You are on page 1of 734
PAY22 C536 1999 DICTIONNAIRE ETYMOLOGIQUE DE LA 5 6 LANGUE GRECQUE HISTOIRE DES MOTS &- 24-00 PAR + Pierre CHANTRAINE Membre de l'Institut Professeur A la Sorbonne avec un Supplément sous la direction de : Alain Blanc, Charles de Lamberterie, Jean-Louis Perpillou Paris Klincksieck 1999 aoe premiére édition © Klincksieck, 1968 Nouvelle édition avec supplément © Librairie C, Klincksieck et Cie, 1999 ISBN 2-252-03277-4 Avertissement Ce nouveau tirage du Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots de Pierre Chantraine est suivi d'un Supplément de 79 pages qui rassemble, vingt ans aprés l’'achéve- ment de cet: ouvrage, & cdté d’un nombre limité de corrections matérielles, de nombreux compléments tant du répertoire lexical que des propositions étymologiques. En effet ces vingt ans passés donnent le recul qui permet d’enre- gistrer, méme aprés des publications parfois tardives, les enrichis- sements lexicaux auxquels concourent épigraphie, mycénologie, papyrologie, sans oublier la meilleure connaissance de textes connus anciennement. C’est aussi le délai de maturation d’hypo- théses étymologiques qui s’appuient sur une démarche compa- rative, laquelle bénéficie non seulement d’avancées théoriques, mais aussi du progres tant dans la connaissance de Vhistoire et du fonctionnement des autres langues indo-européennes que dans celle des témoins de ces langues nouvellement découverts ou publiés. Ce Supplément portera done témoignage du mouvement de la science linguistique et philologique en méme temps que de Vimportance fondamentale de Pouvrage auquel il s’attache. Les notices qui le constituent sont celles que publie la Revue de Philologie, de littérature et d’histoire anciennes (sous la responsa- bilité d’Alain Blanc, Charles de Lamberterie et Jean-Louis Perpillou) depuis son tome LXX (1996) dans la rubrique alors inaugurée Chronique d’étymologie grecque : ont été ici rassemblées en une liste unique les trois premiéres livraisons CEG 1, CEG 2, CEG 3. Ces notices, qui sont Poouvre d’un groupe non limité de chercheurs fédéré par le GDR 1038 du CNRS, Linguistique du gree ancien, manifestent, bien que toutes rédigées en frangais, puisque cest la langue du dictionnaire, le caractére international de l’en- treprise et la bonne volonté réciproque de contributeurs qui sou- haitent entretenir vivante Yoouvre d’un grand savant disparu. Quant aux dispositions pratiques, on notera que dans le corps du DELG, un rond noir en marge du lemme d’un article signale la présence de notes complémentaires dans le Supplément ; que des mots qui ont fait Pobjet de plusieurs notices successives, soit dans une méme livraison de la CEG, soit dans plusieurs livraisons, don- nent lieu & un lemme unjque sous lequel, cependant, ces diffé- rentes notices sont distingfées par la signature de leurs auteurs ; qu'un carré noir signale lesentrées nouvelles dans le Supplément ; et que désormais ces notices pourront étre citées soit sous leur référence dorigine (CEG 1, CEG 2 ou CEG 3), soit sous le titre DELG Suppl. J-L. P. PREFACE Gest une entreprise bien malaisée que la composition d’un dictionnaire étymologique du grec. Elle n’a pas effrayé M. Hjalmar Frisk, dont le Griechisches elymologisches Wérlerbuch, bien accueilli par le public, poursuit une heureuse carridre. Lorsque je me suis engagé a écrire ’ouvrage que je présente aujourd’hui, jé savais que le travail de mon prédécesseur me rendrait de grands services, mais je pouvais aussi craindre que mon livre ne fit double emploi. A la vérité, je n’ai pas fait porter mon effort sur la partie comparative et étymologique de la recherche. La oit je ne trouvais pas mieux & dire que Hj. Frisk, je l’ai suivi d’assoz prés, tout en prenant une position différente de la sienne lorsque’ mia propre expérience ou une publication récente me conduisaient & prendre ce parti. Mais P’étymologie devrait atre histoire complite du vocabulaire, dans sa structure et son évolution et c'est pour Phistoire du vocabulaire, reflet de Vhistoire tout court, que je me suis donné le plus de peine. Mon ouvrage s'intitule Diclionnaire éymologique de la langue grecque, histoire des mols. Il saute aux yeux que j’ai voulu prendre comme modéle le Dictionnaire éymologique de la langue laline d’A. Ernout et A. Meillet, qui reste aprés tant d’années une couvre de premier ordre, Méme sans inettre en cause mes propres capacités, il apparatt que ma tAche était particuligrement lourde et cela pour deux raisons, L’une accidentelle : c'est que je n’avais pas pour la partie étymologique Vappui d’un savant de I'envergure d’Antoine Meillet, j’étais seul. L’autre résultait. de la nature des choses. Le vocabulaire grec tel que nous le connaissons est incomparablement plus riche que Je vocabulaire latin. Le grec remonte désormais pour nous au second millénaire, grace au déchif- frement des tablettes mycéniennes, et son histoire s'étend jusqu’a nos jours sous deux formes, le gree démofique qui est le grec communément parlé et utilisé par Ia grande majorité des écrivains, et le grec puriste qui est la langue de V’église, de l'administration, et méme de la presse. Au cours de son histoire, la langue grecque s'est répartie en divers dialectes, ionien, dorien, éolien, arca- dien, chypriote, ete., que nous connaissons surtout, par le temoignage des inscriptions, des gloses, et d’ceuvres littéraires qui d’une maniare franche (par exemple celles d’Hérodote, Aleman, Aleése et Sapho, Corinne), ou bien vague et conventionnelle (par exemple Homére, Pindare, Théocrite) peuvent nous donner une idée des diversités dialectales. Aussi bien, la variété des couvres litté- aires en prose ou en poésie et la multiplicité des traités techniques conduisent A une prolifération du vocabulaire dont nos dictionnaires ne donnent qu'une idée incomplete. Un probléme se pose en ce qui concerne les gloses, notamment celles d’Hésychius. Nous en avons accueilli un grand nombre, mais nous avons exclu celles qui étaient visiblement gatées, et celles qui étaient attribuées par le glossateur & une langue autre que le grec. En ce qui concerne l’étymologie, 'étymologie du grec est difficile comme celle de toutes les langues indo-européennes ; cette difficulté se trouve peut-étre aggravée par le fait que les enva- hisseurs grecs ont trouvé dans le monde méditerranéen des peuples parlant des langues connues ou inconnues, auxquelles ils peuvent avoir emprunté des mots divers. Quant a ’étymologie des termes indo-européens, elle a donné naissance a une bibliographie accablante : examiner les

You might also like