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Temple de Salomon : une arnaque

archéologique ? suite
Par Johan T

La « tablette de Joas »

Ces textes mentionnent des travaux


accomplis par le roi Joas sur le temple
de Yahvé, en totale concordance avec
ce qui est écrit dans le Livre des Rois,
dans l’Ancien Testament. La tablette
de Joas est étudiée par le Geological
Survey of Israel (l’institut géologique
d’Israël, géré par le gouvernement) qui
conclut à son authenticité. Cependant,
des doutes naissent quant à ces
conclusions quand la presse dévoile
que l’homme qui se cache derrière
cette révélation n’est autre qu’Oded
Golan.
Alors qui est Golan ? Cet homme, qui se définit lui-même comme collectionneur
d’antiquités, s’est fait connaître quelques mois auparavant pour avoir révélé au grand jour
une pièce religieuse unique : le polémique ossuaire de Jacques [2]. Polémique car
l’authenticité de ce dernier est ouvertement critiquée par de très nombreux spécialistes,
mais aussi parce qu’il contredit l’histoire de Jésus Christ comme elle est décrite dans la
Bible.

L’« ossuaire de Jacques »

En bref, nous avons une découverte à portée


historique et mondiale, reconnue par l’État
israélien qui plus est, révélée par un type que
peu hésitent à qualifier d’escroc. C’est donc
logiquement qu’une contre-expertise
indépendante doit être faite. Celui qui s’en
chargera est Yuval Goren, un professeur de
Tel Aviv. Il étudiera la patine [3] de la
Tablette et son compte rendu sera sans
appel : la pierre ne provient pas de
Jérusalem ni de ses environs, et les gravures
sont très récentes et probablement faites
avec des outils modernes [4]. C’est
l’écœurement général.
Pour répondre aux pressions, le gouvernement israélien demande à la police et à l’IAA
d’enquêter sur Golan, qui passe en toute logique pour le responsable de cette mascarade.
Les conclusions sont effarantes : on a carrément découvert chez lui un atelier et des outils
indispensables pour contrefaire des antiquités ainsi que des œuvres inachevées [5]. On
trouvera même une photo montrant le soi-disant collectionneur tenant dans ses mains la
fameuse tablette alors que celui-ci s’était toujours défendu de ne l’avoir jamais vue. Plus
tard, les enquêteurs iront jusqu’à démontrer que Golan a déjà vendu beaucoup de ses
contrefaçons à des collectionneurs et des musées partout dans le monde,
malheureusement sans jamais dévoiler le nom des victimes. Dans un tel contexte, l’IAA ne
peut que reconnaître que la tablette de Joas est un faux, tout comme l’autre grande
création de Golan, l’ossuaire de Jacques.
En décembre 2004, Golan et trois de ses complices sont inculpés pour contrefaçon. Les
enquêteurs les accusent même de pratiquer cette activité depuis une vingtaine d’années au
moins. De plus, l’opinion générale est d’avis que Golan n’est que la partie émergée d’un
système de fraude élaboré, qui n’a pu être mené à bien que par l’existence d’une
organisation compétente et structurée mais criminelle [6]. Une mafia d’antiquités bibliques,
en somme.

Oded Golan

Il est alors indispensable, pour comprendre l’intérêt d’une telle escroquerie, de comprendre
avant tout la situation du marché des antiquités en Israël. La valeur d’un objet
archéologique biblique possédant des traces d’écriture est cent fois supérieure à celle d’un
même objet qui est quant à lui vierge de toute inscription [7] En gros, il suffit de graver, bien
comme il faut, quelques mots en hébreux sur un vase datant d’avant notre ère pour que
son prix passe de 1 000 à 100 000 dollars.
Directement après ces révélations, des interrogations se portent inévitablement vers la
Grenade d’Ivoire dévoilée au grand public en 1987. Des interrogations qui s’avèreront
fondées, puisque c’est encore Yuval Goren [8] qui démontrera par l’étude de la patine et
d’autres observations [9] la falsification du seul et unique vestige officiellement reconnu par
l’Israël Museum comme étant lié au Temple de Salomon [10]. L’enquête policière
démontrera même qu’il y a toutes les chances de croire que Golan et ses acolytes sont
derrière cette arnaque [11].
À l’heure actuelle, la Grenade n’est plus visible par le public et la Tablette n’est jamais
exposée. Les défenseurs de l’authenticité des différents objets ont perdu beaucoup
d’estime aux yeux de la communauté archéologique mondiale. Oded Golan n’a jamais payé
pour ses actes [12]. Et, plus grave encore, chaque antiquité dite biblique et qui possède
des traces d’écriture en Israël est maintenant déclarée suspecte, qu’elle se trouve sur l’étal
d’un antiquaire ou sur le présentoir d’un musée.

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