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L'AUTONOMIE
• DE LA CLAUSE COMPROMISSOIRE
•
Faculty of Law, McGill University, Montreal
A thesis submitted to the Faculty of Graduate Studies and Research in partial fulfillment
of the requirements of the degree ofLL.M.
• ©duquenne2000
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0-612-70337-1
Canadl
•
La clause compromissoire, ou clause d'arbitrage, est la clause Par laquelle les
parties à un contrat s'entendent pour soumettre à l'arbitrage les litiges qui pourraient
naître relativement à ce contrat. A cette dciuse, est associé un principe d'autonomie,
principe qui recouvre deux réalités: d'une part, l'autonomie de la clause compromissoire
par rapport au contrat principal qui la contient et, d'autre ~ l'autonomie de la clause
compromissoire à r égard de toute loi étatique. Outre ces deux sens donnés au princiPe
d'autonomie, celui-ci est parfois rattaché à d'autres principes, tels que celui de
Compétence-Compétence. Il reste à se demander si le principe d'autonomie n'est pas en
fait la pièce centrale d'un régime spécifique à la clause compromissoire.
• The arbitration clause is the clause by which the parties to a contract agree to
submit the contlicts that May rise from their contractual relationship to an arbitral
tribunal. A principle of autonomy is associated to this type of clause: on the one hand,
the arbitration clause is separable from the main contract; on the other hand, it is
independent from any state law. To a certain extent, one may even link this principle to
other principles conceming the arbitration clause, such as the Kompetenz-Kompetenz
principle. The question is to know whether special rules apply to the arbitration clause.
Remerciements
2
•
Introduction
•
pas exagéré de dire que l'arbitre est aujourd'hui le juge de droit commun en ce domaine.
• matériellement distincte.
3
• Lorsque l'on est amené ne serait-ce qu'à survoler la doctrine et la
jurisprudence relatives à la clause compromissoire, force est de constater que c'est la
question de son « autonomie» qui agite les Cours et les auteurs: le principe de
l'autonomie de la clause compromissoire a déjà fait couler beaucoup d'encre, mais le
débat, sans cesse renouvelé, est plus que jamais d'actualité.
• conventions internationales, ainsi que les règles et la pratique arbitrales; il s'agit donc
bien là d'un phénomène de grande ampleur, à portée internationale. D'autre part, ce
principe ne soulève pas seulement des questions théoriques: il influence sur le plan
pratique les solutions à adopter. Ainsi le bouillonnement d'idées a un impact concret qui
encourage à trouver des réponses aux questions que pose la Théorie juridique. Enfin.,
comme l'écrit Catherine Blanchin., « le principe de l'autonomie de la clause
compromissoire se caractérise par un dynamisme propre qui rend difficile le brossage
4
•
autonomie, qualifiée également d'« indépendance », de « severability », ou de
« separabilty» 1 « séparabilité », est la plus unanimement reconnue à travers le monde.
Elle consiste à voir, dans la clause compromissoire, une disposition qui, bien qu'intégrée
matériellement à un contra~ vient parfois à s'en détacher pour les besoins de sa mise en
œuvre. Si les conséquences qu'elle comporte ne sont plus réellement discutées, la
qualification qu'il convient de donner à la clause dans un tel contexte reste, en revanche,
problématique, et divise encore les auteurs.
• Comme l'a souligné Emmanuel Gaillard2, les deux règles regroupées sous la
même appellation de « principe d'autonomie» sont en réalité très différentes. C'est
pourquoi il conviendra de les envisager tour à tour, afin de se livrer à une étude poussée
de chacun des deux aspects de la notion, pour mieux les comprendre. La même approche
sera adoptée dans les deux cas. Elle consistera d'abord à exposer la signification de
l'autonomie, tantôt matérielle, tantôt substantielle. Ce n'est qu'après avoir bien cerné
l'acception envisagée dans sa complexité qu'il sera possible de dégager les limites
qu'elle comporte. L'analyse ne sera vraiment complète qu'en mentionnan~ dans chaque
• 2 E. Gaillard, sous l'arrêt Da/ico, Casso l.:n: civ., 20 décembre 1993, 1.D.I., 1994, P 432.
5
• hypothèse, l'écho que reçoit le principe d'autonomie dans les différents Etats, et sa
reconnaissance à travers le monde 3•
• 3A noter que dans la Deuxième Partie, consacrée à r autonomie substantielle. il sera surtout question de la
France. puisque ce pays est jusqu'à présent le seul à avoir pleinement reconnu cet aspect de la notion.
6
• le- L'autonomie de la clause compromissoire par rapport
au contrat principal
• auteurs ont voulu voir dans cette clause un second contrat à part entière, distinct du
contrat principal, auquel cas, le terme « autonomie» serait approprié. Mais il n'en reste
pas moins que cette autonomie a des limites, ce qui inviterait dès lors à envisager la
clause compromissoire comme un accessoire du contrat principal. (8)
7
• AI Signification de l'autonomie matérielle
« Il arrive souvent que le litige survenu entre les parties mette en cause
le point de savoir si le contrat conclu entre ces parties est ou non
valable ou s'il n'a pas été résolu. Une difficulté peut naître à ce sujet
lorsque ['arbitrage est prévu par une clause compromissoire insérée
dans un contrat. Une partie allègue que ce contrai est nul ou a cessé
• 5 R. David, L 'arhitrage dans le commerce international. Paris, Economica, 1992, (spéc. n° 209).
8
• d'exister.. n'est-ce pas dire en même temps que la clause
compromissoire contenue dans ce contrat est nulle ou a cessé d'exister,
et peut-on encore donner effet à cette clause? )J.
évidemmen~
7
Bien les parties peuvent rendre leur convention d arbitrage
réellement indépendante en concluant par acte séparé un accord en vue de soumettre
7
leurs litiges futurs à 1 arbitrage. Ainsi les vicissitudes du contrat n'affecteront pas
7
Néanmoins, force est de constater que le plus souvent les parties insèrent la
convention d'arbitrage dans le contrat principal. Cependant, même dans cette dernière
hypothèse, l'autonomie peut parfois aller de soi. C'est le cas notamment si la clause a fait
l'objet d'une approbation expresse, ou lorsqu'elle prévoit expressément que la question
de la nullité ou de la résolution du contrat seront soumises à l'arbitrage, ou encore quand
• elle renvoie à des normes internationales qui reconnaissent l'autonomie. Mais que se
passe-t-il si la clause compromissoire se contente, en termes très
l'arbitrage pour les litiges qui pourront s'élever relativement au contrat?
généra~ de prévoir
• Convention dite Européenne sur l'Arbitrage Commercial International de 1961», Essais Minoli,
AIAlUTET, 1974, P 321.
7 1. Robe~ L'arbitrage: droit illterne, droit international privé, 6 ed, Paris, Dalloz, 1993, (spéc. P 250 5.).
c
9
• A vrai dire, rincidence de la nullité de la clause compromissoire sur le
contrat principal laisse la doctrine et la jurisprudence assez indifférentes sur le sujet: on
conclut rapidement à une nullité partielle, qui fait que la clause en question disparaît
tandis que le contrat subsisteS.
• Pour Pierre Mayer 12, les vices du consentement relèvent également le plus
souvent de [a séparabilité. II prend, en effet, l'exemple de l'erreur sur une qualité
substantielle de la chose objet du contrat, pour en conclure que cela n'a aucun rapport
avec la volonté de recourir à l'arbitrage. En revanche, il reste beaucoup plus réservé pour
ce qui est de la contrainte physique ou morale, ou encore des manoeuvres frauduleuses,
dans la mesure où le vice atteindra nécessairement la clause compromissoire. L'illicéité
• du contrat reste, pour lui, le domaine par excellence de la séparabilité, dans la mesure où
il estime que le fait que le contrat ait un objet illicite ne remet pas en cause le recours à
l'arbitrage.
8 P. Simler, La nu/lité partielle des actesjuridiques, Paris, L.G.DJ., 1969, (spéc. P 102).
9 Expression empruntée à M. le Conseiller J.-P. Ancel, « L'actualité de l'autonomie de la clause
compromissoire», Trav. Corn. fr. dT. int. priv., 1991-1992, p 75.
10 Par exemple : Casso civ., 18 mai 1971,/mpex, J.O.I., 1972, P 62, note B. Oppetit.
• 11 Par exemple: CA Paris, 4 mars 1986, Cosiac, Rev. arb., 1987, P 167 ~ et: Casso lèf1: civ., 10 mai 1988,
Rev. am.,1988, p 639, avec à chaque fois une note de C. Jarrosson.
am.,
12 P. Mayer, « Les limites de la séparabilité de la clause compromissoire », Rev. 1998, p 359.
10
• b) Difficultés: nullité ab initio et inexistence du contrat principal
• « voidable », à l'exclusion des contrats « void »14. Cette distinction avait été dénoncée par
le Juge Steyn ; il est d'ailleurs à l'origine du changement de position de r Angleterre sur
le sujet de la « separability». Dans une décision de 1990, Paul Smith Ltd 15, il invita en
effet à repenser le débat :
• Ihe conlracl was valid ah initio ... may he a logical and sensible step
that an English Court may he prepared 10 lake when il arises ».
Pourtant, dans Harbour Insurance l6 , le Juge Steyn s'était estimé lié par une
décision de la Cour d'appel 17 qui, selon lui, le contraignait à conclure autrement: même
s'il était d'avis que le principe de l'autonomie de la clause compromissoire pouvait
permettre au tribunal arbitral de se prononcer sur la validité ab initio du contrat, le
• 16 Harbour Assurance Co. Ltd v. Kansa General IntenlationallnSltrance Co. Lld, [1992] 1 Lloyd's Rep.
81.
17 Taylor v. Sauns, [1953] 1 Lloyd's Rep. 181.
Il
• précédent Taylor l'en empêcha. Mais en appel, la Cour l8 jugea que le Juge Steyn avait eu
tort de conclure que l'arrêt Taylor appuyait la prétention de la partie intimée, et accueillit
l'appel, concluant que l'autonomie de la clause compromissoire pouvait pennettre au
tribunal arbitral de se prononcer sur la validité ab initio du contrat. Dès lors"} l'Angleterre
rejoignit les positions déjà acquises ailleurs en Europe, sur le problème de la nullité ab
initio du contrat La solution est désormais «officielle}} depuis l'adoption du 1996
Arbitration Act.
« ... ifthe agreement was never entered into. its arbitration clause never
• III
19
Harbour Assurance Co. Ltd v. Kallsa Generallnsurance Co. LId. (appeaJ), (1993] 1 Lloyd's Rep. 455.
Casso 1(rc civ., 10 juillet 1990, L. et B. Cassia. 1.0.1., [992. P 168, note E. Loquin.
20 S. Schwebel. Intenlaliollal Arbitratioll : Three Salient Problems, Grotius, 1987, (spéc. p 1 à 60).
12
• En revanche, toujours selon M. Loquin:
•
.,.,
propos »--.
• cette convention conclue séparément deviendrait sans intérêt, voire même sans objet: en
effet, la convention d'arbitrage est établie afin de prévoir le mode de règlement des
conflits qui pourraient survenir à roccasion d'un contrat. Si ce contrat n'existe pas, alors
la convention devient sans objet.
Il faut pourtant souligner que cette position ne fait pas l'unanimité; certains
auteurs estiment que l'on devrait là encore examiner individuellement la question de
l'existence du contrat et celle de la clause23 .
13
• Première conséquence de l'autonomie matérielle de la
compromissoire, l'absence de contagion des vices affectant le contrat principal est un
clause
aspect fondamental de la question. Cependant, une seconde conséquence, que l'on peut
d'ailleurs rattacher à la première, se dégage du principe d'autonomie: la clause peut être
régie par une loi différente de celle à laquelle est soumis le contrat principal.
Cette question est relativement peu étudiée par les auteurs, même si elle est
toujours rappelée comme autre conséquence du principe d'autonomie dans sa première
signification. Deux situations sont envisageables: les parties peuvent choisir
délibérément une loi différente pour leur clause compromissoire (a) ; mais que se passe-t-
il si elles n'ont rien choisi? (b)
14
• « dépeçage» est légitime selon les tendances modernes du droit international privé. fi est
vrai que la Convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations
contractuelles dispose~ en son article 3~ § 1~ que «par leur choix., les parties peuvent
désigner la loi applicable à la totalité ou à une partie seulement de leur contrat ».
majeure partie des Etats cherchent à favoriser, dans la mesure du possible, le recours à
l'arbitrage.
• Il n'en demeure pas moins que l'application de deux lois différentes peut ne
pas toujours sembler très opportune, voire entraîner des conséquences pour le moins
surprenantes. L'exemple donné par M. M-ayer est en effet tout à fait convainquant:
Notamment: CA Paris, 25 janvier 1972, QllijolloAguero v. Marcel Laporte, Rev. arb., 1973, P 158, note
•
26
Ph. Fouchard; Casso I.:n: civ., 14 décembre 1983, EpotIX Convert, Rev. arb., 1984, P 483, note
M.-C. Rondeau-Rivier ~ et : Casso 1ère civ., 3 mars 1992, Sté SOlletex, Rev. arb., 1993, P 273, note P. Mayer.
27 Par exemple: Sentence C.C-l. No. 5730, EifAquitaine v. Orri, J.O.I., 1990, P 1029, note Y. Oerains.
15
• pour la même cause. la prescription prévue par la loi y applicable étant
plus longue ? »28.
La question se pose alors dans ces termes: en cas de silence des parties sur la
loi applicable à la clause compromissoire, la lex contractus s'étend-t-elle à cette clause?
On serait bien évidemment tenté de répondre par l'affirmative puisque, s'agissant d'une
clause d'un contra~ elle devrait en principe être soumise, à défaut de disposition
• contraire, à la loi qui gouverne celui-ci. Pourtant c'est une solution toute différente
qu'adopte la Convention de New York 29 . L'article V.1.(a) de cette convention prévoit
effectivement qu'à défaut d'une indication sur la loi applicable à la clause, celle-ci est
soumise à la loi du pays où la sentence a été rendue, étant précisé que ce cas est limité à
l'aspect de l'exécution de la sentence.
28 P M
. ayer. ' .. 12 .
note precitee
29 Convention de New York du 10 juin 1958 sur la reconnaissance et l'exécution des sentences arbitrales
étrangères. Les grandes nations commerçantes sont devenues parties à cette convention : Etats-Unis, Russie,
• Japon, France, Suisse, Allemagne. Canada, Royaume-Uni; ainsi que certains pays d'Afrique et d'Amérique
Latine.
30 Y. Derains, « Les tendances de la jurisprudence arbitrale internationale», lO.I., 1993, P 829.
16
•
matière de droit applicable à la clause compromissoire: les solutions oscillent entre droit
du contrat, droit du lieu de l'arbitrage, et volonté des parties. Mais dans chaque
hypothèse, c'est une plus grande faveur envers la validité de [a clause qui est
privilégiée 31 •
• n'est pas toujours complètement autonome, ce qui pousse à s'interroger sur sa vraie
nature. Doit-on y voir une simple clause d'un contrat unique, un contrat à part entière qui
se surajoute au contrat principal ou encore un accessoire du contrat principal?
17
• BI Limite au priDeipe d'autonomie: la séparabilité
• 32
J3
P M
. ayer, ' " 12 .
note precItee
H. Motulsky, sous l'arrêt Gosset, Casso civ., 7 mai 1963. Rev. crit. dr. int. priv., 1963, p 615.
18
• a) La clause compromissoire comme contrat alltonome
• Ainsi cette position est tout à fait celle adoptée par le Juge Schwebel 37 ,
lorsqu'il affirme: « When the parties to an agreement containing an arbitration clause
enter into that agreement, they conclude not one but IWo agreements ». MM. Mustill et
Boyd38 décrivent la clause arbitrale comme « having a life of ifs own, severable from the
substantive contract, and capable of surviving il ». De la même façon encore, Alan
Redfem 39 considère qu'un contrat qui contient une clause d'arbitrage peut être vu comme
34 P M
. ayer, ' ., 12 .
note precItee
35 P. Mayer, sous l'arrêt Cotunav, CA Paris, 28 novembre 1989, Rev. arb., 1990, P 675.
36 Bremer Vu/kan v. South India Shippi"g Corp., [1981] A.C. 909, 980.
37 S. Schwebel, note précitée 20.
• 38 M. Mustill & s.e. Boyel, The Law alld Practice o/Commercial Arhilratioll in England, 2
Butterworths, 1989.
00
ed, London,
39 A. Redfern,« Thejurisdiction of an international commercial arbitrator», 1. [nt'l. Arb., mars 1986, p 22.
19
• constituant « two separate contracts ». Il étaye ensuite sa démonstration en distinguant le
« main or primary contract » du « secondary or 'collateral' contract ».
Il est vrai, comme nous l'avons vu, que la disparition de la clause n'a pas en
principe d'incidence sur l'existence du contrat, et qu'inversement, les vices susceptibles
d'affecter le contrat princiPal n'ont pas forcément pour effet de rendre la clause
compromissoire caduque. Est-ce à dire pour autant qu'il s'agit là de deux conventions
différentes? Oui, à en croire M. Motulsky40 qui explique, après avoir pris soin de
rappeler que la convention d'arbitrage peut être conclue par acte séparé ou bien incluse
au contrat, que l"unité matérielle de «l'acte-instrumentum» n'exclut pas la dualité
intellectuelle des « actes-negotia». Telle est l'argumentation qu'il développe à l'appui de
• sa position :
• 40 H. Motulsky, sous l'arrêt Gosset, note précitée 33 ; position partagée par B. Edelman.
20
• b) La clause compromissoire, cllUlSe d'lin contrat uniqlle
• contrat suggère qu'elles voulaient unir les clauses qu'elles y inséraient, sinon pourquoi
n'auraient-elles pas conclu directement deux conventions par acte séparé?
En effet, il faut bien voir que deux negoti~ cela signifie que « chacun
constitue un toul se suffisant à lui même », avec toutes les conséquences qui peuvent en
découler, notamment au niveau de la durée, de l'inexécution, de la nullité de chacune des
conventions. On peut donc admettre qu'un même écrit abrite deux conventions, mais
encore faut-il que l'intention des Parties soit claire à ce sujet. Or, il semble impossible de
traiter la clause compromissoire comme un contrat totalement autonome: son existence
ne se justifie que pour et par le contrat princiPal, puisqu'il constitue l'objet même de la
21
•
clause arbitrale. « On ne peut prévoir le recours à l'arbitrage in vacuo » 43 : la clause se
propose en effet de soumettre à l'arbitrage tous les litiges qui pourraient naître à
l'occasion du contrat; elle ne peut dès lors pas être contractuellement «désintéressée»
par rapport au contrat. On peut même aller plus loin et dire qu'elle constitue « un élément
du régime contractuel voulu par les parties». Ainsi, tout en étant différente des
dispositions substantielles du contrat principal, elle en constituerait un élément à part
entière au même titre que les fonnalités de paiement ou de livraison. Pierre Mayer en
conclut que « la clause compromissoire est donc bel el bien une clause parmi d'autres,
.1 . 44
uans un contrat unique» .
43 P M
. ayer, ' " 12.
note precItee
• 44
45
46
P. Mayer, note précitée 12.
A. Samuel. note précitée 41.
D'après la définition donnée par le Juge Diplock.
22
• 2°) La notion d'accessoire: fondement et limite de la séparabilité
• séparer lorsque la volonté présumée des parties est en ce sens .. il n'en demeure pas
moins que la clause compromissoire est partie intégrante du contrat, el l'accessoire des
· qu "
d rolts 11 ' 47 .
cree»
Cette position n'est pas isolée: M. Siro1er partage en effet ce point de vue 48 .
Quand bien même la clause compromissoire aurait une « réelle valeur autonome », cet
auteur exclut la qualification d'acte complexe au contrat assorti d'une clause
compromissoire; pour lui, celle-ci est « par nature même accessoire », puisqu'elle ( ne
se conçoit pas en dehors d'un contrat principal, même si elle est contenue dans un acte
distinct ». Il ajoute même que « les qualificatifs 'accessoire' el 'autonome' ne sont donc
• 47 P. Mayer, « L'autonomie de ('arbitre international », Rec. Cours La Haye, 1989, V, t 217. P 327, (spéc.
P 3465.).
48 P • S'ml . , . 8.
1 er, note precitee
23
• foncièrement pas antinomiques, du moins dans ce cas précis ». De la même manière, M.
Mezger, commentant l'arrêt américain Prima Painl 9, invoquait la logique juridique, qu'il
analysait comme une interprétation conforme à la volonté présumée et raisonnable des
parties, pour arriver à la solution suivante: « La convention arbitrale est à considérer
comme un accessoire du contrat de base ». n ajoute:
• C'est dire que « c'est précisément dans cette notion d'accessoire que la
séparabilité trouve ... sonfondemenJ », comme le conçoit par ailleurs M. Mayer').
24
• Mais la notion d'accessoire constitue également la limite de la séparabilité de
la clause compromissoire.
• SJ
S4
Voir: Ph. Fouchard, « L'arbitrage et les tiers », Rev. arb. , 1988, P 429
P. Mayer, note précitée 12.
5., (spéc. p 469 et 472).
25
• fi est vrai que la position de M Mayer, qui considère la clause
compromissoire comme un simple accessoire du contrat principal, n'est pas la plus
répandue. D'ailleurs, r Angleterre a même récemment « officialisé» la reconnaissance de
l'existence de deux contrats, puisque la section 7 du 1996 Arbitration Act prévoit que la
clause d'arbitrage« shaH ... he treated as a distinct agreement ».
• distance qu'elle prend parfois à l'égard de ce dernier peut indiquer qu'elle constitue un
accessoire de celui-ci, ou même un contrat distinct. En réalité, la nature juridique exacte
de la clause compromissoire est devenue presque théorique, tant il est vrai que son
régime est désormais établi par le biais de lajurisprudence.
• existante, qu'à échafauder les fondations d'un régime qui permettrait à la clause
d'arbitrage d'être autonome. Certes, « accessoire» et « contrat» sont des notions fort
différentes, mais que constate-t-on? Le concept d' « accessoire» permet de faire de la
clause compromissoire un élément du contrat principal, mais un élément « séparable» de
ce contrat. Inversement, le recours à la notion de « contrat » fait de la clause un élément
en principe autonome, mais, dans une certaine mesure, « rattaché» au contrat principal..
puisqu'il est généralement admis que l'existence du contrat principal est un préalable
nécessaire à la validité de la clause. C'est dire combien la distinction entre les deux
qualifications est aiguë, et sans doute ni l'" une ni l'autre ne permet d'expliquer
parfaitement en quoi consiste l'autonomie matérielle de la clause compromissoire.
• 5S P. Mayer: « la séparabilité est IIne bonne chose, mais sorlS le "Dm d'autonomie elle est deve11lle lin
mythe conduisant à des so/lIlions caricatura/es et qu'il convient de dénoncer », note précitée 12.
26
• Ainsi~ quelque soit la qualification retenue pour la clause, les conséquences
pratiques qui en découlent sont sensiblement identiques. Ces conséquences, expression
du principe d'autonomie entendue comme autonomie par rapport au contrat principal,
sont largement accueillies à travers le monde.
• 27
• CI RecoDnaissance de l'autonomie matérielle
• décisions tant arbitrales qu'étatiques (l0), puis à travers les textes tant conventionnels
qu'étatiques (2°).
Premiers concernés, les arbitres se sont tout naturellement prononcés sur cette
Les règles élaborées par les institutions arbitrales sont fort explicites, mais
d'une légitimité sans doute relative puisqu'elles sont d'origine privée.
•
28
•
Ces règles tiennent leur autorité de l'intention des parties qui s'y réfèrent dans
leur convention d'arbitrage: elles constituent alors une présomption que lesdites parties
ont voulu traiter la clause compromissoire de manière séparée. La Chambre de
Commerce International a été la première institution à reconnaître l'autonomie;
aujourd'hui, rarticle 6, § 4 des Règles de 1998 prévoit: « Unless otherwise agree~ the
Arbitral Tribunal shaH not cease to have jurisdiction by reason of any daim that the
contract is null and void or allegation that it is non-existent provided that the Arbitral
Tribunal upholds the validity of the arbitration agreement. ». Les Règles d'arbitrage de la
CNUDCI, adoptées en 1976, reconnaissent également clairement l'autonomie de la
clause compromissoire (article 21, § 2). De la même manière, des règles élaborées par
des institutions arbitrales des pays de Common Law on~ elles aussi, reconnu ce principe
• d'autonomie.
29
• être généralement admise aujourd'hui. aussi bien dans l'Europe continentale et
l'Amérique latine que dans les pays de common law et dans les pays socialistes »57.
Les pays cités ne constituent que des illustrations; la liste donnée n'a donc
pas la prétention d'être exhaustive.
• puisse être affecté par une éventuelle invalidité de cet acte ». Cette solution a depuis été
réaffirmée à plusieurs reprises. En revanche, la référence aux « circonstances
exceptionnelles» a disparu du dispositif de la Cour. A l'époque où la décision avait été
rendue, ce point avait donné lieu à controverse: M. Motulsky considérait que cette
réserve correspondait à l'hypothèse où les parties auraient volontairement et
59
expressément « soudé» le sort de la clause à celui du contrat , tandis que d'autres
auteurs considéraient qu'il ne s'agissait là que d'une simple précaution rédactionnelle. La
• formule ayant disparu, le débat n'a plus lieu d'être. A noter que cette position
jurisprudentielle n'a pas été confirmée législativement
60
•
Mais, parmi les pays européens, la Suède est allée encore plus loin. En effet,
la doctrine de la séparabilité y a été fennement affinnée, notamment dans deux décisions
de la Cour Suprême. Il fut ainsi d'abord décidé que la clause arbitrale était valide sans
• 60 Ph. LebouJanger, « Une codification plus explicite de l'arbitrage international? », Rev. arb., 1992, P 357.
L'auteur suggère à l'interprète de se référer au rapport du Premier Ministre sur le projet de Décret (devenu
le Décret du 12 mai 1981).
30
•
qu'il y ait lieu de tenir compte si le contrat pouvait être mis en œuvre ou pas61. Puis, dans
un second temps62 , l'autonomie fut reconnue même en l'absence de contrat principal
valide!
• 70 QH Tours Lld v. Ship Design & Mallagement Ply Ltd, 105 ALR 371. (1991).
71 Roberl Lawrence Co. Inc. v. Devonshire Fabrics Inc., 271 f. 2d 402 (1959).
72 Voir références de l'arrêt, note précitée 49.
31
• intention contraire des parties73 • Prima Paint a été appliqué dans les décisions
Information Sciences /nc. v. Mohawk Data Science Corp.74 et Peoples Securiry Life
Insurance Company v. Monumental Life /nsurance Company75. Certains Etats américains
n'ont cependant pas adhéré à une position aussi libérale76 .
Ainsi même les pays angl~saxons, pourtant souvent plus en retrait en matière
d'arbitrage, ont fini par adopter le principe d'autonomie de la clause compromissoire par
rapport au contrat principal qui la contient.
Dans le très riche ouvrage retraçant les positions de MM. Fouchard, Gaillard
et Goldman 77 sur les questions de l'arbitrage, il est encore fait mention du Japon 78, de
•
73 Voir sur la question: 1. Périlleux.. « Propos relatifs à l'autonomie de la clause compromissoire », Rev. dr.
int. et dr. camp., 1978, p 185, ainsi que: E. Mezger, note précitée 50.
14 43 NY 2d 198 (1978).
1S 867 F. 2d 809 (1989).
76 J. Périlleux, note précitée 73.
77 E. Gaillard & J. Savage, note précitée 23, nO 388 s. (spéc. nO 402).
78 Sup. Ct., 15 juillet 1965, Kokllsan Kilrzokll Kogyo K. K. v. Guard-Life Corp., 29 Minshu 1061 ; lV Y.B.
Corn. Arb. 122 (1979).
19 Landgericht Hamburg, 16 mars 1977, Ita/ian company v. Germallfirm, III Y.B. Com. Arb. 274 (1978).
32
• 2°) Reconnaissance par les textes conventionnels et étatiques
arbitral peut statuer sur sa propre compétence, y compris sur toute exception relative à
l'existence ou à la validité de la convention d'arbitrage. A cette fin, une clause
compromissoire faisant partie d'un contrat est considérée comme une convention
distincte des autres clauses du contrat. La constatation de nullité du contrat par le tribunal
• 33
• Par la suite, adoptant ou s'inspirant des règles conventionnelles, les Etats ont
intégré dans leur propre législation le principe d'autonomie matérielle.
b) Législations étatiques
• clause compromissoire82 • Mais il est vrai que la tendance actuelle est davantage en faveur
de la protection de la convention d'arbitrage. [ci encore, il s'agit de donner un simple
aperçu non exhaustif des pays ayant consacré le principe d'autonomie matérielle au sein
de leur législation.
• de Procédure Civile des Pays-Bas (dans sa version de 1986) dispose que «an arbitration
agreement shall he considered and decided upon as a separate agreement ». La loi
fédérale suisse sur le droit international privé du 18 décembre 1987 confirme elle aussi
l'autonomie de la clause compromissoire, acquise depuis longtemps en jurisprudence
dans ce pays: l'article 178, § 3 déclare en effet que « la validité d'une clause
compromissoire ne peut être contestée sur le fondement que le contrat principal peut ne
pas être valide». En Espagne, là encore, l'article 8 de la loi de 1988 sur l'arbitrage
prévoit que le fait que le contrat soit nul, inexistant ou expiré n'invalide pas
nécessairement la clause d'arbitrage qui s'y rapporte. L'Italie, avec la loi du 5 janvier
1994, tout comme la Suède avec le 1999 Swedish Arbitra/ion Act (Sec. 3), vont dans le
• lU
82
C. Blanchi~ note précitée 1, (spéc. p 20).
Par exemple: l'Arabie Saoudite, l'Etat des Emirats Arabes Unis, la Colombie.
34
•
même sens. Fort significatif est le ralliement réalisé solennellement par l'Angleterre
dans la Section 7 du 1996 Arbitra/ion Ac/ qui va très loin en affirmant que l'arbitration
agreement doit être traité« as a distinct agreement ».
Dans les pays arabes, les nouvelles lois sur l'arbitrage en Algérie, Tunisie et
Egypte sont elles aussi favorables à l'autonomie matérielle de la clause.
• Le principe de séparabilité est donc accepté aussi bien par les Etats, à travers
leur jurisprudence, l'adoption de convention internationale ou leur propre législation, que
par les parties qui soumettent leurs litiges à l'arbitrage et admettent ainsi les règles
élaborées par les institutions arbitrales, tout comme la pratique observée par les arbitres.
C'est ce qui permet à Catherine Blanchin d'affirmer que « l'autonomie de la clause
compromissoire est donc un principe d'une valeur quasi universelle »83•
35
•
Cependant, force est de constater que le principe d'autonomie ne fait pas
l'unanimité en ce qui concerne le second sens qui a été assigné à la notion: en effet,
l'autonomie de la clause compromissoire à l'égard de toute loi étatique est beaucoup plus
lourde de conséquences et soulève de nombreuses questions théoriques, ce qui fait qu'elle
est considérablement moins bien accueillie que l'autonomie matérielle dont il a été
question jusqu'ici.
• 36
• 11.- L'autonomie de la clause compromissoire par rapport
à toute loi étatique
• 37
• AI Signification de l'autonomie de rattachement
• La méthode confl ictualiste (a) telle qu'elle existe encore dans de nombreux
systèmes pose, en effet, certains problèmes; problèmes qui ont parfois justifié son
abandon au profit d'une règle matérielle jugée simplificatrice par certains auteurs (h).
Par exemple: art. 1074 du Code de procédure civile néerlandais; art. 61 de la loi espagnole 36/1988 sur
•
84
l'arbitrage du 5 décembre 1988; sec. 48 du 1999 Swedish Arbitratioll Act; mais aussi en Angleterre:
Channel Tunnel Group Ltd v. Balfour Beatty Construction Ltd, [1992] 2 Lloyd's Rep. 291, puis le 1996
Arbitration Act.
38
• compromissoire n'est pas sans poser certains problèmes, que ce soit pour trouver quelle
catégorie légale est en cause, ou pour choisir les points de rattachement (connecting
factors).
• 85 Par des résolutions de 1957 et 1959, cet Institut avait décidé que la validité de la clause compromissoire
devait être soumise à la loi du lieu de l'arbitrage, faisant ainsi de la clause un élément de la procédure
arbitrale.
39
•
Mais, même en retenant comme catégorie légaje celle du contrat principal, les
hésitations sont toujours de mise. Si les parties ont décidé de la loi devant s'appliquer à
leur contrat, rien ne permet d'affirmer que cette même loi devrait régir la clause
d'arbitrage, puisque celle-ci est fort différente dans son objet du contrat qui la contient.
Dans l'hypothèse où les parties n'auraient rien prévu, la méthode des conflits de lois
invite à rechercher de quel système légal l'accord litigieux est le plus proche. Mais
encore faut-il savoir si c'est le contrat principal ou la clause compromissoire qui doit
entretenir les liens les plus étroits avec le système légal envisagé. La tendance générale
pousse à considérer que la loi du contrat principal pourrait intluencer celle applicable à la
clause d'arbitrage. C'est notamment le cas lorsque les parties ont choisi un pays dont la
loi serait celle qui gouvernerait leur contrat et qui serait en même temps le lieu choisi
• pour l'arbitrage. La difficulté est bien plus grande si cette identité de pays, et donc de loi,
n'existe pas.
40
•
En définitive, aucune solution arrêtée ne se dégage réellement, et René David
constate d'ailleurs, à propos des règles de conflit de lois applicables à la clause
compromissoire, qu'il « n'apparaît pas qu'en aucun pays la jurisprudence applique des
principes bien définis .. les formules que l'on trouve à ['occasion dans les arrêts ... ne
constituent pas autre chose qu'une motivation jugée opportune pour justifier la solution
donnée dans l'espèce »87. C'est dire combien la méthode conflictualiste entraîne des
soucis de prévisibilité. En effet, et Phocion Francescakis le souligne parfaitement dans
son article sur «Le principe jurisprudentiel de l'autonomie de l'accord
compromissoire»88, cette méthode traditionnelle présente deux inconvénients majeurs.
D'une part, les règles sur le choix de la loi interne applicable ne sont pas les mêmes d'un
Etat à l'autre. D'autre part, la diversité des lois internes en la matière est à la fois
• évidente et problématique.
41
•
méthode conflictualiste comme étant compliquée et inadaptée en
matière d'arbitrage international. Adopter une règle matérielle de droit
international peut être considérée comme une simplification ».
n es.t vrai que la création de règles matérielles pennet d'apporter une solution
directe aux situations litigieuses, par l'application d'une norme substantielle, sans le
détour qu'implique la mise en œuvre de la méthode des conflits de lois. Sécurité et
prévisibilité en sortent renforcées, ce qui correspond d'ailleurs tout à fait aux souhaits des
parties. Comme l'explique Catherine Blanchin :
• 90
91
C. Blanchin, note précitée l, (spéc. p 28).
Y. Derains, obs. sous la sentence C.C.1. rendue en 1991 dans l'affaire No. 6840 : J.D.I., 1992, P 1030.
42
•
2°) Contenu de la règle matérielle
Cette forme d'autonomie est très différente de celle évoquée dans la première
partie de cet exposé concernant l'autonomie de la clause compromissoire à l'égard du
• contrat principal. D'ailleurs M. Synvet doute « qu'il soit de bonne méthode de regrouper
sous un même concept juridique deux séries de règles qui, en réalité, sont nettement
différentes »; il ajoute en effet que « le glissement sémantique est dangereux dans la
mesure où il affaiblit la conscience de la nécessité d·une véritable réflexion avant que
d'accueillir ce qui constitue une nouvelle règle »92.
• beaucoup mieux compte de son étymologie grecque qui signifie « faculté de se régir par
ses lois propres». Il s'agit de l'aspect le plus moderne, le plus
l'autonomie de la clause compromissoire.
« ambitieux »93, de
Telle que conçue par les tribunaux français, cette «nouvelle» autonomie
marquerait un affranchissement de la clause vis-à-vis des lois nationales: cet acte
juridique serait ainsi détaché de la théorie des conflits de lois, et il n'y aurait pas lieu de
rechercher si une loi, française ou étrangère, lui est applicable. Faut-il pour autant voir
dans la fonnulation de cette règle matérielle la consécration d'un « principe de validité »?
• 92
93
H. Synvet, sous l'arrêt Behar, CA Toulouse, 26 octobre 1982, J.O.I., 1984, P 603.
P. Mayer, sous rarrêt Cotrmav, note précitée 35.
43
• L'expression a, en effet, été utilisée dans certaines décisions françaises, mais
n'a heureusement jamais été adoptée par la Cour de cassation94 .
comprendre, et même d'approuver, la reconnaissance d'un« principe de licéité» qui met
n est aisé de
incontestablement la clause à l'abri des aléas des droits internes et de leur plus ou moins
grand libéralisme à régard de l'arbitrage: c'est grâce à ce principe que la France a fait
abstraction de l'interdiction de l'arbitrage dans les actes mixtes qui existe en droit
95
inteme • En revanche, la reconnaissance d'un «principe de validité» de la clause
compromissoire est toute autre et a de quoi choquer.
Mme Gaudemet-Talion affinne de son côté qu' « un acte ne peut être 'en
• principe valable' »97. Un acte ne peut être effectivement « valable» que s'il remplit des
conditions de fond et de forme établies par une norme forcément première par rapport à
1ui. Il est vrai que la thèse du « contrat sans loi» soulève bien des objections sur le plan
théorique. De surcroit, son éventuelle consécration par un tribunal donnerait lieu à un
curieux phénomène98 : « le contrat cesse d'être sans loi au moment même où le tribunal
énonce qu'il est valable indépendamment de toute loi étatique ». Cette seule réaction de
la part d"'lm juge crée en effet une fonne de norme juridique spécifique à un système de
droit.
• 97 H. Gaudemet-Tallon, sous l'arrêt rendu dans l'affaire Dalico, CA Paris, 26 mars 1991, Rev. arb., 1991,
P 456.
98 P. Mayer, sous l'arrêt Colunav, note précitée 35.
44
• Outre les objections théoriques, on peut également se demander dans quelle
mesure une réelle excl usion de tout droit étatique serait parfaitement appropriée sur le
plan pratique.
45
•
l'existence d' « une autre règle matérielle qui admette, en matière internationale, que les
dispositions d'ordre public dans l'ordre interne cessent de l'être dans J'ordre
international »10 1.
- et surtout, les questions de capacité et pouvoir: c'est en effet sans doute en cette
matière que la doctrine a manifesté la plus grande réticence à raisonner exclusivement en
termes de règles matérielles 102 •
• l'égard du contrat principal, mais à l'égard du droit, ne s'éloigne pas de ce qui semble
être la vocation fonctionnelle de la règle qu'il estime être d'assurer l'efficacité de la
clause conformément à la volonté des parties.
P. Level, note sous l'arrêt Hecht, Casso Iên: civ., 4 juillet 1972, Rev. crit. dr. int. priv., 1974, p 82.
•
101
102 H. Synvet, sous l'arrêt Galoil, CA Paris, 17 décembre 1991, Rev. am., 1993, p 281 (spéc. P 295).
103 E. Loquin, sous ('arrêt Menicllcci, CA Paris, 13 décembre 1975, J.O. L, 1977, P 106.
46
•
international 105, ce qui pousse à s'interroger plus avant sur les limites de la règle
matérielle dont il est question.
47
• BI Limite au principe d'autonomie: le contrôle de la clause
• 106 C.Blanchi~ note précitée 1, (spéc. P 31). Concernant la limite relative à l'ordre public, voir: 1.-8. Racine,
L'arbitrage commercialinternatiolla/ et J'ordre public, Paris, L.G.DJ., 1999, (spéc. P 183 s.).
48
•
qu' « en matière d'arbitrage le domaine de la loi régresse constamment au bénéfice de
celui de la volonté» 107.
• 107
108
109
B. Oppetit, sous l'arrêt Hechl. Casso 1èn: civ., 4 juillet 1972. 1.D.I., 1972, P 843.
B. Edelman, « Accord compromissoire et internationalisation de la volonté ». lep, 1972. n° 2487.
B. Goldman, sous l'arrêt Hecht, Casso I~ civ., 4 juillet 1972. Jep. 1971, nO 16927.
49
• b) IlISIlfrlSllnce de la vololllé cOmmllne des parties
Il est certain que l'on ne peut se contenter de relever que les parties sont
tombées d'accord sur le principe de l'arbitrage en incluant une clause compromissoire
dans leur contrat. Quelque soit la valeur que l'on semble aujourd'hui accorder à
rautonomie de la volonté, elle ne peut, à elle seule, fonder rexistence et la validité de la
clause d'arbitrage. Ce serait là lui octroyer une importance que la majeure partie de la
doctrine ne semble pas prête à lui reconnaître. On retrouve, en effet, les oppositions
formulées à rencontre du « contrat sans loi». Un contrat ne peut exister en soi, per se.
Pour que son existence soit constatée, et son autorité reconnue, encore faut-il que ce
• 110
III
B. Goldman, sous l'arrêt Hecht, note précitée 109.
B. Edelman, note précitée 108.
50
• Cela invite tout naturellement à étudier à présent le second poste de contrôle
dont il faut tenir compte lorsque l'on traite de 1~ autonomie de la clause compromissoire
par rapport à toute loi étatique: l'ordre public international.
• juxtapose à son ordre public visant l'ordre interne, un ordre public destiné au niveau
51
•
international. Il n'en demeure pas moins que cet ordre public international est étatique,
puisqu'il est propre à cet Etat en particulier, il lui est spécifique et ne se retrouve pas à
l'identique dans les autres Etats.
• lorsqu'elle affirme:
« L'exclusion de toute 'loi étatique' ne doit pas faire perdre de vue que
• 112
113
H. Gaudemet-Tallon, sous l'arrêt Dalico, note précitée 89.
Voir également H. Synve~ sous l'arrêt Gatoil, note précitée 102.
114 E. Gaillard, sous l'arrêt Dalico, note précitée 2.
52
•
le juge français, au regard de normes de source française, seules les
'lois internes', y compris la loi interne française, susceptibles d'être
désignées par une règle de conjlit, étant exclues par cette démarche ».
Pris dans ce sens, l'ordre public international a souvent été considéré comme
incluant la limite des « règles impératives» d'un droit donné. En effet, dans rarrêt
Dalico, la Cour de cassation française, outre la limite de l'ordre public international,
prévoyait la réserve des « règles impératives de droit français », et nombre d'auteurs se
• sont interrogés par la suite sur le contenu qu'il convenait de donner à cette expression.
Certains ront assimilée à ce qu'on appelle les« lois de police »115, Beaucoup ont
considéré qu'elle faisait simplement double emploi avec la mention de l'ordre public 116,
allant parfois jusqu'à dire que :
« cette redondance, qui n'a d'autre fonction que celle de rassurer ceux
• Ils J.-M. Talau, sous l'arrêt Abc/el Aziz, CA Paris, 24 mars 1995, Rev. arb., 1996, P 259.
116 Notamment: H. Gaudemet-Tallo~ sous l'arrêt Dalico, note précitée 89.
117 E. Gaillard, sous l'arrêt Dalico, note précitée 2.
53
• b) O,dre public de direction ou d'éviction?
Les auteurs l18 sont tombés d'accord pour écarter d'emblée la qualification
d'« ordre public d'éviction». En effet, il ne peut s'agir de l"onire public au sens
traditionnel du droit international privé, puisqu'il n'y a plus en l'espèce de règle de
conflit désignant une loi susceptible d'être évincée. Comme l'adoption d'une règle
matérielle en matière d'autonomie écarte du débat toute loi étatique, il n'y a plus lieu
d'en évincer aucune! Ainsi Mme Gaudemet-Tallon opte pour la qualification d' « ordre
public international français de direction». M. Mayer, quant à lui, s'en remet à
l'explication de M. Gaillard, explication qu'il qualifie d'« ingénieuse »119 :
• 118
119
120
E. Gaillard. H. Gaudemet-Tallon. P. Mayer. H. Synvet.
P. Mayer. sous l'arrêt Dalico, Casso l.:rc civ.• 20 décembre 1993, Rev. crit. dt. int. priv., 1994, P 663.
E. Gaillard. sous ('arrêt Dalico, note précitée 2.
54
• l'annulation d'une convention (et non évincer une loi étrangère). Le
qualificatif' international' est nullementjustifié »121.
• Malgré cette critique qui ne peut laisser indifférent, force est de constater que
la solution actuelle retenue par les Cours françaises fait état de cette limite qu'est l'ordre
public international. Mais quelle valeur doit-on réellement attribuer à cette solution
française, dans la mesure où., à bien y regarder, la France est le seul pays à consacrer
totalement une telle règle matérielle d'autonomie de la clause compromissoire à l'égard
de toute loi étatique.
55
• CI Reconnaissance de l'autonomie de rattachement
• 122 Travaux du premier Congrès international de l'arbitrage, Rev. arb., 1961, P 37, avec l'article de F-E.
Klein: « Du caractère autonome et procédural de la clause compromissoire - Dissociation de la nullité de
cette clause et de celle du contrat principal », p 48.
56
•
l23
à l'égard du contrat principal qui la contenait • Moins de dix ans plus tard, elle franchit
un cap supérieur: dans l'arrêt Hecht l24 , elle valide en effet une clause compromissoire
insérée dans un acte mixte, alors qu'elle était nulle au regard de la loi française à laquelle
les juges du fond l'avait estimée soumise, au motif qu'« en matière d'arbitrage
international, la clause compromissoire présente une complète autonomie». Cette
décision avait quelque peu laissé les commentateurs sur leur faim: M. Level évoquait une
« prudence génératrice d'équivoque »125 ; M.Oppetit lui reprochait son « laconisme»126 ;
enfin, M. Loquin la qualifiait de « lapidaire »127. Mais tous s'accordaient à découvrir
dans cette décision un arrêt de principe inaugurant l'autonomie de la clause
compromissoire à l'égard de tout droit national.
• exposées précédemment.
57
• règle matérielle de droit international de l'arbitrage , la clause compromissoire est
indépendante juridiquement du contrat principal qui la contient directement ou par
référence et que son existence et son efficacité s'apprécien~ sous réserve des règles
impératives du droit français et de l'ordre public international, d'après la commune
volonté des parties, sans qu'il soit nécessaire de se référer à une loi étatique ».
• 58
•
Comme il vient d'être dit, le doute est permis, vue la généralité des termes
employés par la Cour de cassation. Pour Eric Loquin, commentant cette fameuse
décision:
• 130
131
E.Loquin, sous l'arrêt Dalico, Casso ICn: civ., 20 décembre 1993, l.DJ., 1994, P 690.
E. Loquin, sous ('arrêt Dalico, note précitée 130.
132 B. Goldman, sous l'arrêt Hecht, note précitée 109.
59
•
Cependan~ une hésitation se fait jour: doit-on réellement traiter la lex
mecatoria comme une source extérieure à l'ordre juridique français, ou est-il préférable
de juger qu'elle est « incorporée » dans l'ordre juridique français? Dans cette seconde
hypothèse, le principe d'autonomie serait « nationalisé» et acquerrait alors une positivité
dans le droit français de rarbitrage international. En d'autres termes: chaque Etat aurait
la possibilité de « déclarer unilatéralement l'insertion d'un principe dans l'ordre
juridique international. tel que l'Etat français le conçoit », il s'agirait alors de « règles de
droit international étatique »133.
En définitive, tout porte à croire qu'il s'agit bien là d'une règle de droit
français à portée internationale 137. D'ailleurs MM. Grave1 et Peterson font bel et bien
60
• référence à « a new ruie ofFrench law »138. Mais, même s'il s'agit d'une règle française,
il est néanmoins concevable que cette règle matérielle soit admise et adoptée par d'autres
Etats, alors qu'en est-il ?
Avec les solutions adoptées Par leur législation, certains pays combinent
• règles matérielles et règles de conflit (a). Par ailleurs, au niveau international, la pratique
arbitrale a consacré dans plusieurs sentences l'approche française (b).
a) Au niveau étatique
• facteurs de connexion quelle est la loi étatique applicable à la situation. La loi ainsi
désignée permettra de dire si la clause est valable ou non.
• 138 S. Gravel & P. Peterson, « French Law and Arbitration Clause», R.D. McGiIl, 1992, p 511
P 521).
S., (spéc.
61
• Ainsi, l'article 178, § 2 de la loi suisse de droit international privé de 1981
dispose que la convention d'arbitrage est valable « quant au fond [...] si elle répond aux
conditions que pose soit le droit choisi par les parties, soit le droit régissant l'objet du
litige, et notamment le droit applicable au contrat princiPal, soit encore le droit suisse ».
Plus récemment, le droit algérien a adopté une solution similaire dans un décret du 23
avril 1993 139 (article 458 bis 1, al. 3 nouveau du Code de procédure civile) :
« Ainsi, dans ces deux Etats, le juge saisi peut faire application, comme
• n'ait pas été «plus française», c'est à dire plus en faveur de la dénationalisation de
l'arbitrage international :
qui valide parmi les quatre ou cinq que lui propose le droit algérien, on
peut se demander s'il n'aurait pas mieux valu faire un pas de plus dans
l'indépendance de la convention d'arbitrage et la détacher de toute loi
nationale, pour peu que son existence soit certaine et dans la seule
limite de l'ordre public international ».
•
139
140 E. Gaillard, sous l'arrêt Da/ico, note précitée 2.
141 M. Issad, « Le décret législatif algérien du 23 avril 1993 relatif à l'arbitrage international », Rev. arb.,
1993, P 377.
62
• Mais la France justement ne se retrouve-t-elle pas, avec sa signature de la
Convention de New York 142, dans un schéma infavorem validitatis? L'article V, § 1 (a)
de cette convention prévoit que la reconnaissance et rexécution d'une sentence étrangère
ne peuvent être refusées que si la convention d'arbitrage n'est pas valable « en vertu de la
loi à laquelle les parties l'ont subordonnée, ou, à défaut d'une indication à cet égard, en
vertu de la loi où la sentence a été rendue». Cela voudrait-il dire que l'une de ces lois
pourrait « sauver» une convention d'arbitrage qui aurait été annulée par application des
règles matérielles du droit français? Sans doute non, et ce, en vertu de l'ordre public
d'éviction cette fois ~ c'est ce qu'explique M. Gaillard
l43
:
• 142
143
Note précitée 29.
E. Gaillard, sous ('arrêt Da/ico, note précitée 2.
63
•
il, § 3, cette fois. D'après cette dispositio~ le tribunal d'un Etat contractant doit déférer
aux arbitres les litiges visés par la convention d'arbitrage « à moins qu'il ne constate que
ladite convention est caduque, inopérante et non susceptible d'être appliquée ». D'après
Antonias Dimolitsa l44 :
• Cette remarque étant faite, il est temps d'étudier sur les solutions retenues par
la pratique arbitrale.
• et s'est donc appliquée à toujours consacrer une autonomie plus affirmée de la clause
compromissoire. Il constate que désormais « le pouvoir des parties de soumettre leur
convention à des normes anationa/es est de moins en moins contesté », et il est vrai que
certaines sentences n'hésitent pas à soumettre la clause d'arbitrage aux seuls principes
généraux du droit ou aux usages du commerce international, sans invoquer l'article 8 (3)
du Règlement de la CCI.
Ainsi, très explicite est la sentence nO 5065 rendue à Paris en 1986 147 : « quand
l'existence même de la convention est en jeu, alors que le prétendu contrat est à tout
64
• point de vue un contrat international, qu'aucune question de capacité des parties n'est en
cause et qu'en plus les parties ont délibérément omis de choisir le droit applicable au
contrat, le droit le plus approprié pour régir la question de l'existence de la convention
d'arbitrage n'est pas celui d'un système national particulier mais les principes généraux
du droit et les usages acceptés dans le commerce international». Autre affaire, même
tendance, dans une sentence rendue en Suisse en 1990 148 alors qu'il était question de
l'application de la lex mercatoria: « l'autonomie de la clause d'arbitrage, largement
reconnue aujourd'hui, justifie cette référence à une règle non étatique déduite des seuls
usages du commerce international». Rappelant les trois tendances de la jurisprudence
arbitrale internationale en matière de détennination du droit applicable à la convention
d'arbitrage, à savoir droit du contrat, droit du lieu de l'arbitrage, volonté des parties et
• [48
[49
1SO
J.D.I., 1990, P 1020.
Y. Derams,
. note precitee
. .. 30.
E. Loquin, sous l'arrêt Dalico, note précitée 130.
65
• Ainsi les auteurs, incités parfois dans leur démarche par les décisions de
justice, se demandent dans quelle mesure d'autres principes dégagés au sujet de la clause
compromissoire ne se rattacheraient pas au principe de son autonomie. Celui-ci pourrait
bien en réalité constituer la pierre angulaire d'un véritable système spécifique à la clause
d'arbitrage.
66
• 111.- L'autonomie de la clause compromissoire
et ses implications éventuelles
67
• AI Autonomie et ComlJétence-Compétence
68
• Compétence ». Pourtant, la théorie allemande n'a jamais été mise en œuvre telle quelle,
dans aucun paysl53.
D'ailleurs il est sans doute utile de remarquer que la solution retenue pour
l'effet positif de la Compétence-Compétence n'a rien d'original. En effet, il appartient
bien à tout juge de statuer sur sa compétence. Or, « l'arbitre exerce une fonction
• compétence ) 155.
1S3 Seul M. Schmitthoff semble considérer que les parties pourraient décider de donner à l'arbitre qu'elles
•
désignent le pouvoir de juger en dernier ressort: « The jurisdietion of the arbitrator », The Art of
Arbitralio", Liber Amicorum Pieter Sanders, K1uwer, 1982. p 293 .
IS4 P M
. ayer, ' .. 47 .
note precitee
ISS P M ' .. 47 .
. ayer, note precitee
69
• Ainsi entendu, le principe de Compétence-Compétence est quasiment
universellement reconnu. Certes il existe quelques réserves et réticences dans les pays
anglo-saxons156, la Chine semble ne toujours pas avoir admis le principet5?, mais
globalement l'aspect positif est favorablement accueilli par les Etats.
\S6 Pour l'Angleterre: P. Gross, « Competence ofCompetence : An English View n, Arb. Int'I, VoI.S, No. 2,
1992, P 205. Pour les Etats-Unis: W. W. Park, « The Arbitrability Dicta in First Op/ions v. Kaplan: What
Sort ofKompetenz-Kompetenz Has Crossed the Atlantic? », Arb InCL Vol. 12, No. 2, 1996, P 137.
\S7 D. Nedjar, ({ L'arbitrage international en Chine après la loi du 31 août 1994 n, Rev. arb., 1995, P 411 ;
• H. Yanming, « Sorne Remarks about the 1994 Rules ofCIETAC and China's New International Arbitration
Rules », Il 1. Int. Arb, 1994, P 105.
lSB A. Dimolitsa, note précitée 144.
70
• mais aussi pendant le déroulement de celle-ci 159. L'action portée devant les juges prend
alors la fonne d'une exception d'incompétence, utilisée comme défense. Mais certains
pays acceptent même qu'une action directe soit introduite pour contester la compétence
des arbitres 160.
• étatique est incompétente pour statuer à titre principal sur la validité de la clause
d'arbitrage ». Bien entend~
Pour ce qui est du fon<L ensuite, les juges doivent se déclarer incompétents si
le tribunal arbitral a déjà été saisi, sachant qu'à la question de savoir à quel moment
considérer qu'un tribunal arbitral est effectivement saisi, la doctrine semble admettre que
• tel est le cas lorsque les arbitres ont accepté leur mission 162. Mais la règle de priorité
reconnue en France est encore plus affirmée puisque, même si les arbitres n'ont pas
encore été saisis, les juges doivent là encore se déclarer incompétents, sauf si la
convention d'arbitrage est « manifestement nulle ». D'après M. Fouchard 163, cette
dernière notion doit être strictement interprétée: il doit s'agir d'une nullité « évidente,
incontestable, qu'aucune argumentation sérieuse n'est en mesure de mettre en doute ».
IS9Conventions: art 8 Loi-Type CNUDCI, art Il (3) de la Convention de New York. Pays: loi belge (art.
1679, al 1), loi néerlandaise (art 1022, al 1), loi suisse (art 7 LDrP), loi anglaise (art 9.4 Arhitratioll Act
1996).
C'est le cas de la Grèce notamment, mais aussi de la Suisse dans certaines décisions.
•
160
161 Casso Iën: civ., 5 janvier 1999, Zanzi, Rev. arb. 1999, P 260, note Ph. Fouchard.
162 Ph. Fouchard, note sous l'arrêt ZmlZi, note précitée 161.
163 Ph. Fouchard, note sous l'arrêt Zanzi, note précitée 161.
71
• A l'heure actuelle, seule la France consacre pleinement le principe de
Compétence-Compétence dans son aspect tant positif que négatir 64 . Pourquoi une telle
réticence face à l'effet négatif du principe de Compétence-Compétence ? Une première
explication est sans doute à trouver dans la crainte qu'inspire le pouvoir des arbitres:
peur de leur manque d'objectivité, peur que le juge étatique ait plus d'hésitation à annuler
une décision arbitrale qu'une simple clause compromissoire. Mais la raison principale
invoquée est la perte de temps et d'argent: l'intervention immédiate du juge permet de
réaliser des économies considérables en ces domaines l65 .
• « La loi n'exige pas que les arbitres dont la compétence est contestée
ou mise en cause suspendent sur le champ leurs activités en attendant
que la contestation soit définitivement tranchée par un tribunal étatique
compétent. La loi n'exige pas non plus que les arbitres poursuivent leur
tâche sans examiner le bien fondé de cette contestation et tranchent le
fond du litige en laissant ouverte la question de leur compétence
jusqu'à ce qu'un tribunal étatique ayant l'autorité voulue puisse se
• prononcer sur elle. Ils risqueraient alors de perdre tout simplement leur
temps et de le faire perdre à tout le monde. Rien ne les oblige à
s'engager dans {'une ou l'autre voie. » 166
164 Voir aussi la Convention européenne de 1961 sur l'arbitrage commercial international.
16~ Sinon, on doit attendre la fin de la procédure arbitrale avant de pouvoir réagir, d'où une perte de temps et
d'argent, voir P. Mayer, note précitée 47.
166 Juge Delvin, dans l'arrêt Chrislopher Brown Lld v. Gellossellschaft Oesle"eichisher Waldbesit=er
Hollzwirlschaftsbetriebe Registrierte Genossenschaft Mit Beschrallkler Haftung, [1954] 1 Q.8. 8, 12 & 13
1990, p 759.
72
• L'efficience de la clause compromissoire es~ là encore, au cœur des
préoccupations comme elle l'était concernant le principe d'autonomie, d'où l'utilité de
s'interroger sur les rapports qu'entretiennent « Autonomie» et « Compétence-
Compétence».
Rares sont les auteurs qui estiment que les principes d'autonomie de la clause
Mais il est vrai que la « confusion» 169 entre les deux notions est possible tant
il existe entre elles des similitudes troublantes. Si l'on en juge seulement par le but
poursuivi par la mise en œuvre de ces principes, par exemple, force est de constater qu'ils
vont tous les deux dans le même sens. L'objectif de la Compétence-Compétence, comme
celui du principe d'autonomie, est bien d'assurer à la convention d'arbitrage son
efficacité maximale, et partant de là, de faire de l'arbitrage un mode efficient de
168 E. Mezger s'oppose farouchement à l'analogie des deux principes: « SlIrtoul, il Ile faut pas les
confondre », dit-il dans «Compétence-compétence des arbitres et indépendance de la convention arbitrale
• dans la Convention dite Européenne sur l'Arbitrage Commercial International de 1961 », Essays in
memoriam Eugenio Mino/i, AIAlUTET, 1974, P 315.
169 A. Dimolitsa, note précitée 144.
73
•
règlement des conflits internationaux. Parler d'efficacité en ces circonstances renvoie non
seulement à l'efficacité propre de la clause compromissoire, mais aussi à sa protection vis
à vis des pratiques dilatoires auxquelles seraient tentées d'avoir recours les parties.
• D'autre part, grâce à ces deux principes, les parties à la procédure arbitrale ne
pourront pas retarder celle-ci en faisant intervenir abusivement les juridictions étatiques.
En matière de Compétence-Compétence, cette proposition se vérifie pour l'effet positif,
et plus encore pour r effet négatif Puisque si, dans la première hypothèse, le tribunal
arbitral est compétent pour statuer sur sa propre compétence, dans la seconde hypothèse,
il est même prioritaire: toute tentative des parties de saisir une cour étatique sera donc
avortée puisque celle-ci devra attendre que la décision arbitrale soit rendue avant de
• pouvoir intervenir. De la même manière, pour ce qui est du principe d'autonomie cette
fois, toute manœuvre dilatoire sera nonnalement écartée puisque la clause est supposée
être autonome par rapport à toute loi étatique, rendant ainsi tout recours préj udiciel
auprès des juges étatiques superflu.
74
• d'autonomie pourrait, d'une certaine façon, avoir pour objectif de donner au tribunal
arbitral une base pour statuer sur sa propre compétence 17l .
• surcroît il est, pour le moment, le seul à les consacrer tous les deux dans ce qu'ils ont de
plus novateur l72 . Comme si le raisonnement imbriquait les deux notions à un degré
similaire.
• compétent pour juger de sa propre compétence. Mais c'est également vrai concernant le
problème de l'autonomie de la clause compromissoire: en s'interrogeant sur la validité
de la convention d'arbitrage, on se demande indirectement si, au final, l'arbitre sera
compétent pour connaître du litige, même si le contrat principal a été annulé par exemple.
171 A. Redfem, M. Hunter, M. Smit~ Droit el pratique de l'arbitrage in/erlla/ional, Paris, L.G.D.J., 1994,
(spéc. P 144). Cet ouvrage est la traduction de l'édition: Law alld Practice of IllIernational Commercial
75
• permettent tous deux de déterminer le pouvoir de l'arbitre. Est-ce à dire pour autant que
les deux notions sont indissociables, voire assimilables ? n semble en réalité qu'il faille
faire un distinguo entre Autonomie et Compétence-Compétence, même s'il existe un
certain rapport entre elles.
• pouvoir juridictionnel de l'arbitre. Mais il est tout aussi évident que la problématique ne
se situe pas au même niveau dans chaque cas.
76
•
C~est ce qui fait dire à l'auteur René David 174, que les deux règles se
distinguent par leur nature juridique~ car l'autonomie de la convention d~arbitrage serait
une question de fond, tandis que la Compétence-Compétence serait une question de
procédure.
L'écart temporel qUi existe entre les décisions à rattacher à chacun des
pnnClpes démontre que « Compétence-Compétence» et « Autonomie» ne sont pas
totalement imbriquées. li s'agit bel et bien de deux notions distinctes. Mais comment
expliquer dès lors qu'on les rapproche si souvent?
• 174
175
R. David. note précitée 5. (spéc. nO 209).
A Dimolit~ note précitée 144.
176 A. Dimolit~ note précitée 144.
77
• overlap
L'explication tient sans doute dans cette proposition: « it is cleor that while
the IWo princip/es are closely /inked and have
»l77.
0 similar objective. they only partially
En effet, il existe bien un rapport, parfois qualifié de « direct »178, entre les
deux principes qui fait qu'ils ne peuvent pas s'ignorer totalement. Le principe
d'autonomie se situe en amont: c'est un préalable à la mise en œuvre du principe de
Compétence-Compétence. En effet, la clause compromissoire est ce qui investit les
arbitres du pouvoir d'intervenir dans un litige donné. Rendue séparable par rapport au
contrat principal, voire même autonome par rapport à toute loi étatique, son efficacité est
renforcée et permet, même dans ces hypothèses, à l'arbitre de se prononcer. Ce n'est
qu'une fois réglé le problème de la validité de la convention d'arbitrage que se pose la
question de la compétence des arbitres pour statuer sur leur propre compétence. Ainsi
• rautonomie passe en premier dans l'analyse. Mais pour nécessaire qu'elle soit, elle n'en
est pas moins insuffisante. C'est ce qu'exprime parfaitement M. Dimolitsa lorsqu'il dit :
• 177
178
Fouchard Gaillard Goldman on ImenlDüonal Commercial Arbitra/ion, note précitée 23, (spéc. nO 4(6).
A. Redfe~ M. Hunter, M. Smith, note précitée 171, (spéc. P 145).
179 A. Dimolitsa, note précitée 144.
78
• Autonomie de la clause compromissoire et Compétence-Compétence ne sont
donc pas totalement indépendantes l'une de l'autre. C~est sans doute une erreur de
confondre ces deux notions dans la mesure où elles demeurent intrinsèquement
différentes; néanmoins, le rapprochement entre elles n~est PaS superficiel. Qu'en est-il du
rapprochement parfois effectué entre le principe d~ autonomie et un autre principe
d~origine jurisprudentiel: J'extension de la clause compromissoire.
• 79
• BI Autonomie et extension de la clause
•
80
• Pourtant comme le signale Mme Blanchin 180,
• 181 Sentence C.C.I. No. 4131, Dow Chemica/ v. lsover-Saint--Gohain, 1982, Rev. arb., 1984, P 137.
182 Tribunal arbitral composé de P. Sanders, B. Goldman et M. Vasseur.
183 CA Paris, 21 octobre 1983, Dow Chemical, Rev. arb., 1984, p 98, note A. Chapelle.
81
• Déduire de la seule existence d'un groupe de sociétés l'extension de la clause
compromissoire à des membres non signataires du groupe serait sans doute une erreur.
C'est davantage l'intention des parties qui semble justifier une telle solution 184.
• l'extension à des tiers non signataires est un corollaire au principe d'autonomie entendu
dans le sens d' « efficacité propre ». Mais il n'est pas celui systématiquement retenu par
les cours 186.
• en témoigne l'affaire CCI No. 5721 187 . La jurisprudence arbitrale accepte également
l'extension de la clause à un groupe de sociétés quand son engagement dans les
négociations ou dans la mise en oeuvre du contrat laisse croire qu'il a souhaité être lié par
la clause 188. Quelques rares décisions arbitrales font même état du devoir moral du
groupe à ne pas essayer de se soustraire à ses engagements véritables de façon
artificieLle 189.
P8~~~:~ence C.C.1. No. 5103, Three european companies v. Four Tinisain companies, 1988,1.0.1., 1988,
• P 1206.
189 Sentence C.C.I. No. 8385, UScompany v. Belgiallcompany, 1995, J.D.I., 1997, P 1061.
82
•
Ces solutions ne doivent néanmoins pas être généralisées pour tous les Etats.
« Le droit suisse n'est ainsi, et de loin, pas favorable à une extension de la clause
arbitrale )}190. fi en va de même pour d'autres pays qui restent réticents à l'idée
d'impliquer des tiers dans le mécanisme arbitral 19 1.
Comme cela a été dit, les juges du fond en France ont, à plusieurs reprises,
fondé l'extension de la clause compromissoire à des tiers non signataires, concernant les
groupes de sociétés notammen~ sur le principe de validité et d'efficacité propres de la
clause. Mais il est sans doute utile de préciser que cette solution n'a pas été reprise par la
• Cour de cassation. En etfe~ celle-ci a eu l'occasion, au moins par deux fois, de consacrer
ce fondement si elle l'avait vraiment souhaité. Au lieu de quoi, elle a, à chaque fois
qu'elle a été saisie d'un pourvoi contre les arrêts de la Cour d'appel de Paris concernés,
rejeté la demande, mais pour un motif différent consistant non pas en l'efficacité propre
de la clause, mais plutôt en la ratification présumée du contrat principal contenant la
clause 192 . Comme le souligne fort justement Mme Blanchin l93 , cela revient davantage « à
lier le sort des deux actes qu'à dégager une nouvelle application du principe
d'autonomie de la clause compromissoire )).
190 l.-f. Poudret, « L'extension de la clause d'arbitrage: approches française et suisse », 1.D.L, 1995, P 893.
A.Redfern, M. Hunter, M. Smith, note précitée 171, (spéc. P 239).
•
191
ère
192 Casso lèn: civ., 25 juin 1991, Comnav, Rev. arb., 1991, P 453, note P. Mayer; Cass 1 civ., Il juin 1991,
O"i, Rev. arb., 1992, P 73, note D. Cohen.
193 C. Blanchin, note précitée l, (spéc. p 34).
83
• En effet, la Haute juridiction française décide que le tribunal arbitral est
compétent parce que, compte tenu des circonstances particulières de l'espëce, et
considérant le rôle et rattitude des non signataires, ceux-ci se sont en réalité comportés
comme s'ils avaient effectivement été parties au contrat, et, par là-même, signataires de
la clause insérée prévoyant le recours à l'arbitrage. C'est donc grâce à une forme de
solidarité avec le contrat principal, et non grâce à son autonomie, que la clause
compromissoire est étendue à des personnes non matériellement signataires.
• Mais ce point de vue est loin de faire l'unanimité. D'après l'ouvrage très
foumi sur l'arbitrage commercial international de Messieurs Fouchard, Gaillard et
Goldrnan l96 , il ne peut être dégagé aucune règle générale en matière d'extension de la
clause à des non signataires puisque cette extension dépend au contraire exclusivement
de l'intention des parties qui ne peut être déduite que des circonstances de la cause:
« We are therefore ofthe view that the Paris Court ofAppeals wrongly
• 194
195
1. Robert, note précitée 7.
P Ance1, note precitee
J .-. ... 9 .
196 Voir note précitée 23, (spéc. n° 505).
84
• principle of the arbitration agreement's 'own effectiveness and
validity' ».
• que « prise trop liltéralement laformule pou"ait aboutir à étendre les effets de la clause
compromissoire à des personnes qui n y ont pas consenti, même implicitement
justement ce qu'on vise à éviter avec le principe d'autonomie : celui-ci cherche avant tout
». Or c'est
• 197
198
Sous les arrêts: CA Paris, 30 novembre 1988 et CA Paris, 14 février 1989, Rev. arb., 1989, P 691.
C. Blanchin, note précitée 1, (spéc. p 35).
85
• compromissoire n'est pas à même de justifier rextension de celle-ci à des tiers, peut-elle
en revanche expliquer l'extension dans le temps des effets de cette même clause?
• de la sentence (a), et, d'autre part, après la fin du délai d'arbitrage (b).
• fond, force est de constater que la question ne pose pas ici problème. Les arbitres règlent
le litige, les parties peuvent s'en satisfaire ou non, et donc faire ou non appel aux
juridictions étatiques, mais quoiqu'il en soit, la clause continuera à s'appliquer pour les
litiges à venir, conformément à ce que prévoit la clause elle-même.
86
• solution qui veut que la clause compromissoire est autonome, séparable du contrat
principal qui la contient, n'est plus contestée, ni contestable, même si des hésitations
subsistent encore quant à son fondement. C'est grâce à ce principe d'autonomie ainsi
entendu que les arbitres saisis d'une demande de constat de nullité ou de caducité du
contrat de base peuvent se prononcer même si la clause qui leur donne pouvoir fait partie
du contrat en question. En d'autres termes, le tribunal arbitral peut décider de la rupture
du contrat principal, la clause d'arbitrage survivant à ce dernier et étant dès lors
applicable malgré la résolution (ou la résiliation) de la convention de fond qui la contient
Deux suites possibles sont alors envisageables. Les arbitres peuvent, d'une
part, constater la validité du contrat principal: la clause compromissoire sera alors plus
• que jamais utile pour régler les litiges à venir. Mais ils peuvent également prononcer sa
rupture, et c'est ici que se pose la question de l'extension de la clause compromissoire
après le prononcé de la décision arbitrale : la rupture du contrat principal constatée PaT
une sentence arbitrale prive-t-elle pour autant la clause d'arbitrage de ses effets pour
l'avenir?
La solution française adoptée par la Cour de cassation peut sans doute fournir
• des pistes de réflexion. Dans un arrêt du 16 juin 1993 199, la 2éme Chambre civile a rejeté le
moyen tiré de l'autonomie de la clause compromissoire et refusé ainsi l'extension, au
motif que « le prononcé de la sentence marquait l'expiration de la convention
d'arbitrage ». n est néanmoins important de préciser qu'en l'espèce le litige concernait le
paiement de prestations postérieures à la fin des relations contractuelles entre les parties.
n est donc plus que probable que tout litige ayant eu son origine avant la rupture du
contrat principal aurait été soumis à l'arbitrage, et ce, en vertu du principe d'autonomie
matérielle de la clause compromissoire. Mais ceci n'est qu'une supposition puisque la
Haute juridiction française qui a eu à se prononcer sur cette issue a soigneusement évité
de prendre parti.
• 199 Casso 2.:mc civ., 16 juin 1993, Rev. arb., 1994, P 312, note D. Cohen.
87
• C'est ce que relève très justement Mme Blanchin2°O :
• solutions. Le doute plane donc encore au-dessus de cette question de l'extension dans le
temps de la clause compromissoire après le prononcé de la sentence. Qu'en est-il de son
extension après la fin du délai d'arbitrage?
88
• A révidence, cette solution serait injuste puisqu'elle aurait pour conséquence
de faire payer aux parties le prix de la lenteur ou de la négligence du tribunal arbitral. il
semble donc falloir en conclure que la clause d'arbitrage demeure valable, même après
l'expiration du délai prévu pour le prononcé de la sentence arbitrale : en effet, « la clause
compromissoire ne s'use pas, même si l'on s'en sert ),20/. Ainsi elle dictera toujours le
mode de règlement des conflits existants ou pouvant survenir entre les parties, « il suffira
2
de la mettre à nouveau en oeuvre en reconstituant un tribunal arbitral i0 .
• décision : « le principe de l'autonomie de cette clause ne peut faire échec à la volonté des
parties telle qu'elle résulte de la convention »204. Une fois encore, autonomie et volonté
des parties sont étroitement associées en faveur d'une efficacité optimale de la clause
d'arbitrage. Les parties ont décidé d'un commun accord - la clause compromissoire - de
renoncer à saisir les juges étatiques: cette intention explicite, conjuguée au principe
d'autonomie de la clause, justifie à elle seule que la clause compromissoire survive à la
fin de l'instance arbitrale. Les effets de la clause seraient maintenus du fait même de son
• indépendance.
n semble donc que cette fois rextension de la clause dans le temps après
l'expiration du délai d'arbitrage soit à rattacher au principe d'autonomie pris dans sa
seconde signification. Ce qui est en cause ici n'est plus le problème de la séparabilité de
la clause par rapport au contrat principal qui la contient puisque rexistence et la validité
de ce dernier ne sont pas remises en cause. En revanche, il est question de la volonté
véritable, et en roccurrence affichée, des parties. Or, rautonomie entendue comme
l'indépendance de la clause à l'égard de toute loi étatique renvoie, comme il a été vu, à
Note sous l'arrêt CA Colmar, 21 septembre 1993, Rev.jur. corn., 1994, p 154.
•
201
202 C. Blanchin, note précitée 1, (spéc. p 37).
203 CA Colmar, note précitée 201 et CA Paris, note suivante 204.
204 CA Pari~ 25 juin 1991, S.A. Jellmolll Schneider, Gaz. Pal., 25 décembre 1993, somm., p 578.
89
• l'importance accordée à l' intention des cocontractants. Sans que celle-ci fonde à elle
seule la validité de principe de la clause compromissoire, elle reste néanmoins un facteur
détenninant et prépondérant dans rappréciation de son efficacité lorsqu'il s'agit de
rautonomie conçue comme autonomie « substantielle ». D'après M. Fouchard, « cette
règle de validité a pour conséquence immédiate de prolonger les efftts de la clause
compromissoire et de lui donner en quelque sorte une permanence dans le temps, qui
joue enfaveur de l'arbitrage »205.
C'est donc bel et bien au nom de la volonté des parties, exprimée à son
paroxysme dans le principe d'indépendance de la clause compromissoire, que cette
dernière doit être maintenue et étendue au-delà du délai d'arbitrage expiré: elle permettra
• en effet de désigner de nouveaux arbitres qui seront chargés de régler le litige opposant
les parties conformément à ce qu'elles avaient prévu en établissant de concert la
convention d'arbitrage.
A l'issue de cet examen sur les rapports, les liens, que le principe
d'autonomie tisse avec d'autres règles et principes, force est de constater qu'il occupe
• une place particulière dans le droit de r arbitrage international. Sans que dans chaque cas
son incidence soit toujours évidente ou même directe, ce principe apparait
indéniablement comme une pièce centrale dans le mécanisme arbitral. Il est donc temps
de s'interroger sur le positionnement du principe d'autonomie dans le droit international.
• 20S Ph. Fouchard, « l'arbitrage et les tiers ». Rev. arb., 1988, P 431.
90
• CI Positionnement du
international
principe d'autonomie dans le droit
•
91
• Bien au contraire, le second aspect de rautonomie, avec la reconnaissance
d'une règle matérielle, va tout à fait dans ce sens. La clause compromissoire est
autonome par rapport à toute loi: même si, comme il a été vu, il semble difficile
d'exclure toute référence à une loi étatique, l'idée est quand même l~ latente. Il s'agit bel
et bien, de manière globale, de rendre la clause indépendante des particularismes des
différentes législations, et donc de la soumettre à un régime à part entière. C'est d'ailleurs
robjet même de la consécration d'une règle matérielle que de simplifier la recherche de
la loi applicable en la supprimant, la méthode des conflits de loi étant écartée. n est
d'ailleurs frappant de voir apparaître assez souvent, dans les commentaires d'arrêt
mettant en œuvre cette règle matérielle, la référence à un « régime juridique propre» ou
encore un « ensemble de règles matérielles». Ainsi M. Goldman évoque « ['existence
• renforcer la clause puisque les arbitres restent compétents pour se prononcer sur leur
propre compétence, ce pouvoir pouvant aller jusqu'à leur donner une stricte priorité sur
les juridictions étatiques. Autre pièce qui vient s'ajouter au puzzle, la règle d'extension
de la clause compromissoire aux tiers non signataires qui se sont comportés comme des
contractants va là encore, dans le sens d'une spécificité concernant le régime de la clause
- et c'est d'ailleurs ici flagrant puisque cette extension contrarie le principe
d'indépendance des personnes morales, du fait de leur personnalité juridique distincte,
ainsi que celui de relativité des conventions207 .
• 206
207
B. Goldman, sous l'arrêt Gosse/, note précitée 58
Voir Partie m, B, 1°).
92
• Mais au-delà du principe d'autonomie lui-même et des autres règles qu'il
peut influencer ou justifier, la clause compromissoire dans le contexte international, et
avec elle le droit de l'arbitrage international en son entier, est, dans certains pays,
soumise à d'autres règles matérielles, dérogatoires par rapport au droit commun.
La première de ces règles qui mérite d'être mentionnée est sans doute la
capacité reconnue à l'Etat de compromettre au niveau international. Le pouvoir d'un Etat
ou de l'une de ses émanations de passer une convention d'arbitrage ne fait pas l'objet de
loi ni de partique unifonnes entre les Etats : dans de nombreux pays, aucune restriction
n'existe; à l'inverse, d'autres pays interdisent une telle pratique. La France a adopté une
« ligne moyenne »208 : l'Etat ne peut compromettre au niveau national, tandis que cette
s'appliquer également à un contrat international passé pour les besoins et dans les
conditions conformes aux usages du commerce maritime. Il fut décidé en définitive que
la prohibition n'était pas applicable à un tel contrat et que, par suite, en déclarant valable
la clause compromissoire souscrite par une personne morale de droit public, la Cour
• d'appel avait légalement justifié sa décision. La Haute juridiction française édictait ainsi
une nouvelle règle matérielle, dérogatoire du droit commun français. A noter que les
juridictions ont ensuite étendu cette solution à des entités étrangères21O • Cette règle a été
expressément consacrée par la Convention européenne de 1961 211 , ainsi que par la Loi
fédérale suisse212 • D'après Mme Blanchin, « un problème d'arbitralité 'subjective' des
litiges est ainsi réglé de manière directe et définitive »213.
211 La convention adopte une solution appréciable: les personnes morales de droit public ont le droit de
passer des conventions d'arbitrage, tandis que si l'Etat veut limiter cette possibilité d'une manière ou d'une
93
• Autre difficulté,
compromissoires par référence.
autre règle: concernant le problème des clauses
n arrive fréquemment, dans la pratique des contrats, que
la clause ne soit pas directement incluse dans le corps du contra~ mais dans une annexe
(conditions générales, contrat type). La question est alors de savoir à quelles conditions
admet-on que les parties sont liées par cette clause. naurait été naturel d'exiger un renvoi
exprès, spécifique ou général, du contrat au document qui contient la clause, et ce, afin
d'éviter toute erreur sur le consentement et de favoriser la sécurité juridique. Pourtan~
214
c'est une autre solution qu'a retenue la Cour de cassation française • A l'issue d'une
longue procédure judiciaire, la Haute juridiction saisie pour la seconde fois dans cette
affaire, a décidé qu' « en matière d'arbitrage international, la clause compromissoire par
• référence écrite à un document qui la contient [...] est valable à défaut de mention dans la
convention principale, lorsque la partie à laquelle la clause est opposée, a eu
connaissance de la teneur de ce document au moment de la conclusion du contrat et
qu'elle a, fut-ce par son silence, accepté l'incorporation au contrat ». Ainsi, d'après cette
règle matérielle, seule l'intention réelle des parties est à rechercher.
• 214 Casso 1(te cïv., 9 novembre 1993, Bomar Oif 1/, Rev. arb., 1994, P 108, note C. Kessedjian.
94
•
énoncés plus haut, le système ne serait pas complet Mais sans aller jusque l~ il convient
de souligner que toutes ces règles n~ont pas été massivement admises par les Etats. La
France a consacré ces principes à leur degré le plus achevé~ cela ne veut pas dire que tel
est le cas dans tous les pays.
• essayant de trouver les solutions les plus adaptées, celles qui favorisent en général
l'arbitrage. Cette casuistique constitue indéniablement un « obstacle de fait à
l'achèvement normatif», dans la mesure même où « certains problèmes relatifs à la
validité de la clause d'arbitrage n'ont, semble-t-il, jamais été tranchés enjw.tice »215.
Ainsi s'il existe bien plusieurs principes, plusieurs règles relatives à la clause
compromissoire, elles ne sont pas encore assez nombreuses, ni assez cohérentes entre
• 21.5
216
C. Blanchin, note précitée 1. (spéc. P 32).
C. Blanchin, note précitée 1, (spéc. p 33).
95
• Ce qui est vrai à l'échelle d'un pays se vérifie d'autant plus au niveau
international. En ce domaine, en effet, les règles matérielles dont il a été question sont
loin d'avoir reçu une approbation unanime. Certains pays refusent toujours de faire de
l'arbitrage le mode de règlement des conflits libéral que beaucoup d'autres appellent
pourtant de leurs voeux. Quant à ceux qui cherchent au contraire à favoriser l'arbitrage,
leurs positions sur ces problèmes restent divergentes dans le détail, même si leur objectif
final est bien l'efficacité maximale de la clause compromissoire. Ainsi, si la France et la
Suisse sont souvent audacieuses dans leurs solutions, les anglo-saxons sont davantage
réservés et modulent leurs décisions en fonction de cette réticence. C'est dire si la
reconnaissance d'un système spécifique à la clause compromissoire, difficile au niveau
• qui peuvent être adressées tout aussi bien aux règles matérielles consacrées pour la clause
compromissoire. D'ailleurs, il a même été proposé de voir dans les règles particulières
dégagées en matière d'arbitrage une expression de la lex mercatoria : «( Mode d'accès à
l'ordre juridique de la lex mercaloria el même, de ce point de vue, mode de création de
normes à l'intérieur de celle-ci, l'arbitrage est aussi un mode d'in~\'ertion des normes de
la lex mercatoria dans l 'ordre juridique étatique »217.
• 217 P. Lagarde, « Approche critique de la Lex Mercatoria », dans l'ouvrage: Ph. Fouchard, Ph. Kahn,
A. Lyon-Cae~ Le droit des relations économiques inJemationales : Eh/des offertes à Berthold Goldman,
Paris, Librairies tecchniques, 1982, p 125.
96
• placerait au cœur d'une fonne de régime spécifique à la clause d'arbitrage qui, bien
qu'incomplet, rassemble déjà potentiellement plusieurs règles matérielles. Qu'en est-il si
l'on sort ce principe de la sphère de l'arbitrage? Est-ce que le principe d'autonomie peut
servir de modèle et être reproduit pour d'autres clauses?
•
97
• A bien y réfléchir, un seul type de clause semble se rapprocher suffisamment
de la clause compromissoire pour pennettre une quelconque assimilation : la clause
attributive de juridiction. Cette clause, appelée aussi clause d'élection de for, est la clause
par laquelle les parties prorogent la compétence de juridictions étatiques au détriment des
juridictions étatiques nonnalement compétentes.
• d'un contrôle plus étroit de la clause attributive de juridiction. Par ailleurs, et d'un point
de vue procédural cette fois, la clause attributive de juridiction participe du
« fonctionnement du service public de la justice »219, tandis que la clause compromissoire
est au contraire du domaine de l'individuel, de la liberté des parties d'organiser de bout
en bout le déroulement de la procédure.
Les deux types de clause sont donc bien différents. Pourtant, et c'est ce qui
• 219
220
C. Blanchin, note précitée l, (spéc. p 65).
C. Blanchin, note précitée 1, (spéc. P 66).
98
• Sur ce point précis, clause compromissoire et clause attributive de juridiction
présentent des similitudes certaines : elles ont toutes deux un caractère hybride. Elles font
d'abord et avant tout partie d'un contrat, ce qui implique leur nature contractuelle. Mais,
parallèlement, elles prévoient chacune une attribution de compétence autre que celle des
juridictions étatiques normalement compétentes: dans un cas, un tribunal arbitral
indépendant des cours étatiques est désigné; dans l'autre, c ~ est un transfert de
compétence qui est exercé entre deux ou plusieurs Etats. Mais à chaque fois, il s'agit de
définir comment seront réglés les conflits dont fait l'objet le contrat. Ainsi la séparabilité
de la clause est plus qu'envisagt:able dans un cas comme dans l'autre, et l'autonomie de
la clause compromissoire pourrait parfaitement servir de modèle à la clause attributive de
juridiction.
99
• la clause des différentes causes d'invalidation qui peuvent toucher le contrat qui la
contient et écarter les interdictions internes.
100
• Il reste à dire que la doctrine est en général en faveur de la reconnaissance de
l'autonomie de la clause attributive de juridiction, au moins concernant l'autonomie par
rapport au contrat principal 223 .
lOI
• vIces. Les vices touchant au contrat ne la mettraient pas en péril, puisque le contrat
pourrait être annulé ou résilié sans que la clause devienne caduque pour autant. Comme
dans le cas de la clause compromissoire, cette solution ne peut être que souhaitée
puisque, là encore, les objets de la clause attributive de juridiction et du contrat principal
qui la contient sont bien distincts: « celle-ci ne devient réellement utile que lorsqu'une
difficulté surgit à propos de celui-là >,227.
Tous ces avantages seraient bien peu efficaces s'ils n'existaient qu'à l'échelle
d'un pays. D'où ridée de rendre la clause d'élection de for au moins Partiellement
102
•
indépendante de toute loi étatique afin de lui reconnaître une efficacité maximale,
efficacité ne pouvant être remise en cause par un droit étranger plus sévère.
•
103
•
Conclusion
•
entre ridée de « séparabilité » de la clause et celle de son « indépendance », si ce n'est
que ces deux notions s'inscrivent dans une logique favorable à l'arbitrage international en
général.
• Doit-elle bénéficier d'un régime différen~ au besoin dérogatoire? Mais toutes ces
interrogations sont loin d'être des questions d'école. Elles appellent des réponses
fondamentales pour la pérennité d'un mode de règlement des conflits qui est celui
désormais privilégié par les acteurs du commerce international. Elles s'inscrivent dans le
cadre de préoccupations pratiques et tangibles de professionnels qui s'orientent de plus
en plus vers des relations internationales et donc des litiges internationaux.
• dans ce principe la source des réponses à l'ensemble des questions que posent encore
l'arbitrage et la clause compromissoire. Les notions de Compétence-Compétence, ou
104
• d'extension de la clause compromissoire ne peuvent sans doute pas être expliquées Par ce
simple biais: l'autonomie de la volonté est peut-être plus à même de les expliciter. De
même, la mise en place d"un système autonome, propre à la clause compromissoire et
commun à tous les Etats semble davantage relever de Putopie que de la réalité.
• toute loi étatique: les développements qui y ont été consacrés ne doivent pas masquer le
fait que la méthode conflictualiste reste celle communément admise; en comparaison,
radoption d'une règle matérielle par certains Pays, et en premier lieu la France, est quasi
anecdotique.
• volonté des parties, ne peut être que source de nombreux développements. Et c'est là
toute la dialectique du sujet: le théorique renvoie au pratique et inversement.
•
105
•
Bibliollranhie
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L'autonomie de la clause compromissoire: un modèle pour la clause
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111
• • CA Paris, 25 janv. 1972, Quijano Aguero v. Marcel Laporte, Rev. arb., 1973, P 158,
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• Casso Civ., 4 juil. 1972, Hecht, 1.D.I., 1972, P 843, note B. Oppetit ; Rev. crit., 1974,
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• • Casso 2
éme
J. Normand.
civ., Il janv. 1978, Société A. Brivio, R.T.D. civ., 1978, P 921, note
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VII Y.B. Corn. Arb. 340 (1982).
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• CA Toulouse, 26 oct 1982, Behar, J.D.I., 1984, P 603, note H. Synvet
• CA Paris, 21 oct. 1983, Dow Chemical, Rev. arb., 1984, p 98, note A. Chapelle.
• • Casso 1
ère
civ., 14 déc. 1983, Epoux Converl, Rev. arb., 1984, p 483, note
M.-C. Rondeau-Rivier.
• CA Paris, 4 mars 1986, Cosiac, Rev. arb., 1987, p 167, note C. Jarrosson.
• Ashville lnvestments Ltd. V. Elmer Con/ractors Ltd, [1988] 2 Ali ER 577.
• Casso 1cre civ., 10 mai 1988, Cosiac, Rev. arb., 1988, p 639, note C. Jarrosson.
• CA Paris, 30 nov. 1988, Korsnas, Rev. arb., 1989, p 691, note P.-Y. Tschanz.
ère
• Casso 1 civ., 6 déc. 1988, Sté Navimpex, Rev. arb., 1989, p 641, note B. Goldman.
• Peoples Security Life Insurance Company v. Monumental Life Insurance Company, 867
F. 2d 809 (1989).
• CA Paris, 28 nov. 1989, Cotunav, Rev. arb., 1990, P 675, note P. Mayer.
• • CA Paris, Il janv. 1990, Orri, Rev. arb., 1992, p 95, note D. Cohen.
112
• • Casso 1ère civ., 10 juil. 1990, L. et B. Cassia, J.D.I., 1992, P 168, note E. Loquin.
• Paul Smith Ltd v. H & S International Holdings Co. Inc., [1991],2 Lloyd's Rep. 127.
• QH Tours Lld v. Ship Design & Management Pty Lld., 105 ALR 371 (1991).
• CA Paris, 26 mars 1991, Dalico, Rev. am., 1991, p 456, note H. Gaudemet-Tallon.
• Casso Iën: civ., II juin 1991, Orri, Rev. am., 1992, p 73, note D. Cohen.
• Casso lën: civ., 25 juin 1991, Colunav, Rev. am., 1991, p453, note P. Mayer.
• CA Paris, 25 juin 1991, S.A. Jeumont Schneider, Gaz. PaL, 25 déc. 1993, somm., p 578.
• CA Paris, 17 déc. 1991, Galoil, Rev. arb., 1993, p 281, note H. Synvet.
• Harbour Insurance Co. Lld V. Kansa General Inlernational Insurance Co. Lld, [1992],
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•
• Casso 1ën: civ., 3 mars 1992, Sté Sone/ex, Rev. arb., 1993, p 273, note P. Mayer; J.D.L,
1993, P 140, note B. Audit.
• Casso 2éme civ., 16 juin 1993, Rev. arb., 1994, p 312, note D. Cohen.
• CA Colmar, 21 sept. 1993, Rev.jur. Corn., 1994, p 154.
• Casso 1ën: civ., 9 nov. 1993, Romar Oilll, Rev. arb., 1994, p 108, note C. Kessedjian.
• Cass 1ëre civ., 20 déc. 1993, Dalico, Rev. arb., 1994, p 116, note H. Gaudemet-TalIon;
J.D.I., 1994, P 432, note E. Gaillard; R.T.D. corn., 1994, p 254, note J.-C. Dubarry et
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• • CA Paris, 7 déc. 1994, V 2000, Rev. arb., 1996, p 245, note C. Jarrosson.
• CA Paris, 24 mars 1995, Abdel A=i=, Rev. arb., 1996, p 259, note J.-M. Talau.
• Casso 1ère civ., 5 janv. 1999, Zan=i, Rev. arb., 1999, p 260, note Fouchard.
• Sentence No. 4131, Dow Chemica/ v. [sover-Saint-Gobain (1982), Rev. arb., 1984,
p 137.
• • Sentence No. 5103, Three European companies v. Four Tunisian companies (1988),
J.D.I., 1988, P 1208.
113
• • Sentence No. 572 t, European Company v. American and Egyptian parties
J.D.I.~ 1990~
• Sentence No.
P 1024.
5730~ El[Aquitaine v. O"i~ J.D.I.~ 1990~ P 1029~ note Y. Derains.
(1990)~
• 114
•
Table des matières
• Introduction ...............••.••••.•••.••••••.•••.•••..•...•......••.••...•....•....•................•••.••...•••.••••.•.••••••............••. P 3
• 115
•
BI Limite au principe d'autonomie: la séparabilité •••_ p 18
2°) R '
econnalssance par 1es textes conventionne
. 1set etatlques
,. .. ..
p-'-'
a) Les conventions internationales
b) Législations étatiques
• 116
•
IL- L'autonomie de la clause compromissoire par rapport à toute loi étatique ......__...._ p 37
p 48
a) Nécessité de la volonté commune des parties
b) InsujJisance de la volonté commune des parties
• 117
•
CI Reconnaissance de l'autonoBlie de rattachement ••••••••••_ p 56
• AI Autonomie et Compétence-Compétence p 68
• 118
• BI Autonomie et extension de la clause pif)
•
CI Positionnement du principe d'autonomie dans le droit international •• p 91
119