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Géotechnique II

CHAPITRE II.- L’EAU DANS LE SOL


Le sol, à un degré plus ou moins élevé est toujours humide. L’eau d’infiltration provient de la
pluie (écoulement des eaux pluviales), des lacs ou de la mer. Elle tend par gravité à
s’accumuler dans la partie inférieure des couches perméables, au dessus du rocher. Elle
pénètre aussi dans la roche si celle-ci est fissurée ce qui est généralement le cas.
I. Les divers types d’eau.
Dans un massif de sol on peut rencontrer les divers types d’eau suivants :
- l’eau absorbée ou eau hygroscopique qui forme une mince couche adhésive autour des
grains minéraux. Elle est indépendante de la gravité et son épaisseur dépend de l’humidité
relative de l’air.
- l’eau pelliculaire ou eau de tension superficielle qui entoure les grains et leur eau adsorbée
d’une pellicule dont l’épaisseur varie de quelques fractions microns à 0,1 mm. Elle est aussi
indépendante de l’effet de la gravité.
- l’eau capillaire qui peut se trouver dans les zones isolées nettement au dessus de la nappe
souterraine (dans ce cas le sol n’est pas saturé) ou dans une zone continue en contact avec la
nappe d’eau (c’est la frange capillaire dans laquelle le sol est saturé ; elle est attirée vers le
bas quand la nappe descend). La pression de l’eau y est inférieure à la pression
atmosphérique.
- l’eau gravifique ou libre qui comprend toute eau qui s’égoutte et qui peut être évacuée
par des drainages gravitaires ou par pompage.

II. La capillarité.
La capillarité est un phénomène physique qu’on illustre habituellement à l’aide d’un tube en
verre très fin dont l’une des extrémités est plongée dans un récipient contenant de l’eau ;
L’eau s’infiltre à l’intérieur du tube et s’élève à une hauteur supérieure au niveau de l’eau du
récipient semblant ainsi défier les lois de la pesanteur.
Le sol constitue un milieu propice à la capillarité. La nappe phréatique s’apparente à l’eau du
récipient tandis que le sol avec les interstices entre les particules joue le rôle du tube en verre.
La hauteur à laquelle l’eau s’élève dépend du type de sol. A titre indicatif, on peut obtenir la
hauteur de la frange capillaire hc dans un sol d’après la formule approximative de King
Hubert :

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Plus un sol est fin et les vides entre les particules petits, plus la remontée capillaire est élevée.
Elle est négligeable dans le cas d’un gravier et plus élevée pour l’argile. Le tableau suivant
donne les valeurs de remontées capillaires de différents types de sols.

Tableau 1 : Remontées capillaires de différents types de sols (d’après Hansbo 1975)


Types de sols Remontées capillaires approximatives (m)
État lâche État dense
Sable grossier 0,03 à 0,12 0,04 à 0,15
Sable moyen 0,12 à 0,50 0,35 à 1,10
Sable fin 0,30 à 2,0 0,40 à 3,5
Silt 1,5 à 10 2,5 à 12
Argile  10  10

III. La perméabilité
La perméabilité est la capacité d’un sol à laisser passer l’eau à travers ses interstices ; plus
ceux-ci sont gros plus l’eau circule rapidement et plus le sol est perméable.
Des vides plus petits signifient que l’eau s’écoule moins vite à travers le sol donc celui-ci est
moins perméable. La perméabilité est un critère de sélection important dans le choix des sols
utilisés comme matériaux d’étanchéité, de drainage, de filtration sous les digues et les
barrages en terre.
La perméabilité influence aussi le tassement des sols car la vitesse de tassement est fonction
de la vitesse d’expulsion de l’eau des vides du sol, laquelle dépend de la perméabilité.
III.1- La loi de Darcy
En 1856, Darcy démontra que la vitesse d’écoulement de l’eau à travers un milieu poreux
était directement proportionnelle au gradient hydraulique et se traduisait par la loi v = k i
où v = vitesse d’écoulement de l’eau (m/s ou cm/s)
k = coefficient de perméabilité (m/s ou cm/s)
h
i = gradient hydraulique =
L
h = perte de charge (m, cm ou mm)
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L = longueur de l’écoulement (m, cm ou mm)


Le coefficient de perméabilité ou tout simplement la perméabilité est la constante de
proportionnalité entre la vitesse d’écoulement et le gradient hydraulique. Exprimée en unité
de vitesse, il permet de quantifier la perméabilité des sols : un sol très perméable aura un
coefficient élevé tandis qu’un sol peu perméable aura un coefficient faible.
Le gradient hydraulique se définit comme étant la perte de charge par unité de longueur
d’écoulement. Par définition, la perte de charge est une baisse d’énergie causée par le
frottement de l’eau s’écoulant à travers le sol. Si on connaît les dimensions de la section de
sol à travers laquelle l’eau s’écoule, on peut exprimer l’équation de Darcy en utilisant le débit
plutôt que la vitesse sachant que q = vA
où q = débit (m3 / s ou cm3 / s)
A = section d’écoulement (m2 ou cm2)
h
On obtient l’équation q = k i A = k A
L
L’équation de Darcy s’applique particulièrement aux écoulements laminaires et permanents.
Un écoulement est dit laminaire quand la vitesse de l’eau est lente et que les gouttes se
déplacent en ligne droite, regroupées en lamelles qui ne se mélangent pas. Dans les sols on
considère que l’écoulement est laminaire lorsque la vitesse de l’eau est inférieure à 1 cm /s.
Un écoulement est permanent quand la vitesse ne varie pas en fonction du temps.
III.2- Les facteurs influant sur la perméabilité
La perméabilité varie d’un sol à un autre selon la granulométrie, la forme des particules,
l’indice des vides, la viscosité dynamique de l’eau et le degré de saturation.
Plus un sol est grossier, plus sa perméabilité est élevée. Un sol à granulométrie serrée se
caractérisant par la présence de vides importants aura une perméabilité plus grande que celle
d’un sol ayant la même grosseur maximale de particules dont la granulométrie est étalée.
Un sol dont les particules sont allongées et plates est plus perméable qu’un sol dont les
particules sont sphériques et arrondies.
L’indice des vides correspondant à la quantité des vides dans un sol, plus il est élevé, plus le
sol est perméable. La formule de Hazen permet, dans le cas des sables et sables graveleux
contenant moins de 5% de silt ou d’argile et dont le diamètre D10 varie de 0,1 mm à 3 mm,
d’obtenir approximativement la valeur de la perméabilité :
K = 100 x (D10)²
Il existe une relation mathématique entre l’indice des vides et la perméabilité :
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où K2 = coefficient de perméabilité recherché, l’indice des vides étant e2


K1 = coefficient de perméabilité connu, l’indice des vides étant e1
La viscosité dynamique est la propriété qu’ont les liquides à s’opposer à l’écoulement. Elle
varie avec la température. Quand celle-ci monte, la viscosité baisse et le liquide s’écoule
facilement et vice-versa. Ainsi, si la viscosité diminue, la perméabilité augmente.
Lorsque le degré de saturation d’un sol est inférieur à 100% une partie des vides est occupée
par des bulles. Dans les sols fins, elles diminuent la surface d’écoulement parce qu’elles sont
maintenues solidement en place par la tension superficielle qui se développe à leur contact
(tension superficielle est une force d’attraction qui se développe à l’interface air-eau).
Ainsi le coefficient de perméabilité atteint sa valeur maximale lorsque le sol est saturé.
IV. Les essais de perméabilité en laboratoire.
Les deux méthodes les plus couramment utilisées sont les essais de perméabilité à charge
constante et à charge variable.
On effectue l’essai de perméabilité à charge constante à l’aide d’un perméamètre contenant un
échantillon de sol. Comme illustré à la figure 1, une perte de charge constante h provoque
l’écoulement de l’eau à travers l’échantillon de sol. On mesure le débit d’eau q en recueillant
un volume d’eau v en un temps donné t. Connaissant la longueur de l’écoulement L et la
section d’écoulement A, on peut calculer la perméabilité k en se servant de l’équation de
Darcy.
q=k iA
q
k=
iA
comme

V VL
on obtient k = 
iAt hAt
Cet essai est fiable pour des sols assez perméables ( k > 10 -3 cm/s)

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Figure 1 : Essai de perméabilité à charge constante

Dans l’essai de perméabilité à charge variable, l’écoulement de l’eau à travers un échantillon


de sol placé dans un perméamètre est causé par une perte de charge qui diminue dans le temps
d’une hauteur h1 à une hauteur h2 (voir figure 2). Cette diminution réduit la vitesse
d’écoulement de l’eau. En un point quelconque du tube d’entrée, la vitesse d’écoulement est
égale à :
dh dh
v=- et le débit d’entrée q = - a où
dt dt
dh = distance parcourue par l’eau en un temps donné.
a = aire du tube d’entrée
Le débit à travers l’échantillon de sol et à la sortie du montage à un moment donné se calcule
à l’aide de l’équation de Darcy :
h
q sortie = k i A = k A
L

Comme il est admis que l’eau est incompressible et selon le principe de continuité, les débits à
l’entrée et à la sortie sont égaux :
q entrée = q sortie
dh h
-a k A
dt L

En intégrant cette équation et en isolant k, on a :

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ou


L’essai de perméabilité à charge variable s’effectue sur les sols dont la perméabilité est
inférieure à 0,1cm/s.

Figure 2 : Essai de perméabilité à charge variable

Le tableau suivant donne l’ordre de grandeur de la perméabilité de différents sols en fonction


du type d’écoulement.

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V. Les charges hydrauliques


Pour décrire les mouvements des fluides en mécanique des fluides, on utilise la notion
de charge hydraulique, qui est une énergie potentielle par unité de volume de fluide. Pour
l’écoulement de l’eau, la charge hydraulique h est exprimée avec l’équation de Bernouilli :

avec P = pression de l’eau,

g = accélération de la pesanteur,

v = vitesse d’écoulement de l’eau,

z = cot e (alt it ud e) du point consi dé r é, comp tée positivement vers le haut à partir
d’un niveau de référence donné (convention de l’hydraulique),
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γw = poids volumique de l’eau.


La charge hydraulique contient trois termes :
 le premier (charge de vitesse hv) correspond à l’énergie cinétique de l’eau en
mouvement ;
 le second (charge de pression hp) représente l’énergie produite par la pression qui
s’exerce sur l’eau en un point donné ;
 et le troisième (charge d’élévation he), associé à l’énergie potentielle, représente la
distance entre le point considéré et une surface de référence donnée.
La vitesse de l’eau dans les sols est, en général, très faible : dans les couches d’argile, l’eau
parcourt une dizaine de mètres en dix ou vingt ans (quelques millimètres par jour). Dans
des cas exceptionnels, elle atteint 1 m/s. Le terme dû à l’énergie cinétique (v2 /2g) reste
donc faible devant les deux autres. Il est pour cette raison négligé en mécanique des sols.
L’expression de la charge hydraulique se réduit donc à :

P
h z
 w

La charge hydraulique a la dimension d’une longueur et est généralement exprimée en


mètres.

V.1 Calcul des charges et des pertes de charge


Pour déterminer les charges et pertes de charge dans un sol, nous allons utiliser le montage de
la figure 3.

Figure 3 : Calcul des charges et des pertes de charge


On calcule d'abord les charges d'élévation en prenant le niveau d'eau à la sortir du montage
comme surface de référence. Seuls les points A et B ont une valeur positive puisqu'ils se

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trouvent au-dessus de la surface de référence. À titre d'exemple, calculons la charge


d'élévation au point C :
heC = 30 cm - (15 cm + 30 cm) = -15 cm
La détermination des charges de pression est un peu plus complexe. Il faut d'abord calculer la
charge de pression aux points où l'écoulement ne produit pas de perte de charge, c'est-à-dire
aux points situés à l'extérieur et aux limites amont et aval du sol.
En effet, les pertes de charge ne surviennent qu'à l'intérieur du volume de sol, l'échantillon
agissant comme un bouchon poreux qui restreint l'écoulement de l'eau.
Au point A, la charge de pression est nulle puisqu'il n'y a pas d'eau au-dessus.
Au point B, le niveau d'eau dans le tube piézométrique s'élevant jusqu'à la hauteur du point A,
la charge de pression est égale à 15 cm. Au point E, le tube piézométrique nous montre que le
niveau d'eau atteint la surface de référence; la charge de pression est donc égale à
hPE = 60 cm + 15 cm - 30 cm = 45 cm
Pour calculer les charges de pression aux points C et D, il faut tenir compte des pertes de
charge (Δh) produites par le passage de l'eau à travers le sol car elles diminuent les charges
pression. On sait que la perte de charge totale du montage correspond à la différence entre les
hauteurs de l'eau à l'entrée et à la sortie. Dans le cas présent elle est égale à 30 cm. Puisque la
perte de charge est proportionnelle à la longueur du sol et que l'on connaît la charge de
pression à la limite amont du sol, on calcule les charges de pression à l'intérieur du sol à l'aide
de la formule suivante :



  1  

hp = charge de pression au point considéré, à l'intérieur du sol;
hpamont = charge de pression à la limite amont du sol (point B à la figure 3);
Lamont = distance dans la direction de l'écoulement entre la limite amont et le point considéré ;
Ahtotal = perte de charge totale ;
L = longueur de l'échantillon
Cette équation n'est valable que pour un écoulement descendant.
Si l'écoulement est ascendant, on utilisera plutôt l'équation suivante :

1  

 


Au point C, comme l'écoulement est descendant, la charge de pression est égale à :

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30 
 15  30  1    30 cm


Dès que l'on connaît la valeur des charges d'élévation et de pression, on peut déterminer la
charge totale à chaque point de l'exemple. La perte de charge entre deux points correspond à
la différence de charge totale entre ces points. Ainsi, la perte de charge entre A et B est nulle
alors qu'elle est de 7,5 cm entre C et D.
Les charges et pertes de charges aux différents points de la figure 3 se trouvent dans le tableau
suivant.

VI Les forces d’infiltration et de boulance


En s'écoulant dans le sol, l'eau exerce une pression sur les particules dans la direction de
l'écoulement : c'est la force d'infiltration. Sa valeur est directement proportionnelle à la perte
de charge et, par conséquent, au gradient hydraulique.
La force d'infiltration agit directement sur la contrainte effective (pression qui s'exerce entre
les particules solides).
Quand l'écoulement est ascendant, la force d'infiltration diminue la contrainte effective et,
quand il est descendant, la force d'infiltration augmente la contrainte effective.
Lorsque l'écoulement de l'eau dans le sol est ascendant et que le gradient hydraulique est
suffisamment élevé (figure 4), la force d'infiltration peut devenir assez grande pour annuler la
contrainte effective. On dit alors que le sol est dans un état de boulance : les particules de sol
flottent pour ainsi dire dans l'eau et ne peuvent supporter aucune charge. L'état de boulance
survient surtout dans les sables et sables silteux, sols pulvérulents complètement dépourvus

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de cohésion et dont les particules sont assez petites pour être emportées par l'écoulement de
l'eau.
Pour désigner les sols dans cet état, on parle souvent de sables boulants ou mouvants.
Par contre, l'état de boulance peut difficilement survenir dans les sols graveleux et argileux.
En effet, les sols graveleux sont trop perméables et composés de particules trop grosses pour
que l'eau les entraîne. Quant aux sols argileux, leur faible perméabilité et la cohésion liant
leurs particules font qu'ils ont plutôt tendance à se fissurer ou à éclater lorsque les conditions
de boulance sont atteintes.

Figure 4 : Etat de boulance d’un sol

VI.1 La détermination du gradient hydraulique critique


Pour définir le gradient hydraulique critique (ic), celui qui va provoquer l'état de boulance,
examinons la figure 4 précédente.
L'état de boulance est atteint lorsque :
Feau = Fsol+eau
où Feau = force ascendante produite par la colonne d'eau, agissant au bas du sol

F eau
  (hC  hw  L) A
w

Fsol+eau = force descendante produite par le poids du sol et de l'eau située au-dessus du sol

F eau  sol
 w hw A sat LA)

 = poids volumique de l'eau ;


w

sat
= poids volumique du sol saturé ;

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A = section d'écoulement dans le sol ;


hC = perte de charge critique.
L'état d'équilibre se traduit donc ainsi:

F eau   (hC  hw  L) A = F eau  sol   hw A sat LA)
w w

En simplifiant cette expression, on obtient :



 (h C  L) =  L
w sat
 

s

 
Sachant que  w
 (relation 20 du chapitre 1 si le sol est saturé) et
 
 

Sr=100%, on peut modifier l’équation précédente de la façon suivante :










En simplifiant cette relation, on obtient: 
 

On peut aussi démontrer sans difficulté que le gradient hydraulique critique est égal à :
'
ic  w

Quand le gradient hydraulique critique est atteint, le sol se trouve dans un état d'équilibre
précaire. Dès que cette valeur est dépassée, le sol entre dans un état de boulance et ne peut
plus porter de charge. Si c'est un sable ou un sable silteux, il peut se liquéfier.
Comme on peut le constater, le gradient hydraulique critique dépend de la densité relative du
sol et de son indice des vides : plus l'indice des vides d'un sol est élevé, plus le gradient
hydraulique critique est faible et plus ce sol est susceptible d'atteindre rapidement l'état de
boulance. Si on suppose une densité relative moyenne de 2,68, le gradient hydraulique
critique variera de 1,29 à 0,84 pour un indice des vides se situant entre 0,3 et 1,0. En pratique,

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il arrive souvent qu'on utilise un gradient hydraulique critique égal à 1 pour estimer
rapidement si un sol est dans un état de boulance.
L'état de boulance peut survenir dans des ouvrages de génie civil lorsqu'il faut abaisser la
surface d'une étendue d'eau ou d'une nappe d'eau souterraine. La figure 5 présente l'exemple
d'un batardeau de palplanches utilisé avec un système de pompage pour rabattre le niveau
d’un cours d’eau pendant les travaux. La baisse du niveau d’eau provoque une perte de charge
Δh qui va provoquer un écoulement sous la palplanche. Si le gradient hydraulique qui en
découle atteint sa valeur critique, le sol situé dans la partie avale de la palplanche va entrer en
état de boulance et perdra ainsi sa capacité à soutenir les palplanches qui basculeront
subitement causant une inondation subite et catastrophique de la zone de travail.

Figure 5 : Batardeau de palplanches

VI.2 La détermination de la profondeur critique


Des conditions de boulance peuvent aussi se rencontrer dans un dépôt de sol argileux agissant
comme un rideau étanche pour emprisonner une nappe captive (Figure 6). Si on creuse cette
argile jusqu’à une profondeur critique (Pc), le fond de l’excavation va commencer à se
soulever sous l’effet des forces d’infiltration découlant de la perte de charge Δhc. Pour
déterminer cette profondeur critique, il faut considérer que les forces exercées à la base de la
couche d’argile sont en équilibre c’est-à-dire que la pression due au poids du sol Psol est égale
à celle produite par la nappe captive Peau :
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Psol = Peau
Où Psol = L
Peau =  wh w

h w
 hC  L
Ainsi on a : L =  wh w

L =  (h
w
C  L)

L   w L   w hc

  w hC

w L

' hC

w L

'
Sachant que ic  et L = H-Pc, la relation précédente peut s’écrire sous cette forme :
w
h
ic  C
H P c

hC
Ainsi on obtient Pc  H- 
ic

VI.3 Le facteur de sécurité


Pour éviter que le sol n'entre dans un état de boulance pouvant causer la rupture des ouvrages,
il faut empêcher que la valeur du gradient hydraulique observé (i) ne dépasse celle du gradient
hydraulique critique (ic). En pratique, on recommande d'appliquer un facteur de sécurité (FS)
au moins égal à 3 :
FS= 3
Pour augmenter la valeur de ce facteur de sécurité, on doit diminuer le gradient hydraulique
observé. Dans le cas du batardeau de palplanches de la figure 5, on enfonce les palplanches
plus profondément afin d'augmenter la longueur de l'écoulement.

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Dans le cas de l'excavation pratiquée dans un sol argileux (figure 6), il faut rabattre par
pompage le niveau de la nappe captive afin de diminuer la perte de charge.

Figure 6: Profondeur critique d'une excavation dans un sol argileux soumis aux forces
d'infiltration d'une nappe captive.

VII. Les réseaux d’écoulement


Dans le montage de la figure 3, l'eau s'écoule à travers le sol dans une seule direction. Ce type
d'écoulement appelé écoulement unidimensionnel est le cas le plus simple et l'équation de
Darcy permet de calculer facilement le débit d'infiltration.

h
q  KiA  K A
L
Dans la pratique, l'écoulement unidimensionnel est plutôt rare. Dans la plupart des ouvrages,
où l'infiltration d'eau dans le sol joue un rôle important, l'écoulement est tridimensionnel,
c'est-à-dire que l'eau peut s'écouler en suivant trois directions à la fois. À cause des énormes
difficultés que présenterait l'étude d'un tel écoulement, on préfère le simplifier en le
considérant comme un écoulement bidimensionnel qui traverse le sol suivant l'horizontale et
la verticale.
La loi de Darcy demeure valable dans le cas des écoulements bidimensionnels.
Toutefois, puisque les ouvrages peuvent prendre diverses formes et que la direction, la section
et la longueur des écoulements varient, l'utilisation d'équations mathématiques pour rendre
compte de ces écoulements avec exactitude est assez complexe.

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Mais, il existe une méthode graphique assez simple qui consiste à schématiser l'écoulement au
moyen d'un réseau de lignes appelé réseau d'écoulement. Ce schéma permet d'évaluer avec
une certaine précision le débit d'infiltration et les charges hydrauliques.
VII.1 L'écoulement unidimensionnel et le calcul du débit d’infiltration
La figure 7 présente le montage d'un écoulement unidimensionnel horizontal. Le réseau
d'écoulement qu'on y a tracé est essentiellement composé de lignes d'écoulement et de lignes
équipotentielles.

Figure 7 : réseau d’écoulement


Les lignes d'écoulement indiquent le chemin moyen suivi par l'eau. Si on appliquait un
colorant sur la face amont de notre échantillon, il tracerait, entraîné par le mouvement de
l'eau, un grand nombre de lignes d'écoulement horizontales. En fait, un réseau d'écoulement
comporte une quantité infinie de lignes d'écoulement. Dans notre exemple, pour simplifier la
démarche, nous n'en avons tracé que trois : deux qui se situent aux limites inférieure et
supérieure du montage, et l'autre, au centre. Ces lignes divisent le sol en deux tubes d'égale
hauteur (δ). Pour trouver le débit total d'eau (Q) qui passe à travers le sol, on calcule le débit
dans un tube (qt), puis on le multiplie par le nombre de tubes (Nt) :
Q = qt x Nt
Les lignes équipotentielles relient tous les points ayant la même charge hydraulique totale.
Dans un sol homogène et isotrope, elles sont perpendiculaires à la direction de l'eau, donc
perpendiculaires aux lignes d'écoulement, et aussi innombrables que ces dernières. Sur le
montage de la 96, nous n'en avons tracé que cinq, de sorte que l'espace qui les sépare (λ) soit
constant et égal à la distance (δ) qui sépare les lignes d'écoulement. On obtient ainsi des tubes
comportant quatre sections carrées identiques, auxquelles correspondent quatre pertes de
charge (Δh') égales, que l'on peut calculer en divisant la perte de charge totale (Δh) par le
nombre de sections carrées d'un tube ou le nombre de pertes de charge (Np) :
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Pour calculer le débit dans un tube, on utilise d'abord l'équation de Darcy :

où A = section d'écoulement.
Comme L= λ x Np, A = δ x P et δ = λ., on obtient



Pour calculer le débit total, on multiplie le débit dans un tube par le nombre de tubes :

Dans la pratique, il arrive fréquemment que l'on donne à la profondeur P une valeur unitaire;
on exprime alors le débit total par unité de profondeur et l'équation devient :

Comme on peut le constater, cette dernière équation tient compte du nombre de tubes et de
pertes de charge plutôt que de la section (A) et de la longueur (L) d'écoulement, deux
éléments presque impossibles à évaluer dans un écoulement bidimensionnel.
Le rapport Nt/Np demeure constant lorsque les caractéristiques physiques entourant
l'écoulement ne changent pas. Dans notre exemple, ces caractéristiques correspondent à la
hauteur D et à la longueur L de l'échantillon de sol.
VII.2 Les réseaux d'écoulement bidimensionnel
La figure 8 présente la vue en coupe d'une palplanche enfoncée dans le fond d'un lac. Le côté
aval étant maintenu à sec par pompage, l'eau s'écoule dans le dépôt de sol. Le réseau
d'écoulement bidimensionnel que nous avons tracé est constitué de six lignes d'écoulement
qui forment cinq tubes (Nt = 5) identifiés par un chiffre arabe. Ces lignes qui indiquent la

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direction suivie par l'eau partent du côté amont, contournent la palplanche et se terminent sur
le fond aval du lac. Les deux lignes d'écoulement BEC et FG constituent les conditions limites
d'écoulement entre lesquelles les autres lignes sont tracées.

Figure 8 : Réseau d’écoulement bidimensionnel sous une palplanche


Les lignes équipotentielles sont au nombre de onze, créant ainsi dix pertes de charge égales
(Np = 10), représentées par un chiffre romain. La première ligne équipotentielle, là où il n'y a
pas encore de perte de charge, se confond avec la ligne AB, tandis que la dernière, ayant la
charge hydraulique totale la plus faible, correspond à la ligne CD. Ces deux lignes constituent
elles aussi des conditions limites d'écoulement, car elles encadrent toutes les autres lignes
équipotentielles.
Pour que l'équation du débit élaborée à la section précédente donne des résultats valables, les
lignes d'écoulement et les lignes équipotentielles doivent se croiser à angle droit et former des
carrés. Il est évident que les lignes courbes des écoulements bidimensionnels ne formeront pas
des carrés parfaits. On peut néanmoins parler de formes carrées lorsque leur longueur
moyenne (λ) est égale à leur hauteur moyenne (δ), ou encore lorsqu'on peut y inscrire un
cercle. Ces conditions étant respectées, la perte de charge (Ah') entre les lignes
équipotentielles est constante, comme l'indiquent les tubes piézométriques 2, 3 et 4 de la
figure 8.
Puisque la charge hydraulique totale reste constante sur une ligne équipotentielle donnée, la
perte de charge (Ah') enregistrée en passant d'un tube à l'autre demeure la même,
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indépendamment de la distance parcourue par l'eau (tubes 1 et 2 de la figure 8). Cela nous
amène à conclure que plus la distance (λ) entre deux lignes équipotentielles est courte, plus le
gradient hydraulique (i = Δh'/λ) est élevé et plus la vitesse de l'eau est grande (v = ki). Ainsi,
l'eau suivant le chemin 2 s'écoule plus rapidement que l'eau suivant le chemin 1. En fait, plus
un carré est petit, plus la vitesse de l'eau à l'intérieur est grande. L'eau atteint sa vitesse
maximale le long de la palplanche, car c'est là qu'elle parcourt la distance la plus faible pour
une même perte de charge.
VII.3 La construction graphique d'un réseau d'écoulement bidimensionnel
Construire un réseau d'écoulement bidimensionnel en le dessinant à main levée ne présente
pas de difficultés majeures. On dispose les lignes d'écoulement et les lignes équipotentielles
de façon qu'elles se croisent en angle droit en formant des carrés. Avec comme seuls outils
une feuille de papier, un crayon, une règle graduée et une gomme à effacer, cette méthode de
construction graphique, illustrée à la figure 9, permet d'obtenir des résultats très satisfaisants.
Les difficultés et la durée de la tâche dépendront de l'habileté du dessinateur ainsi que des
formes du dépôt de sol et de l'ouvrage.
Une fois le réseau d’écoulement construit, on peut calculer le débit d’écoulement avec la
formule suivante tirée de l’équation de Darcy :

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Figure 9 : Construction d’un réseau d’écoulement bidimensionnel


VIII. Les filtres granulaires.
Les filtres granulaires sont constitués d’une ou de plusieurs couches de sols pulvérulents,
habituellement du sable et parfois du gravier. Chaque couche doit mesurer au moins 15 cm
d’épaisseur. Les vides entre les particules doivent être assez petits pour retenir celles du sol
migrateur mais suffisamment grand pour faciliter l’écoulement de l’eau. Pour concevoir un
filtre granulaire, il faut nécessairement connaître la granulométrie des deux sols concernés par
l’érosion interne. On détermine d’abord les diamètres D15 et D50 du filtre à l’aide des critères
du tableau 2 et de la granulométrie du sol migrateur. Utilisant les mêmes critères, on vérifie la
stabilité du filtre en faisant les mêmes calculs en considérant que le filtre agit comme le sol
migrateur tandis que le sol à protéger joue le rôle de filtre. Enfin, on établit la courbe
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granulométrique du filtre qui doit se situer dans la zone délimitée à partir des deux opérations
précédentes et être le plus parallèle possible à la courbe du sol migrateur. (voir tableau 2)
Si les dimensions des particules des deux sols concernés sont trop différentes, il faut
concevoir un filtre constitué de plusieurs couches de sols. Dans ce cas, il faut s’assurer de la
stabilité de chaque couche par rapport à celle située en aval.
Avec l’apparition des géotextiles, les filtres granulaires ont de plus en plus tendance à
disparaître.

Tableau 2 : Critères de conception des filtres granulaires

Exemple d’application sur les filtres granulaires


Déterminons la granulométrie d’un filtre granulaire qui sera placé entre un silt avec un peu de
sable fin, le sol migrateur, et un sable grossier à moyen, le sol à protéger. Les courbes
granulométriques de ces deux sols se trouvent sur le graphique de la figure suivante.

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Figure 10 : Courbe granulométrique d’un filtre granulaire

Solution :
1. On détermine les diamètres D85, D50 et D15 à partir des courbes granulométriques A et
B de la figure précédente (Voir l’encadré de la même figure)
2. En se basant sur les critères de conception du tableau 7.1, on détermine les diamètres
maximaux D15 et D50 et le diamètre minimum D15 du filtre :
- Pour la rétention des particules, il faut que
D15 filtre ≤ 5 x D85 sol migrateur = 5 x 0,08 = 0,4 mm
D50 filtre ≤ 25 x D50 sol migrateur = 25 x 0,03 = 0,75 mm
- Pour la perméabilité, il faut que
D15 filtre ≥ 5 x D15 sol migrateur = 5 x 0,008 = 0,04 mm
Les résultats sont portés sur le graphique de la figure précédente
3. On vérifie la stabilité du filtre par rapport au sol à protéger en utilisant les mêmes
critères qu’à l’étape 2 mais en considérant cette fois le filtre comme un sol migrateur.
On peut, ainsi, calculer les diamètres minimaux D85 et D50 et le diamètre maximum D15 du
filtre.
- Pour la rétention des particules, il faut que
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- Pour la perméabilité, il faut que

Une fois ces valeurs portées sur le graphique, on délimite le fuseau granulométrique, c’est-à-
dire la zone dans laquelle la courbe granulométrique du filtre devra se situer.
Selon l’étendue du fuseau, la composition du filtre pourra varier mais sa courbe devra être, le
plus possible, parallèle à celle du sol migrateur.

IX. Les géotextiles.


Les géotextiles sont des membranes imputrescibles fabriquées à partir de fibres synthétiques
comme le polypropylène, le polyester et le nylon. Ils agissent comme des barrières
imperméables : ils retiennent les particules de sol tout en laissant l’eau s’écouler librement.
Leur perméabilité est assez élevée et se compare à celle des sables fins comme moyens à
granulométrie serrée. Placés directement entre le sol migrateur et le sol à protéger, ils
conservent pendant longtemps leur qualité filtrante et assurent une excellente protection
contre l’érosion interne même si des déformations importantes interviennent dans les dépôts
de sols (tassements, glissement, gonflement…).

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