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IBN ARABÎ de ces arguments spécieux (shubah) des horreurs

(umûran) telles que si l’homme venait à les exposer, elles


seraient en mesure d’enseigner la transgression à Iblîs lui-
LA CONNAISSANCE DES même !
Ces différentes pensées (litt. : « aspects », wujûh) qui
PENSÉES SATANIQUES ont été éveillées (dans la conscience) par cette suggestion
d’ordre général (« méthode » uslûb) initialement insufflée
Traduit par par un démon humain ou par un djinn, sont appelées des
« démons intelligibles » ; car les démons, hommes ou
ABDALLAH PENOT djinns, (qui les ont provoquées), ne les connaissaient pas
au départ et ne les avaient pas en vue en tant que pensées
Extrait des Futûhât al-Mekkiyyah,
chapitre 55 : al-khawâtir al-shaytâniyya. spécifiques. De prime abord, ils voulaient seulement lui
ouvrir cette porte, sachant que ses capacités naturelles et
son acuité d’esprit le pousseraient à une réflexion
minutieuse produisant en lui des pensées mortelles qu’ils
ne seraient plus en mesure de repousser.
La raison de cet égarement réside dans le premier
principe (açl) qui fonde (sa réflexion) ; car (au départ)
l’homme choisit un principe de base sur lequel il s’appuie
et dont il approfondit l’étude par la réflexion (tafaqquh)
au point de se détourner de ce principe même.
Si Dieu ne nous faisait saisir les sagesses qui s’y
(fîhâ) trouvent incluses Comment les démons
Tu estimerais cette réalité hors de la portée de la s’introduisent dans l’âme du savant
pensée et des aspirations (himam).
Elle est si subtile que même les Paroles synthétiques C’est le chemin que suivent les innovateurs et les
(jawâmi’u-l-kalim) ne sauraient te l’exprimer ! hérétiques ; au départ, les démons leur inspirent un
principe valable dont ils ne se doutent pas ; puis,
Les pensées qui affleurent la conscience (khawâtir) surgissent à leur esprit des pensées confuses (talbisât),
ne peuvent être que de quatre sortes : d’origine dues à leur manque de compréhension, qui finissent par
seigneuriale (rabbânî), angélique (malakî), psychique les égarer. On attribue en général cette confusion au
(provenant de la nafs) ou satanique ; il n’en existe pas démon comme en étant le principe... si seulement ils
d’autres. savaient que sur toutes ces questions, c’est le démon qui
Nous avons déjà traité de la connaissance des est l’élève (de l’homme) et qu’il est à son école !
pensées qui affleurent à la conscience, que ce soit ici ou Cela est manifeste dans le Shiisme, en particulier
dans nos autres ouvrages mais, dans ce chapitre, nous chez les imâmites qui ont été initialement abusés par des
traiterons plus particulièrement des pensées d’origine djinns lesquels leur insinuèrent l’amour des « Gens de la
satanique. Maison du Prophète » (Ahlu-l-Bayt) et le dévouement à
leur égard. Aussi virent-ils dans cet amour un des moyens
Diverses catégories de démon les plus élevés de s’approcher de Dieu et il en eût été ainsi
s’ils s’en étaient tenus à cela sans rien y ajouter. Mais
Sache que les démons (shayâtin) sont de deux leurs outrances en matière d’amour des « Gens de la
sortes : les uns relèvent du domaine intelligible (ma’nawî) Maison » les ont conduits à deux déviations.
et les autres, qui appartiennent au domaine sensible Les uns se mirent à détester les compagnons et à les
(hissî), se subdivisent à leur tours en humains et en djinns. insulter, ne leur reconnaissant aucune préséance et
Dieu – exalté soit-Il – affirme : Nous suscitons des s’imaginant que les « Gens de la Maison » étaient plus
ennemis à chaque prophète, des démons choisis parmi les dignes qu’eux d’occuper des fonctions mondaines
djinns et les hommes qui se suggèrent mutuellement de (dunyawiya) ce qui les amena à adopter un comportement
belles paroles trompeuses ; si ton Seigneur l’avait voulu, déjà connu de tous.
ils ne l’auraient pas fait. Détourne-toi d’eux et de leurs Et il y eut un autre groupe qui, à l’injure des
mensonges (Cor. 6, 112) en les décrivant comme des compagnons, adjoignit la critique (qadh) du Prophète –
individus qui profèrent des mensonges au sujet de Dieu ; sur lui la grâce et la paix –, de Gabriel – sur lui la Paix –
et ce qui se déroule entre ces deux catégories génère et de Dieu Lui-même – que soit magnifiée Sa Majesté –,
(hadatha) chez l’homme un démon appartenant à l’ordre sous prétexte qu’ils n’auraient pas explicitement fait état
intelligible. En effet, lorsqu’un démon, homme ou djinn, de leur rang ni de leur droit au Califat, à tel point que
fait au cœur de l’homme une suggestion grâce à laquelle certains d’entre eux n’ont même pas hésité à proclamer
il l’éloigne de Dieu, soit il y fait une suggestion que « Celui qui avait envoyé le « Fiable » (al-Amîn,
particulière sur une question spécifique, soit il y fait une surnom de Gabriel l’ange de la révélation) n’avait pas été
suggestion d’ordre général et lui laisse faire son chemin, fiable » !
ce qui lui ouvre des perspectives auxquelles ni les Tout ceci s’est pourtant produit en partant d’un
hommes ni les djinns n’auraient pensé ; c’est alors la nafs principe valable, à savoir l’amour des « Gens de la
qui approfondit cette question (tatafaqqaha fîhi) et déduit Maison », qui a généré à travers leurs cogitations stériles
une pensée erronée, laquelle les a conduits à s’égarer et à devient un ash’arite et un « janséniste » (majbûr). Il
égarer les autres ! prétend que « tout ceci est bien, puisque je n’avais d’autre
Considère le résultat de l’outrance (ghuluww) en but que de corroborer telle tradition louable et que je n’ai
matière de vie traditionnelle : elle leur a fait perdre toute pas vu de moyen plus efficace pour ce faire que de
mesure (« limite », hadd) et les a fait parvenir à l’opposé l’attribuer à Dieu le Très-Haut, ce qui est une réalité,
de leur intention ! Le Très-Haut a dit : Ô gens du Livre, puisqu’elle est une création du Très-Haut qu’Il a exprimée
ne soyez pas excessifs dans votre religion au point de (litt. « fait passer par », yujrî) par ma bouche (litt. :
déformer la Vérité et ne suivez pas les passions d’une langue) ! »
fraction qui s’est égarée dans le passé tout en égarant de Tout ceci, il ne se le dit qu’à lui-même et à personne
nombreux autres et qui se sont éloignés du chemin de la d’autre ; mais quand il est en compagnie d’autres
Vérité (litt. : du bon chemin) (Cor. 5, 77). personnes, il leur suggère que cela lui est venu de Dieu à
À d’autres groupes, les démons ont insufflé (dans la manière dont ces choses arrivent aux protégés de Dieu.
leur cœur) un principe valable dont ils ne se doutent point Et lorsque l’ange lui remet en souvenir la parole de
car il émane du Prophète lui-même – sur lui la grâce et la Dieu – exalté soit-Il : Qui donc est plus inique que celui
paix : Quiconque établira une règle louable en retirera qui profère des mensonges au sujet de Dieu et prétend
une récompense pour lui-même ainsi que pour tous ceux avoir reçu une révélation alors que rien ne lui a été
qui l’auront appliquée. Mais après leur avoir donné le inspiré ? Ou que celui qui prétend pouvoir faire
désir d’agir selon ce principe, les démons les ont descendre cela même que Dieu a révélé ? (Cor. 6, 93), il
délaissés. Alors, tel membre de ce groupe désireux l’interprète, en accord avec lui-même, en disant : « Ce
d’obtenir une récompense pour tous ceux qui agiraient de verset ne me concerne pas mais s’adresse aux gens qui
la sorte (à son initiative) s’est mis à l’étude ; et après ont des prétentions (da’wa), c’est-à-dire ceux qui
avoir établi une règle louable, il a craint qu’en se s’attribuent les actes à eux-mêmes ; en effet, Dieu
l’attribuant personne ne l’accepte et a forgé en emploie le terme « profère », c’est-à-dire qu’Il attribue
conséquence un hadîth de l’Envoyé de Dieu – sur lui la l’acte d’inventer à celui qui prétend (que l’action est la
grâce et la paix – afin de la faire accepter ! Puis, il a sienne). Or, moi, je soutiens au contraire que les actes
justifié son acte comme étant conforme au principe n’appartiennent qu’à Dieu – exalté soit-Il – et non à moi :
contenu dans le hadîth : Quiconque établit une règle c’est donc Lui qui parle par ma bouche. Ne vois-tu pas
louable..., légitimant ainsi sur le compte de l’Envoyé de que le Prophète lui-même – sur lui la grâce et la paix –
Dieu – sur lui la grâce et la paix – en lui faisant dire ce affirme qu’en prière (çalât) Dieu dit par la bouche de Son
qu’il n’avait pas dit ! Il a même estimé que c’était une serviteur : Dieu écoute celui qui Le loue ? Il est de même
œuvre bénéfique, soutenu qu’il était par les principes ici ! De plus, Dieu a bien dit : prétend avoir reçu une
(contenus dans le hadîth) ! Et lorsque l’ange lui rappelle révélation..., c’est-à-dire que ce serviteur s’est attribué le
ces autres paroles du Prophète – sur lui la grâce et la propos ; mais qui suis-je pour pouvoir dire « moi »
paix : Que celui qui ment délibérément à mon sujet (ilayya) alors que c’est Dieu qui parle et Dieu qui écoute ?
s’apprête à prendre place dans le feu !, et encore : Mentir Enfin, cet illusionné prétend pouvoir faire descendre cela
à mon propos n’est pas comme mentir sur autrui : même que Dieu a révélé ; mais je ne soutiens pas cela, au
quiconque ment délibérément à mon propos prendra contraire, je prétends que tout ce qui descend vient de
place en Enfer !, il les prend comme étant des suggestions Dieu Seul ! » C’est ainsi qu’en devisant par-devers lui, il
diaboliques en argumentant ainsi : ces hadîths ne profère bel et bien un mensonge au sujet de Dieu tout en
concernent que celui qui invite les hommes à l’égarement embellissant son action viciée.
alors que, moi, je n’ai fait qu’établir une règle louable !
Certes, il sera nécessairement récompensé pour avoir Le diable ne se présente à l’homme
établi une règle louable, mais il se chargera également que selon ce qui est conforme à sa nature
d’une faute (ma’zûr) pour avoir menti à propos de
l’Envoyé de Dieu – sur lui la grâce et la paix – et en lui Voici donc comment Iblîs a insufflé à ces deux
faisant dire ce qu’en réalité il n’avait jamais dit. catégories un principe valide en le leur abandonnant ; il
en reste une autre qui procède à un « apprentissage
De la précipitation à recevoir le commandement individuel » (fiqhan nafsiyyan) : si l’homme n’est pas
chez ceux qui s’adonnent aux exercices spirituels circonspect vis-à-vis de ses pensées (khawâtir) et manque
de discrimination au point de ne pas savoir distinguer ce
Il en est de même pour ceux qui pratiquent des qui relève de l’inspiration (ilqâ) diabolique (même s’il
retraites spirituelles (khalawât) et l’ascèse (riyâdât), et s’agit d’une chose juste) de l’inspiration venant de l’ange
qui sollicitent la maîtrise avant même que Dieu ne leur ait et de l’âme, et s’il n’est pas en mesure de discerner entre
ouvert une des portes de Sa servitude (‘ubûdiyya) ; ceux- les deux de façon correcte, (alors mieux vaut) qu’il
ci s’attachent à suivre la voie de la vérité (çidq) mais ne n’agisse pas car il ne réussira jamais !
se réfèrent pas à l’Envoyé de Dieu – sur lui la grâce et la Car le diable ne s’adresse à chaque groupe qu’en
paix – comme leurs prédécesseurs ; bien au contraire, ils fonction de ses tendances dominantes : ce qu’il espère des
se livrent à des mensonges au sujet de Dieu en lui gens pieux (çâlihin) c’est qu’ils ignorent ce qui vient de
attribuant des règles qu’ils ont eux-mêmes établies. Puis, lui et que, dans leur ignorance, ils l’attribuent à Dieu
ils se justifient en affirmant qu’ « il n’y a pas d’agent puisqu’ils ignorent par quelle voie l’information leur est
(fâ’il) en dehors de Dieu » et que « c’est Lui le Très-Haut, parvenue ; c’est comme si Iblîs, satisfait de leur degré
qui fait parler Ses serviteurs ». Dès lors, un tel serviteur d’ignorance, les savait en son pouvoir. Il ne cesse de les
séduire graduellement à travers leurs bonnes actions elles-
mêmes jusqu’à ce qu’il parvienne à leur faire prêter foi De la différence entre ce qui vient de Dieu,
aux pensées qu’il leur suggère et à leur faire croire de l’ange, de l’âme et du Diable
qu’elles viennent de Dieu. Ainsi, les dépouille-t-il de leur
religion (dîn) à la façon dont un serpent abandonne sa Pour obtenir une pleine satisfaction, il suffit donc au
peau. N’as-tu jamais vu que la peau dont le serpent s’est Diable de semer la confusion dans l’esprit de l’homme si
dépouillé n’en conserve pas moins la forme de celui-ci ? bien que celui-ci n’est plus en mesure de discerner ce qui
Eh bien, dans le cas qui nous occupe, la chose n’est pas vient réellement de Dieu de ce qui Lui est simplement
différente ! attribué et qu’il devient incapable de distinguer la voie de
C’est sous l’aspect d’un vieillard qu’Iblîs vint l’ange de celle de l’âme ou de celle du démon. Que Dieu
trouver Jésus – sur lui la paix – car le diable n’a pas accès t’accorde un signe te permettant de reconnaître tes
au for intérieur des prophètes – sur eux la paix – si bien différentes catégories de pensées.
que toutes leurs pensées (khawâtir) sont d’origine À titre d’exemple, lorsque les pensées d’origine
seigneuriales (rabbâniyya), angélique (malakiyya) ou sataniques prennent l’allure d’incitations à l’obéissance,
subtiles (nafsiyya) et il n’y a aucune place pour lui en leur comment les reconnaître ? Tu les reconnaîtras à leur
cœur. Pour ce qui est des saints, qui sont également fugacité et à la rapidité avec laquelle tu passes d’une
préservés de toute éternité (litt. : dans la Science divine), pensée à une autre ; car le Diable est avide (harîs), il a été
leur état est partiellement comparable au leur en ce qu’ils créé d’une flamme incandescente et la flamme se meut
bénéficient d’une protection (‘içmâ) à l’égard de ce que le avec rapidité. Par essence donc Iblîs est impermanent et
diable leur insuffle mais ils ne sont pas protégés pour cela dès les origines de sa création : en cela il est
autant de la venue de ces pensées à leur esprit. Le saint conforme à son principe originel. Au contraire, l’homme
qui est l’objet de la Sollicitude Divine (al-mu’tanâ bihi) est stable car il procède de la terre qui est sèche et froide :
distingue, grâce à un signe (‘alâma) qui lui est il est donc constant dans ses occupations et il en est de
communiqué par Dieu, ce qui relève d’une inspiration même pour ses pensées qui proviennent de la nafs et qui
satanique : la raison de cette différence (entre prophètes et demeurent stables tant que ni anges ni démons ne
saints) est que ces derniers ne légifèrent pas, alors que les viennent les troubler.
prophètes sont chargés de légiférer, et c’est pour cette La genèse des pensées d’origine satanique est en
raison que leur for intérieur est hors d’atteinte (du étroite relation avec ce qui relève de l’interdit (mahzûr),
Diable). qu’il s’agisse d’un acte, d’une négligence ou d’une
Iblîs demanda donc à Jésus – sur lui la paix : « Ô omission ; puis avec ce qui relève du domaine du
Jésus, dis : « il n’est d’autre divinité que Dieu ». » Il blâmable qu’il s’agisse d’actes ou de négligences, les
aurait certes tiré une grande satisfaction s’il lui avait obéi premiers concernant la majorité des hommes et les
ne serait-ce que dans cette proportion. Mais Jésus – sur lui seconds les adorateurs (‘ubbâd) faisant partie du commun
la paix – lui répondit : « Je vais dire : « il n’est d’autre des mortels. Parfois ces pensées portent sur ce qui est
divinité que Dieu » mais pas parce que tu l’as dit », si licite (mubâh) en particulier chez ceux qui débutent dans
bien que le Diable s’en revint dépité. la Voie de Dieu ; chez ceux qui se situent à des degrés
À partir de là, tu feras désormais la différence entre intermédiaires, tels ceux qui participent au dhikr collectif
savoir une chose et avoir foi en elle et tu sauras que la (litt. : açhâb al-samâ’, les « gens de l’audition »), ces
félicité réside dans la foi, laquelle consiste à dire ce que tu pensées sont dirigées vers ce qui est recommandé
sais, mais en tant qu’information provenant de l’ultime (mandûb). Car le Diable égare chaque catégorie en
(litt. : ton second) Envoyé qui n’est autre que Muhammad fonction de ses tendances prédominantes et il connaît fort
– sur lui la grâce et la paix – et non en tant que provenant bien les moments où il convient d’exercer la tromperie et
du premier Envoyé, c’est-à-dire de Moïse – sur lui la paix la séduction !
– ni de ta propre science. Alors, on te reconnaîtra la foi et En ce qui concerne les connaissants (‘arifûn), le
tu seras promis à la félicité. Mais si tu dis cela, non sur la Diable se présente à eux à travers les actes qui ont un
foi de ce qu’il a dit, mais simplement en feignant d’y caractère obligatoire (wâjibât) et n’a de cesse qu’ils
croire, c’est que tu es un hypocrite. manifestent l’intention devant Dieu d’accomplir un acte
Dieu – exalté soit-Il – a dit : Ô vous qui avez la foi de soumission (tâ’a) qui est en même temps un
croyez en Dieu et en son Envoyé, au Livre qui a été révélé engagement (‘ahd) que le connaissant prend devant Dieu.
à Son Envoyé et aux Écritures qui ont été révélées avant Lorsque le Diable s’est assuré que le connaissant est
lui (Cor.4, 136) par référence aux gens du Livre qui n’ont fermement décidé et qu’il ne lui reste plus qu’à passer à
affirmé ce qu’ils avaient affirmé qu’en se conformant à l’acte, il lui fait alors miroiter un autre acte d’adoration,
l’ordre donné par les prophètes antérieurs, Jésus ou préférable au premier au regard de la Loi. Le connaissant
Moïse, ou encore en se référant à ceux qui avaient foi en estime alors qu’il doit employer son temps de la meilleure
des Écritures antérieures. C’est pourquoi Il S’est adressé à manière, il néglige le premier rite pour entreprendre le
eux en ces termes : Ô vous qui avez la foi en précisant second et Iblîs se réjouit de lui avoir fait rompre le pacte
croyez (en tous) Mes prophètes et soutenez qu’il n’est de qu’il avait contracté avec Dieu. Le connaissant ignore tout
divinité que Dieu pour l’avoir entendu de Muhammad – cela car, s’il avait su dès le début que cela provenait du
sur lui la grâce et la paix – et non parce que vous le saviez Diable, il aurait également su comment l’accueillir et lui
ou parce que vous aviez foi en votre premier prophète. résister, à la façon dont Jésus – sur lui la Paix – l’avait fait
Ainsi aurez-vous doublement la foi ! Ainsi aurez-vous et dont le font tous les hommes de Dieu confirmés
une double récompense ! (mutamakkin), en tant qu’héritiers des prophètes. Il verrait
qu’en dépit de ce qu’elles contiennent de bon, il ne s’agit obligatoire ni interdit et il en est ainsi pour tous les statuts
que de suggestions sataniques. légaux.
C’est ainsi que le Diable se présente à l’hypocrite S’il te survient une pensée relative à quelque chose
(dissimulé) parmi les gens du Livre et lui dit : « Ne d’obligatoire, mets-la immédiatement en pratique sans en
savais-tu pas que ton Prophète avait déjà annoncé (la douter car elle te vient de l’ange. S’il te survient une
venue de) cet homme ? Tu savais bien que c’était lui et pensée relative à quelque chose de recommandé, retiens la
que la prophétie les réunissait tous deux ; c’est pourquoi première pensée et tiens-t’y ! car il se peut parfois qu’elle
tu peux lui dire qu’il est l’Envoyé de Dieu sur la foi de ce provienne d’Iblîs ; et si, ensuite, la pensée te traverse de
qu’a annoncé ton Prophète et non parce que c’est lui délaisser cette recommandation pour une autre plus élevée
(l’ultime Envoyé) qui te l’a dit car, en réalité, il n’y a et plus digne d’attention que la première, ne renonce
aucune différence entre les deux ! » C’est alors que cependant pas à la première et tiens-t’en à elle tout en te
l’hypocrite proclame : En vérité tu es bien l’Envoyé de souvenant de la seconde et, quand tu l’as accomplie, alors
Dieu ! (Cor. 63, 1) mais le Très-Haut récuse son seulement entame la seconde et accomplis-la aussi : ainsi,
mensonge en ces termes : Lorsque les hypocrites viennent Satan s’en reviendra, éconduit (khâsi’an), car il ne sera
à toi, ils te disent : Nous attestons que tu es l’Envoyé de pas parvenu à ses fins.
Dieu ! (Cor. 63, 1) en fonction de la conviction que le Ainsi se soigne la maladie de Satan quand elle
Diable a ancrée en eux ; et c’est pourquoi il ajoute : Dieu agresse ton âme ; tu obtiendras alors la station de ‘Umar
sait fort bien que tu es Son Envoyé mais Dieu atteste que (‘umariyya-l-maqâm), et le Diable ne pourra te rencontrer
les hypocrites sont des menteurs (Cor. 63, 1) parce qu’ils sur un chemin sans être obligé d’en prendre un autre si tu
soutiennent cela non pas parce que tu le leur a dit (mais le traites de cette manière. Tâche donc de préserver ce sur
parce que Satan le leur a suggéré). Et si une telle quoi nous avons attiré ton attention ! En vérité, Dieu fait
profession de foi avait été prise en compte, cela serait l’éloge de ceux qui, tout en rivalisant dans
revenu à nier la mission même de (notre Seigneur) l’accomplissement (ou : qui, s’empressant d’accomplir)
Muhammad – sur lui la grâce et la paix. de bonnes œuvres, se retrouvent parmi les devanciers (en
Paradis) (Cor. 23, 61). Nous nous contenterons de ce qui
Comment reconnaître la vient d’être dit et Dieu dit la Vérité et c’est Lui qui
pensée satanique d’une autre conduit vers la (bonne) Voie (Cor. 33, 4).

Je t’ai ainsi instruit sur la façon dont le Diable


procède pour s’insinuer dans les âmes des êtres afin que
tu puisses t’en préserver et demander à Dieu qu’Il te
donne un signe par lequel tu le (Iblîs) reconnaîtra ! De
façon générale, Dieu t’a déjà fourni un instrument de
mesure (litt. : une « balance », mîzân) qui n’est autre que
la Loi en précisant pour toi au sein de cette Loi ce qui
était obligatoire, recommandé, licite, blâmable, dé-
conseillé ou interdit, en exprimant tout cela par écrit, que
ce soit dans Son Livre ou par la bouche de Son Envoyé.
S’il te survient une pensée relative à quelque chose
de blâmable ou d’interdit, sache qu’elle provient certai-
nement de Satan ; s’il te survient une pensée relative à
quelque chose de licite, sache qu’elle provient sans nul
doute de ta nafs (l’âme concupiscente). Évite fermement
les pensées suscitées par le Diable et relatives à ce qui est
blâmable ou à ce qui est interdit, qu’il s’agisse d’une
action ou d’une négligence (ou : d’une omission) ! En ce
qui concerne ce qui est licite, tu as le choix de t’y adonner
(ou non) ; mais si la recherche du bénéfice (arbâh) te
domine, alors évite le licite pour te consacrer à ce qui est
obligatoire ou recommandé ; et si tu t’emploies (taçarruf)
à l’usage de ce qui est licite, fais-le en gardant présent à
l’esprit (hudûr) que ceci est licite et que, si le Législateur
ne l’avait pas établi comme tel, tu n’en aurais pas fait
usage ; de sorte tu seras récompensé en accomplissant ce
qui est licite, non pas parce que la chose est licite, mais
parce que tu es convaincu qu’il s’agissait bien là d’un
point de la Loi (shar’) divine ; car le statut légal (hukm)
(d’une chose) n’est pas modifiable (lâ yantaqilu) après la
mort de l’Envoyé de Dieu – sur lui la grâce et la paix – et
ce statut s’identifie avec la Loi (shar’) elle-même dont la
porte s’est désormais fermée. Par conséquent, ce qui est
licite est licite à jamais et ne sera plus jamais ni lagrandeguerresainte.blogspot.fr

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