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Mercredi 16 novembre 2018


MYRIAM AIT-SIDHOUM
14/11/2018 à 05:00

Enseignement supérieur - Colloque Inter Religio


La théologie musulmane universitaire attendue à
Strasbourg
La possibilité d’enseigner la théologie musulmane non
confessionnelle à l’Université de Strasbourg est depuis longtemps
discutée. Le sujet a fait l’unanimité lors du dernier colloque
international Inter Religio qui s’est tenu dernièrement à la Maison
interuniversitaire des sciences de l’homme Alsace (MISHA).
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La loi de 1905 pourrait être modifiée début 2019 par Emmanuel Macron, la
réflexion sur la théologie universitaire s’inscrit dans cette évolution, a
introduit Francis Messner, chercheur émérite du CNRS, responsable du
master islamologie et spécialiste du droit des religions. En précisant qu’il ne
s’agit pas « d’une théologie “d’État” mais d’une discipline universitaire que
l’État peut aider à mettre en place. »

«Un enseignement de l’islam qui réfléchisse aux rapports aux autres (...)»

Une table ronde a réuni des acteurs publics et associations sur le sujet.
L’enseignement de l’islam dans un cadre universitaire a polarisé la
discussion.
Tous les intervenants, représentants de collectivités, élus ou responsables
associatifs musulmans, ont exprimé leur profonde conviction que
l’enseignement de la théologie à l’université offre une garantie sur la
dimension critique qui doit y être associée pour faire de ceux qui
transmettent la parole des êtres éclairés. Ils ont dit aussi leur conviction que
la puissance publique, sans organiser et sans se mêler du contenu des
cours, doit pouvoir le rendre possible.
« On a sous-estimé le poids idéologique que représente un islam rigoriste
qui n’a aucune réflexion sur l’altérité. Il faudrait un enseignement de l’islam
qui réfléchisse au rapport aux autres. Le cadre universitaire est parfait », a
estimé Didier Leschi, ancien chef du bureau central des cultes, directeur de
l’Office français de l’immigration et de l’intégration.
Saïd Aalla, président de la grande mosquée de Strasbourg, a rappelé qu’il y
a 3 000 mosquées en France « pour une centaine d’imams correctement
formés, les autres le sont sur le tard ». L’absence de la théologie
musulmane à l’université « a appauvri [la] connaissance de l’islam » ainsi
que celle de ses théologiens les plus éminents, a aussi regretté Saïd Aalla.
Entre autres réflexions – et elles ont été nombreuses –, Rémi Gounelle,
doyen de la faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg a
observé : « Si nous n’avions que les aspirants pasteurs, nous perdrions
beaucoup d’étudiants, il faut dissocier la faculté de théologie musulmane de
la formation des imams. »
Philippe Ichter, conseiller sur l’interreligieux des deux conseils
départementaux alsaciens, favorables à ce projet, a formulé la question que
tout le monde se pose : « Quand cette faculté musulmane va-t-elle enfin voir
le jour à Strasbourg ? »
L’éclairage sur l’Allemagne, proposé par le professeur Ruggero Vimercati-
Sanseverino, du centre de théologie islamique de l’Université de Tübingen,
peut être un indicateur : « Le centre a été créé sans évoquer la formation
des imams. Nous n’avons pas non plus attendu que les associations
musulmanes se mettent d’accord. C’était la volonté de Wolfgang Schaüble
[alors ministre des Finances] et de la chancelière Angela Merkel, en 2011.
Ils ont mobilisé des fonds et c’est comme ça que ça a marché. Après, on a
fait petit à petit. Il faut faire confiance à la science et à la formation
académique, pour arriver à une théologie islamique européenne. » En
résumé, l’État a décidé que c’était important et l’a fait.

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