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LM.”
zſ ſ ctzctſ nïſ ſi, n 802199
,- LA
-ïïí-;z THEOLOGIE
'AFF DU COEUR
4_ Ol.]
RHE c; UE I L.
DE QUELQUES TnAlTxſſ-;s
PREMIERE PARTIE.
ï I… Le Berger illuminé.
Ï II. L’Abregé de la perfection Chr W A A
tienne,
g 1H_ Lal-uïne de Fumeur-propre;
. A C0 LOGNE
Chez JEAN D! LA PIERRE 1690
.ſîc-;c .ÂADPËOÜÆÎÂÆÏP- '
……I>1s Ã\E'..-I.II.
Iï
v. .e
ï*
.A
ï
'édition de: excellente: Piéces la'
: (T.) inutilzté de laſageſſe-dn"
z auprés de qui l'on doit chercher ‘
la véritable Sageſſe.
H. ( l) 'L4 Théologie Myſtique , vimlîquie la'
L: raillerie de quelques Daim Critiques. ( 2.) '
.Du mépris que le: ignorem: enfant. (3)~Ï
Deuxſortez de Théologie Myſtique. (4-) l'é-j
ritable idée qu'on en donne. _
III. Beau paſſage de Lnmóergia: ſi” ce! ?ri/ë
ttéres-ZŸÆ. _
1V. (l) Particularité: ſur le: Traité: field'
mms: [ein-s Approbation! . é- qiſilxſhm* à'
l'a/âge de 'touſles Chrétiens; D11 x.
Traite' , le Berger ilîuminé , (3) 'ſon-UHF
table Anthem-ó- flm hiſtorien. (4,) D” u;
Traitíde
tienne. 7)l'Abrégé
Die ur. dela Perfection Chr#
deſAbnégatión Ixité-ſſ
rieure.” ileſtparléelela V! l E‘r !Indé
~ de la grandeùr ;le la eorruſ tion Je l'homme, ñ
V. ( l ) Réponſe â une Objet-Finn capitale de:
Pélñgien: ſur eeſujet. (z) ;Avis de lecture_
ſur ee: Traités. , ñ
VI. ( l) O72 ne ëloitÿä: en faire peu de' :MP5
cauſed” Peu d'éclat Je leurs Anthem-S. (z)
Couche/zoo» de cettePref-Îee; '
IJ
. _N cc triſte-ſiècle , -q-uc par un aveu 1e
ment d'eſprit qui paſſe tout pro igï
l'on appelle unfiéde éclaire' . jt DC_ T9217
S'il pourrait étre quelque choſe de mcxlleur
que de- _faire paroilrc au monde quclïlüfiï
z ‘ 3, trans
PREFACE.
traits de la ,pure St de la véritable lumiere
d'enhauc
nant à la , confronter
pour eſiayer ſi les
avec cellehommes ve
ou ilsſipen
ſeſinrézre, ne pourroient pas ſe convaincre
que leurs lumières ne ſont que ténèbres, 8c
que leurs ténèbres ſont fi épouvantables que
perſonne ne ſe connoit plus ſoiméme, non
plus que la voie qui conduit à laconnoiſ
ſance de la vérité.
Cela pourra peut-étre profiter à l'un ou
5. l‘autre de ceux qui ont encore quelque
volonte' de ſe ſauver &t de ſe retirer de la
voie qui mtine à. la perdition pour entrer
dans celle qui conduit à la vie. On peutaſ
ſurer ceux qui ſeront veritablement dans
ce deſir que s'ils veulent lire avec attention
decœur les piéces de ce petit Recœüil (qui
n'eſt qu'une affaire de peu d'heures,) ils
s'en trouveront tellement éclairés , qu'ils re
connoitrónt ſains peine , avec une certitude à
n'en plus douter jamais 8( avec une con
viction toute pleine, les ténèbres du mon
de. la ~voie infaillible de ſe ſauver. 8c le
ſolide de nôtre veritable devoir 8c de la ve'ri
täble Religion Chrétienne; 6c qu'ayant beu
un trait des eaux pures de cette divine do
ctrine, ils cnleront tellement refaits t qui
perdront avec joie le deſir de toute autre
choſe que l'on pourrait rechercher ſur la
terre.
(L) Il eſt éronnantque les habiles réres
dufiétle éclairé , qui ſont tant de casdc leursñ
doctrines, aient ſi peu d'eſprit, que de nc
pas
* PREFACEL
pasínfſiëker que toutes leurs ſèiences. tou'
tes leurs manières d'étudier les choſes divi
ncsôc humaines, 8C toutes les idées qu'ils
sîet] ſont forgécs, ‘ne valent tien du tout .
par la conſidération des fruits \ſelles pot
tent 8c des effets qu'elles proäuiſent; vû
que jr sus—C H R I ST nous allure que
(a) tout arbre doit jêcoïmoííre par-ſh” fruit.
Or on ne voit pour tous effets des lumières
du fiecleéclñíré que l'accroiſſement de tou
tes ſortes- de maux. On n'y voir que di
viſions , <contentions, animofités , hai
nesimplacables 8: envie de ſe calomnierôc
dc #einer-miner les uns les autres autant
qu'il eſt poffible: On y peut remarquer que
la ſcience des lus doctes 8c des plus mode
rés aboutit en n à l’Atheïſinc: quelcs Phi
loſophes abandonnent Dieu pour adherer à
l'idole vaine de leurraiſon corrompue: que
les
tantplusas finsdcnos Critiquesdencſe
d'étre desſſAthées conten
cœur, ſont
tous curs efforts pour planter par tout lc
vrai Athëíſmc du cœur, je veux dire, lc
Pclagianiſme infernal , qui bannir du cœur
des hommes Dien, ſon Eſprit, ſes opéra
tions intérieures , 8c les lumières de ſa divine
grace par leſqucllesil nous ayertit de nôtre
corruption infinie 8c nous en veut guérirſi
nous leur donnons place, par une véritable
humilité. Mais, ce qui eſt bien le pis dc
tout. Ceſt qu'il n'y a rien de ſi éloi nc' des
eſprits de nôtre ſiècle éclaire', que l' ium-ili_
* 4, té ’
(a) LSIAHLY. ‘ ' ſ
PREEACE
té, niriel] de ſi profondément &defi uni
verſellement enraciné dans eux que l'or
gueil. . -
Cela étant ainſi , comment ſerait-il poſ
ſible que de celles gens fuſſent éclairés de la
Iumiére d'enhauc , puis que Dieu a reſolu
abſolument de ( a) rgſíſter torîjour: au: eſprit:
orgueilleux , ó- de ne donner ſngrace qu'aux
cœur.: humólas; 8c quejeſus- Chriſt loüe ſon
Pere, (b) > de ce qnïl mekefer divine: connaiſ- .
_ſauces au: ſh-uarzs ó- uus effiritó entendus,
pour ne les revéler qu'aux ſimple.- ó- m”.
Petits?
(3) Cela nous doit faireconclure, _que
pour trouver la Sageſle du Ciel il vaut mieux
sŸaddrellſier aus ames ſimples 8c humbles
nÏaux grands genies- du ſiecle éclaire'. Auſ
l voyons nous que Dieu ne nousa commu
uiqué-ſes divines Ecritures que par le nwien'
de cellesames; qu'il eſt dit , que Dieu agira
t0ûj0urs~ ainſi , 8c qu'un jour viendra,
(c) qtià la confuſion de ſe: ennemi: ſa glaire
firu reſſpamvlue par toute lu terre Paz-l'organe
de: patine” um ó- dc ceux qui ffiront allaitan:
â la mamelle de ſa divine lägellè.
Cell pourquoi , loin qu'on doive ſe cho
quer d-c ce qneles di-vins Traités de ce Re
cueil ne viennent quede perſonnes fimples
8C peu conſidérables danslc monde ſavant ,
nous dev-ons plſirôr prendre cela pour un
préjugé en leur ſaveur. Dc vrais ſavansz'
quravoicnt
ſi , joint laA piéce'
~ 8c Phumilixé la.â.
_J
PREFACE.
niíre brutale comme des béres ſtim intellige nee.
De telles perſonnes croironr ſans doute
avoirbeaucoup de ſujet ou de mépriſer , ou
de décrier les Traités de ce Recueil par la
méme qualité de myſtique, qui peuren effet
leur étre donnée :l bon droit, Puis qu'en
core qu'ils ne propoſent pas un Syſtème ni
Émabrëgé de cette ſorte de Théologie, ils
com énenr néanmoins ce qu'il y ade plus
ſolîiciilldans ſes dogmes, 8c de plus neceſſai
reâ 'ſon introduction. ~'
(a.) Il ne Faudroít pas s'étonner que la
Théologie Myſtique étant , comme elle
l'eſt, le fleau des occupations vainessc des
dfflrractions inutiles, auffi bien que le con
írepoiſon infaillible des héréfies Socinien
nes 8c Pélagiennes , 8L de toutes ſortes d'er
reurs dangereuſes, elle vinſt à deplaire ſi
fort 8c aus vains ſavants, 8c aus diſciples
de Pelageôc de Sorin. Mais que des perſon
nes 8: orrhodoxeséc pieuſes , ſe ſoient laiſſé
prevenir à l'encontre , 'c'eſt aſſurément de
quoi elles sïronneroienc_ elles memes ſi el
lesne l'avaient Fairparîignorance; s'étant
formé une idée chimërique lle cette-divine
Théologie, ſims ſavoir, qu'elle n'était au
tre chole que la plus pure connaiſſance 8c
le plus pur amour de Dieu; ou, que l'u
nion avec Dieu autant qu'il eſt poſſible de
l'avoir-en cette vie ;ou bien , ſelon (a) Ger
fîóh‘-,“ l'union expeïimentale é' gratuite de
Fume avec Dien; 8: méme à labien pren.
²~ “ t dre,
(a) GerſI AIN/ah 36. lit.:
PREFACE.
dre , c'eſt la plus parfaite eſſence de la Re-Ï
ligion Chrétienne, ſans la ſubſtance dela
quclle nulle ame ne parviendra jamaisàla
viſion béatifi ue de nôtre Dieu.
je me pet uade qu'on ne trouvera pas
mauvais que j'eſſaie àdire ici uelque cho
ſe tant pour lîéclairciffement e cette ma
tiére , que pour enlever quelques préju
gés que l'on a ſurce ſujet.
lly en a qui sïmaginent que la Theola
gie myſtique eſt ce qu'on appelle une ex
plication typique ou allégorique de la S.
Ecriture; 8c c'eſt ſur ce pied-là qu'ils en
font l'objet de leur mépris. Mais quoi qu'on
puiſſe dire de cette divine manière d'inter
preterPEcriture allégori nement, ce n'eſt
pas pourtant cela qui eſt a Théologie Myſti
que.C’eſt la Théologie Symbolique ou figu
rative: 8c c'eſt une grande mépriſe que de
prendre l'une pour l'autre. Il eſt bien vrai,
que les interpretations allégotiques portent
quelquesſois le nom de myſtiques: mais
ce n'eſt que par accident, quand il écliet
que la matiére ſoit myſtique; ou bien , im
proprement, quandelle ne l'eſt pas.
D'autres ſe figurent que la Üéolagie
myſiiqye ſoitje ne ſçay quels efforts ridicu
les de sfl-:xtaſier, ou de ne faire nuls actes
d'eſprit, 8c de ne penſer à. rien; ou bien
un amas de viſions bourrues, de ſpécula
tions creuſes , 8c- dïtxpreffions extravagan
tes ui_ne ſignifient rien, &je ne ſiíai quel.
lesc 'ſnerés de cette nature, auſſié oignées
*k 5 \ de
PR E BAC E.,
de la Théologie myſtique que le Ciel( l'eſt
de la terre.
Mais la véritable Myſtique étant tout
autre choſe , _il eſt bon d'obſerver, pour en
avoir-une juſteidée. qu'on peut_ la pren
dre.,en deux différentes ſignifications: la
premiere en lui donnant un ſiſens étroitóc
reſſerré 5 par alors ,z _c'eſt ſeulement l'union
de Panic avec Dieu , ſans conſidérer les voies
qui y ont ſervi de moieiis ~. l'autre ſens eſt
plus étendu , 8: il comprend de plus les
voies ínterieures par leſquelles l'ame peut
arriver à cette divine union.
(3) Or comme dans l'ame il y a &CDX
facultés, principales , ſentendement 8c la
volonté,- ôc quel'0n peut atriveràſunion
divine par l'une 8c par l'autre de ces deux
voies; auſſi la Théologie Myſtique. “ſ5
dans ſa ſignification la lus étendue, Cdi*
viſe en deux eſpécesdi ëreutes, dont cha
cune ado rapport à l'une de ces voies-là.
La premiére eſt extraordinaire : c'eſt
celle de la voie de Pentendcment; qui con
ſiſte en ce que Dieu faiſant ceſſer ſon acti
Viſé. opere dans lui par des manières ſur
naturelles de raviſſemeus &- dextaſes, 8c
par des viſions intellectuelles 1 qui à I3 Vf
rité ne ſe doivent ni mépriſer ni rcjetter
lors qu'elles .viennent véritablement de
Dieu , comme il y en a rant d'exemples
dans la S. Ecriture ; mais auſſi tous les
Théologiensmyſtiques tombent d'accord
que cette voie_ ê( cette eſpèce de Théologie
u
P R E F C E.
myſtique eſt trés-rare z \qu'on ne la doit
jamais deſirer; 8c que ſi l'on y a du pen
chant, l'on y eſt ſujet à mille périls 8c à
milleilluſions diaboliques ou l'on ne \nan
quera as de tomber. Ce n'eſt pas de cette
forte :ſe Théologie myſtique qu'il s'agir
dans les Traités (uivans: 'au contraire', l'on
yen déconſeille exprellèrhenc lc deſir , qui
ne pourroir venir que d'orgueil , de pré
ſomption, Œaveuglemenrôcdzimour pro
pre. 8c ui ne pourroi: avoir 'que de fu
nefles e ets. '
(4) L'autre ſorte dcT/:éologíe Myſtique
qu] regarde la voie de la volonté , conſiflc
en ce qu'on vuidc ſon c-xur de l'eſtime 8c de
l'amour des choſes créées 8c de ſoiméme,
pourlc donner tout à Dieu, 8c pour n'aime:
plus que lui ſeul 8( que l'accompliſſement
de ſa volonte' divine; en ſuite dequoi Dieu
s'uniflant àl’ame la remplit de ſon plus di
vin amour, 8L lui communique ſes lumiéù
res les plus pures. Et c’cſt là. la véritable
Tnfloroc” MYSTXAUE , proper.
tionnëe à la capacité de tous les hommes,
à l'uſage d'eux tous, 8l que plûſt à Dieu
que tous voulullent bien étudier.
Elle eſt apellée Myſtique , c'eſt à dire,
cachéeôz jècrére , rant parce que l'union di
vine ſe fai: intérieurement dans le ſécret du
cœur Puzifié , que parce que les ſavans
mondains ne compréneur rien à ces divines
communications intérieures de la Sageſſe
ê: de l'Eſprit de Dicp: C'eſt ce que \loué
_ 7 ²P~
PREFACE;
apprénent )eſus Chriſt 8c S. Paul en pir
lant de certe ſacrée Théologie. (a) Celui
qui m'aime, diljle_ Fils de Dieu , ſera aime'
Je mon Pere, U-je Paimeraj, ('7- me ferai
connaitre à lui. . . . Si quelqu'un m'aime il
gardera ma parole, ó- mon Pere l'aimer.: ,
ó- nous -viendronx à lui, ó- nous ferons ne'
tre demeure dans lui. (b) Bienheureux ſm:
;mx qui ont le cœur pur; car il! verront
Dieu (c) Nou: annonſons , dit S. Paul, 14
ſhgeffi de Dieu qui eſt M Y S T 104i E ou
en nuI
que MYdexſages
STE 1l Eduſiſiecle
, c'eſt à n'adire» cachée,
connue.. ('5 ſ
. .qu'on
71e peut connaitre queparPEſpÛrit ;le Dieu. . _ _
Léo que l'homme animal ne ſaurait compren
dye; ma” qui luíeſt fblie 8c ſujet de riſéc,
lille eſt encore apellée myſtique ou cachée
parce qu'elle ne ſe peut démontrer :l per.
ſonne par aucun raiſonnement, 8c qu'on
n'en ſauroit prouver iii faire comprendre à.
d'autresla réalité &les vérités par aucunes
idées. Il en eſt ſur cela comme de toutes
les choſes d'expérience. On ne lauroit,
par exemple. prouver par raiſonnement à
une perſonne qui n'aurait jamais vû le So
leil , que cet aſtre eſt brillant de clarre' , ncti
lui donner d'idée de ce qu'eſt ſa lumière;
On ne ſautoir par aucune demonſtration
faire comprendre à quelqu'un qui n'aurait
jamais goûte' de douceur, ce que c'eſt que
. la douceur. De méme auffi ne peut Un ai.
xe comprendre à perſonne les lumières de
cer
(a) 70an- 14. (b) Matth. 8. (c) i Cor. 2..
PREFACE.
cette divine ſcience 8c ſa force , lice n'eſt en'
renvoyant ceux quiveulençläpprcndre , à
l'expérience 8c à la pratique fidelle des
moyens que l'on y propoſe pouratreindrc
àſajouïïlance, laquelle eſt indiſſoluhlede
la connoillauce vive de ce qu'elle eſt , 6c'
avant laquelle on ne peutavoir aucune
vraie idée de ſite que ſes termes ſignifient!
ce qui ell: auffi la raiſon pourquoi les ignoà
rans diſent , que ce n'eſt qu'un amas de
mots qui ne ſignifient rien , tout de méme'
que les termes de lumiere 6c de couleurs (ont
des mots qui ne ſignifient rien à des' aveni
gles-nés. '
111.. . i -
Un grand ſpirituel du ſiecle paſſéjle
trés-éclairé 8c trés-pieus Lansbergius, ex'
prime ainſi ce que j'aurais voulu dire de
plus ſur cette matière.
,. Les Contemplarifè (c'eſt à dire, ccuxſi
n donc l'eſprit 6c le cœur goûtent 8c voyeur
,,Ie Seigneur 8c la douceur, comme par.
,,lc David ,J apellent TlaealogieMj/flique
nou Saqeſſe ivine l'union avec ſiDic-u. Elle
:-conſilîeà connoitre Dieu 8c à le contem
z- pler; à mourir à ſoi 8c à routes choſes
J) Pour \d'étre uni qu'à lui Sc ne vivre qu'en
…lui Cela ſe ſaitlors quelkſpçicdcrhonx'.
d. me par un generenx mépris qu'il fait
nde routes choſes , s'élève au deſſus de tout;
»Sc que renonçant à toutes les créatures
:D qu!
(a) Lam b. Milíce Cha-it. cluſ- 37.
— PREPA-»CE
ſſn qui lui pourraient ſervir dempéchement ,
3, il nc ſe ſoucie de jouïr que de Dieu-.ññ s'u
,, nir par amour à lui , 8c ne- ſonge quïſilui
z, plai-re. C'eſt pourquoi cette union, que
., nous diſons étre apeliée TL-éalogie Myſh
nque, ne peut sbbtenir qu'on ifaitaupa
,,ravant déracine' tous les vices , plante' les
»vertus à leur place , 8c appailë lc tumultc
9, des paffions , qui trouble la vûëintérieu
,, re, 6c ne permet pas â l'ame de pouvoir
., regarder Dieu. Car comme Dieu eſt un
»eſprit
,, trés-pur.
ou ſicontem lé ,queil ne
parpeut
les auffi
amesétre vû
putes.
,, Mais quan le cœur eſt épuré de ſes vices ,
,zil n'a point de peine à s'élever en Dieu
,, comme à ſa vraie origine : 5c il lui eſt
,,aulli naturel de ſe porter vers ſon Créa
,, s'élever
ſi., teur comme ileſt naturel àla flamme de
cn haut.
ſi» On peut inſerer de là, que pour par
.j, Venir à cette union de l'eſprit humain
,, avec l'Eſprit de Dieu, 8c pour ſe rendre
., ſavant en la Théologie _Myſtique , — les
"livres , ni les Docteurs , ni laſubtilité
"d'eſprit, ne ſont nullement néceſſaires.
,, Car iln'y eſt pas beſoin d'un grand tra
l) vail ni d'une grande étude , Dieu ſeul
.. étant comme le Maitrequi enſeigne cette
…divine ſcience , ou qui communique ce
,. don aus ames ures , 8c principalement aus
,, hnmbles , ſe on Faflurance que nous en
z. adonnée le Sauveur lors que faiſant une
n élévation d'eſprit 'au Pere éternel il lui
- ,, di—__
PREFACE.
., diſoit : ( a) J*: 'vom rendsgrate: , ÊPia-e qui
,, ét” le Seigneur du CÏBIÔJB la terre. le”
,. quvæiam caché ce: choſe: a' reuxqui s'eſt/ment_
»ſages ó- radenr, 'vous [em-vez découver
ntes aux umbles. Cette ſcience touteſii
nblime qu'elle eſt, eſt donc commune en
l) tre les doctes 8c les indoctes: &méme il_
” arrive ſouvent que ceux qui ne ſavent rien
,, 8c qui ſont les plus ſimples , [commeles
,. Autheuis des Traités ſuivëaiis ,1 s'y avan
z» cent néanmoins le plus; parce que leur;
,, affection. qui ſſeſtpointenga ée danslx
,, curioſité des ſciences, étant [fins facile
,, ment attirée vers Dieu , ils acquierenr,
»une connoiflanee d'experience des choſes_
,. divines , beaucoup plus grande que-celle de
z, luſieurs perſonnes qui ſont arrivées par;
,,l)eur travail à un haut de ré de ſcience.,
…La raiſon eſt, que la Thaolagía Mzfliqnc
,, ne conſiſtant point en théorie ni en des
,, ſpeculations intellectuelles , la ſubtilité
,, d'eſprit n'y eſt point neceſſaire; maisla
,, pureté du cœur, 8c un pur amour envers
,, Uieu , c'eſt â dire , un amour dégage'
,.descréatures, Bt qui s'exerce ou ſe puiig
., fie par un tenoncemeutâ _toutes choſes.
…Mais quoique cette 'ſcience incompaz
,, table :St cette union avec Dieu puiſſe étre
,.
., pourtant
ſi communeàl'eſtime
tous,,que
celal'on
ne zdiiriinue
en doit glis
1V».
-PîRI-IFACE.
I V.
( i) Comme c'eſt de cette Sageſſe du ciel
que ſont pleins les Traités ſuivans, on ſe
perſuade, aprés tout ce que-l'on vient de
dire , queirccpté-lesimpies &les profanes,
nul de ceux qui ſont proſeffion du Chriſtia
niſme ne pourra les regarder qu'avec eſtime
ni les lire qu'avec une édification ſinguliè
-re , loin d'y trouver quelque ſujet dächop
pement. (Qoique les Approbation: des
Docteurs Catholiques que l'on y a jointes,
ſemblent ne les mettre hors de toute diffi
culté que pour .les Catholiques ; nean
moins , ceux qui ſe ſont ſéparés d'eux, ne
pourront ne pas en étre édifiésſpoutvû uc
(ſans ſe donner de peine ſur une comparai on
tirée de l'Eucariſtie qui ſe trouve dans le
Berger illuminé, ni ſur un mot qu'il y die
de 5. joſeph; non plus que ſur un avis qui
regarde l'office des Anges , que celui qulï
publié le premier IZ/ibrégé de la Perfection
Chrétienne. a fait mettre à la fin) ils ne
s'arétent qu'au but principal, 8c à la ſub.
ſtance dechaque Traité, au lieu d'appuyer
ſur des choſes incidentes. que l'on n'a pas
ce
afiſiiendanr dû ces
de laiſſer tetrancher
ouvrages en leur 8c
invariés faveur,
dans
toute eur integrité, avec une entiére fi
délité. _
(z) Le premier de ces Traités 1 qui por
tepour tiltre, L E B Hte. ER rr. Luurus'.
étant propre a'. attirer -le-ctxut à l'amourfiles
C 0'
PREFACE.
choſes éternelles, 8e a reveiller l'eſprit par
uancite'que
divines de l'on
merveilles également
y aptemſſira de la rares
bouche8c
f: rrelquentrÿujÿxſſspírituffi" “__²*”,-'-'-‘,‘
4' Credanmómnirempafe!" ~‘ë"" 'W
' ' ~ PLN 'j'
Fau
Fautesfi corriger.
Peg. 129.15g. rg. grande liſe-'Mgarde
2.7; a8 xeſſentiroir. l. 3'” reſſenti
roir.
2.80 2.0 àces. l. àdea
299 r7 àla l. à ſa
307 6 effacez même.
32.4- 16 qu'il l. ôcquül.
Notez.
P45. r2.. I. 2g. d” lieu de parlant aux hom.:
mes ſinon par, on pe” [in , qu'en parlant
aux hommeslpar 8re.
P45. 23. l. 8. a” lie” des ma” me loger chez
elle avec lui; on rm": qu'on pourrait lire,
1a loger chez. moi avec lui; ou bien, me
loger chez. lui avec elle; mais comme and
venin ſuivre exactement l'original , un n”
pas trouve' dprapot de changer ces mo”.
..L
I. COR. 11:14.
L'homme naturel ne comprend pa: le:
:baſé: de ?Eſprit de Dieu: il le:
tient pónr folie CF ne ſimroit le: m
tmdrc: mr ,on ne' peut le: corznoízre
m' en bien juger 9mz_p4r1a lumière
de [Effim de Dieu.
LE
LE BERGER
ILLUMINÉ,
Ou ſi'
ENTRETIEN SPIRITUEL
D'U N B E R G E R
Et
D'UN ECCLESIASTIQUE.
Et mm flmplízióiuſcrmoeinnrío q'un.
Prov. 3:31.
'I'
.PR Ê~F-A c; E,
JHE wwpnſênte, dmLLect-ænr, l'ex
trait d Um diſtant: qui contient le;
plu: bel/e: -Uériteæ du Chriſtianiſme.
Si 220m le lzfez. avec re/Zexzan , C9' que
ww canoe-mhz, bien ce qxffzl 'vom dit ,
jeſidi: aſſênré qu'il 'vous _ſenc-lira à puri
fier 'z/aſtre ame, CF 71h! eſlewra 'U6'
tre cœur à Dieu. , CF le nrc-m dan:
Panam- des" bien: eſſternelx. ſe regrette.
_ſeulement queje ne puzffi' 710m le don
ner dan: le: term” C5 dan: la pureté
d” ſtzle de PAutbenr comme il n
parlëdanrſer Confierencez; car il w”
ravifaitpdr 1.1 douceur CFF” la vert”
de_ſe:propre:paroles. Maté.: ce bien eſt
irreparab/e ; parce que le reciieilqxfn” _
partzenlier en afait , a paffiſipar rome
de mains, U on en a ttreſſtnnt de ca
Pier, 752i] n) &Xp/m moyen de revenir
ëzſſorzgznal. Il faut donc [ê contenter
de ce 7m' nem en reſte, C9' remedier
pein lſizbnpeeffion à la-peſte entiere :ſan:
pzeccæzqm nou: da” etre chere par”
714,617$ eſt belle CF profitable. Et que;
que le diſêours ne fait PM rapporte dam
2- 14
P R E F A C E.
la pafictión avec Laquelle LPO/In
rhenr Pa dicte', neíznmoin: il y en 4
tom' regal 'eſt de meilleur; C5 le 714$
ſed” Îfcſſfpar encore ſi loin de ſ21 fimi
1mn: qiiil ne porte lagon/l C5 ln d'ou
Erur de. laſaurce. Beur/ez, , mon cher
Lecteur., de cette agreable liqueur,
elle raſſâzſicra *vo/Irc eſprit; C5' ſi 'vom
en bcnvezſauwnt , elle vanrfera jZ-n
rir., combien Dim care/ſh .ceux qui
lïëzrmrnt , "(7)". combimeſi' heureux c:
Iuy qui _Æ-.confic en 1x7. Guſtateêc
vidctc quoniam ſuavis ell: Domi
nus.; beatus vir qui ſperax in co!
Pſàl. 33. Gozítcz. C5 vaitz; combien le
Seigneur'. eſt doux. O qzfheureuxï
ſänz -cenxqni ne s'attendent qu'à lui!
Âïídſienp." . . ~ . L: i .
z j _ n - ( _ l , . \
ñ- _ J; . 1 I. l. , )
-. :Sn . h“ ñ** '~ '. ~— .' -i
*.~.‘.*‘\.'."'i :ſſl d. «id 'i i* I ' .
., .A
\çrh ç ..X d Q .1 ..— ..\l ,…
)i\_-\ . A ... . a_ ._d r
'r . l
*..".‘. l! déni: .V1 'i' ;tri ..i 3.1. 1 ‘ u'. z
.
tſi-î' 1 r *Had_ Ã-\‘)-."‘.u - \LIL
ſſñ -ſi ſi ſſi …dl '-7
'S' .". ' î. .
LLËÉÈRÛÊR
Dívinerificſinictlllulctninè.
-z
CONFERENCEL
' Rencontre f5 deſcription Je Id ezfàñncde
ce Berger ;_ de ſèr vertu: E5' eſè: dan: ;
défi-r cnrretienrfizr I?uñian avec Dictlſſl ,
fin' ſé; artribunîä' _là communication ;
ſi” Iaperfectio” , le: _ſàuffiancex ,' 1'0
'~ raiſin: , lïlluminatiqn de l'ame , l'a e
ratia” intírícure de 'Dim , la lauëæigo
humaine, E5 . -
, 5"]
s E voudrais bien lavoir àſñ
' ſés de' force; pour rgçon
z~ ſ de
rertoutàzrlongſôc
lpirxíeſird "pèurſiſ bienàſſez
_dx
rimer'. combienïheureh
. ñ V eme-m: '.m’a’ço1icjdit Nô
trc Seigncuſctâ la \Bi-rie 'äeifióp' Pzſrfs ,
pour lag-encontre» ue' *eîfisdïun bien
' ueje né ſçaurois ése inierſjp veûx
Hire , d'une; amédes_ plusfffràreaquc
~ j’aye jamais connuës,ï'& de qui jîäy
appris des ſecrets merveilleux, [Sc çii
vlns.] ’
- — ,A z 2.. je
6 Le Berger
z. Je trouvay dans le coche placé
tout prés de moy un jeune Garçon âgé
-de i8. ou 19. ans, extrememeno ſitn~
ple 8c groſſier en ſa parole, ſans let
tres aucunes, 8: qui aprés avoir paſſé
ſa vie à ſervir un Prêtre, eſt mainte
nant Berger ,- mais au reſte, remply dc
toutes ſortes de graces , 8c de dons in
terieursſi relevez, que je n’ay jamais
rien vû de ſemblable. ~ ~
z. Il n'a jamais été inflruitde per
ſonne que de Dieu en Ia vie ſpirituelle ;
ce ndant il m'en a parIéai/ec tant de
. ſu limité, d'abondance , 8c de ſoli
dité, que tout ce que j'en ay lû ou en
tendu n'eſt rien en comparaiſon de ce
qu'il m'en a dit. ' _
4. Comme d'abord j'eus découvert
ce thréſor , je me ſeparay dela com
p pagnie pour efire avecluy, ra-ne-queje
pourrois , faiſant avec Iuÿ tous 'mes reñ
pas 8c mes entretiens. Hors les_ diſ
cours que nous tenionsîenſêmble-il
_ eſtoit continuellement
laquelle en Oraiſon-;dans
il eſioit ſi ſublime ~Ã~ſi~que ſes
commencemens furent_ des. 61ans,. qui
ſont (à ce qu’il dit) des imperfections
dont noſtre Seigneur l'avoir delivró_
Les fondemens de ſon .ame ſont une
- grandefim Iicité 8c une profonde hu
milité. A a ſaveur de la ſimplicité Fay _
découvert beaucoup de merveilles;
com
Illumintf. -ÇonE I. 7 '9'
combien que ſon humilire :n'en air .ca
ché ,beaucoup d'autres. ' V. _
— 5- .Ie le. \nés ſuxzxous-.Ïcs Psïïnïsde !ï
vie ſpirituelle dont je' ÎIS_ mägîſçr du
iranczrrois joEzEê-z ram: urcçqtxi touche
ñlapvëxciqueëqæ-&J-æſ ecylaxiqq: vSE-.jîcn
*… ;ñyñ reçu giesñizépçn ,es .rue laiſlbiept
- remply däéronnement.; _- .‘\
6. Auffi-toſï qu’~l fapperic-evoit de
ſiçeqzfil meſi diſait…. .il ſee .vquloit jetter
à mes pieds pour s’humi vier.; _car- nous
zdeſoendipns; ſouvent du coche .pour
;nous entretenir ,plusíà l'aiſe, Sc eſtxe
-moinsiqterrçm
, , 7. 1,1 ſecroiçl,,pus… ,_ qu'il. eſt_, ,
8c_ il aſſeure
@un des plus grands pecheurs du monde i
..ôic ,il mZaDEÎéR-.Æonjuré .de le croire. ,
ó. Il-mfa; Elif-tenu! -tQucÊ-îunc \matinée
.deg çüverëzóefltats; de.; la PÎUSZ-Pëïſaile
union avec Dieu ;_ des cdmmunieaçiqízs
_dcsïcnsoisPaſonnesñDivi-aes avce-l'ame ;
.de Pincomprehenſible Farniliarité ide
'Dieu avec les. ames. urcs; des ſecrets
,que Dieu luy avoit ait connoiſire tou
..çhant ſes Açtributsſñ 8; partiçuliere.
.ment de ſa juſticszſur les ames qui n'a
_vancent .aflàlaçxerſection
les la-degreñnr_ quoy qu'à
:- dqdÿſivers rargadesfln
ges 8c des hommes Saints. -
Il me 'dit encre autres choſes, qu'il
ne quittera” pas une ſeule communi
cation. qucilÿœu -luy fai! d: ſoy c" \me
- __> “ ’ A 4 . , r. C0113*
T8 ~1 7 'Ëe-ſſBePgàFſ
“Qdxſiïizfiunibng ouetÔutcequelesAh
es en _Peflac e la gloire, &mus les
’ Ômmesj luy "poui-roientdonner-ton
ŸWÛÏÃÏÎHŸÎ' lnſiidÏrpèdrſiëieſſ-Ã
x,-‘u ez 'x pr
ſ7 Iæpureçé' , -efloic-'tellemëntïÿoſſedéeſſle
² Dieu -z~~qli~elle. tenoietous ſes' mauve i
_mens en
Ÿ-coſirps ſa puiſſance
,ſſ excepte: , méme
rei-tains» ceux
peti” du
egare
ïîſzenr; Janrlgfluelæeſille peche; Ceſoiic
ï es' ropresnfocs. e ‘ 'ï -.—.z>_ ‘ 1.-.
[lime dnrque cefpàr quoy une-ame
?ſe hall-e le plus à? la pëärfectvion ,— eſtdeffè
Éatnnoijîre U corriger; 18( quL-ifrletglſiuſ
U oit pas de demander ai ,ion
'- mais qu'il falloir ſe faire vio ence: qué
.deficit la pure ſaute des 'Rieli ieux
²s'ils n'eſtoient~point' ärſairs; qu' s _ne
"peérſevérent point ?ſe yaincre eux
Lm mes..
²‘ Que Ie lus'.grſiandî
.1;['~‘!')r‘. j!
malheur eſtoíe
‘ n'on n'agit pas bien des 'ſoufflanceä
infirmitez du corps , dans leſquelles
Dieu avoit de grands deſſeins ,~ qu'il
~s'uniſſoit à l'ame' bien plus parfaite
'ment par les douleurs que' par les de
lectaticns; que-le trop grandſoin de
"la ſanté en eíïoib un grand empeche
mcnt. - v '- -' '
Que la vraye Oraiſon conſiſte non pas
à recevoir de Dieu , mais à luy donner;
8: aprés avoir reçu de luy , le luy rendre
par amour. ' Que
!Ilan-ind CËmf. l. ‘ 9
~ Wc quand Pamour embrazé 'vient
juſqu'au
«me doit raviffement , la'&àſedépctoüil
conſiſter à \îuir fidelité de Pet
ler de tout ', à meſure que Dien sïipprd
che pOur-la remplir. ’ '
8. je luy propoſay toutes les diffi
cultez de monintérieur en tierce per
ſonne, (car autrement je ſſeneuflè pû
rien tirer )que'
leſorte, à quoy il me que
je iëroyoîs ſatisfit en tel
ce fût un
Ange; 8c ce doute 'me reſta juſqu'à
ce' qu'il me demanda à Pontoiſe de ſe
confeflèr , 8c de communier: or les
Sacremens ne 'ſont pas Faits pour les
Anges. ll ne m'a jamais voulu pro
mettre qu’il² prieroit Dieuîpour- moy z
mais qufil feroît ce qu'il luy ſeroit poſñ
ſible; celà ne (lependant pas de luy.
9. je luY demandai, ce qu'il jugeoí:
de la ſainteté de‘S.j0s E Pu , 8c s'il
luy eſtoit Fort devot? Il me dit, qu'il
y avoit-ſix :ms u’il cſioit ſon Protc—
&eur , ſon Mai re 8c Directeur; 8C
que Noſtre Seigneur luy-même le luy
- avoit donné ſans l'avis de perſonne. Il
ajoûta , qu'il avoit connu clairement
de ce Saint Patriarche, qu'il eſtoit le
— plus grand de tous les Saints aprés la
V r E x a E , qu'il avoit la 'plenitude 'du
Saint Eſprit tout autrement que lEs
Apoſtres , qu'il eſtoít Dominateur ſur
les ames dont la vertu doit :ſire caché:
— A 5 . Cn
Io _ _Le langer _ '
Once-monde, commela ſienne l'avoir
jeſté: il m’affi~xra
céir aimable de plus;
Protecteur queeſté
avoit lavie ,de
ſi peu
.connuë , qu'en recompenſe Dieu a
voulu qu“il n'y euſt que les_ ames extré
mement pures quieuſſent des lumières
touchant ſes grandeurs. ~ Il meſditen
core , que Saint J 0S E P ki avoit eſté un
homme de grand ſilence; que' dans la
maiſon deNoſtreseigneur il' parloir fort
peu , Noſtre D A M 5,8L J :Sus encore
moins: ue les yeux lu apprenoienr ~
aſſez dec ſes ſans que 'un ou l'autre
luy parlaſt beaucoup. ,Enfin , il me dir
uneſi grande quantité' de bonnes en
ſées , que je ne ſ urois ſuffire- a les
écrire; 8c je m'a eure que ces trois
jours m'ont autant valu que beaucoup
&années de ma vie. a
I0- Ce que ſay particulierement
crouvéde remarquable en ce Garçon ,
eſt une extraordinaire
efficace prudence admirable, 8c une
en ſiſes paroles.
u. Il me dit, que la lumiere ſur
naturelle que Dieu verſe dans une Ame,
lui fait voir toutce qu’eIle doit faire,
lus clairement que la lumière du ſo
cil ne monſtre les Objets ſenſibles; 8c
ue la multitude des choſes qu'elle
écouvrc dans Pinterieur eſt plus gran
de , que tout ce qui eſt en la nature
corporelle: We D [au avec rouä
ñ Illumítre'. ' 'CODE I. k-rſſ
CONFËHR-ŸÉNOE Il?
ſi ſiDe Ia _ſâurceſſ der banner' penſee: ES' Je:
bam' deffiL-inr.. Difference de Dieu , de
l*homme , G7 Ãn Demon. Can/Îderafion
de; ſàtrffrancer Je ÎEJiU-Cbriſl E5' de:
nätrcr. Grace , finite de: verts”.
'L A ſeconde Fois ue ſenti-crins
À ~ nôtre Berger , i' ne me parla
que des pratiques journalieres que
nous devons faire de la vertu.
z. _Ilnous
ſ -fois, medit, quejetter
devions tous l'es
les jours
yeux une
ſur
les ſaintes inclinations de] E Su S , 8c de
?ſ11 S. -M E-R E, pour" les adorer 8E de
firer. é
g. Quand apr S avoir rendu quel
que_ long 8c penible ſervice a Dieu , il
. A 7 ne
:14 Î Bdxgtrſ
.ne nous donneroit gut-me, bonne _pen
:ſée dans l'eſprit , nous. ,devonsnous
…croire eſire bien payez; que nous ne
«m—~
Payonspas même meritée , 8C que nous
'la-devons ñhonorerzen ,nous comme un
-, reſent Venu du_ Paradis; _ puiſque ..CPR
1.9, ïaindonc ;Fcnxxeïëicnncns les »Anges
…B94.;
?SSPÎUÊB-zz
Ilſſ me ditſſ- ,ctnque
— - quand il faiſoir
(ſſ quelque propoſition en Foraiſon , il
- ,_ ne diſoit jamais, Je meärofuſh d'ete/ſen
avant de ſhirt
je re-ſiſiſterai quelque;
a' un tc] vice,cde vertu , ou,
que c'eſt
une préſomption; mais u'il s’offroit
à Dieu comme un vil in rument en
_tre ſes mains, pour faire, avec l'aide
de ſa grace , la guerre à un tel vice , ou
pour faire des actions d'une telle vertu :
de manière que quand il en venoit à
bout , il remercioit Dieu de s'eſire ſer
vy deluy , 8c de l'avoir accepté pour
faire céte bonne action , ou vaincre ce
4 vice ;. &que quand il Ïexécutoit rien
de ſa propoſition , il ne ſe troubloit
J point, diſant , .Auſſi-bien Dieu »fefloit
L: . ſaint aHlzëdeſèjêr-zzir de! mo).
i. g. Il me dit encore , que ſi les De
mons aprés mille ans .de peines pou
voienc avoir une bonne penſée 8c la
poſſeder en eux, ils eſtimeroientleurs
peines legeres, 8: ſe ſentiroient obli
gez à Dieu , la tenans de ſa pure miſe
ricor
Illumjne'. ConF. II. .ls
ricordc : Mais quand ils voient le bien ï
8c le deſirent comme_ une ,choſe éloi'
gnée d'eux , dontils .ne jouïront ja
mais, c'eſt là 'la ſource de leur deſ
eſpoir.
. 6. Il me fiſſt uſine remarque tres-ex'
1*!
:v - Le Berger i
eſclavage', _8z ledomaine que !dénude —' — ‘
Dieu.s’eſt acquisſurelle. 'ï
- comm: ilfaut aimer ſ5” prochain. ' -
8.f'IEneſ
dans “eàyficët Angelique Berger
raviſſementdeîſon eſprit ‘
eutquelque connoiſſance des douces in
clinations par leſquelles le mien ſe pan
ehoit facilement , mais Fortement , à
aimetëce qui eſtoit aimable ;ï &s'il eut
uelgue _ charitable” crainteſ que dans
cbr , ëëoqlemefie; 'mon- (peut neäatta
au_ âtma âffl ro
prejudicg 'osàlëedeiiipteur;
depfon ne ue cr ture;
hors*
dudohiaiñe duquel 1'] ne ſe pduvojtreó
tirer avec ïjuſtice; Car 'de ce diſcours
il paſſa fi'- adroitectment à Ïceluy d"un
amour ſ1 ſublime qwexige ce divin 'do
maine, que' jfeneutois tout ſurpris- 8e
'étre-pp ,a 1[-é..)1-?1’-z.:‘..1_‘ ,__
B \CF
2.6 La .Bp-ger ._‘
relier, comme descnfansíquikioüent
devantleur Pete, 8c des ujctsdevanc.
leur Roy; &c aprés les avoir careflë..
les pouſſer 3l exciter âembraſïèſ & 4-
dorer, comme des &mantes Madelei
nes, les pieds du Sauveur 8c du Sou
verain Roy descœurs. A. -
xs. Ilſeſautméme imaginer, u’-il
prend plaiſir à nous voir inſepara le
ment liez& unisponær luy donnerplai
ſitôt pouraeœndreſesſigiæes, ſeecom
mandemens , 6c ſes ordonnances, à
l'execution delquelles nous ſoions prêts_
d'ami' toutes nos Forces 8c ind-Jiri”
naturelles , 8c employer toutes les gm- ,
ces qu'il nous donnera. Que ſi nous
nous ſentions aimer de la forte , nous
devrions nous réjoüir .de l'empire de
) E S us ſur nous . entreprendre nôtre
amy . pour de compagnie inlieparabíe
voirregner le Redcmpteur ſur l'un 5c
l'aune , 8c entrer dans uneméœeté de
ſentiment pour conſerver .ſon domaine
en HOUS
:6, Finalement il me dit , que ſi
nonsnereconnoiflíons _pasque jnsus
C1! i. x S T regnaſt en nous ſi parfaite
ment, quülnousfalioit &wir de lare
quéíc quül nous avoit dreflëe pour la
-luy pœſcnter.. à luy dire à toune heu
œ. juſqæes à -Qe que œla ſoit: ſite”
Rrgne 14m deſir( , nou; paſſe arts-er.
. x 7- Pour
Illumine'. Conſ. III; a7
27. Pour concluſion de tout ce diſ
cours de Pamour, il me dit, ue Dieu
nedemandO-ít que trois choſes e nous;
que nous ;preferaffions l'Eterníte‘ au
Temfr, 1d ſarl/ſm auſènr, 851e Createur
à la ciutare .- 8c que tout cela étoítſi
raiſonnable , qu'un bon jugement ne
le pouvoir refuſer.
Cornu-ent ílfnet rimer la Vert”.
18. A Exit
tésVdïiruela manière
mon BeŒmt
er ilm’eut
Faut
aimer la créature raiſonnable , il me
voulu-t apprendre comme quoy il faut
aimer la vertu ,- Se me dit, u’il ne la
Faut paseſiimer niaimer pour abeauté
8c l'excellence quïellea en elle-méme
&en :nous ; carceſeroit l'aimer en Phi
loſiophe; mais qu'il
ſeſide la beauté faut Paimerà
8c exceilence cau
qu’ellea
en JEsus-Cuæus-r , où elle eſt en
perfection plus relevée; 8c ;c'eſt alors
aimer en Chrétien. Car en elle-mé
me 8c en nous, elleefi purement-na
turelle & humaine; mais en J: Su s
C-Hr. 18T elle eſt. toune divine 8c
firmamrelle. Aimez donc la Venu par
ce uffelle -eſien iuy , Y 8c pratiquez a
la äzoigneuſement parce qu'il l’a prati
q uée. ,
1 . D’ícy nous venons en la con -
noillía
ncc du grand avantage, que les
B 2. 110m
;8 z Le, Berger
hommes tirent de Péri-e de 'Jssus
C H x r S Î~ , qui correſ 0nd à l'avantage
que les pierres , lesp antes , &les ani
maux reçoivent de 'étre de Phcynme
Les animaux reçoivent de l'homme un
étre bien plus-excellent , ue celuy
qui leur eſt propre , en con Îderation
e la nature raiſonnable à la uelle ils
ſont unis en l'homme: Ainſi es hom
mesreçoivent de J E Su S-C H il r s r un
étre beaucoup plus excellent que le
leur pr0pre,8c ce à cauſe de ſa Perſonne
divine, âlaquelle leur nature eſt unie,
20._ Les actions animales ſont bien
plus nobles étantoperées en l'homme
qu'aux brutes -, 8c nous prénoms plus
(le plaiſir de les Voir ratiquer par les
hommes que par des étes. Ainſi de
vons nous croire , que les actions hu
maines ſont plus noblement operées
dans le Fils de .Dieu incarné , que dans
l'homme; 8c nous. devrions prendre
beaucoup- plus de plaiſir de les regar
der en luy, qu'en nous ou en elles
mêmes par Fimagination. En l'hom
me lesjactions animales ſont appellées
humaines à cauſe qu'il eſt homme: en
. 1 Esus-C uk 1 ST toutes les actions
humaines ſonteſtſanctifiéesô:
àcauſe qu'il Dieſſu. (Fe diviniſées,
fi tous les
animaux ſe mirans ſur l' omme, ſor
-moient 8c conduiſoient leurs actions
’ ’ ' ani
Illumirte'. Conſ. III. :"9
animales ſur l'homme , on pourroit
appeller telles actions , raiſonnables.
Ainſi devez-vous croire, que ſi tous
les hommes ſes mir-ans* ſur jssu s
CH R] S1”, formaient” 8c Coſctldlllſolent
leurs 'actions 'humaines iiirle modéle
des humaines qu'ils contemplent en- ñ
luy , toutes leurs actions humaines fed
ſoient ſanctifiées , 8c ourroient étre
appellées dir-inn. Si onc vous faites
vos actions humaines à l'imitation de
de celles de J'E—s~u s-C nin ST', 8c fi el'
les ſuivent lesiîennes ,- comme leurs
tres- humbles ſervantes pour -leshonoret
8c imiter , elles ſeront toutes iäinctes
8c chrétienne-r .~ 8c voilà_ pourquoy on
dit , que les actions humaines des Saints
ſont en eux-ſûr-humaine!, pourlîhonſi
neur-qſſelles ont de ſei-apporter à celles
dejssus-Cnnrsr. _ ' a '
2.1. lñl me dit auffi , que les Servi:
teurs de Dieu pouvoient prendre en cetï
te vie quelque recréation en des actions
honnêtes 8c lieites; mais ue pour les
rendre plus parfaites, ſil-les alloit, dit
il, conſiderer ſanctifiées 'non en nous ,
mais en l'enfance de JEsus-Cfflusr, où
elles peuvent avoir eſté d'air-façon
trés-parfaite; Se-ajoûta, que ſi nous
faiſions ces actions en la veuë des ſienó
nes toutes_ pures', ſim les ,_ 8c inno
centesi, ce ſeroiiäfaire revivre emma-ins
z a
zo Le Berger
laſainte Enfance de Jzsusd Et voilà
comment nos actions ſuivront toùjouts
les ſiennes comme leurs ſervantes , qui
leur ſeraient honneur.
2.2.. De tout cecy il eſt. aiſé à voir,
ue nos actions humaines , 8c nos actes
,de vertu morale , \ſont «Pexcellenceôc
de perfection que ce quelles en tirent
du Verbe incarné; noſtre Redempteur ,
à la veuë duquel elles ſont faites- Pour
ce qui eſt de leurs merites, il me dit,
que comme elles n'eut ontque ce qu'el
les empruntent de l'eſtime de JE Sus
Cu R r ST, c'eſt à nousàlesſaire; 8c
à luy , qui eſt Juge, de les priſer 8c
approuver. ñ
zz. Nous devrions, dit-il , chaque
ſoir rappeller en nôtre memoire toutes
les actions du jour, 8c lesluy preſen
ter, afin qu'il leur donne leprix 8c la
taxe ſelon ſon bon-plaiſir.; de manière
que n’en connoifiànt pas nous-mêmes
la valeur, nous devons travailler àles
perfectionner toûjours de plus en lus.
2.4. La fin de céte douce &agr able
Conference ſut , 'qu'il y a quantité d'A
mes chrétiennes 8c Religieuſes un peu
Iaſches de nature 8c faibles decourage ,
~ quiſe retirent du chemin de la perſe
ction par la crainte dela mortification
dela nature 8c de l'amour propre. Non ,
ditce Berger, ne vous effl-ayez point:
car
Illuminſié. Conſ. IIſ. 31
car- Dieu ne demande pas quëon é or
ge la naturesç l'amour propre: ?ant
s'en Fauts,lËauroieaconſeilîvg
mais-c'eſt
tut???
rio ~, qpcſien
ſaps
8: leînature
anschacun r nous
'auto de o??qe² ſey
ces-deux
, â 'Pc
la
Doc: V: I]
çeresísçgógffàjclirect* ê”
. ËÇ3IÎüYÎÏîf-ë’dè‘zéſesMa-,íflresffſpiz
a: ê? :f n â‘u: 'i'
rituels":qquaiidjïinlgèpkautreefi faire
avec les cirñonflantçèà
éèſtîque requiſes_ärôtre'
jeÎrËpodQ-finiplement Mais
demande 'aut' ,fcíuiîtne toucheç-,Sc
Rfflfïîïlîlïlë .- --ñ-Ïïlïsſiïëî--Ïctpî .A \
PaÎZÎï-sziéëfótés 'irfiuzës ds_179v_ ÎÏÎËWBÈt e_11.1s
&'
par ' (ès gaâfçsns' écrites ,ñ -&Ï_qu'_1'l-;m’a
preſſcYQJaY-*Ëhtâ ?Ôíïänscurn arai on
mieu-en fórai_ en par Peſprítſ .ſa graz
ce; qÙËſŒÎîſŸËíUrOÏEÏiÊ-QËC tous les livres
&ſes enſeignemëns des hommes : Yen
tçns dfeshommçgiquinepqíÿà _' :Qintla
FûÜÎéFè,.ë$ſ..!.’îÎ1~\Οî{l²-Ÿ,~Ÿd°ct&ïct-z … . ’ '
ſi S
q _ .- q( r _
inoipâranger &herläes ames, älzeur mo
des: leüropiñion-_la élleneÿîäccpre
&Iam- pdîntavecla cóngäíte divine , leur
perte* pâté de ptéïudicé &deretardeï
mem' queÎcfepro-fit 8c de progres. e laiſ
fÉÎÎQHCLË-'Ïîÿdlÿhbrer
giêtcsxïsîcërzxï… dico;maísſſe de_ effort
îles-amas
oiehtfëüÿë-ÏΟIËÏIÏIÇS GÔÛJLHÊË de. l' ſEEiS
'dermeuôreñtíëreóaäzvffdzä-EPÊÊ . TES
. .ils drëffë.ÎËPÛÏÏÉCÊÛŒWÜYÏFÏPŒÂP
qd'
IEÏÎÛÏÛÏICÏCÏU a celuy' CÏeÜku , STF
E. óñ.- fon
fdrçans de_ reconnaitre , decoſidſüiſfi 5C
d'avancer _par cette Voie ceux 'qui les
ont _choiſis pour' leursguides', ſou. qui
dépendent d'eux, Ponrſrnon Lartigu
Iîíijer n, cgcdVCſgſi-Jîlſ ÎQÇéÎÏÇfllIÇmCÆa-Yſieÿ
bisich-ë”'agnelets,
ëext. rîeurémezzia @cf i ..
qui ne ïn gſiméſiÿgctlÿçñfi
CoNFERÉNcE V.
Du juge/ntm* arrivez/él .~ rambieuilſêra
glorieux à Dieu, E5' combien ileſZ de
ſirable à ceux qui aiment purement
Dieu : merveille: de rejour- Id.
x. 'Eſtant venuë durant ces en—
treſaites une excellente Pro
phetie de la prochaine fin du monde,
je mîaviſay de la porter auſh-tot voir
à nôtre Berger , qui l’oyant lire , mon
ſtra en ſon viſage 8c en ſes geſtes une
joye extraordinaire. diſant tout bas
" C 2. tan
S²~ ÙBFËW-ñ
tandis que je _liſois , ,Que .n'eſt-cd aujour- ~
d'in-ly; que auſi-ce aujourdflóuy: cequi
fut. a cauſe , .que jepue píxs me tenir
äprës la lecture ,, de luy demander ,,
pourquoy il ne leuroit_ és; ne tnrembloit
pas au lieu de e rejouïr, vu que les
plus grandssaints ont, toûjours redouté
cedçrnier jour, à cauſe du Jugement
univerſel qui S'Y ſera, où les hommes
ne trouveront p uslieu de mllÊlÈCOſdC .>
,Aquo ñil me fitqune répon e iexcel
lente fi relevée , voire ſi ſenſible,
qu'elle me reſtera toute ma vie en l'a
me, pour ſujât detonnement. _
3-. Il [ne dit donc , que les ſaints
ljerſonqziges qui ont redouté .ce jour,
:feſtans pouſlez pour lors , que d'un
amour iuterellé dans la perte des pê
cheurs reprouvez, deſquels le ſort —
toit ,incertain pour eux meſmes', n'y
conſideroient , que la ſeverite' du Juge,
8c lc_- dcſavantage des _reprouvez jugez.
Mais pour moy , dit ce Berger, re
noizçant à lïntéreſt -que l'amour pro
pre mä geroiä plrendre danä ma rtízprc
perte ' answa eur, pour pou ei-_im
pleurent les interets du juge , 8c les
grands .avantages que luy ê( les Elus
recevront de ce jour,- il ſaudroit qlq-e
je n’euſſe point d'amour pour ce ju e
DSC IŒÛIËÛ( Jugîrpour ne point deſi
xer , uiemeaveç pa ion , cette journée ,
__ L] en
Illumfneî' V. ~ fzſſ
en laquelle tous ſes defirs ſerontaccorîr
plis ſur les Anges 8c ſurles Hommes'.
z. je vous dis de_ plus , que ce ſe
cond avenement du Redempteur doit'
être en certaine façon plus paffionné
-rrient deſiré que le remier tie-le ſut dés
SS. Péres , pour \ſe grand 'avantage
q.u’e‘mporte~ ce ſecond ſur le' 'premiexz
Au- :premier _avenement ſemblait
que' le'Fi~ls de_ 'Dieu tïtîrt ctÿénÿſiínëëÈâ la
grandeur-de ſon étre , 'puis qiiesglïaul
dit, ſiſi] .r’an_(4ntit,'—prer1actnt Iii ffbrïñc
deſir-vite”. Il ſernblîoit qífil ,eut re-ñ
nOncé-à la grandeur dezſes richeſſes,
entrant dans' noshpauvretez' -;~ f à' “ſon
honneur , ſe couvrantï-'clelärÿ lzoniëî-ſiëflc
»confuſion cles peclieursfläèîqfii plusïeſt ,
il renonça - en efitôc tout defbdnj ,Peſñ
pace 'de trente-Lewis ans qu‘ili dedié-uſa
en cette vîernortelle, â l'intéret que l'a
partie inférieure de ſon Ameäc tout
ibn Corps pouvaient trés-juſtement
pretendreï â lagloire , en vertu cle-l'u
nion &gdu maria eindiſſolubledëſóh
Humanitéïavec- e Verbe' 'glorieuxü
Au contraire_ enèeſecoud avenemenf!,
il viendra en pleine poſſefllon &lè-la dou
ble gloire
plus' de l'ame 8C du-
dans Pavilſiiſſement corps, non
ïdes-'pecheursg
ou dans Pinfirmité de cette vie' mortel
le; mais parfaitement vivant, 8c re
gnantdansſa” pmpre' Majeikë, gloire)
C z. puiíî
54 .La Berger
v iêiſſance., 8c authorité de Dieu ſon
re.
4. Au premier avenement il vint ſeu
lement pour les hommes pour eſtre ju
gé d'eux , 8c pour ſubir toute la r1
gueur de leurs injuſtes jugemensaſon
deſavantage: En. ce deuxiéme avene
ment, il viendra pour luy-méme, 8c
Iſe préſentera à tous les hommes &les
;Anges pour eſtre leur Juge; 8c 1l les
.jugera à l'avantage de ſa gloire.. &
.de ſon honneur.
l
, Si_ donc j'ay tant ſoit peu (ſamour
pour luy , ne dois-je pas defirer que ce
~ jour arrive- bien-toſt ,ñ puis qu'il ſera
.tout à ſon avantage?
ï _— 5. Tajoùteencoreâcecy, que com
me par précepte nous ſommes obligez
s d'aimer
. J-ESUS-CHR 1 ST , P lus (l ne
nousmémes, ſous les deux titres de
Créateur 8c de Redempteur , &Ê de
préſerer ſes interets aux nôtres,- nous.
_devons aimer ce deuxiéme avenement
dïxnamour_ tlout-particfpliî , puis qu'il
. Orne, tousRedempteur.
Hſin rsT es intere S e l Esus
_d ;l
~TABLEct
~ DW
OONFERENCES
Deœ
' ' ‘ r
Tin A -1 T E.
IHCONFERENCE
Rencontre d'un Berger IIIamine' ,* dx-;ſàrÿ
_ tion de ſaperfimne f5' de fl: don: E5 -oer
n”. Entretien ſurPunion avec Dieu,
ſi” ſe: attribut; , FJ): coſmnunica- _ !au
-:—,_—Ÿ_
H.CONFERENCL
De Il _ſource de: bonne: penſe”. De la
différente je _Dieu - _deſtbommeïïtfflu o»
IH.C6NFERENCÉ
Source Je' l'inquiétude de l'ame. Gran
deur Je la corruption &ide l'ip” uijfizn- . ~‘
ce de l'homme. Du domaine de E s u ~s- '
C un x s 'l' _ſur le: amer. De l 'z/ímour
du
Table des Conférences
Juproclmin, E5' :le lïflmaur E5' de la
Pratique de la vertu. facilite' de la fer
fëäian. Almegatian de ſài méme. l7
IV. CONFERENCE.
Quid Vzzieà Pillumination U' à la vraie
Tbealagie , q/Z lëpuretë Je lMme U l'en
tretien avec Dieu. de: vrai: livrer E5
r du Wa] Direffeur. Derûraiſbn. 31.
V. CONFERENOEL
D” dernier Jugement , &î der merveille:
qui 1'] fëront Pour le retabliſſement Je
lagloirc de Dieu. _ ;ñz
,Finde la Table.
AP
\ . r
ÀPPÉOBATION
Joints à [4 grdatric-'rzze Edition
_ dec/WDM_ 1648.
C E Collo ue ſous 'le nom d'un devot
Eccleſia ique 8c d'un Berger,
pour ſa céleſte 8c ſublime , 8c néan
moins ſimple Sc familière Doctrine,
ſera trésñutilement mis en lumiére.
.ATournai, le 2.0. Septembre, 1646.
MATT-HIAS N^vEus
Docteur en Théologie ,
Chanoine , E5' Ccnſèur de:
Iivrcr.
ABREGËſi
De la
Perſe-Hiva Cbrc-'ríezzne
.AT/Sc
SES EXERCICES»,
Etun Traité
DE L'AMOUR PROPRE.
Oo) Po” trouvera aisím-ent , avec 0r
Síre Î CF avec une [eine conviction
Ce qu’il y ade plus ſolide, 8c de plus
ſublime dans le véritable Chriſtianiſ
me 8c dans la Theologie Myſtique.
PREFACE.
L Or: que l'on fit imprimer pour la
premiere foi; cet ouvrage /raduit
de l'italien , ilëtoitſi olvſêzur C5 ſiplein
defaute: , ſhit de [apart du Traducteur
ou de celle de: Imprimeur: , qu’il eîoit
inintellijäzible en bien de! endroi”.
Mais dexperſônnes -Æeſ/Brit C5 de pute'
jugeant que e’étoz~t damage qu'un ſi
excellent treſor CF une piéceſi admira
ble, (qui pour petire qfflfel/e ſeit trai
te d'un ſujet le plu: ſiiblime du monde
d'une manii-'re qu’il ne .Peſt (guerre
rien 'au de plu: beau ,) demeuroit ain
ſi eau-verte de iíneſibre: , cela porta
.quelques Religieux <3' quelque; *Do
cteurs intel/gen: en cette ali-ame ſcien
ce a le revoir C5 a le mettre en meilleur
D 2. eſſtat
76 P n E r' A c EÏ
état ,pour :nfrzire un pre/em* à ldpaſte
rite', C5 particulierement nm- amer
dévore: : cnrponr le: docte: mandarin: ,
ce: ſçdwzn: ignorant , ce /enrſânt let
tres elajZ-s, qui ne .Pnaldreſſent non plu:
à eux que [ep-ain dcr enfant: !Peſtpazer
le.: clan-nr CF les perle: pour le: pour
remix: anjfl Phomme animal :Neil:
pas capable de comprendre les
choſes divines ôcſpirituelles, qui
viennent de l'eſprit de Dieu, dit
Sjîmtl.
_Quoique tout ce qui e/l dans ce
livre rcſſème plæîtât Peſſirtſit d’nn S. De
nis que celui d'une perſonne infirme ou
pen célébre , la vérité eſt pourtant
qu'il eſt ſom de ln plume däme per
ſonne inconnue C9' dn :éxe le plu: foi
He. Tant ce 7Mo” en ſçait , eſt que
äeſitozt une trefelaoióornóle Dame Mz'
lrirzoifl- de treCr-ſàinte C9' de tier-par..
fizite UYU. Dieu ſe ſert ainſi des cho
ſes foibles de ce monde , 01km:
_ſimple fëínme, pour confondre les
choſes Fortes &F la Daim- ſàgeflê de:
_fçawm de la terre. Mai: 'vous , rame.:
7""ï ñimez. Pie”, :ſm
'll- eſtimez
i a l pas main:
?'4'
D.
PREFACE. 77
ce: divine: verite? 5 CF recevez cepre'
ſènta' auffi bon cœur q” on 'vom la,, re
7 3 2 ai
ç/ÎÛ/rre eſippraéñztion.
C Es deux petits traitez [de la Perfection
Chrétienne é* !Ie lL-lónegution interieur-l]
rémicrcmcnr imprimez &Vapprouvez en
l'Univerſité de Paris , ſe pourront ëlcrcchef
imprimer en ces ?dis-bas , ,pour la conſola
timides ames dcvotcs qui dcſirent arriver â.
une profonde humilité , re ſignatioo 8c ab
negaríon , 8c de là s’elcvcr au comble de la
perfection Chrétienne. Fait à Arras lc
»zo Decembre lſ99.
GU l LLAUMS GAZET,
Curédc l'Egliſe de S. Ma
rie Madeleine 8c Viſiteur
des livres audit Arras.
De
79
De la Perfection Chrétienne
Premiere Section. '
Dieſt a _ -- 1.,
L’A B R E G E
Dela
PERFEOTION, .,
C H A P. I.
Ce que Ia Perfëffian fizſzpzzſëz dan: l'ame
avant que de rommerzccr 4 _y venir.
…, p , A Perfection Chrétienne
?avant que de commen
' cer à S’établir dans une
â». ame , y requiert ces diſl
W poſitions.
’ i." Un deſir ferme 8c
,reſolu de vouloir véritablement Y par-s
venin._œ ‘_ ’
z. @rap-és que Pefficacedece deſir'
nous aura enfiammés là~ vouloir ~y par:
venir , 8c à nous appliquer à la mor
tification- de -nos ſens 8! de nos(paſſions
par des efforts continuels de urmon
ter leurs pentes 8c leurs averfions juſ
qu'à ce que nous les vainquions plei
. D 4 ne
80 dfllzrege' Je la Perfection
neme_nt &que nousleur- puiffions d0—
miner avec empire;- nous ayions cette
perfection pour but en toutcsnos pra
tiquesôc nos actions. .
z. Une troiſiémerequiſition eſt, que
l'on sîétudie entiérement à la mortifi
.cation 8c à Pabnegation de \à propre
volonté 8c de ſon propre jugement;
cn ſe ſoûmettant 8c Obeïſſant pleine
ment 8nde mute ſim ame à la direction
d'un‘Co~nducteùr éclairé de Dieu. ²
4. Il faut en quatriäſſme lieu , que
ſelon les occaſions tlifférectes on s'exer
ce tellement e'n toutes ſortes de vertus ,
8c principalement en l'Amour dc Dieu
8c du prochain -, qu'on y faſſe de temps
en temps quelques progrès remarqua
bles ſans- demeurer toûjours dans la
voye des Chrétiens grofliers 8c des com
mençans. . f ,
Du moins ſaut-il qu'on ait veritable
mcnt Fait une Ferme reſolution de vou
loir Flùtôt mourir , iſóffenſer Dieu ,
(ne iuſt-ce que trés- gércmçnt, ou,
comme on dit, veniellement)ou c0m-~
mettre ,la moindre t'aura contre .la Per
fection: de ſorte qu’il. faut que les pc
chés que l'on pourra commettre cn ſuite
ne ſe faſſent que par pure inaclvertence
8c fragilité.
ll eſt abſolument neceffiiire pour
atteindre àla perfection que toutes ces
..~ . ſ Ch()
Clzrírienne. Chap. II. 81
choſes conſpirent enſemble inſépara
blement. ~
Car il efi clair de ſoi-méme qu’on ne
peut Obtenir la Perfection , beaucou
moins celle dont il s'agit ici, qui eg
la plus haute de toutes, 8c que méme
on ne peut s’y acheminer , quand on
n’a point un ardent deſir pour elleg
mais qu'au contraire l’on eſt dans la
tiedeur 8c dans la nonchalance quand
on recherche ſes aiſes 8c ſes avantages ;
8c que vivant ſans retenue on veut de
meurer dans ſes imperfections ſans s’en
corriger.
CHAP. H.
Deux P R x N c 1 P E S g ëxquclæ conflſte
la Pcïfëfliæm.
Out l'édifice de cette haute Per
fection , eſt Fondé ſur deux Prin
cipes, qui conſiſtent en pratique. Et'
?uiconque ſçaura regler par eux avec'
oin 8c attention toutes les actions or
dinaires 8c journalieres de Pétat 8c de
la vocation où il eſt , parviendra in
f illiblement au ſommet & à le’accom
p ſſement de cet édifice divin de la.
Perfection Chrétienne.
I. Le premier Principe eſt, Avom
um ESTIME TRES-BASSE DE TOUTES'
D g LES,
8: ;Abregëde Ia Pdrfèſiëlion
LES cHosEs c R E‘E’E S , ET SUR TOUT DB
SOl MEME
De ce peu &eſtime doit ſuivre,
quantàPeflèt, un depouillement entier
de toutes les créatures, 8c un renon
cement â ſoi-méme; 8c quant à l'aſ
fection , avoir toûjours dans ſon cœur
la Ferme volonté de mettre avec joye
ce dépouillement en pratique lors qu’il
en ſera ſaiſon.
De ce méme Principe doit encore
deriverun re ard vrayement tranquille
dela ſouſtra ion que Dieu ſait en nous
lors qu’il nous retire ou nous cache ſes
graces. Il ſaut le ſouffrir &l'accepter
de bon cœurrSc demeurer content avec
beaucoup de joye 8c de paix que le Sei
gneur ſe rerire un peu de nous, ou qu’il
nous dépouille de quoi que ce ſoit.
Il. Le ſecond Principe de la Per
fection eſt , Avon: UNE TRES-HAUTE
EsTrME DE DIEU', non par unevoyede
ſpeculations 8c de conceptions Théolo
giques, comme ſi l'on vouloir pénétrer
d’une maniére intellectuelle les choſes
hautes de la Divinité; cela n’eſtantni
neceſſaire, ni que de peu de erſonnes:
Mais parla voye d’une tr S-prompte
8c_ pleine ſoumiſſion de la Volonté,
8c méme de l'homme tout entier, à la
Majeſté de Diempour Padorer , 8c pour
faire à ſa plus grande gloire tout ce
qu’il
Clzrítienno. Chap. II." 83
qu’il veut de nous , ſans égard â nôtre
intereſt pour ſaint qu’il uiſſe étre.
Pour cette haute eſtime e Dieu, il
ſuffit, que l'ame le conçoive ſimple
ment avec la lumiere dela foy ſous les
notions du ſymbole , comme ſont ,
celles de Tout _flflſſflñf , de Souverain
bien, de nätrr fin; 8c que par le grand
amour qu’il a eu Pour nour, il a En!induit
aſèflzire homme , à _ſouffrir , E5 à enduro-r
juſqu? la mort. De plus, qu’il nou: e/Z
toujour: pro/Ent, qu’il nour gouverne en
route: chez/Z*: E5 quant a la nature F' quant
à la grace; E5 que nzeflne il nour appelle
en Particulier E5 nou: veut acheminerpar
une grace toute ſtngulierc a cette haute
E5' ſublime Perfection : 8c ſemblables
penſées, que le Seigneur donneâ cha
cun ſelon ſa capacité, 6c ſelon la me
ſure de la grace divine.
De cette eſtime de Dieu ſi haute 8c ſi
excellente il doit naitre en nous une
confbrnóité pleine & entière de nous mé
mes avec la volonté divine, laquelle
doit toûjours être larégle de tous nos
deſſeins, de toutes nos actions, &de
tout ce que nous faiſons tout le jour. ,
Cette manière d’agir en toutes cho
ſes par ces deux Principes, meine 8c
éleve l'ame à l'union divine , 8c méme à
la tranjïormafíon en Dieu , ou àla Dei'
fication; non par la voye myſtiques:
D 6 ex
84 .ÂI-regí Je la Pe/ffèflion
extraordinaire, des raviſſemens &des
exſiaſes, des ſuſpenſions d'eſprit, 8C
des ardeurs ſenſibles 8c ſurnaturelles
quñien precedent : car tout cela eſt ſujet
à mille illuſions 8c à de grands travaux
où l'on eſt expoſé au peril de ſe ruïner
l'eſprit 8c le corps ſans y rien profiter le
plus ſouvent; puis que cette rare voye
n’eſ’c que pour trés-peu de privilegiés.
Blais nos Principes bien pratiqués ,
meinent l'ame à Dieu par la voye roya
le 8c commune , à ſçavoir , par une
entiere conformité, ar un _ferme éta
bliſſement, par unep eine transforma
tion cle nôtre volonté en celle de Dieu ,
8c par un amour parfait , qui fait faire
toutes choſes en Dieu 8c pour Dieu,
quand méme on manqucroit delumiére.
De cette voye tous en ſont capables,
8: l'on y marche avec facilité 8c avec
clarté , mais non pas ſans peines 8c ſans
travaux , qui néantmoins ſont ſuivis
ordinairement de pluſieurs dons , de
lumieres ſ irituelles 8c &affections di
vines , le quels on doit pourtant tenir
comme des graces qu’on appelle dan
neí-x grafuïîemcnt , comme elles le ſont
en effet; de ſorte qu’il ne faut pas trop
padhérer, ni faire grand fond ſur el
es. Elles ſont différentes ſelon les dif
férentes diſpoſitions des ames: les unes
en 'ont plus , 8c les autres moins; «Île
_T
Clap-Etienne. Chap. III. 85
il n'y a point ſur cela de ré le de nô
tre part; mais elles. dépen ent pure
ment de Dieu, 8c doivent étre entié
rement remiſes à ſon bon plaiſir. ~
CHAP. III.
Ge: Príncipe: pratiqué-j'en: marcher 1’ -
me à f” Perfl-ctian par rraír draft. Le
Premier , CFF: difflren: dejgreÿ.
C Els deux préincipes qu'on vieſnt d’ex
i uer , detant
toutïesqſortes mis .en
matieres u a?cures
, ſur e ſur
C H A P; IVM
Premier degre' Jüzbnrgdtion (Je Jóſüaíiíllaſi
~ mon: , zleſàuſiractio” , U' Je rànfarmítâ
ct dtr-inc dan; 12: matière de: cbqſér crt-Yeti
U tndſſrrenier en elle: meîncx.
cHAPz
Cbrítiemtz. Chap. V. 9;
, .
CHAP. V.
Second dígre' oPabnég-atian , Je dJpaùïIle-ſi
ment, Je _ſàul/Zraüian, E5 Je confèr
mité' divine à l'égard Je; cboſèrſàin
ter ſpirituelle: quant à Ieurgoût (53.
leurſenflbilite'.
L ſaut en ſecond lieu Sr pour ſecond
degré, paſſer plus avant en la ſou
ſtraction des choſes créées. On doit la
pratiquer non ſeulement à l'égard des
indifférentes, dont on vient de parler;
mais auſſi à l'égard des ſaintes 5c des
ſpirituelles , qui ſervent de moyens â
unirPeſprit avec Dieu: non qu’il Faille
s'en priver entant qu'elles nous meinent
à cette fin excellente ; mais entant que
Pamour propre 8c l'intéret particulier
peuvent S’y mêler , 8c méme s'y mêlent:
ordinairement ſous une ſainte appa
rence.
Cette ſorte d’abnégation 8: de ſou
ſtraction comprend auffi des dégres dif
férens, dont le premier 8c le plus bas
de tous , Fort connu aus perſonnes ad
donnés à la ſpiritualité, eſt celui qui
regarde les conſolations ſpirituelles,
qui redondent aus ſentimensôt aus af
fectîons ſenſibles du cœur , une ten~
dreſſe, uhe ſerveur , des larmes . une
douceur ſenſible en tout ce qu’on fait,
8c une
96 -Abregële la Peófefíian
8c une grande facilite' à ſurmonter tou
tes ſortes de difficultés arl'abondance
de ce gouſt 8c de ce p aiſir delicieux.
Il faut ſe priver de tout cela , 8c ne pas
ceſſer de tendre à leur abnégation
?n'on ne ſoit venu à n'y étre plus ſen
ible.
On s'en dépouille auſſi lors qu’on ne
Faitpoint fonds ſur elles , 8c qu'on n'en
fait oint d'état ; puis qu'en effet ,
ces acilités qui nous ſont agir ſans pei
ne ne viennent pas encore d'une liabi
tude de vertu, ni d'un don de grace
qui ſoit particulierement à nous , 8c
encore moins de la charité. Elles ne
viennent que de certaine douceur 8c de
certain attrait de ſenſibilité, qui s'ac
commodent fort avec l'amour propre 8c
le propre interét , leſquels par le plaiſir
8c le contentement qu’ils en reſſentent ,
y trouvent leur nourriture, 8c paſſent
en gloutonie ou friandiſe ſ irituelle.
à quoil'on ne ſauroit ſe lai er aller ni
en faire cas , ue nous ne changions par
là les choſes ſaintes en autant de ſujets
de propres plaiſirs 8: de propres delices.
Abuſer ainſi des choſes ſaintes en les
accomodant à nôtre propre goût 8c à
nos ſenſualités ſpirituelles , eſt aſſure
ment un vice trés-grand , quoique bien
ſecret 8c caché: Et il en peut naitre
_ une infinité de complaiſances orgueil
lieuſ
T* Cbreîíenne. Chap. V. . 97
leuſes , de vaines illuſions , de trompe
ries du diable, 8c je ne ſçai combien
d'autres maux.
On ſe depouille encore de ces ſortes
de ſenſibilités , de conſolations , de
douceurs 8c de facilités ſpirituelles , en
ſe repreſentant,, ue la vertu n'en de
pend pas, non p us qu'elle n'y conſi
ſte pas auſſi. Ce ſont au contraire des
choſes baſſes 8c pueriles: car avec el
les, -tant ſoit eu d'effort 5c la moin
dre vertu ſuffi ent pour nous faire em
braſſer les choſes les plus ardues Sr diſ
ficiles. Il faut donc s'en dépouiller
comme d'autant de choſes balles, vi
les Sr abjectes; 8c méme par labnéga
tion dont on a parlé cy-devant , s'en
reconnoitre trés-indigne , 8c ſe met
tre dans une entière indifférence de les
avoir ou de ne les pasavoii-,avec égalité
d'eſprit. La vertu &la perfection veut
qu'on s'en ſerve ſeulement pour la fin
que Dieu les envoye, quieſt. u’avec
grande ſoumiſſion, humilité, avec
actions de graces on reconnoiſle qu'el
les viennent de lui , 8c qu'on les lui rap
orte , ſans avoir d'autre intention
ors qu'on les reſſent que' de s'établir
8c de croitre d'autant plus dans la vé
ritable 8c la ſolide vertu , prenant bien
garde qœemporté par de certains tranſ
ports , 8c , pour ainlrdire, eny vré dg ces
0U
98 .Abregdde la Perjfiäion
douceurs 8c de ces gouſts ſpirituels ,
on ne vienne à faire des reſolutions ou
des promeſſes precipitées de faire telles
choſes ou de pratiquer telles vertus, x
qui ſont neanmoins au delà de nos ſor
ces , dont la difficulté 8c méme
Pimpoflibilité nous -paroit dés ue ces
— douceursôc ces plaiſirs ont ce és. On
evitera cet inconvenient par un m6 en
dont on a deja parlé , qui eſt, la ou
miſilon à une perſonne éclairée de Dieu.
auſſi bien qu'en *acceptant avec promp
titude de cœur la ſouſtraction que Dieu
Opére en nous de ces conſolations-là ,
Faiſant alors plus d’eſtime de Dieu 8c
dela vertu que jamais , 8c tâchant d'o
pérer par eux avec plus de courage 8c
d'ardeur qu'auparavant , ſans nous
ſoucier de la ſatisfaction 8c du plaiſir
que recherche l’amour propre ; 8c ne
regardant qu'à l’amour de la vertu me'
meôc à la gloire divine.
La Confbnnire' que l'on a avec Dieu
dans ce dégré , eſt aſſez évidente 8c
d'une grande excellence: puis que pour
s’unira ſa divine volonté, l’on ſe pri
ve ſoiméme de telles conſolations, ſe
contentantde quelque croix ſ irituellc
que ce puiſſe étre. Auſſi, p us telles
douceurs 8c tels ſentimens ſpirituels
paſſent leschoſes créées 8c leurs plai
iirs ſuperficiels , plus la privationlque
*on
Gb revienne. Chap. VI. 99
l'on en fait transforme'-t-elle l'ame
en Dieu , 8c fait croître en elle l'a
arfait 8c une véritable Deïſica
WW
Ya~…
0 \
le zñ CHAP.VL
'ſie Jzſgre' dwlznegarian , JE de~ '
_<\.‘
CHAP. VII.
Quorrííme lígr( Æabnegatian , Je :IJ
jzouillemont , de jbuſtraäion ſpiri
Îuel/e. E5' de conformité divine à l'a'
gard de: deſírlplu: ſÿinruelr de laper
feüian E5 d: la vertu.
P-rés que Pame s'eſt ainſi exercée,
en ſe purifiant 8C ſe deſapro
priant quant aux ſentimens divins 8c
aux deſirs de la ſolide vertu , de la ma
niére qu'on vient de le dire, il ſe pre
ſente un dégré (ſabnégation encore
plus haut que les précédens , qui eſt tel.
Il arrive ſouvent que l'ame qui ade
te_ls deſirs , ne peut neanmoins obtenir
ce qu'elle veut, empechée qu'elle en
eſt par certaines aſtaires humaines,
comme par exemple , s'il falloit quitter
Poraiſon à la uelle on ſe ſentiroit diſpo
ſés( attiréà 'union divine, parce que
l'obéiſſance ou la charité exigent qu'on
la quitte pour une autre œuvre ui de mmm
' C H A P. IX.
Siirieïrze degre' ffabhcgafim, de depart”
#ment , de ſäzſtraäihn ſpirituelle , E5
Je confbrminï ivine dan; IE3*: tënëbre: ,
lei-ſècbereſſèr , Z5 le: travaux de la
partie fizperieure d'une ame qui a ac
guir ler. verts”.
A Prés tout ce que l'on vient de _dire ,
les choſes nesarétent pas encore la:
mais ordinairement ,les travaux mon- /
cent plus haug; , 6E vont juſqu'à l_a par
tie ſuperieure de Peigne z Où \Êſidenëèſî
I_ .
1 :4 .Abrogé Je lo Porfiüíor!
vertus 8c Peſprit. Alors cette ame s'ap
perçoit que luy tariflènt 8c lui defaillent
dansPentendement la lumiére 1 8c dans
la partie des affections les bons deſſeins
8c les bons deſirs , la romptitude à
bien faire. la force , la patience:
de ſorte qu'au lieu qu'auparavant elle
combattoit avec courage &avec gran
de force , maintenant il lui ſemble
qu’elle eſt ſans force 8c ſans vertu , 8c
qu'elle eſt incapable de faire la moin
ore reſiſtance. Un petit fétu lui paroit
une groſſe poutre: elle ne ſent a8: n'a
perçoit que nua es obſcurs , grandes
ténebres, aveug ement, aridité, cha
grin 8c Ânxiétés, tiedeur 8c rebellion ,
puſillanimité , conſiiſion, 8c une grande
oppreíſion: &le retour à ſes remiers
deſſeins 8c à ſes bonnes re olutions
liii paroit comme entiérement impoſ
- ſible.
C’eſt ici qu'à la verité il y a grand
dangerpour Pame ſi l'on ne s'efforce
d'y remedier comme il faut, afin que
(iut-ant cet abandon elle ne vienne à
tomber dans des déſordres confide
rables; cequi luy pourroit arriver en
pluſieurs maniéres ; A
Premièrement , en ſe donnant des im
preſiions-*St des apprehenſions trop for
tesde cet état 6c de -ce qu'on vient d'en
.toucher, regardant' ces choſes comme
~ - une
'Chrétiennez- Chap. IX.; 1 z,
une grande perte, 8c de là s'en attri
ſtant 8c s'en affligeant exceſſivement.
Secondement , en s’arétant trop à
rechercherôc â imaginer la cauſe de
ce grand revers , que l'on rapporte à
ſes propres defauts , leſquels on ſe me:
alors à rechercher trop curieuſement
8c ſcrupuleuſement.
En troiſiéme lieu , du côté de la vo
lonté, en cherchant avec ſoin 8c avec
grande diligence —d’ôter ces deffauts
uppoſés . prétendant ainſi remedier 8c
donner ordre _à tout, retourner à ſon
reiiiier état, 8c ſortir du préſent, que
llon tient pour miſérable. Mïis loin
d'en venir à Pexécution, elle rejette
bientôt en arriére tout ce travail fati
uant ,- puis qu'en effet ce n'eſt pas là
e reméde qu'il faut à ſon mal, dont
la cauſe aulli ne vient pas de ce côté-là_ :
8c c'eſt ce qui lui redouble ſes peines 8c
ſon chagrin.
En quatrième lieu , comme il lui
ſemble delà que rien ne lui eſt à ſe
cours-, 8c qu'elle va toûjours de mal
en pis , elle tombe pour l'ordinaire
dans l’im atience , dans la crainte,
dans la pullllaniinité , 8c mémeen peril
de deſeſpoir.
Or ſuppoſé que l'ame ſoit exercée
dans les degrés précédens: il faut ici ,
qu'à part_i~oi , 8c auſſi avec le ſecours de
F 3 celui…
r 2.6 .Aôregëdr la Peiflzflion
celui qui la conduit, elle médite &
remarque les myſtéres ſecrets 8c mer
veilleux qui ſont cachés ſous ce triſte
état. '
Qſelle ſache donc , pour le re
mier, que la vraie ſource de ce ont
il s'agit, eſt la divine Providence, la
quelle voulant éprouver 8c affiner une
ame aprés avoir rempli ſa partie ſupe
rieure de forces 8E de vertus, luiretire
le ſecours ordinaire ſans lequel .ces ver
tus ne peuvent opérer. D'où vient
qu’encore qu'elles ſoient dans l'ame,
elles n'y ont néanmoins point de ſor
ces, 8( qu'il ſemble qu'elles n'y ſoient
pas; 8( qu'au contraire, il n’y paroit
que ténèbres , aridités , 8c les autres
iniſéres dont on vient de parler. Ce
_ pendant l'ame re laiſſe pas d'avoir les
memes graces 8c les mémes vertus
qu'auparavant.
Eneffet, elle doit ſavoir , pour un
ſecond point , que cette divine ſou
ſtraction ne vient nullement de l'abſen
ce des vertus , des dons , 8c des graces
de Dieu en elle , puis qu'elles y de
meurent entiérement : .moins encore
vient-elle de l'abſence de leurs actes,
quoiqu'en effet Paine s'en trouve alors
privée. Mais il faut conſiderer u’eii
'tait d'actions internes 8c ſpiritue les,
11 Y a, premièrement , Pacte direct,
qui
Chrétienne. Chap. IX… 11.7
*qui tend directement à Dieu , qui eſt .
l'opération méme envers l'objet; com
me par exem le . la connoiſſance prati
que. 8c l'a e de .chois ou la volonté
libre de vouloir ſouffrir , vouloir aimer
Dieu. vouloir étre teinperé, chaſte,
obeïſſant . ne point conſentir au pé
ché, 8c ſemblables. Il y a en ſecond
lieu, l'acte refléxe , qui ſe retourne
8C réfléchit ſur ſoi méme , comme , re
marquer 8c juger que l'on fait tel acte
afin de contenter ſa conſcience, 8c de
s'en rejouïr , tant pour la gloire de Dieu
que parce qu’on ſe ſent ainſi fort 8C
victorieux des tentations, avec grand
repos de l'ame. _
De ces deux actes , le premier eſt le
pur acte de la vertu , 8c non Ie ſecond ,
qui eſt le Fruit 8c la ſruition de la mé
me vertu: car il eſt évident que l'acte
dela temperance ne conſiſte pointâle
ſentir, ou à en jouïr 8c âs' complai
re: mais à le deſirer 8c à le mettreâ
effet. Or dans l’état de queſtion. , Dieu
concourt à ce premier acte , 8c ainſi
les actes des vertus s'y ſont véritable
ment : mais- il en ſouſtrait Ie ſecond
'acte , ſavoir nôtre 'connoiſſanceg .re
flexion, jugement ,~ 8c nôtre ſatis
faction de l'avoir ſait : _cPoù vient qu’il
nous ſemble de n' point faire . at
tendu qu'au de la connaiſſance*
K F 4 … q”
_M/
1/
' 1 28 .Abrrgë Je Id Pezffèäïo”
quinous a été ſouſtraire, viennentles
ténébres 8c l'aveuglement; 8c au lieu
de la jouiſſance affective , l’aridité.
L'on eſt alors comme une perſon
ne qui ayant grande faim, recevroit
la nourriture dans ſon eſtomac ſans la
ſentir 8c ſans la goûter z il eſt évi—
dent u’il mangeroit . 8c cependant
il lui embleroit de n'avoir pas man
gé , 8c il ne tireroit point de ſatis~,
faction ni de plaiſir de cet acte, qui ſe
roit à cet égard comme n’étant pas fait.
Puis donc que ſentir nos actions in
térieures n’eſt ni la vertu ni l'acte de
la vertu; mais que ce n’eſt qu'une ſa
tisfaction de ſoi-méme; Nôtre Sei
gneur, qui prétend nous dépouiller
e tout notre propre goût 8c de tout
propre intérêt comme d’un,obſtacle
quieſt entre lui 8c nous, nous laiſſe la
pureté de la vertu , ui n’eſt autre cho
ſe que la deſirer 8C a ratiquer; &il
nous ôte cette ſecondec oſe adjointe,
ui eſt un certain amour propre, plus
ubtil' que_ les precédensë, 8c un propre
intéret
oùſielle dont
nous l’ame ſe d'une
retiroit nouriſſoit, 8c par
plus grande
' union avec Dieu.
7 Cela étant ainſi , on découvre evi
demment que non ſeulement il n'y aen_
tout ceci ni mal n." _ruine ou perte pour
l'ame: mais, qu'au contraire, elle eſt
‘ ~‘\ par.
Gctlzrëficnne. ChapI IX. ng
parce divin artifice puriñée dans la ver
tu
de ,toutlle
8c urgée de tbnrelauilui
propreintëret proprietécîc
étoiem:
cachés: ar où elle eſt éclevée à un dé
gré plus liant", 8c diſpoſée à une plus
grande grace"& à une plus grande u
- nion avec# Dieu qwauparavant.
_ Pour donner jour à tout ceci, que
Pameïprenne grande à deux choſes.
La premiére, que fi elle veut exami
ner la pureté de la vertu , elle la verra i
véritablement dans ſes actzes plus qu'elle >
n'y fût jamais;
’ u’ellctepuiſque fi on
'eſt dans cesluianxietés
deman ,.
'doit lors
dans c'es t ébres , 8c dans ,ces rebellions v:
là , ſi elle voudroit bien oflcteníèrñüñieu; .
elle diroit' incontinent ,' 'næflſe aime
_roit mieux mourjz- de mil ç rnprrs que
- de FOÛÏŒQÈEËEÎlejſuqindfepéçlíâ,3C le
_momdrë Evan( nement… ,Ve .ſi .on 'lui '
demïîzíie, ſi. .é le flveucïeirzoñfqſièrmer_ à ñ
13; volônté divineſi, _Ïiellefiſrépqnçlſa ſans ñ
héſiter, q-iſelle le 'deſire p 71s, que ja~— ~
mais, &i1 reſolumentz qu’elle.vgu~
droitímourir po 1 r,bctrzluſLdemapzdfe-ſiſſelle
eneffidezriéme IagloiredeDieu.. Il .
_— defauts-z
deſire desîamender., de connaitre ſes
deëbapgerzſagvíeQdeſehaïr—l
, ſoiméine; d'aimer ſilà _perF-ectípxi; zëcc.
" &rantaux _acteszextérieurs ciesvercas,
'ël e 'ne laiſſe pas, non obſtant l'état
. \ - *
affligeantou elle ſetrouveiî! z !le >.P,J”
.
CHA
1 38 Abregëde I” Pexfèffian
ſi CHAP. X.
SIſſCOND E’T^T DE LA PEErEcTroN.
Delaſouſtrafíion de tout Pafírf de l’ame
-rzcrtueuſè : comment elle j doit car
reſjæondre par dnëantíffièment. Dc ſi:
confbrmité in' : .AT/ir fi” cet état: ,
de la ſuffit/trèfle l'ame.
QUi diroit qu’il' y euſt encore dans
l'a1ne de quoi la deſaproprier, la j
dépouiller 8C en ſouſtraire , aprés ce
que l’on vient de dire , 8c que l’ame
eſt reduire au ſeul 8c pur acte directe l
de la vertu , en quoi il ſemble n'y avoir
rien que vertu toute pure 8c toute de
pouillée de tout propre intéret? Mais
ſi l'on conſidéré que cet acte , quoi que
ſi purifié , eſt néanmoins un pur acte
d'élection , 8c de nôtre chois 8c volon
té. laquelle avec la vertu active pour
l'intérieur, &Pimperative pour le de—‘
hors, opére 8c produit des actes ver-j
tueux, on ne pourra nier qu’i-l n'y ait
encorelà une propriété de volonté 8c
d’intéret quoique trés- purifiée: 8c par
conſéquent il y aencore matiére de dé
pouillement 8c de ſe purifier davantage,
Lors donc u'une ame eſt arrivée au
ſixiéme degr du premier état général
dont on a parlé juſquïcy , 8c que rien,
ne
Chrétienne. Chap. X. 139
neluy eſt laiſſé ſinon de Faire des actes
dela maniere qu’ona expliquée ; Nô
tre Seigneur vient ordinairement luy
ſouſtraire &retirer peu à peu le pou
voir de faire de tels actes , lui ôtant
tantôt la puiſſance de faire celui-ci,
8c tantôt celle de faire celui-la , juſ
qu'à ce qœeffectivement il lui ôte tout
pouvoir, excepté celui de ſe confor
merâ ſa divine volonté.
On éprouve alors par experience;
que l'ame ſe trouve uelqueſois ſi acca
blée d'ennuis 8c d'a ictions, 8c aſſail
lie de tant de diſtractions 8c de miſères,
que quelque effort nîelle veiiille Fai
re , elle ne ſauroit aire aucun acte ni
d'actions de graces envers Dieu, ni~de
quelque vertu que ce ſoit , ni méme de
vouloir ce qui eſt agréableàDieu: 8c
alorsil faut qu'elle demeure dans cette
penible ſouffrance tranſpercée juſqu'à.
l'intérieur de milles( mille tentations.
Comme les Martyrs ne pouvoient
parer les coups qu'on leur infiigeoit,
niéviter les douleurs qu'on ſaiſoit ſen
tir â leurs corps ; mais ſeulement les
recevoir en ſe conFormant à la vo
lonté divine: le même fait ic l'ame,
â laquelle il eut ne pas reſter amOin~
dre Force a ive , mais ſeulement la
paffive , d'endurer tout pour l'amour de
Dieu , 8c de demeurer contente de celai
l.
I
14e uíbrfgëde la Perjfltílion
Il Y a plus, Nôtre Seigneuraenco
re
de coutume d’ôter Dieu;
ſe confſiormerà à Pamedecet acte-là
ſorte que
non ſeulement elle n'a aucun inſtinct:
pour le faire , mais encore moins le
peut elle executer. Il ne lui reſte alors
qu’une tranquillité paſlïve , par laquel
le, comme un agneau devant celui qui
.le tond , elle demeure paiſible , laiſſant
faire d'elle à Dieu tout ce qu’il lui
plait.
Et @eſt làla véritable ſou/Zrañion de l
tout l'actif de l'ame , ſçavoir , que
Dieu lui retire en telle ſorte ſa divine
concurrence, que cette ame, quelque
ſainte 8c élevée qu’elle ſoit, ne puiſ
ſe faire aucunes operations actives en
ſa partie ſuperieure : mais que ſeule
ment elle puiſſe demeurer paiſible 8c
tranquille, endurant volontiers ce que
Dieu permet lui arriver.
L'arme doit correſpondre à cette
ſouſtraction par Paneflznriſſement , re
connoiſſant qu’elle eſt un pur néant,
8c qui pis eſt , pleine de péchez infinîs ,
8C partant indigne de faire aucun acte
de vertu. Elle doit ſe rejouir de ce que
Dieu la mépriſejuſqœâ lui ôter le pou
voird'élever ſon cœur à luiñ, 8c ſe dé
pouiller par une renonciation toute li
re de tout l'actif& de tous les actes
de vertu , qui plus purs ils étoieqt, Q1
p us
Cbnftienne. Chap. X. i4!
plus grand auſſi eſt le don que Dieu en
avoit fait, 8c lequel on lui remet.
Il arrivera ſouvent a rés ceci, que
les ennuis 8c l'es a ictions ,ſeront
non ſeulement comme auparavant;
mais qu'ils deviendront encore beau
coup plus grands; parce que l’ame
aura perdu les actes de vertu , qui
lui ſervaient de rempart 8: de bou
clieg De plus , il s’eXcitera dans ſa
_partie inférieure
rſinouvemens & concupiſcible
fi violents des
, fi deſordon
nés , 8c ſi extraordinaires, que de ſa
vie elle n'en aura jamais ſenti de tels;
de ſorte qu’il lui ſemblera qu'elle ſoit
en Enſer- Et ici elle n’aura qu'à s'armer
ſim lement de ſoûmiffion 8c de tran
qui lité paffive , ſupportant: tout cela
pour ſatisfaire à Dieu , qui le veut ainſi,
L’ame doit ſavoir , que cette ſou
miffion 8: cette tranquillitélui donne
ra une force trés- rande; non active,
mais paſſive , par aquelle on ſe donne
&ſelivre en proye a Dieu, 8c, com
me un trés-patient agneau , on endure
tou: , fi débile 8c ſi éble quel’ou ſoit.
Il ſuit de cette paix 8c tranquillité
une conformité avec le divin vouloir,
laquelle, quoique paſſive, eſt cepen
dant plus ſublime ſnns comparaiſon que
les precedentes; il en vient encore une
eſpèce cle .Deïfication &jui palli- toute
exc ,
1 4 z. .Âärtgë Je la Perſo-Rio”
expreſſion : c'eſt un acte encore paffif,
qui n'eſt ni _oblation àljDieu, ni don,
ni conſecration, niſacrifice, ni holo
cauſte de ſoi méme ,- mais c'eſt quelque
choſe de beaucoup plus excellent 8c de
plus parfait ; comme ſeroit , de ſe
donnerlî: ſe laiſſer ſoi- méme tout en
proiea ieu.
_Dans cet état, il eſt bon que l'ame
ſoit avertie deqnelques points impct
tans.
I. Le premier eſt , _pue les actions
Êxtériâures 8c Ãmperées dela vertu ne
eper ent as ans cetétat-là ; au con
traire , el es ſont agiſſantes plus que
jamais , de ſoi-te que l'on a .la force
lî
d-oípérer _Sc de travailler de corps, 8c
de eſervir de ſes puiſſances, penſant ,
parlantôc faiſant tout ce qu’il convient
de faire chaque jour ſelon la vocation
où l'on eſt; faiſant auſſi des actes de
tempérance , de patience 8c ſemblables.
De méme lors qu'il eſt ſaiſon d'aider
8c de ſecourir le prochain avec dou
lceiä' 8c affabilitâ comme au aravant,
d'auſzfggxclghliîrlſirre Ënccgſipemaairptez-Ïkſeäirr c? ~l
G cHAIàz
146 .Abregéde la Perſe-Zion
CHAP. XI.
DU rsorsrflMz ET DERNIER_,.ETAT
DB LA PERFECTlON.
De la _ſouſtraction de Paäxf' E5' ſiſidu paſſif
de Pameſàinte; apr-er quoi i] ne demeu
replu: rien dan: elle jirr quoi l'amour
propre , Ia propre complalflznce E5 14
propre 'volonté puiſſent avoir priſe E5'
s'y cacher , l’ame etant alor; pure , par
faitement deſizppropriée, anéantir: Afin',
route abandonnéeà Dieu, C5' Janx une
pleine conformité, union E5' deïflirmi
te' , c'eſt à dire , dan: l'etat de la vraie
PERFECÎION CHRETXENNE.
Prés toutes les choſes ſuſdites Nô
tre Sei neur vient enfin à ôter non
ſeulement 'actif , mais auffi le paſiif
íÀD,A
dont on vient de parler. Alors la vo
lonté eſt en toutôc par tout dénuéeäc
impuiſſante à tout ; 8c ſans reſiſter ni
s'oppoſer à rien, elle ſe laiſſe ſimple
ment de ouiller de tout.
Pour ’intelligence de ce dernier é
tat, qui eſt plus ſublíme que tous les
autres, il faut remarquer , que la li
berté de la volonté a tant de forces:
de. uiſſance, 8c qu’elle eſt fi grande
8c llillimitée , u’elle peut renou
cerà ſoi, àſa m me volonté, &elſa
me
Chrétienne. Chap. XI. 147
mémeliberté; 8c qu'effectivement elle
peut s'en dépouiller tout de méme que
ſi jamais elle n'en avoit eu, ce qu'elle
fait tout librement 8c de ſon bon gré,
Faiſant ainſi de ſa volonté une non-vo
lonté , 8c de ſa liberté intérieure 8C
toute libre , une choſe aſſujettie 8c ſoû
miſe , de la méme maniere que S. Pau
'lin our racheter un eſclave ſe fit eſcla
ve ui-méme, -de libre qu’il étoit au
paravant.
C'eſt alors que Nôtre Seigneur ôte -
à l'ame ar ſa divine ſouſtraction 8c
~l'actif& e paſſif, 8c quelque acte ue
ce ſoit, ſi bien qu'elle eſt autant ans
acte queſi elle n’étoit pas du tout: à
quoi elle ne reſiſte point ; mais con
courant avec lui par la pleine exhibi
tion d’une telle renonciation , Welle
devient pratiquement non-voulante ,
Üeſtàdire, qu'à l'égard de toutes les
operations u’elle fait 8c qu'elle ſçau
roit faire, e le ne les Fait nine les veut
de ſa part ou parce qu'elle les veut , les
voulant cependant 8c les opérant par
une volonté conformé à la divine: elle
les fait donc 8c les veut comme com»
rnandées immédiatement de la volonté
divine , ſans méler avec ce principe
mouvant la concurrence de la ſienne,
en la place de laquelle elle met la vo
lonté de Dieu.
G a De
x48 .Al-rege' de la Perfläiart
De ſorte que comme dans un palais
magniſi ue :Sc opulent dont une per
ſonneeſ maitre 8c gouverneur , s'il
vientà-sen abſenter 6C qu’il y laiſſe en
ſa lace un amy pour y étre maitre ab
ſoſſ] , on y fait encore les mémes cho
ſes qui s'y faiſoient auparavant, mais
c'eſt ſeulement par le commandement
de ce nouvel amy , 8c non par celui de
l'autre : De meme la volonté renon
gant à ſoi en tout , tant dans l'actifque
dans le paſſif, 8: quoique pure 8c ſain
te ne voulant plus rien que ce que
Dieu veut, 8c ſe depoſant en effet 8c
de cet office tant en l'actif qu’au paſſif',
8c de la ſatisfaction .qu’il y a à s'y-entre
mettre , reſolue qu’elle eſt de ne plus o
pérer comme voulant elle-méme; elle
rie laiſſe pas néanmoins de faire 8c d'o
pérer tout ainſi qu'auparavant; mais les
choſes qu’elle,fait, elle les fait comme
purement voulues 8c ordonnées de
Dieu , 8c non d’elle—méme, laiſſant 8c
abandonnant entiérement Sc immédia
tement au bon plaiſir de'Dieu le com
_4…"…L—
mandement de tout ſon corps , de toute
ſoname, de ſesactions, deſes mouve
mens 8c ſentimens , tout comme ſi veri
tablement elle n'avoir plus de volonté.
C'eſt â cette abnégation, à ce dé
* T-oícñ.t_,
pouillement, 8c à ce pur abandon de
l'ame, que Dieu correſpond par la ſou
r \traction
Chrétienne Chap. XI. x49
ſtraction detout acte: en ſuite de n01
s'il arrive que l'ame faſſe ou ne aiſe
pas des actes, elle les fait ou les laiſſe
non ſelon ſa propre volonté, mais par
la
qu'elle
raiſon
l'es aiſſe
u'elleouvoit
qſſeltleuelesDieu
faſſe. veut
On voit cette renonciation 8c cette
ſouſtraction dans' N ôtre Seigneur au
jardin , lors qu'il dit, Nan m” , ſèd
,Jun volunrar fiat .~ Mon Pere , vô
,, tre volonté ſoit Faite , 8c non pasla
,, mienne . méme en ce qui eſt d’en—
,, durer &la croix &les tourmens , leſ
,, quels ma volonté ſuperieure veut bien
,, comme étant conforme à vous, Etre
,, divin 8c éternel; 8c qu'elle veut avec
,, une pureté 8c une ſainteté extreme:
,, Mais je renonce encore à cette vo
,, lonté~ciz 8c pour ce qui eſt d'endu
,,rer ces tourmcns 8c la mort , je le
,, veux non parce-que cette mienne vo
,,lonté, quoique trés-ſainte, 1e veut
,,.& le déſire ~,— mais ſeulement parce
,, ue la vôtre le veut-, 8c je renonce
,-, -utout à la mienne: 8c ainſi mali
,, bre volonté devient non-volonté 8:
,, non-libre volonté: c'eſt pourquoi. je
,, dis, Nan mea, _fè-zi tua valuntar , ma
,zvolonté ſoit- non-volontc' pour don
,,ner
C'eſtplace à la vôtre.
ici que Panéanríſſſiement , le de'
pazïillement 8c la _ſouſtraction reluiſent
G 3 d'une
1 50 -Âhregff de la Perffèffian
d'une maniére merveilleuſe z 8c que
non ſeulement la divine canflórmite/ y
eſt , mais encore quelque choſe davan
tage : parce que ar ce renoncement
la volonteſsmnit, elie, ſe plonge, 8c
s’abime en Dieu , &y demeure entie
rement erdue 8c tres-dézfiäc par une
totalei entité 8: unité dans elle: à
quoi l'on arrive parle moyen dela pra
tique ſolide 8c réëlle que nous venons
de propoſer. Amen.
CONTINUATION
Et
ct~ SUPPLEMENÏ DE PADLEGD'
de la Perfection Chrétienne.
;AT/ir ſur quelque; !noyaux pour arriver
à la plu: haute Prrfàflio” , en forme
de difficulté: E5 de Tflſſûflſêl
APrés avoir ainſi expoſé la per
fection de tous les états differens
dont on a parlé, juſ u’à celle du der
nier, qui conſiſte à e dépouiller en
tiérement de tous motifs 8c de tous
prétextes , 8c ne pretendre en toutes
ſes actions autre choſe que Dieu ſeul
d'une maniere trés-parfaite 8c trés
excellente z il reſte encore de propo
ſer quelques moyens néceſſaires pour
at-ñ
Chrétienne. rgr
atteindre à la plus haute Perfection.
C'eſt ce qu’on va faire en examinant
8c reſolvant quelques points ou dou
tes , qui comme autant de difficultés
fontde la peine en cette voye. Nous
en propoſerons ſept, 6c nous ajoûte
tons à chacune ſon remède ſpirituel.
PREMXEREDXHIcULTE'.
I. Ce qu'on doit faire lors que l'a
me aprehende quelque travail ou quel
que affliction, qui ſe preſente à el e de
nouveau.
Reponſe.
Comme l’ame eſt liée 8c attaquée par
_ Ia ſuggeſtion de la partie inſerieure 8c
infirme, auſſi Papprehenſion qu'elle a
de _telle 8c telle croix , eſt ordinaire
ment trés-véhémente; 8: mille exa ~
gerations qui ne manquent as de s y
joindre , a ſont paroitre 1 grande ,
que pour l’ordinaire l’ame ne s'y rend
qu'avec beaucoup de plaintesôcde re
grecs.
Pour y remedier parfaitement, il eſt
neceſſaire q ue la Partie ſu P_erieure de
l’ame ſe mette toute cette affaire devant
les Y eux comme ſeroit un uge D fl ui a
vant que de donner ſa ſentence , ecoute
les raiſons des deux parties ſans s'en laiſ
ſer émouvoir, demeurant immobileôc
ſans paſſions, 8c ſuſpendant ſon juge
G "4 ment
1 g). Supplement de l'Ain-eg(
ment juſqu'à ce qu’on puiſſe le donner
avec connoiſſance de cauſe.
Pour bien connoitre la cauſe dont il
s'agit ici, voici deux moyens que Pa
me doit mettre en uſage.
Le premier eſt , de ſe repreſenter
que Dieu ſait & corinoit tout ſon tra
vail 8( tout ce qu.’elle endure: c'eſt
pourquoi elle_ doit remettre le tout en ~
tre ſes mains pour en diſpoſer comme
il ſaura étre le mieux.
L'autre eſt , de conſiderer 8c de croi
re fermement que comme la Bonté di
vine ne veut que nôtre bien , auffi ſa
divine providence , (dont les voy-es
nous ſont cachées, 8c qu'il ne nous eſt
pas permis de ſonder avec curioſité)
aura bien nous pourvoir-Sc nous venir
au ſecours au tem S 8c en la maniére
qu’il lui ſemblera e plus propre ; 8c
:ion as comme il nous ſembleôccom
me il)nous plaira.
Cette ſuſpenſion des troubles qui agi
toient l'ame, 8c ce re os d'eſprit où elle
s'eſt mis, Font danse le ces deux effets :
Le premier eſt , qu'elle éloigne 8c
détourne de ſoi lesembarras, les trou
bles, & les tromperies ſpirituellesqui
auroient pû lui venir de ſa prémiere
apréhenſion.
L'autre eſt , qu'elle vient ainſi â une
connoiflänce véritable, nette, pure 8c
poſée. de toutes ſes affaires. SE
Dalaï Perfection Cbreîiennc. 1 ſ3
SEcONDE D rrrrcutriz'.
Comment ſe comporter lors que l’a
me veut recevoir 8c accepter ces travaus
8c ces croix comme venantes de Dieu.
Report/E.
Il ne faut pas s’aréter en ſi beau che-r
min , niaccepter ces croix de la manié
re baſſe 8c lâche de pluſieurs ames , qui
font ſur cela une infinité de difficultés
&d’excuſes: ce qui vient de ce qu’el
les ſe cherchent encore elles riiémes:
Mais il faut les recevoir d'une maniére
relevée 8c parfaite , les acceptant de
la main de Dieu avec une ſoûmiffion 8c
une reſignation parfaite à ſa divine vo
lonté , ſe remettant abſolument entre
ſes ſaintes mains 8c en ſa poſſeſſion , 8c
ſurmontant ainſi toutes ſortes de diffi
cultés, ur grandes qu'elles ſe puiſ
ſent pré enter-.
TRoisiiſME Dirrrcutraflî
j Comment l’ame ſe doit comporter
iciàFégard dela partie inférieure , de
ſes_ affections., ſentimens 8c mouve
mens, lors_ qu’elle eſt atteinte ,de dou
leurs, de maladies, 6c d’autres acci
dens corporels qui viennent Ordinaire
ment des travaux, 8c des croix , ar la
repugnance 8c, la contrarieté que a na
ture en reſſent- ’ —
G- s. .RP
1'54' -Supplcment Je PAlfrcgd ’ .
l Répanſè.
La raiſon 8c la partie ſupérieure de
l'ame doit alors ar la grace divine
qu'elle a, 8c par e recœuillement de
ſon intérieur, faire réjaillir 8: décou
ler d'elle dans la partie inférieure 8c
infirme des émanations de ſa force 6c
de ſa vertu , de telle ſorte , que la
partie inférieure acce te auffi elleñmé
me ces eines 8c affli ions-là, 8c que
s’accor ant bien avec la ſupérieure,
elles enlevent enſemble les difficultés,
les chagrins , 8c ſemblables paffions 8:'
deſordres, qui naiſſent ordinairement
des repugnances St des contrarietése
qu'elles reſſentent à l'occaſion de ſem
blables travaux. La partie ſupérieure
doit donc procurer par ſon recœuille
ment intérieur, à la partie 8c aus fa
cultés inférieures une certaine prompti~
rude 8c diſpoſition à ſouffrir toutes ces
peines-là: commeau contraire, quant
aulieu de tribulation il ſe preſente quel-
ue choſe d’agréable , de- comme-
e ,' de ſatisfaiſant, elledoit par la mé
meîforce 8c vertu Faire retourner cela
à Dieu ,- ſſ& le luy ayant renvoyé , "l'ac
cepter en- ſuite ſeulement dans lui 8c
pour lui.
YÎATEUEſME Dríncutra'.
Comment la partie ſupérieure doit
com~
Dë la Pézzfèäîan Chrtríenneſ » E-“ſçï
compatirà ?inférieure lors qu'elle reſ
ſent la repugnance 8c les contrarietés
ſuſdites .>
Reÿonfi.
La artie ſupérieure doit faireà l'é
ard es inférieures 8c infirmes ce que
on vient de dire, en telle ſorte néan
moins qu’elle n'y procéde pas avec
trop d'efforts 8c de violence: ce qui
leur ſeroit entiérement dre leur for
ce , les troubleroit , eur ôteroit le
coura e , 8c les rendroit tout-à-fait
inhabi es à pouvoir ſupporter un ſi
grand coup. Elle doit plûtôt , pour
ces raiſons, compatir en quelque ſor
te avec elles, leur donner courage par
tous les' motifs imaginables , tout cela
avec toute la diſcretion poſſible , don
nant uelque relâche aus travaus 8c
aus a ictions, &y apportant' les ré
médes les plus convenables dont elle
pourra s'aviſer.ñ Il faut imiter ici ceux
qui voulant tirer ſervice de leur cheval ,
-lui donnent à manger d'avantage',
afin qu’il ait plus de force 8c de vi ueur
your travailler d'avantage dans e be
oin. Que s'il arrive que parla diſpen
ſation de la ſouſtraction divine l'ame
nepuiſſe ni élever ſon eſprit, ni faire
gouter aucune conſolation à la partie
inferieur-e , il faut alors qu'elle ac
quieſceà eetétar &6 qu'elle faſſeauflî
. . ac
r; 6 Supplement de P-Aëregzí
ac uieſcer ſes facultés inſerieures à la
vo ontéde Dieu par le moyen de la di
vine conformité
beaucou , con
lus de ce olationſſ
ui lui donnera
, quoi
qu'il ne e emble pas ainſi alors.
CiNQUHUME DXFHCULTE'.
Comment en pareilles occurrences
l'ame ſe doit comporter avec PAmOur
propre.
Ríponfi.
L'amour propre a accoùtumé de pré
tendre 8c de rechercher en toutes Cl]O
ſes directement ou indirectement ſon
propreintéret 8c ſa commodité parti.
culiére: 8c c’eſt ce qu’il faitici , pro
oſant ſous lc pretexte de beaucoup de
Bonnes raiſons , 8c méme de vertus,
quantité de choſes inutiles 8c imperti
nentes: ſur quoi l'ame doit bienzveillcr
avec une intention toute pure& toute
droite , afin de découvrir par lalumiére
de l'Amour de Dieu , toutes les trom
peries de cet amour propre, 8c s'op
poſer â lui avec beaucoup de liberté
8c de force, ſe depoiiillant entiére
ment elle-méme par la pureté de l’a
mour divin de tout intéret particulier.,
&ſuivant purement ce que l'amour de
Dieului dictera &lui enſeignera.
Sixrímz DIEFICULTE'.
Comment la partie ſupérieurede l'a
ñ me
Üfl; la Perfèctío” Chrétienne. rj 7.
me doit répondreà Nôtre Seigneur ſur
les propoſitions qu'il lui Fait touchant
ces ſortes de travaux 8c d’afflictions ,
8c méme de plus grandes encore.
Re' enfi.
A—prés les cho es que Pou vient de
dire, Nôtre Seigneur fait ordinaire
ment à l'ame beaucoupde propoſitions
cle cette nature. Il lui opoſe , par
exemple, qu'il veut lui aire durer bien
plus long temps les afflictions qu'elle
a, oubien, qu'il veut lui-en envoyer
encore d'autres beaucoup plus gran
des, méme juſqu'à la releguer dans
l'Enfer: Et alorsPame n'a qu'à ſe ré
ſigner entiérement à Dieu avec une
grande promptitude. Qqelques Fois
auſſi le Sei neura de coutume de don
ner à l'ame e choix de deux afflictions ,
afin d'en accepter celle qu'elle voudra :
Et en ce cas, il Faut qu’élevant 8c fi
xant les yeux de ſon eſprit au- parfait
Amour de Dieu , elle faſſe ſon choix
en Dieu avec une grande pureté, ne
choiſiſſant jamais que ce qui fait à
l'honneur 8c àla' plus grande gloire
deſa Majeſté:
SETri-ËME- D1” icuLTa”
Comment l’ame ſe doit comporter
dans l'exécution&au tem s de ces af.
flictions, &comment e e doit alors
G 7_ uſer
rç8 Supplement Je lüflóregé &c;
uſer de toutes ſes puiſſances , &de ce'
qui eſt néceſſaire pour en venirâbout.
Rejoonſê.
D'autant ue dans l'action 8c l'exer
cice de ces c oſes , 8c pourlesmettre
âexécution, il eſt neceſſaire que tou
tes les puiſſances 6c facultés de l’amey
concourrerrt , elle doit faire une fer
me reſolution de bien obſerver tout ce
u'elle a auparavant deliberé de faire :
de ſorte que toutes ſes facultés :en géné
ral, 8c chacune d'elles en particulier .
accompliſſent 8c pratiquent parfaite
ment ce qu’elle a premiérementchoiſi
8c à uoi elle s'eſt determinée quant '
à l'a iction dont il s'a it, 8c qui eſt
alors preſente: 8c c'e ce qu’il faut
faireà l'égard de tout. Au reſte, elle'
doit avoir un ſoin extréme 8c tout par
ticulier de redreſſer 8c corriger tous»
les defauts qui dans l'opération 8c l'exé
cution pourroient provenir.. ſoit-de la.
art de 'imagination &des-idées qu'on
e forme mal-à-proposdes travaux 8c.
des afflictions-i ſoit dela part” du deſir
8c de la volonté, ou de quel uesau
tres puiſſancesde l’ame que ce oit.
C'eſt ainſi que l'ame de parfaite 'ſes
rendra trés-parfaite: 8c ces pratiques
fidelement exécutées la diſpoſeront à
un .état où elle deviendra toute divine.
S -E-r
Pſ9/
EXERCICE PREMIER.
DE LANEANTXSSEMENT.
Hoi-aiſé” préparatoire .Want lflExercíre.
TROISIEME EXERCICE.
De I'INDlFFERENCE.
Lbraiſäznprípararairr.
Premièrement , il faut profondé
ment ruminer ces paroles de jeſus
Chriſt : Sedere ad dexteramjêzzfinrſiram ,
none-ſl meum dare -vabir ; _ſl-d uiburpa
ratum ej? à Patrie mea : c’e à dire:
Cc n’eſt par à moi à Ww- damier d'étre
aſſis
D: la Pevfiüîioſiz. 'x69
Àſſïr à m4 droite oû à ma gauche dans mon
Roiaume;
i1- mai: cela
a ércſipreffiarcîdz moneſt [MurArezo:
Pffrc. à qui
combien
plus Forte raiſon ſommes-nous donc
obligés d'étre entiérement ſoûmis 8C
abandonnés au bon plaiſir de Dieu par
une indifférence toute pleine 8c, toute
parfaite? ’ - - ' ‘
Il Faut demander humblement cette
grace à Nôtre Seigneur, avec une Fer
me reſolution de vouloir écouter 8c
exécuter ſes divines inſpirations qui
'nous y diſpoſeront. _—
. , 'a ' - l
_V -_ ,Poínn dev míliràtíqn. . ÿ '.3
I. Point. Il faut *conſidérer* , ~ que
[indifférence eſt une perfection' divine
trés-ſublime 8c trés-excellente -, puis—
que Nôtre Seigneur, qui de natureôc
de volonté eſt tréS-,reſolu â tout ce qu'il
veut faire 8c à tout ce qu'il faiteſt néan
moins, quant à l'affection, précàſaí
;c ou à ômetzre quoi que 'ceſſoit s'il
étoit convenable, 8c qçfilfuſt póffiblê
’qu'ileût äxelque Supérieur dontildé
' pendiſt : quant â l'effet . nous voions'
qu'il exerce cette divine. indiflërence' en
communiquantxſes graces à toutes' les
créatures .pour différentes 8c 'o poſées
qu’elles ſoient , comme leñlgnt leä
hommes, dont les- volontés 8c les hu
1
meurs H
ſont fi contraires : Pluit 111/70?
j 79 ſ _IIL Exercice
juffioſÜ igzjuffiw, dit PEcriture: 1l fait
pleuvoir-fl” le: juſte; Efiſiſär le: injuſte!,
donnant quelquefois à une ame qui au
ra _cgmmisbeaucoup de péchés une gra
ce égale à cellequüldonneà une ame
qui n'en aura pas tant fait; 8c pour la
conduireâune loireégale, il lui con
tinue les effets e ſon amour . Pexcite
au bien , _ 8c lui fait de nouvelles faveurs
en mille maniéres afin de Pattirer à
lui. Si néanmoins l'ame ne reconnait
point ſes graces de la maniére qu’elle
‘ edevroit, elle ſe rend indigne d'étre
favoriſée de cette divine Indifféren
Êe , par laquelle -Dieu nous fait tant de
ICH. HT l ~_ _ , : . ‘ ſi
L”
DïliïBcZjfèŒí-Ïr. _ r7! ï
ñ ïÏëctrſièfflïſirÏïñzïſſïîï-Ë
.,' .ÊŸËÊ-ŸË-Ÿâſiäëiæèilädïï-ÏÎ-Q.
ñ zzſi-ſſfëſſfîffîîíſèäîſëífflſîfffſii… -_-«… -.
,ÎQUATRLEME EXERCICE.
DELA CONFOEMXTE'.
,, ~. T
L’0raiſhn Fríparatoíre.
Premièrement , il faut .conſidérer
^ dans ces paroles de ).Ch'riſt, Ci
.ëuxrudur eſt ut fui-nn voluntarelzz Pan-i:
!ru-i ui eſt m cælir .~ c’eſi à dire, m.:
UianZH/Zde faire la volonte' de mon Pers
qui çfl dam le ciel 5 il Faut, dis- je, con
iidérer dans ces paroles, 8c dans plu
ſieurs autres ſemblables., la grandfi
d- _ H 3 COn
.1 7,4 _ IVpExercíc-cz
conformité de Nôtre Seigneur, Jeſus
Chriſt avec la volonté de .ſon Pére éterz
.nel, 8C comment _il proteſtoit ne_ pré
tendre autre choſe en ,toutes ſes éeuvres _
que dela mettre à exécution : .Sc delà
.nous viendront_ à connaitre que_ pou;
ſomænrshcaucaun plus Obïisézñcëîc faire
le mémeàñ ſon imitation ,,7 B: nousnonp
,efforcerons de tout nôtre cœur, v Seau
,tant qu'il _eſt poſſible ,, .de Faiœïploiçz
,& de loumettre nôtre yolonté àjacon.
ñſſformité de_ _celle de Dieu. .. z _ ._
7 ñ Delà nous jcpncevrons auſſi dans nouſis
am déſir extreme_ &ardent; derçette di;
.vine conformité
avec —huzmil.i.té la. _,,Majeſté
qui duousgſera_ prier
DlVΔ².‘i1:1'—°Ûl
zverrudes mérites
Chriſt N ôtre claſe Shen
Seigneurëſi( de_ _ Filsëleſus
conſorF
V l
mité qui eſtoit en lui, il lui plaiſe de
nous” ônneiëabondamment cette grace.
J _ _Bointr Je zrlleudrſtſiztctíoii. l ſi r
mais ſeulement
'cement 8c avec lui faiſoit repoſer
acquieſcence 'dou
ſaſivolon
té dans les ſouffrances , leſquelles il
“acceptoit 8c vouloitſde ſi bon Cœur,
ue 11 lesjuiſs _ne Feuſiènt crucifié, il
' toit prét à le faire lui-méme ſi telle
cuſt été la volonté deſon Pere.
C'eſt ce que nous voions encore dans
ſa trés-ſainte Mere , dont la confor
‘mité fut , aprés celle de Nôtre Sci
~gneur—, excel enteôc parfaite au de li
de tout _ce qui ſe peut penſer de créé. J
' Il Faut enfin conſidérer, que toutes
~ces conFormités-là - ſont repreſentées
*Sc unies dans la divine eſſence, qui
*contient 8c réuni-t toutenſoi; 8c c'eſt
là qu’elles brillent infiniment, & que
d'une maniére inefiàble ïelles contri
'buent à la plus grande \gloire-de Dieu.
;Lex eſſaient”. Corffonmit-e', ddr”- une
" mn: 'oû alla eſt, flux, Îaæflai-ææanr. ’
î r. Elle fait que l’ame' fëtudie avec
ſoin &seffocce àſon poſſible de con
'noitre en toutes choſes la volonté de
Dieu , pour la mettrepromptement en
exécution ſans ſe ſoucier Œautrechoſe.
~ z. Qxjentoutcs choſes elle 1è "ſent
dans le reposôc la tranquillité, parce
‘ qu’elle säfflire quela volonté deDieu
A saccomplit en toutes choſes. 'IF
L ;ÙQſelle jouïr dumegrandeliber;
4.'” H S t:
1 78 .zIV- _Excite-ice
ré d'eſprit , exempte de tous Fçrupu-ÿ
les, dfinquiéçudes, -&ñ—de peines inté
rieures , diſanczſouiceuxſâ 'Nôtre Sei;
Soeur. ; mai. JET-ez». zeîs-;E-Yz-Eñs .-4146, -ie
m: vbùxſíen zqubj-Pſegcëzmpldflêmcÿt Rdc pa",
traſh-Lure 1101.2115.” ÃÏÎÜFÔFËZÏÏ. ;File vo.”
Pla/t. l# ?dead-ela @Mim ÊPŸÏIŸFTÏ- ~
-4. çQÿclle-zaccepte-Bq ;eçqiçleæaf
.fiict-ionsz- comme _ des, :préſents …Quiz !qi
-Viennent 'nnmecxiaxemntdeſſla-maärëzd? a i
Diduin-.SÊ-.nelcsçrÿppgætc ;nulle autre
=Cauſc-zr: ?mOn-Zi
Wdffllïïïïflïfflifflqflsîläefi?
7mm,- ,A _.,z-,,~_; ne
.ſenc ' wind! \ÎÊFÏÔÈËŸHPËFXËBOËDB
&nc-réuni aâtttziëoitït a ,Diezxzzz ,gm-is
!uk-dix à; 'ñiaæjaxtioa ,de Jeſus-Chriſt..
-Ne-Mne/MM xanzærælææeæeï :Ji-Aziz 6R1?
-volouxéſoís Faim? äëënesrthnæienrïe-
. ~ óëzgqge mógiçizsäilc. - I. _
zſeffllaiſſsl fief-g;gî-
Îouït clans ſes tribulations? 8c pluse -
— es iuiffſoritïgmiideä) &Îfinſibiëqz \pills
- Îui-ſeWÏïÉEEÜœ-Èhſſÿl êoIimioxcDieu
15a à-.iisz-KDÙÎÆW Elus Hërfærñfflsæt à
ſfflzdiŸilſſleävto-hnréä.: .1 ;ffljïſſſ ,‘—~ 3T'. -í -‘z
a *WI-vw qu’elle :RPE-DPT 1.56535 rei'
..ſçemée .ſïfflrÊſh-WŸÏ-Ëa dan", …ſu et Par
dſnfauçcxezllc MTL-EF.dzçflpoinc_
, L à' eijuüi
, ,
«au ei èisæfl-ŒHŒ; z-Hëïs-FÊIÊ-\Êmêë a5
:lç, EPUËÃzIÊS-ËHFÏPS &le
Dieu,, ,afin zggïil qeçxz.dii-goſç._vçopíme~ ,il
_lui plaira. 5'.; P_ … m_ __
B. ,SJ gpçghléç dçvïquellgueäs ;raid-aux
L U.
‘ ~ ~' ' -ex
De la Prrfëffim. 1 79
exceſſifs elle reſſent que] nes atteintes
d'inquiétude, el-le trouve on repos dans
cette méme inquiétude, conſidérant
que telle eſt la volonté- de Dieu , :à la.
quelle elle ſe conforme ſans égard à: ſon
intérétparticulier.. . l : J. . .l i
'ñi
_ol N Q__U I E' ME E X EKC tſicſEç
_ ~ . DEÎÎ-'Unſſi-r-OEMXIIŸ» a :
.Uûrafſon Freÿïhàkäiÿeſiſi* -²‘ - -- * “'
remiércmem: , il . 'faut - conſidérer
“gdans ces_ paroles: Patſiermi , mn
ſimca , _fid n” -valuntnflat : LcÎcſt à-dire,
Meuſe”, 'que 115k” wlontíſèítfhite.,
_EF mn Iññmlſſtnflâ ;‘ la grande union quiz*
,voit le.Fi_ls_ .de _Dieu ,aveclazvolonté
de ſon_ Pére en une choſe -fi difficile;
ficontraire ,Sc ſi ,durqà .lacommeéwit
ſ1 éloignécdeïlſiakfirandeur naturey &É '
ſa pqflioni: Et là ílnous fsutæonó
clore ., , oombien à, plus. force; raiſon
nousſommflë Obliges … de faire le méme
à l'imitation de ce rare. exemple dc JC!
ſus Chriſt Nôtre Seigneur.; .. . .. ..+
En ſeçondïlíeu ,.v1’l_ faut- avec un ex-î
tréme déſir. tàcher d'obtenir cette gra
ce, 8L prier trés-inſtamment le Pére.
éternel quîilñnous en faſſe dignes par
les mérites de_ ſon cherFilsd ’ '
.l
. 4 '
“ H6 Pam”
1 80 IV. ~ E xeíëcire
Point: Je Merliratian.
I. Point. Il ſaut conſidérer , que
Puniſormité , outre ce qui eſt conte
nu en la conformité, y ajoùte encore
l'union de nôtre volonté à celle dc
Dieu: ce qui_ ôte de nous toute repu
gnance &difficulté que .nous pourrions
avoir ſur- oi que ce ſoit; puis qu'a
lors non eulement- nous voulons en
toutes choſes ce que Nôtre-Seigneur
veut -, mais que~_m~éme nous _ſommes
portés à 'le Nouloir par laſeule raiſon
quevDieu' le. veutainſi.. Nôtre union
ala volonnéTdi-víne eſt ſi grande ,- que
nôtre contentement eſt de~la conten
ter pour l'amour d'elle-méme ſans él
gard à rien d'autre; 8: cet amour nous
porte de méme à nous unir ainſi en
Dieu avec nos prochains , ſuivant ce
qui eſt écrit- dans les Actes des Apô
tres: Er” crcdmriui” in Domino rar
unuſſm E5' anima uml: Tous les fidèles
du Seigneur n’avoient quîun cœur 8c
qu'une. ame dans. l'Egliſe primitive."
Il. Point. Il faut conſidérer en ſecond
lieu , comment cette uniſormité- reluit
8c paroit avec évidence , premiérement
dans toutes les choſes inanimées, qui
quoique doiíées d'une ſi grande diver
lite d'opérations, viennent néanmoins
toutes par un inſtinct de natureàexé
1 .~‘_ c. cu.
T.
Dm Perfbflion. &Si
cuter enſemble d'une maniére admiraſſ
ble tout ce que Dieu demande d'elles.;
'ſi bien que conjointement 8c unifor
mement elles viennent à former ce bel
ordre du monde, cette excellente 6c
'merveilleuſe harmonie de l'univers
comme ſi ce n'étoit qu'une maiſon , od
~pluſieurs ſerviteurs s'acquitans comme
il faut des ſervices que le maitre leur
a impoſé , tout s'y accomplit 8c s'y
réünit fi bien à ſa fin , comme ſi ce n'ég
-toit qu'une
ſi ſi Mais cetteſeule affaire. éclate beau-z
unifqrmité
cou plus parfaitement dans le ciel en-_
tre ſes bien-heureux , que la volonté
divine réunit tellement en un cœur , en
un eſprit 8c en une volonté, parſefflz
'cace de ſon amour , 8c parleur grande
union avec cette divine volonté , com
'me ſi tous enſemble n'étoient veritable;
ment qu'un ſeul. Sur 'tout elle brille
d'une maniére tres-ſublime 8: trés-mer
i. veilleuſe tant dans les attributs divinsſ,
'ſi bien unis 8c accordans dans l'eſſence
8c la volonté de Dieu , que dans les per
ſonnes divines &- dans les actes qu'elles
produiſent.
L” effèffr 'Je ?Uniformirl ſont
le: fui-vrmt.
I. Le premier eſt , que l'ame unifor
me ſe contente non ſzulernent de tout
- H 7 c;
[82- . V. Exercice —
ce ue Dieu veut, mais qui- lus eſt,
'qu’e le devient une avec la vo onté di
Vine: 8c étant ,ainſi uneméme choſe
avec cette divine volonté, elle ſe re'
jouït également de tout par la ſeule rai
ſon que la volonté deDieu le veut ainſi_ l,
’ 2.'.qu’elle
8c _Cettes'y'
ameplait.
trouve
. ' Dieu,
, ~ &s'unir
~ Ã
avec
'choſeslui;_ .Sc
~.ſ elle
en tout
ſe ſertlieu &- danslestoutes
de toutes crſiéal
tures comme &autant &échelles ou de
'degrés
z. .Apoursélèver â ſon
lîégard_ de-ſes Dieu.paſſez,
pechés i
elles’en
en 'a_ été attriſte
,offenſébien à cauſe
h mais ctäuffique; Dieu
prévaut
(Peux occaſion de s'en humilier profon
dément
avec quel, amourDieu
& conſidérant humblement
les a permis , ſielle
s’en _unit à ,Dieu’d'avantage. ~
‘ 4. _Plus il luiſemble qu’elle eſt pri;
Yée de; grades ‘,’_ abandonnée de Dieu ,
'accablée &ſlaiſſée dans ſes miſères;
plus s'unir-elle à Dieu .par ces mêmes
moyens,
‘ces qu’elle ſçachant bien , que dans
ſentoit auparavant les gra
ellctc
avec abondance , .ſont alors xetirées
dansDieu, 8c qu'elles S’y conſervent
plus ſeurement que lors qu’e~1le~les aper
cevoit dansſoi. Elle ſe contentealors
8c ſe réjouït plus de les voir dans Dieu
que dans elle méme; 8c partant, s'é
-levant 8c s’unifl~ant à Dieu, elle les va
~— ~ Trou'
Dc la Peffiffian. . 1 8j
trouver dans lui comme dans leur vraye
origine 8c dans leur proprelieu. ‘
s. Etant affligée de tentations dela
parc de quelque créature. que ce ſoit ,
8c même du diable, elle rejette bien
tout le [na-l qu'il .pourrait y— avoir , 8c y
,reſifiez
\créaturesmais ſçachant
ſontſiÏen ,auffi inſtrumens
cela des que. celles
‘1 _l
...a u .-‘.
.-.K" 7
‘ Si.
H84 — VI. ËÈerŸcírÉ
r SÎXEEME EXERCICE.
ſDE LA ÜEſſÏFORll-HTE'.
L'an-diſait _prkeÿararaiz-e.
Ï lfaut commencer par conſidérer ces
ſIparOles de Nôtre Seigneur: Ego
dzxi, dii :ſti: : JU) dit. vou: ét” de!
'die-Hz
'ſon 8c ces
Pére; autres qu'il diſoit
ut ſſunumfintficut àDÎeu,
m, Parcr
.in me», Ufflego in te; ut F ipſi in m1513'
_Ïmum ſiñt .7 c'eſt à dire : je vou-jſuis
_que tou: ſbíent un comme :mur, mon Pc'
lrc, ét” en ma) , ES' ma] en vou!, afin
u'il: ſbícnt auſſi un en nour. Sur quoi
1 faut tâcher de comprendre à quelle
,haute excellence_ de perfection nous.
'ſommes ap allés
Jeſus Chril par Nôtre
ct, ſgavoir Seigneur
, de nous _unir
~tellement par une volonté efficace
&par une affection véhémente 8c a,
_' moureuſe â la' volonté divine . qu'é
_ſi tant
plus transformés
nous mêmes,en elle
pour, nous
ainſine ſoyors
dire, ni
l i ce que nous étions auparavant; mais
ue nous ſoions ſemblables à Dieu,
eïfiés méme 8c transformés en Dieu ,
à l'imitation de Punion du Fils de Dieu
avec ſon Pere éternel.
Proſtetnés que nous devons étre avec
_une tres-profonde humilité dans laby
\DC
D314 Perfläioñ. 728g
ê. meîcle nôtre ſinéant en la preſence de
lfflabyme infini de ſa divine Grandeur,
ſaiſis d'un juſte étonnement , 8c apï
puy és ſurl’amourqui l’a porté à s'abaiſ—
ſer juſqu'à nous 8c à nous élever juſqu'à
lui, il ſaut que nous demandions 8c
impírrions de cet amour une vive 8c
intime correſpondance d'affection de'
nôtre part, 8c un ardent deſir d’étre
véritablement 8c parfaitement Deïfiés
en lui. ',
-
Paíntr Je Mer-liſation.
I. PÛÙÏÏ. Ilſautconſidérer, quecet
te Déïformité conſiſte â avoir nôtre vo
lonté unie â celle de Dieu avec un .Î
mour ſi efficace 8( ſi puiſſant , qu'on ne
ſe ſente plus ſoirnfme, ni plus nimoins
'que fi véritablement l'on n’étoit plus:
'mais que ſeulement on ſente en ſoi la
volonté divine 8c qu'on en Veiiille le
ſeul accompliſſement en toutes ſes
.actions, en 'tous ſes cléſiis.ñ& en touë
tes ſes affaires; 8c cela de telle ſorte;
?ne méme pour les vertus Sc les choſes
aintes l’ame ne l'es veüille plus d’ëuné
volonté créée, mais ſeulement par la -
volonté incréée', faite ſienne par une
entiére transformation en elle, confiy
dérant , que c’étoit proprement cela
que Jeſus Chriſt prétendait en ces pa'
roles: Non me”, _lè-d n” voltmrarÿal.
'on
!B6 .VL Exercice .
Non ina-volonté , mais
I II.__Poinfct, Il faut lavôtre.
,conſidérer en ſe-'-
coud lieu ,i_ quetette ;Déïformité eſt
(me dé ,endance 8c une partiCi ation
de la lgéïforrnitéc qui eſt és perſonnes
divines, .non ſeulement entant qu'elles
ſont-.unies en la divine eſſence ,z mais
auffi -entantHqœ-unies- ou, plutôt unes
dans-latvolonté qui eſt _entr’e_lles parla
YClÎtUÏZC lîefficace- de l'amour mutuel
8c conſubſtantiel , lequel eſt figrand
8c ſidivines
nes intime,e'nl'étreſi
qu'il entr’unit les perſon
tr~éS-pur"du centre
de la divinité , 8c les transforme de
telle ſorte . que quoi qu'elles ſoient réel
lement diſtinguées , il ſemble néan
moins que l'une ſoit véritablement l'au
tre, ſurtout dans !e centre dela diviq
nic-é. ll en eſt de méme des attributs
8c des propriétés divines. qui quoi que
parfaitement unis en la divine ſimpli
cité, ont néanmoins chacun leur diffé
rence propre 8c formelle; mais étant
comme fondus &abſorbés par la force
de l'amour , ils viennent à sentrepéne
trer 8c à s'unir tellement dans le cen
tre de la Divinité , qu'il ſemble qu'ils
-ne ſoient tous qu'un attribut en cette
-pureté centrale- - —— v
III. Toutes les choſes créées ſont
par maniére de dépendance 5L àPimi
.tation decette Deïformité —, :amenées
i…. , par
7, De Il Perfſeäia”. 18,7
l parPefflcace de cet amour à ce méme
_àamour \buvcrainffcqmme-
Porigiue d’0ſſù_ elles ſontau émaaées,
centre 8c
8c de là ellespaflènt à cet état trés pur
où elles ſont ineffablement. déïfiées. ;
IV( I-Ïhurnanitcîde Nôtre Seigneur
jçſus,Chrifii,…~,ſa~ trésëſainte Mére, 8;
'tous 'lesdpien-,heureuxïj ſont parla
puiſſanceLdeipieu, qui les aſſifieinti
ËHementNBE 1T1? laconnoiſſance 8c la
jouiſſance .de a Divinicé .— élevés à cet
'étatg _abſorbés par cette unité , *Gt par
faitement
ſaints JauſſÎ déïfiés
ſi8c~ tousdans elle. Tous
les'. juſtes les
qui ſiſonc
fehqore ctſurſilazzgertez 'ſont de .méme
transformés en Dieu» ;—~ puis par, dé;
prengançç &ç parordre de ,Dieu _ils__ie~
_tournent àſieuxçnæémes ,Sc-Ya leur .état
ordinaire ;. comme fi -unegoûte dîeudi
a ant été jettée» dans un .grand vaiſ
eaude_ .vin , Y étoitxperdue 8c chan
gée_ enfflvizi, ÿ( quepuis aprés elle reg
Win11_ I19.ſ.$»4° @Vaiſſeau ?HOP Pfflr
míerqétre, _1 Î, .,1, . ~_
POR-QP? lîamflzéfiszenuzâ œ?
.état ,z ê; que par la: vertu-de_- lîamour
défilant.,
1ſi)ieu dont,des
_oryazgraces
.parlé,8(qu_-
desdevant
lumiéres dſc.
,ct ctell,ſie
aôté d'elle tout ce qui peut empeche;
— Dieu ..Clîopérérr
Déſſíctſqrme dans'. elle» — -í-l_ la &end
ſi; _Çccettez
a l; _ ff _ i_ Deïformité, prq
..fill ΟË
p ;ç ivan
._ SH. :J'y .Ô ‘ LI.rf_
"
ÏXËS' VI; Exercice* _ __
(J: ïul :-ü 'I '.~ … î ’… ‘. z TJ' .… ‘ 'ï
1H '~ ~ ~- Effitîſiel” Dîezzfîzrmiteî ' _
é' 1._ Premièrement”, cette ame ſe D51”
'Forme en contes ſes actions, les faiſant
“commefi c'étoit Dieu qui les fiſt, 8c
_bon pas elle: 8c ainſi dans ſes actions
:Sc pat' elles elle entre *entiérement en
'Dieng leconnoit, 8c en jouït. ‘
~' z. Comme le~ écheur neîfait rien
jqui nefoit hors e Dieu, privé qu’il
eſt de ſa grace,- cette ame au contraire
ſhe peut trouver ni faire aucune choſe
[que Dieu n'y ſoit, 8c' par lemoyen de
laquelle elle ne sintrodniſe 8c ne sîuniſſe
îà Dieu, hors duquel elle ne peut rien
Faire ni rien trouver. '
ſ z. Elle n'eſtime nulle choſe ſinon
nentant qu’elle vient de Dieu , ou qu’el
le eſt Faite pour Dieuôcen Dieu. j
‘ 4. Woique Nôtre Seigneur ſecache
8c ſe retire quelquefois d'elle , elle ne
Îaifiê pas de ſe retirer alors coute en
Dieu 8c de s'y cacher , combien ue
ſans goût &ſans ſaveur: 8c mémep us
'il luiſemble qu'elle eſt éloignée de
'Dieu par ce dur abandon & ce traite
ïment amérôc rigoureux , plus s’intro
'vertit-elle, ſe déïforme 8c ſe repoſe
dans lui. l
ç. Cette ame étant trés-certaine 8c
aſſurée qu’elle ne peut rien faire qui
.vaille , à cauſe de ſon inhabilité uni
— ‘ ver
De-Ia Pnflffiarxz 139-.
verſelle ; 8c 'connoiílîant avec une lu-ſſ
miére veritable qu'elle n'eſt rien ,
qu’elle n'a rien , 8c qu'elle ne peut:
rien de ſoiménæe; elle ne ſe confond
ni ne ſe trouble de quoi que ce ſoit :ï
même au milieuedes confuſions el-í
le ſefent Fort tranquilleëci Fort _con—²
tente , comme ſachant avec 'certitu-t.
de qu’elle
qu’elle ne cherche
ne mec ctrien du rien
fien de pcopre
à quoi que5-!
Oeſoic; mais que c'eſt Dieu qui-faicleñ
tout immédiatement. ' ñ '
. i6. Aand bien cette ame ſer-oit les?
choſes duï monde les-plus grandes &ï
les lus merveilleuſes; juſqu'à reſuſci-l
ter es morts, elle tient néanmoins tout?
cela pour rien, ne s'en ſoucie 8c ne;
Sïenlaiſſe émouvoirle moins du .monde ‘
ſinon encant-que Dieu le veut : 8c quand '~
elle poſſéderoit tous les thréſors du
Cielôz de la _terre, elle neles eſtime ni_
pour eux ni pour ſoi; mais elle refére
8c remet toutes choſes dans leur prev
miércïorigine , d'où elles ſont pro-ſi
cédées.
— 7. @oi-qu’elle
’ connûſt ſenſible-tuent.
L'AMOUR PROPRE;
e —CHlA1ſſ².I<TPſiîË "In _
De trair _ſbrtenófamàur propre. Q4?)
î ſauf ſé dc
danrje drſiîziræ der-chui
t1' Je la ui _ſe_~ mÜQ
Pſiaiflgío”. p _d
>1ct ñ ſſcH-Aéſi'
l 94 - De l&Amour .
, CHAPITRE
n. RSQ-i” f5 condition: ſaur_lèII.Jahr/rer
de cetamourfraſſre ſpirituel.
Pour ſe délivrer de Pamour propre
qui ſe gliſſe dans le déſir dela per
fection , voici quelques régles quel’a
me doit obſerver.
La premiére eſt de' ne déſirer que
d'étre autant parfait que Dieu le veut,
quand il leveut, &en la maniere qn’il
le veut-.
La ſeconde eſt , &éloigner de ſoi
tous les empéchemens qui pourroient
retarder Péxécution d'un tel déſir,- 8c
de ſaireen ſorte qu'il n’y ait ni milieu
ni choſe aucune' entre Dieu 8c l'ame,
pas même Dieu entant que la connaiſ
ſance 8: le flentiment qu'on a de luidon
ne du plaiſir 8C du conteutement. Car
a quoique ce plaiſir-Sc ce contentement
ne ſoient m péché ni choſe mauvaiſe,
ils empêchent néanmoins que la deſa
propriation ne vienne à ſa perfection.
L’ame ſe ſépare quelques-fois de Dieu
en ſe plaiſant en ſoimélne; ou en ad
hérant â des créatures ſous certains
prétextes tirés du Créateur: Mais ici ,
il luiarrive de ſe ſervir de Dieu méme
pour mettre un milieu 8C un obſiacle
Cl]
Prapre Chap. II. i9;
entre lui 8c elle, 8c pour ſe déſunir de
lui par la conſidération des choſes qui
viennent de ſa divinité, ou qui lui ap
partiennent.
La troiſiéme ré le que doit obſerver
une ame ui veut eguerir de cet amour_
propre e , de ne pas trop saffligerſi
elle n'atteint pas au comble de la- er
fection à laquelle elle ſe ſent appe lée.
Car Dieu ſe plait infiniment à voir une»
ame en peine à cauſe de ſondivin a
mour, & c'eſt alors que ſe vérifie ce
mot duProphete Royal, Giant ízſô finir
in tribulations: _Te _flair avez-lui lorſqu'il
a en tríbulation. Pſ. 90. Car les .tribu
ations interieures rendent l’ame bien
plus-capable que les extérieures âreeez
voir de Dieu des races articuliéres,
8c quelquesfois i gran es , qu’elle;
ſurpaſſeut toute eſtimation St ;toute
penſée. L’ame donc doit bien fe-don,
ner de garde de sattriiler _St de ſe tour;
menter ſi elle n'a point encore atteint
au comble fi déſiré de la. perfection;
puis que d'ailleurs Dieu pourroit bien
ui donner beaucoup de perfection ſans
étre ourtant fi agréable à ſa Majeſté
que l elle n'en avoit pas tant 8c que
néanmoins elle fiſt de ſa part tout ce
qui lui ſeroit poffible pour l'avoir:
parce qu'avec ce plus de perfection l'on
aura certaine ſatisfaction 8c certain
I z. con
196 De l'Amour
contentement en ſoiméme , lequel
?uoique bon, ne ſera pas néanmoins
1 agréable à Nôtre Seigneur , que
cette peine 8c ce travail \pie l’ame en
dure par amour ; pourvu néanmoins
qu'avec ce travail 8c cette peine elle de
meure dans une entiere conformité â
la volonté divine, ſans chagrin , ſans
trouble, 8c ſans ſe ſéparer en quoique
ceſoit de l'amour de Dieu : car autre
ment . ce ſeroit amour propre.
CHAPITRE III.
Dei effet: de l'amour propre.
et Amour ropre devroit lûtôt
étre appell non-amour , aine,
mort, propre poiſon, que propre a
mour; parce que ſans aucun é ard â
vie ni à mort: , à ſanté ni à ma adie,
au cor S ni à l’ame, à la créature ni
au Cr ateur même, il ne ſe ſoucie de
rien que de cequ'il veut.
Cet amour propre ſut premièrement
en Lucifer, quand il fit plus d'eſtime
de ſon propre avis que d’étre avec Dieu
dans le Ciel : ce qui fut la ſource de
ſa mort , ui eſt la ſéparation d'avec
Dieu. Et a méme choſe arrive auffi
â l’ame poſſédée de cet amour propre :
car il “la ſépare d'avec Dieu , la rend
m
Propre. Chap. III. 197
inſenſible pour les choſes divines, lui
ôte méme la lumière de la raiſon, 8c
la remplit dbpiniatreté , de dureté,
8c de rebellion.
Cet amour propre eſt comme cette
herbe qu’on appelle dent-de-cbien,
laquelle n'étant point arrachée , gai
gne <5( croit peu â peu de telle ſorte,
qu’elle gâte enfin toutes les autres her
bes qui ſont auprés d'elle: de méme ſi
l'amour propre n'eſt arraché 8c retran
ché de nôtre coeur, il gaigne ſi avant
dans l'ame , qu'il gâte o: corrompt
toutes les vertus 8c toutes les graces
qui Y ſont; non ſeulement celles ue
nous avons acquiſes, mais auſli ce es
que nous avons reçues au Baptème 8c é:
autres Sacremens. Il eſtà l'ame ce que
Popilation eſt au corps ; à ſavoir la ſour
ce d'une infinité de maladies différen
tes: car tantôt il enorgueillit l'homme
8c le rend altier 8( hautain , puis il le
jette dansl'abime dela puſillanimitéôc
du deſeſpoir; Il le flatte de l'eſpéran
ce de pouvoir entreprendre 8c exécu
ter ce qu’il veut , puis il le rendlâche
8c inhabile au ſervice de Dieu: Il re
vet 8c embellir l'ame de diverſes cou
leurs 8( de différens prétextes de ſain
teté ; 8c d'autre côté il la denue 8c
dépoüille des moyens qui pourroient
larameiner à ſon Créateur. il eſt com
I z DÏIG
1 98 De l'Amour
me un poiſon qui rendl'homme inſenſé
8c enragé,& qui porte celui ui le prend
à ſe détruire ſoiméme. C’e un venin
d’aſpic , qui ronge 8c conſume l’ame
ſourdement 8c ſans qu’elle s’en aperçoi
ve. C'eſt une eſpéce d'enchantement ,
qui charme 8c enſorcellel’ame :lun tel
point u'elle ne ſ ait ce qu’elle fait ni
ce qu’e le veut ; el e ne fait que ſe tour
menter à paſſer ſans repos d'une choſe à
une autre ,~ 8c ne pouvant de la ſorte
parvenirâ ce u'elle ſouhaitte , elle ne
ait que s'attri er 8c ſe tourmenter elle
méme , aufli bien que détruire 8c gâter
tout beaucou plus qu’il ne l’étoit dé
ja : que fi on lÎu veut dire quelque cho
lè pour la ſecourir &pour ſon vérita
ble proſit , cela ne la touche pas da
vantage queſi elle avoit perdu l'eſprit
È "D'ou parlaſt à un mort ouàun in
ſenſible. Enfin , pour tout dire , cet
amour propre revet l'ame des belles
qualités qui ſuivent.
Il la rend diſſemblable à Dieu 8c
ſemblable au Demon, abominable aus
créatures, 8c deplaiſante à ſoiméme:
il en fait un vaiſſeau de deshonneur 8c
une mer Œiniquité: il la rend ſembla
ble à une barque expoſée aus vagues 8c
aus orages de la mer , 8( à l'agitation
de tous les vents; ſemblableà une eau
Inſecte , à une terre ſtérile 8c ſans
fruits ,
Propre. Chap. IV. 199
fruits , â une charogne puante ; 8c
pour tout dire , il en fait un cheval
ſans frein 8C indomptable: mais le pis
eſt , qu'il rend ſon homme trompeur
de tout le monde: Car en ſe montrant
rempli de ſainteté 8c de vertu, il ca
che ſous cette apparence un ſerpent
plein de venin mortel.
. . CHAPITRE IV. _
~ Emblëme Uſidzfirrprían Je I'amour ſ
Propre.
On peut ſe figurer l'amour propre
comme un homme monſtrueux qui
a des yeux 8c n'en a point. ll n'en a
point our Dieu: mais il en a quatre
pour oiméme, avec deux deſquels il
voit ſes avantages préſents , 8c avec
deux autres il prend garde à ce qui ut
faire à Pagenir à ſa propre 8c eule
commodit .
ſllfa point d'oreilles our entendre
la voix que Dieu lui a reſſe ſoit mé
diatement, ſoit immédiatement, car
il n'écoute pas comment il eſt excité au
dedans à connoitre ſes défauts &ç ſes
imperfections : mais il en a ſix pour
Fattribuer 8c s'approprier quelque cho
ſe : de deux il écoute ſes propres loüan
ges; de deux, il eſt attentif atout ce
1 4 qui
zoo De I'd/Fureur
qui peut ſervir à ſon avantage; &des
deux autres enfin, il eſt aus écoutes
â ce qu’on ne diſe rien contre lui.
I1 a trois cœurs , dont il n'y en a pas
un ſeul pour ce qui pourroit profitera
ſon ame 8c l'avancer vers la perfection ,
pour laquelle il n'a ni deſir, ni ſenti
ment.
Son premier cœur eſt pour ce qui re
garde ſes propres commodités humai
nes 8c corporelles, intérieures ou ex
térieures. Le ſecond eſt, pour les a
faires u'il a avec autrui, afin d'avoir
créditgt reputation dans le monde. Et
le troifiéme lui fait montrer un viſage
dous 8c benin pour ſe faire aimer de
tous par un regard affable, par de bel
les 8c de douces paroles, 8c par une
apparence Angelique , pendant qu’il
eſt au dedans un loup raviſſant &qu'il
ne cherche que de pla-ire à ſoiméme.
CHAPITRE V.
Comment l'amour propre_ entre E5' ſe
glxſſè par tout.
L 'Amour propre eſt fi ſubtil qu’il en
treôcquîl ſe fourre ar tout, mé
me juſques dans ._ les c Oſes les plus
ſaintes. Il ſe fourre dans Puſage des Sa
cremens , faiſant qu'on les frequence
tan
Propre. Chap.- V. 1.0l
tantôt pour certaine ſatisfaction qu'on
trouve, tantôt ur étre eſtimé des
ommes , 8c que quefois méme pour'
en couvrir ſes défauts. Il ſe fourre dans
I'ouïe de la parole de Dieu , qu’on
écoute
I.] pourdans
ſe fourre le plaiſir u'On8cytrouve.
les' ordres lſie \nini
ſtére Eccleſiaſlique .— lors qu'on s'y
rend ar vanité ,. ou par ambition , ou'
en cerchant ſes propres avantages,
ou par quelque autre. mauvais princi
pe. Il ſe fourre dans le mariage quand'
on s'y engage
piſcenceôc pour
aus ſatisfaire àcharnelles.
inclſiinations la concu
Il ſe fourre dans l'étude des ve: tus , fai
ſant qu'on s'y a plique avec peine 8c
travai , mais ans la droiture 8c la
ſincérité d’une. bonne intention , 8C
pour autre' choſe que pour la ſeule St
ure gloire de Dieu. Il ſe fourre dans
lîexercice de l’Oraiſon ,_ prétendant
ſous prétexte de s'unir à Dieu , y re
cevoir des outs, des lumières 8c des
ſentimens ivins ou il ne fait que ſe
chercher ſoiméme , comme il paroit
fd'abord quelui
irituelles cesſont
gouts 8c cescar
ôtéſies: douceurs
dés là
i ceſſe de perſévérer dans l'exercice'
de la priére; Il ſe fourre 8c ſe cache en
core ſous le voile de l'humilité , &ſe
dépeint lui méme comme fort vil 8c
fort abjet : mais ſi d'autres ſe hazar
I' 5. doient
zo 2. DE l'Amour
doient à dire de lni ce qu'ilen dit lui
méme , il S'en ſàcheroit fort bien : ce
qui eſt une marque infaillible de l'a
mour (propre. Il e fourre encore dans
l'obéï ance juſqu'à conſentir trés-aiſe
ment 8c ſans repugnance à tout ce qui
lui eſt commandé; mais quand ce doit
veniràPexécutionôc à l'effet, il ſçait
alléguer à l'encontre tant de raiſons,
tantl cſiſeäxéze tions &étant Üeäcuſes,
qu": e c arge enti rement e tout
ce qui lui étoit enjoint. Enfin , il
ſçait méme ſe méler dans le deſir qu’on
ade Orter la croix de jeſus Chriſt; 8c
ille çait Faire en pluſieurs maniéres.
Car en premier lieu cet amour pro
pre incite quelquefois à déſirer avec
grande avidité de porter les croix les
plus dures 8c les plus péſantes, â la
maniére que l'on void que les femmes
groſſes ont quel uefois grande envie
de manger des c arbons, de la terre,
8c autres choſes extravagantes 8c ſans
ſaveur. Et ceci eut arriver quand bien
méme on ne d ſireroit la croix par au
tre motif ni pour autre fin que pour l’a
mour de Dieu. En ſecond ieu l'amour
propre ſe méle dans la croix par le dé
iir deé ſatisfaire 6c de ſouffrir pour ſes
pecli s 8c pour acquérir plus de me'
rite : Flame ſcait dire alors , qu’en ſe
tenantôc en perſeverant a ſe tenir à la
croix
Pra/m. (Ïhap. V. zo;
_ croix ,ſi elle ſouffiira mieux pour ſespé
chez , qu'elle ſouffiira ainſi moin de
temps, qu’il lui reſtera moins à ur
ger , u’il Y aura plus grand m rite
pourel e; prétextes qui ſans doute pro
cédent de l’amour propre, lequel, en
troiſième lieu , du déſir de ſouffrir ſe
fourre juſques dans la ſouffrance actuel
le 8c dans la baulation de la croix,
endurant des a ictions par vaine gloi
re, comme il n'arrive que trop uand
on ſe repreſente, que pour étre eau
coup perſécuté 8c affligé l'on en ſera
admiréde tout le monde, qu'on nous
tiendra pour des ſaints 8L pour des per-
ſonnes éprouvées , 8c qu'après tout en
core , Dieu nous en tiendra grand
compte. Enfin , l’amour propre ſe rend'
à la croix, parce que voulant par je ne
ſai quel caprice , Y participer avec
véhémence 8c impétuoſité, A il trou
-ve du plaiſir 8c de laſatisfaction dans
l'accompliſſement de ſon inclination
capricieuſe. > ’ 4'
C H A P I T R E VI.
Propriërë d'une ame infectée de Pdf»
— mom" propre, E5 cxphtarionder ëffirir
ci deſtin mzntionnzfr , 'vi-Tri l'a fin du
Chapitre Ill( v . .
'L'Amour propre dérobeñà-Dieu ce
— qui lui appartient ,- car il lui ôte-Sc
1 6 1'3
:U4, De l'Ain-mr
vit ſon honneur par la gloire que l'hom
me S'attribue: C’eſt ainſi ue le Phariſien.
déroboit au Seigneur ſon onneur quand
il diſoit; je ne reſſèmblc pa: au:- autre:
homme: .' Nan flnnſícut 1:41am' bordure-m.
Cetamour propre rendñ, en premier
lieu , l'ame Jiſſêmblable à Dieu. Car»
Dieu étant un objet trés-ſim le , 8c d'u
ne fincerité 8c pureté in nie , l'a
mour propre au contraire rend l'ame
double, fine 8c diſſimulée, la faiſant
paroitre ce qu'elle n'eſt pas en effet.
En ſecond lieu, il la rend ſEMbIaÔIS.
au Diallo , lequel n'eſt Ëjamais content ,
8c n'a jamais de repos en ſoi: l'amour
propre rend l'ame toute de méme: car
il lui donne tant d'inquiétude 8( tant de
peines,qu’elle ne peut jamais trouver de
repos ni de contentemennll la rend auſſi
menſätrgerc 8c ennemie de la vérité ,
comme le Diable: &ainſi elle devient
abaminable au: créature: mémes , ces
qualités-là leur étant odieuſes.
ll la rend encore ficbeuſë ſ5' chagrine ;
car comme elle ne trouve jamais de
repos , 8c que par amour propre elle
n’oſe déſirer la mort, elle ne fait que
ſi: chagriner 8c ſe tourmente: conti
nuellement ſoiméme.
Il en fait auſſi un vaiſſeau ;Verdure F Je
derlzanneur ; parce' que faiſant beaucoup
de bonnes choſes , faiſant prier pour_ ſoi ,
ſe
Propre. Chap. VI. zo;
ſe ſervant. des Sacremens, 8c choſes ſem
blables, & n’aiant pour principe 8c fon
dement en tout que l'amour propre,
toutes ces œuvres là en ſont gâtées , 8c
deshonorées. z _
Pai- le méme amour cette ame de
vient une mer :l’im uiteí z car ſes imper
fections étant un abîme ſans fond , lorſ
que les vents contraires de ſes paſſions'
viennent à Pagiter, tous.les mouvemens
de cette anie ne ſont que tempêtes 8c
que vagues 8c flots épouventables qu’el
le oppoſe avec_ fureur 8c dépit à qui_
conque voudroit apporter quelque re
méde à ſon mal. ,
. ,Cette ame eſt encore comme une lar
que expofiæ- aux_ rem (ter, &aus orages
dela mer , puis qu elle vogue ſur la mer
inquiette 8c toùjours agitée de l'amour
propre, où elle eſt combattue de tous
côtés , 8c fait naufrage pour trés peu_ de
cho e. a,
C'eſt encore uneeau infèfle, quiâla
moindre pente coulant de tous côtés ſe.
Ion ſesinclinations , rend la puanteur de
ſes imperfections iqſupportableà ceux
qui aiment la uret .
e Elle reſſem le auſſi à une terreſlërilaæ,
car elle ne produit quepines 8c que
chardons, &ne fait que gater les fruits
des bonnes œuvres. .
Elle eſt comme une cbaragne PHÆHÊG;
J 7 car
2. O6 De Z'Amour
car l'amour propre la rend ainſi , afin
qu’elle lui ſerve de pâture comme à un
corbeau infernal, 8c qu’elle ſoit auſſi
la proye 8c la nourriture des demons
àqui elle reſſemble.
En un mot , l'amour propre étant
comme un che-MI indamptë , flmr bride E5'
_ſêmrfreirgfait que l’ame ne ſe reigle pour
perſonne, 8c ne ſe reprime ni par le
conſeil d'autrui , ni par toutes les con
noiſſances qu'elle peut avoir; mais fi
xée qu’elle eſt à ſon propre ſens 8c juge
ment, elle eſt entiérement indomptable.
Remarquez bien que tout cela peut
arriver à des perſonnes méme ſpirituel
les, &ſe ratiquer ſous l'a parence de
la ſaintet . De telles per onnes ſont
trés-difficiles à guérir de cette maladie.
Cet amour propre nait du plai
ſir que la créature eſpére de trou
ver dans ce qu’elle cherche 8c dans ce
qui la concerne, moyennant quoi , elle
ne ſe ſoucie ni de ſa vie in de quoique
ce ſoit. Il nait auſſi ſimplement de la
nature corrompue , garée qu’elle eſt
en toutes ſes puiſſances , en 1'iraſcible 8c
en la concu iſcible ; 8c enfin il vient
de l'habitu e mauvaiſe que l'on acon
tractée. Ce quiifeſt pas ſeulement vé'
ritable de la premiére eſpèce de l'amour
propre, qui eſt ordinaire aus gens du
monde: maisauffi dela ſeconde, dont
les
Propre. Chap. VI. :07
les perſonnes ſpirituelles ſont ſouvent
atteintes, &que l'on appelle avec ju
ſtice amour pro re , à cauſe du plaiſir 8c
du [goût qu’el es cherchent dans les
cho es ſpirituelles; cela eſt méme vé~
ritable dela troiſiéme, qui eſt l'amour
ropre des ames ſpirituelles qui ont déja
ait du progrés dansle ſervice de Dieu.
Cette troiſiéme eſpéce d'amour pro
pre eſt comme le poiſon du diamant,
qui rongeant peu à peu l'intérieur de
l'homme ne fait voir au dehors aucun
ſymptome de ſa malignité comme ſont
les autres poiſons : de méme cet amour
propre minant 8c garant l'intérieur de
a conſcience ſans en donner des ſi nes
a qu’elle aperçoive, la meine inſen le
mentàla mort, 8c à la fin luien don
ne le coup fatal.
C’eſt une marque certaine de cet a
mour propre , quand nôtre Seigneur
ayant donné à une ame quelques gra
ces particulières, 8c qu’il les lui retire
enſuite, cette ame en reſſent beaucoup
de chagrin 8c dîafflictions.
Cet amour propre ſpirituel eſt com
me planté 8c enraciné dans un fonds de
ſainteté qui eſt beaucoup plus Fcinte
que ſolide. Il meine l’ariiepai‘ un clie
min Fort étroit , qui fait paroitre à ceux
qui pratiquent cette ame que la voie de
Dieu eſt bien plus étroite 8c plus difficli
e
2.08 Dc l'afflux-zur*
le qu'elle ne l'eſt véritablement. Il en_
endre dans elle 8c dans ceux qui la
Ëantentêz qui l'écoutent , une eſpéce
de ſainteté qui n'eſt pas plus veritable
que celle de ſon fonds. llſiy produit
méme des choſes qui paroi ent gran
des 8c merveilleuſes, 8c qui donnent
à tous. des mouvemens &étonnement;
8c d'admiration ,… mais accompagnés
d'inquiétude d'eſprit; car comme l'on
voit enſuite qu'on ne ſauroit arriver
à cette haute perfection 8c à cette ſain
teté prétendue qu'on admire en autrui,
l'on en reſſent un découragement 8C
une confuſion quine laiſle point de re
s â l'ame; marque évidente que tel
léſainteté eſt un effet de l’amour pro.
pre. Et c'eſt ce qu’aſſure d’avoir plus
d'une fois é rouvé' 8c ſenti dans ſoi
celle qui a crit ce traité , laquelle
penſant à la. ſainteté de certaine per.
ibnne de cette claſſe , s'en trouvoit
touteſurpriſe 8c extrêmement éton
née: mais néanmoins elle ne s’enlai'ſ~
ſoit pas tomber dans le trouble& dans
Pinquiétude ui auroient eu priſe.ſur
d'autresà ce ujet.
CHAPITRE VII.
Reuil-lex contre l'Amour-Propre.
Quiconque veut étre guéridela ma
ladie de l'amour propre., doit en
Pre- l
Prop-e. Chap. VII. 209
premier lieu avoir recours à une per
ſonne bien illuminée de Dieu , &qui
ait le don de diſcerner les eſprits. On
lui découvrira les travaus intérieurs 8c
les exercices de l'état où l'on eſt, avec
les deſirs de ſon cœur; 8c ſe jugeant
autant malade que cette perſonne éclai
rée jugera qu’onl'eſt, on ſereconnoi
tra dans un extrême beſoin d'étre ſe
couru , puis qu'en effet l'on eſt dans
une entiére impuiſſance de ſe ſecourir
ſoi-méme.
I1 faut en ſecond lieu , que l'on tâche
de mortifier tous ſes deſirs 8c toutes
ſes propres affections , tant celles des
choſes bonnesêc ſaintes, uecellesdeï
choſes indifferentes. Il ne gut plus cou
rir aprés elles , ſur tout lors qu'elles
nous excitent 8c nous attirent le plus.
Et pour ſe conduire ici avec lus de
ſeureté, il ſera trés bon de d couvrir
toûjours ſon coeur à ſon ére ſpirituel,
6c de ſe laiſſer regir par ui. .
Un troiſieme remede eſt, de penſer:
ue toutes choſes , pour bonnes 6a
aintes qu'elles ſoient , ne ſont pas toû~
jours agréables âDieu , mais ſeulement
celles qui viennent de lui. L’on connoir
qu'une choſe vient de Dieu lors qu’elle
ne nous trouble 8c ne nous émeut
, point; que ſa poſſeffion ne nous donne
point d'orguei ni d'élévation; 8c UC
ll OB
2-10 De l'Amour
ſon abſence ne nous donne point de
triſteſſe ni d'inquiétude: mais que ſoit
qu'on l'ait ou non , ſoit qu’on la prati
que ou non , l’0n en eſt toûjours éga
lement paiſible, tranquille, 8c eure
pos d’eſprit.
Un quatriéme reméde eſt, de con
ſidérer , qu'accomplir de tels deſirs
de l'amour propre c’eſt mépriſer Dieu
méme 8c s'o poſer à ſa divine volonté.
Car commelîamour divin eſt toutcon
traireàPamour propre, faire quelque
choſe par amour propre c'eſt viſible
ment faire une choſe contraire à la ſain
te volonté de Dieu , 8c s’y oppoſer en
lièrement.
Le cinquiéme reméde regarde la
conduite du Pére Spirituel qui a deſ
ſein de retrancher ce qu’il ya d'amour
ro re dans les perſonnes qui ſont ſous
Pa. direction, ſoit dans leurs actions,
ſoit dans leurs deſirs. Pour cet effet,
il doit premièrement tâcher ar tous
moyens de pénétrer 8c de s inſinuër
dans leurs cœurs: 8c enſuite commen
cer à les penſer avec grande douceur,
auſſi bien qu'avec grande prudence ,
ces ſortes de malades ne devant pas
d’abord étre traités à découvert 8c de
façon qu’ils S'en aperçoivent : mais
il ſaut diſſimuler leur mal, 8( les ſé
courir comme en ſe jouant, leur fai
ſant
—z~d— —._ _ -_
Propre. Chap. VII. 2.”
ſant faire doucement tout le rebours de
leurs deſirs 8c de leurs entrepriſes , ſoit
en les leur ôtant , ſoit en leur chan
peant d'objets,- comme par exemple ,
iquelqu'un vouloir aller dans un lieu
de recréation, 8c qu'on le fiſt aller _
dans un autre; ou comme ſi , par ina
niere de ſimple correction 8c ſans re
trancher toute la matiére des deſirs,
on ſaiſoit faire de petites 8c de courtes
mortifications à celuiqui en voudroit
de randes 8c de durables. Car de s'op
po er d'abord directement à l'amour
propre , 8c de défendre , par exemple ,
toutes ſortes de mortifications à celui
qui les deſire , ſinon que ce ſoit une
perſonne déja bien avancée 8c bien
exercée dans la voie de la perfection ,
ñ ce n'eſt pas ;le moyen d'y bien reüffir.
Or comme cette addreſſe doit naî
tre dela charité , auſſr doit-elle en étre
réglée 8c conduite. Car la ſévérité ne
profite de rien à la gueriſon de cette
maladie de l'amour propre: la raiſon
eſt, que l'amour ropre étant doux
8c affable, rend aulli l’ame fort tendre
&delicate; de ſorte que ſion la traite
avec aigreurôr dureté, elle ſe rebute,
8c fuit avec dédain 8c horreur ſa propre
gueriſon. Si bien que l'amour pro re
ne ſeguerit qu'avec l'amour &par 'a
mour.
Cet
z. l z. De P-Amaur
Cette douceur eſt trés-neceſſaire au!
Supérieurs , 8( principalement quand
ils doivent traiter de choſes qui re ar
dent l'eſprit avec ceux qui ſont ous
leur conduite. Tout le mal qui ſe com
met ici , vient ordinairement de ce
point Carla ſévérité fâche, donnedu
?édain , 8c lſait retirer en arriére les per
onnes
Il ſaſlltuede'on
plugrétendoit uérir. Spiri
que le M decin
tuel de l'amour propre ſe ſouvienne
bien d'étre aſſidu. &de Ïabandonner
pas ſi tôt ſon malade ni la cure qu’il
en a entrepriſe. Il faut imiter ici les
.Medecins des corps qui-viſitent ſouvent
ceux qui ſont le plus dangereuſement
malades . leur parlent ſouvent , leur
tâtent ſouventle Ouls, &ne les quit
tent que lors qu’i s aperçoivent qu'ils
ſont en meilleur état, 8c qu'ils corn
mencent à ſe mieux porter.
Il ſaut auſſi remarquer , qu’il y a
peux gortes de perſonnes qui. gant ma
ades e cetétiques
ſontcomme amour , lleio[gal
re. ayant
es unes
deja
pénétré fort avant dans leur intérieur.
@gique _ ceuiê-ciſâoiielnt \ incurables ,
ou umoins tr S- i c esaguerir, on
ne doit pas pourtant les abandonner
toûjours; mais il Faut agirà leur égard
comme ſont les Medecins avec cette
ſorte de malades , faire de ſon côté
tout
Propre. Chap. VII. u;
tout ce qu'on peut, & laiſſer le reſte
âDieu- Mais uoi qu'on faſſe, il ſaut
bien ſe donner de garde d'agir avec ce]
perſonnes de la manière rude 8c dure
dont on vient de parler , car ces rigueur!
lâ ſont trés-domageables 8c tres-per
nicieuſès aus ames.
Les autres malades ſont tels, qu’ils
pieuvent encore recevoir guériſon : mais
i eſt 'neceſſaire d'uſer envers eux de
beaucoup d'adreſſe 8c de douceur,
comme on vient de le dire.
Or quoi qu’il n'y ait _pas peu de pei
nes â pren re pour eux, 8c que eur
gueriſon ſoit bien difficile, il ne; ſaut
pas néanmoins en déſeſpérer par la
conſideration de la difficulté que l’on
y aperçoit au commencement. Car ce
qui en eſt la cauſe, eſt, ne l'amour
propre aveugle tellement on homme,
qu’i ne lui permet pas de voir claire
ment ſes imperfections Sc ſes deſſauts:
de ſorte que cet homme ne ſe connoiſ
ſant pas malade, cela rend ſon mal
de trés-difficile guériſon.
C'eſt pourquoi il faut employer tous
ſes ſoins 6c mettre en uſage toute ſon
induſtriepour faire entrer de telles per
ſonnes dans la connoiflànce de leur ma
ladie : car cette connaiſſance peut
beaucoup contribuer à leur guériſon 8c
â' leur
e e- ſanté.~ ~ Pour
2. i 4 De !HA-nour
Pour. cet effet , il faut qu'en pre
mier lieu , le Pére ſpirituel préne gar
de de ne pas parler d'abord en aucune
maniére que ce ſoit de l'amour propre
à celui qui en eſt atteint. Cela ſe doit
éviter au commencement , de peur d’ef~
fiiroucher le malade 8c de lui donner de
Pombrageôtde Pépouvante; mais on
doit lui propoſer comme de loin l’exer~
cice de la deſapropriation , 8c la lui faire
ratiquer en le privant de quel ues cho
es ui ne ſoient guéres diffici es: puis
apres le faire reflechir ſur ſoi, lui tai
ſant connoitre comment ſur tel 8: tel
ſujet il étoit infecté de cet amour. Il
ne faut pas néanmoins lui parler d'abord
en termes qui puiſſent lui donner dela
triſteſſe, encore moins doit on lui faire
de rudes reprimendes -, mais il faut
ſeulement lui faire connoitre peu à
peu ſon mal. Puis quand il l'aura connu ,
8c qu’il en ſera délivré , c'eſt alors
qu’on lui doit faire comprendre com
bien il étoit grand & dangereux.
Il faut en cette rencontre ſe com
porter comme feroit un guide de voia
ge, conduiſant quelqu'un , 8c ſe trou
vant en un aſſage iort périlleux &é
troit, il ne ui doit rien dire ui le faflè
penſer au peril où il eſt , mais eulemem:
ui donner bon coura e 8c marcher avec
lui: puis ayant pa e' ce détroit, ne
~ s'en
Propre. Chap. VII. n;
~ s’en plus ſoucier 8c ne plus regarder en
arriere. Il faut de méme que ceuxqui
, traitent avec de telles perſonnes, s’y
comportent avec beaucoup d’adreſſe 5
8c que ſans les faire penſer àla difficul
t té qu’il y a de mortifier cet amour
propre , on leur parle tantôt par para
oles 8c par ſimilitude, ou bien qu'on
faſſe tourner le diſcours ſur une tierce
perſonne,- tantôt que par de bons avis
on les diſpoſe à la connoiſſance de leurs
defauts; 8c qu'enfin, à quelque bon.;
ne occaſion on les -faſſe revenir avec
douceur, 8c rentrer dans eus mêmes.
.Ar-ir :le celui qui ale premier Publié
cet our/rage.
P endant que je copiois ce livre, Nôtre
Seigneur fit entendre à cette ſainte
8c vertueuſe Dame qui l'a compoſé,
qu’elle eût à m'avertir de ce qui ſuit,
afin de le mettre à la fin.
C'eſt que comme il y a un Ange éta
bli ſur l'amour propre pour le reprimerñ Ï ~‘ "
8c le combattre , l en a auſſi un qui* '
eſt commis pour con erver 8c pour aug
menter l'Amour de Dieu: 8c ces fon
ctions leur ont été tellement affignées
dés leur création, qu'ils y demeurent
toûjours ſans entreprendre les uns. ſur
\Poffice des autres. Celui à qui Dieu a
donné la cornmiflion qui regarde ſon
divin
lI6 De l'Amour
divin amour, eſt S. Gabriel, à raiſon
dequoi il Fur choiſi pour le meſſage du
ſacré myſtère de Plncarnation du Fils
de Dieu; œuvre du plus grand Amour
de Dieu envers les hommes , ui ſur
revélé à ce S. Ange dans une écou
verte particulière qui
. lui ſurdes
Faite. d'un
.
acte o, Amour' reciproque divines
perſonnes de la tréſſainte Trinité. Et
celui à qui la commiffion de refreiner
lfamour pro re a été donnée , eſt S.
Michel: au :lors que Lucifer ſe rebel
la contre Dieu dans le Ciel, &qu'il vou
lut ar amour propre ſe rendre égalôc
ſem lable au Tres-haut , Nôtre Sei
neur commit S. Michel pour lui reſi
er, comme étant trés-jalons &trés
zelé pour la ureté de l’Am0ur de Dieu,
combattu a Ors par le propre amoun.
N ôtre Seigneur revela donc ce ſé
cretà cette Sainte Dame, &lui dit, ’
..A-azerty ton Pere Spirituel qu’íl apríne,
que quand quelqu'un veut guérir une ame
Je lüflmour propre , il doítſè recom
mander au: priërer de S. Michel'pour me
demander U impérrer de mai aſſiſtant-aſí'
fémur: ar ſbn entremife .' E5' que lor:
uïm e touche' &î (pri: de l’Am0ur 'de
ieu , l'on dairſe recommander à la chari
ïfiffaveur de S . Gabriel,- efin d'atteindre
[Iurflzcilementpar ce rnoieu à la fini-enzi
Uï Phffëäion de P-Amaurde Dieu. A
T…Aî Bî L
\ Des Chapitres de l’Abregé dela
y _,__ PeizſectionóC-hrétienne ‘
ſiſſrſi ſſ..i
ri z ~ au .in *Q*
_ 5p… — ,., ro~zifme r à _mza
Fidji,, Je dípoſïillement ,. ,deſouſímfliou
ÊF. de conformité-
Âiſſ-zæine: à Peſgard.-de
, der dfflſirr Je:Paffefliatz
,lumieres
SECTION m.
DE L'AMOUR Pixar-Eu;
lïdbnçgation interieure ,
8c l'état
de la Qu'a-tuile. ….
Traité methodique , tiſſu des plus purs
Príncipe: du CHRISTIAN ISM E,
8c des Préeepte: les plus ſolides dela
Taronocxx M YSÏLQUEU
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- ’ _ ñ *UI -i -‘ I
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AVERTISSEMENT
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QEdÀtiÏQÛ-ÏJN i; z L" I~. aî
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À ~ LHÀMOUH par ’ :-[571 ſi)
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_ÔſC/lfiidf/ÆŸQÙXETUDE '
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..Z1 t". ſt …T :El ,lſzr 3'”. .x ~r
-zr ,C H=A VITRE-MI. '-—. V.
îfleſiddſxzaíÿnäun den” aarizoiiriïv
- _píloſreg C: qu'a lapegzfèffloic.- Preſèn-Ë
* 'rcſerperuellle , “dégarfflniïrerjèl , E5 a;
’ -neuglement funefie de ëljſamourgropre
dan; nou; , a quoi iffaut_ eſſojerïtrpii
7"* Buſter :ſniff, troigjeſſtzeóer.cfaſlghegïſ
'-'_ fion); Diïoifionçcte ?et "energy, ~' y
:'41 -í‘;‘ ~ \T ’:_i.‘.i;;':—-.J_….
.. ñommeïrl Yïafiäïflähäuädſiälxffiää
A ñ ’ ruresîó' Pune corporelle ‘~&- \ëné
ſible-î; l'entre ſpirituelltfôtfiai-ë
ſonriable -, &que touteſſdeuic' ſont ca;
pables &- :de- L'A- MiO-Ùñk- n'a D-xñ ;ri
par 1a- gràce dwineſœ- ddjæſi/ŸÏUÆ-Q-ù a.
1' x oñ”. n\ par 'la nature- zë-“îdu- 'plûtôt'
par une' -eértaine-ï inulínation: 'cos-rumba
pue; > 'auſfiíyï äór-ilïdäns xndus( deux \cbr
-v … K 6- tes,
z 1.8 DE P-Âbnegdríoxz
tes (Pæÿómûffif :de Dieu 8( deux ſortes d'4
maurdz no” mémrr ;X deux manières
différentes ele tendre -â -Dieu f6( deux
autres maniéres différentes de s'aimer
ſoi—méme , ſelon que chacune de ces
deux natures aſa maniére
d’o érer&‘d’aimer. ſi ' différente
’ ~
ar la partie corporelle 8c ſenſible
peut s'élever 8c ſe convertir à Dieu
ſelon la 'gràce uiïlui en eff donnée-z
elle eut auſſi a hérer à elle méme 8c à
ſes éſirs corrompus ſelon la pente de
ſes inclinations naturelledjÿçgiveugles.
Pàreillement auſſi la artie ſpirituelle
8c raiſomíable 'uc ?élever 8c ſe don
ner àDieu en uivant les. intractions de
ſon S. Eſprit ,ï ou bien ſe ſixivre 6c ſe
rendre à ſhîméme conformément aus
hiouvemens ſecrets 8c ſpirituels de l'a~
mour qu'elle ſe porte. _
~ Or toute Ia PIFFECT 1 ON que
l'on peut acquerir dans cette_ vie mor
telle & vraiement' militante ne conſiſte
qu'à PERElC-TIONNSR d'un 'Erfîfxg
'run ?Allïllz-Dl par”, NATURE DANS
L'AMOUR DE Dieu, ET à. 1m ſixrzk
MINIR L'Amour. Peer-n E, , qui y eſt
trés-profondément enraciné.
., I. Çar;çr1,—'prg1njermlieu v. c'eſt une
choſe aſſurée que cet -amoaoç propre fait
ſa reſidence perpétuelle 'dans- nous ,
ſans quÎDl-y ait-méme aucun-état de per
- ſection
Interieur: , Chap'. I. 2.29
ſection danscette vie' mortellequí s'en
puiſſe
. dire
. tourna\ fait
. hors d',attemte
- . ,5
n'y ayant que la ſeule gloire des bier
heureux où il‘n’ait point dîaccés &
dont il ſoit' abſolument exclus. Et àiiæſi
cet .Amour ropre eſt comme les Phi
liſtins que ieu laiflà autres fois non
aux environs des contrées deſon peu
ple Iſiaël , mais dans le cœur du païs,
je veux dire , dans (ê) nôtre ame,
pour l'exercer 8c a uerir continuelle
ment, 8c qu’ainſi e] e ne ſe perde par
Poifi-veté. Cela nous obligede combatj
tre ſans ceſſejcet ennemi, 'Gode nous
tenir toûjou-rs firr nos gardes comme
dans une allarmè perpetuelleg,, puiſque
nous ſommes aſſurés 'que l'ennemi ell:
toûjours dansle païs , ~ ſans en faire re
traite. -, p
II. Secondement, outre que cet e
mourpropre eſt toûjours dans nous , il s'y
fourre de plus univerſellement par tout,
&Temp-Sue de tout, de ſorte qu’il n'y
a aucune fonction de nôtre ame qui
n'en ſoit atteinte-Sc penetrée. Tou
tes nos actions intérieures , extérieures;
envers Dieu , envers les créatures; na_
turelles, ſurnaturelles , tout eſt .entaſi
ché &inſectéldeſſon poiſon; qui les
- K 7 —~ " cor
(2) Cela neſt doit _peu enter/dre deb: ÿflilſiï fï
ÿrírrxſit le l’ame dans le: rrgcuirír: mairie Ping
feriez-re,
;zo ,' De lflzfinegatíori
corrompt oudu tout , ou en partie;
diminuant leur_ force ,Sc leur; vertu. Il
F! a choſe aucune ,pour ilainte qu’elle
ſoiçſi-.LMSC méme ou: contraire qu’elle'
~ àrói-Wí cet amour [Wo rez, qu’il nc
_ache l’accommode_r a on goût' 8l en
tirer ſes roſzres délices. Il n'y a grace
'de Dſiîeu' i pure qu’elle ſont, znífizſortc
'à nous attirer 8c pmir à ,Dieu , que l'a.
&Mur prof”, ne~s’en ſerve; comme d'où…
moyen pour nous éloigner de Dieu,
_Sc qu'il _n’en faſſeï un 'empechement en
tre' Dieu ê; nous. A En un mot, il n'y
;a état élevé ou il _ne ſe fourre, &ne
,diſpoſe lïamet .par ſes artifices 6c pas; ſes
_' rçprietés à _une chiite :trés-périlleuſe
nquoi il_ paroitque cet amonrproprc eſt
pire que ce firt armé dont-zlïllzvangilc
nous parle pour figurer Satan. Car non
_ſeulement comme le- Démon il ſe ſaiſit
de la maiſon de .Dieu enlabſence du'
Seigneur, _Sala garde; fidänpæmzà-ſdùó
ennemi; 'mais il .lîoccupe- même en h
Préſence deDieu, 8c, quisplus eſt, il?
.domine ,en 1 uelque ,ſorceëdms-Phomme
,tout entier ors“qu'0n diroit quïlen eſt
le plus éloigné, ê: que c'eſt Dieu ſeulí
_guiy a toute autorité. r , — , - r
.,_ ,r LIL. En_ ñroifiémezlieu. , . .celtes-dolor
_propre outre n. çéſence perpe-tuelle
dans-l'homme 8c on inſinuation entout"
iïequirle- \regarde 5- luiïband; lznèore
-t\.— ...und …_….« .‘-‘-\.A ñww.- ñ_
~ ,telle
Interíeure Chap. -I. 23,1
tellement les yeux .de l'eſprit.. que a
l'ame n'a une trés-grande humilité, 8;
ſi Dieu ne Paffiſte particulièrement;
elle ne penſera pas en étre detenue,
mais croira en étre bien libre', 8c partant
ne ſe munira point .contre lui _pour ,le
combattre, 8c ne lui fermera point la
'porte de ſon cœur, maisYyconſerve-ñ
ra, l'y entretiendra, l'y careſſera mé
ſme comme ſi détoit une production 8c
un effet particulier de l' Amour de Dieu
D'où l'on voit que P-Âmaurprÿvre_ .refi
ſemble proprementà ce Roi trange;
don't l’Ecriture~ parle , lequel Acrevoit
d’abord,l’œil droitjâiuceux des. _enſans
de-Diſeu
ÏÃYÔC ÏÙÏ-qui
ſ .entroient
ſi v en
~ compoſition
… j,
~' Or-laconſidération que l'amour pre
Pre eſt ſi puiſſant 8: ſi ſubtil que ,nous
.venons de le. dire , ne doit pas tant nous
faire perdre courage z. que-celle _des
.triſtes effets u'il produit dans nousläc
des grands) omages Qu'il nguscauſe,
nousdoit
avec ë 'grandanimer
'ſoin '3' â‘ conſidéré-de_
nous en guarantjr
pllgq,
_a que ce nÎeſt-pas en nos propres forcés
ue nous devons eſpérer), mais en .l'aſ
Zſtance d'un ,Dieu-qui …eſtplus Fort »que
j
tout _plus intimeqä-enqnou. âfiqflgſſ; Fumeur
zñërrzë-…ëcpïus puzrañc
,… . ;ÜOÛS-?lluïïäi
..Ôerfiquzï CTF* FW' tzÎ?1?.rÎ.‘.â,n<ë-zs- aveu
L.Slë-îsé…llŸëFluzîîiëPlPâffiî-519eEWT-Fg?
ſizzi . ' DE IHAl-nqnian
périons â ſa divine volonté, laquelle
exige de nous trois choſes dans ce com
bac', pour oppoſer aus trois que nous
venons de remarquer en lütmaurſffvfïfl ï
à ſavoir, à ſa 'continuelle pre' ence en
ynous
fait ,par
àlatout
penétration 6c au dégat ont
,ſi 8c à Paveuglement u'i[
*il nous frape.
I'. Premièrement, pour commencer
'par la choſe qu'on doit' oppoſer à l’a
veuglement que l'amour-propre procure ,
c'eſt , de nous munir d'une perſuaſion
toute contraire à celle qu’il inſ ire: 8c
ainſi, nous devons étre perſua és, que
l'amour propre eſt d'autant plus dans
nous que moins nous l'y apercevons &
découvrons ,~ 8c que nous ſommes d’au~ ñ
*tant plus malades que nôtre mal nous_
eſt moins connu. Cela doit noushumíë
lier , 8c faire que nous avoüans incapa
bles 8c indignes de connoitre ce mal
?par nous ruémes , nous nous addreffions
-aquelque perſonne qui ait l'expérien
"ce 8c la lumíérerneceſläires pour nous
-kedreſlſien
Mais cette perſonne-là (pour en dire
ee mot) ſe donnera de garde (1 )' de ſe
laiſſer prendre aus premiers ſignes 8c â
*quelques apparences de vertuôlïdeſain.
- “teté qu’elle pourroit apercevoir dans ſe
’ malade.
nnpœſſrónCar outre que 'cette premiére
pourroitlîlïïeuglerlauffi bien.
que:
Intérieure, Chap. I. 2.3
cjue le malade; &qfflelleauroit de la
veineâ ?effacer en ſuite de ſon eſ rit
ors .qçiſilſeroit neceſſaire , elle oit
k ſavoir', quelämour propre eſt comme
‘ le poiſon du diamant, rongeant ſou
vent Pintéríeur de la conſcience com
me Pautre celui du corps, ſans qu’il
e~n paroiſſe aucun ſigne au dehors, ce
'ui n'eſt pas dans les autres poiſons.
21.) De plus cette perſonne doit uſer
de douceur au commencement , afin_
~ d'entretenir dans l’ame une libertéä
sîouvrir ſans repugnance z car ?amour
proſard-'érant naturellement doux, 8c
‘ rendantlfanie fort tendreëz ſort ſenſi
ble , lí_o’n_le _traite avec rigueur 8C du
reté, 'il ne le peut ſupporterwce qui
Fait que l'ame touchée d‘averfion 8c_
de dédain, ſe retire en arriere &fuit ſa
guériſon ç au lieu qu'au contraire la.
douceur Partir-e ,Sc le gaigne , étant:
pour lr1i‘con11ne une viande d'appels,
ſous laquelle il' ſaut cacher Phameçonj
de Pdbnegation, par lequel on veut ti—_
fer-Pameîhors de ſes propriétés. ~ . _4
II. _La ſeconde choſe que l’ame doit
avoir , & ?oppoſer à la perpetuelle
préſence de l'amour propre , eſt , de_
prendre la reſolution de David , qui
diſait,, Purſäguar ínímirax_ :m'a: , F5 C0!"
Frebendazpz iljq: , no” converter cloner.:
deficimzÿj Ceſtâ direî, 7c pour/Ïflſſvïÿ:
' … . 1.! "1
12.4… N Pé-"Aïv--xaï-Ïetïñ r
Ille-V ennernſiipJſjä-Ïle! rotteſſndraj.. I”,
#riri-SW o' oa 'Ier -qggzróæodg pdg-fx”.
Qu'il; riff-Field( ñqxterizríxiffx." ?Carl Puis
que 'ſiParnour “PiŸàpPe eſiſtſi nôtſſſſie., vFai>~‘&'|
nôtre ſeul ennemi, nous devons lc
pourſuivre: 6c puis qu’il ne defaut ja
mais ~n’_eſin
ciuïl fi univerſellement
'reſteï toujoursdurant cette
quelqucës víÇ,
ſiraCi-Ë.
nes &quelques
aùſiffii effets,
jamais*: deſiſiſter ſde~nou~sÇÏ1e èvons_;à
ſiſaffl pourſuite
&ainſi
jours ſansil nous 'le' faut combättÿeſitoüä
interruption. ' ‘ î
.~ï
* III. Enfin» la troiſiéme choſe quèſi_
Dieu requiert deſnous pour ?oppoſer à
1a corruption( univerſelle que l'amour
propre fait de *tout 'ce qu'il' y a de bon:
dans nous en ſe fourrant par tout; eſt ,,
que dés *que Dieu met quelque choſe;
dans nôtre ame , (ce qui pour l'ordi
naire ſont quelques graces particuliè
res , ) nous éteignions dans nous l'af
fection envers ces choſeâ là) non en
yen 0 oſant des "contraires, mais en
nous d poüillant 8è de nous 'lnémes &î
de cesfflſortes 'de graces' par une abneſga
floride nousôc d'elles. .- ~ "
" Mais parce que la pratique de ceci ell:
ſouvent défectueuſe , 8c auſli qu’elle
ne ſuffit as pour abolir une infinité de
propriét S qui nous _ſont 'cachéesr de.
\à vient', 'que Dieu aprés_ nous avoir
donnéde telles gracës; nous les retire
' r.. U-Ia-.l
J
Interíeure , Chap. I. .z z;
ſouſtrait Tenſuite pour norîs ouvrir les
peux. 8c pour contraindre nôtrevo
. ontéà les quitter, Celqui eſt. uneffct
ſignalé de ſon amourôc de ſa Provi..
dence envers nous, 8c une divine con-ſi
duite trés-néceilaire à la ſoibleſſe de
nôtre ame: c'eſt pourquoi elle y doit
_correſpondre de ſa part avec exactitude
&avec grand ſoin , cle peur qu'elle-ne
ſe prive du fruit que Dieu rétend tirer
_delà , 8c qu'il attend d’el e en la trai
tant ainſi.
Pour faciliter ce bien ſalutaire par
cet écrit, je m'en vay propoſer en dé
tail les ſujets ordinaires où Pctdmwur pra
zre fèîſçaic attacher , 8c deſquels Dieu
nous prive enſuite pour le détruire:
aprés quoi je ſerai voir les propriétés;
cÈeſt à; dire, les manières de s'a pro~
prier_ quelque choſe, leſquelles 'ame
doit éviter à l'égard de, chacun de ces
ſujets »là z 8;( j'y' ajoûterai les prati
Feues intérieures pour ſe deffäilfe_ ou pour
guarantirzde ces propriétés-là. -- z…)
de Jereduirayce
lïäbnegation diſcours de la pratique
àLtrùis-çhelſisz [xibciè
paux, conformément aus trois degrég
que l’on remarque dans la pauvreté in
térieure: car comme par la pauvreté
extérieure les uns ſont privés des choſes.
ſuperflues, les autres des choſes trés
utiles 1 d: les derniers de celles qui pa
roiſ
s 36 De P-Âänrgatíon
roiſſent lesſiplus neceſſaires â l'entre
tien de leur vie; de méme jevay éta
blir trois ſortes däóäncgationr, ou de
Pauvretéſſeſÿrít.
- I. Par la remíëre les uns ſont faits
pauvres 8c ont dépoüillés des choſes
qui d'elles mémes ſontindifférentes à.
la vie de l'eſprit. comme ſontles cho
ſes extérieures 8c temporelles.
II. Par la féconde, ils ſont pauvres
8c dépoüillés des choſestrés-utilesâla
vie ſpirituelle, telles que ſont les con
ſolations intérieures.
I I I. Enfin par 1a troiſiímc 8c laplus
parfaite eſpéce däbnégation 8a de
pauvreté d'eſprit . on eſt deſlíitué de ce
qui ſemble le plus néceſſaire à l'éta
bliſſement 8c à la conſervation de la
vie de l'eſprit, comme ſont, les de
ſirs dela vertu, ſon ſentiment , 8c ſœ
actes intérieurs. l
Mais avant que d'entrer en cette ma
tière, je trouve à propos de traiter de
deux Principe: qui ſervent de Fonde
mens à cette .Abnégarian fi ſublime,
St ſi néceſſaire à la ruïne de l’Am0ur
PÏÛPÏÊO
. l 991;”
W . 312,.: c H A,,
l Interim-e. Chap. II. :57
l
CHAPITRE n. ,
Deux fändemenx Je P-Abnlgafio”, E3
Jeux pratiquer dejà” exercice , dont
chacune eſt ſubdi-vrſee en gua
f”.
CHAPITRE IV.
De [nfl-conde _ſorte d'Abnégation , qui
regarde: [cr choſè: utile: à la vie/piri
tuellc , U de deux de ſé: degrés'.
A résquePame s’eſt ainſi défaite de
llaffection des choſes extérieures
&indifférentes, elle reçoit une abon
dance de conſolatíons 8c de graces ſen
fiblesôc intérieures que Dieu ſait cou
ler dans elle comme un doux lait pour
la nourrir en ſon enfance, 8c comme
une tendre roſée pour engraiſlèr la ter
re ſtérile de ſon cœur.
' Mais parce que l'Amour propre ſi:
cache 8c ſe méle inſailliblement ſous
ces graces divines 8c ſous ces douceurs
intérieures, l’ame doit les faire paſſer
par Fécamine de P-Âbntſqatian d'une ſe'
conde eſpece, proportionnée à ce ſe
L g coud
150, De lbibnegation
cond état. Nous la diviſerons en deux a
dégrés ſelon qu'il y a deux ſortes de
conſolations 6c de graces de ſentimens
intérieurs qu’on remarque aiſément
dans les deux parties de l'ame.
Car dans la partieinférieure de l’a
me il y a des graces ſenſibles- 8c qu'on
peut appeller groſſi-étes, comme ſont ,
la- tendreſſe, la ſerveur, les larmes ,
la douceur , 8c la facilité à opérer: 8c
dansla ſupérieure, qui eſt plus élevée
8c plus ſpirituelle, l’on y a des lumié
res , des deſirs , 8c des affections ar
dentes pour 'la véritable vertu.
I. Annex.: PREMIER
Prevnízr dígrcîcle la _ſëcandeſbrte d'une'- —
gation , qui regarde le: graces de la
_partie inférieure de l’ame : Quatre :le
_(2-1 pratiquer.
comme il arrive dans les maladies
corporelles que ce qui les entretient
le plus eſt Popinion qu'on a de n'être
point malade, ce qui fait qu'on négli
ge les remèdes propres à la guériſon de
ion mal; de méme dans les indiſpofi
tions de l'eſprit , ce ui les entretient le
plus . eſt une perſuaſion cachée 8c inté
rieure qu'ont la plus part des ames de .
n'être pas indiſpoſées; mais d'étre
ſi bien
ſai
Interieure, Chap. IV. :gr
ſaines 8c bien entiéres dans Pexercice
de leurs facultés 8c de leurs fonctions
ſpirituelles.
C'eſt pourquoi le plus néceſſaire avis
qu'on puiſſe donner ici, eſt , que l'a
me ſe donne bien de garde de cette
dangereuſe perſuaſion, tant en géné
ral, à l'égard de toutes choſes; qu'en
particulier , dans le fait des conſola
tions 8c des graces de ſentimens inté
rieurs. Elle doit oppoſer a cette per
ſuaſion domageable une autre erſua
ſion toute contraire, qui eſt, ecrOi-.
re , que quand elle reçoit 8c reſſent ces
ſortes de graces, elle ne les reçoit pas
avec la ureté , avec Findiffereuce,
ni avec e dégagement requis, 8c ſans
que la nature s’y méle , quoi qu’elle ne .
Paperçoive pas diſtinctement.
L’ame étant munie de cette croiance .
humble 8c ſolide, mettra en uſage à
l'égard des dons de queſtion l~abnéga-.
tion dont il s'agit, en ne faiſant point
de Fonds ſur de ſemblables choſes com
me étant trés-baſſes, Foibles 8C puéri
les , qu’elle ne doit nullement eſtimer,
puis qu'elles ne viennent ni d’une ha
itude acquiſe, ni de Pinſuſion d'une
grace particulière 8c ſolide , comme
elle pourroit le croire; mais ſeulement
d’une certain appas 8c d'une certaine ,
douceur intérieure , qui eſt un Objet
L 6 fort
2.; 2. De l'Abnegation
propre:
fort accomodableî
Car l'amouraupropre
goûtnedeſel'amour
nour
CHA
Inftríchfï ÏŸX 1.6i:
4') 'TI '-~-'\ av' r "r ſ " ï' '
~
î ;CHAPITRE V.
Iflïtmſictrſe J1EE?? 'Zèfttſſàÿïactírſſz qu?
.1- regarde' 'rdrèfſi :ſèmhlçritleÿjalùrf
; . decay-grd ‘iî -12zîëze— 'fflrïtíreilpÿgïfiíng'
l E ebbſèiïzi zazëfidaë-"ærÿëazd-E-Ëù lſeÿïuſ; "grd-za
‘ ñ' *trëlgtce Dieu' enſſſôtctrſſſlfdiïſiſffiaïifflf/ſíe _-'
!ñnentñ que” ctqgrf: de Îcerreſiïſfffcèf
düëâſxeſgatioſtr. 4 . __ l b) ~'
, ñ-out-ceqiii-a-été déduit' au 'elia
3 ſi pizre-précedèſm',ſtendóit-âïdéuxſ
fins: Lädprenviqffeœ à de' 'que l’ame' re-ë
çuſt les conſolationrs 8k' les ſentimens dir-r'
vins dela partie &inférieure &j ſupé
rieure avec iii-eté, 8E qu'elle ne vinſtr”
â détruire ans ellepaP-les ſubtils ar
tifices de l’e-Amour prqarë>la>grace² ‘ -
Dieu' voulait y planteryïLÎa-ſeſcon .,,
afin que ärlesTaiÎtifiees-dii même EMM'
Fra/are e eŸne-lfuſt-_ptivêe îdiïfrùltllëſſf
vertu qu’elle devoit alors recœüiillffiî
8c pour quoi Dieu lui envoioſt 'tantde
conſolations 8c *ilfflnousſiſaut
de graces ſenſibles." ,
… Maintenant traitèrdeiai
troiſième eſpèce dPabnéga-iióir, îpäïiïla-z
quelle l’ame eſt a pauvrie 8c dénuée des'
àchoſes 'pavo' (leïlaÿie
lœítabclllîſement nt'les plus
denécéſſaires
l'eſprit 8c
our l'acquiſition
ljations divines ontdeſquelles
eu beſoin-lesdes
conib
cor
M rectiſs
215,6; .Be I'Udärcgdréoæz- 'il
rectiſs que l'on a vùs dans_ le chapitre
qui précédé'. Vous diriez qu'en tout
cecy Dieu ne fait 'que planter dans nôtre
ame (comme ,on l'a.,ditt déÇJe com:
näïençenient …L ,)] ſ Br,1 .ppisſ
rñäw 'ce ëqluîilça- diéraciner _lui
?Fév »Patlë-..raiſon
*Ÿïïèſi 4H57? .ïÎPſirq/zïg, _tantzcachéau plus
prolÿndſſgzlènqſitrezame…) 'ring-fait qu'in
ſectèr
inet'.&empoiſonner
ſi ' tout. _ce que Dieu
_
y Or pour entendre ſaínement la do
ctrine de czctcaeſËéce-.cfabnógarion ;zz
d°>PFi,-Va,t,i0nde.la.vertnzmémc, Lil_ faut
remarquer qufil-.ys é. cinqï choſesà 'conſi-ñ*
clererçiausñlavettuëzz u =:..:— . ~ r ', J
_LL .La premiére-eſt, l'habitude de la
vertu ,laquelle habitude eſt ou infuſe
de Dieu- même, immédiatement , ou
acquiſezpar-zlqtravail.de-l'aimez a a V
ſi _2_._. 'ſiſeççndeeſtñ H45? cde. .la vertu ,x
ÏÊHHÊÎ &ÏŸQRËÆTËÆMÜBÊSÏHË l'a-nef, ou
zſpùgearñgdanszungeffet.produit au de
rs” ï = '
Ï_ La troiſième eſt. une reflexion de
l'ame-ſur l'acte intérieur de la vertu;
PaviaiPeE-.ſsíe qu'on, W - &- Par leiu
nement ,ou le_- diſcernement qwon en
\;'.t.-.;_,Ï 5 q_ r' . _, . ~ ï -1
1 _.4. 'rlzazquarriémtxeſtz ,un granddeflr
US: ſouhait dela vertu. .
_ r. Et la-cinquiéme , leſènrimnt actuel
qu'on” av., _l ë; qui procédé .on de l'ha—.
JK 4. a bi'
, Interieur-e. Chap; V. 2.67,
I bitude, .ñoixdîune infuſion divine, ou
de la diligenceôcdeſaction deſame. —_
De ces cinq choſes Dieu -laiſſe perpe- z
tuellement dans l'ame les habitude: que …
ſa grace divine 8e le travail de cette
ame y ont plantées , 8c auffi lesfaäe: ou
effet: exîfſſrlâüï! de la vertu. Il n'y a rien
iprive l'ame8cdeune
ſailnégligence cesfauſiè
deux liberté».
choſesque qui
d'ordinaire ſe gliſſe dans elle en cet état
ſtelle n'y prend bien garde. .Dieu ſou
ſtrait . ſeulement ., x ſelon la .diſpoſition
del’ame ,
(i) Tantôt: le finirait de ñla-veçtu !
pour redreflërPexcés quïil y_a: — —_ .ï Tl_
(z.) Tantôt le ſêntimnz de la méme.
'elſiſllî 'i' ":311 ,_'l,_ …"_,.- f,
í
ÊËËŒÎË
i i
*ÆÎÀËLŸYÊEÊËŸÏ-Ÿæf
‘ 'Z
idneſſérizfilï' q zsdxdzzzieursëpur-:Ëlremyer
rdaiisflaforèeêtëdgnsvltoule' «Wait-alb
28E quezmémeiizefid libre-We PÔUÎÔSÊÏÜS
-Lz-'Up M 4 “all”
.374 .Dclfi/Ælbæzzgflbnñ Ã
:craintes íqtvêriènresï cptíil accompagnent
;Ïordiaaírcñÿtoutfædcſir ſr longtemps-qu’il
:zfapoinzla 'duïfſancédîcſon objet… “
L’ame e alors vraiement divine en
lès déſirs, hŒs dïæxtrémicés, hors de
,propxiéçéæ hors depeines, ſe reſignanc
,à-ÛÎCILBVGC un dontentemènt ipdiciblîe
'ès danſe. ide Bincomparàble -échçdnge
,qu’elle fait dè grand cœurïdîïnevçrtù
-cróén à la-.vobntéz Hivinc iñcréée ,“&
Éparceqxfellc ſçait combien Dieu ſe plaît
àzvoric' \me ame qui demeure paiſible
ñ& tranquille dans ſa peine par Ie princi
Ope de lareſignatiOnà-fadivine_ wlonté-z
,à qui fait codtenœædd la privation d'un
*rbíen infiazmment définâ: ..ſparï \la ?kaiïïſhjñ
-qſſellc aime 'ſon Scignënm qüîàd
itune vertzu 8c aucune perfection pâti
ñculiëre. î' _ . ffl - ' ' D
, L’Ameen ſuitedccetteſAbn-égation
a …äíordimircz affiliée ñ-àdeſiieuz.
-BC de ce pur ,Amour !Intérieur xfuxie
&trouve
zdivinez-cdnçiuîec qui-…Êlîaóvccfif èn-fecfct
zoœnhnènc- pour: Obteſlſſihla &remix-Franc
êdefire elle doitfrauafllcn Tabs ce e avec
Jbdaucoupz rpîüsde ſoin, que fi elle Y étoit:
.preſſéezparla crainte &par Pinquiétu-ñ
:de: UÇ: @Aliment until-elle: nedoic point
.Ram-tien ſa: diligence nàdſudîſhn
zœravaib; zpuiſqucxmufcſhïpaä enïfienm
-dÏQl-IKHSÙHIÏÛÏÎS: Par-Jar z vblxàmé 'Sc 1E2 bon
ë-Pïaiſirzde :Dieu ,‘ qzflelle-;ñazäccinndà œ
'=’²' ‘1'> z. :/1 qu’el
Interieur” Chap. V. 2,73_
'ellea ſouhaité. Elle a… reridencqf
Ïici ;ſii eſpérer avec: une cdllzfiaiice filia"
Ie ,' que Dieu qui lui à donné lebon def'
ſir , ui deſirée
ſection donneraauauſſi
tempsl'a 8è
vertu &la
'cten la per-g
maniéſi
re\qu'il lui plaira. Ce qui ſajporce â ſe
_re igner ſi parfaitement entreſeéq mains '
, ue perdantentiéreinentſeç ſouhaits ſ
es volontés dans lui ;elle ſe contente de
tout \axis plus Y penſerÿ: travaillant ï
Ia vertu comme hors de ſhimjérne, aprés
en avoir laiſſé Ie foin, 82 toute _la dia
— rectionau ,Seigneur aveçuiie tranguiliÿ
_tévrayement divine'. j Ï j. ſſñſſ
_ De peur que cette doctrineîne _,
plication
roiſſe trop'particulière'
vague, j’enà .rroisſortes
vay faire' -aſ g
l _deſir-s où il_ ſemblerait _bien difficiïedb
_laobſerver
ratiquei-,ſ
ſans 'aiînſquîjn
exception en
par-ſtood
aprenneairſ
, :Ours-y ‘ . i_ f.. _Ï
_j_ 1,. .Leprçizijíer des deſîrstlonï íexvéuk
;patrick ſ eſt ëelui delafflqäçfljireſ_ éternelle]
-_çdoit
éqUeïÊïéfiEÎ-Ërors H9. .Êhiëdäflë-;Êî
[être purifié de. a ihaniîéretjue no a;
avons dite; l'âme' &idle "alors çiziin' r
_ _aucoil .plusjææz !Doté div) Uqäi
_- dſzlaiÿcirieplùrjpas l ,ner en” :dette
__ .oué, _qusíka même IQÏË: Bègue
. .ieri ñiémeäxpläiroïczäîvwïë
Îàägaÿsfihî AÏJÏŸÎBÏI &Sîàtlä ,’
;îfidflqpräiä *ÏÆ-îctnfiâälägä*:
~' .s . ute En.»
@côte , e‘ ‘a e 'z"l”. (doi,
…1
471?…. ;..‘ſſ.’?.².‘.Î"‘5?‘"'-Li~²*ſ’??‘?íî ſi‘ …
óäâäîlç' arti de'fc,î'ré‘ Ôſéïfitñîâc ſe.
c .ſ rp ,_ c . , ,
Ô CÔUÎÈÛÎÊLËÎÛa-Yätîktägeç'A5113 re; eŸOJIÔrL-ñ
Î *ñêñï-ïï PŸËFË-z- L "S 'ääïïä FÉïÎÉÏYïÏſ-Êvíeîds
lag1q1re.sl'1,1,.c1.—_. _…_
. ._'>,-. é_ faqs-Hd. äëſzraqqíoi i?— vëuxſap*
.. .z _
&lA-ï .r çchç doÆk-:Z-jncî eſtle' dcñr' même
de Acepofiçprj; ‘ ſoi ;ézcjdeuſe
', ñſſaóiplblxdtéçjiÿipye.
leave' 'Otróÿè päs?Ceîdéſir
-cohformer
,JQrsyou_
autant qüîon
?EF-Ez "ÏÎÎÏÎÛLÏŸÆÃË
-gÿgfflzz ,M ?ë gägäf…
..Pjgzgäſè Yæÿe
3… )
çsîgggz
avcèîz Üê 1i-;SE
l; ‘)T._“x a ‘
Iùræweæœïſïehapî V. i…
preſſé .venant 'cle Painaiirljarſſoÿrë. 'choſe
l'amour'
étonnantepropre
8e digne_
ſoit un derernarque
ouvrier ſi-ſnbri
î,î
8( ſirſiadroit que _de tourneràſon 'go-fit
ce qui luieſt ſi contraire; '8c îdeſavoii'
ſe nourrir. ôtseiitretenir. du déſir d'enl
êlurerj'Ejçëiz
'qui Îpburtant. c'ſt_ſquè_
uneier-meine
clioſèſſl
;mer ÿientîëde' ëe
choſe étant' eiícellélitéîôc relevée , ſiëëlle'
eſt capable, pat cette cërtſidératſiionëdÿ
donner beaucoup de ſatſiisſactipnrîêt
ouiqhaiſer ëdüciíceëfaux 'Bt îce pro;
.mvèrſsfleívëfitäbleî‘ 'ich ?ſtſiîî de'
Ëraveffdans le ,', uſii nîy-a-point de
fion' ni de lé 'ſçiinedéſiië (Penélùrerſſ, ſin
TÊJUÎ .qùi et?ac ’ct~ſi‘pſia_igné’dë‘l‘ab'iëiégî
…
'tſiioli'"8c‘du dé oii llefnentſivóloritajre ~
1
ee méme de” entântf qùvriziegaidó uô- ~
Ërè fatisſactlonï ~ Scſ_ notre contenternent
particulier: ‘ 'î ‘ j “ ‘ 1'_ ' - -
A propos de quoriliſieff bot? ifeîſçaä
voir ,.rqii’-ilëríeſt. as avantage” à un Ã
camm çanrdarë
i. inîQ-ÏŸ-êrïisïzr ati-erm-
8c. .ſaxës .dcrdïvïrsex
ce) s-…tïznrr "t
es- ,penſeeszdeäla .lctoik &ſde; ñ_~_ _ :'
ctions ..qu'il Yvaa. endurer ?dans _la vpie
rie-Diana Cawënfin a zquslïirclfrïveur
d
!on ç t ‘ ,Ana'hd
?Fcqcdmberëtÿſikus urçtél
reflentiroitffäc
.poids , 18e
l'ame
ſircter unenediſpoſition
feaoit que"tifopéiierñïäifecj
s'en,affligſer.&jenÆi-,
pepe
'St' difficulté les' choſesädë &iiîſalut :-ce
.-.4 6 qui_
47.6 .ÎÎDË PMP-trailer”
qui ſeroitune fine ruſe de Pennemipuur
Iui rendre mal-aiſée la voie de' la', per-î
ſection, Et partant l'a-nie qui n'a pas
encore ac is une grande force d'eſprit,
doit mod rer lîexcés &Iaiduirîeſde ces
ſortes penſées. , Êäcfiles changer en
EW Sar? co-ÎFQE-Ïæ-.Êsï -ÊEÆ-\zvrlsnäé dx":
ne ,__. ui .d0i\,1Çl:.i:,eqlſ_iIlC,ll ;le croix,
mais v' 'une 'croix ;qui-ſueſdofine oint
dîennui. à celui. quiÿrie Ia freelierc e 8c
8c
ſansneſembraſſe que
autteſſihteſirétí 'pourujlfflpuiſſe
qiielïj plaire ä Dieu
étre,,
ettemaniéreid'
xvic-:aeègäſllh ., gg!
J' Ægnmcdéſedans
l. GFI
F1343' JW! - ſ ~ 2 'À "WPF . 5
ſffllP뜲-IS²F‘~Iϑ˲ZÎY‘ZP’Ë;VÃT’I
TmÏPÈzJŸFFV .fictoarss
-ŸQÏÎËJIËÂQPËŸ
ſes actions _avec une joie tranquille au
dehorsqôycſunç _grandeÎinſi
ſiriſieſiuſir ~, qui ſſpourtani gpyeté à Pince*:
fut; ſouſtraire
aixzeëarëñsïsſsmfflaa 2'? é! 4p'. ù 2-. '
m. 3 u: A-nmrcùpistcäosçoÿ. :ï-.r
wsädfflïóëæey degré ;zi i 1M' jzrzzyiù-æzïëï-'Jzñé
îfiffiíabnígatiari,, "qui Poäæfîcÿaffiëf l’a‘
"monr wſtnrimentdà III
‘ vertu. Deux' niaiérirfvuí ;ét effzt, l”
ſri-vation E5 la (tentation ,Viam- îU
ſ [rm-r @fin ;_ Uîferſrſsäletſtſſrüfi P) FFB
l:vcmÿfarter'.,!i 'l'AI' ;. ñ_ r- :l'E
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ſſ .à, Zffti _ @Xi-NVU
l C'eſt auſſi.
deſcendu our uoi Dieu
.du pCielclexpreſſímentl uipoîie
faire la guerre a 'Pompier rap”, ne ſe
contente _pas de lavoir c aſië des cho
ſes extérieures, des conſolations, des
.deſirs de la vertu , de ſes ſentimens 8c
!des refléxions ſur elle; _il veut encore
e_chaſſer de cet acte intérieur de la
Ëpirpaenpäretq; Etſäeſt ce qu’il ſæâit en
ame on concours or inai
re de telle ſorte, qu’elle ne peut . me'
meen ſa' artieſuperieure, pour ſainte
8c pour e _evée qu’elle ſoit , faire aucu.
nes fonctions pirituelles , ſoit à l'é
gard de D_ieu , ſoit_ àk l'égard dela ver
^ CHAPITRE-VI. .
De l'entre? "de l’ame dan; PEM! Je la
BÏéſUde-ſi '"4 JG Walſh-Staff [rituelle,
qu'y! un eſſèt au unſieſuíredf; nan-ie'
me ígre' Je la troiſième _flirte LAME'.
î 34mn. Deux nir.
_ ~, .
I. .;.,
Fame-auraläînzcncgdegté-,Ëzÿcÿi- e ſi
z 16 DE lïfibnpgatian
traction préſente, 8c de toute poſſeſ
ſion de Dieu , excepté ſeulement_ de
-celle qui ſe fait par la grace nécellaire
au ſalut. v . '
Il. Sur les inſpiration: , ,elle évitera
,deux autres erreurs qui ſont aſſez ordi
naires. La premiére eſt , une omiſſion
deles accom lir, ſe contentant de les
écouter ou e les goûter ſeulement:
L'autre au contraire, eſt une aſſurance
trop grande 8c trop déterminée à les
ſuivre. Sur quoi pour bien faire ,
r. L’ame ne recevra aucune [bonne]
inſpiration, ſoit de Dieu,ſoit de ſon ſim
ple avis naturel , ſoir d'autrui, qu’auffi
tôt elle ne les refére actuellement à la
pratique de cette connoiſſance.
2.. Elle aimera beaucoup mieux d'é
tre guidée par des inſpirations ordinai
,res 8c communes,, ue- par d'extraorñ
dinaires 8C de plus ublimes, qui ſont
moins propres à nôtre infirmité, auſſi
bien qu'à la petiteſſe 8c pauvreté d'eſ
prit que nous devons chercher en tou
tes choſes. -
z. Elle dattendra point d’inſtin
particulier pour ſe reſoudre dans les Oc
currençes neceſſaires 8c de prati ue;
mais ſe contentera de l'avis nature , ſi
aprés ſes réparations ordinaires _à ſon
der la vo onté de Dieu il ne _s’en ré
ſentepoint &autre; qargelle doit. alliſ
, er
Inferieurc , Chap. VII. z i 7'
ferau bon plaiſir de Dieu le chois des
moyens par leſquels il lui plait de lui
manifeſter \I1 volonté, ſoit par un fim
ple avis naturel , ſoit par une ſim
ple ſemonce intérieure , ſoit par des
mouvemens plus intimes, plus effica
ces, 8: plus élevés : mais pour elle,
elle n'aura d’inclination que pour choi
ſir ce qui ſera le plus ſimple, le plus
petit . 8c le plus oppoſé au deſir d'ex~;
cellence &de ſingularité; qui effſt
affectéâ nôtre nature.
III. Aſégard_ de Fffllózgdgatíqn mé
me; l’ame 'aura ſoin qu’elle procède
d'une humiliation
véricttablevde ſoi au8cdeſſous
d’un abaiſſement
de toutes
choſes , 8c non d'un— vent de vaine pré
ſomption de .coeur z; dont l’ame s’enfle
ſouvent 8c ?eleve au_ deſſus de tout par
orgueil , &non par abnegation, corn-z
me elle ſévimagineí -Enquoi ilylpabien
de la diflërence : car ici, elle quitte
les choſes beaucoup plus par un vainôc
orgueilleux dédain qu'elle en fait, que
par le-principe de l'amour de Dieu: au
ieu que dans la veritable abné ation
l'ony renonce par un jugement lide'.
qui comprenant 'bien u'il n'a artientï
qu'à Dieu ſeul' d"étre poſſe eurôcle
propriétaire de tout; faitquePame ſe'
reconnoit ſoi méme trop vile 8c tro '
indigne pour poſſéder la moindre e
O z tou—_
3 i8 De P-Âhnrgaría”
toutes les choſes ſoit intérieures ſoit ex
térieures, 8c trop infirme 8c trop ſhi
ble our pouvoir les aimer, ſi ſaintes
qu’e les ſoient , ſans diminution de l’a
mour qu’elle doit à ſon Dieu. Maisla
force infinie de l’amour de Dieu eſt tel
le, ue ſans ſe diminuer, il fait aimer in
differemment toutes choſes ar le méme
amour dont il s'aime luim me 8c d'une
maniére qui fait toûjours revenir l'hom
meàſe mépriſer ſoiméme plûtôt qu’à
dédaigner orgueilleuſement les choſes
créées. _
CHAPIT RE VllI.
'1-.7
De l'iſſue E5' Je l'habitude de l’ame Jdm'
l'eſt” de Qgiétude. Trait iïvírfln' cela.
I. Premier nir. Ne p” jouir; mai:
acquérir.
ors que l’ame eſt comme à Piilïie
de la formation à cet état , _ou plû
tôt dans ſon habitude , elle croira pour
premier avis . Ale la perfection de cet
te vie ne conſiſte pas à jouïr pleinement
8c toujours des traits dont Dieu l ape
nétrée
de quelques
ſe fonder fois; mais dedans
profondément s'établir
les vrais
TA
lrTABLE
Des Chapitres de ce Traité de
la Ruïne de l'Amour pro
pre par ~l'Abnegation
interieure.
CHAP. I. Deux ail-nour: Je Dieu
Êîdeux amourrñ
Peſſeflian- rapr”. Ce qu'eſt”
Prç/Ëÿizceperpetuelle , de'
gat uni-verſé) , U aveugle-Meurſa
rie/Ze del'amour propre dan: nour,
à quoi il _finit ap q/èr trait cbzſſzrîs'
trait eſpere-r d'a negations. Divi
ſion Je cet ouvrage. Pag. 2.27
CHAP. Il. Deux ſondemensdeP-Ab
negation , Êfiſi Jeux [zi-ati un de ſ5”
exercice , dant chacune e ſidbdivi/Fzæ
en quatre. 2.; 7
CHAP. Ill. De Ia premiere _flirte
d'Abnegation pour exterminer 1'A
mour propre, qui eſt, lkflbnega.
tion de: :bg/Fn- exteÛ-ieure: Eîindrſè-z
renier. Comment Dieu y contribue,
Trois doſé: cſſètr. Grace: qui J'en
ſuivent. _ 2.46
CHAP. IV. Dale ſeconde flrte d'Ab
negation, qui regarde: ler chez/é: uti
le: à la -vieſjóirintclle, E5' de: Jeux
de _lè- degrlr. _ 2.4.9
I. Annex.: PRIMIERO .P131732
T A B L E
ddfgrëdd Ia _féconde ſorte ſſ-Aónegd
_ ,_ tion , gui regarde 1er grace: de 1a
~ ~ partie inférieure de l'ame. Quatre
. dejà: pratiquer. zço
Il. ARTrcLE sLçoN D. Second
(lego-ddr la _féconde ſorte dïflffnäga
tian qui regarde 1er grace: de lapar
tie _ſuperieure de l'ame. Deux état:
de ce degre'. La manière de r) cam
Porter. Lafauſſè E5 la rid-aie Quié
’ tude.V. De la troiſiémſie
CHAP; ‘ ' eſjzëcó
2.54
v d’Abnegation, quiregardz: lergra
cer-qui ſèmblent ler plu: neceſſaire:
à la Wie _IPJr-iÏuEIIe. Cinq chaſſer à
conſiJc-'rer dana-M vertu ; quatre que
Dieu c” ſou/irait , d'ou viennent
quatre degré: de cette e/ÿctc :l'ai-He'
gariaiz. 26s
i r; ARTICLE PREND-ZR. Premier
'~ _degré Je la tralſiíme ſorte :IH/flâne
" ~ garíon, qui eſt, pour banir l'amour
propre du deſir de la vertu , ou il ſl
cache. Quatre pratiquer pour caref
- —- fèt. .Application à_ trait Mr Parti
' culizrr. ^ . 2.68
o.. _ARTICLE SECON D. Deuſíëmr
degre' de la troiſieme _jîzrte :IL/Fonc
gatian , qui eſt , Pour chaſſer 1'1
5 'ï mour propre bar: du ſèntirmnt dela
; *~ vertu. Deux moien; pour :et effet.
la privation Üfflla Tentation .~ leur
_ſin
Des CHAPITRES.
ſin U Icur: óflètr, E9' le: regler pour
1'] bien cort/porter 2.76
5. ARTICLE Tno1srE'ME.Troi
fieflne deſgr-f de la troiſiéme eſpèce
dhfllónegarion, qui eſt, Pour cid-gf'
_ſer Pamourprtojnre de la reffläxionffi
;le l'aſſurance effamefirrjèraflíonr
vertueufler. Deux mayenr de cette
purification terrible. Reſgle pour 1')
comporter , 'Uſer uſîzge-r. Quelque:
avi: ſi” ceflqet. 28;
' 4. ARTICLE QuAnuEîuE. ,Qua
Îrieflne defgre' de Ia troiſiéme elfe???
ffldíbnégation, gui e pour bannir
l'amour propre de l’a e meine de la
vertu par ſa ſuſpenſion. Neceſſite',
-Uiciſſítude , régle: E5' Qfflèï de ce:
état. 2.92
CHAP. VI. De l'entrée de l’ame dan:
l'état de Qgietude , ou :le l'oiſivetc'
_ſpirituelle , qui eſt un effL-t ou une
_ſuivre du guarrieflne degre' dela troi.
fieine qſpeíe däflbncgaxion. Deux
av”. 2.97
1. Premier avis general, pour-eviter,
x, lapareffiz, 2. lïnnttſilitéffitgſſtrit,
z lafäuſſè aſſurance , 4 Ioflzuſjè
liberte', ;L'Île fau: rep”. ibid.
2.. Second avis pour Ie commencement
de la Quiétuzle. L’amc doit cooper-er
au: ban: mour-einen; Je Dieu $5 I
l'application de leur: Ëffètr; i5' anſ
_ſi a”
ct Table des-Chapitres.
îfîï
'