manquent as de s y
joindre , a ſont paroitre 1 grande ,
que pour l’ordinaire l’ame ne s'y rend
qu'avec beaucoup de plaintesôcde re
grecs.
Pour y remedier parfaitement, il eſt
neceſſaire q ue la Partie ſu P_erieure de
l’ame ſe mette toute cette affaire devant
les Y eux comme ſeroit un uge D fl ui a
vant que de donner ſa ſentence , ecoute
les raiſons des deux parties ſans s'en laiſ
ſer émouvoir, demeurant immobileôc
ſans paſſions, 8c ſuſpendant ſon juge
G "4 ment
1 g). Supplement de l'Ain-eg(
ment juſqu'à ce qu’on puiſſe le donner
avec connoiſſance de cauſe.
Pour bien connoitre la cauſe dont il
s'agit ici, voici deux moyens que Pa
me doit mettre en uſage.
Le premier eſt , de ſe repreſenter
que Dieu ſait & corinoit tout ſon tra
vail 8( tout ce qu.’elle endure: c'eſt
pourquoi elle_ doit remettre le tout en ~
tre ſes mains pour en diſpoſer comme
il ſaura étre le mieux.
L'autre eſt , de conſiderer 8c de croi
re fermement que comme la Bonté di
vine ne veut que nôtre bien , auffi ſa
divine providence , (dont les voy-es
nous ſont cachées, 8c qu'il ne nous eſt
pas permis de ſonder avec curioſité)
aura bien nous pourvoir-Sc nous venir
au ſecours au tem S 8c en la maniére
qu’il lui ſemblera e plus propre ; 8c
:ion as comme il nous ſembleôccom
me il)nous plaira.
Cette ſuſpenſion des troubles qui agi
toient l'ame, 8c ce re os d'eſprit où elle
s'eſt mis, Font danse le ces deux effets :
Le premier eſt , qu'elle éloigne 8c
détourne de ſoi lesembarras, les trou
bles, & les tromperies ſpirituellesqui
auroient pû lui venir de ſa prémiere
apréhenſion.
L'autre eſt , qu'elle vient ainſi â une
connoiflänce véritable, nette, pure 8c
poſée. de toutes ſes affaires. SE
Dalaï Perfection Cbreîiennc. 1 ſ3
SEcONDE D rrrrcutriz'.
Comment ſe comporter lors que l’a
me veut recevoir 8c accepter ces travaus
8c ces croix comme venantes de Dieu.
Report/E.
Il ne faut pas s’aréter en ſi beau che-r
min , niaccepter ces croix de la manié
re baſſe 8c lâche de pluſieurs ames , qui
font ſur cela une infinité de difficultés
&d’excuſes: ce qui vient de ce qu’el
les ſe cherchent encore elles riiémes:
Mais il faut les recevoir d'une maniére
relevée 8c parfaite , les acceptant de
la main de Dieu avec une ſoûmiffion 8c
une reſignation parfaite à ſa divine vo
lonté , ſe remettant abſolument entre
ſes ſaintes mains 8c en ſa poſſeſſion , 8c
ſurmontant ainſi toutes ſortes de diffi
cultés, ur grandes qu'elles ſe puiſ
ſent pré enter-.
TRoisiiſME Dirrrcutraflî
j Comment l’ame ſe doit comporter
iciàFégard dela partie inférieure , de
ſes_ affections., ſentimens 8c mouve
mens, lors_ qu’elle eſt atteinte ,de dou
leurs, de maladies, 6c d’autres acci
dens corporels qui viennent Ordinaire
ment des travaux, 8c des croix , ar la
repugnance 8c, la contrarieté que a na
ture en reſſent- ’ —
G- s. .RP
1'54' -Supplcment Je PAlfrcgd ’ .
l Répanſè.
La raiſon 8c la partie ſupérieure de
l'ame doit alors ar la grace divine
qu'elle a, 8c par e recœuillement de
ſon intérieur, faire réjaillir 8: décou
ler d'elle dans la partie inférieure 8c
infirme des émanations de ſa force 6c
de ſa vertu , de telle ſorte , que la
partie inférieure acce te auffi elleñmé
me ces eines 8c affli ions-là, 8c que
s’accor ant bien avec la ſupérieure,
elles enlevent enſemble les difficultés,
les chagrins , 8c ſemblables paffions 8:'
deſordres, qui naiſſent ordinairement
des repugnances St des contrarietése
qu'elles reſſentent à l'occaſion de ſem
blables travaux. La partie ſupérieure
doit donc procurer par ſon recœuille
ment intérieur, à la partie 8c aus fa
cultés inférieures une certaine prompti~
rude 8c diſpoſition à ſouffrir toutes ces
peines-là: commeau contraire, quant
aulieu de tribulation il ſe preſente quel-
ue choſe d’agréable , de- comme-
e ,' de ſatisfaiſant, elledoit par la mé
meîforce 8c vertu Faire retourner cela
à Dieu ,- ſſ& le luy ayant renvoyé , "l'ac
cepter en- ſuite ſeulement dans lui 8c
pour lui.
YÎATEUEſME Dríncutra'.
Comment la partie ſupérieure doit
com~
Dë la Pézzfèäîan Chrtríenneſ » E-“ſçï
compatirà ?inférieure lors qu'elle reſ
ſent la repugnance 8c les contrarietés
ſuſdites .>
Reÿonfi.
La artie ſupérieure doit faireà l'é
ard es inférieures 8c infirmes ce que
on vient de dire, en telle ſorte néan
moins qu’elle n'y procéde pas avec
trop d'efforts 8c de violence: ce qui
leur ſeroit entiérement dre leur for
ce , les troubleroit , eur ôteroit le
coura e , 8c les rendroit tout-à-fait
inhabi es à pouvoir ſupporter un ſi
grand coup. Elle doit plûtôt , pour
ces raiſons, compatir en quelque ſor
te avec elles, leur donner courage par
tous les' motifs imaginables , tout cela
avec toute la diſcretion poſſible , don
nant uelque relâche aus travaus 8c
aus a ictions, &y apportant' les ré
médes les plus convenables dont elle
pourra s'aviſer.ñ Il faut imiter ici ceux
qui voulant tirer ſervice de leur cheval ,
-lui donnent à manger d'avantage',
afin qu’il ait plus de force 8c de vi ueur
your travailler d'avantage dans e be
oin. Que s'il arrive que parla diſpen
ſation de la ſouſtraction divine l'ame
nepuiſſe ni élever ſon eſprit, ni faire
gouter aucune conſolation à la partie
inferieur-e , il faut alors qu'elle ac
quieſceà eetétar &6 qu'elle faſſeauflî
. . ac
r; 6 Supplement de P-Aëregzí
ac uieſcer ſes facultés inſerieures à la
vo ontéde Dieu par le moyen de la di
vine conformité
beaucou , con
lus de ce olationſſ
ui lui donnera
, quoi
qu'il ne e emble pas ainſi alors.
CiNQUHUME DXFHCULTE'.
Comment en pareilles occurrences
l'ame ſe doit comporter avec PAmOur
propre.
Ríponfi.
L'amour propre a accoùtumé de pré
tendre 8c de rechercher en toutes Cl]O
ſes directement ou indirectement ſon
propreintéret 8c ſa commodité parti.
culiére: 8c c’eſt ce qu’il faitici , pro
oſant ſous lc pretexte de beaucoup de
Bonnes raiſons , 8c méme de vertus,
quantité de choſes inutiles 8c imperti
nentes: ſur quoi l'ame doit bienzveillcr
avec une intention toute pure& toute
droite , afin de découvrir par lalumiére
de l'Amour de Dieu , toutes les trom
peries de cet amour propre, 8c s'op
poſer â lui avec beaucoup de liberté
8c de force, ſe depoiiillant entiére
ment elle-méme par la pureté de l’a
mour divin de tout intéret particulier.,
&ſuivant purement ce que l'amour de
Dieului dictera &lui enſeignera.
Sixrímz DIEFICULTE'.
Comment la partie ſupérieurede l'a
ñ me
Üfl; la Perfèctío” Chrétienne. rj 7.
me doit répondreà Nôtre Seigneur ſur
les propoſitions qu'il lui Fait touchant
ces ſortes de travaux 8c d’afflictions ,
8c méme de plus grandes encore.
Re' enfi.
A—prés les cho es que Pou vient de
dire, Nôtre Seigneur fait ordinaire
ment à l'ame beaucoupde propoſitions
cle cette nature. Il lui opoſe , par
exemple, qu'il veut lui aire durer bien
plus long temps les afflictions qu'elle
a, oubien, qu'il veut lui-en envoyer
encore d'autres beaucoup plus gran
des, méme juſqu'à la releguer dans
l'Enfer: Et alorsPame n'a qu'à ſe ré
ſigner entiérement à Dieu avec une
grande promptitude. Qqelques Fois
auſſi le Sei neura de coutume de don
ner à l'ame e choix de deux afflictions ,
afin d'en accepter celle qu'elle voudra :
Et en ce cas, il Faut qu’élevant 8c fi
xant les yeux de ſon eſprit au- parfait
Amour de Dieu , elle faſſe ſon choix
en Dieu avec une grande pureté, ne
choiſiſſant jamais que ce qui fait à
l'honneur 8c àla' plus grande gloire
deſa Majeſté:
SETri-ËME- D1” icuLTa”
Comment l’ame ſe doit comporter
dans l'exécution&au tem s de ces af.
flictions, &comment e e doit alors
G 7_ uſer
rç8 Supplement Je lüflóregé &c;
uſer de toutes ſes puiſſances , &de ce'
qui eſt néceſſaire pour en venirâbout.
Rejoonſê.
D'autant ue dans l'action 8c l'exer
cice de ces c oſes , 8c pourlesmettre
âexécution, il eſt neceſſaire que tou
tes les puiſſances 6c facultés de l’amey
concourrerrt , elle doit faire une fer
me reſolution de bien obſerver tout ce
u'elle a auparavant deliberé de faire :
de ſorte que toutes ſes facultés :en géné
ral, 8c chacune d'elles en particulier .
accompliſſent 8c pratiquent parfaite
ment ce qu’elle a premiérementchoiſi
8c à uoi elle s'eſt determinée quant '
à l'a iction dont il s'a it, 8c qui eſt
alors preſente: 8c c'e ce qu’il faut
faireà l'égard de tout. Au reſte, elle'
doit avoir un ſoin extréme 8c tout par
ticulier de redreſſer 8c corriger tous»
les defauts qui dans l'opération 8c l'exé
cution pourroient provenir.. ſoit-de la.
art de 'imagination &des-idées qu'on
e forme mal-à-proposdes travaux 8c.
des afflictions-i ſoit dela part” du deſir
8c de la volonté, ou de quel uesau
tres puiſſancesde l’ame que ce oit.
C'eſt ainſi que l'ame de parfaite 'ſes
rendra trés-parfaite: 8c ces pratiques
fidelement exécutées la diſpoſeront à
un .état où elle deviendra toute divine.
S -E-r
Pſ9/

S ECO NDE SE CT ION


de la Perfection Chrétienne.
Ou ~
LES EXERCICES-p
pour atteindre
A. LA PERFECTION.

EXERCICE PREMIER.
DE LANEANTXSSEMENT.
Hoi-aiſé” préparatoire .Want lflExercíre.

I L faut au commencement ſe perſua


‘ derí_ quqcorume-Plîſprit malin re
pre enta a Notre Sei neur Ie Mon
de, ſes Royaumes 8c es^ grandeurs,
pour le ſeduire s’il euſt pu; de méme
il s'efforce a ſon _poſſible de nous trom
per toutes les fois ,qu'il nous ropoſe
8c nous repreſente quelque c oſe de'
nôtre propre interet. Et comme Nô
.tre Seigneur le repouſſa 8c le vainquit
.en refuſant toutes choſes 8c ne vou
lant rien ; de méme le. devons-nous
.Vaincre 8c le chaſſer par le moyen d'un
parfait anéantiſſement de volonté.
Et il faut prier Nôtre Seigneur que;
moyen
1~6O I.. Exercice
moyennant ce ſaint anéantiſſement,
il nous donne la grace d'obtenir lei"
ne 8c entiére victoire ſur le diable 8c
ſur le péché.
Pain” de Merlitarion.
I. Point. L'homme, 8c tout ce qui
eſt créé , vient du néant , qui eſt ſa
premiére origine : 8c ſi Dieu ne le con
ſervoit par ſa Bonté , il rentrer-oit dans
le néant ar mille moyens 8c mille mi
ſéres de 'ame 8c du corps., ausquelles
il eſt ſujet :~ 8c il devient pis que le
néant lors qu'il péche. Par cette confi
dération de ſoi-méme 8c de tout ce qui
_eſt créé, il eſt bon de seſtimer 8c de
ſe reduire, 8c ſoi-méme 8c toutes les
.choſes créées, à rien, 8c ainſi , â ne
rien ſouhaiter par égard à ſoi-méme ,
.rien aimer , rien deſirer, rien cher
cher, rien vouloir: 8c par ce moyen
l’0n acquerra un parfait anéantiſſement
de volonté.
II. Poînr. Il faut* conſidérer , que
ce vray anéantiſſement fait devenir
l’ame un vray portrait de la Souveraine
Grandeur de Dieu ; parce qu'en ne 'vou
lant rien , Onôte les milieusôcles em
…péchemens qui ſont entre Dieu &l’a
medaquelle devient ainſi comme un mi
roir trés-pur de la Divinité. Et comme
quand on. veut qu'un miroir reçoive
par
De la Perfection 16r
parfaitement dans ſoi. l'image 8c la figu
re d'un objet , il faut que le miroir s’en
éloigne d'autant plus que l'objet eſt:
plus grand; de méme l’ame qui a ôté”
tout niilieuôc tout obſtacle quiempé
choit ſon union avec Dieu , venant à
S'abymer trés-profondément dans ſa
balleſſe: au devant de la Grandeur infinie
qu’elle recoiinoit dans cet objet adora
ble, & s'éloignant ainſi de lui à une
diſtanceinfinie . elle ſe diſpoſe par là 8c
ſe rend propre à recevoir dans ſoy cet
objet divin 8c infini, qui par l'amour
infiniqtfil porteâ cette ame, imprime
8c met incontinent dans elle la vraie
image 8c le vrai portrait de toute ſa
grandeur, 8c la lui grave juſquœdans
ſon centre le plus profond 8c le plus.
intérieur.
Ce précieux anéantiſſcment- a une
vertu admirable de purifier l'ame de
toutes. ſes» paſſions en ce qu’il efface
d'elle tous les objets créés ;car ceux ui
ne veulent plus rien pour eux n'ont p us
rien à deſirer , à aimer , àcraindre, à
haïr. ll purifierauffi l'ame quant à ſes
intentions , puis qu'il bannie. de nos
actions- tout prétexte; de quelque fin
créée que ce ſoit: ainſi il rend l’ame
vrayment capable de ne vouloir autre
choſe que la pure gloire de Dieu en ſoi,
puis qu’elle ne ſe ſoucie plus de tout le
reſte. 9°
16:. I. Exercice
De là vient encore une victoire plei
ne 8c entiére de toutes les tentations:
carà celui qui ne veut rien , le Demon
n'a nul objet à lui repreſenter; &s'il
lui en veut ſuggerer quelqu'un , il eſt
incontinent battu , repouſſé 8c chaſſé
arla Ferme reſolution de ne rien vou
oir ; 8c par ce moyen le voilà parfaite
ment vaincu de tout côté..
Lcr effet: E5' le: ſigne: principaux-de cet*
aneëantiffiment , ſhnt lcrſùiz/antr.
I. Le Premier eſt ,. que les dons 8:
les graces que Nôtre Seigneur commu
nique à Pame , elle ne les reçoit pas:
comme en ſoi , 8( ne les retient pas'
comme en ſoi: parce que ce qui n'eſt
rien, ne peut recevoir en ſoi aucune
choſe: mais elle les reçoit en Dieu ,
les met &les raporte dans lui, de qui
auffi ils viennent tous.
2.. Le Second eſt , que l'ame ne s'ap
proprie de telles graces ni ne s'en re
jouït point en ſoi; 8c ne s'en reſſent
oint auffi ſi elles lui ſont ôtées &qu'el
e vienne à les perdre: mais-demeurant
contente en ſon néant. elle eſt égale
ment ſatisfaite les ayant 8c ne les ayant
pas. _
z. Le Troíſíríme. Elle ne fait cas de
telle grace ſinon auſſi avant que 'Nôtre
Seigneur veut étre ſervi parlâ. L
4. e
De la Petfeäíon. 1 63
4. Le Quatrième. Elle n’eſtime pas
cette grace conſiderée en ſoi: mais par
ſon moyen elle vient à une plus ran
de connoiſlänce du donateur , 8c a l’e
ſtimer d'avantage.
s. Le Cinquiíme. Elle ne s'élève en
ſoi d'aucun don ou d’aucune grace
quïzllepuiſſe recevoir ,- mais ſe tenant
toûjours dans ſon néant , elle a toujours
de ſoi les mémes ſentimens 8c les mé
mes penſées de néant 8c de baſleſſe.
6. Le Sixiësne. Dans les œuvres
qu’elle fait, elle voit8t connoit véri
tablement ue d'elle-méme elle n'y fait
rien; 8c ele y découvre hautement
l'aſſiſtance divine , 8c que c'eſt Dieu.
qui fait tout. Et dans les choſes,
u’el e ſoufſre 8c qui lui arrivent , pour
âcheuſes 8c difficiles à ſupporter qu'el
les puiſſent étre , elle ſe repoſe en Dieu
avec une pleine 8c entiére paix.
7. Le Septième. Au- temps de la
ſouſtraction 8c de la ſéchereſſe d'eſprit ,
elle ne s'émeut 8c ne ſe trouble oint
pour cela , 8c ne cherche nirem de ni
conſolation: maisdeavec
miffion à l'ordre unee leſileine
Dieu ſou
S'aban
donneôt ſe livre en proye à ces aridi
tés, 8c les embraſſe comme des objets
Sc des traitemensfort convenables à ſon.
néant. ’
SE
n64 Il. Exercice
SECOND EXEROICEL
Dc I4 DESA PPROPR r AT 1 ON.
L’0raiſînzprc]7ar4roirc.

remiérement, il faut conſidérer com


bien véritablement fut vérifie' en Nô
tre Sei neur jeſus Chriſt ce qu'il dit de
ſoi-meme: [Tuque-r fin-ea: haben! , 'valu
çre: cæli nidor: _fil/ux Ællîóm bamini: nan
babe! ubi caputſuumvreclirzef : c'eſt à dire :
IJ! renard; ont de: tdmicrcr , E5 l” off-ſinn”
du ciel dcr nid; .~ mairlófilr de l'homme n'a
paint Je lieu pour rcpoflrſíz téte ; & com
bien nous ſommes obligés de tàcher de
tout nôtre pouvoir à Pimiterzen nous dé~
poüillant de toutes choſes pour correſ
pondre à l'amour infini qu'il nous porte.
En ſecond lieu, il ſant prier Nôtre
Seigneur avec inſtance qu'il nous ac
corde cette grace, faire une ferme 8c
durable reſolution de la recevoir de
cœur 8c d'affection , 8c nous diſpoſer
parfaitement â pratiquer 8c à exécuter
ce qu’elle exigera de nous.
Point; de Medirafian:
I. Paint. Il faut conſidérer , que
cette-deſappropriation eſt une volonté
reſolue 8c venante de Dieu de-ſe dé
pouiller quant â Paffection , entiere
ment; &quant à l'effet, autant qu'il
eſt poflible 8c qu'il convient , de tout
ce
DÊ la Peifèctían. 16g
ce ue nous avons ; 8c cela , parce
qu'i_en revient une plus grande gloire
a Dieu. Or cette deſappropriation ne
doit pas ſeulement s'entendre des biens
crées entant qu'ils nouriſſent 8c entre
tiennent dans nous l'amour propre,
ni auſiides ſeuls def-ſauts &des imper
fections-que nous avons: mais ui plus
eſt , il faut méme nous dépoüi ler des
vertus &des graces que nous recevons
de Dieu entant qu'elles nous touchent ,
auſſi bien que de toute la ſatisfaction,
de toute la conſolation , 8c de tout
autre bien que nous ourrions nous ap
proprier à cauſe d’el es. Il faut remet
tre tout cela en -Dieu, ſans -y recher
cher, ni en quoi que ce ſoit , d'autre
goût 8c ſatisfaction que l'accompliſſe
ment parfait de ſa divine volonté dans
nous 8c dans nos prochains.
Et alors que nous ſerons ainſi dé
poüillés 8c deſappropriés de tout in
téret pro re, 8c que les vertus 8c les
graces ce eſtes ſeront dans nous en leur
pureté 8c perfection , c'eſt alors u'il
nous faut reconnoitre que nous en om
mes les plus indignes; 8c que _luselles
ſont alors parfaites, plus au i appar
tiennent elles à Nôtre Sei neur. C'eſt
pourquoi il les lui faut o _ir de trés
rand cœur 8c avec une pleine 8c par
aite reſignatiomdans la ſimple 8c naïve
Pu
166 I I. Exercice
ureté 8c dans la perfection où elles
ont alors , 8c les remettre ainſi dans
leur premiére origine.
Il faut , qui plus eſt, étre ſi bien
deſapproprié, qu'on ſoit prét tous les
joursaſe priver des dons, des graces,
&des vertus que l'on a, pour les don
ner &en faire preſent à quique ce ſoit
pour Pamour de Nôtre Seigneur 8c
pour ſa plus grande gloire. s'il lui
plaiſoit d’en ordonner ainſi.
Il. Point. Cette parfaite deſappro
priation eſt un écoulement 8c une
participation de la deſappropriation
divine , laquelle eſt , i l'on doit
s'exprimer ainſi , une deſappropria
tion infiniment propre à Dieu. Car
quoi que tout appartienne en propre
à Nôtre Seigneur , l'on voit néan
moins comment quant à l'affection 8c
àla volonté il s'eſt dépduïllé de tout
ce u'il a, avec une paix, une tran
quil ité d'eſprit , 8c une magnanimité
infinie. Dieu le Pére s'eſt réellement
communiqué au Fils & au S. Eſprit.
Dans la création il ſe deſapproprie des
biens , des graces 8c de l'etre qu'il don
ne en propre aus Creatures & qu’il leur
conſerve. Il permet le peché en ſe
deſappropriant dela poſſeffion de lali
berté de l'homme. Dans_ l'œuvre de
l incarnation , 8c dans tous les myſtères
de
DE: la Perzfëflio”. i67
de nôtre Redem tion, nous vo ons,
comment en s’a aiſſant ſi pro ondé
ment il s’eſt deſapproprié &dépouillé
des randeursôc erfections contraires
aux aſſeſſes où i ſe mettait. _ Lors que
tant d'Anges ſe ſéparérent de lui, 8c
que tant d’ames vont encore de méme
àla damnation éternelle, il acquieſce
àſe priver de ſes créatures 8c des gra
ces qu'il leur avoit Faites. Il y a une
infinité d'autres choſes où l'on voit en
lui une trés-libre deſa propriation de
ſon bien. Et ainſi , c'e une trés-haute
perfection que d'imiter Dieu méme par
a deſappro riation, en la pratiquant
de la mani re que nous l'avons expli
quée.
Lex eſſêt: principaux que cette deſap
Propríarion produit dan: l'ame,
flmt Ierſuivanr.
i. Le premier eſt, que les dons que
l’ame reçoit de Dieu , elle les reçoit
8c en uſe comme ſi elle ne les avoit
oint reçus , n'y mettant as ſes aF
ections; mais mettant en ieu ſeul,
l'autheur de ces dons , tant les mé
mes dons . que l'affection qu'elle pour
roit y avoir.
2.. Le ſèMnd. Elle ſe réjouit des
dons qu’elle voit dans un autre com
me ſi elle les ſentoit dans ſoi, quoi
qu'en
168 III. Exercice
qu'en effet elle :ſe les ait point.
z. Le troiſieme. Elle eſt préte à ſe
dépouiller promptement 8c avec bien
de la joie des graces qu'elle a reçues
pour en révétir effectivement ſon pro
chain.
4;. Le quatrième. Lorsqſſeîlleſe ſent
privée de tous biens, tant des ſpiri
tuels que des corporels , auſſi bien que
_de toutes graces ,‘ 8c de quelque ma
niéte que cela ſoit, elle demeure auſſi
contente que ſ1 elle les avoit, ſans ſe
troubler ni s'inquiéter pour cela.
Ce n'eſt pas qu’elle ne connoiſſe bien
alors toutes ſes néceffités & ſes miſé
res: mais elle s'en contente 8c y ac
quieſce , ſachant que veritablement
elle n’a rien de ſoi , que' rien ne lui
appartient , 8c qu’elle eſt indigne de
toutes choſes.

TROISIEME EXERCICE.
De I'INDlFFERENCE.
Lbraiſäznprípararairr.
Premièrement , il faut profondé
ment ruminer ces paroles de jeſus
Chriſt : Sedere ad dexteramjêzzfinrſiram ,
none-ſl meum dare -vabir ; _ſl-d uiburpa
ratum ej? à Patrie mea : c’e à dire:
Cc n’eſt par à moi à Ww- damier d'étre
aſſis
D: la Pevfiüîioſiz. 'x69
Àſſïr à m4 droite oû à ma gauche dans mon
Roiaume;
i1- mai: cela
a ércſipreffiarcîdz moneſt [MurArezo:
Pffrc. à qui
combien
plus Forte raiſon ſommes-nous donc
obligés d'étre entiérement ſoûmis 8C
abandonnés au bon plaiſir de Dieu par
une indifférence toute pleine 8c, toute
parfaite? ’ - - ' ‘
Il Faut demander humblement cette
grace à Nôtre Seigneur, avec une Fer
me reſolution de vouloir écouter 8c
exécuter ſes divines inſpirations qui
'nous y diſpoſeront. _—
. , 'a ' - l
_V -_ ,Poínn dev míliràtíqn. . ÿ '.3
I. Point. Il faut *conſidérer* , ~ que
[indifférence eſt une perfection' divine
trés-ſublime 8c trés-excellente -, puis—
que Nôtre Seigneur, qui de natureôc
de volonté eſt tréS-,reſolu â tout ce qu'il
veut faire 8c à tout ce qu'il faiteſt néan
moins, quant à l'affection, précàſaí
;c ou à ômetzre quoi que 'ceſſoit s'il
étoit convenable, 8c qçfilfuſt póffiblê
’qu'ileût äxelque Supérieur dontildé
' pendiſt : quant â l'effet . nous voions'
qu'il exerce cette divine. indiflërence' en
communiquantxſes graces à toutes' les
créatures .pour différentes 8c 'o poſées
qu’elles ſoient , comme leñlgnt leä
hommes, dont les- volontés 8c les hu
1
meurs H
ſont fi contraires : Pluit 111/70?
j 79 ſ _IIL Exercice
juffioſÜ igzjuffiw, dit PEcriture: 1l fait
pleuvoir-fl” le: juſte; Efiſiſär le: injuſte!,
donnant quelquefois à une ame qui au
ra _cgmmisbeaucoup de péchés une gra
ce égale à cellequüldonneà une ame
qui n'en aura pas tant fait; 8c pour la
conduireâune loireégale, il lui con
tinue les effets e ſon amour . Pexcite
au bien , _ 8c lui fait de nouvelles faveurs
en mille maniéres afin de Pattirer à
lui. Si néanmoins l'ame ne reconnait
point ſes graces de la maniére qu’elle
‘ edevroit, elle ſe rend indigne d'étre
favoriſée de cette divine Indifféren
Êe , par laquelle -Dieu nous fait tant de
ICH. HT l ~_ _ , : . ‘ ſi

II.—~_.P_oinf. 'Il faut conſidérer .’ que


l'indifférence dans _nous une dépen
dance 8c une_ participation de la ſus
dite-Divine_ perfection. Par elle nous
ſommes réparésñzà— recèvoirede la
main de ieutoutes ;ſortes de choſes.;
quoi que contraires-Sc oppoſées, pour
accomplir-en-'quelquemaniére que ce
ſoitſa divine… volonté, quand méme il
riteteroit. de nout _toutes les graces que_
nous ſentions--eu _nous auparavant, î8c
nous ôteroît toutes les. choſes qui nous
donnent quelque contentement ou ſa
tisfaction. ñ
.n,
l.. 4

L”
DïliïBcZjfèŒí-Ïr. _ r7! ï
ñ ïÏëctrſièfflïſirÏïñzïſſïîï-Ë
.,' .ÊŸËÊ-ŸË-Ÿâſiäëiæèilädïï-ÏÎ-Q.
ñ zzſi-ſſfëſſfîffîîíſèäîſëífflſîfffſii… -_-«… -.

s z”. Lepre-ini”. -rAmu dnüééî-deoeſitùr.


te ,IndifkäenceiÏÎles-“Lyeum de' l'eſprit-z
Quwertsôcifivoillinq;avcciſtfilädfltgrändeâ
attentionrfiir. ce; iuuDièirveutëdelle ,et
pou”
-Ezſi læxécuœbfildélements
Lefl-ooíadëtz ?Indifférente-Tien
.~_ “JJ e"
courage grandq SCDÉFClHſÛÎÎII_ ngriiñ-i
me.; paireíijifelleffleîrend-"çli poŒz-_ï
promptzôç- ſlſſlîelpaté-'Êzçwllÿ-:x delà-vierges
uneſmcïnoéflä) œeîirzquî &ËDËCÙÙPJ
a . néer- ’-' ' ans "amon-n s ’eu.—ë—-Ts
ÎLE ïiiidifférîeiitd HLG-f
cepcetouc." cézque Dieu veut cri-elle; ſiëlñi.
le y-çonſencidctouœhfoæee ;St-le metz
a execution-aiſecrgrande pmmptitudc-,Ë
quoi que ce ſoient deszchoſes dpfagrénj-Û,
bles., dures", 'Îfacheuſes-&Ïlrffieilesgr
repugnanrés ii.- ſaïizoiiontéí conçoit”
a ſa chair aux-à; ſonproprejzigemamu;
äviqu°®eëfflr®a ï
enfin-ï; quoi queäceäiflèlétrei ÎC-'eſiz
ames. çmmcz sïper 8.15*
ruelles: *l ui fauteædeioetœrindi
. enz
ce, 8c' trompés_ par. lëamour propre ,
mettent. ſouvent entpéchement a cequd
Dieu-veut opérer dans elles. .'
PS4. rap-ſido? îlſſlnîifääreäpîerend
ame: i po ee-a; amor 'r _a vie
à' la conſolation. H.
. 8c 2.à' Paffliction , Pré
1 n., _III- EOŒYÊÎŒ ’.
Lréparée â tout ce qui peut arriver ſoit
aelle-méme , ſoit aus autres, 8c nié
me aus 'déſolations univerſelles ue
Nôtre Seigneur laiſſe .arriver à on
Egliſe. En un mot, l’ame indifférente
r O14: routeschoſes égalementôc d'une —
mſi 5. eſortede la main
Lecinquidme. de Dieu. ne
Cetteame - met,
aucunezaflſiection dansles choſes qu’el
le fait , ,pour bonnes ou ſpirituelles”
qu‘elles puiſſent étre. C'eſt en quoi il
n’y;a que trop d’ames qui man uent
volontairement. Elles ont dans eurs
actions une intention qui quoi que bon
ne en-ſoi ,ſi eſt ;néanmoinsconduite à
leu; modez- &ſe plaiſent: à faire grand'
fond ſurcertains exercices qu'elles ont ,
8; qu'elles eſtiment beaucoup'. Mais
l'ame indifférente laiſſe-là toutes ces”
choſes _pour écouter les .purs 8c vrais
motwcmens… intérieurs de la grace ',- '
pour .les conſidérer , pour… s'étudierñ
&vecſoin à les ſuivre 8c à les mettreà
effet , 8c pour-faire tout ce qu’elle @ait
devoir reüflîr à. l'honneur 8c à la plus:
grande gloire de Dieu. '
. 6. Le flxidme. Au temps de laconñ*
Ralation, cette ame ſans ſe laiſſer em-Ï
got-ter indiſcré-.Eement à la ſerveur des.
neimens où_ elle 'eſt , .ſe donne de gab_
de._de faire 'alors des projets de haute;
WÏQQÂOÛ , 8c des reſolutionsdiiliÎi-ñ
ï S H es
Delíï Îîcrſfêctian. 717i;
iesê xtíziis enſitont ce quîcile ſe propoſe
'de Faire ,_ elle y procède avec tranquil
Îité 8c maturité , 8l toujours ſous ſa
condition de larvolonté de Dieu.; affn
que quand le temps de la déſolation
'acrivera-ſ elle puiſſe demeurer ferme
&conſtante dans_ ce qu’elle a ſi bien 8;:
"ſi
" ſagement reſolu Au
v7. Le ſêprieflne. de Iatemps
ſorte. deſiquef
'ques ſolemnités 8c de pareilles occur
rences cette ame ne Ïembaraſſe pas de
quantité de longues préparations, 8c
*ne s"y appu e point z mais ne négli
'geant rien e ce 'qui eſt juſte, elle _ſe
'met entiérement
de Dieu dans
, ſe läiíiànt Ïavecla beaucoup
dépendanèe
de
*ſimplicité gouverner de lui comme bon
'lui ſemble. ‘ ñ1

,ÎQUATRLEME EXERCICE.
DELA CONFOEMXTE'.
,, ~. T
L’0raiſhn Fríparatoíre.
Premièrement , il faut .conſidérer
^ dans ces paroles de ).Ch'riſt, Ci
.ëuxrudur eſt ut fui-nn voluntarelzz Pan-i:
!ru-i ui eſt m cælir .~ c’eſi à dire, m.:
UianZH/Zde faire la volonte' de mon Pers
qui çfl dam le ciel 5 il Faut, dis- je, con
iidérer dans ces paroles, 8c dans plu
ſieurs autres ſemblables., la grandfi
d- _ H 3 COn
.1 7,4 _ IVpExercíc-cz
conformité de Nôtre Seigneur, Jeſus
Chriſt avec la volonté de .ſon Pére éterz
.nel, 8C comment _il proteſtoit ne_ pré
tendre autre choſe en ,toutes ſes éeuvres _
que dela mettre à exécution : .Sc delà
.nous viendront_ à connaitre que_ pou;
ſomænrshcaucaun plus Obïisézñcëîc faire
le mémeàñ ſon imitation ,,7 B: nousnonp
,efforcerons de tout nôtre cœur, v Seau
,tant qu'il _eſt poſſible ,, .de Faiœïploiçz
,& de loumettre nôtre yolonté àjacon.
ñſſformité de_ _celle de Dieu. .. z _ ._
7 ñ Delà nous jcpncevrons auſſi dans nouſis
am déſir extreme_ &ardent; derçette di;
.vine conformité
avec —huzmil.i.té la. _,,Majeſté
qui duousgſera_ prier
DlVΔ².‘i1:1'—°Ûl
zverrudes mérites
Chriſt N ôtre claſe Shen
Seigneurëſi( de_ _ Filsëleſus
conſorF
V l
mité qui eſtoit en lui, il lui plaiſe de
nous” ônneiëabondamment cette grace.
J _ _Bointr Je zrlleudrſtſiztctíoii. l ſi r

I. Pojnt, Il faut conſidérer ,t que cette


ñlïſſcouſormité n'eſt u’î‘1ne~entiére& reſo
lliie dépendance 'ſoùrnillionſde nôtre
volonté' à celle de Dieu en tout ceque
nous faiſons 8( en tout ce qui nous arri
ve , ſans exception,- -Saque nulle choſe
eſt nibonne. ni ſainte . uîentant qu’elle
elf élevée àla *volonté e Dieu , . 8( ſans
tifiée parelle. ,Et quoi qufily ait plus
ſieurs de cés çhoſcs qui'. nous: paroiſſem:
z .À 1n
Dc la Pqrfêffib”. |7ç
indifférentcs . ou méme abſurdes 8c
;nalâ propos; .elles-eine laiſſent pas
néanmoins ,' entant qu'elles viennent
8c dépendent de la volonté deîDieu;
d’étre trés-bonnes; 8c 'de réüffir à ſa
gloire. C'eſt pourquoſ nous avons
grand ſujet de penſer &de conſidérer
trés-ſérieuſement combien eſt digneôc
parfaite cette conformité avec tout cg
que Dieu veut en toutes choſes BE' en
tout temps; 8: combien ilieſt imporz
tant 8c néceſſaire àquicon ue veut at
teindre â une grande er &ion , de
«tâcher de Pavoir, 8c ÃÈ la mettre en
pratique. - '
Il. Point. Il faut conſidérer, que
cette conformité eſt une trés-haute per
ſection de Dieu , laquelle on voit bril
ler dans. ſes divins attributs ,Y ?qui tant
en eux que dans leurs effets ſont infini
ment conſormesà la volonté de Dieu ,
d'où nait entr’ eux cette divine 8c inef
»fable harmonie qui ſe voit encore d'une
maniére admirable dans les perſonnes
divines , ſoit entre elles-mêmes, ſoit
entre leurs actions , tant extérieures
qufintérieures, tant .en ce qui concer
;ne les choſes créées qu'en tous les actes
'incréés de connoitre , d'aimer , de
ñjouïr., de ſe délectzer, 8c une infinité
de ſemblables. ñ '
Cette méme conformité ſeremarque
H 4. en
l 76 IV. Exercice
encore entre les bien-heureux , qui au
moindre ſigne
volonté de Dieuqu'ils
ſont aperçoivent de la
incoſintinent tout
prets à 'y obéir , 8c y obéiſſent avec
une trés-grande prompticude.
La méme ſe voit encore dans toutes
les choſes créées , méme dans les ina
iiimées , comme on lit dans l'Evan
ile; :mire E5 venir' abediunt ei; la mer
les vents lui obéiſſent.
Mais cette divine conformité ſe voit
ſur tout dans l'humanité ſacrée de Jeſus
Chriſt N ôtre Seigneur avec le Verbe
&avec le Pére éternel, 8c auſii dans
la partie inférieure
ſupérieure de ſonque
, de mémeſi ame avec
dans la
tous
ſes membres , dans toutes ſes af
fections , dans toutes. ſes actiops , 8c
d'une maniére ſolide 8c parfaite dans
la repugnance naturelle de ſa ſenſi
bilité à l'aſpect des tourmens , des
peines 8c des douleurs exceſſives qu'il
devoit endurer: car plus il les ſerztoit
vivement, plus ſe conformoit-il à les
vouloir: quoique plus il ſe conformoit
à les vouloir avec un indicible ac
quieſcement à la volonté de ſon Pére,
plus auflî s’augmentoit dans lui cette
repugnance naturelle' de ſa ſenſibilité
_Bt le ſentiment de ſesdouleurs, ſans
que le conſentement de ſa conformité
allégeaſt le ſentiment de ſes peines;
~ mais
De ſil; Peſirzfl-Híàn. x 77

mais ſeulement
'cement 8c avec lui faiſoit repoſer
acquieſcence 'dou
ſaſivolon
té dans les ſouffrances , leſquelles il
“acceptoit 8c vouloitſde ſi bon Cœur,
ue 11 lesjuiſs _ne Feuſiènt crucifié, il
' toit prét à le faire lui-méme ſi telle
cuſt été la volonté deſon Pere.
C'eſt ce que nous voions encore dans
ſa trés-ſainte Mere , dont la confor
‘mité fut , aprés celle de Nôtre Sci
~gneur—, excel enteôc parfaite au de li
de tout _ce qui ſe peut penſer de créé. J
' Il Faut enfin conſidérer, que toutes
~ces conFormités-là - ſont repreſentées
*Sc unies dans la divine eſſence, qui
*contient 8c réuni-t toutenſoi; 8c c'eſt
là qu’elles brillent infiniment, & que
d'une maniére inefiàble ïelles contri
'buent à la plus grande \gloire-de Dieu.
;Lex eſſaient”. Corffonmit-e', ddr”- une
" mn: 'oû alla eſt, flux, Îaæflai-ææanr. ’
î r. Elle fait que l’ame' fëtudie avec
ſoin &seffocce àſon poſſible de con
'noitre en toutes choſes la volonté de
Dieu , pour la mettrepromptement en
exécution ſans ſe ſoucier Œautrechoſe.
~ z. Qxjentoutcs choſes elle 1è "ſent
dans le reposôc la tranquillité, parce
‘ qu’elle säfflire quela volonté deDieu
A saccomplit en toutes choſes. 'IF
L ;ÙQſelle jouïr dumegrandeliber;
4.'” H S t:
1 78 .zIV- _Excite-ice
ré d'eſprit , exempte de tous Fçrupu-ÿ
les, dfinquiéçudes, -&ñ—de peines inté
rieures , diſanczſouiceuxſâ 'Nôtre Sei;
Soeur. ; mai. JET-ez». zeîs-;E-Yz-Eñs .-4146, -ie
m: vbùxſíen zqubj-Pſegcëzmpldflêmcÿt Rdc pa",
traſh-Lure 1101.2115.” ÃÏÎÜFÔFËZÏÏ. ;File vo.”
Pla/t. l# ?dead-ela @Mim ÊPŸÏIŸFTÏ- ~
-4. çQÿclle-zaccepte-Bq ;eçqiçleæaf
.fiict-ionsz- comme _ des, :préſents …Quiz !qi
-Viennent 'nnmecxiaxemntdeſſla-maärëzd? a i
Diduin-.SÊ-.nelcsçrÿppgætc ;nulle autre
=Cauſc-zr: ?mOn-Zi
Wdffllïïïïflïfflifflqflsîläefi?
7mm,- ,A _.,z-,,~_; ne
.ſenc ' wind! \ÎÊFÏÔÈËŸHPËFXËBOËDB
&nc-réuni aâtttziëoitït a ,Diezxzzz ,gm-is
!uk-dix à; 'ñiaæjaxtioa ,de Jeſus-Chriſt..
-Ne-Mne/MM xanzærælææeæeï :Ji-Aziz 6R1?
-volouxéſoís Faim? äëënesrthnæienrïe-
. ~ óëzgqge mógiçizsäilc. - I. _
zſeffllaiſſsl fief-g;gî-
Îouït clans ſes tribulations? 8c pluse -
— es iuiffſoritïgmiideä) &Îfinſibiëqz \pills
- Îui-ſeWÏïÉEEÜœ-Èhſſÿl êoIimioxcDieu
15a à-.iisz-KDÙÎÆW Elus Hërfærñfflsæt à
ſfflzdiŸilſſleävto-hnréä.: .1 ;ffljïſſſ ,‘—~ 3T'. -í -‘z
a *WI-vw qu’elle :RPE-DPT 1.56535 rei'
..ſçemée .ſïfflrÊſh-WŸÏ-Ëa dan", …ſu et Par
dſnfauçcxezllc MTL-EF.dzçflpoinc_
, L à' eijuüi
, ,
«au ei èisæfl-ŒHŒ; z-Hëïs-FÊIÊ-\Êmêë a5
:lç, EPUËÃzIÊS-ËHFÏPS &le
Dieu,, ,afin zggïil qeçxz.dii-goſç._vçopíme~ ,il
_lui plaira. 5'.; P_ … m_ __
B. ,SJ gpçghléç dçvïquellgueäs ;raid-aux
L U.
‘ ~ ~' ' -ex
De la Prrfëffim. 1 79
exceſſifs elle reſſent que] nes atteintes
d'inquiétude, el-le trouve on repos dans
cette méme inquiétude, conſidérant
que telle eſt la volonté- de Dieu , :à la.
quelle elle ſe conforme ſans égard à: ſon
intérétparticulier.. . l : J. . .l i
'ñi
_ol N Q__U I E' ME E X EKC tſicſEç
_ ~ . DEÎÎ-'Unſſi-r-OEMXIIŸ» a :
.Uûrafſon Freÿïhàkäiÿeſiſi* -²‘ - -- * “'
remiércmem: , il . 'faut - conſidérer
“gdans ces_ paroles: Patſiermi , mn
ſimca , _fid n” -valuntnflat : LcÎcſt à-dire,
Meuſe”, 'que 115k” wlontíſèítfhite.,
_EF mn Iññmlſſtnflâ ;‘ la grande union quiz*
,voit le.Fi_ls_ .de _Dieu ,aveclazvolonté
de ſon_ Pére en une choſe -fi difficile;
ficontraire ,Sc ſi ,durqà .lacommeéwit
ſ1 éloignécdeïlſiakfirandeur naturey &É '
ſa pqflioni: Et là ílnous fsutæonó
clore ., , oombien à, plus. force; raiſon
nousſommflë Obliges … de faire le méme
à l'imitation de ce rare. exemple dc JC!
ſus Chriſt Nôtre Seigneur.; .. . .. ..+
En ſeçondïlíeu ,.v1’l_ faut- avec un ex-î
tréme déſir. tàcher d'obtenir cette gra
ce, 8L prier trés-inſtamment le Pére.
éternel quîilñnous en faſſe dignes par
les mérites de_ ſon cherFilsd ’ '
.l
. 4 '
“ H6 Pam”
1 80 IV. ~ E xeíëcire

Point: Je Merliratian.
I. Point. Il ſaut conſidérer , que
Puniſormité , outre ce qui eſt conte
nu en la conformité, y ajoùte encore
l'union de nôtre volonté à celle dc
Dieu: ce qui_ ôte de nous toute repu
gnance &difficulté que .nous pourrions
avoir ſur- oi que ce ſoit; puis qu'a
lors non eulement- nous voulons en
toutes choſes ce que Nôtre-Seigneur
veut -, mais que~_m~éme nous _ſommes
portés à 'le Nouloir par laſeule raiſon
quevDieu' le. veutainſi.. Nôtre union
ala volonnéTdi-víne eſt ſi grande ,- que
nôtre contentement eſt de~la conten
ter pour l'amour d'elle-méme ſans él
gard à rien d'autre; 8: cet amour nous
porte de méme à nous unir ainſi en
Dieu avec nos prochains , ſuivant ce
qui eſt écrit- dans les Actes des Apô
tres: Er” crcdmriui” in Domino rar
unuſſm E5' anima uml: Tous les fidèles
du Seigneur n’avoient quîun cœur 8c
qu'une. ame dans. l'Egliſe primitive."
Il. Point. Il faut conſidérer en ſecond
lieu , comment cette uniſormité- reluit
8c paroit avec évidence , premiérement
dans toutes les choſes inanimées, qui
quoique doiíées d'une ſi grande diver
lite d'opérations, viennent néanmoins
toutes par un inſtinct de natureàexé
1 .~‘_ c. cu.
T.
Dm Perfbflion. &Si
cuter enſemble d'une maniére admiraſſ
ble tout ce que Dieu demande d'elles.;
'ſi bien que conjointement 8c unifor
mement elles viennent à former ce bel
ordre du monde, cette excellente 6c
'merveilleuſe harmonie de l'univers
comme ſi ce n'étoit qu'une maiſon , od
~pluſieurs ſerviteurs s'acquitans comme
il faut des ſervices que le maitre leur
a impoſé , tout s'y accomplit 8c s'y
réünit fi bien à ſa fin , comme ſi ce n'ég
-toit qu'une
ſi ſi Mais cetteſeule affaire. éclate beau-z
unifqrmité
cou plus parfaitement dans le ciel en-_
tre ſes bien-heureux , que la volonté
divine réunit tellement en un cœur , en
un eſprit 8c en une volonté, parſefflz
'cace de ſon amour , 8c parleur grande
union avec cette divine volonté , com
'me ſi tous enſemble n'étoient veritable;
ment qu'un ſeul. Sur 'tout elle brille
d'une maniére tres-ſublime 8: trés-mer
i. veilleuſe tant dans les attributs divinsſ,
'ſi bien unis 8c accordans dans l'eſſence
8c la volonté de Dieu , que dans les per
ſonnes divines &- dans les actes qu'elles
produiſent.
L” effèffr 'Je ?Uniformirl ſont
le: fui-vrmt.
I. Le premier eſt , que l'ame unifor
me ſe contente non ſzulernent de tout
- H 7 c;
[82- . V. Exercice —
ce ue Dieu veut, mais qui- lus eſt,
'qu’e le devient une avec la vo onté di
Vine: 8c étant ,ainſi uneméme choſe
avec cette divine volonté, elle ſe re'
jouït également de tout par la ſeule rai
ſon que la volonté deDieu le veut ainſi_ l,
’ 2.'.qu’elle
8c _Cettes'y'
ameplait.
trouve
. ' Dieu,
, ~ &s'unir
~ Ã

avec
'choſeslui;_ .Sc
~.ſ elle
en tout
ſe ſertlieu &- danslestoutes
de toutes crſiéal
tures comme &autant &échelles ou de
'degrés
z. .Apoursélèver â ſon
lîégard_ de-ſes Dieu.paſſez,
pechés i
elles’en
en 'a_ été attriſte
,offenſébien à cauſe
h mais ctäuffique; Dieu
prévaut
(Peux occaſion de s'en humilier profon
dément
avec quel, amourDieu
& conſidérant humblement
les a permis , ſielle
s’en _unit à ,Dieu’d'avantage. ~
‘ 4. _Plus il luiſemble qu’elle eſt pri;
Yée de; grades ‘,’_ abandonnée de Dieu ,
'accablée &ſlaiſſée dans ſes miſères;
plus s'unir-elle à Dieu .par ces mêmes
moyens,
‘ces qu’elle ſçachant bien , que dans
ſentoit auparavant les gra
ellctc
avec abondance , .ſont alors xetirées
dansDieu, 8c qu'elles S’y conſervent
plus ſeurement que lors qu’e~1le~les aper
cevoit dansſoi. Elle ſe contentealors
8c ſe réjouït plus de les voir dans Dieu
que dans elle méme; 8c partant, s'é
-levant 8c s’unifl~ant à Dieu, elle les va
~— ~ Trou'
Dc la Peffiffian. . 1 8j
trouver dans lui comme dans leur vraye
origine 8c dans leur proprelieu. ‘
s. Etant affligée de tentations dela
parc de quelque créature. que ce ſoit ,
8c même du diable, elle rejette bien
tout le [na-l qu'il .pourrait y— avoir , 8c y
,reſifiez
\créaturesmais ſçachant
ſontſiÏen ,auffi inſtrumens
cela des que. celles

de Dieu ,‘ lequel permetpces choſes pour


ſa
re plus
à luigrande_ gloire, elle s’unît
par. leimoienméme d_e cesenco
zen;
îtatíonsí 'ſi _ _M ‘
_ſ1 6, Plusſſellegvôit que DiçùJ-a ſaYoriſe
ſde' ſesgraces
._p.lus~ les 'plus excellentesôe
grande xcoñſéquenîce; cle
plus_ prîornpcîe
,auffiſ efi-“elleſi à 'les laiſſer pour s'unir
ſansobſtàclegäc
Dieu Aleutfàuthcteuſix'plus parfaitement
,L temoignant à
ainſi
r* …qufelle arbeaucoupſ. oins Ïeſtimepoùr
l
,~
ICSÏCÏÔÜSQÙSÊLPOÜÏ.ÏMOÏÎÛÊUP- ’ 'F
.Î Dangjtoutes_ſesîœuvres 'tant ih
_tÉÏLÊKIÏTŒ-ſ.qïeſſäëtéríffllîe? .< .e116 fëitfià
tous “motnens des actes_ de 'retour 8c
d'union_ à ÏDieu "pour _ apprendre â [Y
connoitre cſä Àyolonré; 8c' la mettre .iri
_ continental exécution.. Et_ de là \vient
‘ qſſellefäit tout ſans aflïfflzction deſOrdÔËH
' née , ljſansèpropriété ,S ſans, ;intérêt
ſupartiçülieri _ .4 3 j ñ:
ï. a” ~ ñ_
:I]~\:"4 u. - _,,,, v. ,ñ __

‘1 _l
...a u .-‘.
.-.K" 7
‘ Si.
H84 — VI. ËÈerŸcírÉ

r SÎXEEME EXERCICE.
ſDE LA ÜEſſÏFORll-HTE'.
L'an-diſait _prkeÿararaiz-e.
Ï lfaut commencer par conſidérer ces
ſIparOles de Nôtre Seigneur: Ego
dzxi, dii :ſti: : JU) dit. vou: ét” de!
'die-Hz
'ſon 8c ces
Pére; autres qu'il diſoit
ut ſſunumfintficut àDÎeu,
m, Parcr
.in me», Ufflego in te; ut F ipſi in m1513'
_Ïmum ſiñt .7 c'eſt à dire : je vou-jſuis
_que tou: ſbíent un comme :mur, mon Pc'
lrc, ét” en ma) , ES' ma] en vou!, afin
u'il: ſbícnt auſſi un en nour. Sur quoi
1 faut tâcher de comprendre à quelle
,haute excellence_ de perfection nous.
'ſommes ap allés
Jeſus Chril par Nôtre
ct, ſgavoir Seigneur
, de nous _unir
~tellement par une volonté efficace
&par une affection véhémente 8c a,
_' moureuſe â la' volonté divine . qu'é
_ſi tant
plus transformés
nous mêmes,en elle
pour, nous
ainſine ſoyors
dire, ni
l i ce que nous étions auparavant; mais
ue nous ſoions ſemblables à Dieu,
eïfiés méme 8c transformés en Dieu ,
à l'imitation de Punion du Fils de Dieu
avec ſon Pere éternel.
Proſtetnés que nous devons étre avec
_une tres-profonde humilité dans laby
\DC
D314 Perfläioñ. 728g
ê. meîcle nôtre ſinéant en la preſence de
lfflabyme infini de ſa divine Grandeur,
ſaiſis d'un juſte étonnement , 8c apï
puy és ſurl’amourqui l’a porté à s'abaiſ—
ſer juſqu'à nous 8c à nous élever juſqu'à
lui, il ſaut que nous demandions 8c
impírrions de cet amour une vive 8c
intime correſpondance d'affection de'
nôtre part, 8c un ardent deſir d’étre
véritablement 8c parfaitement Deïfiés
en lui. ',
-
Paíntr Je Mer-liſation.
I. PÛÙÏÏ. Ilſautconſidérer, quecet
te Déïformité conſiſte â avoir nôtre vo
lonté unie â celle de Dieu avec un .Î
mour ſi efficace 8( ſi puiſſant , qu'on ne
ſe ſente plus ſoirnfme, ni plus nimoins
'que fi véritablement l'on n’étoit plus:
'mais que ſeulement on ſente en ſoi la
volonté divine 8c qu'on en Veiiille le
ſeul accompliſſement en toutes ſes
.actions, en 'tous ſes cléſiis.ñ& en touë
tes ſes affaires; 8c cela de telle ſorte;
?ne méme pour les vertus Sc les choſes
aintes l’ame ne l'es veüille plus d’ëuné
volonté créée, mais ſeulement par la -
volonté incréée', faite ſienne par une
entiére transformation en elle, confiy
dérant , que c’étoit proprement cela
que Jeſus Chriſt prétendait en ces pa'
roles: Non me”, _lè-d n” voltmrarÿal.
'on
!B6 .VL Exercice .
Non ina-volonté , mais
I II.__Poinfct, Il faut lavôtre.
,conſidérer en ſe-'-
coud lieu ,i_ quetette ;Déïformité eſt
(me dé ,endance 8c une partiCi ation
de la lgéïforrnitéc qui eſt és perſonnes
divines, .non ſeulement entant qu'elles
ſont-.unies en la divine eſſence ,z mais
auffi -entantHqœ-unies- ou, plutôt unes
dans-latvolonté qui eſt _entr’e_lles parla
YClÎtUÏZC lîefficace- de l'amour mutuel
8c conſubſtantiel , lequel eſt figrand
8c ſidivines
nes intime,e'nl'étreſi
qu'il entr’unit les perſon
tr~éS-pur"du centre
de la divinité , 8c les transforme de
telle ſorte . que quoi qu'elles ſoient réel
lement diſtinguées , il ſemble néan
moins que l'une ſoit véritablement l'au
tre, ſurtout dans !e centre dela diviq
nic-é. ll en eſt de méme des attributs
8c des propriétés divines. qui quoi que
parfaitement unis en la divine ſimpli
cité, ont néanmoins chacun leur diffé
rence propre 8c formelle; mais étant
comme fondus &abſorbés par la force
de l'amour , ils viennent à sentrepéne
trer 8c à s'unir tellement dans le cen
tre de la Divinité , qu'il ſemble qu'ils
-ne ſoient tous qu'un attribut en cette
-pureté centrale- - —— v
III. Toutes les choſes créées ſont
par maniére de dépendance 5L àPimi
.tation decette Deïformité —, :amenées
i…. , par
7, De Il Perfſeäia”. 18,7
l parPefflcace de cet amour à ce méme
_àamour \buvcrainffcqmme-
Porigiue d’0ſſù_ elles ſontau émaaées,
centre 8c
8c de là ellespaflènt à cet état trés pur
où elles ſont ineffablement. déïfiées. ;
IV( I-Ïhurnanitcîde Nôtre Seigneur
jçſus,Chrifii,…~,ſa~ trésëſainte Mére, 8;
'tous 'lesdpien-,heureuxïj ſont parla
puiſſanceLdeipieu, qui les aſſifieinti
ËHementNBE 1T1? laconnoiſſance 8c la
jouiſſance .de a Divinicé .— élevés à cet
'étatg _abſorbés par cette unité , *Gt par
faitement
ſaints JauſſÎ déïfiés
ſi8c~ tousdans elle. Tous
les'. juſtes les
qui ſiſonc
fehqore ctſurſilazzgertez 'ſont de .méme
transformés en Dieu» ;—~ puis par, dé;
prengançç &ç parordre de ,Dieu _ils__ie~
_tournent àſieuxçnæémes ,Sc-Ya leur .état
ordinaire ;. comme fi -unegoûte dîeudi
a ant été jettée» dans un .grand vaiſ
eaude_ .vin , Y étoitxperdue 8c chan
gée_ enfflvizi, ÿ( quepuis aprés elle reg
Win11_ I19.ſ.$»4° @Vaiſſeau ?HOP Pfflr
míerqétre, _1 Î, .,1, . ~_
POR-QP? lîamflzéfiszenuzâ œ?
.état ,z ê; que par la: vertu-de_- lîamour
défilant.,
1ſi)ieu dont,des
_oryazgraces
.parlé,8(qu_-
desdevant
lumiéres dſc.
,ct ctell,ſie
aôté d'elle tout ce qui peut empeche;
— Dieu ..Clîopérérr
Déſſíctſqrme dans'. elle» — -í-l_ la &end
ſi; _Çccettez
a l; _ ff _ i_ Deïformité, prq
..fill ΟË
p ;ç ivan
._ SH. :J'y .Ô ‘ LI.rf_
"
ÏXËS' VI; Exercice* _ __
(J: ïul :-ü 'I '.~ … î ’… ‘. z TJ' .… ‘ 'ï
1H '~ ~ ~- Effitîſiel” Dîezzfîzrmiteî ' _
é' 1._ Premièrement”, cette ame ſe D51”
'Forme en contes ſes actions, les faiſant
“commefi c'étoit Dieu qui les fiſt, 8c
_bon pas elle: 8c ainſi dans ſes actions
:Sc pat' elles elle entre *entiérement en
'Dieng leconnoit, 8c en jouït. ‘
~' z. Comme le~ écheur neîfait rien
jqui nefoit hors e Dieu, privé qu’il
eſt de ſa grace,- cette ame au contraire
ſhe peut trouver ni faire aucune choſe
[que Dieu n'y ſoit, 8c' par lemoyen de
laquelle elle ne sintrodniſe 8c ne sîuniſſe
îà Dieu, hors duquel elle ne peut rien
Faire ni rien trouver. '
ſ z. Elle n'eſtime nulle choſe ſinon
nentant qu’elle vient de Dieu , ou qu’el
le eſt Faite pour Dieuôcen Dieu. j
‘ 4. Woique Nôtre Seigneur ſecache
8c ſe retire quelquefois d'elle , elle ne
Îaifiê pas de ſe retirer alors coute en
Dieu 8c de s'y cacher , combien ue
ſans goût &ſans ſaveur: 8c mémep us
'il luiſemble qu'elle eſt éloignée de
'Dieu par ce dur abandon & ce traite
ïment amérôc rigoureux , plus s’intro
'vertit-elle, ſe déïforme 8c ſe repoſe
dans lui. l
ç. Cette ame étant trés-certaine 8c
aſſurée qu’elle ne peut rien faire qui
.vaille , à cauſe de ſon inhabilité uni
— ‘ ver
De-Ia Pnflffiarxz 139-.
verſelle ; 8c 'connoiílîant avec une lu-ſſ
miére veritable qu'elle n'eſt rien ,
qu’elle n'a rien , 8c qu'elle ne peut:
rien de ſoiménæe; elle ne ſe confond
ni ne ſe trouble de quoi que ce ſoit :ï
même au milieuedes confuſions el-í
le ſefent Fort tranquilleëci Fort _con—²
tente , comme ſachant avec 'certitu-t.
de qu’elle
qu’elle ne cherche
ne mec ctrien du rien
fien de pcopre
à quoi que5-!
Oeſoic; mais que c'eſt Dieu qui-faicleñ
tout immédiatement. ' ñ '
. i6. Aand bien cette ame ſer-oit les?
choſes duï monde les-plus grandes &ï
les lus merveilleuſes; juſqu'à reſuſci-l
ter es morts, elle tient néanmoins tout?
cela pour rien, ne s'en ſoucie 8c ne;
Sïenlaiſſe émouvoirle moins du .monde ‘
ſinon encant-que Dieu le veut : 8c quand '~
elle poſſéderoit tous les thréſors du
Cielôz de la _terre, elle neles eſtime ni_
pour eux ni pour ſoi; mais elle refére
8c remet toutes choſes dans leur prev
miércïorigine , d'où elles ſont pro-ſi
cédées.
— 7. @oi-qu’elle
’ connûſt ſenſible-tuent.

u’elle a Dieu dans ſoi. Faſt-ce méme'


ala màisiëre- ,que le ſentoit Nôtre Da--Z
meſa ſäintezMére, elle ne s'en émou-ñ
moin-pas* néanmoins &avantage que'
ſi elle,ne ſentait pas de l'avoir ainſil
dansſoi ,ñôc qu'en effet elle ne Pyeùſt
U! ' pas;
190i VII -Exeïriée' Tl
_;-: mais qiſeildïlîeurjkiflement"em
BËU méme ,- imitant en Celaia glorieu-z
ſe Vierge Marie, qui ayant, entre ſes.
bras Notre Seigneur,, rle-tenoit-com-ñ.
me ſi elle ne 'Veutpas eu , mais comme
ſL ſes bras euſſent-été ceux de Dieu ,ez
&comme s'il.ſeï fuſt tenu ſoîmzérfie; ſi'
grande 8c ſi_ excellente étoit la- déi-for
niité-de cetteame trés-pure» 7 ' -~‘~
î 8. Lors 'ue l’ame-qui eſt' -parvenue
àr cette zDgiformité, s'aperçoit zqu'on>
la loüe , elle ne SËY plait-nullement,
mais 'l auſſi 11C! s’en trouble-x: elle' .pas ,
ni ne s’en fait aucune :ñelle ‘de'->
meure immobi é, 8C ſans' altération ;ï
parce qu’elle e toute remiſe enDieu-:z
1 bien que loiîs qſſellereÿoit des louan
ges… comme. elles-na partienuent
qu'à Dieu , elle _les lui re éreeôc les lui
renvoie iincoutinent toutes…
, 9- Deux ameedëïformeseut cntfei-z
les une grandevcqnfarmicé cflaffcctiom;
8: dînclinaciobsx &ellesàîenttïaiment;
mutüellcment' d'un. amqwztrésrréei. ' 8c:
trés-efficace; mais ſi pur. 8( ſi deſa Fr:
pſoprie”. qu'elles-nc -ſeç ſoucient nu -
ement dkítreíéloignées l-'uſieÿiîé I’ÂÎJUÏJ
pour la plus- nde# gloire_ de Dieu,—
non plus quffei es; :ae,s'1xzquieœnt. j intx
du tout our grands 8c griefs que oieut
les acc-i eusquipeuvxent arriver. - ' i
.v 10._ Si… Dieu vouloir; ' publier à topt.
'A c
ſ Del”. Perfeffîan. 1 9Iſi

lemondela déïformioé . u'il a donnée


àune telleame, elle_ lc Ouffiíroiä ſans
ſe troublerôc s'inquiéter, 8c lui iroit
ſimplement, Seigneur, c'eſt vous qui
l'avez fait: faites en tout ce qu’il .Yong
plaira , car cette œuvre eſt coute votre,
--~—-~~" ' ~. ‘---~Ÿ'Ï
TROlSlFYME SECTION
dc la Pcrſcétionpíclirétiennc. _ _
ÿ .ou v “s
T R 'A r 'ſir’r—;"_"D_1zfî’ ſip

L'AMOUR PROPRE;
e —CHlA1ſſ².I<TPſiîË "In _
De trair _ſbrtenófamàur propre. Q4?)
î ſauf ſé dc
danrje drſiîziræ der-chui
t1' Je la ui _ſe_~ mÜQ
Pſiaiflgío”. p _d

L y a trois ſortes l'amour piapre!


- le premier fè trouve dans les gens
du monde qui ſont armi les granJ
(leurs, les honneurs 'St cs dignités du
ſiècle. » p ’
nesLeſpirituelles;
ſecond ſe trduveÏdans'
qſſuſii 'déſirantlesdeperſo”
ſervir
Dieu , recherchent en le ſervant les
douceurs de ſes conſolations 8c de ſes
lumières divines. L
e
:9: #De l'Amour
- ſi Le 'troifiémeſieſt dans les ſipeſirſonnesſi
qui ont déja fait quelque progres & a
vancement dans le ſervicede Dieu, à
quoi vientſe méler un ardent déſir de
profiter davantage 8c de courir à la
perfection. . - ,
Ces perſonnes-ty doivent bien pren
dre garde â elles mêmes our reconnoi
ge ce propre amour-z &i eſt néceſſaire
que pour cet effet elles examinent trés
exactement leurîintérieur, 8c qu'elles
obſervent ſi ce deſir eſt ou \feſt pas
mélé aveepeine 8( anxiétéñ- ~
(Ye ſi elles sîaperçoivent qu’il ſoit
Z5514 _íatſecſi eineôc inquiétudes, 'elles
v Oiventëaíll
urer quedeſt un amour pro- .
prêtres-ſubtil", 'encore qu'avec cette
peine le deſir de la perfection saugruen- >
te de plus en plus. _ _ —.
l' Quiconque veu-t s’avancer vérita
blement 'vers la perfection doit tâcher
d'en enlever un Obſtacle auſſi puiſſant
ue cet amour propre. 'Il eſt bon de
äéfiter la erſection; mais* que ce ſoit
de telle orte qu’on mette toujours
?in eſpéranceqen Dieu , 8c qu'on croie
armement que Dieu , qui a donné ce
déſir, donnera
complir auſſi la Force
&ſide lemener .de l'ac ‘
à perfection
lors qu‘il ſera ſiſſexpedient pour ſa gloire."
_ _Il ne ſaut aspenſer que quelque diñ
ligence que ’ame puiſſe taire elle puiſſe
: . Y at
Propre. Chap. I. i9;
yatteindre par ſes propres efforts. Au
, contraire, ce n'eſt n'en ſe ſoumettant
ſincerement à Dieu en opérant d'une
manière quaſi inſenſible , que l'on vient
comme ſans enſer 'à Paccomplifle
ment de ſes Jens, Il Faut ſe comporter
en cet état comme un_ eric enfant qui
cette, dont les efforts les Opérations
ſont douces , 8c donnent du plaiſir 8c de
la joie 8C au Créateur 8c à ceux qui les
regardent, àcauſe de l'innocence 8c
de la pureté dont ils accompagnent
cette action. Une ame qui veut étre
délivrée de l'amour propre , doit irniñ
ter cette conduite: 8c comme le petit
enfant qui eſt à'la mamelle ne deſire
ni ceci ni cela, mais ſeulement ce qui
luidonne la vie , qui eſt le lait , 8C
qu'il le déſire ſans penſer à ſon ropre
intéret; une telle ame en doit aire de
méme, 8c ne deſirer rien que ce qui.
lui donne la vie. Et plus elle cherchera
Dieu avec la ſincérité, la fidélité, 8c
légalité la plus grandeôc la plus Ferme
dans le Fonds de ſon cœur, d'autant
plus auffi ſe rendra~t’clle agréableâ ſa
divine Majeſté.

>1ct ñ ſſcH-Aéſi'
l 94 - De l&Amour .

, CHAPITRE
n. RSQ-i” f5 condition: ſaur_lèII.Jahr/rer
de cetamourfraſſre ſpirituel.
Pour ſe délivrer de Pamour propre
qui ſe gliſſe dans le déſir dela per
fection , voici quelques régles quel’a
me doit obſerver.
La premiére eſt de' ne déſirer que
d'étre autant parfait que Dieu le veut,
quand il leveut, &en la maniere qn’il
le veut-.
La ſeconde eſt , &éloigner de ſoi
tous les empéchemens qui pourroient
retarder Péxécution d'un tel déſir,- 8c
de ſaireen ſorte qu'il n’y ait ni milieu
ni choſe aucune' entre Dieu 8c l'ame,
pas même Dieu entant que la connaiſ
ſance 8: le flentiment qu'on a de luidon
ne du plaiſir 8C du conteutement. Car
a quoique ce plaiſir-Sc ce contentement
ne ſoient m péché ni choſe mauvaiſe,
ils empêchent néanmoins que la deſa
propriation ne vienne à ſa perfection.
L’ame ſe ſépare quelques-fois de Dieu
en ſe plaiſant en ſoimélne; ou en ad
hérant â des créatures ſous certains
prétextes tirés du Créateur: Mais ici ,
il luiarrive de ſe ſervir de Dieu méme
pour mettre un milieu 8C un obſiacle
Cl]
Prapre Chap. II. i9;
entre lui 8c elle, 8c pour ſe déſunir de
lui par la conſidération des choſes qui
viennent de ſa divinité, ou qui lui ap
partiennent.
La troiſiéme ré le que doit obſerver
une ame ui veut eguerir de cet amour_
propre e , de ne pas trop saffligerſi
elle n'atteint pas au comble de la- er
fection à laquelle elle ſe ſent appe lée.
Car Dieu ſe plait infiniment à voir une»
ame en peine à cauſe de ſondivin a
mour, & c'eſt alors que ſe vérifie ce
mot duProphete Royal, Giant ízſô finir
in tribulations: _Te _flair avez-lui lorſqu'il
a en tríbulation. Pſ. 90. Car les .tribu
ations interieures rendent l’ame bien
plus-capable que les extérieures âreeez
voir de Dieu des races articuliéres,
8c quelquesfois i gran es , qu’elle;
ſurpaſſeut toute eſtimation St ;toute
penſée. L’ame donc doit bien fe-don,
ner de garde de sattriiler _St de ſe tour;
menter ſi elle n'a point encore atteint
au comble fi déſiré de la. perfection;
puis que d'ailleurs Dieu pourroit bien
ui donner beaucoup de perfection ſans
étre ourtant fi agréable à ſa Majeſté
que l elle n'en avoit pas tant 8c que
néanmoins elle fiſt de ſa part tout ce
qui lui ſeroit poffible pour l'avoir:
parce qu'avec ce plus de perfection l'on
aura certaine ſatisfaction 8c certain
I z. con
196 De l'Amour
contentement en ſoiméme , lequel
?uoique bon, ne ſera pas néanmoins
1 agréable à Nôtre Seigneur , que
cette peine 8c ce travail \pie l’ame en
dure par amour ; pourvu néanmoins
qu'avec ce travail 8c cette peine elle de
meure dans une entiere conformité â
la volonté divine, ſans chagrin , ſans
trouble, 8c ſans ſe ſéparer en quoique
ceſoit de l'amour de Dieu : car autre
ment . ce ſeroit amour propre.

CHAPITRE III.
Dei effet: de l'amour propre.
et Amour ropre devroit lûtôt
étre appell non-amour , aine,
mort, propre poiſon, que propre a
mour; parce que ſans aucun é ard â
vie ni à mort: , à ſanté ni à ma adie,
au cor S ni à l’ame, à la créature ni
au Cr ateur même, il ne ſe ſoucie de
rien que de cequ'il veut.
Cet amour propre ſut premièrement
en Lucifer, quand il fit plus d'eſtime
de ſon propre avis que d’étre avec Dieu
dans le Ciel : ce qui fut la ſource de
ſa mort , ui eſt la ſéparation d'avec
Dieu. Et a méme choſe arrive auffi
â l’ame poſſédée de cet amour propre :
car il “la ſépare d'avec Dieu , la rend
m
Propre. Chap. III. 197
inſenſible pour les choſes divines, lui
ôte méme la lumière de la raiſon, 8c
la remplit dbpiniatreté , de dureté,
8c de rebellion.
Cet amour propre eſt comme cette
herbe qu’on appelle dent-de-cbien,
laquelle n'étant point arrachée , gai
gne <5( croit peu â peu de telle ſorte,
qu’elle gâte enfin toutes les autres her
bes qui ſont auprés d'elle: de méme ſi
l'amour propre n'eſt arraché 8c retran
ché de nôtre coeur, il gaigne ſi avant
dans l'ame , qu'il gâte o: corrompt
toutes les vertus 8c toutes les graces
qui Y ſont; non ſeulement celles ue
nous avons acquiſes, mais auſli ce es
que nous avons reçues au Baptème 8c é:
autres Sacremens. Il eſtà l'ame ce que
Popilation eſt au corps ; à ſavoir la ſour
ce d'une infinité de maladies différen
tes: car tantôt il enorgueillit l'homme
8c le rend altier 8( hautain , puis il le
jette dansl'abime dela puſillanimitéôc
du deſeſpoir; Il le flatte de l'eſpéran
ce de pouvoir entreprendre 8c exécu
ter ce qu’il veut , puis il le rendlâche
8c inhabile au ſervice de Dieu: Il re
vet 8c embellir l'ame de diverſes cou
leurs 8( de différens prétextes de ſain
teté ; 8c d'autre côté il la denue 8c
dépoüille des moyens qui pourroient
larameiner à ſon Créateur. il eſt com
I z DÏIG
1 98 De l'Amour
me un poiſon qui rendl'homme inſenſé
8c enragé,& qui porte celui ui le prend
à ſe détruire ſoiméme. C’e un venin
d’aſpic , qui ronge 8c conſume l’ame
ſourdement 8c ſans qu’elle s’en aperçoi
ve. C'eſt une eſpéce d'enchantement ,
qui charme 8c enſorcellel’ame :lun tel
point u'elle ne ſ ait ce qu’elle fait ni
ce qu’e le veut ; el e ne fait que ſe tour
menter à paſſer ſans repos d'une choſe à
une autre ,~ 8c ne pouvant de la ſorte
parvenirâ ce u'elle ſouhaitte , elle ne
ait que s'attri er 8c ſe tourmenter elle
méme , aufli bien que détruire 8c gâter
tout beaucou plus qu’il ne l’étoit dé
ja : que fi on lÎu veut dire quelque cho
lè pour la ſecourir &pour ſon vérita
ble proſit , cela ne la touche pas da
vantage queſi elle avoit perdu l'eſprit
È "D'ou parlaſt à un mort ouàun in
ſenſible. Enfin , pour tout dire , cet
amour propre revet l'ame des belles
qualités qui ſuivent.
Il la rend diſſemblable à Dieu 8c
ſemblable au Demon, abominable aus
créatures, 8c deplaiſante à ſoiméme:
il en fait un vaiſſeau de deshonneur 8c
une mer Œiniquité: il la rend ſembla
ble à une barque expoſée aus vagues 8c
aus orages de la mer , 8( à l'agitation
de tous les vents; ſemblableà une eau
Inſecte , à une terre ſtérile 8c ſans
fruits ,
Propre. Chap. IV. 199
fruits , â une charogne puante ; 8c
pour tout dire , il en fait un cheval
ſans frein 8C indomptable: mais le pis
eſt , qu'il rend ſon homme trompeur
de tout le monde: Car en ſe montrant
rempli de ſainteté 8c de vertu, il ca
che ſous cette apparence un ſerpent
plein de venin mortel.

. . CHAPITRE IV. _
~ Emblëme Uſidzfirrprían Je I'amour ſ
Propre.
On peut ſe figurer l'amour propre
comme un homme monſtrueux qui
a des yeux 8c n'en a point. ll n'en a
point our Dieu: mais il en a quatre
pour oiméme, avec deux deſquels il
voit ſes avantages préſents , 8c avec
deux autres il prend garde à ce qui ut
faire à Pagenir à ſa propre 8c eule
commodit .
ſllfa point d'oreilles our entendre
la voix que Dieu lui a reſſe ſoit mé
diatement, ſoit immédiatement, car
il n'écoute pas comment il eſt excité au
dedans à connoitre ſes défauts &ç ſes
imperfections : mais il en a ſix pour
Fattribuer 8c s'approprier quelque cho
ſe : de deux il écoute ſes propres loüan
ges; de deux, il eſt attentif atout ce
1 4 qui
zoo De I'd/Fureur
qui peut ſervir à ſon avantage; &des
deux autres enfin, il eſt aus écoutes
â ce qu’on ne diſe rien contre lui.
I1 a trois cœurs , dont il n'y en a pas
un ſeul pour ce qui pourroit profitera
ſon ame 8c l'avancer vers la perfection ,
pour laquelle il n'a ni deſir, ni ſenti
ment.
Son premier cœur eſt pour ce qui re
garde ſes propres commodités humai
nes 8c corporelles, intérieures ou ex
térieures. Le ſecond eſt, pour les a
faires u'il a avec autrui, afin d'avoir
créditgt reputation dans le monde. Et
le troifiéme lui fait montrer un viſage
dous 8c benin pour ſe faire aimer de
tous par un regard affable, par de bel
les 8c de douces paroles, 8c par une
apparence Angelique , pendant qu’il
eſt au dedans un loup raviſſant &qu'il
ne cherche que de pla-ire à ſoiméme.

CHAPITRE V.
Comment l'amour propre_ entre E5' ſe
glxſſè par tout.
L 'Amour propre eſt fi ſubtil qu’il en
treôcquîl ſe fourre ar tout, mé
me juſques dans ._ les c Oſes les plus
ſaintes. Il ſe fourre dans Puſage des Sa
cremens , faiſant qu'on les frequence
tan
Propre. Chap.- V. 1.0l
tantôt pour certaine ſatisfaction qu'on
trouve, tantôt ur étre eſtimé des
ommes , 8c que quefois méme pour'
en couvrir ſes défauts. Il ſe fourre dans
I'ouïe de la parole de Dieu , qu’on
écoute
I.] pourdans
ſe fourre le plaiſir u'On8cytrouve.
les' ordres lſie \nini
ſtére Eccleſiaſlique .— lors qu'on s'y
rend ar vanité ,. ou par ambition , ou'
en cerchant ſes propres avantages,
ou par quelque autre. mauvais princi
pe. Il ſe fourre dans le mariage quand'
on s'y engage
piſcenceôc pour
aus ſatisfaire àcharnelles.
inclſiinations la concu
Il ſe fourre dans l'étude des ve: tus , fai
ſant qu'on s'y a plique avec peine 8c
travai , mais ans la droiture 8c la
ſincérité d’une. bonne intention , 8C
pour autre' choſe que pour la ſeule St
ure gloire de Dieu. Il ſe fourre dans
lîexercice de l’Oraiſon ,_ prétendant
ſous prétexte de s'unir à Dieu , y re
cevoir des outs, des lumières 8c des
ſentimens ivins ou il ne fait que ſe
chercher ſoiméme , comme il paroit
fd'abord quelui
irituelles cesſont
gouts 8c cescar
ôtéſies: douceurs
dés là
i ceſſe de perſévérer dans l'exercice'
de la priére; Il ſe fourre 8c ſe cache en
core ſous le voile de l'humilité , &ſe
dépeint lui méme comme fort vil 8c
fort abjet : mais ſi d'autres ſe hazar
I' 5. doient
zo 2. DE l'Amour
doient à dire de lni ce qu'ilen dit lui
méme , il S'en ſàcheroit fort bien : ce
qui eſt une marque infaillible de l'a
mour (propre. Il e fourre encore dans
l'obéï ance juſqu'à conſentir trés-aiſe
ment 8c ſans repugnance à tout ce qui
lui eſt commandé; mais quand ce doit
veniràPexécutionôc à l'effet, il ſçait
alléguer à l'encontre tant de raiſons,
tantl cſiſeäxéze tions &étant Üeäcuſes,
qu": e c arge enti rement e tout
ce qui lui étoit enjoint. Enfin , il
ſçait méme ſe méler dans le deſir qu’on
ade Orter la croix de jeſus Chriſt; 8c
ille çait Faire en pluſieurs maniéres.
Car en premier lieu cet amour pro
pre incite quelquefois à déſirer avec
grande avidité de porter les croix les
plus dures 8c les plus péſantes, â la
maniére que l'on void que les femmes
groſſes ont quel uefois grande envie
de manger des c arbons, de la terre,
8c autres choſes extravagantes 8c ſans
ſaveur. Et ceci eut arriver quand bien
méme on ne d ſireroit la croix par au
tre motif ni pour autre fin que pour l’a
mour de Dieu. En ſecond ieu l'amour
propre ſe méle dans la croix par le dé
iir deé ſatisfaire 6c de ſouffrir pour ſes
pecli s 8c pour acquérir plus de me'
rite : Flame ſcait dire alors , qu’en ſe
tenantôc en perſeverant a ſe tenir à la
croix
Pra/m. (Ïhap. V. zo;
_ croix ,ſi elle ſouffiira mieux pour ſespé
chez , qu'elle ſouffiira ainſi moin de
temps, qu’il lui reſtera moins à ur
ger , u’il Y aura plus grand m rite
pourel e; prétextes qui ſans doute pro
cédent de l’amour propre, lequel, en
troiſième lieu , du déſir de ſouffrir ſe
fourre juſques dans la ſouffrance actuel
le 8c dans la baulation de la croix,
endurant des a ictions par vaine gloi
re, comme il n'arrive que trop uand
on ſe repreſente, que pour étre eau
coup perſécuté 8c affligé l'on en ſera
admiréde tout le monde, qu'on nous
tiendra pour des ſaints 8L pour des per-
ſonnes éprouvées , 8c qu'après tout en
core , Dieu nous en tiendra grand
compte. Enfin , l’amour propre ſe rend'
à la croix, parce que voulant par je ne
ſai quel caprice , Y participer avec
véhémence 8c impétuoſité, A il trou
-ve du plaiſir 8c de laſatisfaction dans
l'accompliſſement de ſon inclination
capricieuſe. > ’ 4'
C H A P I T R E VI.
Propriërë d'une ame infectée de Pdf»
— mom" propre, E5 cxphtarionder ëffirir
ci deſtin mzntionnzfr , 'vi-Tri l'a fin du
Chapitre Ill( v . .
'L'Amour propre dérobeñà-Dieu ce
— qui lui appartient ,- car il lui ôte-Sc
1 6 1'3
:U4, De l'Ain-mr
vit ſon honneur par la gloire que l'hom
me S'attribue: C’eſt ainſi ue le Phariſien.
déroboit au Seigneur ſon onneur quand
il diſoit; je ne reſſèmblc pa: au:- autre:
homme: .' Nan flnnſícut 1:41am' bordure-m.
Cetamour propre rendñ, en premier
lieu , l'ame Jiſſêmblable à Dieu. Car»
Dieu étant un objet trés-ſim le , 8c d'u
ne fincerité 8c pureté in nie , l'a
mour propre au contraire rend l'ame
double, fine 8c diſſimulée, la faiſant
paroitre ce qu'elle n'eſt pas en effet.
En ſecond lieu, il la rend ſEMbIaÔIS.
au Diallo , lequel n'eſt Ëjamais content ,
8c n'a jamais de repos en ſoi: l'amour
propre rend l'ame toute de méme: car
il lui donne tant d'inquiétude 8( tant de
peines,qu’elle ne peut jamais trouver de
repos ni de contentemennll la rend auſſi
menſätrgerc 8c ennemie de la vérité ,
comme le Diable: &ainſi elle devient
abaminable au: créature: mémes , ces
qualités-là leur étant odieuſes.
ll la rend encore ficbeuſë ſ5' chagrine ;
car comme elle ne trouve jamais de
repos , 8c que par amour propre elle
n’oſe déſirer la mort, elle ne fait que
ſi: chagriner 8c ſe tourmente: conti
nuellement ſoiméme.
Il en fait auſſi un vaiſſeau ;Verdure F Je
derlzanneur ; parce' que faiſant beaucoup
de bonnes choſes , faiſant prier pour_ ſoi ,
ſe
Propre. Chap. VI. zo;
ſe ſervant. des Sacremens, 8c choſes ſem
blables, & n’aiant pour principe 8c fon
dement en tout que l'amour propre,
toutes ces œuvres là en ſont gâtées , 8c
deshonorées. z _
Pai- le méme amour cette ame de
vient une mer :l’im uiteí z car ſes imper
fections étant un abîme ſans fond , lorſ
que les vents contraires de ſes paſſions'
viennent à Pagiter, tous.les mouvemens
de cette anie ne ſont que tempêtes 8c
que vagues 8c flots épouventables qu’el
le oppoſe avec_ fureur 8c dépit à qui_
conque voudroit apporter quelque re
méde à ſon mal. ,
. ,Cette ame eſt encore comme une lar
que expofiæ- aux_ rem (ter, &aus orages
dela mer , puis qu elle vogue ſur la mer
inquiette 8c toùjours agitée de l'amour
propre, où elle eſt combattue de tous
côtés , 8c fait naufrage pour trés peu_ de
cho e. a,
C'eſt encore uneeau infèfle, quiâla
moindre pente coulant de tous côtés ſe.
Ion ſesinclinations , rend la puanteur de
ſes imperfections iqſupportableà ceux
qui aiment la uret .
e Elle reſſem le auſſi à une terreſlërilaæ,
car elle ne produit quepines 8c que
chardons, &ne fait que gater les fruits
des bonnes œuvres. .
Elle eſt comme une cbaragne PHÆHÊG;
J 7 car
2. O6 De Z'Amour
car l'amour propre la rend ainſi , afin
qu’elle lui ſerve de pâture comme à un
corbeau infernal, 8c qu’elle ſoit auſſi
la proye 8c la nourriture des demons
àqui elle reſſemble.
En un mot , l'amour propre étant
comme un che-MI indamptë , flmr bride E5'
_ſêmrfreirgfait que l’ame ne ſe reigle pour
perſonne, 8c ne ſe reprime ni par le
conſeil d'autrui , ni par toutes les con
noiſſances qu'elle peut avoir; mais fi
xée qu’elle eſt à ſon propre ſens 8c juge
ment, elle eſt entiérement indomptable.
Remarquez bien que tout cela peut
arriver à des perſonnes méme ſpirituel
les, &ſe ratiquer ſous l'a parence de
la ſaintet . De telles per onnes ſont
trés-difficiles à guérir de cette maladie.
Cet amour propre nait du plai
ſir que la créature eſpére de trou
ver dans ce qu’elle cherche 8c dans ce
qui la concerne, moyennant quoi , elle
ne ſe ſoucie ni de ſa vie in de quoique
ce ſoit. Il nait auſſi ſimplement de la
nature corrompue , garée qu’elle eſt
en toutes ſes puiſſances , en 1'iraſcible 8c
en la concu iſcible ; 8c enfin il vient
de l'habitu e mauvaiſe que l'on acon
tractée. Ce quiifeſt pas ſeulement vé'
ritable de la premiére eſpèce de l'amour
propre, qui eſt ordinaire aus gens du
monde: maisauffi dela ſeconde, dont
les
Propre. Chap. VI. :07
les perſonnes ſpirituelles ſont ſouvent
atteintes, &que l'on appelle avec ju
ſtice amour pro re , à cauſe du plaiſir 8c
du [goût qu’el es cherchent dans les
cho es ſpirituelles; cela eſt méme vé~
ritable dela troiſiéme, qui eſt l'amour
ropre des ames ſpirituelles qui ont déja
ait du progrés dansle ſervice de Dieu.
Cette troiſiéme eſpéce d'amour pro
pre eſt comme le poiſon du diamant,
qui rongeant peu à peu l'intérieur de
l'homme ne fait voir au dehors aucun
ſymptome de ſa malignité comme ſont
les autres poiſons : de méme cet amour
propre minant 8c garant l'intérieur de
a conſcience ſans en donner des ſi nes
a qu’elle aperçoive, la meine inſen le
mentàla mort, 8c à la fin luien don
ne le coup fatal.
C’eſt une marque certaine de cet a
mour propre , quand nôtre Seigneur
ayant donné à une ame quelques gra
ces particulières, 8c qu’il les lui retire
enſuite, cette ame en reſſent beaucoup
de chagrin 8c dîafflictions.
Cet amour propre ſpirituel eſt com
me planté 8c enraciné dans un fonds de
ſainteté qui eſt beaucoup plus Fcinte
que ſolide. Il meine l’ariiepai‘ un clie
min Fort étroit , qui fait paroitre à ceux
qui pratiquent cette ame que la voie de
Dieu eſt bien plus étroite 8c plus difficli
e
2.08 Dc l'afflux-zur*
le qu'elle ne l'eſt véritablement. Il en_
endre dans elle 8c dans ceux qui la
Ëantentêz qui l'écoutent , une eſpéce
de ſainteté qui n'eſt pas plus veritable
que celle de ſon fonds. llſiy produit
méme des choſes qui paroi ent gran
des 8c merveilleuſes, 8c qui donnent
à tous. des mouvemens &étonnement;
8c d'admiration ,… mais accompagnés
d'inquiétude d'eſprit; car comme l'on
voit enſuite qu'on ne ſauroit arriver
à cette haute perfection 8c à cette ſain
teté prétendue qu'on admire en autrui,
l'on en reſſent un découragement 8C
une confuſion quine laiſle point de re
s â l'ame; marque évidente que tel
léſainteté eſt un effet de l’amour pro.
pre. Et c'eſt ce qu’aſſure d’avoir plus
d'une fois é rouvé' 8c ſenti dans ſoi
celle qui a crit ce traité , laquelle
penſant à la. ſainteté de certaine per.
ibnne de cette claſſe , s'en trouvoit
touteſurpriſe 8c extrêmement éton
née: mais néanmoins elle ne s’enlai'ſ~
ſoit pas tomber dans le trouble& dans
Pinquiétude ui auroient eu priſe.ſur
d'autresà ce ujet.
CHAPITRE VII.
Reuil-lex contre l'Amour-Propre.
Quiconque veut étre guéridela ma
ladie de l'amour propre., doit en
Pre- l
Prop-e. Chap. VII. 209
premier lieu avoir recours à une per
ſonne bien illuminée de Dieu , &qui
ait le don de diſcerner les eſprits. On
lui découvrira les travaus intérieurs 8c
les exercices de l'état où l'on eſt, avec
les deſirs de ſon cœur; 8c ſe jugeant
autant malade que cette perſonne éclai
rée jugera qu’onl'eſt, on ſereconnoi
tra dans un extrême beſoin d'étre ſe
couru , puis qu'en effet l'on eſt dans
une entiére impuiſſance de ſe ſecourir
ſoi-méme.
I1 faut en ſecond lieu , que l'on tâche
de mortifier tous ſes deſirs 8c toutes
ſes propres affections , tant celles des
choſes bonnesêc ſaintes, uecellesdeï
choſes indifferentes. Il ne gut plus cou
rir aprés elles , ſur tout lors qu'elles
nous excitent 8c nous attirent le plus.
Et pour ſe conduire ici avec lus de
ſeureté, il ſera trés bon de d couvrir
toûjours ſon coeur à ſon ére ſpirituel,
6c de ſe laiſſer regir par ui. .
Un troiſieme remede eſt, de penſer:
ue toutes choſes , pour bonnes 6a
aintes qu'elles ſoient , ne ſont pas toû~
jours agréables âDieu , mais ſeulement
celles qui viennent de lui. L’on connoir
qu'une choſe vient de Dieu lors qu’elle
ne nous trouble 8c ne nous émeut
, point; que ſa poſſeffion ne nous donne
point d'orguei ni d'élévation; 8c UC
ll OB
2-10 De l'Amour
ſon abſence ne nous donne point de
triſteſſe ni d'inquiétude: mais que ſoit
qu'on l'ait ou non , ſoit qu’on la prati
que ou non , l’0n en eſt toûjours éga
lement paiſible, tranquille, 8c eure
pos d’eſprit.
Un quatriéme reméde eſt, de con
ſidérer , qu'accomplir de tels deſirs
de l'amour propre c’eſt mépriſer Dieu
méme 8c s'o poſer à ſa divine volonté.
Car commelîamour divin eſt toutcon
traireàPamour propre, faire quelque
choſe par amour propre c'eſt viſible
ment faire une choſe contraire à la ſain
te volonté de Dieu , 8c s’y oppoſer en
lièrement.
Le cinquiéme reméde regarde la
conduite du Pére Spirituel qui a deſ
ſein de retrancher ce qu’il ya d'amour
ro re dans les perſonnes qui ſont ſous
Pa. direction, ſoit dans leurs actions,
ſoit dans leurs deſirs. Pour cet effet,
il doit premièrement tâcher ar tous
moyens de pénétrer 8c de s inſinuër
dans leurs cœurs: 8c enſuite commen
cer à les penſer avec grande douceur,
auſſi bien qu'avec grande prudence ,
ces ſortes de malades ne devant pas
d’abord étre traités à découvert 8c de
façon qu’ils S'en aperçoivent : mais
il ſaut diſſimuler leur mal, 8( les ſé
courir comme en ſe jouant, leur fai
ſant
—z~d— —._ _ -_
Propre. Chap. VII. 2.”
ſant faire doucement tout le rebours de
leurs deſirs 8c de leurs entrepriſes , ſoit
en les leur ôtant , ſoit en leur chan
peant d'objets,- comme par exemple ,
iquelqu'un vouloir aller dans un lieu
de recréation, 8c qu'on le fiſt aller _
dans un autre; ou comme ſi , par ina
niere de ſimple correction 8c ſans re
trancher toute la matiére des deſirs,
on ſaiſoit faire de petites 8c de courtes
mortifications à celuiqui en voudroit
de randes 8c de durables. Car de s'op
po er d'abord directement à l'amour
propre , 8c de défendre , par exemple ,
toutes ſortes de mortifications à celui
qui les deſire , ſinon que ce ſoit une
perſonne déja bien avancée 8c bien
exercée dans la voie de la perfection ,
ñ ce n'eſt pas ;le moyen d'y bien reüffir.
Or comme cette addreſſe doit naî
tre dela charité , auſſr doit-elle en étre
réglée 8c conduite. Car la ſévérité ne
profite de rien à la gueriſon de cette
maladie de l'amour propre: la raiſon
eſt, que l'amour ropre étant doux
8c affable, rend aulli l’ame fort tendre
&delicate; de ſorte que ſion la traite
avec aigreurôr dureté, elle ſe rebute,
8c fuit avec dédain 8c horreur ſa propre
gueriſon. Si bien que l'amour pro re
ne ſeguerit qu'avec l'amour &par 'a
mour.
Cet
z. l z. De P-Amaur
Cette douceur eſt trés-neceſſaire au!
Supérieurs , 8( principalement quand
ils doivent traiter de choſes qui re ar
dent l'eſprit avec ceux qui ſont ous
leur conduite. Tout le mal qui ſe com
met ici , vient ordinairement de ce
point Carla ſévérité fâche, donnedu
?édain , 8c lſait retirer en arriére les per
onnes
Il ſaſlltuede'on
plugrétendoit uérir. Spiri
que le M decin
tuel de l'amour propre ſe ſouvienne
bien d'étre aſſidu. &de Ïabandonner
pas ſi tôt ſon malade ni la cure qu’il
en a entrepriſe. Il faut imiter ici les
.Medecins des corps qui-viſitent ſouvent
ceux qui ſont le plus dangereuſement
malades . leur parlent ſouvent , leur
tâtent ſouventle Ouls, &ne les quit
tent que lors qu’i s aperçoivent qu'ils
ſont en meilleur état, 8c qu'ils corn
mencent à ſe mieux porter.
Il ſaut auſſi remarquer , qu’il y a
peux gortes de perſonnes qui. gant ma
ades e cetétiques
ſontcomme amour , lleio[gal
re. ayant
es unes
deja
pénétré fort avant dans leur intérieur.
@gique _ ceuiê-ciſâoiielnt \ incurables ,
ou umoins tr S- i c esaguerir, on
ne doit pas pourtant les abandonner
toûjours; mais il Faut agirà leur égard
comme ſont les Medecins avec cette
ſorte de malades , faire de ſon côté
tout
Propre. Chap. VII. u;
tout ce qu'on peut, & laiſſer le reſte
âDieu- Mais uoi qu'on faſſe, il ſaut
bien ſe donner de garde d'agir avec ce]
perſonnes de la manière rude 8c dure
dont on vient de parler , car ces rigueur!
lâ ſont trés-domageables 8c tres-per
nicieuſès aus ames.
Les autres malades ſont tels, qu’ils
pieuvent encore recevoir guériſon : mais
i eſt 'neceſſaire d'uſer envers eux de
beaucoup d'adreſſe 8c de douceur,
comme on vient de le dire.
Or quoi qu’il n'y ait _pas peu de pei
nes â pren re pour eux, 8c que eur
gueriſon ſoit bien difficile, il ne; ſaut
pas néanmoins en déſeſpérer par la
conſideration de la difficulté que l’on
y aperçoit au commencement. Car ce
qui en eſt la cauſe, eſt, ne l'amour
propre aveugle tellement on homme,
qu’i ne lui permet pas de voir claire
ment ſes imperfections Sc ſes deſſauts:
de ſorte que cet homme ne ſe connoiſ
ſant pas malade, cela rend ſon mal
de trés-difficile guériſon.
C'eſt pourquoi il faut employer tous
ſes ſoins 6c mettre en uſage toute ſon
induſtriepour faire entrer de telles per
ſonnes dans la connoiflànce de leur ma
ladie : car cette connaiſſance peut
beaucoup contribuer à leur guériſon 8c
â' leur
e e- ſanté.~ ~ Pour
2. i 4 De !HA-nour
Pour. cet effet , il faut qu'en pre
mier lieu , le Pére ſpirituel préne gar
de de ne pas parler d'abord en aucune
maniére que ce ſoit de l'amour propre
à celui qui en eſt atteint. Cela ſe doit
éviter au commencement , de peur d’ef~
fiiroucher le malade 8c de lui donner de
Pombrageôtde Pépouvante; mais on
doit lui propoſer comme de loin l’exer~
cice de la deſapropriation , 8c la lui faire
ratiquer en le privant de quel ues cho
es ui ne ſoient guéres diffici es: puis
apres le faire reflechir ſur ſoi, lui tai
ſant connoitre comment ſur tel 8: tel
ſujet il étoit infecté de cet amour. Il
ne faut pas néanmoins lui parler d'abord
en termes qui puiſſent lui donner dela
triſteſſe, encore moins doit on lui faire
de rudes reprimendes -, mais il faut
ſeulement lui faire connoitre peu à
peu ſon mal. Puis quand il l'aura connu ,
8c qu’il en ſera délivré , c'eſt alors
qu’on lui doit faire comprendre com
bien il étoit grand & dangereux.
Il faut en cette rencontre ſe com
porter comme feroit un guide de voia
ge, conduiſant quelqu'un , 8c ſe trou
vant en un aſſage iort périlleux &é
troit, il ne ui doit rien dire ui le faflè
penſer au peril où il eſt , mais eulemem:
ui donner bon coura e 8c marcher avec
lui: puis ayant pa e' ce détroit, ne
~ s'en
Propre. Chap. VII. n;
~ s’en plus ſoucier 8c ne plus regarder en
arriere. Il faut de méme que ceuxqui
, traitent avec de telles perſonnes, s’y
comportent avec beaucoup d’adreſſe 5
8c que ſans les faire penſer àla difficul
t té qu’il y a de mortifier cet amour
propre , on leur parle tantôt par para
oles 8c par ſimilitude, ou bien qu'on
faſſe tourner le diſcours ſur une tierce
perſonne,- tantôt que par de bons avis
on les diſpoſe à la connoiſſance de leurs
defauts; 8c qu'enfin, à quelque bon.;
ne occaſion on les -faſſe revenir avec
douceur, 8c rentrer dans eus mêmes.
.Ar-ir :le celui qui ale premier Publié
cet our/rage.
P endant que je copiois ce livre, Nôtre
Seigneur fit entendre à cette ſainte
8c vertueuſe Dame qui l'a compoſé,
qu’elle eût à m'avertir de ce qui ſuit,
afin de le mettre à la fin.
C'eſt que comme il y a un Ange éta
bli ſur l'amour propre pour le reprimerñ Ï ~‘ "
8c le combattre , l en a auſſi un qui* '
eſt commis pour con erver 8c pour aug
menter l'Amour de Dieu: 8c ces fon
ctions leur ont été tellement affignées
dés leur création, qu'ils y demeurent
toûjours ſans entreprendre les uns. ſur
\Poffice des autres. Celui à qui Dieu a
donné la cornmiflion qui regarde ſon
divin
lI6 De l'Amour
divin amour, eſt S. Gabriel, à raiſon
dequoi il Fur choiſi pour le meſſage du
ſacré myſtère de Plncarnation du Fils
de Dieu; œuvre du plus grand Amour
de Dieu envers les hommes , ui ſur
revélé à ce S. Ange dans une écou
verte particulière qui
. lui ſurdes
Faite. d'un
.
acte o, Amour' reciproque divines
perſonnes de la tréſſainte Trinité. Et
celui à qui la commiffion de refreiner
lfamour pro re a été donnée , eſt S.
Michel: au :lors que Lucifer ſe rebel
la contre Dieu dans le Ciel, &qu'il vou
lut ar amour propre ſe rendre égalôc
ſem lable au Tres-haut , Nôtre Sei
neur commit S. Michel pour lui reſi
er, comme étant trés-jalons &trés
zelé pour la ureté de l’Am0ur de Dieu,
combattu a Ors par le propre amoun.
N ôtre Seigneur revela donc ce ſé
cretà cette Sainte Dame, &lui dit, ’
..A-azerty ton Pere Spirituel qu’íl apríne,
que quand quelqu'un veut guérir une ame
Je lüflmour propre , il doítſè recom
mander au: priërer de S. Michel'pour me
demander U impérrer de mai aſſiſtant-aſí'
fémur: ar ſbn entremife .' E5' que lor:
uïm e touche' &î (pri: de l’Am0ur 'de
ieu , l'on dairſe recommander à la chari
ïfiffaveur de S . Gabriel,- efin d'atteindre
[Iurflzcilementpar ce rnoieu à la fini-enzi
Uï Phffëäion de P-Amaurde Dieu. A
T…Aî Bî L
\ Des Chapitres de l’Abregé dela
y _,__ PeizſectionóC-hrétienne ‘
ſiſſrſi ſſ..i

Gba . _I,_ Ce que.. la Perfection fidfflſægfê


v anrlffamaavant_ que.” commencer à f
’ venir. . _7
Chagall. DeaztPrincaïpexzſ/*gueh eau [Fe
z ,la Perflflíon. —- ~ 8|
Cbap. III. Ce: Pi-ínci er_ pratiqué-flu!
, nrartber l’ame-è la eiſfiräíon par trois
(ran. Le PREMIER EſſT-AT, S'il”
drflrrnrdëgrír. i ñ8g
Chap. IV. Premier degre' rP/zbngatíon .
Je zleÿazïillement , defiuſtraäion Eîde
. canfip-'migcï Jia-ine , dan: la .matière
— de: clóqſè: crée-ÊTES indifférente: d'elle:
meme: à la vie jjvirituelle. .E 90
CIM-p- V. Second degre J'ai-nagath” ,
l de Jepauîlleorent, de_ſouſtraction \Side
confit-mire' divine à Regard Je: choſe:
fiínrer
quant àſi ES
leur_ſfíritueller T, .coq/Merde
goutîä' à \eut ſënflbili

ri z ~ au .in *Q*
_ 5p… — ,., ro~zifme r à _mza
Fidji,, Je dípoſïillement ,. ,deſouſímfliou
ÊF. de conformité-
Âiſſ-zæine: à Peſgard.-de
, der dfflſirr Je:Paffefliatz
,lumieres

pour le: veſpa.; u' ~ 99


55'!!
f? "F RIB I-_EÂ- “i”
chzpÀVIL-Quanid-ne degr( .rai-nega
5 , _ſpirituelle
tion , &le dcpoùillement , deſbuſhrafhon
E5 die_ confbrmiſſte' dir/ine à
l'égal 'der- ñ-dejirr- let-fluor ſpirituel:
de* la PerfE-&ian E9” do la vertu. 104
Chop. VllLï-Ciîz çiéinÿſdefÿrërffobncgn
tion. :le de' &d'il emmt , drſbuffiroäion
e'. .ES îzle-canonñits' dan: ler tmtafidnï'
dir/ine: , uiſurvenont à loportíe-in
. _fèrieure dg l’ame vcrtueuſè, ſèmblent
:Y 'mimi' ſêſirfflvrrtur, fè: 'biom- , ſon re*
"ïlfarffiſh paix H6
Gba L IX. Sifiämt degré rPobncgotion-ï,
i z e deſporïilloknentſde ſouſlraäion ſïzi
r' rituelle Udaïconflrmité divine dan:
,M l” ÏBIÏCÜTÇI, le; ſèche” c: E9' 1er tra
, nour-dé là pkrtiè fidpericüre de l’ame qui
-'-’ ;aqui-Elec vertu-u. I i.; —.
Chap-dax.; Ss-c o N D \'1' .H- de la Por
-. .- _fàflimwDe laſouſtroäioirdc tout Paäzf'
«r ;de l’ame vertu-viſſé. _Comment alle y doit
_ -. 'correſpondre' par. oneonriſſrment. De
_ſ11 ~tonfîzmnlïé 'ici. .ADULT ſur "rot (tat,
- D: la pa/ſivetéde l’ame. _T38
Cho . XI. Tkoisiifiml f5 dernier
ñ ETA 1.11211 Peófèëion.. 1< - - -
1 .De l.: SoujZr-:Bion de_ Paäif' Ejſiu 174/'
-~.. c* ' le l'avis ſilinto , nprefn quoi il
Yffltí ne demarre? plu: rien _diam elie ſur
1.3"*
" " ~. Mii/Finca,
n' l'amour ' rogray”
Ulla re, la-izèlonfrépuiſl
,ro Noam

v _ſènt avoir pri' e 2$ r) cacher, l'avis


**U J \A _etant
TABLE.
dant alerr [mre, parfaitement defi
apre/bride , anéantieà ſ31' , U dan:
uriepleine confine-mire', union, E5' Dei
, _fÿrmitll ùſtà díirp. Jam l'état de
— - la vraie Perflälan Chrétienne. ..[46
ContinuatimjÜ-»ÔS u r r ne nu” da
lIÂbrege' de la Pergfëction. . iſo

SECTION Il. —" J


LES AExxrLcrcEs DE [Al Pak-ÿ,
EEËCTEONÎ ~ ’
I. Exprcice premier; Je lflflneanlijffe
menr _ .. 159
Il, Second Exercice, de laDejàſ-Prvjzria
" tian. ' [64
Ill. Trot/faure Exercice , ,Je Plndifir
rence. ' ‘ ’ " * 168
IV. ,Quatrième Exercice, de la Confor
mite'. 17;
V. Cinquieme Exerciſe , Je Plïniſbr
mire. 179
VI. .Si/Icône Exercice , Je le Degfar
mire. 184

SECTION m.
DE L'AMOUR Pixar-Eu;

Gba . I. De trait _ſin-tex d'amour propre.


P K z. $453]
T A B I. E
Qſſil faut jF: defairc Je celui guiſè
melle dan: Ie deſir de lo Perfeflion. 19 1
Cho . II. Regie: (5 condition: pour _fè
#flic/rer de c” amour Propre ſjóiri
- mel. 194
Chap.” III. Dex gſſæn de IL/ínmër fra
prc. .\" 196
CIM[- IV. Emblem: E5 däſctíſſttſian de
l'amour propre. 1 99
Chap. V. Comment l'amour Propre cn- .
t” _ſèglíflèſſar tout. zoo
CIM . VI. Propriete/mfm” ame irzfl-Bee
e l'amour propre, E9' explication de:
qffèrr oi-deflii: mentionner ver: la ſi”
du chap. III 1.0 z
Chap. VII. Kemal” contre lLAnóour
propre. 2.0.8 >
Fin dc 1a Table.
LA RUÏNE
UAMOUR PROPRE
-ñ Par -

lïdbnçgation interieure ,
8c l'état
de la Qu'a-tuile. ….
Traité methodique , tiſſu des plus purs
Príncipe: du CHRISTIAN ISM E,
8c des Préeepte: les plus ſolides dela
Taronocxx M YSÏLQUEU
I
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Prenez peine d'entrer pactr la parte
(traite.
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AVERTISSEMENT
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;q .u ñdèëvënrlîeiríïéîëäräë
QEdÀtiÏQÛ-ÏJN i; z L" I~. aî

-Ÿ-ñ-vr

_ ſ .E lip” n'eſt qu: pwrçrwx qui qu;


*giga fait .quelque prggríx-donr la'
hair-xe dknxgnérnr; , ,C5 guigzſtïñfpnlctn
óu-tïgne_ dcqfogzjæanorrrdnns QU-,Rr
PE, D1 EU “té-i Jêxèhé .de 50.1.4# naitre.
c/aofix. Ilfi-rn tnntiloxrunannzagnëſſisígct:
r 15a: btenqreſo/ug de ſe_ combattre c5 de,
. ſe *vaincre par tout; e47 _il ne, contient_
ſi/"Plflrïïïïtñrrr !à ÏÏŸÏYÏJËËPÛLJLÈAÏI
ÿEoaTipN [ſinnxſia pgrjgddqzç gflèſtíffs
rortmïcoïnrne .raçtmzrngfflz àzquzicgflflz».
ne n'aura par romàqrqng' dqïlfflfilfflſfl:
Force U le: nrrjfioar _dej L'AMOUR;
PROPRE , ont ſanroqln., ffoïxflimag
-flëſſëfflſé tiſſé] 4 pli-rdc: ſtill-électorale…
verite _dam &je .gflſlfletfçſfqpdzÿzazſiçſlſpſi oa
'zÏ-.ſí, rw. Parrot-Irm- PW [riri-W
ſe" ſagem-rf [W454 choſes ŸIËÏPÏPÜXÛ:
ſan: encore cpi-ouvres. Comme lejbnt_
de ce Trnitcëj/I de découvrir C511": donf.
fer l-ÏAMOU R PROPRE deÿplfflſimfrs”
ſéflëï-#Êzflïſiïæmër ' our Ûèſſrxeïfíè-i
*Nt-ſilf”. hertz-Starr.FWÆFÊWËJ [MVP-MG
_ _ _ K' 4 rmi:
AVERTISSEMENT.
rude beaucoup de figues CF de rome'
dcx par quantite' de divzſion: en Claa
pítres , articles, degrés, f5 en plu
ſieur: poinîr E5 pratiquer, ilfi-m pſeſ
jardin-dble au: eſſor-its met/dde! de la cil-ct
rio/Pts' ſpirituelle (gen: 7m' ?lflllfflt
trop [iſis-voir , C9' 17m' ;Fazzerrglcntÿ :ſſi
force de lumiere , j ſi ce rPe/Z qu’il:
n'en tirent preí-zfl-mcnt que cc qmîcand
cerne leur amendement particulier,
oubliant tout le de
la ſimp/ïtſiemfflîÿct reſte par le principe de
le prmWreteſizPë-firit.
Ceux la morue: 7m' om Ÿqprit ſimple,
C9' qui ne pcnſhnt qu’i: mx ne 'vou
draient trou-ver que ce qui leiH-“çſt np'
*pliable , CF non ce qui regarde le:
41117615 o” bien qui voudraient met
tre tout en pratiqrre , B)- ennnyeront
.Fils HŸHfi-nt d: qzrelqzie patience; UA
la mM/Iÿvlicite' qu’i” fl [c117 donnera»
de la confuſion -ſi en elgaſicjfle dcſgre' de'
leur étatprntiqïre:
de deux :Ir m- ſi- contentent Æïcne
toutaſizſſzfflp/Hr m'
, c120;
ſiſſàírt le: princzpezler CF le: plur propre:
contre le maſpartiexlirrſidorzt 17/1 ſont
aprem”, pmſÿue dſmllenrrüîe: une: da.
ce: ſorte.- de p ' igne: .contienmnt ſienî
² !- A 'z-erz
AVERTISSEMENT.
*vertu toutes le: attirer queje leur con-ſi
fi-illr d'abris-titre , mai: qui pourtant
nſiontpas éteK-\criter ici ſim:ſujet. Cor ce
Tram' étant compoſt-Zion pour nneſên
Ieperſonne , mai: ponrplnſictenrr, dont
chacune a
Æcſſſiyrit quiun diffſiéront
naturel 55de:
de: attirer,
diſſâoſition:
55
anffide différentes atteinte-r' :l’amour
propre, il eîoit bíenjxffle de donner
[il deſſin diverſe: ouverture: , tantponr
découvrir la dió/ezſttäde [Enr mai', que
pour contribuer) ſi: gael-iſo”, par di
vers remede: dont Shawn prit choiſir
ceux qu’il trouve-M le: plu: propres,
C5 din/i que perſonne ne manque non
plus de moiem _que de bonne volonte
à .Far/zonder CF à revenir de ſi*: prañ
pricíeſr.
. l i > . E l l'

M ATIH. Xvr. 3.4.


,Si quelqu'un veut omiroprís-moi, qu’il,
reſtaure o _fai-méme. A

LUC. XIV. Z6. zz..


$1' que! u'il” vient ÃmoíÜ ne boit par
pére .new Un', $5 :né-nc ſa Propre
‘ vie, il ;repeat (tram-m díſZ-íple.
Et quiconque d'entre vou: ne renouer-js”
_ - à-_Îout ce qu'il/l. ~, vnc-…peùtæüre mon
düfcſſfflk” —i' '…- ' _ . , "‘
'Mr X ‘ 'i ‘ , _

~‘ſi-ſi\\ .L' ' ' ſi . x » . -

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À ~ LHÀMOUH par ’ :-[571 ſi)
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L'AS” Eſi-Axîlflſſz IM &zum-En
_ÔſC/lfiidf/ÆŸQÙXETUDE '
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..Z1 t". ſt …T :El ,lſzr 3'”. .x ~r
-zr ,C H=A VITRE-MI. '-—. V.
îfleſiddſxzaíÿnäun den” aarizoiiriïv
- _píloſreg C: qu'a lapegzfèffloic.- Preſèn-Ë
* 'rcſerperuellle , “dégarfflniïrerjèl , E5 a;
’ -neuglement funefie de ëljſamourgropre
dan; nou; , a quoi iffaut_ eſſojerïtrpii
7"* Buſter :ſniff, troigjeſſtzeóer.cfaſlghegïſ
'-'_ fion); Diïoifionçcte ?et "energy, ~' y
:'41 -í‘;‘ ~ \T ’:_i.‘.i;;':—-.J_….
.. ñommeïrl Yïafiäïflähäuädſiälxffiää
A ñ ’ ruresîó' Pune corporelle ‘~&- \ëné
ſible-î; l'entre ſpirituelltfôtfiai-ë
ſonriable -, &que touteſſdeuic' ſont ca;
pables &- :de- L'A- MiO-Ùñk- n'a D-xñ ;ri
par 1a- gràce dwineſœ- ddjæſi/ŸÏUÆ-Q-ù a.
1' x oñ”. n\ par 'la nature- zë-“îdu- 'plûtôt'
par une' -eértaine-ï inulínation: 'cos-rumba
pue; > 'auſfiíyï äór-ilïdäns xndus( deux \cbr
-v … K 6- tes,
z 1.8 DE P-Âbnegdríoxz
tes (Pæÿómûffif :de Dieu 8( deux ſortes d'4
maurdz no” mémrr ;X deux manières
différentes ele tendre -â -Dieu f6( deux
autres maniéres différentes de s'aimer
ſoi—méme , ſelon que chacune de ces
deux natures aſa maniére
d’o érer&‘d’aimer. ſi ' différente
’ ~
ar la partie corporelle 8c ſenſible
peut s'élever 8c ſe convertir à Dieu
ſelon la 'gràce uiïlui en eff donnée-z
elle eut auſſi a hérer à elle méme 8c à
ſes éſirs corrompus ſelon la pente de
ſes inclinations naturelledjÿçgiveugles.
Pàreillement auſſi la artie ſpirituelle
8c raiſomíable 'uc ?élever 8c ſe don
ner àDieu en uivant les. intractions de
ſon S. Eſprit ,ï ou bien ſe ſixivre 6c ſe
rendre à ſhîméme conformément aus
hiouvemens ſecrets 8c ſpirituels de l'a~
mour qu'elle ſe porte. _
~ Or toute Ia PIFFECT 1 ON que
l'on peut acquerir dans cette_ vie mor
telle & vraiement' militante ne conſiſte
qu'à PERElC-TIONNSR d'un 'Erfîfxg
'run ?Allïllz-Dl par”, NATURE DANS
L'AMOUR DE Dieu, ET à. 1m ſixrzk
MINIR L'Amour. Peer-n E, , qui y eſt
trés-profondément enraciné.
., I. Çar;çr1,—'prg1njermlieu v. c'eſt une
choſe aſſurée que cet -amoaoç propre fait
ſa reſidence perpétuelle 'dans- nous ,
ſans quÎDl-y ait-méme aucun-état de per
- ſection
Interieur: , Chap'. I. 2.29
ſection danscette vie' mortellequí s'en
puiſſe
. dire
. tourna\ fait
. hors d',attemte
- . ,5
n'y ayant que la ſeule gloire des bier
heureux où il‘n’ait point dîaccés &
dont il ſoit' abſolument exclus. Et àiiæſi
cet .Amour ropre eſt comme les Phi
liſtins que ieu laiflà autres fois non
aux environs des contrées deſon peu
ple Iſiaël , mais dans le cœur du païs,
je veux dire , dans (ê) nôtre ame,
pour l'exercer 8c a uerir continuelle
ment, 8c qu’ainſi e] e ne ſe perde par
Poifi-veté. Cela nous obligede combatj
tre ſans ceſſejcet ennemi, 'Gode nous
tenir toûjou-rs firr nos gardes comme
dans une allarmè perpetuelleg,, puiſque
nous ſommes aſſurés 'que l'ennemi ell:
toûjours dansle païs , ~ ſans en faire re
traite. -, p
II. Secondement, outre que cet e
mourpropre eſt toûjours dans nous , il s'y
fourre de plus univerſellement par tout,
&Temp-Sue de tout, de ſorte qu’il n'y
a aucune fonction de nôtre ame qui
n'en ſoit atteinte-Sc penetrée. Tou
tes nos actions intérieures , extérieures;
envers Dieu , envers les créatures; na_
turelles, ſurnaturelles , tout eſt .entaſi
ché &inſectéldeſſon poiſon; qui les
- K 7 —~ " cor
(2) Cela neſt doit _peu enter/dre deb: ÿflilſiï fï
ÿrírrxſit le l’ame dans le: rrgcuirír: mairie Ping
feriez-re,
;zo ,' De lflzfinegatíori
corrompt oudu tout , ou en partie;
diminuant leur_ force ,Sc leur; vertu. Il
F! a choſe aucune ,pour ilainte qu’elle
ſoiçſi-.LMSC méme ou: contraire qu’elle'
~ àrói-Wí cet amour [Wo rez, qu’il nc
_ache l’accommode_r a on goût' 8l en
tirer ſes roſzres délices. Il n'y a grace
'de Dſiîeu' i pure qu’elle ſont, znífizſortc
'à nous attirer 8c pmir à ,Dieu , que l'a.
&Mur prof”, ne~s’en ſerve; comme d'où…
moyen pour nous éloigner de Dieu,
_Sc qu'il _n’en faſſeï un 'empechement en
tre' Dieu ê; nous. A En un mot, il n'y
;a état élevé ou il _ne ſe fourre, &ne
,diſpoſe lïamet .par ſes artifices 6c pas; ſes
_' rçprietés à _une chiite :trés-périlleuſe
nquoi il_ paroitque cet amonrproprc eſt
pire que ce firt armé dont-zlïllzvangilc
nous parle pour figurer Satan. Car non
_ſeulement comme le- Démon il ſe ſaiſit
de la maiſon de .Dieu enlabſence du'
Seigneur, _Sala garde; fidänpæmzà-ſdùó
ennemi; 'mais il .lîoccupe- même en h
Préſence deDieu, 8c, quisplus eſt, il?
.domine ,en 1 uelque ,ſorceëdms-Phomme
,tout entier ors“qu'0n diroit quïlen eſt
le plus éloigné, ê: que c'eſt Dieu ſeulí
_guiy a toute autorité. r , — , - r
.,_ ,r LIL. En_ ñroifiémezlieu. , . .celtes-dolor
_propre outre n. çéſence perpe-tuelle
dans-l'homme 8c on inſinuation entout"
iïequirle- \regarde 5- luiïband; lznèore
-t\.— ...und …_….« .‘-‘-\.A ñww.- ñ_
~ ,telle
Interíeure Chap. -I. 23,1
tellement les yeux .de l'eſprit.. que a
l'ame n'a une trés-grande humilité, 8;
ſi Dieu ne Paffiſte particulièrement;
elle ne penſera pas en étre detenue,
mais croira en étre bien libre', 8c partant
ne ſe munira point .contre lui _pour ,le
combattre, 8c ne lui fermera point la
'porte de ſon cœur, maisYyconſerve-ñ
ra, l'y entretiendra, l'y careſſera mé
ſme comme ſi détoit une production 8c
un effet particulier de l' Amour de Dieu
D'où l'on voit que P-Âmaurprÿvre_ .refi
ſemble proprementà ce Roi trange;
don't l’Ecriture~ parle , lequel Acrevoit
d’abord,l’œil droitjâiuceux des. _enſans
de-Diſeu
ÏÃYÔC ÏÙÏ-qui
ſ .entroient
ſi v en
~ compoſition
… j,
~' Or-laconſidération que l'amour pre
Pre eſt ſi puiſſant 8: ſi ſubtil que ,nous
.venons de le. dire , ne doit pas tant nous
faire perdre courage z. que-celle _des
.triſtes effets u'il produit dans nousläc
des grands) omages Qu'il nguscauſe,
nousdoit
avec ë 'grandanimer
'ſoin '3' â‘ conſidéré-de_
nous en guarantjr
pllgq,
_a que ce nÎeſt-pas en nos propres forcés
ue nous devons eſpérer), mais en .l'aſ
Zſtance d'un ,Dieu-qui …eſtplus Fort »que
j
tout _plus intimeqä-enqnou. âfiqflgſſ; Fumeur
zñërrzë-…ëcpïus puzrañc
,… . ;ÜOÛS-?lluïïäi
..Ôerfiquzï CTF* FW' tzÎ?1?.rÎ.‘.â,n<ë-zs- aveu
L.Slë-îsé…llŸëFluzîîiëPlPâffiî-519eEWT-Fg?
ſizzi . ' DE IHAl-nqnian
périons â ſa divine volonté, laquelle
exige de nous trois choſes dans ce com
bac', pour oppoſer aus trois que nous
venons de remarquer en lütmaurſffvfïfl ï
à ſavoir, à ſa 'continuelle pre' ence en
ynous
fait ,par
àlatout
penétration 6c au dégat ont
,ſi 8c à Paveuglement u'i[
*il nous frape.
I'. Premièrement, pour commencer
'par la choſe qu'on doit' oppoſer à l’a
veuglement que l'amour-propre procure ,
c'eſt , de nous munir d'une perſuaſion
toute contraire à celle qu’il inſ ire: 8c
ainſi, nous devons étre perſua és, que
l'amour propre eſt d'autant plus dans
nous que moins nous l'y apercevons &
découvrons ,~ 8c que nous ſommes d’au~ ñ
*tant plus malades que nôtre mal nous_
eſt moins connu. Cela doit noushumíë
lier , 8c faire que nous avoüans incapa
bles 8c indignes de connoitre ce mal
?par nous ruémes , nous nous addreffions
-aquelque perſonne qui ait l'expérien
"ce 8c la lumíérerneceſläires pour nous
-kedreſlſien
Mais cette perſonne-là (pour en dire
ee mot) ſe donnera de garde (1 )' de ſe
laiſſer prendre aus premiers ſignes 8c â
*quelques apparences de vertuôlïdeſain.
- “teté qu’elle pourroit apercevoir dans ſe
’ malade.
nnpœſſrónCar outre que 'cette premiére
pourroitlîlïïeuglerlauffi bien.
que:
Intérieure, Chap. I. 2.3
cjue le malade; &qfflelleauroit de la
veineâ ?effacer en ſuite de ſon eſ rit
ors .qçiſilſeroit neceſſaire , elle oit
k ſavoir', quelämour propre eſt comme
‘ le poiſon du diamant, rongeant ſou
vent Pintéríeur de la conſcience com
me Pautre celui du corps, ſans qu’il
e~n paroiſſe aucun ſigne au dehors, ce
'ui n'eſt pas dans les autres poiſons.
21.) De plus cette perſonne doit uſer
de douceur au commencement , afin_
~ d'entretenir dans l’ame une libertéä
sîouvrir ſans repugnance z car ?amour
proſard-'érant naturellement doux, 8c
‘ rendantlfanie fort tendreëz ſort ſenſi
ble , lí_o’n_le _traite avec rigueur 8C du
reté, 'il ne le peut ſupporterwce qui
Fait que l'ame touchée d‘averfion 8c_
de dédain, ſe retire en arriere &fuit ſa
guériſon ç au lieu qu'au contraire la.
douceur Partir-e ,Sc le gaigne , étant:
pour lr1i‘con11ne une viande d'appels,
ſous laquelle il' ſaut cacher Phameçonj
de Pdbnegation, par lequel on veut ti—_
fer-Pameîhors de ſes propriétés. ~ . _4
II. _La ſeconde choſe que l’ame doit
avoir , & ?oppoſer à la perpetuelle
préſence de l'amour propre , eſt , de_
prendre la reſolution de David , qui
diſait,, Purſäguar ínímirax_ :m'a: , F5 C0!"
Frebendazpz iljq: , no” converter cloner.:
deficimzÿj Ceſtâ direî, 7c pour/Ïflſſvïÿ:
' … . 1.! "1
12.4… N Pé-"Aïv--xaï-Ïetïñ r
Ille-V ennernſiipJſjä-Ïle! rotteſſndraj.. I”,
#riri-SW o' oa 'Ier -qggzróæodg pdg-fx”.
Qu'il; riff-Field( ñqxterizríxiffx." ?Carl Puis
que 'ſiParnour “PiŸàpPe eſiſtſi nôtſſſſie., vFai>~‘&'|
nôtre ſeul ennemi, nous devons lc
pourſuivre: 6c puis qu’il ne defaut ja
mais ~n’_eſin
ciuïl fi univerſellement
'reſteï toujoursdurant cette
quelqucës víÇ,
ſiraCi-Ë.
nes &quelques
aùſiffii effets,
jamais*: deſiſiſter ſde~nou~sÇÏ1e èvons_;à
ſiſaffl pourſuite
&ainſi
jours ſansil nous 'le' faut combättÿeſitoüä
interruption. ' ‘ î
.~ï
* III. Enfin» la troiſiéme choſe quèſi_
Dieu requiert deſnous pour ?oppoſer à
1a corruption( univerſelle que l'amour
propre fait de *tout 'ce qu'il' y a de bon:
dans nous en ſe fourrant par tout; eſt ,,
que dés *que Dieu met quelque choſe;
dans nôtre ame , (ce qui pour l'ordi
naire ſont quelques graces particuliè
res , ) nous éteignions dans nous l'af
fection envers ces choſeâ là) non en
yen 0 oſant des "contraires, mais en
nous d poüillant 8è de nous 'lnémes &î
de cesfflſortes 'de graces' par une abneſga
floride nousôc d'elles. .- ~ "
" Mais parce que la pratique de ceci ell:
ſouvent défectueuſe , 8c auſli qu’elle
ne ſuffit as pour abolir une infinité de
propriét S qui nous _ſont 'cachéesr de.
\à vient', 'que Dieu aprés_ nous avoir
donnéde telles gracës; nous les retire
' r.. U-Ia-.l

J
Interíeure , Chap. I. .z z;
ſouſtrait Tenſuite pour norîs ouvrir les
peux. 8c pour contraindre nôtrevo
. ontéà les quitter, Celqui eſt. uneffct
ſignalé de ſon amourôc de ſa Provi..
dence envers nous, 8c une divine con-ſi
duite trés-néceilaire à la ſoibleſſe de
nôtre ame: c'eſt pourquoi elle y doit
_correſpondre de ſa part avec exactitude
&avec grand ſoin , cle peur qu'elle-ne
ſe prive du fruit que Dieu rétend tirer
_delà , 8c qu'il attend d’el e en la trai
tant ainſi.
Pour faciliter ce bien ſalutaire par
cet écrit, je m'en vay propoſer en dé
tail les ſujets ordinaires où Pctdmwur pra
zre fèîſçaic attacher , 8c deſquels Dieu
nous prive enſuite pour le détruire:
aprés quoi je ſerai voir les propriétés;
cÈeſt à; dire, les manières de s'a pro~
prier_ quelque choſe, leſquelles 'ame
doit éviter à l'égard de, chacun de ces
ſujets »là z 8;( j'y' ajoûterai les prati
Feues intérieures pour ſe deffäilfe_ ou pour
guarantirzde ces propriétés-là. -- z…)
de Jereduirayce
lïäbnegation diſcours de la pratique
àLtrùis-çhelſisz [xibciè
paux, conformément aus trois degrég
que l’on remarque dans la pauvreté in
térieure: car comme par la pauvreté
extérieure les uns ſont privés des choſes.
ſuperflues, les autres des choſes trés
utiles 1 d: les derniers de celles qui pa
roiſ
s 36 De P-Âänrgatíon
roiſſent lesſiplus neceſſaires â l'entre
tien de leur vie; de méme jevay éta
blir trois ſortes däóäncgationr, ou de
Pauvretéſſeſÿrít.
- I. Par la remíëre les uns ſont faits
pauvres 8c ont dépoüillés des choſes
qui d'elles mémes ſontindifférentes à.
la vie de l'eſprit. comme ſontles cho
ſes extérieures 8c temporelles.
II. Par la féconde, ils ſont pauvres
8c dépoüillés des choſestrés-utilesâla
vie ſpirituelle, telles que ſont les con
ſolations intérieures.
I I I. Enfin par 1a troiſiímc 8c laplus
parfaite eſpéce däbnégation 8a de
pauvreté d'eſprit . on eſt deſlíitué de ce
qui ſemble le plus néceſſaire à l'éta
bliſſement 8c à la conſervation de la
vie de l'eſprit, comme ſont, les de
ſirs dela vertu, ſon ſentiment , 8c ſœ
actes intérieurs. l
Mais avant que d'entrer en cette ma
tière, je trouve à propos de traiter de
deux Principe: qui ſervent de Fonde
mens à cette .Abnégarian fi ſublime,
St ſi néceſſaire à la ruïne de l’Am0ur
PÏÛPÏÊO

. l 991;”
W . 312,.: c H A,,
l Interim-e. Chap. II. :57
l

CHAPITRE n. ,
Deux fändemenx Je P-Abnlgafio”, E3
Jeux pratiquer dejà” exercice , dont
chacune eſt ſubdi-vrſee en gua
f”.

I L y a deux Princí _ee qui ſont c0m-_


’ me deux pierres ondamentales de
cette eflbnffgation.
Le premier eſt, u N r T n n'a-n A ss n
Esri ME DE TOUTES cuosns, u*
DE Soi-Malus Au DESSOUS D I
To uT Es cHOSES , laquelle eſtime
doit s'a uerir par une conſidération
continue le de la baſſeſſe 8c ar une ex
périence journalière de la oibleſſe 8c
du néant de tout, d'où doit venir un~
dépoüillement dc tout, 6c un renon
cement à tout, quiquant à Paſſection
doit étre perpetuel; 8c quant à l'effet
8c à l'acte, il doit ſe faire autant de
fois que les occaſions 8c lesſujets s’en
préſentent. ,
Le ſecond principe de Pabnégation
eſt, UNE *rn lſſs-HAUTE lSTlME_
DI D
non en 1voulant
E u , laquelle on par
pénétrer doitl'eſprit
acquerirlact
ſublimité de ſes divins attributs: ce qui
n'eſt ni neceſſaire, ni que de peu de
perſonnes; _maisen ſe ſoùmectant c102
_ , ta e
n ;Sr Dc lïfläntgaſiart
telement à Dieu pour Padorer 8c lui
donner tout pouvoir ſur nous 8c ſur
tout ce qui eſt à nous, ſans reſerve
d'aucun intéret particulier . pour ſaint
?u'il puiſſe étre. \Et pour cet effet, . il
uffic que. l'ame_ avec lalumiére de la
foi connoiſſe Dieu ſous les notions du
Sy mb0le,_ comme , ſous celles de Tout
uiſlànt, de Souverain Bien, de nôtre
edempteur , 8c de nôtre Béatitude
finale. - ï
L’ame ſur le peu d'eſtime des créa
tures établira un ſond-Œéloignemene
8c de rejection de ſoi-méme 8c de touñ'
tes les choſes créées, de ſorte cpfelle'
vienne à recevoir ſans difficulté toutes
les privations 8c les ſouſtractions de
quoique ce ſoit qulil laira à Dieu de
lui Faire ou de lui lai a er arri ver."
ññPar la trés-haute. eſtime de Dieu>
l’ame ſediſ oſeraàk defaite aiſément
de toutes es- volontésïpourz les' con
former à la volonté divine. u'elle
prendra deſormais pour la rég e de'
tous ſes deſſeins , de toutes ſes affe-s
ctions, &de 'toutes ſesoeuvres jour
nalières. — ’ Î T .ï > ' a ,.=
' Puis naiſſant ce_s deuxct fondemens ,î
elle shabiruëraâ l'exercice 8c à la pra
cique d'un abaiſſement &c d’une humi
liation continuelle Welle-méme, tant
en general qu'en particulier.
I. En'
… …1~.*²*;-‘>î*?’-ÊŸ’&;"5îÎ-7!ï-ñ ,E53
_ 'JL Èngeneral ,Helle ÿ prócéderaſien
. quatrernameres. ' ï
à, x.- .Laprïämæére en .ſe reconnoïſïänt
s'eſtimant* néant.:
èſſtë~îiféäldü. Uri néant M 's' uídllca
.;9.ïΑel1ſi-ſi=ſi—y1;monté
Heidi: -ſajósD-'ëu ſi 8c' , 3145A lflëgazſd .de
' - tous lesvivans
Dièu_,' :ſielle
_de 'tous les ſaints… Qt
_ſur toucede eſt quelquechoz
L fede moins tant en grace qu'en ,natu
_ re ,' qu'une petite goute d'eau àllïégard
dejfocéanî j* E, , ,— ñ . z_ —.
l* “ z.; _La 'lêcondc-.ï, en ſetenant pqurla
. plus ,vile 'poux l'a plus inutile de touf
t'es les créatures; &tmémç ,que de_ la
'pouffiere ï 'que de laſlóqüe', 8c que de la
vileniç. 8:_ des ſaletés .desulcëres les
plus infects z_ car _encore , ceschqſeslâ ,
' quoiquelqienviles. ſont_ ellesbonnes à
quelque_ uſagéj' au lieu ſhquÿellevnezſert
*qu'à
.' z.ofienſer
_ Latroifiéme'
Dieu. des
L_ _ manières
. A gene-z

raies” de s'habituer âſhumiliation , ſe..


ra, ue l’ame_ ,ſe tienne pour la plus
ah.. e_ péchereflè de tout le monde,
pour digne de plus grands châtimens
que tous, “puis qu’elle participe_ en
quelque ſortczaus péchés de_ tous. _ ,
4'. 'Lqtla quatrième ſèra,zqu*elle eroie
fermement, que toutes ſes actions, tant
intérieures qçfextérieures ; ſont accom
, pa nées de trés-grands'
ttèg:grandes defautsIl8c Ede
imperfections.
. . . f]
'x59 3 :Defdbnçgarían r
l II. _En particulier, l'ame s'exerce”
à lapratique de l'humiliation aullï en
quatre ſortes,
il. Premièrement, en haïlläñt8ren
fiiíant tout honneur , toute loüangeôc
toute dignité _, com me étant des choſes
peu ſéantes à un rien, à une créature
ſi vile, fi inutile, &ſi erverſe, les
'œuvres de laquelle ſont 1 éloignées de
la vertu 8c de toute ſorte de merites:
d'où vient auffi qu'une 'ame ui ſent vé
-ritablement ſa baſièflſe, ne auroit s'é
lever quelques louanges qu'on lui don;
!left au contraire, quand on l'homme
elle s’en étonne &s’en confond d’au
tant plusàparbſoi. y î ~
2.. La ſeconde manière dont elle exer
cera particulièrement l'humiliation,
ſera, en acceptant &recevant volon-.
taírement toutes les occaſions de méë
pris , de confuſions , de perſecutions ~,
8c de toutes ſortes d’opprobres,leſquel—
les choſes elle doit , ’
( i) Embraſſer volontiers;
(z) En remercier nôtre Seigneur , de
ce qu'ainſi il la traite comme il con
vient;
, ( ) S'eſtimer même indigne d'étre
ain de
ſicer 1 viſitée deſaDieu,
Ia ſorte quienvers
juſtice daigneelle
d'exer
,
(4) Et ſe rejouïr de ce que dansles
outrages 8x les opprobres qu’elle re;
. çoit ,~
Inreríeure Chap. I-I. 2.4i
'çoit , saccomplitla divine volonté de
celui qui a daigné créer. gouverner,
~& racheterune 'choſe ſi vile 8c' ſi rebelle
'â ſa ſouveraine Bout-é.
z. 'La troiſième mani-ére particuliè
'rc dont ellepratiquera l'humiliation ,
"eſt, d’eſtimer 'que dans toutes choſes
'cellesluiquiconviennent
'qui ſontles moindres ſont celles
ſſle mieux, com
îme , que le lieu le plus abjet dela m_ai
ſon doit étre ſa demeure; que l'office
le plus bas de tous eſt la charge qui lui
'eſt propre; ue le vêtement le plus pau
— vre eſt l’h3 it qui lui eſt convenable.
Elle doit méme tenir_ 'pour aſſuré que
ces choſes ſurpaſſent de beaucoup ſes
mérites; d'où elle doit inſérer , ue ſi
elle n'en eſt pas encore digne , ?Deau
“coup moins l'eſt elle des choſes plus
grandes , plus honorables . 8c plus pré
cieuſes. 'Cette ratique ſe doit trouver
également 8c r ellement dans la volon
îte de tous ſans exce tion , 8c à l'égard
‘ de toutes ſortes dec oſes: mais quant:
à l'extérieur 8c à l'effet du dehors,
elle doit ſe régler diffcremment, ſelon
laſt différence des conditions ou l'on
e .
4. Mais parce que ces trois points
particuliers (la fuite de l'h0nneur,l’ac
ceptation du mépris, 8c le chois des
moindres ChOſCSſ) îrîgarclent ſpéqä:
14 2. De "Pdîbncgation
lement l'humiliation de l'ame â l'égard
des choſes extérieures; 8c que néan
mOinSPalne a beaucoup plus de ſujets
8c plus de beſoin d'exercer l'humilia
tion envers les choſesintérieures, ui
ont coùtume de l'élever 8c de l'en er
d'autant plus d'or ueil ue plus elles
ſurpaſſent en excel ence es choſes ex
térieures; je vay pour cet effet ajoûter
un quatrième point par où l’ame ſera
avertit: d'appliquer d'avantage aus cho
ſes intérieures qu’aux extérieures la
pratique du ſecond 8c du troiſiéme
point que l’0n vient de lire.
Ce uatriéme point, (qui eſt la pra
tique (ſpirituelle du ſecond 8c du troi
ſiéme) ſera,
(i) Premièrement, d'accepter v0
lontiers toutes ſortes de confuſions 8C
de tentations intérieures , 8c de priva
tions des races &des donsde Dieu les
plusexce ens.
(z) Sécondement, de choiſir de ſoi
entre les élevations 8c les perſections
intérieures , celles qui ſeroient les plus
baſſes &les plus ordinaires; de tendre
toujours de ce côté-là, 8c d'avoir de
l'éloignement pour tous les dons extra
ordinaires, puiſque l'on en eſt indi
gne.
(z) Et, en troiſième lieu, ue fi
Dieu venoit à élever l’ame à que ques
gra
'Iriterieure.’Chap. II. :.43
ïgraces .Br perfectionszmoins communes
_ moinsſordinaires,, elle ne;s'aréte
_point à .Conſidérer l'excellence &la ra
reté de telles graces, nou' plus .lors
- ,qu’elle en jouit actuellement , quäpré;
la jouiſſance qu’elle enſta eue: cequi
ne ſeroit ſouvent 'qu'un ,entretienta
»cite &ſécretdelbrguëil 8C .dcfamaur
propre. @Yelle s'arrête ſeulement-à pen_
ſeren general aus manquemensôc' aus
defauts qu’elle , doit ſuppoſer y étre
:joints quoi qu’elle ne les connaiſſe_ pas
en detail. Çar il ſaut _ſavoir , qu’il n'y
a rien de ſipurni de ſi parfait en ;cette
yie , quizne ſoit imperſectqion «Sr-impu
reté_ (devant, Dieu-Sc devant ;leschoſes
originalesdeïantrezvie) ?ſi bien qu'on
:peut conſidérer-Sc recevoir ces Orres
zde graces particuliéresen deuxmanié
'res, ou comme des perfectionsmu com
.Ëme des imperfections: & c'eſt -de- la
-derniére ſorte_ que l’ame doit-les-rece
&Voir-Sc les conſidérer, afin quedetou
_tesz choſes 8c entouteschoſes elle
\prenne ſujet de s’humilier continuelle
ment , 8c qu’elle n'entre dans la jouiſ
ſance des graces divines que par la por
.te de l'humiliation , qui eſt l'unique
porte pour y entrer. ,- Sc l'unique \Doyen
[p, ur s’y conſerver-ſans préjudicier à
ſon ſalut., l ,' -- z --ñ - ñ' ’ .
Ces deux ſortes de pratiques 110M'
‘ ‘ ‘ L 1. nous
:44 De P-flbncgarim
nous venons detraiter, la generale 8c
ia particulière, meineront l’ame qui
s'y exercera , à une veritable .AI-néga
tian. Maisl’ame ne doit point en dif
ſerer ou en ſuſpendre l'exercice en at
tendant -qu’elle ait amaſſé dans ſon er;
tendement toutes les idées 8c les no
tions qu'elle voudroic y avoir comme
\
des moiens propres a lui repreſenter
'clairement la baſſeſſe 8c le néant de
toutes choſes. Ces idées 8c ces notions
-ne lui ſont nullement neceſſaires à cela.
Celui eſt allés d'entreprendre fimple
:ment ces deux prati nes, 8c d'y per
-ſéverer quand bien a volonté n'y ſe
roit pas portée par de telles conſidé
rations idéelles ô( ſpéculatives . pourvu
ſeulement qu’elle le faſſe par le princi
pe d’une ſerme reſolution de mettre ces
choſes en effet , 8c par la ferme perſua
ſion qu'elle ne ſauroit excéder ni trop
s’avancer dans l'humilité ; ſçachant
d’ailleurs, commeelle le ſçait , que c'eſt
une pratique trés-agréable à Dieu, trés
fructueuſe 'à ſon ame , 8c trés-raiſonna
ble de ſoi-méme. Et quand même une
ame auroit l'eſprit fertile .en ſembla
bles idées 8c conſidérations, elle de
vroit néanmoins prendre beaucoup plus
à cœur de ſe rendre à Phumiliation 6c à
Pabnégation parla pratique des points
que nous avons déja propoſés 8c de
4 — ceux
Interieur-e. Chap. II, 24g
ceux que nous propoſerons encore, que
par un amas de conceptions 8c de ſen
timens intellectuels de ſemblables cho
ſes; puis que le moien quenous recom
mandons efi beaucoup plus aiſés: plus
aſſuré , ~ 8( méme beaucoup plus parfait
&plus ſolide , quel’autre, quoi qu'en
apparence il ſemble étre plus bas; ce
qui fait auffi u’il eſt moins propre à
\enfierPeſpr-it 'orgueil 8c d’e'lévation,
& qu’il doit étre choiſi préférablement
à Pautre par une ame qui doit 8c quiî
veut s‘abaiſſer à faire chois de ce qui eſt
le plus abjet , ſelon le conſeil que Jeſus~
Chriſt donne en la parabole de ceux
qui étoient invités aus nôces ,- afin
qu'en ſuite elle ſoit élevée 8c placée
non par elle, mais par le Pére de Famil
le, dans un lieu plus haut, plus hono
rable , 8c digne de la recompenſe de.
ſon humilité.
. Aprés avoir expliqué, comme nous
l'avons fait dans ce Cha itre , les deux
fondemens ſur quoi ſe oit établir l'ab
négation , 8c les deux ſortes de rati
ues ar leſ uelles l’ame ſe doit onder
ans ’avili ement deſoiméme, il nous
faut deſormais traiter des trois eſpèces
dabnégation , dont nous avons fait
mention , 8c commencer par la premié
re dans le Chapitre ſuivant. L
L 3 CHA*
.\'

2.46 'DE (Ÿdſſzîbnegation ï.

.CH AËIT RE III.


De la premiére ſſibrrc dfl/ſiàbnégationpſiour
extermírier l’Am0ur* pràjzre, , qui eſt,
Pabnëgaflon Je: abuſer exrtfrieurer U'
indifférent”. Comment Dieu _ytanrrí
but, TÏÛÎIj, defi-J rffdtr.
nſîtitlent. ~ Gracex
ct ’ qui fm
~1

E-.a premiére eſpéce dmbnégarion à


laquelle -llame doit tendre, eſt un
plein 8c parfait renoncement aus choſes -
exterieures 8c corporelles qui de ſoi
ſont indifférentes à l'état de la vie cle
l'eſprit, comme ſont, les dignités ou
les abaiſſcmens . les richeſſes ou la pau
vreté, la ſanté ou la maladie, la vie,
ou la mom, en un mot, _toute com-
modité , ' ?tout - goùtôc tout intéret des .
choſes créées. - '
On doit avoir 8c pratiquer ce renon- ñ
cement auffi bien dans le cœur 8c dans .
l'affection , en renonçant intérieure
ment â tout déſir de ces choſes , 8c
en ſe dépoüillant de tout deſſein , deî»
toutſOuha-_it , de toute pente 8c de tou
te .intention 'qu’on pourroit avoir ſur
elles; quedans l'effet extérieur, ne ſe —
ſervant actuellement d'aucune commo
dité , d'aucuns goûts ni d'aucuns plai
firs, quoi qu'ils ſe préſentent à nous ,
'- '— ſinon,
Inra-laure , Chap. IlI. 2.4.7
ſinon ſeulement du ſimple néceſſaire,
ſelon le genre de vie Où l'on eſt , quit
tant tout le ſuperflu , conformément
aus avis d'un directeur éclairé.
Dieu nous aide auſſi de ſa part en
cette abnégation par la rivation &la
ſouſtraction qu’il nous ait de ſembla
bles choſes , comme , de la ſanté , nous
viſitant par des maladies; des commo
dités, nous laiſſant arriver des pertes ;_
des plaiſirs , nous chargeant de travaus
8( de peines; 8c dela vie , en nous en
voiant la mort; 8c ainſi de toutes les!
autres viciffitudes des choſes humaines ,
qu'il nous fait éprouver par une provi
denceôc une charité ſmguliére, diſ 0
ſant tellement 8c ſi ſouvent de ces clio
ſes péiiſſables' 8c caduques à l'avance
ment de nôtre ame 6c de nôtre lalut,
qu’à peine ſe paſſe—t-il un jour auquel
ce charitable Seigneur n’uſe envers nous
de ces deux traits ſignalés de ſon a
mour, ſoit de nous priver de pluſieurs
objets agréables ou commodes pour
nous donner ſujet d'exercer intérieure
ment cette Sainte .Âlz/zcgation , ſoit de
nous en laiſſer beaucoup plus qu’il ne
nous cn ôte, pour condeſcendre ainſi
à nôtre fragilité. En quoi il agit com
me un ſage Mcdecin qui connoiſſant
bien la foibleſſe de ſon malade , 8c la
force de ſa maladie, en même temps
L 4 que
148 De VJing-ation a
que d'une part il met en ufägeunre»
méde violent 8c âpre contre la force
du mal, il le tempere auffi de Pautre.
par un lenitiſ modéré pour adoucir ſon.,
acrimonie , 8c de peur, däccabler les
forces de ſon malade…
Decettc premiére ſorte d'abnéga~
tion s’enſuiv_ent, trois effets principaux.
dans nos ames.
1. Le premier eſt , une totale Îdéñ.
pendence de la Providence 8c deja
Bonté divine dans tout ce qu’elle nous.
rélarlgit ou qu’elle nous ôte des choſes_
créces.
2.. Le ſecond eſt , une conformité
ínnguliére à la volonté de Dieu. en ne
voulant de tout ce qui eſt créé que ce.
qu’il nous octroye, en ne le recevant
que pource qu’il le veut , en n'en uſant.
que
TOUSconformément â ſapar
rejouïflctant d’écre volonté , 8( en
Iaviciffltude.
des choſes dépoüillés continuellement
de nos affections par cette Bouté pa
ternelle. ~
z. Le troiſième effet eſt , un accroiſñ.
ſement d’amour divin , les empêche
mens qui étoient entre Dieu 8c l'ame.
en étant alors ôtés
Cette abnégatîon 8: ſes effets ſont.
ſuivis de beaucoup de graces de Dieu ,
comme de pluſieurs Iumiéresôt de plu-ñ
ſieurs _affectionsdivines , 8c d'autres,
dons
Interieure , Chap. III. 249
dons ſenſibles de devotion St de piété s
que l’on ne doit pas néanmoins ni deſi
rer , ni ſe procurer , 8c encore moins les
poſer , comme pluſieurs ſont , pour but
de nôtre abnégation ; puis que nous ne
devons la pratiquerrpar autre raiſon que
pour ce que nous ommes indignes de
poſſéder la moindre choſe que ce ſoit ,
8c que Dieu veut que nous nous reſi
gnionsa lui de la ſorte.

CHAPITRE IV.
De [nfl-conde _ſorte d'Abnégation , qui
regarde: [cr choſè: utile: à la vie/piri
tuellc , U de deux de ſé: degrés'.
A résquePame s’eſt ainſi défaite de
llaffection des choſes extérieures
&indifférentes, elle reçoit une abon
dance de conſolatíons 8c de graces ſen
fiblesôc intérieures que Dieu ſait cou
ler dans elle comme un doux lait pour
la nourrir en ſon enfance, 8c comme
une tendre roſée pour engraiſlèr la ter
re ſtérile de ſon cœur.
' Mais parce que l'Amour propre ſi:
cache 8c ſe méle inſailliblement ſous
ces graces divines 8c ſous ces douceurs
intérieures, l’ame doit les faire paſſer
par Fécamine de P-Âbntſqatian d'une ſe'
conde eſpece, proportionnée à ce ſe
L g coud
150, De lbibnegation
cond état. Nous la diviſerons en deux a
dégrés ſelon qu'il y a deux ſortes de
conſolations 6c de graces de ſentimens
intérieurs qu’on remarque aiſément
dans les deux parties de l'ame.
Car dans la partieinférieure de l’a
me il y a des graces ſenſibles- 8c qu'on
peut appeller groſſi-étes, comme ſont ,
la- tendreſſe, la ſerveur, les larmes ,
la douceur , 8c la facilité à opérer: 8c
dansla ſupérieure, qui eſt plus élevée
8c plus ſpirituelle, l’on y a des lumié
res , des deſirs , 8c des affections ar
dentes pour 'la véritable vertu.
I. Annex.: PREMIER
Prevnízr dígrcîcle la _ſëcandeſbrte d'une'- —
gation , qui regarde le: graces de la
_partie inférieure de l’ame : Quatre :le
_(2-1 pratiquer.
comme il arrive dans les maladies
corporelles que ce qui les entretient
le plus eſt Popinion qu'on a de n'être
point malade, ce qui fait qu'on négli
ge les remèdes propres à la guériſon de
ion mal; de méme dans les indiſpofi
tions de l'eſprit , ce ui les entretient le
plus . eſt une perſuaſion cachée 8c inté
rieure qu'ont la plus part des ames de .
n'être pas indiſpoſées; mais d'étre
ſi bien
ſai
Interieure, Chap. IV. :gr
ſaines 8c bien entiéres dans Pexercice
de leurs facultés 8c de leurs fonctions
ſpirituelles.
C'eſt pourquoi le plus néceſſaire avis
qu'on puiſſe donner ici, eſt , que l'a
me ſe donne bien de garde de cette
dangereuſe perſuaſion, tant en géné
ral, à l'égard de toutes choſes; qu'en
particulier , dans le fait des conſola
tions 8c des graces de ſentimens inté
rieurs. Elle doit oppoſer a cette per
ſuaſion domageable une autre erſua
ſion toute contraire, qui eſt, ecrOi-.
re , que quand elle reçoit 8c reſſent ces
ſortes de graces, elle ne les reçoit pas
avec la ureté , avec Findiffereuce,
ni avec e dégagement requis, 8c ſans
que la nature s’y méle , quoi qu’elle ne .
Paperçoive pas diſtinctement.
L’ame étant munie de cette croiance .
humble 8c ſolide, mettra en uſage à
l'égard des dons de queſtion l~abnéga-.
tion dont il s'agit, en ne faiſant point
de Fonds ſur de ſemblables choſes com
me étant trés-baſſes, Foibles 8C puéri
les , qu’elle ne doit nullement eſtimer,
puis qu'elles ne viennent ni d’une ha
itude acquiſe, ni de Pinſuſion d'une
grace particulière 8c ſolide , comme
elle pourroit le croire; mais ſeulement
d’une certain appas 8c d'une certaine ,
douceur intérieure , qui eſt un Objet
L 6 fort
2.; 2. De l'Abnegation
propre:
fort accomodableî
Car l'amouraupropre
goûtnedeſel'amour
nour

riſſant que de propre plaiſir 8( de pro


pre contentement , il a appris par une ~
gloutonnie ſpirituelle” 8c' par un abus
déplorable des choſes ſaintes , à les '
changer en la matière de ſes propres ~
plaiſirs &de ſes délices, 8c à les ac- ñ
commoder-à ſon goût 8c à ſon ſenti
ment.
Pour mieux éviter-ce mal auſſi dan- -
gereuX que caché, 8c qui eſt la ſource —
d'une infinité de complaiſances que l’0n -
prend en ſoi méme, de preſomptions,
d'illuſions mémes 8c de déceptions dia-r
boliqucs , l'ame obſervera les quatre
pratiques ſuivantes.
:-La premiére eſt, de ſe= croire 8c
de ſe reconnoitre pour trés indigne de ~
ces ſortes de graces ; d'avoir une en- -
tiére indifférence à les poſſéder ou non ;
8c de ne vouloir 8c ne ſouhaiter que la"
pure vertu—& une perfection toute nue. —
Voila \trois points qui doivent ſervir
à l'ame à sabaiſièr intérieurement de- ~
vant Dieuau deſſous de toutes choſes,
8c nomément de ces graces de ſenti- '
mens ſi toſt qu'on -les reçoit.
2.. La ſeconde pratique que l’ame
doit Obſerver pour empêcher que l'a-
mam' rez/are n’abuſe des graces ſenſi
bles e Dieu, eſt, que lesrecevantôc
les
Inſitcrieure, Chap, IV. ;ſ5
les regardant avec une grande ſoûmiſ
fion de cœur, elle les renvoieà Dieu,
de qui elles procèdent ; 8c que ſans
laillèr re Oſer ſon eſprit ſur ces dons
là, elle 'occupe plûtôt à s'établir &~
à croître dans des vertus ſolides par de '
bons 8c de vertueus actes tant intérieu
rement qu'à Pextérieur. De cette ſorte'
l’ame ne ſe ſervira de ces graces-là que ‘
pourla fin pour quoi Dieu les envoye,
8C non P our .ſon . intéret 8c ſon conten
tement particulier.
z. La troifiéme pratique ſera de Fai'
reque par l'abaiſſement de ſoi, &par '
ce-renvoi des racesdont- on vient de ^
arler , l'on vite de ſe répandre au
rge dans l'a litude de ces conſola-'ñ
tions—& de ces» erveursr qu'on ſe' gar-~
de des actions indiſcrétes ', des-deſ
ſeins hardis 8c des promeſſes précipi
tées de choſes extraordinaires, qui le
gôut &- la ferveur: ceſſant, ſemblent
trés-difficiles ou même impoſſibles à
exécuter. Cela guarantira l'ame de cer
tains excés; aus uels comme enyvrée
de ces douceurs ?pirituelles elle ſe laiſ
ſeroit tranſporter deméſurément.
4. La quatrième ratiquc de ce re
mier dégré eſt, de e reſigner hum le
mentôc franchement à la privation de
telles conſolarions , d'accepter de bon
gré les anxiétés 8c les afflictions de cœur
— L 7 CD
z 5 4' " De l 'Abrogation
en échange des conſolations précéden
tes, de déſirer méme cette privation
avec plus d'ardeur 8c de courage que
les douceurs, 8c de travailler toujours
avec plus de ſoin à ſon acquiſition par
le principe d'un amour veritable pour
la ſolide vertu 8c pour la gloire de
Dieu ; 8c non pour nous contenter nous
mémes dans ce méme deſir.
Ces quatre prati ues interieures étant
fidèlement obſerv es, ſeront (1) que
l’ame recevra indifferemment 8c avec
abnegation ces ſortes de conſolations
ſenſibles, 8c (z) qu’elle en uſera Fru
ctueuſement en les rapportant â s'exer
cer avec fidelité 8c avec ſoin dans la
vertu; qui ſont les deux points prin
cipaux à quoi/l’on doit tendre dans ce
premier degre.

Il. ARTICLE sEcoND.

Second degré de la ſeconde ſorte düzbno


garion , qui regards Icrgrduex de 1aPar
tio ſuperieure de l'ame. Doux Etat: de
ce degré ; 14 maniere d: 1'] comporter,
, Iafauſſè F la 'vraie Qziétude.
'ame doit avoir plus de ſoin de
guarantirles ſentimens &les con
iolations de ſa partie ſu érieure de tou
tes ſortes de propriéterôc dimpure.
tés,
Irtrerieurc, Chap. IV. ;ſ5
tés, que ceux de ſa partie inférieure ,
puis’que ne le faiſant pas, elle ſeroit
privee d’un Fruit d'autant lus conſidé
rable que ces graces-là ont plus u
res , plus efficaces , 8c plus ſu li
mes que les autres.
L'arme ſera donc avertie , qu’encore
que telles lumiéres 8c telles affections
viennent de Dieu , 8c qu'elles produi
ſent de tréS—bons effets dans clle , néan
moins fi elle n’eſt munie d'une trés
grande diſcrétion ou d'une grande pu
reté d'eſprit , à peine pourra—t'elle s’a
percevoir 8c ſe préſerver d'un double
defaut , qui accompagne ordinairement
cet état.
C'eſt en premier lieu , (Yembraſler
avidement ces lumières 8c ces affections
avec une certaine ſatisfaction propre
8c avec une complaiſance ſécrete de
l'ame en elles. Et en ſecond lieu, de
les étendre 8c les am lifier par desrai—
ſonnemens 8c des ,di cours, 8c méme
de les exciter 8c les réveiller parles ef.
forts de ſes puiſſances 8c de ſon aſ
fection naturelle : Enſuite de uoi il
lui ſemble , mais à faux , que ces umié
res 8c ces graces affectives ſe ſoient
beaucoup augmentées 8c bien dilatées
dansſon intérieur.
Mais bien loin que cet effet vienne
de Dieu , ce ne ſont autre choſe que
Pu
2. 56 De Pdílmçgarian'
pures reflexions d'eſprit qui viennent
de l'amour propre 8c d’une vaine af
fection n'on a our de telles graces. Et
celaau ieu de es augmenter, comme
l'ame ſe Pimagine , ſait tellement ceſſer
l'influence divine , à qui ces choſes ne
ſont qu'à obſtacle, qu'il ne reſte plus
(Slëmds Yíame ue des pfforlts de ſa natufie
e araion: de uescomme e e
fait fort grand cas, ?y repoſe méme
8c s'y appuie avec aſſurance comme ſur
des effets fin uliers de Dieu , ce n'eſt
pas de mervei le s'il en vient un éblouïſ
ſement 8c un aveuglement intérieur,
l’orgueil , la Fauſſe préſomption d’une
rare vertu , 8c une ouvertureà pluſieurs
grandes illuſions.
Pour ne pas manquer ici à ſon de
voir, 8c pour ne pas tomber dans ce
péril, il faut remarquer deux états diſ
férens où ſe trouvent les ames.
(r) Le premier eſt , lors qu'elles
ſont encore novices dans les voyes de
Dieu 8c qu'elles ne ſont que commen
cerâ étre attirées denſhaqt, ou bien ,
lors ue esa1* lumiéres
tremqent leurs indi8l) Oitionsou au
les affections
qu’elle-s reçoivent ſont ſoibles 8c debi
les, 8c qu elles laiſſent à ces ames une
plcineliberté d'uſer de leurs Fonctions
naturelles.
(z) Le ſecond état eſt, lors que ces
ames
Inter-laure, Chap. IV. x57*
ames ſont plus avancées dans Pacquiſi
ti_On des vraies vertus. & qu'elles re oi
vent ces lumiéres 8c ces affections ivi
nesen telle abondance, 8( en ſont ſai
ſies ſ1 intimement 8c ſi efficacement,
l qu'elles
ni d’u&r n’ayent
de leursplus ~la liberté
puiſſances d'opérer +.
interieures.
1. Dans le premier-de ces étatsune~
ame nedoit point Faire de difficulté de ~
coopérer avec telles lnmiéres 8c aſ
fections par étenduede diſcours dans -
ſon entendement , 8c par dilatation
de bons mouvemens dans ſa volonté;
8: cela pour ſe uarantir d'une certai- -
ne..oiſiveté pare euſe 8c d’une certai
ne. guiezzzde 8c inurilité d'eſprit qui en r
- ce lieu eſt une fineruſe &un piège ſub
tilôcdan ereux de Pennemi , lequel-ë
voudroit ien Faire que l'ame ſe repo
ſaſt 8c ſe ſondaſt en ſoiméme, 8( non -
;das en Dieu , comme ellele penſeroit;
&qu’elle fiſt place non à- ces lumiéres >
nià Dieu , comme elle croiroit, mais —
à_ ſa nature.. 8c à ſes aiſes z 8c- enfin,
qu'en ce temps-de moiſſon, elle ſe pri
vaſt du Fruit de la vertu qu'elle devroit ~
recueillir tandis qu’elle y eſt le plus diſ
poſée par ces lumiéres &par cesaf
ſections du ciel.
2.. Mais quand une ame eſt' Actu”.
[EMENT dans le ſecond état , elle doit '
alors ſe priver humblement de l'uſage :
&de;
2.5 8 . De I 'Abſinegzttíon

&de l'effort naturel de ſes puiſſances.


En agir autrement ne viendroit que d’u
ne o inion préſomptueuſe de ſes pro~
pres orces, comme ſi l'on préſumoit ta
citement d’accroitre& méme de rece
voir ces races-là non de Dieu ſeul,mais
auffi de oiméme, 8c d'une volonté ſu
perbe 8c déreglée, qui affecteroit des
dons ou une méſure de dons que Dieu
lui auroit- refuſée , 8( qu’il n’eſt pas per
mis de déſirer ; uis qu’ils ne ſont point
néceſſaires au ſa ut; mais que l'on doit ’
ſeulement les recevoirlors que Dieu les—
envoie.
L’ame donc (r) ſe privera ici de cet
uſagenaturel de ſes uiſſances; au lieu
de quoi, (z) elle S' umiliera Sc s'avi~
lira enla préſence de Dieu comme une
choſe de néant. (z) Elle fournira une
volonté ſimple de ne pas chercher ici
ſon intéret ni ſon propre contentement ,
8c ſe tiendra pour trés-indigne de ces
graces-là , comme étant une créature i
trés abjecte 8c trés-éloignée de Dieu. ñ
(4) Elle ne les recevra que pour con
tenter la volonté divine , avec une
grande reconnoiſiànce de ſa Bonté,
qui daigne de S’abaiſl'er ar ſes divines
Ènfluxilpnsâ ufne choſes aſſex .(5) En
n, e e les era retourner a Dieu 8c
les lui offi-ira comme des choſes qui
ſont toutesà lui , 8c qui dépendent en
trérement de lui ſeul. Or
Inra-ieu” , Chap. IV. 2.59'
Orje dis ceci d'une ame qui eſt dans
cet état oflucllement; terme remarqua
ble, pour faire entendre que hors de
Pafío de ces divines influences , &lors
que leur opération eſt paſſée, 8c que
la liberté d'agir eſt rendue à l’ame , elle
doit re rendre l'uſage 8c l'exercice de
ſes ſorñäions intérieures, qui à cet é
ard ſont comme l'ombre a l'égard de '
alumiére du ſoleil. Car commelbm
bre diminue à méſure que la-lurniére
croit, 8c qu'au contraire elle s'accroît
à méſure que le Soleil ſe retire 8c ſe ca-'
che de nous; de méme ſelon que Dieu
ſe retire d’une ame par la direction de
ſa providence qui le requiert ainſi , ou
qu'il s'en cache par quelque nuaäe in
ñ terpoſé, elle doit revenir à ſoi re
prendre ſes Opérations comme aupara
vant: 8c âmeſure que Dieu säqppro
che d'elle 8c qu'il en prend po el ion
par ſes divines influxions , à meſure
doit elle ſortir de ſoi , 8c ſaire céder
lus ou moins ſon travail à celui de
ieu , ſelon que celuici eſt plus ou
moins opérant 8c efficace.
Il eſt
ſi bien vrai pourtant
conforme , que ſi l'amee[’c
àla diſpoſition 8c à la
perfection ſuppoſée dans le ſeconddé?
gré de la ſeconde ſorte Œabnégarion,
il arrive , que tout ainſrque dans le e
premier degré nous avons exclus le con
COUIS -
ſizóo Ds 1'Abncgaríän
cours 8c l'intervention des puiſſances
inférieures à recevoir 8c à uſer des con-i
ſolations ſenſibles , n'y ayant admis que
les opérations de la artie ſupérieure 8c
raiſonnable; de m me auſſi dans ce ſe
cond de ré, 8c particulièrement dans
le ſecon état de ce dégré, il faut ex
clure les mémes puiſſances ſupérieures
8c raiſonnables de la reception 8c de
l'uſage des influxions divines, 8c n'
donner place à aucune activité quä
celle qui procède non du cœur, ni de
Pentendement , mais de la artie ſu
préme8cla plus intime de l’e prit, que
quelques uns appellent Iafainte de l'ame'
ou la pointe de l'eſprit , autrement apn:
mentir, laquelle par des actes trés-uni
formes 8c trés-ſimples refiue 8c rend à
Dieu \ès divines graces, &les emploie
à en fonder des vertus ſolides d'une ma
niére trés ſecréte, trés-ſ irituelle, 8c
trés-efficace, tandisque es autres fon
ctions , tant les ſupérieures que les in
férieures , demeurent aſſoupies 8c dé
nuées de leurs opérations.
j'ajoute à cela, que ſelon quela diſ
poſition intérieure de l’ame , auſſi bien
que ?affluence des benedictions divi
nes s'augmentent , elle doit quelques
fois ſe dénuer de l'activité de cette par
tie ſupréme , 8c ne pas permettre qu'el
le ait d'autre exercice que l'acte paſſif
de
Interieur” ,- Chap. IV. 2.6 r
de recevoir avec ſoùmiflîon , indiffé
rence , 8c paſſivité d'eſ rit Pinſuſion
de Dieu , ſans qu’elle y léve méme la
pointe de ſon activité pour y toucher
8c la comprendre ſi legerement 8c ſi vi
te que ce puiſſe étre: 'car ainſi elle la
détruiroit , 8c 'tomberoit en méme
temps dans les defauts 'condamnés ci
'devant , de pro rieté 8C &affection
propre envers telles aces , comme
auſh dans les peines d aveuglement in
térieur 8c des autres qui en viennent.
Ceci 'ſe comprendra lus aiſément
par l'exemple d’une per Onne expoſée
au Soleil, qui levantſes yeux vers lui,
re oit bien
éblloüie ſa lumiére;
8c aveuglée mais
, de elleen
ſorte eſt
qu’elle
"ne peut plus voir ni le Soleil méme, ni
les autres objets poſés devant ſes yeux.
C’eſt ce qui arrive ſpirituellement 8c
intérieurement â celui qui crutateur
étre ftrutaror majrſfflaflſi!, our vouloir
de
la majeſté divine , 8c pour vouloir pé
nétrer de ſoiméme ar ſa preſom tion
8c par-ſon propre 'ſir les lumi res&
'les motions divines , apprímitur dîgloria ,
'ſelon la ſentence du Sage , eſt opprimé
par la gloire , éblouï 8c étourdi qu’il en
eſt dans ſa conduite extérieure 8c inté
rieure. Au lieu qu’au contraire, com
me celui qui baiſſe les yeux à lalumié
re du Soleil la reçoit de telle ſortelque
Om
2.6 z. De I'd/Filing” tian
lOin.que ſavûe en ſoit eblouïe.. elleen
eſt 8c réjouïe 8c diſpoſée à ſe bien con
duire 8c à diſcerner la diverſité des
objets ni lui ſont au devant; ainſi ce
lui ui iumilie &abaiſſe ſon eſprit auF
ſi-tot que le Soleil d’enhaut rayonne
dans lui , en reçoit une grande lumiére
de diſcernement intérieur, quilui ſert
auffi à ſe conduire excérieurement avec
beaucoup de circonſpection , 8c à ſe
garder des piéges de Satan 6c' de l'amour
propre.
Tous lespoints ue l’0n vient-de
"toucher _en ce ſecon dégré de la ſe
conde eſpéce. &abnégation , ſont des
choſes que l’ame doit bien péſer: car
le diſcernement en eſt difficile, 8c le
péril bien éminent de tomber en quel
qu'une des extrémités que l'on y a mar
quées.
C’eſt pourquoi , elle prendra ſerieu
ſement ces choſes à cœur , implore
ra humblement la grace de Dieu , ſe
diſpoſera à en recevoir à Pintérieur
les avertiſſemens neceſſaires ſur ſon
devoir, &ſur tout , elle prendra l’ —
vis de quelque perſonne d'expérien
ce , qui ſe donnera arde d'un côté
que cette ame ne re :ſie avec Opinia
'treté à l'invitation amoureuſe que Dieu
,lui fait de monter plus haut , comme
1l arrive aus ames qui ſont fondées îians
eurs
Interieur? ,‘ Chap. IV. 2.63
leurs propriétés , 8c qui s'aſſure” 8c
s’appuyent ſur elles memes, ſur leurs
actes, &ſur leurs vertus; d'autre cô
te' auſſi , qu’elle ſe conformé à Pavis
que jeſus Chriſt donne dans la parabo
le des invités aux nopces , de ne pas
s’élever dans un lieu plus haut que ne
mérite ſa condition avant que Dieu Py
invite &P appelle, commcilarriveà
.pluſieurs e faire.
i. Et tels ſont en premier lieu, ceux
qui ſe veulent élever par deſſus leurs
opérations avant que Dieu les attire
ſuffiſamment. z. Secondement, ceux
qui veulent méme ſe priver de cette
activité de la partie ſilpréme avant que
leurs diſpoſitions 8c Pefficace de la gra
ce ?exigent d'eux. z. Et en troiſième
lieu , ceux qui veulent ſe perpétuer
dans l'un ou dans Pautre de ces degrés
ſans revenir à eux mêmes aprés que l'iri
fluencedivine a ceſſé.
Sur uoi il faut bien remarquer, qu’il
…ne ſu tpas d'étre monté à ces degrés
par la grace de Dieu &non de ſoimé
me; mais qu’il ſaut auſſi aprés que
Dieu y a élevé une ame, qu’elle ne S'Y
tienne 8c n’y perſévére point de ſoi'.
.Elle doit plûtôt retourner pour l'ordi
naireàſuſage de ſes ſonétionsincontí
nent que la liberté lui en eſt rendue , 8c
puis
. S , en depouiller
z de nouveau ſi toc
que
,L64 -Ds l'dſiîbncg-ztiarz
que Dieu revient avec de nouvelles in
tractions. Et c'eſt ainſi que ſe conſerve
-la viede lîeſprit, l’ame fiuant 8c refluant
:perpétuellement en'Dieu par ſes opé
«rationsôc actions, 8c Dieu dans l’ame
par ſes infuſions , juſqtfià ce u'il lui
-plaiſe de diſpoſer l'ame à' une te le per
fection de vertu 8c d'élévation intérieu
re, qu’il en aitpris une poſſeſſion en
tiére 8c perpetuelle , ſans aucune inter
miſſion, 8c ſans lui rendre jamais plus
~la Faculté d'agir par elle méme , qui eſt
«le ſigne par lequel elle eut conjecturer
zce que Dieu deſire d’el e en ce point.
Mais parce que cette-grace eſt trés
ñrare 8c trés-ſinguliere , qu'elle ne ſe
donne qu'après de trésñgrandes ha
-bitudes de vertus , 8c que ce ſeroit
un abus trés-dangereux que de ré
ſumer à ſauxde l'avoir , il me em
bletoit bon , 'que l'ame obſervaſt ſur
ceci exactement deux choſes ,- Pune ,
cle ſe tenir longtemps 8c tant qu’elle
pourroit dans la mortiſication des pall
.iions 8c dans l'exercice des vertus; 8c
l'autre , que jamais elle ne préſumaſt
.de ſe comporter comme ſi elle avoit
acquis cette rare grace ſinon aprés qu'un
directeur trés-experimenté ui en an
roit donné conſeil.

CHA
Inftríchfï ÏŸX 1.6i:
4') 'TI '-~-'\ av' r "r ſ " ï' '
~

î ;CHAPITRE V.
Iflïtmſictrſe J1EE?? 'Zèfttſſàÿïactírſſz qu?
.1- regarde' 'rdrèfſi :ſèmhlçritleÿjalùrf
; . decay-grd ‘iî -12zîëze— 'fflrïtíreilpÿgïfiíng'
l E ebbſèiïzi zazëfidaë-"ærÿëazd-E-Ëù lſeÿïuſ; "grd-za
‘ ñ' *trëlgtce Dieu' enſſſôtctrſſſlfdiïſiſffiaïifflf/ſíe _-'
!ñnentñ que” ctqgrf: de Îcerreſiïſfffcèf
düëâſxeſgatioſtr. 4 . __ l b) ~'
, ñ-out-ceqiii-a-été déduit' au 'elia
3 ſi pizre-précedèſm',ſtendóit-âïdéuxſ
fins: Lädprenviqffeœ à de' 'que l’ame' re-ë
çuſt les conſolationrs 8k' les ſentimens dir-r'
vins dela partie &inférieure &j ſupé
rieure avec iii-eté, 8E qu'elle ne vinſtr”
â détruire ans ellepaP-les ſubtils ar
tifices de l’e-Amour prqarë>la>grace² ‘ -
Dieu' voulait y planteryïLÎa-ſeſcon .,,
afin que ärlesTaiÎtifiees-dii même EMM'
Fra/are e eŸne-lfuſt-_ptivêe îdiïfrùltllëſſf
vertu qu’elle devoit alors recœüiillffiî
8c pour quoi Dieu lui envoioſt 'tantde
conſolations 8c *ilfflnousſiſaut
de graces ſenſibles." ,
… Maintenant traitèrdeiai
troiſième eſpèce dPabnéga-iióir, îpäïiïla-z
quelle l’ame eſt a pauvrie 8c dénuée des'
àchoſes 'pavo' (leïlaÿie
lœítabclllîſement nt'les plus
denécéſſaires
l'eſprit 8c
our l'acquiſition
ljations divines ontdeſquelles
eu beſoin-lesdes
conib
cor

M rectiſs
215,6; .Be I'Udärcgdréoæz- 'il
rectiſs que l'on a vùs dans_ le chapitre
qui précédé'. Vous diriez qu'en tout
cecy Dieu ne fait 'que planter dans nôtre
ame (comme ,on l'a.,ditt déÇJe com:
näïençenient …L ,)] ſ Br,1 .ppisſ
rñäw 'ce ëqluîilça- diéraciner _lui
?Fév »Patlë-..raiſon
*Ÿïïèſi 4H57? .ïÎPſirq/zïg, _tantzcachéau plus
prolÿndſſgzlènqſitrezame…) 'ring-fait qu'in
ſectèr
inet'.&empoiſonner
ſi ' tout. _ce que Dieu
_
y Or pour entendre ſaínement la do
ctrine de czctcaeſËéce-.cfabnógarion ;zz
d°>PFi,-Va,t,i0nde.la.vertnzmémc, Lil_ faut
remarquer qufil-.ys é. cinqï choſesà 'conſi-ñ*
clererçiausñlavettuëzz u =:..:— . ~ r ', J
_LL .La premiére-eſt, l'habitude de la
vertu ,laquelle habitude eſt ou infuſe
de Dieu- même, immédiatement , ou
acquiſezpar-zlqtravail.de-l'aimez a a V
ſi _2_._. 'ſiſeççndeeſtñ H45? cde. .la vertu ,x
ÏÊHHÊÎ &ÏŸQRËÆTËÆMÜBÊSÏHË l'a-nef, ou
zſpùgearñgdanszungeffet.produit au de
rs” ï = '
Ï_ La troiſième eſt. une reflexion de
l'ame-ſur l'acte intérieur de la vertu;
PaviaiPeE-.ſsíe qu'on, W - &- Par leiu
nement ,ou le_- diſcernement qwon en
\;'.t.-.;_,Ï 5 q_ r' . _, . ~ ï -1
1 _.4. 'rlzazquarriémtxeſtz ,un granddeflr
US: ſouhait dela vertu. .
_ r. Et la-cinquiéme , leſènrimnt actuel
qu'on” av., _l ë; qui procédé .on de l'ha—.
JK 4. a bi'
, Interieur-e. Chap; V. 2.67,
I bitude, .ñoixdîune infuſion divine, ou
de la diligenceôcdeſaction deſame. —_
De ces cinq choſes Dieu -laiſſe perpe- z
tuellement dans l'ame les habitude: que …
ſa grace divine 8e le travail de cette
ame y ont plantées , 8c auffi lesfaäe: ou
effet: exîfſſrlâüï! de la vertu. Il n'y a rien
iprive l'ame8cdeune
ſailnégligence cesfauſiè
deux liberté».
choſesque qui
d'ordinaire ſe gliſſe dans elle en cet état
ſtelle n'y prend bien garde. .Dieu ſou
ſtrait . ſeulement ., x ſelon la .diſpoſition
del’ame ,
(i) Tantôt: le finirait de ñla-veçtu !
pour redreflërPexcés quïil y_a: — —_ .ï Tl_
(z.) Tantôt le ſêntimnz de la méme.
'elſiſllî 'i' ":311 ,_'l,_ …"_,.- f,

_ (z); Puis la ,rc/Hacienda -Pàmeſur ſou


afleintétieurs_ a ,î. :;’I. : d. ..
. (4)> Etienfin--ce-méxue- . .zíntërívuvî
de la vertu : - non-que Dieu ñveüilletder;
ſtituer l'ame de-ſes ,vertus ;mais il veut
Pélevenàz une maniére de les opérer;
&- de les exercer quiſoit plus ſimples:
plus parfaite qu'auparavant ,> ë: qui
ne conſiſte paszeænzqnantité d'actes .GG
affections interqes- done :chacun: ſoie
- propreëcaffectéíàurzhaqueevertu parti- ’
euiiere — -,—' mais” plutôt ' en ?un ſimple 6è
ſeul acte \Tefillſion de l'Amour de Dieu.
[Ces quatre ſortes de ſouſtraction;
que Dieu fait dans l’ame , conſtituent
‘ 1 ' .M 2. qua
2.68' -Dc l'iÂbi-zcgarîoh
nacre degrés différens de cette troi
iéme eſpéce d’abnégation , de chacun
deſquels on va traiter ſéparément en
quatre-articles.]
I. ÀRTÎCl-'I PRENlER.

Premier degre' de Ia .traij/iímeſbrre dub-e'


gation , qui &fl pour bannir l'amour
propre du deſir Je la verra oû il f:
- cache: quatre Pratiquer pour cet effet.
_Application à FMI! m: particulierr.

Le ſiijet clecepremier degré, eſt, un


_certain excés qui ſe trouve dans les
déſirs que l’ame a pour les choſes ſaintes
ê: vertueuſes, comme par exemple,
pour Poraiſon. ſoit parce qu'elle y gai
gne une facilité de s'unir-ä Dieu , ſoit
parce qu’elle S’y' voit dans l'état d’une_
vietran ailles: contemplative où elle
ſe ſent p usianiméeôc plus enfiamée en '
l'amour de Dieu qu'auparavant.
T l'excès de ces ſortes de déſirs ſe ca
che ordinairement ſous le voile du zéle
ou dela ſerveur ., juſqu'à ce qu’il ſe dé
couvre & ſeſaſſe Voir pour ce qu’il eſt :
&ceci arrive lors que l’ame ne peut 0b
ïenir ce qu’elle déſire , ſoit à cauſe de
quelques empechemens humains , com
me lors que l'obéiſſance 8c la charité
la retirent de Foraiſon pour ?occuper
~ à une
Intcríeurc , Chap; V. 269
â une œuvre de rande diſtraction,
mais cependant pro table au prochain;
ou bien lors qu'on la contraint de
changer de maniére de vie, lui faiſant
quiter les douceurs de la conrem lative
pour l’occuper au travail de "active
nonobſtant la- repugnance qu'elle y a’:
ſoit lorſque Dieu_ méme fait naitre des
obſtacles â l'accompliſſement de ſes de
ſirs, ou qu’il ne lui' otroye pas ſi tôt
u’elle voudroic la vertu 8c la per
?ection u’elle ſouhaitta_ Ceſt? alors
ue ſed couvre qu’il y a de Pexti-emité
de Pexcés dans -ſesdeſirs par uncer
tain déplaiſiroù elle eſt deces empéï.
chemens-là , 8c par une inquiétude
qu’elle
Or ceendéplaifir
reſſent dans
8c ſon
cetteinquiétude
intérieur.
bien loin de venir de Dieu , duquel
l'Eſprit eſt tranquille 8c doux , ne pro»
cédent ue de l'amour puy”, ui at-l
tache telement l’ame à 'ce-qu'elle de
ſire ,ñ qu’on diroit .qu’elle veut en quel#
que ſorte donnerïici la loià Dieu, 8d_
contrarier à la ſainte diſpoſition -qu"rlí
fait de ſes créatures, parce u’elle ne?
voudrait pas perdre" ce qu’el y. pré
tend de propre intéret. ó _ _ ñ_
z L'exçés qu'il yaxlansces #deſirs dei
choſes ſaintes , ſedoit reformer (pari
l'obſervation des' quatre préceptes ui-“ï
, . _ . 'fl
vans. 2…_ . z. i - ñ. z- z
M z l. Ua
x3170 D; Iflyíbncgnían'
, i. Dame recevra ces déſirs (en tant
;que bons comme des dons venans pu
-xementz e ,Dieu 9 ,ſans chercher de s'y
eomplaire ni de s'y ſatisſaire ſoiméme.
a.. Elle emploiera route ſa diligence
,àles-,inettre àzeffèt,, ſans négli er au
gqins des moiens propresà ñ-la.; ire at
-Jeindre à la_ zvertu —ou.à ,la perfection
.dont elleale, deſir., banniiſant _ainſi de
zſoi toute ſŒte-;Sleiæiédeurôc- de Dégui
genceîqui ſe voilent-quelquesfois du
prétexte de lïabnégatçion. ' ñ r . - —
_-_ 43,… uand apréscela il y ſurvientde
.Pempéc ement âſeë déſirs, CllÇTCCOD-_r
noitra &íoroira alors 'que' Dieu n'en
yeut pas l'exécution ; 'Sc parrancilfa u
dra désjorsy zrehonCei-d, St ſereſbuîire
intérieurement à ne vouloir -ni vertu',
ni perfection. ni quoi: ueceſoit , que
ce--que- Dieu voudra, de la manié
ceqiiïil le voudra. ..L »Ed ~ -- _
--',4--.En&n,*.l'a~rlm1ié conſemfira poin:
au déplaiſir &à l'a-peine qu'elle re ſſent
ſur Pinexlécution 'de ſes' delire: T-Fniais
l# 'deſaprouvera 8c la 'rejetteéanſelon ïſon
pouvoir. d; . ~ - . '.
Ces maximes dezprati ue ſontſond
dées' ſur une doctrine aulll remarqua
ble que Hveſritablen. ſqavoirñ, :Veda
Pmrzcnou m; .BLUE Exane-Im ven.
Tu a coNsrsTiz; â "DIÜPENDRiE-iltouï' ‘ à'
FAI] NON DE L'HOMME , MMS DBÊLA)
"T-l .I ï llſ vo
Intviklrç.; 0112p. V. &ez-i
zvoiou p* v: Dnu; &Tn-y Ãayàiïrrſrenîk
(plus raiſsannable- que. daifaiiaçdépendne
toùtbiende celuidom: .il procédez, “Sc
;de- lui 'donner pour régle norxïnos -vo
-lontés, qui ſoutleplus ſouvent crm?
:blées 6c ,aveuglées- par nos ' DIF.;
zmais la. voloméaie-ñ 'Eſprit _ËÔDÎËW
,qui ſeule eſtila. içéritabûd êr-ilïnfaillibfi:
,réglez du .zbiend-r Etide -la Îflsſs diiſuip,
qu ,une ame qui _a zledeſirzdmnæ vaetttvb
:quelle ,néanmoins Dicii'neïlu'rzaccoraſh
-pas, ſi elle, aoquieſee ala ?douté-cli
.vineavec tranquillité ,' liii beau
;coupplus agréable: .qirnne autre ame
.qui avec la ;pqfièffioirdefla même vertu».
, …ſouffrir
,auijoit ;Ïimperfection Jde-ne: póuvoird!
Pabíèîùce ſansinrpiétudeî. U JE*
z ,H- Îpg., fau? .zpas . au xœllïe :s'imaginer
qu'une ame_ ui agiroit ainſi ſuſt pou!
rtant dépbiiil -éedu deſir deïñla-verti) :
:ellenc Ie ſecoit que de ?excès-EO de l???
:lé ;dcàuili
:fende ſonbien Yq' ei' ae:'quiryéroit
amaùsr i quîîvlïyï" aVlŸ-'t
:dïhiiiuain uïlailſſsïrlhayÿnehexffiêſtllff&Véflff
ËÉËÃÊË'"ËÏÏ-æu”&lÈÏgîÎ-ÏŸ718-553,"ÃLJËÏEIËË
— uele vil-ll deſir duvbienîperiſlſſclíê ?la

í
ÊËËŒÎË
i i
*ÆÎÀËLŸYÊEÊËŸÏ-Ÿæf
‘ 'Z
idneſſérizfilï' q zsdxdzzzieursëpur-:Ëlremyer
rdaiisflaforèeêtëdgnsvltoule' «Wait-alb
28E quezmémeiizefid libre-We PÔUÎÔSÊÏÜS
-Lz-'Up M 4 “all”
.374 .Dclfi/Ælbæzzgflbnñ Ã
:craintes íqtvêriènresï cptíil accompagnent
;Ïordiaaírcñÿtoutfædcſir ſr longtemps-qu’il
:zfapoinzla 'duïfſancédîcſon objet… “
L’ame e alors vraiement divine en
lès déſirs, hŒs dïæxtrémicés, hors de
,propxiéçéæ hors depeines, ſe reſignanc
,à-ÛÎCILBVGC un dontentemènt ipdiciblîe
'ès danſe. ide Bincomparàble -échçdnge
,qu’elle fait dè grand cœurïdîïnevçrtù
-cróén à la-.vobntéz Hivinc iñcréée ,“&
Éparceqxfellc ſçait combien Dieu ſe plaît
àzvoric' \me ame qui demeure paiſible
ñ& tranquille dans ſa peine par Ie princi
Ope de lareſignatiOnà-fadivine_ wlonté-z
,à qui fait codtenœædd la privation d'un
*rbíen infiazmment définâ: ..ſparï \la ?kaiïïſhjñ
-qſſellc aime 'ſon Scignënm qüîàd
itune vertzu 8c aucune perfection pâti
ñculiëre. î' _ . ffl - ' ' D
, L’Ameen ſuitedccetteſAbn-égation
a …äíordimircz affiliée ñ-àdeſiieuz.
-BC de ce pur ,Amour !Intérieur xfuxie
&trouve
zdivinez-cdnçiuîec qui-…Êlîaóvccfif èn-fecfct
zoœnhnènc- pour: Obteſlſſihla &remix-Franc
êdefire elle doitfrauafllcn Tabs ce e avec
Jbdaucoupz rpîüsde ſoin, que fi elle Y étoit:
.preſſéezparla crainte &par Pinquiétu-ñ
:de: UÇ: @Aliment until-elle: nedoic point
.Ram-tien ſa: diligence nàdſudîſhn
zœravaib; zpuiſqucxmufcſhïpaä enïfienm
-dÏQl-IKHSÙHIÏÛÏÎS: Par-Jar z vblxàmé 'Sc 1E2 bon
ë-Pïaiſirzde :Dieu ,‘ qzflelle-;ñazäccinndà œ
'=’²' ‘1'> z. :/1 qu’el
Interieur” Chap. V. 2,73_
'ellea ſouhaité. Elle a… reridencqf
Ïici ;ſii eſpérer avec: une cdllzfiaiice filia"
Ie ,' que Dieu qui lui à donné lebon def'
ſir , ui deſirée
ſection donneraauauſſi
tempsl'a 8è
vertu &la
'cten la per-g
maniéſi
re\qu'il lui plaira. Ce qui ſajporce â ſe
_re igner ſi parfaitement entreſeéq mains '
, ue perdantentiéreinentſeç ſouhaits ſ
es volontés dans lui ;elle ſe contente de
tout \axis plus Y penſerÿ: travaillant ï
Ia vertu comme hors de ſhimjérne, aprés
en avoir laiſſé Ie foin, 82 toute _la dia
— rectionau ,Seigneur aveçuiie tranguiliÿ
_tévrayement divine'. j Ï j. ſſñſſ
_ De peur que cette doctrineîne _,
plication
roiſſe trop'particulière'
vague, j’enà .rroisſortes
vay faire' -aſ g
l _deſir-s où il_ ſemblerait _bien difficiïedb
_laobſerver
ratiquei-,ſ
ſans 'aiînſquîjn
exception en
par-ſtood
aprenneairſ

, :Ours-y ‘ . i_ f.. _Ï
_j_ 1,. .Leprçizijíer des deſîrstlonï íexvéuk
;patrick ſ eſt ëelui delafflqäçfljireſ_ éternelle]
-_çdoit
éqUeïÊïéfiEÎ-Ërors H9. .Êhiëdäflë-;Êî
[être purifié de. a ihaniîéretjue no a;
avons dite; l'âme' &idle "alors çiziin' r
_ _aucoil .plusjææz !Doté div) Uqäi
_- dſzlaiÿcirieplùrjpas l ,ner en” :dette
__ .oué, _qusíka même IQÏË: Bègue
. .ieri ñiémeäxpläiroïczäîvwïë
Îàägaÿsfihî AÏJÏŸÎBÏI &Sîàtlä ,’
;îfidflqpräiä *ÏÆ-îctnfiâälägä*:
~' .s . ute En.»
@côte , e‘ ‘a e 'z"l”. (doi,
…1
471?…. ;..‘ſſ.’?.².‘.Î"‘5?‘"'-Li~²*ſ’??‘?íî ſi‘ …
óäâäîlç' arti de'fc,î'ré‘ Ôſéïfitñîâc ſe.
c .ſ rp ,_ c . , ,
Ô CÔUÎÈÛÎÊLËÎÛa-Yätîktägeç'A5113 re; eŸOJIÔrL-ñ
Î *ñêñï-ïï PŸËFË-z- L "S 'ääïïä FÉïÎÉÏYïÏſ-Êvíeîds
lag1q1re.sl'1,1,.c1.—_. _…_
. ._'>,-. é_ faqs-Hd. äëſzraqqíoi i?— vëuxſap*
.. .z _
&lA-ï .r çchç doÆk-:Z-jncî eſtle' dcñr' même
de Acepofiçprj; ‘ ſoi ;ézcjdeuſe
', ñſſaóiplblxdtéçjiÿipye.
leave' 'Otróÿè päs?Ceîdéſir
-cohformer
,JQrsyou_
autant qüîon

jairffcgix blien .,1 dógt' éric «mokyiére _Sc réglé


fie) fçægrîſxêre qucj Cÿ-dêïſuä Fr:
-°.Î;”s.c""
ËÉŸÉÏŸEÏÊ ÃÊŸDÊ‘ eſſffigñtſiſîqùéîäÿſiſëjäóp
âsüpîfiïzêtîiç.” et: Ae-,lä
t r . ' 'Iix ~ ' "Ëlïxtï ctË-\S Ãëixïgn;
:IF çëïïdafisſſlſünÿlſilçfi
ë!
, *FŸLÏŸÎÏÂDÊÊzÃJTËzÏËYÉÊ
:çyqueapieu 'le pgfmſetftevaſſjn?P512213 … \Ie
, ;pour
1
-__' Lv ùfflnéàîuííoîns 911e “déſilâfçin ſhè pren.
ï .vez ſilctèfiî ;bczzäſiorzíeïe ſe ' \Ïéëgïïgërç rai de
; fiavài Αe1²‘r~r\oîñs"coî1'x~’aËèüÏ’erxîént‘â13S
; ui tip. . eue, S15, n; .man, ~’ï.s‘c
..ŸÎÊÏÔW-,ÎËEŸSËSÏYÊÊÊÎÊŸVËSŸÊWÏE” …ctïæsffl
; &AFTPFÏFÏFÏPFQVŸÈFUŸÊÏÏHŸE :FT-FW
è ‘a1>uS,t.ç>,ç-‘Ëpq‘c…,r,Î-Ën ,nîetfarix pîuszczÿÿo
_ÏgÿâÿfflæïñzívgrîæxaflsJÊÏŸPËÎHÊ'ÎÔHÊYÊ'
.. - , - ſa ') "I ~ 'c.ſi~"ſi’ m' X31'- >

?EF-Ez "ÏÎÎÏÎÛLÏŸÆÃË
-gÿgfflzz ,M ?ë gägäf…
..Pjgzgäſè Yæÿe
3… )
çsîgggz
avcèîz Üê 1i-;SE
l; ‘)T._“x a ‘
Iùræweæœïſïehapî V. i…
preſſé .venant 'cle Painaiirljarſſoÿrë. 'choſe
l'amour'
étonnantepropre
8e digne_
ſoit un derernarque
ouvrier ſi-ſnbri
î,î
8( ſirſiadroit que _de tourneràſon 'go-fit
ce qui luieſt ſi contraire; '8c îdeſavoii'
ſe nourrir. ôtseiitretenir. du déſir d'enl
êlurerj'Ejçëiz
'qui Îpburtant. c'ſt_ſquè_
uneier-meine
clioſèſſl
;mer ÿientîëde' ëe
choſe étant' eiícellélitéîôc relevée , ſiëëlle'
eſt capable, pat cette cërtſidératſiionëdÿ
donner beaucoup de ſatſiisſactipnrîêt
ouiqhaiſer ëdüciíceëfaux 'Bt îce pro;
.mvèrſsfleívëfitäbleî‘ 'ich ?ſtſiîî de'
Ëraveffdans le ,', uſii nîy-a-point de
fion' ni de lé 'ſçiinedéſiië (Penélùrerſſ, ſin
TÊJUÎ .qùi et?ac ’ct~ſi‘pſia_igné’dë‘l‘ab'iëiégî

'tſiioli'"8c‘du dé oii llefnentſivóloritajre ~
1
ee méme de” entântf qùvriziegaidó uô- ~
Ërè fatisſactlonï ~ Scſ_ notre contenternent
particulier: ‘ 'î ‘ j “ ‘ 1'_ ' - -
A propos de quoriliſieff bot? ifeîſçaä
voir ,.rqii’-ilëríeſt. as avantage” à un Ã
camm çanrdarë
i. inîQ-ÏŸ-êrïisïzr ati-erm-
8c. .ſaxës .dcrdïvïrsex
ce) s-…tïznrr "t
es- ,penſeeszdeäla .lctoik &ſde; ñ_~_ _ :'
ctions ..qu'il Yvaa. endurer ?dans _la vpie
rie-Diana Cawënfin a zquslïirclfrïveur
d
!on ç t ‘ ,Ana'hd
?Fcqcdmberëtÿſikus urçtél
reflentiroitffäc
.poids , 18e
l'ame
ſircter unenediſpoſition
feaoit que"tifopéiierñïäifecj
s'en,affligſer.&jenÆi-,
pepe
'St' difficulté les' choſesädë &iiîſalut :-ce
.-.4 6 qui_
47.6 .ÎÎDË PMP-trailer”
qui ſeroitune fine ruſe de Pennemipuur
Iui rendre mal-aiſée la voie de' la', per-î
ſection, Et partant l'a-nie qui n'a pas
encore ac is une grande force d'eſprit,
doit mod rer lîexcés &Iaiduirîeſde ces
ſortes penſées. , Êäcfiles changer en
EW Sar? co-ÎFQE-Ïæ-.Êsï -ÊEÆ-\zvrlsnäé dx":
ne ,__. ui .d0i\,1Çl:.i:,eqlſ_iIlC,ll ;le croix,
mais v' 'une 'croix ;qui-ſueſdofine oint
dîennui. à celui. quiÿrie Ia freelierc e 8c
8c
ſansneſembraſſe que
autteſſihteſirétí 'pourujlfflpuiſſe
qiielïj plaire ä Dieu
étre,,
ettemaniéreid'
xvic-:aeègäſllh ., gg!
J' Ægnmcdéſedans
l. GFI
F1343' JW! - ſ ~ 2 'À "WPF . 5
ſffllP뜲-IS²F‘~Iϑ˲ZÎY‘ZP’Ë;VÃT’I
TmÏPÈzJŸFFV .fictoarss
-ŸQÏÎËJIËÂQPËŸ
ſes actions _avec une joie tranquille au
dehorsqôycſunç _grandeÎinſi
ſiriſieſiuſir ~, qui ſſpourtani gpyeté à Pince*:
fut; ſouſtraire
aixzeëarëñsïsſsmfflaa 2'? é! 4p'. ù 2-. '
m. 3 u: A-nmrcùpistcäosçoÿ. :ï-.r
wsädfflïóëæey degré ;zi i 1M' jzrzzyiù-æzïëï-'Jzñé
îfiffiíabnígatiari,, "qui Poäæfîcÿaffiëf l’a‘
"monr wſtnrimentdà III
‘ vertu. Deux' niaiérirfvuí ;ét effzt, l”
ſri-vation E5 la (tentation ,Viam- îU
ſ [rm-r @fin ;_ Uîferſrſsäletſtſſrüfi P) FFB
l:vcmÿfarter'.,!i 'l'AI' ;. ñ_ r- :l'E

Ptésaque la \partie-ſi ſdpétíeure ſidÊ


. , 11ans. a. acsuisurx Sii-nd~' Coma-Avr
~ ſi "d'eſſ
\Z A'.
Inrerieure , Clap. x77_
clement, ſur .lïinfériepçe ê: lïhzbitudedez
vertus ;ſtatic par Päboncïançe destoñ
ſolàtions
ſiziétéí, _ quedivirzes 8:' des ſentimengdç
pay_ y zavojrzcoôpéxé cctn ob
etvant les choſes precedentesôc en Fai;
ſap; un dxoit-_uſagejes dogs guœlle aî
vioif reçus de, Dieu; jlluſarrive deux
Zlióſes par] I3. dſſpenſation
J Premictement divine.”
~ ,ſ _ Dieu Ia prive 8c. IÏI_
dépouille \du ſentiment de toutes ſes
vertus
Et , 5c deIièu_,.ct~cn
en ſecorid l'état élevé ou elle
échange desétoit.
dorïp
jteçùs du paſſéfflíl pepnäet que ſſſa pax.
tieinfſiériëurc îôxſa itéede ſentimens
,de xqqgçegxeps‘ÿ’ »acheus 'î qù-oxgdil
tqitjlà chair) re' evſ *nt auſſi puiſſance
page] eſôt_ L'eſprit BHÆ
'cominenſſcemcntſôc foible a qu'au
ſa conÿvçrſion z de
'ſorte que c'eſt comme ſ1 toutle travail
_ uîellea eſſuïé à (E: domptefveÿtäſëvafih
1%( P l! l :ffl ſ
î ÎOX-'Díeq nepeſmet çela que' pourpplu,
Ÿxeíii-ä Èhſiíqni 'teqdenfflzqùzëgſzzzzgxgs
grandbierndelïaiñcſi ’ , . - ~. ct'
, 'L (i) Carenpremierlieuggílla PH”
8c 'elle
;g ladépqüillc de telles
néſdonnent Idees
de 4_ de äeiÿr
ſſiatisfa ,ío
a, ii e gritſſ, qgiiſcplàſſrpic Ën elles,
Iëicîlàiçn @chti-Mé ä 59H55»
~ ’ à. #FW ,
— —-»-- t‘“ ~ſ
L3.- *a5 *ſſi- ':Û:—'_"L'.-57l) '.‘:~.:Î'J' :n)
. (l) l]l'amour_
perdue? roFerte,
raj puvatioië
_ui's’ ctÎfÔ&à;
.fin tige_ 74,9 _ X Sur_
;gg z JÏDŸÎÏXÉÀZÆÏÃÛÏÏÎU q ,_
Ëiïfië ñſi-Æëèn) ‘í_bir “ëiitiérementfitiëciiaſſêz
“î (j) f Afin'. encore que_ l’ame perſévére
B; croiſſedans la, connoiſſancfe de ſa baſz
äëſſeſi_
“t-fí&dansTe-Ëpérience
' f . . …ï de
ſi~ ,.ſonſi~'.Ç.~Ç‘
in
"l-(rîÿírllît aiſſiilïſ, afin uïelle ſeſſſortifie' dans
*r “Fññsfîÿë-îñ**Wïllégfeïiîîvëîtïäîçänä
micra, que, la' ſolid-ſi' perfèótfitzp ne Conſi
'ſtçpas enjde telles
*pctaigàctrsntreles ſens' 1 faces; _ni dansmais
fia raiſon,- une_
ſdzms Pabnégarion de ſdi en toutes cho
ſſçſs ‘, iaæëne apnégatiorrsſaçqriicrrïplus
,par-flag hllltlIÎlQflſïJC ces b, que
iparuleur'abon:çlaÿic_e, >_ __ _i 7 ., _.
ï-'ëfflëvëî-*ïfflï* iî-ïïvsrfflir 'ëïïhërex
;geſte gdcaſipn dépurer. on iqntéírieuír,
*premierement pour_ _ce qui regarde \ä
:conduite [â l'égard_ 'desjgraces paſſées,
'ſerégia ç ſiirjies trois. points ſuivans; '
“W511 premier- , “tl-.Ëlefiſeftrçtpètſätà 'en
"ctrſſægäïséiſſîiWïqïïeïïïÿïïrïïiärg
1' ſ …ÎLUÊÎS blËP3Ë…?²-ÎË..'Fl… 116 '
ù-'iträitirïîrrfzag-it-&r
...T4, F espn…,iz.,.e.,._ï. P., . , *
ŸzÎzEÏÊËÉËi-ÏîäñÆfËíîzÈÏÆffläïLëÊñËSâ-Ïâäë
Ïtionjpar laybiej' ÏlÇiÇHſCQU-Fll; ,' mais tat'
Ëïäxäxéïëïvffläñôê~.P?,‘Ë4Fîl?9‘í trés-éd;
ple ttâèa-ihti e; äfidîle Ëſt _H16L 5e
deiouïr.. ..vant . ….…ÊQ$ F c?? î
Iäcdjäïeurïbficflñ
z. lit-admire, quîzëlley1 ‘ïrenonce
7 g'. libre"
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jPrñZſËTLrË-.Ërflëzsfflguÿ
FZÏÎQŸËLËÎ-SÛë.
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aloſs‘?îe’~&7ſſſe'ſs elle ËŸÎÀ gif.- htér-jcähſi
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ſſ .à, Zffti _ @Xi-NVU

' ſi' îïózè~cë1ëîeäëes~ëſſzſiëëíæn


c' poavcïgrärärÿkæñèîaflj] E;
Îzzſijſiseſt .gi-ie DE
J' 1- "eſtune aiſe
que
la
n80 4 De l'uflnegzríau ï
la ſeule privation n’eſt pas' ſuffiſanteä
déraciner de ſon eſprit l’amour propre,
ni la préſomption, ni la propre com
plaiſance, tant ces choſes y ſont enra
_cinées profondément; l'autre que cet
çte, méme privation ne Îſiiffit, pas auffi
pour ſaire croître l'ame dans la vertu
8c dans ,l'humilité ;_ 8c la troiſiéine,
qu'outre .que la privation toute ſeule
4 ourroit encore entretenir l’ame dans
Rameur propre Sales autres defauts que
nous venons; deäiire, elle_ -pourroit cle
_ lugy ajpÿterzc_ ui de_la…tie’deu~r &de
zpñrfflnçlialance d'c_ſ rit... (leſt pour?
;quQi-ilèſî néôïſſâiœ. BPW?? àla Pſ1?
.vatigoſaçrimonie dela tentation, afin
que ceIle-cyîcliafie de l'ame 'toutes 'ſes
,humeursvicieuſes > r. __ '
.5 _ Mais çpmme ilarrive- ordinairement
' à. ççsz corps gxltréipément corrompus ,
ñzqsêune. msëeâwï - WÏW leur. Préſente
pour la ériſhnde. quelqiſune de ,leurs
_indiſpofflionfflzneïait pas ſon opéra
.wtionſans
gqUŸaçItTe provoquer 8; reveiller
maladie dormante' quel.
dansctſice
zzaorrsdäz .il ;narrive de méme-â 1-fé
.z-gërsb de rôtis ausffl-írſtreníverſeïfc
-Ya-Enr -Pêſteiëiléictr-ËÊS garée >P1aies, de
:Pfflvæ-Ëffiïſïêë; FËTFPWSAÎÊVÛ d‘c~ſ ic
r--iurñQ-Êu u» eïrvpze-»ë x Fxixulſinx_ Tim
et Êsÿtélcäcffetäzéweærfflïefflw dÔntilsË-i
: $15 elzlepxcite &4ſéYCill_C_ de_ l'autre
- I ‘ dans
Inrrrirure. Chap: V. 2.81
'dans l'eſprit, auparavant recœuilli 6c
tranquilité par le ſentiment de la ver.
tu . une curioſité qui le porte à re
chercher deſordonnément la ſource 8c
-les circonſtances de ſon mal ; une eſpé
ce de_ hardieſſe à murmurer , à s'ai
'grir-, -à— ſe chagriner 8è à sfimpatien
ter de la privation &dela tentation
*où Pou *ſetiouïvezïüärÿregret &uneaſ
-fection propriétaire pour‘le repos ſen'
ſible qu'on a perdu par cette privation
ou parla tentation ; enfin une aſſuran
íce d'eſprit qu'on recherche 8c qu'on
;veut —Fonder ſurles actes intérieurs 8'ç
?paſſés de la vertu , 8c ſur _ceux de là
'reſiſtance préſente qu’on ſait à la terr
îtation. ' *- -
L’ame doit remedier à ces incon
.veniens,
i. Premiérement en s'occupant beau
.coupiplusaà- tirer :du fruit de ſes tenta
tions Ëuíales éplucher ôzfdiſcuter. ï
.: 5:. g n &fabaiſſant "dans ſon intérieur
\comme runeïchoſe de néant dés que les
tentations recommencent . 8l en re
connaiſſant, que .puis qu’elle a ſi peu
profité dans l'école des graces 8c des
conſolations de Dieu , il eſt bien rai
ſonnableque le !Seigne-Inria \nette dans
l'école de Satan par les mutations. leſ
quellesîelle acceptera avec patience,
'comme 'desbhóſes dignes d'elle 8c [fel
leabien méritées. z- ſ01
11.842. — -i De \lffz/îërppguría”
.añ 3.- Txoiſiénicment , l’ame crane”
,gant volontairement au FCPOS interieur
_qiſeile reflèncpic
la tentation avant la privation
, ctsuccoùtumera ,ac
â ne plus
fonder. ſOn-ctr os ſur des ſentimens,
mais ſur layoonté de Dieu , qui _ne
êëêccomiëlïfpasërwixïs dans cet-étëtxzuc
[kms Pautre. _ , ,v .1 .
;l ,L1, …Epfilh . elſe ne feraaûcunc feſti
_me de tous .ſes actegæde ſon induſtrie,
de ſon_ travail, ,comme de choſes de
'nulle efficace &de nulle valeur.
, Mais parce que ?aſſurance qu'on
vient de dire. que lîgmetherchedam
ſes: actes , .eſt une lnaniére dÎagir qui lui
cſt)pnjoſondemgntffleurqçigçg, fic quïïflè
Pdppuye ſur une reflexion particulière
Qu'elle .fait .daxisz leñdiſcexnæmsns 8c. le.: ñ
jugemement de ſes actions intérieures;
il eſt 'néceſſaiwpour Penpurifier , que
Dieu. rnzénze vienne . y-;mettreñ la main».
8c qu-'ilfaſïè ,pæçJTerzcettçz-Â ameà annou
veau” dégré -dfabnc atiozírufingufileÿe,
oùñjl; la_ 'dépoüilkz e- …cette .reflexion
&zdeliaſſurançe qxfelleen tjroit ,e com:
meon va-le 'montrer dans Particle ſui—
Want., . p v_ _~ ‘ ’ = q
-z ‘. ſi Z21- -i , "Ni Uri -' ï")
-"~.~íf: ‘ P,-~.~\JÎΑT~'~‘X'.'~
î." lil-IT .TAÃÊÎÏKÏ-I z.- m" :WL: î 'DE-L v Mſi!
TLÔŒIÏMËJÎ

,ÏIÏPŸ ,Àeÿzæe ries/z! ZÊzIÆ-.Ûcæ- ..free-d 6.51???


#T415
**î-LT -g
ÏËÉËFEEKIËI; .Ezſſnipzzrl
. SME EPÆË-:-zñ-ëï
ÎSÏÏPÊF
Inr-erieure, Chap. V. ':83
:nour propre de la réflflſixian Gale l'af
_ furanre de l’ame fin ſe: #Riom vertueu
n fix: deux mais” de cette Purifica
tion terrible. Regie pour r) compor
t”, Ufi: ufltg”. ,Quelque- avi: _lin-u
ſujet. > -

a privation ue Dieu a diſpenſe' à


< v l'ame dans e dégré qui précéde,
n'a étéque _pour la dépouiller de ce qui
;la détouruoit de Dieu 8c qui Pattachoit
à elle-méme, je>veux dire, du ſenti
ment de la vertu , que Dieu lui avoit
Pourtant donné à une toute autie in
tention, à ſavoir , pour ?attirer 'St la
porter à ſe rendre toute à la mamelle
_de ſa divine Bonté, allechée qu'elle y
Emir
qui enpar la douceur
ſicouloit. Mais de ce !aitpropre,
l'amour divix!,
ui regneplus dans l'ame que celui de
ieu- , ſe voyant
ſ ſentiment-Ê forcé de quitter
ar la 'privation le
6c parla
tentation e- la ’ partie' inférieure ,; à
bienſçſi_ trouver-un autre 'nídpîour STŸ
muſſerôt unautre ſujet pſour s'y attacher
&pourd demeurer dans l'éloignement
de DieuuÜeſt pourquoi le Seigneur
redouble8è
iäïkôiiee --iciſonla aerimonie',
purgation" afin
&vaccroit
quîeſſll*
.expulſe l_e reſte des
&ë 'cîcëïrómpüîeä- îäe' humeurs vicieuſe
.raïœ qiïjîïï “Bi
guérir; .. L u!! A' - < ~
.z Com
,ñ :84 De IZAbmg-atian
Comme le ſort où l'amour propre,
_banni du ſentiment, s'eſt reFugié pour
.s'y cacher 8c s'y conſerver . eſt une
.certaine confiance ou une aſſurance in
,térieure que l’ame tire de ſes actions
internes 8c verrueuſes par la reflexion
u’elle y fait; 8c qu’ainſi elleshppuie
_ ur ſoiméme
ſiDicu; 8c ſur
cela fait queſa vertu
Dieu ,ſe8creſout
non ſur
à
Pébranler entierement, 8c à la renver
ſer de Fund en comble. Mais afin que
ce ſoit ſans préjudice de la vertu inté
rieure 8c actuelle. ui néanmoins ſert
defondemenc 8c 'entretien à cette
faufle aſſurance , Dieu fait en ſbrte,
qu’il
r
ne permet pas que la force 8c la
realité de la vertu ſoit diminuée; mais
ſeulement il la cacheà l’ame par deux
moyens.
z. Le premier , en lui ôtant la ro
-fléxion par laquelle elle venoic à diſcer
ner 8c à reſſentir ſa vertu actuelle: en
ſuite de quoi , elle ne' lui paroit pas
'd'avantage que fi elle ſſeſtoit point,
&cependant elle n’en eſt diminuée de
rien; puis :m'apercevoir 8c reconnoi
tre ſes opérations n'eſt pas proprement
Ia vertu , mais ſeulement un certain
Îgoûtôcune ſatisfaction qui ne faitque
aſuivre. _ 1
2.. Le ſecond des -moiens dont Dieu
lëſerr ici”, eſt, de mettre dans [fame
~) cer- l
l Interieur-e , Chap. V. :Zçſi
Certains effets 8c ſentimens tout con-ſi
traires à la vertu , afin que non ſeu
lement la connoiſſance de la vertu de
cette ame ſoit perdue 8c effacée de ſon
eſprit; mais auffi que la croiance où el- r
le pourroit étre parle ſouvenir des-bons
actes paſſés,- qu'il y aencore dans elle!
quelque vertu cachée 8c inconnue, ſoit
bannie abſolument d'elle , n' ayant
point d'apparence qu’elle pû préſu
mer quela vertu ſe trouve parmi des ef
fets qui lui ſont ſi contraires.
C'eſt pourquoi Dieu ermet que la
tentation du degré préc dent, s’aug
mente 8c s'accroiſſe dans celui-ci , 8c
méme que de la partie inférieure de
l’ame , elle vienne trap er 8c aſſaillir
la ſupérieure, faiſant dekäillir lalumié
re dans Pentendement, la ferveur des
bons deſſeins dans la volonté , 8c en
général toute la promptitude de l'ame
acourir dans la voie de Dieu , auſſi bien
que la Force 8c la patience néceſſaire
pour y ſurmonter les difficultés occur
rentes.
Cet aflàut augmentant 8c redoublant
toûjours, l'eſprit loin d'en tirer ſujet
de ſe renforcer ñen quelque ſorte , s’en
affoiblit tout à fait 8c laiſſe aller ſes for
ces en décadence: car on lui fait alors
uitter le rempart de Paſſûrance 8c de
?a connoifſance de toutes ſes veätuä
0
1.86,. Delpjb virginie” E*
d'où il aurait pû tirer" quelque ap
pui contre latentation; aulieu dequoi
il» ne lui eſt laiſſé d'apercevoir 8c de
ſentir uïobſcurité , aridité , rebellions
&îpufi lanimité , de ſorte que île plus
petit fétu :lui ſemble alors une -pou
trei-,Sc les choſes ui lui étoient aupa
ravant trés-aiſées ,' ui .paroiſſent main
tenant trés difficiles , 8c méme im
poſſibles. Cela fait que l'ame perd en
tiérement toute ſon aſſurance , 8c
(qu'elle commence à entrer dans la deſñ"
ance d'étre en état' de perdition , 8c
d'avoir donné ſujet à ce triſte change
ment par quelques grands péchés àelle
inconnus : 8c plus elle recherche 8c
examine avec ſcrupule les ſautes qu’elle
peut avoir commiſes 8c tâche de ſe ſa
tisfaire , 8c de ſe deſſendre dans ce triſte
état par, mille efforts inutiles 8c par
quantité de remèdes qu’elle 'penſeap-.
porter à ſon mal -,~ ~ lus s’accroit— il 8c
s'augmente~t’il par es mémes choſes,
qui n'étant ca ables que de flater 8c de
atisſaire le eus 8( le goût déréglé'
du malade. ſont directement contrai
res à la guériſon d'un mal qui ne peut'
étre chaſſé que par la deffiance 8c pari'
l'humilité, comme il n'eſt venu que deï
l'aſſurance 8l de la, préſomption;
Cela étant ainſi , je ne ſache pour"
l'ame qu'une maximeà obſerver , mais
1. qu]
Inteiírlm Cbäpz-W. riff
quieſtauflimécflſaîrd en cé lieu", lquo
juſte 8c équitable de ſoi ,ï puis qu’elle ell:
fondée ſur Pabnégatlon du propre ju~—\
gennentôc du .propre ſentiment. Cettei
maxime qſi ,, Qïclfçmenc :lait EF m 'ſerai
ëllwló latine: :aucyn -juglinañf Fauébänt ſôï'
Mim: hi;rauzi3dnt;re:qx3e1lizſ-”U uſé.:
ri/nenre en ſhi; mai: finalement _ſbumí-l
Iicr , ~ E5 _ſèfarímetrreÏtſioute au ju ement
d'un autre. Et encore qu'il lui emble
avoir des raiſons 8c des ſujets les plus
prégnants d'en agir autrement . elle
dort néanmoins toùjours ſuſpendre ici
ſonzpropre jugement comme étant”
veugle ô( incertain , 8c démentir ſa
propre expérience comme rrompeuſe,
ſoit pour le bien , ſoit our le mal;
toutesſois avec cette di érence , que
î pour le bien , jamais elle ne le croira
ni ne juger-act de l'avoir; 8c pour le mal ,
qu'après avoir perdu 8c renoncéâ ſon'
propre jugement, auffi bien qu'à l'exJ
perience où-elle eſt du mal qu’elle ſent'
dans ſoi , elle croira facilement ce mal
par le principe de la perſuaſion gêné#
rale 8c implicite où elle doit-étre de'
ſes miſères infinies 8c inconnues, 8c
non à cauſe du jugement 8c de l'ex
périence particulière de ce qu'elle ſent'
6c qu’elle aperçoit alors dans ſon in
terieur.
Par lbbſervance de cette maxime
(1) l'a
S88_ _ Dc J'Ai-nagath” ï .1 ſl

(i) l'ame ſatisfaire tort .à Plmtiiilité


qu'elle doit avoir, renoncera 81 perdra
la préſomption, l'aſſurance, 8c l'ap
pui ſur ſes jugemens , vices qui ne ſont
pas moins. ſourrésdans, les jugemensñ
deſavantageux qujelle=porte—de ſoi en
mal, que. dans ceux-qu'elle enfait en
bien.- _ '.-.' i._
(z) En ſecond lieu, ſans perdre la
eroiance qu’elle doit avoir de ſon é_tat
déplorable, elle fermera par ce moien
la porte â l'ennemi, qui loin de lui Fai
re chercherlainſi , ſon amendement,
(comme. il voudroit le lui perſuader , )
ne cherche au contraire quÏà -la trou
bler par mille ſentimens contraires 8c
injurieux à Dieu I 8c par mille ſug
eſtions qu’il lui met dans l'eſprit pour
È orter au deſeſpoir. -
' z) Enfin parla pratique de cette ma
xime, ſans epluchet inutilement 8c cu
rieuſement ſes deffauts ſoit preſens ſoit
aſſez , elle nelaiſſera pas de s'en humi
'er 8( de s’en amenderautant 8c davan
tageque ſi elle les diſcutoit tous en ar
ticulicr , pourvû ue les croiant imp ici
tement , comme 'on a dit , elle en ait ,.
aulieu de cette diſcuſſion particulière.
une ſeule 8c ſimple repentance, auſſi
bien que du ſujet inconnu qu’elle peiíc
avoir donné à cet état miſérable où elle
ſe trouve reduite.
Ve
Infvríourc ~, Chap. V. 2.89
Æefi non-obſtant cette pratique un
dir eur éclairé apréhendoit que la dé
fiance du ſalut &- les penſées de dell
eſpoir ne tiſſent ied dans cette ame‘
par-les arti ces de 'ennemi quila tente .l
il faudra qu’il prenne garde, ſi dans ſon
extérieur ,elle accomplit en ſon temps
ce qu'elle avoit coàtume de faire aupa
ravant , 8c ſi elle' s'acquite entiérement
des fonctionselle
Pintérîeurſi, de ſafait
vocation
dans :ſon
8c ſieſprit
, pour:,
ſansleleſſſujet
ſur ſavoir, pluſieurs
préſent, actes des-actes
domine, de vertu _

de patience *, d'humilité ',~ d’abnéga-'


tion , de haine de ſoiméine 8c de tout ce
quieſt contraire à Dieu: .ſi ſa volonté
n'eſt pas toùjours reſolue, ſans qu'elle
le ſçache pourtant , à ne conſentir ja
maisà la tentation , ni à tout cequ’elle,
reſſent de mauvais , comme il y abieii
de l'apparence u’elle eſt dans cette
reſolution -, _pui que toute ſa triſteſſe
ne vient en effet que de l'horreur 8c de
Paverſion qu'ellea pour le mal.
Et aprés qu’il aura aperçu par ces
marques , 8c par d’autres encore , que la
vertu de cette ame n’eſt pas diminuée;
mais que plùtôt elle eſt 'au mentée ,
puis qu'elle demeure dans a vigueur:
au milieu de la privation où elle eſt de
la connoiſſance 8c du ſentiment de ſes
opérations , 8c aíſaillíe de tant d'op
N po:
:904 _VDI lä/Fbnegaríaær a
poſitions , il la ſortifiera 8l ?aſſiſtera
dans ce combat _ſelon que Pexige ſa né
çeffité 8c ſa foilïleſſe , mais avec beau
coup dediſcrgéçion Sgdeiſétenuez; 6c .de
tſiell ſiſorte,.,que-,cl_’_l1,r1; çôté il : la tienne
dans. !ïbumilixé .Sc siatxstPignoranœ-dn
ſes vsrtzësa 5c qusçdçïanrreil l'a guaraw
tiſſe .d perlüaſiolisôc des _plus violens
efforts z e l'ennemi, la laiflàpt , pour .le
rafle; ſouffrir ſan; aſſuranceautantque
le permefflfl l? &We L85.. .ds _l’ame ôc-_de
Ijatedtationæ-…z v u] v z
5 Carzun directeur ſezdojç-,bierr _donnez
de gardeeçfcrripzflchçrni de détrujrçzdana.
une telle ame ce que Dieu y* opère 8c y
edifie. Il doit; bien penſer, que ïcomñ.
me Dieu caçhe à-cette ame les richeſſes
8c les perfections qui ſont danselle, il
Faut auſſi qu’il_en _faſſe- de même” tout
temps , mais .particulièrement, enter;
état , 'ſans lui rien déclarer_ , .-01% 'que
fort pe” , ;des rands biens &des fruits
préçieus qui ont cachés: *à Pombredes
miſères quÎelle expérimente alors. '
Ie vayfinir ce degré par deux avis
.qui peuvent étre_à,l’ame d'une grande
utilité. _ 4 _ _ - _
n. Le premier eſt , quecomme elle
aremar né par ce diſcours que l’amour
PWM? el fort ſubtil Sc 'adxoitwà- ſczca
Cher 8c à ſe conſerverzaus-dépends du
PſOgrésv de ,l’ame ſous _lez actes inté—
- ’ rieurs
_,_,
Interieur-s. Chap, ' V. :gi
rieurs dela vertu ar la confiance qu'el
leymet; il en ait de mémeà l'égard,
de la jouiſſance intérieure 8c divine que
Dieudonné quelquefois à Paine: l'a
mour flop” yzſçait ſort bieiizſaire re
fléxion , &en tirerzmatiére de ropre_
complaiſance 8c de propre ſatis action.
(Tel à., quoi. l'ame doit bienpiiendre
garde, 6c. y aporter reméde en ſe dé-.
poiiillant dela confiance qu'elle tirede"
cette' jouiſſance .par la' pratique 'des
indiens déclarés' juſqu'ici , ſ8( en ,ſepti
vant de_ ëetterefiéxion 'par une grande
ſim iificaciomèreſprit: autrement elle
ſe. ervir9_ir…dc.iD.ieu-mém=ñPour mettre_
empéchement_ entre_ Dieu d( elle , Q
pour ,drſunir.ôc. zélpignsr
vſiecltzſlîen, _ Y
-ſpn' c-TPrincPa-f.

. y 4…… ñ._:S.,i'.'i;i:-, "J11
…ëñzJÎÊ-fſïcôñädæxxsiçfi: »que Lame
Zçit @Ëñçflÿezäztswfloäirc de--Ûoutzce
,lſſcouiçs ïïômblffl. !ëfldczs HſKDzlníÏſ-"Ï
i rgitëës la ,ſu tilits ne ſoxiM-irprfflrez.
;nliſçäïtſe- ?Wrœsiñſ usêdësïsdsschon
çs-ſr bonncsôcſi ;on oxmeañà lavolonn
téde Dieu. ;_ 8c combien, elle_ a. de beſoin
dË- sïhurqïliçr, .Sc, :de ~: sïavilir. en .tout .ë
gais. 119'1- ósíïz PËÇeſſ-Ûliffiaflüfizñ Our. .ſon
F? Qiqï-,ljavraigkë «Sc Inmac.. e. les Uri
eflèî ôQJeszzzPe-Éfectiom anilñaæmïs
, _ lez-Mic Deug-ruelle;\fenzñderisns
ne orkueïllcuſeÿ; qui911M "Ç- SMF-Le:
En quoi il eſt Coräraint de ,_ _ mÿqpmj
: - Z- \ne
2.9 z. De Ï-Âbnegarío”
me un ſage Pére envers un enfant qu'il
ſçait étre prodigue 8c diffipateur des
biens de la maiſon , à qui il cache toû
jours les tréſors qui y ſont, 8c ne lui
fait voir que des auvretés 8c ce qu'il
y a de moins agr able.
-I V. Anne” QuATruräME.
gluarriënne digne' de la !rai/ième çſſbäu
dhflbnégarion , qui e/Z pour bannir
l'amour pro re de l'acte méme de la
«vertu par a fldſjzenfion. Necqffite',
-Uiaffirudc , regle: , E5' effw de cet ét”.
l ſembleroit que l'Amour p” rr
avec toutes ſes forces 8c toute ſbn
addreſſe ne pùfl: aller plus avant que ce
ue l’0n a vû dans les degrés précé
ens; 8c que la préſomption ſeroit en
tiérement bannie d’une créature à qui
Dieu auroit ainſi caché ſes vertus. Mais
oedcrnier degrérnous fait bien voir-le
contraire. Comme ſ1 ce n'était asaſ
ſez à l'amour propre de s'être niclié par
tout ou nous avons vû , il veut encore ,
lors qu'il s’en voit chaſſé , ſe retirer
dans l'acte purôt eſſentiel de la vertu ,
où il ſe cache en attendant le premier
ſommeil du Pere_ 'de famille . c'eſt à
dire, la nonehaiance de l’ame, pour
repagner par îlâ tout' ce' qu’il aperdu
jüqnſalors. -- è-îí ~~ ~
~“" ſi ~ C'eſt
Iflflífllfe, Chap. V. 393

l C'eſt auſſi.
deſcendu our uoi Dieu
.du pCielclexpreſſímentl uipoîie
faire la guerre a 'Pompier rap”, ne ſe
contente _pas de lavoir c aſië des cho
ſes extérieures, des conſolations, des
.deſirs de la vertu , de ſes ſentimens 8c
!des refléxions ſur elle; _il veut encore
e_chaſſer de cet acte intérieur de la
Ëpirpaenpäretq; Etſäeſt ce qu’il ſæâit en
ame on concours or inai
re de telle ſorte, qu’elle ne peut . me'
meen ſa' artieſuperieure, pour ſainte
8c pour e _evée qu’elle ſoit , faire aucu.
nes fonctions pirituelles , ſoit à l'é
gard de D_ieu , ſoit_ àk l'égard dela ver

' … :Pre _es a es tantot ur un


ſujet , tantot ſur un autre , & enfin
ſur tous 3 méme ſur celui de la con
formité a la volonté divine. De ſor
te qu il ne lui reſte plus rien qu’une
tranquillité paffive , par laquelle , com
;qp Uà] agneau devant celui ui le rond ,
:,s…::::rÊrÎ:‘ëËLÎzJ® rar fai?8°
. u i que
_Cependant Dieu la reqmet ui qÎiéË.
i .
ſols &par intervales, dans ſa premiére
lberté d opérer , afin qu'elle apréne
de lâa ſereſigner à l'un &àl'autre, à
la privation 8c a l'opération, à quit
tervPactivité 8c a la reprendre, autant
quil plaira à Dieu : autrement il ſe
.'_ :94 . -." De PAIÎMgar-'an i
agliflèroit une .propriété ' ,dangereuſe
.dans 'cedépoüi lement méme ,deſçs
- Dans ëetteprivationídeſes
-fprgpresactesqpd z; 1;; actes
.' in
..térieur-*s-.î c'e que l’ame doit faire ,- eſt ,
*dobſerverſile quatrième point qu’on a
rmar ué cy-devant dans le' chapitre ſe
zcon' touchant 'l'humiliation e~n Particle*
-Iietrà lÎd-…fgurider cbaſérſpirjituellar. ~
ñ ë Maisen ?obſervant elle remarquera,
—~:äioſin
u’elle-peut conſidérer'
divine en cette-ſouſtra
deux manières . l'une
comme une entrée àerſection
-ſſcellèntesîôcàunei des graces plus ex
plus an
~de que celle. qu’elle a eu juſqu'a ors:
T]’autre,,': comme une defaillance de ver
ïguàíquoiëDieuíeſt contra-intde la re
ïduireî pourſon- ſalut 8c pour Fextermi
*nat-ion parfaite de_ ſon amat” propre. ~
~"' Ijäïnedoit
ïpreſirriiére ſide cesoublier- entierément la,
deux_ conſidérations
gpi ne lui donnerait ques de Porgueil ”
dela vanité.:
Ÿrcteeeÿoir Hôc_ elle -ne
de la derniere penſera qu'à
maniére-la pri
-vationí divine ?la re ardant comme
*une marquclde ſes imperfections , 8c
-finguliérement- de ſa îfïbibleſſe dans 1e
ibîeri." 'V ~ .~
-Tout ceci preſqppoſé , voicicom
ine elle doit corre pondre à Dieu dans
cette divine ſouſtraction de ſes actes
devertu. -~ —’ ffl ~'~ ——. r
î' L! i; F? 1- Ce
lnteriem,.chapéñ..v. &.97;
;- 1.!,- Ceïſeraïen-qaremierílienz- par nb
grand ñavj-liflëmentæide ſoñnéme-,Î - pré
Jÿôüfizſljlſiet ,Sïuhhltd-lelſcnflïractionï eſa
zrgçqnnoiçrexzæourzun néahtgëñpqm _une
Pflchereſſe trés-vile ,d .pour une créa
.tuoe remplie infiniment lus que toutes
:ICS autres de deſautsrii nis, inconnus
~& cachés s; 8r- enfin ,. pour «indigne d’au
.cun
en a actñ dezyerttiz
mal—uſé tant: ipüiſqirenrémeïelle
.fêräïnégſiliæſincſſe que
Pëlïſêíîïfllheureu eappropximon.; »
. .ana-Ellelèra contemedece que Dieu
ila mé riſe-ainſi., .lui ôtant le. pouvoir
de 8T5 .ever vers lui .Sc vers la vertu.
z. _Elle _renoncera- humblement à
;toute r ,la -ſadsſactiod .qu’elle Pbuſroit
!HFP/BC xecueifliródeiſeä :actes intérieurs.
…~ z: 4'» Elle :sîappauvxzira &ïfedépouilleæ
IB franchement, tantde 'ces .actes ,‘-ñ‘ -que
dada.: faculté de. les opérer', comme
d’un _joyau &d'un ornement précieux
qui ne lui convient nullement, vû ſon
indignité, ſa baſſeſſe, 8c le mauvais
-uíàgelqiſellîe enafaitz- ._ ..;,.c; -ë = :a
g. Enfin, comme il Æexciteräquelg
quçazfoiszdäns-la departie.
ñdansxPinferieurei l’ameſupériorité
des diſh-az
&ions .- des peines, i8( des mouvemens
déréglés, elle. les ſupportera , (mais
ſans yqadhérer) .patiemment, d'autant ’
a lus que Æetœxrxpartïdes -actesintériepxç
Bein lvectzrrcoinmeï de !à ſoûmiſhon
. *L N 4. mie'
L96 . 'DE läct/îbnegatímï» ſi
'intérieure àlavolontéæle Dieu, dela
atience , desÎactions-dcägraces , de
'<élevatsion, SET-ſemblables, !eſt abba
iu, au lienrdequoi elle n'a plus pour
défenſe qu'une 'ſoûmiſiîon 8c une tran
quillité pafiïve , par laquelle elle ' s'a
bandonneôc ſe laiſſe en proie â Dieu
ainſi qu'un agneau trés-patient, pour
ſouffiin tout 'de lui dans laogrande \bi
bleſſe où ellelcfl: reduire'. - ' -
Cettc-..coôpératjon à .l'a ñſoullraction
:des actes intéuicurs de l'ame, la meine
âun état paſſif , duquel l'entrée eſi en
arcie cette méme ſoumiſſion paffive à
ieu 8c à tout ce qu’il veut 8c quílper
met , ſans diſtinction, en artie- auſſi
une retraite incérieurezídes exzs “&- des
choſes créées ſi'. &même ' detoutes leurs
idées , par où ,lkmeefizant retirée au
çluszintime de -.ſon eſprit; Dieu eſt ainſi
.convié, par maniere dexdinve; à opé
rer dans ellezavectſon' conſentement
paſſif , des. actes bien plus ſublimes
8c plus parfaits que ceux dont il l'a dé
pouillée. .. ' ~ 'ñ . i
Acc ſiret ,z -irl efi bon de-i-emarquer
ici-en pa ant, que l'élévation myſti
ue de _ lîentendement ar la lumiére
ivine eſt de peude pe onnes, &que
:c une voie .pleine de _périls 8c de ma
.tiere, _dezcuniofité . 8c de- propriécéz- au
_heu que celle de ltvolonté 4m l'ado-é
"— 15-1 ig. VI gation
Interieur? , Chap. VI. 2.97
gation (de laquelle il s'agit en ce Trai
té ,) eſt generalement pour toutes ſor
tes de perſonnes , 8c eſt beaucoup plus
aſſurées( plus parfaite que l'autre.
Or comme nous pouvons conſidérer
l’ame dans ce dernier état ou â Pentrée ,
ou au progrès, ou à Piſſueâ à l'habi
rude; ellea beſoin ſelon la différence
de ces tr_ois degrés, de pluſieurs avis
différens [que l'on va faire ſuivre en
trois chapitres.]

^ CHAPITRE-VI. .
De l'entre? "de l’ame dan; PEM! Je la
BÏéſUde-ſi '"4 JG Walſh-Staff [rituelle,
qu'y! un eſſèt au unſieſuíredf; nan-ie'
me ígre' Je la troiſième _flirte LAME'.
î 34mn. Deux nir.

_ ~, .
I. .;.,

Premier avi:generalfa” éviter 1 lapa


reſſè, 2. Ïinutílitc* ?ſprit, 3 Iafluf- '
a _ſé affuízmcr , 4 lafauſſè liberte',
l dame qui5 eſt
EF Icfäux rep”.
à; lïrentróſſe de la Qgíítræ
_ de ou de. _lfoizfi Yet-é ſpirituelle . , (qui
Ãeſt lecommcncernent de_ cette rivation
&r de cette ſouſtraction de --cs actes,
dont onqvient degai-ler , ) doit &abord
ſedonner de gar e (r) d'une certame
' ' .N 5 vé .d
1:98 De P-Âbngofioii
négligence 8c pm[- d’eſprit, parla
quelle l'ennemi rétend révenir l'a
vraie quiétude à aquelle ieu la veut
reduire, ou du moins il prétend (i.) la
changeren une _'~ inufiliní. :l'eſprit , 'qui
enfin aboutit à cetteñpzireſſe ,bien é
loignée ,du comble ſde la vertu où' ſe
'doit terminer 'la vraie iétude; Aie
s'il eſt reconnu 8c repou é de ces deux
portes, il ſe rec-ire 8c ſedéguiſe pour
ſe preſenter à une troiſiéme., <qui eſt
,( z) celle d'une aſſûrance [ou d'une ſé
curité] dans cet, état , ,par laquelle il
prétend 'couler _dans l'ame (4) une fauſ
ſe-libartë; qui lui faſſe "négliger-Ia re
.traite à Poraiſon, Pabnégation, &la
pratique de toutes les vertus ; ou du
moinsil-eſſaie (q) de la plonger dans un
Faux repor en ſon état, afin dïdréterſon
cours vers Dieu , 8c_ Our donner entrée
à d'autres propriét S groſſieres 8c dan
.Ëereuſcs, comme, à des affectations,
descomplaiſances, 8c ſemblables.
I. dÇontre la pareſſe. Pour obviër â
cette préventiondePennemi . l'on doit
prendre ,qardé que laguiétudc 6c Poi
~ſiveté où ’ame eſt' introduite vienne qe
-Dieugôenon d'elle méme; &quel e
dviennede-læpure néceffitéôë de la pau'
"vreté 'd’une *ame qui *ne le peut autre
ment z ?Bt non d'une retraite de ſon
propre-choix.- ’ _ _
î K. Il. Pour
zmeræëyrægcbap.” VI. 299'
î _IIJPdſir empéchler que la uiétude
ne .dé énére eniund_ inutilité 'eſprit,
dont 'ennemi tente ſouvent !fame en
,cÉtë-tät.,
cicîe defflajelleïií-"ſépareräiamaisléxer
vertnde ſoiiétat' de 'quiétuë
:ifnaís 'elle' s'y entretîendràl auſſi
longtemps qu’elle" \era jdans cette_ ~vîe
vraiement militante” ’ ' î ' ' - -
. ‘ ' Mais affin que ces deuzctíéboies ,’ l'oi
fiveté_’<ctiu l'a quiétude , Là l'exercice de
lax- Yertu' sfaecordent bien' enſemble,
fätzêíjdétïîœsînt lïunexdei 'l'autre ;î l'a
ÏFË-,QPFŸEVËŸŸJSŸÃÜF-zPHPË ztszñëiïîaxétlïä
ËŸËÏËŸIÊÀÎEÊËËÈËÈËÎËÎÎÏËÎËd?Ã'ËLÆËËCÊ
'laſi ſipëralique; intérieure par prictnſiſ
cípedè propriete" 8c par une recherche
d'aſſurance en ſoi ,. que *d'en venir à re#
ÛîÏ°EQB‘I"ϲ"ËÊ-Êî‘°PF a? ë-Ÿlñ-'ñîë .ſoir 4g:
ïêïpſïïïëWïfFlp _vsttgi D ,en veutqp, ,-,.
EÉÉùÎé-,rabïïc dam?? .Ê ñ: *EMI uxrÿpart.
Ësvéxçhænëiîçxe-*Êïéëÿdë .ï.ñó~…iY—e. 9...; r Ëll?
?FIT-Gig SÏFÔÊEËLÜHQÂÏËÎÏÈÂÎËÆËËŸLË
miita_ te .o i ean r _ 1'_ 1 on;
née;â- la pareſſe 'Ôc fainéantiie _intérieure
_ſous le préteizte 'de îtjuſietudeyſque;
de demeurer inutile ~lors q e _ceſſe
ŒÔPÊ_ ..HÊc-,täéfozfitëÿîzdat .sizæxïgjhjä
}1Êff.‘1!².°..F-, .SvfflïffizïsñÎÊéÎï-\Ï !ſe es
u -ñ J,,
en
\ſiſi-mſi
—~ Eè²depeut“q’11’elle~-ne tonfonsſe ce_
j:

-' I N 6 ' qui


zoo ,ñD-zïdsënczaçëoz
&juieſt trés-diſiinét-de .ſoi, 8; que par
cette confuſion ou 'par une' précipita
tion à vouloir jouïrtrop tôt des privilé
Ëesïde ce ſublime étatz èlleſi,
aiſänt guqdîyençrçr, de nſeriveloppe
gyiétudane
&ire .comprenne ;tout ſhuscette ua
Ütéſſaväntkjué lavolnhté-cſe Dieu ſa
propre diſ óſiéion” interieure la lui per-L
metzte; e leremarqùe_ , ,que le don
rie Paraifà” eſi différen de celui de la
vertu , 8c_ que l'un n'eſt nizune ſuite
immédiate. ,. [nir un .adjoint neceſſaire
de
me,Paùfi-eſ, 'ſoif dans laÏératípn
]_ ſóitſidanslfó pratiquede l’a
dſiect i Dieu,
Et ainſiſt ſoit que' Tarne elëvertne ,St
s'exerce à I’un tout. ſeul , 'ou que Dieu
'ar ſes opérations' la diſpoſe 8c ?attire
:d'un, 8c qu'à ?égard de l'autre illa
laiſſe ou la remette à ſon devoir Sr â ſa
diliêençe particulière, elle nedoit pas
'Yemen Î .ù ‘;l’au~tre de ces dons accom
pagnera e' premier, fi ce n’eſt que
'Dieu _les joigne-óu que l'ame par n pra
tique' 8c_ .parſiſa dili ence les uniſſe en
:lëmble de Ia mani re qu’elle veut les
avoir dans ſoi '- carla terre de nôtre ame
eſfcfi "Ingram, qu’elle ne ra porte que
ce 'qu'a jrſdſéme, &pas avantage,
!îççrfe _élesépines
_ ,Fpmfnez &zde_s,chardons.
le dſſotſſ] de y l'or-uſo” eſt—
31 !ñguéïdëcelui de Ia ùem-,ñszque
ÎffdYfPQéîËi991_óù’ n… :net rame netire
i l U I' pas
Interieure, Chap. VI. ;or
pas en conſéquence la diſpoſition de
'autre , non plus que la perfection de
l'un celle de l'autre; il eſt de même des
mouvemens qu'ils roduiſent dans Paf
maſi 8: de leurs; e ts: ils ſont diſtin-ſi_
Ëuésles uns ,des autres. ‘Il‘y. a ,, par
exemple ,; au don de, Poraiíbnles \noué
iraniens' de la compdnction , dela corri
gaffion , de _l'admiration , 8c ſembla
les; 8c au 'clou de la vertu il‘y~al'hu~
'militég la magnanimité, la douceur,
&encore _d'autres z, _. ui. (ſi elles rie ſont
dansleur derniere
ÿeîiïappórt pe;premieres
aveeles ection , .). d~c
ont orte
‘ u
guîéncre eliacunkdeees, fortes démons
vemensparticuliers' de Poraiſon z 8c
entre chacune des eſpèces articulieres
de vertu , il n'y a pas de tel e liaiſon que
la poſition de l'une ſoit la poſition de
l*autr’e, &que l'O ération de Dieu ou
de l'ame (lui met 'une, mette Pautre
'par Cela meme ‘:’ mais il eſt beſoin de di
verſes opérations oknnumns de Dieu ,
ou de différentes actions de l'ame ſelon
la diverſité des dons d’oraiſon 8c de leurs
mouvemens , des eſpèces de vertu 8c
'de leurs effects, qu’il eſt queſtion (ſera
_blir 8c de fonder dans l'ame pour l'entre
ſtienſôç la perfection dela vie ſpirituelle.
' î Au reſte, parlant dela pluralité des
,opérations de Dieu pour ſonder l’o
raiſon, 8c les vertus avec leurs effets,
N 7 i’aY
zo r. " ‘3- DE, __lJfflbnçg-ïrio3ſ
v \ _ __ î
;ray fait voirîque je Pentendois de ſes
opérations ordinaire: , pour ne pas faire
de la peine à cle certaines ames dans leſ- 4
uelles Dieuſdbmine quelquesſois pa);
_~ eîſi divines, 'de ſublimesôt de ſi par:
faites
terminées Înfluxiqris;
à tout ſans
“qu’elle”
pluraliténi
en ſontdifféfñ,
reſſnçe d’a&esî," de ſentimèns.; ni même
d'opérations_ de ' la” partde Dieu ’,_~ là
Ïouräe unique _Scfimple de ces merveil
es- . ‘__,, R…
~Ïieîfiu
~ _‘ SÎEPÉYQÏÎUÊÊÎJËHDÏÛ cke Pîeëu qu’il
'aisçomrfid ;ceci "rſfarríveq i! Helen;
arrivcâque trésſirarerñentj' 8;_ _ il _ne
s'agit_ _pasffalors gdefonder' &Î .cl établir
Aquelqueſèhbſeÿdäns elles; mais ſeule-
ment de faireiffapplicarion des choſes
parfaitement établies dans fleurs ames
'dés lbgâtélnpèæ; 8c quentin l’ame qui ſe
'crdmi ,ëqç 'degí ' Ëlſievquîétudedont
înous parlons ici, ' eſt' _encore fort ,élói-ſ
ïgriéeçdeſçſété-tar-Iâj auffiërfſiy' doit elle
nullement penſer ;mais ſeulement ſe ré~_
gler ſuivantlflæivis que nous avons com
_mencéà luidonner 8c conſormementä
la (llſtlſlctijſl que nous venons de faire,
-Ain 1 îçlonc_ , elle 'ne doi-Ërderneuret
“oiſive qiiéſpréçiſément, danîſſ lès termes
'de 1’opéra_tión'de Dieu; *ſahsgetendrë
ſa quiétude à dzzutresçchoſes: ſelleſera
‘èn‘ uiétude; par _exèmpleïſdans les
cho es de "lëcraiſon , 6c non flans celles
i ‘ ' ’ de
Interim-re , Chap. VL zo;
de la vertu; ou bien méme dans cer
tains mouvemens d'oraiſ0n 8c certains
effets particuliers de vertu , 8c non dans
tous les autres. '
‘ Car encore qu'il plaiſe à Dieu d'opé
rer quelque artie de ces choſes , ce
n'eſt as à ~ ire qu’il veûilleoperer le
tout e lui méme 1- 8c s‘il‘pr“oduit quel
ques effets ou d’or‘aíſon, ~ou de'quel ne
vertu particulière, ce Ïeflîpas à ire
qu'il veuille produire ainſi de lui 'ſeul ,
'en-quiétude de' l’ame , tops _les- autres
eflëts_ dont- elle _àdrëoiflde UeſhîñIÎ Et
ï ' uand . -bietſ théme il ïópérereïrîſrbänèc
-l œuvre-cant de- Poràiſon” que; de là vd
tu' , avec tous les dohsôc tous les effets
"particuliers de Pune ,Bt de Paurreſce
"ne ſerait pas ä dire queceïbitîÿour toñ~
jours 8c < pour; Toutes ,les fois' que l’ame
enàuroitdebeſqin. ï v² -² v5*** , . _ )
~

*Il Faut _ uequahdlæëæpërakióh de


“Dieu ceſſe &ä
Ÿſeſſ, l'ame Faiſſe 'égard *deſon
ſucceder quoitraſivail
ellecelî8c
iſop Opération avec autant &exactitude
^&de fidélité que ſi elle Ïavoîtjamais
exp frimenté la douceur de Ia ſimple
»opération
nue à agir de
ainſiDieu ; 8c ce
juſqu'à qu’elle conti
âdelle ſoſſit
*aſſésforte pour perſévérer ans la r'i
-vatión 8c la pauvreté_ ſans aideſen ible
&actuelle nide Dieumi_ de ſoîmérne,
~ &ſans que pour cela le vrai 8c ſolide
__ 311101.11'
304. De l'Abnegarían
amour de Dieu qu'elle avoirs: Pabne
gation qu’elle pratiquoit avant cette
nudité, diminuent nullement , mais
qu'ils en au mentent plùtôt. En atten- ~
ant cette
, u’on orce,
ſine 'doit pasquiréſumer
eſt trés-rare, 8C
d'avoir,
q
Parnedoit ſans ce_ etendreà Dieu 8c à
_la vertu ou par ,de ſimples mouvemens
,infusimmédiaternent de Dieu , ou par
_des actesContre
ſ ~ III. conçuspar elle méme.
l'aſſurance [ou plûtôt la
Îſécurité qui ſe gliſſe dans ce commen
.. cement de la quiétude , ] 8c contre les
Îeflètsde liberté 8c de repos mal-pris,
voici les précautions qu’il faut obſerver.
!ſame ſe perſuadera qu’elle eſt toûjours
environnee de perils infinis 8c incon
_nus, qui cependant ne tirent leur ſub
,fiſtance &xleur entretien ſubfiſtant que
~ de Paſſurance qu’elle ſe donne, 8c ne ſe
,multi lient que r la liberté qu’elle
:pre en ſuite. lle doit ſe fixer im
muablement à cette perſuaſion contre
8c ſur toute autre lumiére 8c connaiſ
ſance ui pourroit ſe préſenter àelle,
8c con iderer toûjours , que pour a
voir changé de vie 8c d'état , elle n'eſt
pas pourtant non ſeulement exempte
d'aucun des périls qui l'environnoient
dans les dégrés lus bas: mais qu’elle
q eſt expoſée dep us à d'autres dangers
qui ne lui étoient pas auparavant \i pré
ju:
Intcrieure Chap. VI. zo;
judiciables: Aie pour avoir juſte ſujet
de craindreôc d' ehender, il ne faut
eoette méme a ûrance dans un état
'où les plus parfaits ſont tombés, ou
y ont trembé toûjours : QLfencore
quïlyauroit a parente que cette aſſû
rance vint de ieu, &non d’elle—mé
me, elle agiroit néanmoins avec plus
.de ſeureté de s’en dépouiller. comme
d'un don de Dieu duquel elle eſt indi
gne, &que la terre qui nous porteôc
quevnous portons dans nous n'eſt pas
capable de recevoir. Car les dons de
Dieu un peu extraordinaires doivent
plûtôt étre refuſés n'acceptez; en ce
monde; 8c quand même ceci ne ſeroit
pas, l’ame pourroit néanmoinsrefuſer
cette aſſurance , comme déſirant pour
l'amour de Dieu d'étre à la croix de ſa
privation , _quoi qu’il ſemblàt que Dieu
'en vouluſt retirer : du moins , ne doit
elle en retenir ue les effets inſus immé
diatement de ieu, ſans en garder au-.
cunes traces dans l'eſprit ni aucuns ſen
timens dans l'ame, afin de ſe conſer
ver ainſi dans une plus rande pureté,
.ESE dans un plus parfait Ëloignement de
toute propriété : Il faudroit pourtant
excepter d'ici quelques ames particu
lières trop timides 8c tro puſillanimes ,
pour la néceſſité deſque les il' pourrait
étre beſoin deghangct d'avis ſur ce der#
_nier point. ’ 1V. Con
zIVJ' *Cpntxer
3°C laçlibcflé dangereuſe;
l ’. Dc-ŸÎ-Æœgctía”.

Fame-auraläînzcncgdegté-,Ëzÿcÿi- e ſi

poür- l?intérieur elleLſoir~


ment ïslanszPabnégatíon-z; qr-lêhünii- >
Nation'. »dans .lîatnjehtion à Dieu
la revûeſi&_le regret' de ſes. manque, 'dans
nlens , .85 dans la pratique de toute ſor
te .ide-vertu ,—> ſoit.- qu’elle sïy- entretien
ne; pa” .les :opérations finignliércs 'de
Dieu .F *ou que; cezſoic 'par onutravail.:
Car elleznexdoitzjamaisiétte ſans: cesef
ſets -lâdans ſon-intérieur: : ( z) Etc-pour
l'extérieur ſi a elle ,ne- ſemelâchera non
plus de ſe mortifieralorsz; que lezpre—
mier- jour qu’elle. étoitiencore- novice g
puis .qrfauffix nôtre lvieñlurgceſt effet
qu'un noviciat;_iſeeïſnôtrc
parue fidelñité
1' 'une'àpiäieu
euz
've
8e 'àcontinuelle
la reiglect quéilïnous a- dónnée-z “auffi
bien qu'une courſe' durable 'vers un but ‘,
duquel , en quelque état que nous
ſoyions , nous ſommes encore infini- ‘
ment éloignés. L’ame continuera donc
cette courſe ſans ſe- relâcher 'en ?n'en de
ſa premièce-ſevéritéñ: Yau-lieu_ que main
tenant nousïnoùsfflaéſiiïémns , &Triérnçrc
colons,- aus moîndtesprogrés: Ce qui
nous retarde !beauëoup dans la voie de
la perfection. — ‘
V. Contre lei” n-dans Poîfiveté,
comme LilÎ-ïprolctcéde ídinairement de la
Palffëſïſſepblÿ de Paſſùrancë-,ñ l'on aura re
~‘~ ~-~^ 'cours
Interieur? , Chap. VI. .za,
ñdours-_ausz.reméxlés. donton de
— 'ÛÎÏÏGÏÎŒIIÛVICÙF ſizjee.- Lbnreinarqueph
.Egalement ici ,.- que comme cïeſtà l’ame
de ſe 'perdre en ſon néant, 8: àz Dieu
nſeul de la-'converrjr en ſonTout; :auſſi
.ne doit elle-méme regarde: autre choſe
en ce ſien néant qu'une ſimple priva
-tion de tout bien , laiſſant à Dieu .la
penſée, la vûeôc l'opération des-effets
ſurnaturels auſquelsñ gcc. -néantbien-_îpoíï
;fédé donne l'entrée; Autrement, au
lieu de ſe perdre dans ſon. néant , le
néant erdroit ſes effets dans elle , &
nelui eroit plus néant; mais lui tien
droit lieu d'un tout qui ſervirait de ſujet:
à ſes paíſions 8c à ſes propriétés, comme
à celle du rcpo: (dont i] s'agit, ) 8c à
beaucoup &affectations 81. qe complai
ſances en ſoi , qui ne peuvent demeurai
& s’entretenir dansune ame qu'à Fabry
de quelque choſe de fingulierôc d’ex~'
cellent. qu’elle penſe 8c préſume étre
dansle néant_ de ſa quiétude.
x )
«SECÔHÃ Avi: , auf-II-
le commencementíléla
…z

Qgiétude. 'ame doit coopérer 41411km:


mouwnóenx de Dieu EF a' l'application Je
leur: effctr; E5' auſſi aux effut: du néant
. de fia Qgiétude. . .
A prés que l’ame ;dans ce cómmenceë
ment ſe ſera préſervée de" läſpareſ
À
' ſe ,
?jet De [Uſing-trim
-ſe de Pinutilité . de Paíſurance, de
,la liberté 8c du vain repos en la quiétu
de ou en l'oiſiveté ſpirituelle; elle re
mar uera qu'on peut coopérer à Dieu
en eux manières , ſçavoira ou aus
bons mouvemens qu’il lui plait de dori
ner, ou ſeulementâ l'uſage &à l’ap
plication des effets qui doivent venir de
cesbons mouvemens.
' Or elle ne doit pas ici croire . que ſa
quiétude l' exempte de toute ſorte de
coopération , comme pluſieursle pen
ſent. Elle ne ſe rendra pas auſſi, com
me ſont pluſieurs, à la ſeule premiére
de ces deux coopérations-là , ômet
ztant la ſeconde 8c la princi ale. Mais
,évitant ces deux erreurs, i ordinaires
en ce premier dégré , elle ſe reconnoi
.tra plus obligée à la coopération u'au
aravant , 8c ſe rendra encore p us aſ
idueàla ſeconde , afin de s'appliquer
ainſi avec grand ſoin les effets que Dieu
prétend établir dans elle par ſes graces
divines.
Pour faire une application plus par
ticuliere de cet avis ala quiétude . l'a
me doit ſavoir, qu’il y a deux choſes
à conſidérer dans ſon néant. La pre
miére eſt , le fond 8c l'eſſence pour
ainſi dire , ou le ſentiment central 8c
7-1 _foncier de ce néant : 8c cela dépend
de Dieu; la ſeconde eſt, les ſuites pu
ç .
es
Inrerienrc, Chap. VI. 309
les eſters de ce méme néant : 8c cela
dé end dela coô ération 8c dela cor
re pondence fide le de l'ame qui eſt en
cet état de quiétude. Or comme Dieu
affiſte ſouvent l'ame de ſa grace pen
dant qu’elle manque de lui correſpon
dre par ſa coopération , il arrive de
lâ , que la premiére des deus choſes
dece néant eſt ſouvent dans l'ame ſans
la ſeconde, poſé que l'ame manque a
lors de coopérer avec Dieu dans l'ap
plication des effets qui devoient procé
derde ſon néant: Et, ce qui eſt encoñ~
re bien pis, il arrive méme aſſez ſou
vent que l'ame détruit la ſeconde de ces
choſes par la premiére, (les juſtes eſ
fiets du néant par la conſidération qu’el
le eſt dansle néant , ) ſelon qu’elle don
ne plus ou moins de lieu à IRA-nour
gap”, qui aus dépens de la grace deî
ieu 8c du progrés de l'ame , ne ſait
que trop bien tourner à ſon goût le
Onds méme du néant. q .~
ceAfin
mal,que
ellel'ame empéche
laiſſera ou le
à Dieu ſeu révíenne
ſoin de-ct
la conduire 8c de la re ir dans ſa quiétu- j
de ſelon ſon bon-plai 1r : car ſa coopé
ration n’eſt pas requiſe en cela : 8c elle r
ne s'évertuera u’à en entretenir les 'ef
fets , & à s’éta lir proſondement dans .
une habitude de ne s'eſtimer nullement
ſoiméme , ni ce qu'elle Fait» f" œ
K qu’elle
z r9 De lZ/íënrgatían T
qu’elle ſouffre , quelque excellence'
qui puiſſe y étre ; elle S'entretiendra
encore dans une dependence immédia- '
te de Dieu ſeul en tout, &- nondelleñ»
méme, qui n’eſt rien ;ïdans une rela
tion de tout' le bien à Dieu, 8C' de_ .tous
lesrnanquemens à ſoie; 8c dans :Uné
prévoiante 'préparation à Faire , lorſqueä
'occaſion l’exigera , quelques. actions
héroiques contre la vaine eſtime &de
ſoi, :äc de telles œuvres , &de tout
cequien dépend. . _ __ U": _
"ŸÎÏÎ"ſſcHAëPÏÎREſivrI.,Î{ _
D14_ffogreû-_äe Iſa/ne dv1114 -Æiétude, ’
._- . 'Troirdtvirp '- " L' ct
.il-ll l A . … iii;

.Pramiarzzſíriir L ſur' «cetde-ïPintr-'ëäîvn


rant. Æîſapnírïaäeÿ. (un avant , dti-ï_
Jil'
Mim. aA-ilaànflèvmrrt.: da: 'defi-aubin ,—_ '
avec ſſin exception... "ï . …H .ñ 1
,crs-i ,ue l’ame
de ſimple ;eſt dans?
quiétude , ,Srle proDgireur
_que és

ſemble ;la remplirîcgÿc_ Pqccuper de_ ſes;


?races , elle l): doi; donner- de garde de
e. remplir. &de .ſir, donner Elſe lîciccupa
tion de ſoimeÎnÎe ,,. ſoitzen prévenant
l'Eſprit de Dieu. parîanticipation , ſoit
en voulantzoutrepajlerla meſure de.ſes~
gra
Interieur: Chap: VH. 5115
graces au méme temps qu’il la. ſſé_
de ; ſoit en s'occupant par re éxîon
ſur leseffets qu’il lui a plû d'opérer;
auxrésquïglà_ fait :ſa-volcmtédans elle. ñî
_ a- zdéja ;dit …cyçdçvantt-quelque
choſe -del -Pantiçipqtien ldeñ-.Ûllarmeïſurï
ljEſpXiE5âe~>Díeu.,-x:8eaſe~ quelques excès
óù elle tombe' â cer égard : :Mais 'corhñ'
me l'occupation que l'eſprit ſe donne
par des penſées 8C îdes complaiſances
«u'il &ſurseïs
rerlſſîcians' lui ,, e ïlñplëiz-Ààdzicu
YçmperçhernenrledîoP-íï'.
plus
ôfdihäirê ,Qu'il e&unrſiſadinettre'
en ËQdÊgÊ-ä- .Fame
nulle rcte
(era ävertie ‘,
* fléxiqnde/_ſoi ſurcla -moindre- des iris?
traótions ou des ;inſpirations de Dien
dans, elle, _pizſur aucune 'autre action'
… de,. vertu; mais. lûtôt de croire q u—’il_
nl', (a rien' dans k el eque de' pauvre 8E de
deplorable , _ tant ê: cauſé-de la reſiſtan
çq. çſperuelle. .qtîſellexa .faire à. Dieu,
guy; _panſe du; manquement de la cor
çeſpondence ;quœllelai .devrioit îrendre.;
Elle doit ne' Voir riende bien dans elle
méme: 8c 'ſi ;la "viie säænpreſentoit de
ſoi, il Faut la rechaflènconnne venan
te de l'ennemi; .íëelque-neceffité, qui
ſepuiſſepreſenten de penſer-à- ſoi, 8c'
de_ juger-avec; afluraîlmè de* ſon inté
rieur ou ;de ‘ ſeszactions- .enj bien,, elle'
' doi; rejetter bienëfloih cetterpenſee , ' 8c
perſiſter ferme 8c immobile dans le rfe
us
31 r. Dé lZAbneg-zrion
fus de penſer 8c de juger qu’ily ait du
bien ou des mar ues des opérations de
Dieu dans elle. nun mot, il faut en
ſevelir dans un arſait oubli tout ce
qui eſt de l'ame .quieſt danslame ,
excepté les effets qui peuvent la con
ſerver dans une plus grande ſimplicité ,
humilité, 8c pauvreté d'eſprit.
Il.
.Second nir furie progrí: d: la quictudz.
Demeurer rlanrſbn néant, E9* Heloi
gner dcr faveur; Je Dieu par bumilite'.
'ame remarquera , que Dieu la met
L en quiétude avant que de la rem
plir de ſes divins traits , afin qu’elle ap
prenne à demeurer tellement dans ſon
néant, 8c qu’elle acquiére ſi bienſha
bitude d'une ſi ſainte demeure , que
jamais elle ne vienne à affecter quelque
choſe, à ſe repoſer, à s’aſſurer, à ſe
complaire dans ces divines faveurs , ni à
les ſoüiller par le mélan e d'aucune pro
priété 8c im ureté. El e'aura donc ſoin
de ſatisfaire a cette divine intention.
Elle remarquera encore, ue com
me dans cette ſainte œuvre i y a deux
concurrents, (Dieu 8c l'ame) qu'il y a
pareillement deux offices , dont l’on ap
partient à Dieu ſeul , 8c l'autre à l’ame;
8c queſi longtemps que l’ame ſe con
tient
Interieur? , Chap. VII. _zi 5
tient dans les bornes de ſon devoir, ſans
entreprendre ſur l'office de Dieu, elle
eſt hors de danger 8c dïrregularité dans
ſes dévotions. __.… ‘
Or l'office de Dieuïeſt , de confére!
des dons rares 8c eXcellens ; 8c celui
de l'ame eſt, de les refuſer.- L'office
de Dieu eſt, de s'approcher; Sc celui
de l’ame eſt de ſe retirer par humilité,
comme S. Pierre. ifioffice de Dieu ſeul
eſt d'élever l’ame; 8c celui deſame eſt
de sîabaiſſer. Car comme nôtre natu
re déſire inceſſemment d'avoir' dans tout
8c de tirer de tout, méme des choſes
de Dieu , une excellence 8c une éleva
tion propre; nôtre eſprit , au contrai
re, ſupérieur à la nature, doit coû
jours chercher en tout 8c tâcher de tiret'
de toutrla privation de-toute excellen
ce, la baſſeſſe, 8c la auvreté, méme
à l'égard de Dieu; a n que de la ſorte
l’ame ne ſoit pas moins aviſée ni moins
ardente à ſe dompter pour l'amour de
Dieu , que la nature l'eſt à. ſe chercher
ſoi méme. —
_ Ainſi, tant. s'en faut que l'ame doi-p
ve aiſément accepter ces ſortes 'de gra
ces deDieu, s'approcher delai, 's'ê
_lever juſqu'à lui ; qu'au contraire il doit:
y avoir un!perpetuel éombat entre Dieu'
;ZE l'ame; ur ce .ſujet , Dieu tendant
d’un côtéà säpprcàclier d'elle, &FÊ
zr4 De l 'z/íbnegtrtían
Péleverà quelque depré d'excellence ,
ſoit dans Poraiſon , oit dans l'illumi
nation, ſoitdansles inſpirations, ſoit
dans les choſes aſſives ou actives de
Pintérieur; 8c 'ame de l'autre côté
tendant. inceſſamment à sabbaiſſer 8c à
ſedépoüiller à l'heure méme de cette
Elevation-particulière où Dieu Partir-e:
\Te u’elle doit faire ou ar des actes ſor
tnesœabné ation, d’ umiliationz 8c
de pauvrete ſpirituelle, pratiqués en
vers cette élevationôc cette excellen
ce; ou bien par la ſimple inclination
d'un eſ rit habitué à pancher vers le
refiis, 'éloignement , l'abaiſſement,
8c la nudité de l'ame;
Aile s'il ſe trouve quelque ame ſur
la ue le on dûſt craindre q-ue la molleſſe
8c avolu té ſpirituelle n’euſt priſe, il
ſera trés-bon a une telle ame d’entrer
non ſeulement dans cette reſiſtance à
Pélevation ; mais méme d'y perſevé
rer, 8c de ne ſe rendre jamais ſinon
par une pure néceſſité 8c en cas que
Dien lui ôte tout pouvoir de plus re
culer, de plusreſuſer, 8c de s'abaiſſer
d'avantage à l'é ard de l'excellence
8c de l*élevation à aquelle il l'invite.
- ' I I I.
Trnſfiéme avis-fur le progrés* de la quiz'
- nada.- Appliquer Pabneſgltíon à laut,
'' L . aux
Inrericurc Chap. VII. zx;
lut intraïfion: , au: inſpiration.” E5'
à Pabnegaríon meine.

Parce que l'unique moyen de conſer


ver 8c de faire fructifier les gra
ces que Dieu fait dans cet état , eſt
l‘Abnégation, l’ame aura ſoin dePap
pliquer (l) à toutes ſes intractions,
(z.) à toutesſes inſpirations, (z) &à
la méme abnégation.
Premièrement , elle croira que le
reigne de ?abnégation ne doit jamais
finir durant cette vie, 8c que rien d'eſt
hors de l'étendue de ſon empire, évi
tant l'erreur de ceux qui penſent qu'il
ſuffiſe &appliquer Pabnégation aus o
érations extérieures 8c intérieures de
'ame, mais pas à celles de Dieu dans
nous, faute qu'ils ne remarquent pas
que par tout Où l'ame a part, l'a-nour
propre s'y gliſſe auſſi.
I. Contre cette erreur, elle tiendra
pour ſuſpecte toute intranet-fion ou tout
autre effet de Dieu , qui ne ſera pas
durablement accompagné de l'acte ou
de l'effet de Pabnégation envers cette
méme introverfion. Elle ne ſe rendra
à nulles \inrractions de Dieu qu'elle: ne
les commence, neles continue, 8; ne
les finiſſe par une abnégation particu
liére , non ſeulement de ſoi 8c de tou
tes les autres choſes, mais auſſi de l'in
O a traction
d'

z 16 DE lïfibnpgatian
traction préſente, 8c de toute poſſeſ
ſion de Dieu , excepté ſeulement_ de
-celle qui ſe fait par la grace nécellaire
au ſalut. v . '
Il. Sur les inſpiration: , ,elle évitera
,deux autres erreurs qui ſont aſſez ordi
naires. La premiére eſt , une omiſſion
deles accom lir, ſe contentant de les
écouter ou e les goûter ſeulement:
L'autre au contraire, eſt une aſſurance
trop grande 8c trop déterminée à les
ſuivre. Sur quoi pour bien faire ,
r. L’ame ne recevra aucune [bonne]
inſpiration, ſoit de Dieu,ſoit de ſon ſim
ple avis naturel , ſoir d'autrui, qu’auffi
tôt elle ne les refére actuellement à la
pratique de cette connoiſſance.
2.. Elle aimera beaucoup mieux d'é
tre guidée par des inſpirations ordinai
,res 8c communes,, ue- par d'extraorñ
dinaires 8C de plus ublimes, qui ſont
moins propres à nôtre infirmité, auſſi
bien qu'à la petiteſſe 8c pauvreté d'eſ
prit que nous devons chercher en tou
tes choſes. -
z. Elle dattendra point d’inſtin
particulier pour ſe reſoudre dans les Oc
currençes neceſſaires 8c de prati ue;
mais ſe contentera de l'avis nature , ſi
aprés ſes réparations ordinaires _à ſon
der la vo onté de Dieu il ne _s’en ré
ſentepoint &autre; qargelle doit. alliſ
, er
Inferieurc , Chap. VII. z i 7'
ferau bon plaiſir de Dieu le chois des
moyens par leſquels il lui plait de lui
manifeſter \I1 volonté, ſoit par un fim
ple avis naturel , ſoit par une ſim
ple ſemonce intérieure , ſoit par des
mouvemens plus intimes, plus effica
ces, 8: plus élevés : mais pour elle,
elle n'aura d’inclination que pour choi
ſir ce qui ſera le plus ſimple, le plus
petit . 8c le plus oppoſé au deſir d'ex~;
cellence &de ſingularité; qui effſt
affectéâ nôtre nature.
III. Aſégard_ de Fffllózgdgatíqn mé
me; l’ame 'aura ſoin qu’elle procède
d'une humiliation
véricttablevde ſoi au8cdeſſous
d’un abaiſſement
de toutes
choſes , 8c non d'un— vent de vaine pré
ſomption de .coeur z; dont l’ame s’enfle
ſouvent 8c ?eleve au_ deſſus de tout par
orgueil , &non par abnegation, corn-z
me elle ſévimagineí -Enquoi ilylpabien
de la diflërence : car ici, elle quitte
les choſes beaucoup plus par un vainôc
orgueilleux dédain qu'elle en fait, que
par le-principe de l'amour de Dieu: au
ieu que dans la veritable abné ation
l'ony renonce par un jugement lide'.
qui comprenant 'bien u'il n'a artientï
qu'à Dieu ſeul' d"étre poſſe eurôcle
propriétaire de tout; faitquePame ſe'
reconnoit ſoi méme trop vile 8c tro '
indigne pour poſſéder la moindre e
O z tou—_
3 i8 De P-Âhnrgaría”
toutes les choſes ſoit intérieures ſoit ex
térieures, 8c trop infirme 8c trop ſhi
ble our pouvoir les aimer, ſi ſaintes
qu’e les ſoient , ſans diminution de l’a
mour qu’elle doit à ſon Dieu. Maisla
force infinie de l’amour de Dieu eſt tel
le, ue ſans ſe diminuer, il fait aimer in
differemment toutes choſes ar le méme
amour dont il s'aime luim me 8c d'une
maniére qui fait toûjours revenir l'hom
meàſe mépriſer ſoiméme plûtôt qu’à
dédaigner orgueilleuſement les choſes
créées. _

CHAPIT RE VllI.
'1-.7
De l'iſſue E5' Je l'habitude de l’ame Jdm'
l'eſt” de Qgiétude. Trait iïvírfln' cela.
I. Premier nir. Ne p” jouir; mai:
acquérir.
ors que l’ame eſt comme à Piilïie
de la formation à cet état , _ou plû
tôt dans ſon habitude , elle croira pour
premier avis . Ale la perfection de cet
te vie ne conſiſte pas à jouïr pleinement
8c toujours des traits dont Dieu l ape
nétrée
de quelques
ſe fonder fois; mais dedans
profondément s'établir
les vrais

8c les-ſolides effets qui doivent en pro


céder , 8clors
dans elle quict méme
doiventqu’elle
demeurer toûjours
eſt privée de
hjouïílànce de cette divine faveur.
Elle
Inmieure, Chap. VIlI. 319
Elle aura donc ſoin de reférer chaque
trait divin qu'elle éprouve non à la
jouiſſance ou au ſentiment; mais aus
Opérations tant intérieures quextérieu
res qui conviennent à la qualité &àla
ſublimité de ce trait. Car le trait de
Dieu eſt de ſoi paſſa er: mais la raiſon
pour laquelle Dieu 'envoie , eſt pour
établir dans l'ame des effets permanens
de la vertu dont il donne le goût. A
joûrez que la perfection du dé é 8c
de l'état où l'ame eſt ici , con iſte en
ce qu’elle ne ſoit pas moins leine des
effets de tous les traits divins Ors qu’elle
en eſt privée,- que ſi elle les reſſentoit
encore actuellement 8c vivement à
l'heure méme.
Encore un coupñ, elle penſera bien
à ce point 7,' 8c le pratiquera avec ſoin ,
s'appliquant fort à l'acquiſition d'une
plus grande perfection, 8c non pas à
a jouiſſance de la per ection déja ac
quiſe: car nous ne re blons point
aus gens du monde, qui n'ont qu'une
vie pour acquerir 8c our jouir tout
enſemble ; au lieu que ieu nousa pré
paré deux vies diſtinctes 8c ſe arées, la
préſente pour l'acquiſition , la fiiture
pour la jouiſſance.
I I.
.Second .AT/ir pour l'état de la Qiiétude
habituelle. Rqglement d” aäíonx, Je:
O+ u'
z zo Dd ?Abus-ation
aſſèfïionr , 11e: Penſée! E5' dexjtlgemónr,
'ame ne ſe contentera' pas de perſi
ſter dans ſa premiére pratique d’ab
négation: maiscomme Dieu Paiſiſie
toujours de plus amples races; auſſi
lui rendra-t-elle de plus aux Fruits
d’abnégation qu'auparavant. C'eſt
pourquoi, outre ce que l’0n a déja dit
ci-devant tant pour régler ſon intérieur
que ſon exterieur, elle prendra garde
aus trois régles ſuivantes , qui regar
denqéſes-actions, ſësaflèctions, &ſes
p enI. Elle
es. neE» ſera
> — aucune-Mio” conſidé

rableſans un acte &abnégation de telle


action , de ſoi, 8c de tout ce qui eſt
créé, tout comme s'il n’y avoit que
Dieu ſeul ,' ſans elle, 'ſans monde, 8c
ſanscette action: je veus dire, qu'elle
s'appliquera ſi Fortement à Dieu ſeul,
&ſipeuau monde, à ſoi, 8c à cette
action , que S'il rNy avoit que Dieu ſeul.
II. Elle ne recevra aucune affeffian
ſenſible dans ſa volonté envers quelque
créature que ce ſoit , excepté envers
celles pour leſquelles elle reſſentiroit
quelque aliénationïamais elle ne don
vera. dellieu .dans ſoià l'affection pour
ceäperſonnes ſinon autant qu’il~ſera né'
ce aire pour déradiner l’averſion qu'el
lécnïa : 'Sc pas autrement.
III. Want aus Paz/Ver de Pentende
- ;- ment,
Interieur-z, Chap. vm. …I
ment, elle n'en admettra aucune des
choſes créées, pour ordinaires qu'el
les ſoient, excepté celles qui ſont né
ceſlaires pour rendre à Dieu, àla ver
tu. 8C à ſa vacation les devoirs dont
elle doit s'acquiter. Et de celles-ci en
core n'entretiendra-t’elle ſon eſprit da
vantage qu'il n'eſt de beſoin pour ré
gler Sc pour mettre à exécution Faction
qui en eſt l'objet. *
Mais parce que de toutes les penſées ,
il n’y a aucune qui aréte plus l’ame 8c
qui ait jugemmr
que les plus debeſoindétre bienre, lée…
vainsscſupſierfius 'az
me y obſervera les régles ſuivantes.
1. Elle ne jugera jamais que des cho
l _ſes dont on lui aura ordonné de juger.
8c enjoint d'y' pourvoir ar Obéïſſance ,
ou par une exigence e charité, _ou
pour la mortification de ſon eſprit. ~ .
2.. Dans le jugement qu’elle ſera ,ſ
ou la reſolution 8c concluſion qu’elle
devra prendre, elle ſera trés-contente
d'étre conduite ſecrétement de Dieu au
chois qu’il Faut faire pour accomplir ſa
divine volonté , ſans que néanmoins'
— elle
me unle connoiſſe
aveugle ,conduit
étantlà ar
dedans conſ
quelqu’un_ſi
dans un chemin beau 8c eur ſans qu’il’
le ſache, St ſans y gouter ni aſſurance
ni complaiſance.
z. Elle ſe tliſpoſera à ſonder la vo
. O s lonté
z 2. a De IZ/Ibncgatian
lonté de Dieu avec autant d'exactitu~
de que ſi elle prétendoit en tirer rande
aſſurance pour Ia reſolution qu’el e veut
prendre: 8c aprés cela , elle ſe privera
dansle jugement qu'elle aura fait ainſi,
de cette méme aſſurance , n’en pou
vant , n’en devant , 8c n'en voulant
point avoir. ni plus ni moins que ſi elle
ne ſe fuſt pas bien reparéeâ juger.
4. En jugeant elle examinera avec
ſoin tout les dehors 8c tous les dedans ,
toutes les apparences 8c tous les effets
intérieurs , qui ſont ou des ſuites ou des
cauſes 8c des occaſions dela reſolution
que l'on doit prendre : Cependant,
elle ne fondera point avec confiance ſa
concluſion ni ſur toutes ces ap arences
là . ni ſur tous les effets qu’e le en au
roit a erçus z mais ſeulement ſur la
Provi ence de Dieu lui ſoûmettant fim
plement ſon eſprit. 8c ſur la néceſiiré
qui lui eſt impoſée de juger 8c de ſe
reſoudre: de ſorte que n'y euſt-il que
cette divine providence 8c cette neceſ
fité de juger, ſans nuls des autres m0
tifs de la deliberation qu’on doit pren
dre , cette ame ne laiſſeroit pas de fai
re ſa concluſion en ſimplicitéôc en hu
milité : mais fi ces deux choſes y
manquoient, (la providence 8c la ne
celſité ,) toutes les autres requiſitions
y fuſſent elles , l’ame retrancheroit tout
1U
j Interíeure, Chap. VIlI- zzñzſſ
jugement de ſon eſprit, 8c n'y penſe
, roit pas.
III.
, Troiſíénóe E5 dernier avi: pour le: am”
qui ont pratiqué router Ier chaſâ:
PM” mm'.

l Je finirai ce dégré &ce diſcours par


un troiſième 8c dernier avis que je
donne à l'ame qui eſt élevée à la per
fection dont ſay parlé en ce livre , 8c'
qui s'eſt exercée en toutes les pratiques
d'abnégation qui y ſont expliquées:
C'eſt qu'elle ne croie pas ourtant étre
arrivée au dernier degr de la per
fection. Car pour ne pas dire que com
me il yaune diſtance infinie entre Dieu
8c l’ame, 8c que les dégrés de erfection
n'étant que des approches e l’ame à
Dieu, il s'enſuit , qu’il n'y peut avoir
durant cette vie aucun degré dernier
a 8c ſouverain en matiére de perfection ,
8c que chacun eſt éloigné infiniment de
la perfection derniére 8l ſouveraine qui
eſt en Dieu ſeul ; outre cela , dis-je , l’a
me doit croire engäflfſfctl,que nul des dé
grés dela vie parfaite, où elle peut at
teindre d'e’ffet ou de penſée, n’eſt non
ſeulement le dernier en ſoi , mais qu’il
ne l'eſt pas méme à l'égard d'elle &à
conſidérer les dégrés où elle pourroit ar
river ſi elle coôperoit fidèlement avec
O 6 Dieu
» 12.4 n De Fuffbnegation

Dieu. En particulier elle croira , qu’il


y a encore bien d'autres eſpèces d’abné
gation lus ſublimes 8c plus parfaites
que ce] es qu’elle a pratiquées ; ue
dans le dégré Où elle eſt, il reſte beau
cou de propriétés , _d’aveuglement 8c
de efauts qui ne lui ſont pas encore dé
couverts; &enfin, que comme Dieu',
pourbannir d'elle' 8c de ſes œuvres Pa
mourfrapre , l'a dépoüillée juſqu'ici par
l'état de quiétude de tout' ce qu’elle
pouvoir faire intérieurement ; il arrive
ra enſuice , ſelon qu’elle croitra dans*
l'habitude de la vertu , que Dieu la dé
oüillera-méme de tout ce qu'elle patiſ
oit &recevoir de ſa part , qu’il opéroit
dans elle; afin de chaſſer entiérement
ce méme amaurpropre du dedans de ſon
cœur , où il tient. on empire au milieu
des traits divins 8c des plus rares fa»
\teurs de Dieu-méme.
Mais je laiſſe à un autre eſprit de pe'
nétrer ce grand œuvre , 8( à une autre
plume d’en écrire; joint que de telles'
ames ont plus de beſoin d'une Abnéga
tionà toutes choſes. 8c d'un avilillè
ment continuel de tout ce quiñeſt dans
elles, ſoit de riche, ſoit de pauvre; '
ſoit de la art de -Dieu , ſoit de la part
d'elles m mes, ſoitde celle de Pennemi,
que de beaucoup d’avis 8c d’écriture.—

TA
lrTABLE
Des Chapitres de ce Traité de
la Ruïne de l'Amour pro
pre par ~l'Abnegation
interieure.
CHAP. I. Deux ail-nour: Je Dieu
Êîdeux amourrñ
Peſſeflian- rapr”. Ce qu'eſt”
Prç/Ëÿizceperpetuelle , de'
gat uni-verſé) , U aveugle-Meurſa
rie/Ze del'amour propre dan: nour,
à quoi il _finit ap q/èr trait cbzſſzrîs'
trait eſpere-r d'a negations. Divi
ſion Je cet ouvrage. Pag. 2.27
CHAP. Il. Deux ſondemensdeP-Ab
negation , Êfiſi Jeux [zi-ati un de ſ5”
exercice , dant chacune e ſidbdivi/Fzæ
en quatre. 2.; 7
CHAP. Ill. De Ia premiere _flirte
d'Abnegation pour exterminer 1'A
mour propre, qui eſt, lkflbnega.
tion de: :bg/Fn- exteÛ-ieure: Eîindrſè-z
renier. Comment Dieu y contribue,
Trois doſé: cſſètr. Grace: qui J'en
ſuivent. _ 2.46
CHAP. IV. Dale ſeconde flrte d'Ab
negation, qui regarde: ler chez/é: uti
le: à la -vieſjóirintclle, E5' de: Jeux
de _lè- degrlr. _ 2.4.9
I. Annex.: PRIMIERO .P131732
T A B L E
ddfgrëdd Ia _féconde ſorte ſſ-Aónegd
_ ,_ tion , gui regarde 1er grace: de 1a
~ ~ partie inférieure de l'ame. Quatre
. dejà: pratiquer. zço
Il. ARTrcLE sLçoN D. Second
(lego-ddr la _féconde ſorte dïflffnäga
tian qui regarde 1er grace: de lapar
tie _ſuperieure de l'ame. Deux état:
de ce degre'. La manière de r) cam
Porter. Lafauſſè E5 la rid-aie Quié
’ tude.V. De la troiſiémſie
CHAP; ‘ ' eſjzëcó
2.54
v d’Abnegation, quiregardz: lergra
cer-qui ſèmblent ler plu: neceſſaire:
à la Wie _IPJr-iÏuEIIe. Cinq chaſſer à
conſiJc-'rer dana-M vertu ; quatre que
Dieu c” ſou/irait , d'ou viennent
quatre degré: de cette e/ÿctc :l'ai-He'
gariaiz. 26s
i r; ARTICLE PREND-ZR. Premier
'~ _degré Je la tralſiíme ſorte :IH/flâne
" ~ garíon, qui eſt, pour banir l'amour
propre du deſir de la vertu , ou il ſl
cache. Quatre pratiquer pour caref
- —- fèt. .Application à_ trait Mr Parti
' culizrr. ^ . 2.68
o.. _ARTICLE SECON D. Deuſíëmr
degre' de la troiſieme _jîzrte :IL/Fonc
gatian , qui eſt , Pour chaſſer 1'1
5 'ï mour propre bar: du ſèntirmnt dela
; *~ vertu. Deux moien; pour :et effet.
la privation Üfflla Tentation .~ leur
_ſin
Des CHAPITRES.
ſin U Icur: óflètr, E9' le: regler pour
1'] bien cort/porter 2.76
5. ARTICLE Tno1srE'ME.Troi
fieflne deſgr-f de la troiſiéme eſpèce
dhfllónegarion, qui eſt, Pour cid-gf'
_ſer Pamourprtojnre de la reffläxionffi
;le l'aſſurance effamefirrjèraflíonr
vertueufler. Deux mayenr de cette
purification terrible. Reſgle pour 1')
comporter , 'Uſer uſîzge-r. Quelque:
avi: ſi” ceflqet. 28;
' 4. ARTICLE QuAnuEîuE. ,Qua
Îrieflne defgre' de Ia troiſiéme elfe???
ffldíbnégation, gui e pour bannir
l'amour propre de l’a e meine de la
vertu par ſa ſuſpenſion. Neceſſite',
-Uiciſſítude , régle: E5' Qfflèï de ce:
état. 2.92
CHAP. VI. De l'entrée de l’ame dan:
l'état de Qgietude , ou :le l'oiſivetc'
_ſpirituelle , qui eſt un effL-t ou une
_ſuivre du guarrieflne degre' dela troi.
fieine qſpeíe däflbncgaxion. Deux
av”. 2.97
1. Premier avis general, pour-eviter,
x, lapareffiz, 2. lïnnttſilitéffitgſſtrit,
z lafäuſſè aſſurance , 4 Ioflzuſjè
liberte', ;L'Île fau: rep”. ibid.
2.. Second avis pour Ie commencement
de la Quiétuzle. L’amc doit cooper-er
au: ban: mour-einen; Je Dieu $5 I
l'application de leur: Ëffètr; i5' anſ
_ſi a”
ct Table des-Chapitres.
îfîï
'

' ë l _ſi Mi: cffi-Ïr (Iii níant deſk Quie


rude, ;O7
CHAP. VII. Du progreü de l'ame dan:
' la Quiéturle. Trail' azlir. q zio
r. Premier avis ſur cet ardt avant,
_ durant. E5 apré: l'acte de l'entra
* &ion divine. Arzezwtiſſèment der rc
z. flíxianr, avecflu
Second avis ſur exception. ibid1a
1e fragrſſír 'de
uiélutlc
néant,
Dieu .' Demyursr
parÜvL-'loſiſger
humilité. Him: flmi. 'l
der faa/euſſrrñde
_ ;i

z. Troiſième avis. Î/ípjſſzliîueifiläab


ncgatímfà ſauf, d'un in] ruäionx,
agit inſpimxiogr , E5_ à Fabric-gino”
- méme. > ſi _,- _ zi;
CHAP. VIII. De Prſſue ESA-l'habitu
' dele l'ame dan: l’e-Ya! de Viande.
~' Trotſxaó/ir. . -~ — ;i8 ï
f 1- Premieravîs. Naſa-jouir; _nuit
’ acquerir. ' ' ' ibid.
2d Second avis- Reglement ErHBi-inr,
deiaffi-flionr, (Je: Pmfl-'crffidei ju
' z'. _gemqmæ- ~
Troiſième avis, ~
pour a ~ _' ;zo
Ie: lmflgutſſ
. _ -ont pratique', tante: ler rboflrſir príce- -~
dent”. ‘ " ’ A ‘_ _.315 r,
ſ...

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