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D/ Le pouvoir et la puissance :
Raymond Aron (1905-1938) a écrit un ouvrage intitulé "Paix et guerre entre
les nations" de relations internationales. Il y a critiqué Ronse Morgenthu qui,
selon lui les Etats sont des entités égoïstes comme les êtres humains, qui ne
font que chercher leurs intérêts propres, et donc leur seul but est d'étendre
leur puissance et d'assurer la sécurité. Il estime aussi que les relations
internationales sont anarchiques.
Raymond Aron va critiquer cette approche réaliste selon lui. Il va aussi
observer que les anglophones ont un seul terme pour qualifier à la fois la
puissance et le pouvoir, c'est celui de "power". A ce propos il avance que dans
le monde francophone il existe deux termes pour qualifier le pouvoir et la
puissance, chaque concept à part. Selon lui : "Peu de concepts ont été aussi
couramment employés et ont été aussi équivoques que celui de puissance
[…] J'appelle puissance sur la scène internationale la capacité d'une unité
politique d'imposer sa volonté aux autres unités politiques". Raymond Aron
parle d'unités politiques et non pas d'Etat puisqu'il considère qu'il pourrait y
avoir d'autres acteurs qui peuvent à leur tour disposer d'un pouvoir ou d'une
souveraineté à l'échèle nationale ou internationale. La puissance est donc
selon lui la capacité de faire ou de détruire.
Le pouvoir est intrinsèque (relatif à la personne et non pas nécessairement à
une relation) et est relatif à la souveraineté, alors que la puissance est relative à
la capacité de l'exercer. Par exemple, dans le cas d'un coup d'Etat, le Monarch
déchu préserve encore son pouvoir, mais en effet sans aucune puissance.
E/ La légitimité politique :
Pour Platon, la légitimité fonde l'idée de justice. Dès lors qu'il y a légitimité
alors il y a justice.
Pour Aristote, la légitimité permet de faire la distinction entre monarchie,
aristocratie et démocratie. Le type de légitimité nous informera donc sur le
degrés de justice dans l'interaction entre la société et l'Etat, ces interactions
sont définis par ce qu'on appelle un régime.
Plus récemment, chez les auteurs modernes et contemporains, la légitimité
est devenue une notion fondamentale pour comprendre l'organisation
politique de nos société. Celui qui a plus pensé ce concept de légitimité est
Max Weber. Il a en fait élaboré la notion sociologique d'idéal-type, il s'agit
d'un concept sociologique qui renvoie à une catégorie sociale, il y a autant
d'idéaux-types qu'il y a de catégories sociales.
Max Weber a appliqué cette notion sociologique à la légitimité, il a donc
distingué trois idéaux-types de la légitimité :
La légitimité charismatique, Weber a dit :"Le charisme c'est la qualité
extraordinaire d'un personnage qui est considéré doué de forces ou de
qualités surnaturelles ou surhumaines ou au moins spécifiquement extra-
quotidiennes qui ne sont pas accessibles à tous, ou comme envoyé par
Dieu ou comme exemplaire et qui pour cette raison est considéré comme
chef".
La légitimité rationnelle, elle existe dans les démocraties pluralistes
contemporaines. En votant pour une personne, celle-ci est considérée
légitime pour exercer son pouvoir.
La légitimité traditionnelle, elle existe dans les monarchies, il s'agit d'une
légitimité héréditaire. Cette légitimité n'est pas fondée sur l'appartenance
à la nation mais sur la loyauté envers le Monarch. Les dynasties régnantes
européennes ont refusé ce terme de nation et considéraient qu'il y avait
des Etats comportant le Monarch et ses sujets seulement. Ainsi le
souverain se chargeait de la protection de ses sujets et il n y avait aucun
sentiment de cohésion nationale à l'époque.
F/ La gouvernance :
La gouvernance est un dispositif qui permet de penser l'action publique, et
de s'organiser à l'intérieur de son organisation et de répartir le pouvoir soit
par des normes soit à travers des institutions. Ce nouveau terme est venu
remplacer le terme "régime", puisque "régime" est intimement lié à l'idée
d'Etat et ne peut pas être donc perméable vis-à-vis d'autres configurations
telles que les entreprises. La gouvernance désigne à la fois les acteurs, les
mesures à adopter et les objectifs à atteindre.
L'Etat
A/ La naissance de l'Etat :
L'Etat moderne est né entre 1250 et 1350 en Europe avec l'émergence des
monarchies européennes. Pour d'autres penseurs, ces monarchies ne
constituaient pas des Etats modernes avant les traités de Westphalie en
1648. Il s'agit d'un ensemble de traités qui ont mis un terme à la guerre des
30 ans (1618-1648) principalement en terres allemandes entre l'empereur
germanique et les protestants. Pendant ces traités, c'est la première fois que
des Rois, des chefs de délégations, des Prince se réunissaient autour de la
même table afin de décider de la délimitation de leurs frontières, il s'agit d'un
embryon d'organisation multilatérale. Les traités de Westphalie ont donné
naissance au concept d'Etat souverain et donc de nouvelles perspectives de
coopération bilatérale entre différents pays.
Les traités de Westphalie sont comme suit :
Münster en 748 entre l'Espagne et les Provinces-Unis.
Münster en 748 entre la France et le Saint-Empire.
Osnabrück en 748
Nuremberg en 750 entre la France et le Saint-Empire et le Saint-Empire et
la Suède.
Parmi les objectifs de ces traités : mettre fin à la guerre, délimiter les frontières
et garantir la paix religieuse. Cet ordre territorial était garanti par la France et la
Suède jusqu'à la révolution. Ces traités constituent aussi la génèse du droit
international à travers les différents traités bilatéraux.
Plus tard ces traités donneront aussi naissance à l'Etat nation suite à l'expérience
française et allemande. D'une part de l'expérience française suite à la révolution
française qui donnera lieu à un Etat nation fondé sur des valeurs commune, une
langue commune mais aussi sur l'idée de "citoyenneté". D'autre part d'une
expérience allemande après la guerre de trente ans qui donnera naissance à
l'Etat allemand moderne.
Deux textes fondamentaux vont être étudiés pour en savoir plus sur la naissance
de l'Etat nation, le premier est celui du français Ernest Renan a donné une
conférence intitulé "Qu'est-ce qu'une nation ?" En 1882. Tandis que le deuxième
est celui de l'allemand Johanne Gottlieb Fichte qui s'intitule "Discours à la nation
allemande", il a été publié entre 1807 et 1808.
L'Etat nation est l'idée d'un territoire au sein duquel est exercé un pouvoir
centralisé qui coïncide avec une nation fondée sur un peuple qui reconnait
collectivement son appartenance et son lien avec cet Etat. Ce peuple est censé
partagé une langue, une culture ou bien un sang commun.
Dans la vision allemande la nation se fonde sur une communauté qui partage la
même culture, alors que dans la vision française la nation repose simplement
sur la volonté de vivre ensemble, c'est l'adhésion des peuples à un même idéal.
Renan a dit : "De nos jours, on confond la race avec la nation et l'on attribue à
des groupes ethnographiques ou plutôt linguistique une souveraineté analogue
à celle des peuples existants […] La nation moderne est donc un résultat
historique amené par une série de faits convergents dans le même sens".
Pour Fichte, la nation ne repose pas sur cette idée de converger vers le même
sens, elle repose sur des éléments tels que des croyances notamment
religieuses, sur des similitudes linguistiques et culturelles, sur l'idée de
patriotisme.
Selon la vision française, c'est au rôle de l'Etat de développer un sentiment
d'identité nationale. L'Etat doit donc s'efforcer d'effacer les particularismes
régionaux et opter pour un processus d'homogénéisation à travers la diffusion
d'une langue et d'une culture commune et la mise en place de symboles forts
comme les drapeaux qui viennent remplacer les armoiries des dynasties
régnantes.
L'Etat nation va être le porteur d'une conscience nationale à travers
l'introduction de droits et de devoirs à travers un système de lois
C/ La société civile :
La société civile peut être de nos jours utilisée comme un argument politique de
la part de l'Etat pour montrer qu'il intègre les besoins de la population.
Lorsqu'on parle de la population on parle de l'ensemble de la société, mais la
société civile n'est liée qu'aux acteurs associatifs qui ne représentent que
certaines catégories sociales qui se sont faits reconnus.
Jean Luca définit la société civile comme suit : " La société civile est un groupe
concret observable immédiatement à partir de ses membres qui ne sont ni des
politiciens professionnels, ni leurs clients, ni par extension des militants des
partis politiques ni le personnel administratif". Les fondateurs du terme de
société civile sont Habermas, Locke, Hegel et Tocqueville.
La notion de "société civile" est donc philosophiquement liée au libéralisme,
puisque dans la théorie libéraliste l'individu doit être considéré comme un
acteur politique en soi.
La société civile désigne l'organisation de la société en groupes d'intérêts afin de
participer à la décision politique. Pour que toute la société soit représentée au
sein de la société civile il faut identifier toutes les catégories sociales à travers
un effort de recherche scientifique continu pour faire évoluer notre vision de la
société civile.
Systèmes et régimes
A/ Les systèmes théocratiques :
La théocratie désigne tout système dans lequel le chef d'Etat tire sa légitimité
politique de son titre religieux et dans lequel les hommes de religion sont les
gardiens de cette légitimité.
La théocratie désigne à l'origine la prise de pouvoir par une caste de prêtre,
généralement, la caste la plus forte s'empare du pouvoir. On retrouve ce type
de configuration chez les orthodoxes au Moyen-Age et dans l'Iran de Khumeini
où les clercs de l'islam shiites exercent le pouvoir directement même si un
conseil de la révolution existe. La théorie a été inventée pour la première fois
après la naissance du Christ, et c'était entendu comme la plus haute forme de
louange qu'on pouvait rapporter au pouvoir politique.
Les différences entre les théocraties :
Les régimes politiques (monarchies, républiques)
Le degré d'application des lois religieuses dans les lois civiles et politiques.
La légitimité du chef d'Etat.
Les points communs :
Une religion officielle de l'Etat.
La légitimité religieuse du chef d'Etat.
Les lois appliquées sont des lois religieuses telles qu'elles ont été
interprétées par un corps religieux officiel.
Communication politique
A/ La communication politique :
Selon Riutort Philippe : "La communication politique désigne l'ensemble des
pratiques visant à établir des liens entre les professionnels de la politique et
leurs électeurs en usant notamment des voies offertes par les médias".
La communication politique est un secteur d'activité à part entière et celle-ci
ne se fait pas toujours à travers les discours. Elle s'adresse à l'opinion publique.
Cette science émerge au début du XXème siècle aux Etats-Unis à travers la
presse, les sciences sociales et chez les experts de la communication politique.
Paul Lazarsfeld a analysé le rôle de la communication politique dans l'influence
de la décision de l'électeur. Elle sert à rendre un phénomène urgent afin
d'attirer l'attention sur celui-ci.
Sécurité
Du latin "sine cura" qui signifie absence de soucis.
Aujourd'hui, le terme sécurité est plus large que la sécurité militaire , il englobe
beaucoup de domaines stratégiques.
Le concepteur de la sécurité est l'Etat, les domaines de cette sécurité peuvent
être définis par la société ou l'Etat.
A/ La société et l'Etat :
Le terme "sécurité" est apparu au XVIIIème siècle en Europe, pour le philosophe
allemand Leibniz la définition de l'Etat "c'est une société dont l'objectif commun
et la sécurité".
Des auteurs qui ont précédés la révolution des lumières ont considérés que nous
obéissons à l'Etat, donc c'est lui qui doit se charger de la sécurité.
Selon Adam Smith : "l'Etat doit être chargé de protéger la société de la violence
et de l'invasion d'autres sociétés".
Pendant le siècle des lumières, des philosophes ont développé des théories de
contrat social, en vertu de ce dernier l'Etat se verra investit du monopole de la
tâche sécuritaire.
Jean Jacques Rousseau a écrit que la sécurité va devenir : "Le problème
fondamental auquel l'institution étatique doit apporter une solution".
C'est au lendemain de la 2ème guerre mondiale que les Etats-Unis vont émergés
en tant que 2ème puissance mondiale. C'est dans cette période que va émerger
l'idée de sécurité nationale. L'Etat n'est plus chargé d'assurer seulement la
sécurité des frontières mais aussi celle des citoyens
Pour Pénélope Hartiand-Thunberg "la sécurité nationale est la capacité d'une
nation à poursuivre avec succès ses intérêts nationaux telles qu'elle les voit à
n'importe quel endroit du monde".
Pour Jean Luccioni: "La sécurité nationale est la capacité de résister à toute
agression étrangère".
Selon Barry Buzan: "La sécurité nationale désigne la capacité des Etats et des
sociétés à préserver l'autonomie de leur identité et leur intégrité fonctionnelle".
Thierry Balzacq a travaillé sur le concept de sécuritisation et sécurisation. La
sécurisation signifie rendre plus sûre un objet. La sécuritisation est l'acte de
langage qui permet de faire d'un phénomène de société un phénomène de
sécurité. Selon lui "l'Etat est en même temps une structure organisationnelle,
une collectivité et un instrument politique, en ce sens, l'Etat est donc un
instrument de promotion de la sécurité avant d'être le sujet ou le référent de la
sécurité".
Selon Bill : "L'Etat est l'instrument de la sécurité et les individus en sont les
sujets".
B/ La sécurité et la société :
Dans cette première partie nous avons questionné le rôle de l'Etat comme
acteur légitime dans la formulation de politique de sécurité et dans la définition
de ce qu'est la sécurité, cette sécurité nationale a principalement été envisagée
sous l'angle des intérêts des Etats. La sécurité nationale ne correspond pas tout
à fait à la sécurité des individus de la société.
A partir de ce constat nous sommes en droit de nous demander si la sécurité de
la société doit porter sur des objets différents, ou est-ce qu'elle doit porter sur
les mêmes objets mais considérant d'autres intérêts ?
Beaucoup de théories ont tenté de répondre à cette question, le concept le plus
apparent est celui de sécurité humaine, ce dernier est né d'un ensemble de
théories critiques qui visaient à remettre en question l'approche Etatique de la
sécurité et de l'élargir. Elle concerne la sécurité des individus et les communauté
plus que celle des Etats. La sécurité humaine est souvent considérée comme une
forme de soft-security et non pas hard-security puisqu'elle combine sécurité
physique et matérielle et elle prend en compte toutes les dimensions
psychologiques et morales de la sécurité : pour un Etat sécuriser un territoire ou
bien défendre la sécurité nationale renvoie à des moyens matériels, parfois de
la coercition, même l'objet de la sécurité est des violences physiques qu'on
tentera de limiter, alors que dans la sécurité on prend en compte toute atteinte
à la psychologie des individus, par exemple le bien-être fait partie de la sécurité
humaine. Cette sécurité humaine dépasse le cadre strict des Etats en
s'intéressant aux individus mais elle élargit également les champs de la sécurité,
elle ne prend pas seulement en compte la sécurité militaire ou économique,
mais aussi ce que Barry Buzan va appeler la sécurité sociétale.
La sécurité sociétale désigne la protection de la culture, des droits, des libertés,
des croyances et le maintien d'un équilibre social et familial.
La notion de sécurité humaine a été promu pour la première fois dans un rapport
publié par le PNUD (programme des nations unis pour le développement) en
1994 : "Le concept de sécurité fait depuis trop longtemps l'objet d'une
interprétation restrictive, le cantonnant à la sécurité du territoire face aux
agressions extérieure, à la protection d'intérêts nationaux face à l'étranger, ou
à la sécurité de la planète face à la menace d'un holocauste nucléaire. Il
s'applique davantage aux Etats nations qu'aux personnes".
7 composantes ont été identifiés pour définir la sécurité humaine dans ce
rapport :
La sécurité économique : assurer un système de chômâge, sécurité
sociale.
La sécurité alimentaire : lutter contre les pesticides, la nourriture non
équilibrée.
La sécurité sanitaire : Etre prévenu de tous les risques sanitaires.
La sécurité de l'environnement : politiques environnementales liées au
bien-être.
La sécurité personnelle : sécurité physique (lutter contre les viols...)
La sécurité de la communauté.
La sécurité politique : créer un Etat de stabilité pour éviter les agressions
étrangères et l'autoritarisme.
Les politiques de sécurités humaines sont considérés comme complémentaires
des politiques de sécurité nationale. Plus le régime sera démocratique plus il
prendra en considération la sécurité humaine dans le mixte sécuritaire, c'est
valable dans les deux sens.