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Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 2
2 Notions d’Arithmétique 40
2.1 Divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.2 Division euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.3 Numération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.4 Algorithme d’Euclide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.4.1 Identité de Bézout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.4.2 Théorème de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.4.3 PPCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.5 Nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.5.1 Crible d’Eratosthène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.5.2 Théorème de décomposition en facteurs premiers . . . . . . . . . . . 49
2.6 Équations Diophantiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.7 Congruences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.7.1 Définition et proporiétés des congruences . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.7.2 Théorème du Fermat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.7.3 Théorème chinois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.8 Indicatrice d’Euler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3 STRUCTURES ALGEBRIQUES 60
3.1 Groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.1.1 Exemoles et contre -exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.1.2 Quelques propriétés des groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.1.3 Sous groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.1.4 Homomorphisme de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.1.5 Groupes monogènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.1.6 Groupes symétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.1.7 Théorème de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.2 Anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3.2.1 Homomorphisme d’anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.2.2 sous anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.2.3 Sous anneau engendré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.2.4 Définition et propriétés d’un idéal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.2.5 Idéal engendré par une partie. Idéal principal. Anneau principal . . . 79
3.2.6 Groupes, anneaux et relation d’équivalence compatible . . . . . . . . 81
3.2.7 Etude de Z/nZ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
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4 Les Polynômes 88
4.1 Définitions et terminologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.2 Opérations sur k[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.3 Propriétés algébriques de k[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
4.4 Arithmétique dans k[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Définition 1 On appelle proposition logique toute relation, (ou énoncé) P qui est soit vraie
soit fausse.
Exemple 1
√
– (P1 ) : 2 est un nombre rationnel,
– (P2 ) : par deux points passe une droite et une seule,
– (P3 ) : une fonction dérivable est continue.
– (P4 ) : il pleut
– (P5 ) : 3x + 2 = 2
– (P6 ) : Toute partie de N admet un plus petit élément.
Ainsi (P1 ) est fausse et (P3 ) est vraie. Les valeurs de verité de (P4 ) dépendent du contexte
et (P5 ) est une proposition qui depend de x.
1. Le fait qu’une proposition ne peut prendre que les valeurs 0 ou 1 provient d’un principe fondamental
de la logique “classique” qui est : Le principe du tiers exclu, à savoir qu’une proposition logique ne peut pas
être vraie et fausse à la fois.
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Mais ”Que dieu vous benisse” n’est pas une proposition (elle n’est ni vraie ni fausse ! c’est
juste un souhait) aussi ”Viens ! ” n’est pas non plus une proposition.
Un certain nombre de propositions sont considérées comme vérités premières, qui ne
se déduisent pas d’autres propositions vraies. Certaines d’entre elles traduisent en langage
mathématique les propriétés les plus évidentes des objets concrets auxquels on pense. On les
appelle des axiomes. Par exemple, (P2 ) est un des axiomes de la géométrie euclidienne, ainsi
que (P6 ) qui est un des axiomes pour la construction de l’ensemble N.
Les autres propositions vraies le sont par déduction des axiomes ou d’autres proposi-
tions dont la vérité est déjà démontrée. Les axiomes sont en petit nombre et possèdent une
cohérence interne, en ce sens qu’on ne peut déduire d’eux aucune proposition à la fois vraie
et fausse.
P 0 1
P 1 0
1.2.2 L’équivalence ⇔
On dit que deux propositions logiques P et Q sont équivalentes, si elles ont les mêmes
valeurs de vérité. On note : P ⇔ Q.
Sa table de vérités est donnée par :
P 0 0 1 1
Q 0 1 0 1
P ⇔Q 1 0 0 1
Il est clair que Si O, P et Q sont trois propositions logiques, alors : si O est équivalente
à P et P équivalente à Q, alors O est équivalente à Q .
En établissant les tables de vérités des propositions (P ⇔ Q) et (P ⇔ Q) , on déduit
que :
(1.1) (P ⇔ Q) ⇔ (P ⇔ Q)
De même, la table de vérités de P est la suivante :
P 0 1
P 1 0
P 0 1
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1.2.3 La conjonction ∧
Etant données deux propositions logiques P et Q, on appelle conjonction de P et Q, la
proposition logique P ∧ Q qui est vraie quand P et Q sont vraies à la fois. Sa table de vérités
est donnée par :
Q\P 0 1 P 0 0 1 1
0 0 0 ou Q 0 1 0 1
1 0 1 P ∧Q 0 0 0 1
Proposition 2 Soit P une proposition logique, alors P ∧ P est une proposition fausse.
Preuve : Pour montrer celà, il suffit de remarquer que la table de vérités de P ∧ P est
la suivante :
P 0 1
P 1 0
P ∧P 0 0
1.2.4 La disjonction ∨
Etant données deux propositions logiques P et Q, on appelle disjonction de P et Q, la
proposition logique P ∨ Q qui est vraie si l’une des propositions logiques P ou Q est vraie.
Sa table de vérités est donnée par :
Q\P 0 1 P 0 0 1 1
0 0 1 ou Q 0 1 0 1
1 1 1 P ∨Q 0 1 1 1
Proposition 3 Soit P une proposition logique, alors la proposition P ∨ P est toujours vraie.
Preuve : Pour montrer celà, il suffit de remarquer que la table de vérités de P ∨ P est
la suivante :
P 0 1
P 1 0
P ∨P 1 1
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1. P ∧ Q ⇔ P ∨ Q.
2. P ∨ Q ⇔ P ∧ Q.
Preuve : On établit la preuve de ces règles en donnant les valeurs de vérités des propo-
sitions logiques correspondantes.
P 0 0 1 1
Q 0 1 0 1
P 1 1 0 0
Q 1 0 1 0
P ∨Q 1 1 1 0
P ∧Q 1 0 0 0
P ∨Q 0 1 1 1
P ∨Q 1 0 0 0
P ∧Q 0 0 0 1
P ∧Q 1 1 1 0
On voit que les propositions logiques (P ∧ Q) et (P ∨ Q) ont les mêmes valeurs de vérité,
donc elles sont équivalentes. De même pour (P ∨ Q) et (P ∧ Q).
1.2.6 L’implication ⇒
Etant données deux propositions logiques P et Q, on note ((P ⇒ Q)), la proposition
logique qui est fausse si P est vraie et Q est fausse et vraie dans tous les autres cas.
Quand la proposition (P ⇒ Q) est vraie, on dit que la proposition P implique la propo-
sition Q.
De cette Définition, on obtient la table de vérités suivante :
Q\P 0 1 P 0 0 1 1
0 1 0 ou Q 0 1 0 1
1 1 1 P ⇒Q 1 1 0 1
3. De Morgan Auguste : Mathématicien britannique (Madurai Tamil Nadu (Inde) 1806 - Londres 1871).
Il est le fondateur avec Boole de la logique moderne.
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P 0 0 1 1
Q\P 0 1
P 1 1 0 0
0 1 0 ou
Q 0 1 0 1
1 1 1
Q∨P 1 1 0 1
1.2.7 La contraposée.
Le travail des scientifiques consiste à établir à partir de certaines données ou hypothèses
d’autres propriétés. Si on note P les données ou hypothèses qu’on a et Q les propriétés qu’on
veut établir, alors tout revient à démontrer que (P ⇒ Q) est vraie. Ce qui nous fait dire que
la tâche des mathématiques consiste en la démonstration d’implications.
Dans certaines situations, il est difficile de montrer directement l’implication (P ⇒ Q)
alors on essaye de donner une autre proposition équivalente qui pourrait être plus facile à
établir.
Proposition 5 Etant données deux propositions logiques P et Q, alors les propositions sui-
vantes sont équivalentes :
– (P ⇒ Q)
– (Q ⇒ P )
La deuxième implication est appelée Contraposée de la première implication.
Preuve : On donnera la preuve de cette équivalence de deux manières différentes.
1. En utilisant l’équivalence (1.2) on obtient :
(Q ⇒ P ) ⇔ (P ∨ Q)
⇔ (P ∨ Q)
⇔ (Q ∨ P )
⇔ (P ⇒ Q)
donc : (P ⇒ Q) ⇔ (Q ⇒ P )
2. En utilisant les valeurs de vérité des implications (P ⇒ Q) et (Q ⇒ P ), on obtient :
P 0 0 1 1
Q 0 1 0 1
P ⇒Q 1 1 0 1
Q 1 0 1 0
P 1 1 0 0
Q⇒P 1 1 0 1
1.2.8 La réciproque
Etant données P et Q deux propositions logiques, on appelle la réciroque de l’implication
(P ⇒ Q) la proposition (Q ⇒ P )
Preuve : On se limitera à la preuve des deux dernières propriétés. Les autres sont soit
trop faciles, soit se démontrent de la même facon.
7. Dans le tableau suivant, on remarque que les propositions [(O ∨ P ) ∧ Q] et [(O ∧ P ) ∨ (O ∧ Q)]
ont les mêmes valeurs de vérité.
O 0 0 0 0 1 1 1 1
P 0 0 1 1 0 0 1 1
Q 0 1 0 1 0 1 0 1
O∧Q 0 0 0 0 0 1 0 1
P ∧Q 0 0 0 1 0 0 0 1
(O ∧ Q) ∨ (P ∧ Q) 0 0 0 1 0 1 0 1
O∨P 0 0 1 1 1 1 1 1
(O ∨ P ) ∧ Q 0 0 0 1 0 1 0 1
O 0 0 0 0 1 1 1 1
P 0 0 1 1 0 0 1 1
Q 0 1 0 1 0 1 0 1
O∧P 0 0 0 0 0 0 1 1
(O ∧ P ) ∨ Q 0 1 0 1 0 1 1 1
(O ∨ Q) 0 1 0 1 1 1 1 1
(P ∨ Q) 0 1 1 1 0 1 1 1
(O ∨ Q) ∧ (P ∨ Q) 0 1 0 1 0 1 1 1
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[P ⇔ Q] ⇔ [((P ⇒ Q)) ∧ (Q ⇒ P )]
Preuve : Comme :
[((P ⇒ Q)) ∧ (Q ⇒ P )] ⇔ (Q ∨ P ) ∧ (P ∨ Q)
P 0 0 1 1
Q 0 1 0 1
P 1 1 0 0
Q 1 0 1 0
Q∨P 1 1 0 1
P ∨Q 1 0 1 1
(Q ∨ P ) ∧ (P ∨ Q) 1 0 0 1
P ∧Q 0 0 0 1
P ∧Q 1 0 0 0
(P ∧ Q) ∨ (P ∧ Q) 1 0 0 1
P ⇔Q 1 0 0 1
on déduit que
[P ⇔ Q] ⇔ [(P ⇒ Q) ∧ (Q ⇒ P )]
Pour représenter un ensemble E, on met les objets qui forment l’ensemble entre deux
accolades.
– Soit A l’ensemble des étudiants de S1 (SMIA). On ne connait pas tous ces étudiants
mais on peut bien les retrouver, donc A est un ensemble donné par compréhension.
– Soit B = {1, 3, a, y, γ, 2}. B est défini par extension, car on connait tous ses éléments.
Le cardinal de B est égal à 6 (card(B) = 6).
– Soit C = {x ∈ R /x ≥ 5} , C est un ensemble donné par compréhension.
A ⊂ B ⇔ ∀x (x ∈ A ⇒ x ∈ B)
A B ⇔ ∃x ((x ∈ A) ∧ (x ∈
/ B))
Exemple 2 Soit A = {a, b, 2}, alors P (A) = {∅, {a}, {b}, {2}, {a, b}, {a, 2}, {b, 2}, A}
4. Venn John : mathématicien et logicien britannique, (Hull 1834 - Cambridge 1923). Célèbre pour avoir
conçu ses diagrammes qu’il présenta en 1881, lesquels sont employés dans beaucoup de domaines, en théorie
des ensembles, en probabilité, en logique, en statistique et en informatique. Elu membre de la Royal Society
en 1883.
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Formellement on a :
A = B ⇔ ∀x (x ∈ A ⇔ x ∈ B)
⇔ (A ⊂ B) ∧ (B ⊂ A)
A ∩ B = {x; (x ∈ A) ∧ (x ∈ B)}.
A ∪ B = {x; (x ∈ A) ∨ (x ∈ B)}.
– (A ∩ B ⊂ A) ∧ (A ∩ B ⊂ B)
– (A ⊂ A ∪ B) ∧ (B ⊂ A ∪ B)
Si Z ∈ P (A), on note :
A = {E B ou B = {E A
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On note aussi :
A = E\B
En d’autres termes,
{E A = {x ∈ E; x ∈
/ A}
{E A = {3, l, γ, 2, `, ♣}
1. A⊂B ⇔ {E B ⊂ {E A.
2. {E ({E A) = A
3. {E (A ∩ B) = {E A ∪ {E B
4. {E (A ∪ B) = {E A ∩ {E B
Preuve :
1. On a
A⊂B ⇔ ∀x ∈ E(x ∈ A) ⇒ (x ∈ B)
⇔ ∀x ∈ E(x ∈/ B) ⇒ (x ∈
/ A) Contrapposée de l’implication
⇔ ∀x ∈ E((x ∈ {E B) ⇒ (x ∈ {E A))
⇔ {E B ⊂ {E A
donc
A ⊂ B ⇔ {E B ⊂ {E A.
2. Soit x ∈ E, alors
x ∈ {E ({E A) ⇔ x ∈ / {E A
⇔ (x ∈ {E A)
⇔ (x ∈/ A)
⇔ (x ∈ A)
donc
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 14
{E ({E A) = A
3. Soit x ∈ E, alors
x ∈ {E (A ∩ B) ⇔ x∈/ A∩B
⇔ (x ∈
/ A) ∨ (x ∈/ B)
⇔ (x ∈ {E A) ∨ (x ∈ {E B)
⇔ x ∈ ({E A ∪ {E B)
donc
{E (A ∩ B) = ({E A ∪ {E B).
4. Soit x ∈ E, Alors
x ∈ {E (A ∪ B) ⇔ x∈/ A∪B
⇔ (x6 ∈ A) ∧ (x ∈/ B)
⇔ (x ∈ {E A) ∧ (x ∈ {E B)
⇔ x ∈ ({E A ∩ {E B)
donc
{E (A ∪ B) = ({E A ∩ {E B).
Définition 7 On appelle partition d’un ensemble E, toute famille F ⊂ P (E) telle que :
∀A, B ∈ F, A ∩ B = ∅
A=E
A∈F
Proposition 11 Soit E un ensemble, alors pour toute partie A de E, F = {E A, A est
une partition de E.
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 15
F = {{a, γ}, {d, α, β}, {c, 1}, {3, `}, {b}} est une partition de l’ensemble E.
Définition 8 Soient A et B deux ensembles non vides, on note A×B l’ensemble des couples
ordonnés (x, y) tels que x ∈ A et y ∈ B. Il est appelé produit cartésien 5 des ensembles A et
B.
On convient que
0 0 0 0 0 0
∀(x, y), (x , y ) ∈ A × B, (x, y) = (x , y ) ⇔ (x = x ) ∧ (y = y ).
A× B = {(1, a), (5, a), (2, a), (1, α), (5, α), (2, α), (1, ♣), (5, ♣), (2, ♣), (1, ♥), (5, ♥), (2, ♥)}
B× A = {(a, 1), (a, 5), (a, 2), (α, 1), (α, 5), (α, 2), (♣, 1), (♣, 5), (♣, 2), (♥, 1), (♥, 5), (♥, 2)}
Remarque 2 A × B = B × A si et seulement si A = B.
5. (3) DESCARTES René : Philosophe, physicien et mathématicien français (La Haye 1596-Stockholm
1650). Il créa l’algèbre des polynômes, avec Fermat il fonda la géométrie analytique. Ennonça les propriétés
fondamentales des équations algébriques et simplifia les notations algébriques en adoptant les premières
lettres de l’alphabet pour désigner les constantes et les dernières lettres pour désigner les variables. Publia
“Le Discours de la méthode”, qui est une référence pour le raisonnement logique. Découvrit aussi les principes
(régles) de l’optique géométrique.
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 16
Exemple 7 Un premier exemple emprunté à Racine est : ‘Si Titus est jaloux, alors il est
amoureux’. En effet, s’il n’est pas amoureux, il n’a aucune raison d’être jaloux !
En effet, si le chiffre des unités de n est pair, on peut écrire n = 10q +2p soit n = 2(5q +p)
c’est-à-dire n est pair.
Attention La proposition (P ⇒ Q) ⇔ (P ⇒ Q) est fausse !. Elle peut conduire à de
nombreuses erreurs, par exemple la suivante : étant donné que tout homme est mortel,
l’équivalence précédente pourrait servir à prouver que toute vache est immortelle.
Exemple 9 Pour montrer qu’il n’existe pas de plus petit réel strictement positif, on va
supposer qu’il en existe un, noté a (donc 0 < a est tel qu’il n’existe aucun réel x tel que
0 < x < a). Or le réel a/2 est tel que 0 < a/2 < a , ce qui contredit l’hypothèse.
Exemple 10 Pour montrer que, n étant un entier, ( n impair) ⇒ (le chiffre des unités de
n est impair), on va supposer à la fois que n est impair et que le chiffre de ses unités est
pair, ce qui donne :
Proposition 12 S’il existe un entier n0 tel que P (n0 ) est vraie et si pour tout entier n,
n ≥ n0 ; P (n) entraine P (n + 1) alors pour tout entier n, n ≥ n0 ; P (n) est vraie.
n
n(n+1)(2n+1)
∀n ∈ N∗ , p2 =
P
Exemple 11 On va montrer 6
p=1
n
n(n+1)(2n+1)
p2 =
P
On note P (n) : 6
p=1
1(1+1)(2+1)
1. Pour n = 1 ; 6
= 1 = 12 d’où P (1) est vrai
2. On suppose P (n) vrai. Alors
n+1 n
p2 + (n + 1)2 = n(n+1)(2n+1)
P 2 P
p = 6
+ (n + 1)2
p=1 p=1
= (n+1)((n+1)+1)(2(n+1)+1)
6
Soit ∀n ∈ N∗ ; P (n) ⇒ P (n + 1)
d’où le résultat c-à-d :
n
n(n+1)(2n+1)
∀n ∈ N∗ , p2 =
P
6
p=1
AP = {x ∈ E; P (x)}
∀ x ∈ E, P (x)
(La virgule dans cette phrase peut être remplacée par un autre signe séparateur, couram-
ment le point-virgule ( ;) ou le trait vertical (|)).
Si on reprend la notation AP définie précédemment, on a alors :
{(∀x ∈ E, P (x))} ⇔ AP = E
– ∀x ∈ R; x2 ≥ 0
– ∀x ∈ [2; +∞[; x2 − 4 ≥ 0
– E ⊂ F s’écrit : ∀x ∈ E; x ∈ F
Preuve : En effet P (x) et Q(x) sont vraies pour tout élément de E est bien équivalent
à P (x) est vraie pour tout élément de E et Q(x) est vraie pour tout élément de E.
On peut également démontrer cette proposition avec les ensembles, en effet :
∀x ∈ E; (P (x) et Q(x)) ⇔ AP ∩ AQ = E
⇔ (AP = E et AQ = E)
⇔ ((∀a ∈ E; P (a)) et (∀b ∈ E; Q(b)))
∃x ∈ E, P (x)
qui se traduit par : ’il existe x appartenant à E tel que P (x) est vraie’.
S’il existe un unique élément x de E tel que P (x) est vraie, on écrira
∃!x ∈ E, P (x)
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 19
∃!x ∈ R+ ; x2 = 1
Proposition 15 Deux quantificateurs de même nature qui se suivent peuvent être échangés
Par exemple
∀x ∈ R; ∀y ∈ R; x2 + y 2 ≥ 0 ⇔ ∀y ∈ R; ∀x ∈ R; x2 + y 2 ≥ 0
De même
∃x ∈ R; ∃y ∈ R; x + y = 0 ⇔ ∃y ∈ R; ∃x ∈ R; x + y = 0.
Alors on a :
Exemple 12 ∀x ∈ R ; ∃y ∈ R, x + y ≥ 0 < ∃y ∈ R, ∀x ∈ R, x + y ≥ 0
En effet la proposition de gauche est vraie tandis que celle de droite est fausse !
f : E −→ F
x −→ f (x)
Formellement, une correspondance f entre deux ensembles non vides est une application
si et seulement si :
0 0 0
∀x, x ∈ E (x = x ) =⇒ (f (x) = f (x )).
∀x ∈ E, IdE (x) = x
est appelée application identité sur E.
Exemple 14 Soient E et F deux ensembles non vides et a un élément de F , alors la cor-
respondance f de E dans F définie par :
∀x ∈ E, f (x) = a
est une application dite application constante.
Définition 10 On dit que deux applications f et g sont égales si :
1. Elles ont un même ensemble de départ E et un même ensemble d’arrivée F .
2. ∀x ∈ E, f (x) = g(x).
On considère les applications suivantes :
f : R −→ R g : R −→ R+ h : R+ −→ R k : R+ −→ R+
x −→ x2 x −→ x2 x −→ x2 x −→ x2
alors :
f 6= g, car elles n’ont pas le même ensemble d’arrivée.
f 6= h, car elles n’ont pas le même ensemble de départ.
f 6= k, car elles n’ont ni le même ensemble de départ ni le même ensemble d’arrivée.
6. gof est une application car pour x, x0 ∈ E, si x = x0 alors f (x) = f (x0 ) car f est une application et
0 0
comme g est une application alors g(f (x)) = g(f (x )), donc gof (x) = gof (x ).
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 22
Ainsi, à tout élément y ∈ F , on fait associer un unique élément x ∈ E, qu’on notera g(x),
tel que f (x) = y. On définit ainsi une application
g : F −→ E
y −→ g(y) = x
Montrons que f og = IdF et gof = IdE .
1. Soit y ∈ F , alors g(y) = x, avec f (x) = y, donc
f : R\{2} −→ F
x+5
x −→ x−2
5+2y
Pour montrer que f est bijective, il reste à voir si x = y−1
∈ R\{2}.
On a :
5+2y
y−1
= 2 ⇔ 5 + 2y = 2(y − 1)
⇔ 5 = −2 ce qui est impossible
ce qui montre que 5+2y
y−1
∈ R\{2}, par suite :
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 25
5+2y
∀y ∈ R\{1}, ∃!x = y−1
∈ R\{2}; y = f (x)
donc f est bijective si F = R\{1} et l’inverse de f est :
5+2y
f −1 : R\{1} −→ R\{2}, y −→ y−1
1.7.5 Fonctions
Définition 16 On appelle fonction de E dans F , toute application f d’un sous ensemble
Df ⊂ E dans F . Df est appelé “ensemble de définition de f ”. ou “domaine de définition de
f”
Remarque 7 Toutes les notions données pour les applications peuvent être adaptées pour
les fonctions.
Définition 18 Etant donnée une relation binaire R sur l’ensemble non vide E, on dit que :
1. R est Reflexive ⇔ ∀x ∈ E (xRx),
2. R est Transitive ⇔ ∀x, y, z ∈ E [((xRy) ∧ (yRz)) ⇒ (xRz)]
3. R est Symétrique ⇔ [∀x, y ∈ E (xRy) ⇒ (yRx)]
4. R est Anti-Symétrique ⇔ [∀x, y ∈ E ((xRy) ∧ (yRx)) ⇒ (x = y)]
Proposition 20 Soit R une relation d’équivalence sur un ensemble non vide E, alors
· · · ·
∀x, y ∈ E, (y ∩ x = ∅) ∨ ((y = x)
· · · ·
Preuve : Soient x, y ∈ E, supposons que y ∩ x 6= ∅ alors il existe z ∈ y ∩ x , donc zRy
et zRx.
· ·
Montrons alors que y = x.
·
Soit u ∈ x , alors (uRx) ∧ (zRx) ∧ (zRy)
comme R est symétrique et transitive, on déduit que (uRz) ∧ (zRy) et de la transitivité
· · ·
de R on déduit que uRy, par suite u ∈ y, ce qui montre que x ⊂ y .
· ·
De la même manière, on montre que y ⊂ x , ce qui termine la preuve de la propriété.
De cette propriété on déduit que :
x ≤ y ou y ≤ x
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 29
2. On dit que ≤ est une relation d’ordre total, ou que E est totalement ordonné par ≤,
si tous les éléments de E sont deux à deux comparables. Si non, on dit que la relation ≤ est
une relation d’ordre partiel ou que E est partiellement ordonné par ≤ .
Exemple 23 Il facile de voir que la relation binaire ≤ est une relation d’ordre sur R, ce
qui peut justifier la designation d’une relation d’ordre quelconque par ≤
Exemple 24 Etant donné E un ensemble non vide, alors l’egalité est une relation d’ordre
dans E
Il est evident que Si E n’est pas un singleton, L’egalité est une relation d’ordre partiel
dans E
(A ⊂ B) ∧ (B ⊂ C) ⇒ ∀x (x ∈ A) ⇒ (x ∈ B) ∧ (x ∈ B) ⇒ (x ∈ C)
⇒ ∀x (x ∈ A) ⇒ (x ∈ C) (car ⇒ est transitive)
⇒ (A ⊂ C).
3. ⊂ est Anti-symétrique, car pour tous A, B ∈ P (A),
(A ⊂ B) ∧ (B ⊂ A) ⇔ A = B
∀A, B ∈ E, A ⊂ B
donc
∀A, B ∈ E, (A ⊂ B) ∨ (B ⊂ A)
∃A = {a}, B = {b} ∈ E; (A * B) ∧ (B * A)
donc A et B ne sont pas comparables, par suite ⊂ est une relation d’ordre partiel dans
E.
3.2.1 Plus petit, Plus grand élément
c) B n’a pas de plus petit élément, car il n’y a pas dans B un élément qui divise tous les
autres éléments de B.
d) 42 est le plus grand élément de B, car tous les éléments de B divisent 42, donc
∀n ∈ B, n|42.
V. Pour cette relation d’ordre, N∗ \{1} a-t-il un plus petit élément ?
N∗ \{1} n’a pas de plus petit élément, car pour tout n ∈ N∗ \{1} :
- Si n est pair alors il n’est pas divisible par les nombres impairs différents de 1, donc il
n’est pas plus petit que ces nombres, par suite n n’est pas le plus petit élément de N∗ \{1}.
- Si n est impair alors il n’est pas divisible par les nombres pairs, donc il n’est pas plus
petit que ces nombres, par suite n n’est pas le plus petit élément de N∗ \{1},
Ce qui montre que N∗ \{1} n’admet pas de plus petit élément par rapport à la relation
d’ordre |.
1. Le plus petit (respectivement le plus grand) élément de A, s’il existe, est un minorant
(respectivement un majorant) de A. Par contre, un minorant (respectivement un majorant)
de A peut ne pas être le plus petit (respectivement le plus grand) élément de A, car il n’est
pas nécessairement dans A.
2. Si la borne inférieure ou la borne supérieure d’un ensemble A existe, alors elle est
unique.
3. Si E est totalement ordonné par ≤, alors tout sous ensemble fini A de E admet un
plus petit élément et un plus grand élément.
(supA ≤ M 0 ) ∧ (sup B ≤ M 0 )
par suite
max{supA, supB} ≤ M 0
Exemple 29 Combien y a-t-il de carrés dont les côtés sont matérialisés sur la figure ci-
contre ?
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 34
Soit E l’ensemble de tous les carrés. Notons A1 , A2 , A3 et A4 l’ensemble de ces carrés ayant
pour côtés respectifs 1, 2, 3 et 4 carreaux. Les sous ensembles A1 , A2 , A3 et A4 constituent
une partition de E (puisqu’ils n’ont aucun élément en commun et que leur réunion est E).
D’après le principe de la somme, On a :
Card(E) = Card(A1 ) + Card(A2 ) + Card(A3 ) + Card(A4 ) = 16 + 9 + 4 + 1 = 30.
Il y a donc, au total 30 carrés dont les côtés sont matérialisés sur la figure ci-contre.
Proposition 25 Si A et B sont deux parties d’un ensemble fini E, alors :
1) Si A et B sont disjoints alors : Card(A ∪ B) = Card(A) + Card(B)
2) Card(A) = Card(E) − Card(A)
3) Card(A ∪ B) = Card(A) + Card(B) − Card(A ∩ B)
Démonstration :
1) Les ensembles A et B constituent une partition de l’ensemble A ∪ B.Donc d’après le
principe de la somme on bien le résultat.
2) Les ensembles A et A constituent une partition de l’ensemble E, donc en vertu encore
du principe de la somme on a Card(A) + Card(A) = Card(E).
3) Notons B\A l’ensemble des éléments de B qui ne sont pas dans A et A\B, l’ensemble
des éléments de A qui ne sont pas dans B.
Remarquons que B\A = B\(A ∩ B) (c’est-à-dire B\A est le complémentaire de A ∩ B
dans B), donc d’après 2) Card(B\A) = Card(B) − Card(A ∩ B). De même, Card(A\B) =
Card(A) − Card(A ∩ B). Enfin, remarquons que B\A, A \B et A ∩ B constituent une
partition de A ∪ B, donc Card(A ∪ B) = Card(B) − Card(A ∩ B) + Card(A) − Card(A ∩ B)
+Card(A ∩ B) d’où le résultat.
- E = {0; 1; 2; ...; 99}. Une 5-liste de E est par exemple (21, 12, 12, 15, 98).
- E = {a; b; c; ...; z}. Le 6-uplet (a, n, a, n, a, s) est une 6-liste de E. En pratique, et lorsque
la situation le permet, une p-liste est tout simplement notée ainsi : ananas .
Remarque 8 :
- On précise parfois p-liste ”avec répétition” pour les distinguer des arrangements qui
seront évoqués au paragraphe suivant.
- On suppose que la 0-liste existe, c’est la liste qui ne comporte aucun élément.
Soit E un ensemble de cardinal fini n. Le cardinal de l’ensemble E P des p-listes de E est
p
n .
La démonstration de ce théorème découle simplement du principe multiplicatif.
Applications :
1) Au loto sportif, on coche l’une des trois cases 1N2 pour chacun des 13 matches
sélectionnés. Dénombrer le nombre de grilles distinctes.
Il y en a autant que de 13-listes de l’ensemble {1;N; 2} soit 313 = 1594323.
2) Quel est le nombre d’applications d’un ensemble de cardinal p dans un ensemble de
cardinal n ?
Il y a np aplications. En effet, pour chacun des p éléments de l’ensemble de départ, il y
a n choix d’image dans l’ensemble d’arrivée.
Un arrangement est donc une p-liste dans laquelle il n’y a pas de répétitions.
- E = {a; b; c; ...; z}. Les listes suivantes : beau , matin , sont des arrangements de 4 et 5
éléments de E. Par contre, arrangement n’est pas un arrangement de 11 éléments de E car
ses éléments ne sont pas distincts.
- Soit E = {s; u; c; r; e}. Les anagrammes du mot sucre sont des permutations de E.
Applications :
1) Le tiercé : une course de chevaux comporte 20 partants. Combien peut-il y avoir de
résultats possibles de tiercés dans l’ordre ?
Soit E l’ensemble des numéros des chevaux. On a Card(E) = 20. Un tiercé correspond à
un arrangement de 3 éléments de E, il y en a A320 = 6840.
2) De combien de façons peut-on repartir 7 personnes sur 7 chaises ?
Désignons parp1 , p2 , ..., p7 les 7 personnes et posons E = {p1 ; p2 ; ...; p7 }. Une répartition
peut se voir comme un arrangement des 7 éléments de E c’est-à-dire une permutation de E,
il y en a 7! = 5040.
3) Apn est le nombre d’applications injectives d’un ensemble de cardinal p dans un ensemble
de cardinal n. (n
choix d’image pour le premier élément, n − 1 choix pour le second, etc..., n − p + 1 choix
pour le dernier).
Ann = n! est le nombre le nombre de bijections d’un ensemble de cardinal n sur lui même.
Apn n!
Cnp = =
p! p!(n − p)!
Les coefficients Cnp sont encore appelés coefficient binomiaux. (On verra pourquoi au
paragraphe suivant)
Démonstration : Dénombrons les arrangements de p éléments d’un ensemble fini E de
cardinal n. Un arrangement est caractérisé par :
- Le choix d’une partie de E à p éléments ( Cnp choix)
- La façon d’ordonner les p éléments de la partie choisie (p! façons)
Le principe multiplicatif donne alors Apn = Cnp × p! d’où le théorème.
Remarque 11 Bien que les coefficients Cnp soient donnés sous forme de fraction, ils sont
bien des entiers : en effet l’entier Apn = n(n − 1)...(n − p + 1) est le produit de p entiers
consécutifs. Or, dans p entiers consécutifs, on en trouve toujours un qui est divisible par p,
un autre divisible par p − 1 etc ... donc Apn est divisible par p!.
Interprétation importante
Cnp représente le nombre de façons de choisir p objets parmi n (l’ordre n’important pas).
Applications :
1) Le loto : On tire au hasard 6 boules parmi 49. Combien de tirages possibles ? C’est le
6
nombre de façons de choisir 6 objets parmi 49, soit C49 = 13983816.
2) Nombre de comités de 3 personnes que l’on peut élire dans une assemblée de 20
3
personnes : c’est C20 = 1140.
3) Tirages simultanés ou non ordonnés : une urne contient 10 boules numérotées 0, 1, ..., 10.
3
On en tire simultanément trois. Combien de tirages différents ? c’est C10 = 120.
Exemple 30 le nombre de façons de choisir 2 délégués parmi 30 élèves est égal au nombre
2 28
de façons de choisir 28 élèves non délégués parmi 30 : C30 = C30
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 38
Démonstration algébrique :
p p−1 (n−1)! (n−1)! (n−1)!(n−p) (n−1)!p n!
Cn−1 + Cn−1 = p!(n−1−p)!
+ (p−1)!(n−p)!
= p!(n−p)!
+ p!(n−p)!
= p!(n−p)!
= Cnp
n=2 1 2 1
n=3 1 3 3 1
n=4 1 4 6 4 1
n=5 1 5 10 10 5 1
n
X n
X
(a − b)n = Cnp an−p (−b)p = (a + b)n = (−1)p Cnp an−p bp
p=0 p=0
En pratique, les signes obtenus en développant cette dernière formule alternent ; par
exemple :
Il est aussi utile de savoir utiliser la formule avec des valeurs particulières de a et b :
n
- Lorsque a = b = 1 : 2n = Cnp = Cn0 + Cn1 + ... + Cnn
P
p=0
n
- Lorsque a = 1 et b = x : (1 + x)n = Cnp xp = 1 + +Cn1 x + ... + Cnn xn
P
p=0
n
Cnp (−1)p
P
- Lorsque a = 1 et b = −1 : 0 =
p=0
2) Applications
1) Nombre de parties d’un ensemble fini E de cardinal n :
Notons Ep l’ensemble des parties de E de cardinal p. Par définition, on a Card(Ep ) = Cnp .
En outre les ensembles E0 , E1 , ..., Ep , ..., En constituent une partition de l’ensemble P (E).
Donc, d’après le principe de la somme :
Card(P (E)) = Cn0 + Cn1 + ... + Cnn = 2n (formule du binôme avec a = b = 1)
En conclusion, le nombre de parties d’un ensemble de cardinal n est 2n .
Notions d’Arithmétique
Introduction
Quand vous avez appris l’addition et la multiplication, vous avez commencé par addi-
tionner et multiplier des entiers, puis des nombres décimaux, des nombres réels... et vous
avez sans doute eu la sensation que cela revenait au même : En tant qu’opérations, l’addition
des entiers ou des réels, la multiplication des entiers ou des réels se manipulent quasiment
de la même manière. Et pourtant, les entiers et les réels sont deux objets mathématiques
très différents. L’arithmétique, qui est l’étude des nombres entiers, est un chapitre à part
et réputé difficile des mathématiques, où certains problèmes d’apparence anodine peuvent
rester des siècles sans solution.
Il est donc fondamental, quand des nombres apparaissent dans un problème, de bien voir
s’il s’agit de nombres entiers ou de nombres réels, en sachant que les méthodes de résolution
n’ont rien à voir et la difficulté est tout autre. Sauf lorsque cela sera précisé, les nombres qui
interviennent dans ce chapitre sont des entiers relatifs (positifs, négatifs ou nuls), éléments
de Z.
2.1 Divisibilité
Une notion joue un rôle essentiel dans l’étude des nombres entiers, et elle est dénuée de
tout intérêt dans l’étude des nombres réels : la divisibilité.
Défintion : Un entier a est dit divisible par un entier b s’il existe un entier q tel que a =
bq.
On dit également que b divise a, ou que b est un diviseur de a, et on note b|a.
Signalons tout de suite quelques propriétés immédiates de la divisibilité :
Propriétés :
1) tout entier a ∈ Z divise 0 et est divisible par 1 et a ,
2) si a|b et b|c, alors a|c ,
3) soit m un entier non nul, alors a|b si et seulement si ma|mb ,
4) si a|b et a|c, alors a|bx + cy pour tous entiers x et y , en particulier a|b − c et a|b + c.
5) il n’existe pas d’entier strictement compris entre 0 et 1. cette proporiété est fonda-
mentale
40
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 41
Comme aplication par exemple, si b divise a et |b| > |a|, alors a = 0 , sinon, en écrivant
a = bq, le quotient |q| = |a|/|b| serait un entier strictement compris entre 0 et 1.
2.3 Numération
Depuis bien longtemps, nous écrivons les entiers en base 10 : il y a 10 symboles (0, 1, 2, ..., 9)
et chaque nombre s’écrit avec un chiffre des unités, un chiffre des dizaines, des centaines, etc.
Nous allons étudier cette façon d’écrire les entiers et la généraliser à d’autres bases.
La base 2 est utilisée au coeur des ordinateurs : il y a alors 2 symboles 0 et 1, correspondant
à deux états électriques possibles : tension nulle / non-nulle aux bornes d’un composant.
Proposition : Soit b un entier supérieur ou égal à 2. Pour tout entier naturel n, il existe
un entier k > 0 et des entiers c0 , ..., ck ∈ {0, ..., b − 1} tels que l’on ait :
Démontrons la proposition :
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 42
Définition : On dit que deux nombres entiers a et b sont premiers entre eux si leur pgcd
est 1, autrement dit si (a, b) = 1.
On dira que les nombres a1 , a2 , ..., an sont premiers deux à deux si (ai , aj ) = 1 pour i 6= j.
Remarquons que si les nombres a1 , a2 ..., an sont premiers deux à deux, alors on a (a1 , a2 , ...an) =
1. Mais la réciproque n’est pas vraie. En effet :
On a (15, 3, 5) = 1 mais 3 et 15 ne sont pas premiers entre eux car (3, 15) = 3.
L’algorithme s’arrête lorsque le reste vaut 0 et le dernier reste non nul (dans l’algorithme
ci-dessus : rn ) est le pgcd de a et b.
Preuve :
Tout d’abord l’algorithme s’arrête bien car les restes successifs verifient : 0 ≥ r1 > r2 >
r3 > ... > rn−2 > rn−1 > rn
Donc c’est une suite strictement décroissante d’entiers naturels et donc on arrive bien
après un nombre fini de divisions à un reste égal à 0.
D’autre part, d’après le lemme 1, on a :
(rn−1 , rn ) = rn .
Remarque : Puisque l’algorithme a pour objet le calcul d’un PGCD, il est possible de
se restreindre aux entiers positifs, un PGCD de deux entiers relatifs étant égal au PGCD de
leurs valeurs absolues.
Les Éléments (13 livres prodigieux dont trois consacrés à l’Arithmétique : les livres VII, VIII et IX). Cet
ouvrage est considéré comme l’un des textes fondateurs des mathématiques modernes
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 45
au + bv = d
Démonstration
Supposons a et b strictement positifs.
Reprenons l’algorithme d’Euclide pour la détermination du PGCD :
a = b × q 1 + r1 0 ≤ r1 < b
b = r1 × q2 + r2 0 ≤ r2 < r1
r1 = r1 × q2 + r2 0 ≤ r3 < r2
... ... ...
rn−4 = rn−3 × qn−2 + rn−2 0 ≤ rn−2 < rn−3
rn−3 = rn−2 × qn−1 + rn−1 0 ≤ rn−1 < rn−2
rn−2 = rn−1 × qn + rn 0 ≤ rn < rn−1
rn−1 = rn × qn+1 + 0
On va montrer par récurrence que tous les restes r1 , r2 , r3 , . . . s’écrivent sous la forme
ri = aui + bvi .
Cela est vrai pour r1 : r1 = 1.a − q1 .b
et pour r2 : r2 = b − (1.a − q1 .b)q2 = −q2 .a + (1 + q1 q2 )b.
Supposons que cela soit vrai pour un reste ri : ri = aui + bvi et aussi pour le reste
précédent ri−1 : ri−1 = aui−1 + bvi−1 .
On a alors
ri+1 = ri−1 − ri .qi+1 = (aui−1 + bvi−1 ) − (aui + bvi )qi+1
= (ui−1 − ui qi+1 )a + (vi−1 − vi qi+1 )b.
Par récurrence le résultat est prouvé pour tous les restes ri et en particulier pour le reste
rn qui est le PGCD de a et b.
On peut vérifier que le résultat reste valable même si a et b ne sont pas strictement
positifs.
Théorème de Bézout
Soient a et b deux entiers naturels non nuls. Alors a et b sont premiers entre eux si et
seulement si il existe deux entiers relatifs u et v tels que
au + bv = 1.
0
Mais u et v sont premiers entre eux : s’ils avaient un diviseur positif commun d , dd0
diviserait au et bv donc diveserait d = au + bv, ce qui n’est possible que si d0 = 1.
En choisissant, parmi les (u − bq), le reste de la division de u par b, on peut imposer
0 ≤ u < b.
Pour calculer des identités de Bezout on peut utiliser les différentes équations obtenues
dans l’algorithme d’Euclide, en commencant par l’avant dernière.
(a, b) = rn étape 0
= rn−2 − rn−1 qn étape 1
= rn−4 − rn−3 qn−2 − (rn−3 − rn−2 qn−1 )qn étape 2
..
= en fonction de rn−k , ...rn−2k étape k
= au + bv étape n
Exemple : On reprend l’ exemple avec 48 et 27
48 = 27 × 1 + 21
27 = 21 × 1 + 6
21 = 6 × 3 + 3
6=3× 2+0
Donc
3 = −3 × 6 + 21
= −3 × (27 − 21) + (48 − 27)
= −3 × (2 × 27 − 48) + 48 − 27
= −7 × 27 + 4 × 48
⇒ 27 × (−7) + 48 × 4 = 3 = (27, 48)
De ce théorème de Bézout découle en particulier le théorème de Gauss :
2.4.3 PPCM
Exemple : Les multiples strictement positifs de 24 sont 24, 48, 72, 96, 120, 144, 168, 192, 216, 240,
... Ceux de 36 sont: 36, 72, 108, 144, 180, 216, 252,. .
Donc PPCM(24; 36) = 72.
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 48
Définition : Un nombre premier est un entier supérieur ou égal à 2 qui n’est divisible
que par 1 et lui-même. Un entier qui n’est pas premier est dit composé.
Propriétés :
- 1 n’est pas premier, tous les nombres premiers sauf 2 sont impairs.
- Si n est un entier et p un nombre premier, soit p divise n, soit p est premier avec n.
En particulier, p est premier avec tous les entiers naturels strictement inférieurs à p.
- Le plus petit diviseur naturel p > 1 d’un entier n est obligatoirement premier : En effet,
s’il admettait un diviseur strictement compris entre 1 et p, celui-ci diviserait n et p et ne
serait pas le plus petit diviseur de n.
Crible d’Eratosthène 2
Pour déterminer les entiers jusqu’à une certaine borne qui sont des nombres premiers,
Eratosthène a inventé le procédé suivant, qu’on appelle crible d’Ératosthène.
On commence par écrire tous les entiers de 2 à, disons 30 :
2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30.
Le premier d’entre eux est premier, on le garde et on raye tous ses multiples. On trouve
alors
2, 3, 5, 7, 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25, 27, 29.
Le suivant non rayé, 3, n’est multiple d’aucun entier plus petit que lui, donc est premier.
On le garde et on élimine les multiples de 3. Il nous reste alors
2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 25, 29..
Ensuite, il y a 5, on fait la même chose qu’avec le 3. Il nous reste :
2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29.
Le suivant est 7, et est supérieur à la racine carrée de 30.
2. Eratosthène (IIIe av. JC) Astronome, géographe et mathématicien, nommé à la tête de la bibliothèque
d’Alexandrie, il est resté célèbre pour son crible et pour avoir le premier mesuré le méridien terrestre.
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 49
Par suite, et en vertu du lemme précédent, tous les entiers qui restent sont des nombres
premiers et la liste des nombres premiers inférieurs ou égaux à 30 est :
2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29.
Deux exercices classiques pour mettre en application le théorème de Gauss et les nombres
premiers :
Exercice : Si p est un nombre premier, Alors pour tout k strictement compris entre 0
p!
et p, le coeficient binomial Cpk = k!(p−k)! est divisible par p.
Preuve :
Rappelons que p! = 1 × 2 × ... × p, avec 0! = 1! = 1. Les Cpk forment le triangle de
k
Pascal et la relation Cp+1 = Cpk + Cpk−1 permet de prouver qu’ils sont tous des entiers.
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 50
Démonstration : Evidente
Exemple : 12936 = 23 × 31 × 72 × 111 × 130 et 3276 = 22 × 32 × 71 × 110 × 131 .
Le PGCD de 12936 et 3276 est donc 84 = 22 × 31 × 71 × 110 × 130 .
Le PPCM de 12936 et 3276 est donc 504504 = 23 × 32 × 72 × 111 × 131 .
Application : En multipliant mon jour de naissance par 12 et mon mois de naissance par
31, j’obtiens 442.
Quelle est ma date de naissance ? (On ne demande pas l’année)
Notons J et M mon jour et mon mois de naissance respectivement.
On a donc : 12J + 31M = 442
Comme 12 ∧ 31 = 1, l’équation admet des solutions. (Donc je suis bien né !)
On recherche une solution particulière en appliquant l’algorithme d’Euclide-Bézout :
31 = 2 ∗ 12 + 7
12 = 1 ∗ 7 + 5
7=1∗5+2
5=2∗2+1
2=2∗1+0
Puis, on exprime le pgcd en fonction des restes précédents :
1=5−2∗2
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 52
1 = 5 − 2 ∗ (7 − 5) = −2 ∗ 7 + 3 ∗ 5
1 = −2 ∗ 7 + 3 ∗ (12 − 7) = 3 ∗ 12 − 5 ∗ 7
1 = 3 ∗ 12 − 5 ∗ (31 − 2 ∗ 12) = −5 ∗ 31 + 13 ∗ 12
Finalement, un couple (u, v) possible est (−5, 13).
On a donc : −5 ∗ 31 + 13 ∗ 12 = 1
En multipliant par 442 : −2210 ∗ 31 + 5746 ∗ 12 = 442
Donc le couple (J0 , M0 ) = (5742, −2210) est une solution particulière de l’équation 12J +
31M = 442.
On recherche maintenant l’ensemble de toutes les solutions. Soit (J, M ) une solution
quelconque.
12J + 31M = 442
5746 ∗ 12 − 2210 ∗ 31 = 442
Par différence, il vient : 12(J − 5746) + 31(M + 2210) = 0
En conséquence : 31|12(J − 5746)
Et comme 12 ∧ 31 = 1, on a, d’après le théorème de Gauss :
31|J − 5746
Donc : ∃k ∈ Z, J = 31k + 5746
Or, évidemment J ∈ [1, 31] : 1 ≤ 31k + 5746 ≤ 31
−5745 ≤ 31k ≤ −5715
k = −185
J = 11
On en déduit : M = 10
Je suis donc né un 11 octobre.
2.7 Congruences
a ≡ b (mod n) ⇔ n|(a − b)
Il s’agit bien là d’une relation d’équivalence : En effet on a vu dans le chapitre précédent
que :
• a ≡ a (mod n) ,
• si a ≡ b (mod n), alors b ≡ a (mod n) ,
• si a ≡ b (mod n) et b ≡ c (mod n), alors a ≡ c (mod n).
et que :
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 53
·
x = {x, x + kn, k ∈ Z },
L’ensemble quotient (ensemble de toutes les classes d’équivalence) est noté Z/nZ
Exemple :
1. 13 ≡ 8 (mod 5) car, 13 − 8 = 1 × 5
2. 115 ≡ 11 (mod 13) car, 115 − 11 = 104 = 8 × 13
3. 967 ≡ 16420 (mod 17) car 967 − 16420 = −(909) × 17
4. 35 ≡ −3 ≡ 11 (mod 2).
Preuve :
1. Supposons que x ≡ y (mod n) alors x − y = kn où k ∈ Z
La division par n donne : x = an + r et y = bn + r0 où r et r0 sont tels que 0 ≤ r ≤ n − 1
et 0 ≤ r0 ≤ n − 1
Donc, x − y = (a − b)n + (r − r0 ), où on aura −(n − 1) ≤ r − r0 ≤ (n − 1) ,
x − y étant un multiple de n, la seule possibilité pour r − r0 est d’être nul , donc : r = r0
2. Supposons que x et y ont même reste dans la division par n
Alors, x = an + r , et y = bn + r , avec 0 ≤ r ≤ n − 1 donc, x − y = (an + r) − (bn + r) =
n(a − b) ,
ce qui montre que x ≡ y (mod n).
Corrollaire : . Soit n un entier > 1. Alors tout nombre entier a est congru modulo n à
un et un seul entier r de l’ensemble {0, 1, 2, ..., n − 1}.
De plus, cet entier r est exactement le reste de la division de a par n.
En d’autres termes, si 0 ≤ r < n, alors
Proposition : On note Z/nZ l’ensemble des classes d’équivalence, alors, Z/nZ est un
ensemble de nn classes qui sont,
o en fait, tous les restes dans la division euclidienne par n.
· · · ·
Z/nZ = 0, 1, 2, ..., n − 1 = {kZ, 1 + kZ, ..., (k − 1) + kZ}
Démonstration :
D’après le corrollaire précedent, tout x ∈ Z est congru, modulo n à un reste dans la
division par n.
Comme iln y a n restes, qui
· · · o sont 0, 1, 2, ...., n − 1. Il y a donc n classes et on a :
·
Z/nZ = 0, 1, 2, ..., n − 1 = {kZ, 1 + kZ, ..., (k − 1) + kZ}
Exemple
n: · · · o · ·
Z/5Z = 0, 1, 2, 3, .4 = {kZ, 1 + kZ, 2 + kZ, 3 + kZ, 4 + kZ} .
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 54
Changement de modulus :
Jusqu’ici, nous avons vu des propriétés des congruences faisant intervenir un seul modu-
lus. Nous allons maintenant étudier le comportement de la relation de congruence lors d’un
changement de modulus.
Théorème :
(i) Si a ≡ b (mod n) et d divise n, alors a ≡ b (mod d).
(ii) Si a ≡ b (mod r) et a ≡ b (mod s) alors a ≡ b (mod m). où m est le ppcm de r et de
s.
Démonstration :
Le point (i) est évident.
Pour (ii). Par hypothèse, b − a est un multiple de r et de s. Donc, b − a est un multiple
du ppcm de r et s ce qui démontre (ii).
Exemple:
le système d’équation :
x ≡ 1(mod 2)
x ≡ 2(mod 7)
x ≡ 17(mod 33)
est équivalent à x ≡ 149(mod 462).
En effet, on a :
A = 2 × 7 × 33 = 462
a1 = 2 q1 = 231 116 × 2 − 1 × 231 = 1
a2 = 7 q2 = 66 19 × 7 − 2 × 66 = 1
a3 = 33 q3 = 14 3 × 33 − 7 × 14 = 1
donc :
0
B = 1 × (−1 × 231) + 2 × (−2 × 66) + 17 × (−7 × 14)
= −2161
= (−10 × 231) + 149
ce qui entraı̂ne B = 149.
Exercice : Montrer que quel que soit l’entier n strictement positif, (aussi grand que soit
n), on peut trouver n entiers strictement positifs consécutifs dont aucun n’est premier.
Solution :
cet exercice prouve que la distance de deux nombres premiers consécutifs peut être aussi
grande que l’on veut.
Cette distance de deux nombres premiers consécutifs pk et pk+1 pose d’ailleurs bien des
problèmes fort diffciles : il est vraisemblable qu’il existe une infinité de nombres premiers pk
tels que pk+1 − pk = 2 (nombres premiers jumeaux), et dans l’autre sens, il est vraisemblable
que cette différence pk+1 − pk est majorée.
Toujours est-il que pk+1 − pk n’est pas majoré par une constante, c’est l’objet du présent
exercice :
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 57
...
ϕ(p) = p − 1 pour tout nombre premier p.
ϕ(mn) = ϕ(m).ϕ(n) :
entiers naturels < pk qui sont premiers avec pk d’où la valeur de ϕ(pk ).
Les deux théorèmes précédents permettent de calculer ϕ(n) pour n’importe quel entier
n en le factorisant en produit de facteurs premiers. Si
Exemple : On a :
ϕ(12) = ϕ(22 ) × ϕ(3) = 2 × 2 = 4
ϕ(60) = ϕ(5) × ϕ(12) = 4 × 4 = 16
ϕ(128) = ϕ(27 ) = 26 = 64
ϕ(81) = ϕ(34 ) = 2 × 33 = 54
ϕ(1000) = ϕ(23) × ϕ(53) = 22 × 4 × 52 = 400
Cela fait près de 2500 ans que les hommes s’intéressent aux nombres premiers , qui
a toujours été et qui reste un bel exemple de la beauté, de la richesse et de la vie des
mathématiques. Et ces nombres fascinants n’ont pas encore fini de nous révéler leurs mystères.
A partir d’une notion très simple : “ un nombre est premier s’il n’admet que 2 diviseurs
distincts : 1 et lui-même.
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 59
Les questions les plus simples mais aux réponses très compliquées se sont multipliées.
Euclide, 400 ans avant JC, avait posé et résolu le premier problème : “ Y a-t-il une infinité
de nombres premiers ? ”.
La démonstration ci dessus qu’il en a fait est non seulement un des premiers exemples
de “ preuve mathématique ”, mais aussi une belle démonstration par sa simplicité.
Deux siècles après Euclide, Eratosthène s’attaque au délicat problème de construction
d’une liste de nombres premiers (voir ci-dessus). L’observation d’une liste de nombres pre-
miers est riche en questionnements,.
La raréfaction des nombres premiers est quant à elle mieux comprise aujourd’hui. Dès
1798, en examinant les tables étendues obtenues par lui même et par d’autres, Gauss avait
émis l’hypothèse que la fonction ϕ(n) , la fonction d’Euler, est, pour les grandes valeurs de
n, approximativement égale à n/ln(n).
Plus précisement :
log(n)
lim ϕ(n) =1
n→+∞ n
Au siècle suivant, de nombreux mathématiciens ont essayé de démontrer la conjecture de
Gauss, dont la démonstration fut établie la même année 1896 à quelques mois d’intervalle par
Charles-Jean de la Vallée Poussin et Jacques Hadamard, et connu sous le nom du théorème
de raréfaction des nombres premiers.
Il reste cependant dans l’univers de la répartition des nombres premiers beaucoup d’in-
certitudes et de questionnements. Si on a établi une loi de comportement asymptotique de
cette répartition, on ignore encore toute la logique de la répartition des nombres premiers.
Enfin, si l’étude mathématique des nombres premiers est aussi importante, c’est aussi car
les applications de cette théorie sont extrêmement riches dans d’autres domaines scientifiques,
en particulier dans le domaine de l’informatique où les critères de primalité d’un nombre, les
algorithmes de factorisation sont très largement utilisés dans le domaine de la cryptographie
en particulier.
STRUCTURES ALGEBRIQUES
Définition 29 Soit E un ensemble. Une loi de composition interne sur E est une application
de E × E dans E.N
Notation
T : E×E →E
(x, y) 7→ T (x, y) = xT y
Exemples :
L’addition dans N est une loi de compostion interne
La multiplication dans R est une loi de compostion interne
Par contre la soustraction n’est pas une loi de compostion interne dans N
On peut aussi définir une loi de composition interne par un tableau. Par exemple, T :
{a, b, c} → {a, b, c} définie par :
T a b c
a c a c
b b a c
c b c a
Définition 30 On appelle magma tout ensemble muni d’une loi de composition interne.
Exemple 32 (N, +), (Z, +), (Q, +), (R, +), (C, +), (N, ×), (Z, ×), (Q, ×),
60
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 61
3.1 Groupes
frametitleGroupes
Définition 31 Un magma (G, ∗) est un groupe si il vérifie les trois conditions suivantes :
i) La loi ∗ est associative c’est-à-dire : ∀x, y, z ∈ G, x ∗ (y ∗ z) = (x ∗ y) ∗ z.
ii) La loi ∗ admet un élément neutre c’est-à-dire : ∃e ∈ G/ ∀x ∈ G, x ∗ e = e ∗ x = x
iii) Tout élément admet un symétrique c’est-à-dire : ∀x ∈ G ∃x0 ∈ G/ x ∗ x0 = x0 ∗ x = e
Si, de plus, la loi ∗ est commutative, on dit que le groupe est commutatif ou abélien.
+ 0 1
0 0 1
1 1 0
– Soit E un ensemble et soit S(E) l’ensemble des bijections de E sur E, soit ◦ la loi
définie par la composition de deux bijections. On vérifie facilement que (S(E), ◦) est
un groupe, et qu’il est non abélien si E a au moins trois éléments. En particulier pour
n ∈ N∗ , soit E = {1, 2, ....n}. Alors S(E) est noté Sn . Sn est un groupe de cardinal n!.
On l’appelle le groupe des permutations sur n éléments ou groupe symétrique.
Les magmas suivants ne sont pas des groupes :
– (Z, ×) où × est la multiplication usuelle.
– (IR, ×) où × est la multiplication usuelle.
Remarques :
– Lorsque la loi est notée + et (G, +) un groupe, on parle d’opposé à la place de
symétrique et on note
x + (−x) = (−x) + x = e = 0G
Par convention 0G .x = 0G , 1.x = x, n.x = x + x + ... + x (n fois) et (−n)x = −(n.x).
– Lorsque la loi est notée ×, on parle d’inverse à la place de symétrique et on note
x × x−1 = x−1 × x = e = 1G .
Preuve :
0
1. Soit e ∈ G un autre élément neutre. Puisque e est un élément neutre , on a
0 0 0
e ∗ e = e ∗ e = e0 . De même, puisque e est un élément neutre , on a
0 0 0
e ∗ e = e ∗ e = e et par conséquent e = e.
2. Soient x0 et x” deux éléments symétriques de x.
Donc x” ∗ x = e On a alors x” ∗ x ∗ x0 = e ∗ x0 = x0
Mais on a aussi x ∗ x0 = e donc x” ∗ x ∗ x0 = x” ∗ e = x00
Par conséquent x” = x0 .
3. On a x ∗ x0 = x0 ∗ x = e donc x est l’inverse de x0 ; d’apès 2. on a x = (x0 )0 .
Remarque :
– Si une loi ∗ est commutative, alors pour vérifier qu’un élément e est l’élément neutre,
il suffit de vérifier que, ∀x ∈ G, on a x ∗ e = x (ou e ∗ x = x). L’autre relation
étant obtenue par la commutativité. De même, pour vérifier qu’un élément x0 est le
symétrique de x, il suffit que l’on ait soit x ∗ x0 = e soit x0 ∗ x = e
– Si (G, ∗) est juste un magma, on a :
a = b ⇒ a ∗ c = b ∗ c et a = b ⇒ c ∗ a = c ∗ b
a ∗ c = b ∗ c ⇒ (a ∗ c) ∗ c0 = (b ∗ c) ∗ c0 o c0 est le symtrique de c
⇒ a ∗ (c ∗ c0 ) = b ∗ (c ∗ c0 ) car ∗ est associative
⇒ a=b
De même :
c∗a=c∗b ⇒ a=b
Démonstration :
(a ∗ b)−1 est par définition l’unique élément de G qui vérifie
(a ∗ b)−1 ∗ (a ∗ b) = (a ∗ b) ∗ (a ∗ b)−1 = e
Or
(b−1 ∗ a−1 ) ∗ (a ∗ b) = b−1 ∗ (a−1 ∗ a) ∗ b = b−1 ∗ e ∗ b = b−1 ∗ b = e
et
(a ∗ b) ∗ (b−1 ∗ a−1 ) = a ∗ (b ∗ b−1 ) ∗ a−1 = a ∗ e ∗ a−1 = a ∗ a−1 = e
Donc (a ∗ b)−1 = b−1 ∗ a−1
Remarque :
Dans le cadre de lois non commutatives, les définitions d’élément neutre, de symétrique,
d’élément simplifiable (et autres) peuvent être données en séparant les cas à gauche et à
droite.
Par exemple : a ∗ c = b ∗ c ⇔ a = b signifie que c est simplifiable à droite.
– Si n et p strictement negatifs :
xn ∗ xp = ((x−1 ) ∗ (x−1 ) ∗ ... ∗ (x−1 )) ∗ ((x−1 ) ∗ (x−1 ) ∗ .. ∗ (x−1 ))
| {z } | {z }
|n| fois |p| fois
– Si n positif et p négatif :
– Si n = −p
xn ∗ xp = (x ∗ x ∗ ... ∗ x) ∗ ((x−1 ) ∗ (x−1 ) ∗ .. ∗ (x−1 )) = e = 1G = x0
| {z } | {z }
n fois n fois
– Si |p| > n
xn ∗ xp = (x ∗ x ∗ ... ∗ x) ∗ ((x−1 ) ∗ (x−1 ) ∗ .. ∗ (x−1 ))
| {z } | {z }
n fois p fois
– Si |p| < n
Exemples
– Si G est un groupe, G et {e} sont des sous-groupes de G. On les appelle les sous-groupes
”triviaux”.
– T = {z ∈ C tel que |z| = 1} est un sous-groupe de (C∗ , ×)
– Les inclusions Z ⊂ Q ⊂ R ⊂ C sont des inclusions de sous-groupes pour l’addition et
{−1, 1} ⊂ Q∗ ⊂ R∗ ⊂ C∗ sont des sous-groupes pour la multiplication
– (R∗+ , ×) est un sous-groupe de (R∗ , ×) mais Attention, (R∗− , ×) n’est pas un sous-
groupe de (R∗ , ×) car (−2) × (−3) ∈ / R∗−
– Soit n ∈ N∗ ; posons nZ := {kn, k ∈ Z} . Alors (nZ, +) est un sous groupe de (Z, +).
– Démonstration
(1) ⇒ (2) évident
(2) ⇒ (3) évident
(3) ⇒ (1) En effet
– Associativité : elle découle de celle de G.
– Elément neutre : ∀x ∈ H x.x−1 ∈ H ⇒ e ∈ H
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 65
1. H est un sous-groupe de G.
2. H 6= ∅, ∀x, y ∈ H, x + y ∈ H et ∀x ∈ H, −x ∈ H
3. H 6= ∅, ∀x, y ∈ H x − y ∈ H.
Exemples
f : (R, +) → (R∗ , ×)
x 7→ ex
g : (R∗ , ×) → (R, +)
x 7→ ln |x|
h : (C∗ , ×) → (C∗ , ×)
z 7→ z
Remarques
Un homomorphisme d’un ensemble dans lui-même est appelé un endomorphisme.
Un homomorphisme bijectif est appelé un isomorphisme.
Un endomorphisme bijectif est appelé un automorphisme.
Proposition 36 Soient (G, ⊥) et (G0 , >) deux groupes d’éléments neutres respectif e et e0 .
Soit f un homomorphisme de groupe de G vers G0 . Alors :
1. f (e) = e0
2. ∀x ∈ G, f (x−1 ) = [f (x)]−1 .
3. ∀x ∈ G, ∀n ∈ Z f (xn ) = [f (x)]n .
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 66
Preuve :
1. f (x) = f (x ∗ e) = f (x)>f (e) = f (e ∗ x) = f (e)>f (x) C’est-à-dire f (e) = e0 à cause de
l’unicité de l’élément neutre.
2. e0 = f (x ∗ x−1 ) = f (x)>f (x−1 ) = f (x−1 ∗ x) = f (x−1 )>f (x) C’est-à-dire f (x−1 ) =
[f (x)]−1 à cause de l’unicité du symétrique.
3.
1ère étape : si n ≥ 0, on utilise une démonstration par récurrence :
- c’est vrai au rang 0 : par convention x0 = e
- on suppose vrai au rang n
−f (xn+1 ) = f (xn ∗ x) = f (xn )>f (x) = [f (x)]n >f (x) = [f (x)]n+1
2ème étape : si n < 0
−f (xn ) = f ((x−1 )−n ) = [f (x−1 ))]−n = [f (x)]n
Remarque
En notation additive, cela donne :
1. – ∀x ∈ G, f (−x) = −f (x).
– ∀x ∈ G, ∀n ∈ Z f (nx) = nf (x).
Définition 33 Soit (G1 , ∗1 ) un groupe d’élément neutre e1 et soit (G2 , ∗2 ) un groupe d’élément
neutre e2 . Soit f un morphisme de groupe de G1 vers G2 . On appelle image de f et on note
Im f l’ensemble image de f c’est-à-dire :
Kerf = {x ∈ G1 /f (x) = e1 }.
Exemples :
Kerf = 2Z
f : (R, +) → (R∗ , ×)
x 7→ exp x
Imf = R∗+
Preuve :
f (H1 ) sous-groupe de G2 En effet :
e1 ∈ H1 donc f (e1 ) = e2 ∈ f (H1 ) Donc f (H1 ) 6= ∅.
Soient b1 et b2 deux éléments de f (H1 ).
f (a1 ∗1 a−1 −1
2 ) = f (a1 ) ∗2 f (a2 ) = f (a1 ) ∗2 (f (a2 ))
−1
= b1 ∗2 (b2 )−1
Or b1 ∗2 (b2 )−1 ∈ H2 car H2 est un sous-groupe de G2 , Donc a1 ∗1 a−1 2 ∈ f
−1
(H2 ).
Sous-groupes engendrés
frametitleSous-groupes engendrés
Proposition 39 Soit {Hi }i∈I une famille quelconque (c’est-à-dire I quelconque) de sous-
groupes d’un groupe G. Alors leur intersection est encore un sous-groupe de G.
Preuve : On vérifie sans problème les deux assertions qui caractérisent un sous groupe.
Définition 34 On dit qu’un groupe (G; ∗) est monogène si il est engendré par un singleton
{a} et a est dit générateur de G. Un groupe monogène fini est dit un groupe cyclique.
Gr(a) = ak ; k ∈ Z
où
a ∗ a... ∗ a
si k > 0
k fois
−1 −1 −1
k
a = a ∗ a ... ∗ a si k < 0
|k| fois
e si k = 0
Preuve : La partie ak ; k ∈ Z est un sous groupe contenant a et donc contient Gr(a)
et
ktout sous
groupe de G contenant a contient
k a−1 et est stable pour ∗ donc contient
a ; k ∈ Z . En particulier Gr(a) contient a ; k ∈ Z
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 69
Définition 35 Un sous groupe d’ordre fini est un sous groupe ayant un nombre fini d’élément
et on appelle ordre d’un groupe le cardinal de ce groupe. Un élément a est dit d’ordre fini s’il
existe un entier k tel que ak = e et on appelle ordre de a le plus petit entier n ≥ 1 tel que
an = e.
Remarque : Si a 6= e est d’ordre fini, l’ensemble {n ∈ N / an = e} est non vide et l’ordre
de a est le plus petit élément de {n ∈ N / an = e}
Remarque : Un groupe monogène est toujours commutatif.
On suppose dans cette partie que G est un groupe fini.
Proposition 43 Tout sous-groupe H de (Z, +) est de la forme H =< n > où n est un
entier positif.
Définition 36 Les bijections d’un ensemble E sur lui-même sont appelées permutations ou
substitutions de E, et sont notées S(E).
Pour En = {1, 2, ..., n} , on note Sn = S(En ).
Remarque : On peut omettre d’écrire les points fixes, c-à-d. les k tels que s(k) = k. Il
faut alors préciser la valeur de n, surtout si n est un point fixe.
Exemple : Dans S5 ,
1 2 3 4 5 1 2 4
=
4 1 3 2 5 4 1 2
Remarque : On pourrait remplacer ”exactement” par ”au plus”, ainsi l’application iden-
tité serait également un cycle, de longueur 1 par définition (voir plus bas) ; mais elle n’a bien
sûr aucune orbite non-triviale.
Exemple : Soit s ∈ S6 définie par :
1 2 3 4 5 6
s=
2 4 3 6 5 1
O(1) = {1, 2, 4, 6} , O(3) = {3} , O(5) = {5} .
C’est donc un cycle, de support O(1) et de longueur 4.
Notation : Soit s un cycle de Sn de longueur l. Soit i un élément du support de s. Alors
s se note (i s(i) s2 (i)...sl−1 (i)).
C’est-à-dire, on écrit entre parenthèses les éléments de l’orbite dans l’ordre qu’on les
obtient, en commençant avec l’un quelconque d’entre eux, et en appliquant l − 1 fois la
permutation, afin de parcourir l’ensemble de l’orbite.
Exemple : Dans l’exemple précédent, s se note
s = (1 2 4 6)
Il est évident que la longueur l d’un l-cycle s est égale à l’ordre |s| de cet élément du
groupe Sn : toute puissance inférieure du cycle est différente de l’application identité (sur les
éléments de son support), mais lorsque la puissance est égale à la longueur, on obtient bien
l’application identité, élément neutre de Sn . (C’est donc compatible avec la convention que
idE est un 1–cycle).
Plus généralement, on a l’importante proposition :
Proposition 45 Tout élément s de Sn s’écrit de façon unique (à l’ordre des facteurs près)
comme produit de cycles disjoints (c-à-d. à supports disjoints). Ces cycles commutent entre
eux et le ppcm des longueurs de ces derniers est égal à l’ordre de la permutation.
Remarque : Ici il faut bien sûr faire abstraction des 1–cycles, sinon il n’y a pas d’unicité,
car on peut toujours composer par idE un nombre arbitraire de fois. L’identité elle-même
s’écrit comme un produit vide, par définition égal à l’élément neutre du groupe.
Cependant, il arrive qu’on rajoute dans cette écriture les points fixes x∗ sous forme de
1–cycles (x∗ ) à la fin du produit, pour mettre en évidence ces points fixes et en même temps
l’ensemble de toutes les orbites.
Exemple : Dans S8 ,
1 2 3 4 5 6 7 8
s= = (1 4 3 7)(2 8) = (2 8)(1 4 3 7)
4 8 7 3 5 6 1 2
Définition 39 On appelle transposition tout 2–cycle, c-à-d. toute permutation qui échange
deux éléments i et j 6= i en laissant fixe chacun des n − 2 autres ; on la note aussi τij ,
1 2 ... i ... j ... n
τij = (ij) =
1 2 ... j ... i ... n
Exemple : Dans S4 ,
1 2 3 4
s= = (2 4) est la transposition τ24 .
1 4 3 2
s = (1 3 6)(2 10 9 8 5)(4)(7)
On applique ensuite le Lemme pour décomposer chacun des cycles en produit de trans-
positions :
Exemple :
a) ε(Id) = (−1)1−1 = 1.
b) Soit τ une transposition de Sn ; alors ε(τ )= (−1)n−(n−1) = −1.
c) Soit s un cycle de longueur l ; alors ε(s)= (−1)n−(n−l+1) = (−1)l−1 .
Exemple : (Suite de l’exercice précédent.)
Trouver la signature de s, permutation de S10 définie par :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
s=
3 10 6 4 2 1 7 5 8 9
Proposition 50 ∀x ∈ G xcardG = e
3.2 Anneaux
frametitleAnneaux
+ 0 1 x 0 1
0 0 1 et 0 0 0
1 1 0 1 0 1
Proposition 51 Soit (A, +, ×) un anneau unifère. L’ensemble u(A) des unités est un groupe
pour la loi × de A (loi induite).
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 76
Démonstration
– Stabilité : évident ∀x, y ∈ u(A) (xy −1 )(yx−1 ) = 1
– Associativité : évident × est associative
– Elément neutre : évident 1.1 = 1
– Elément symétrique : évident par définition de u(A)
Exemple
– (R, +, ×) est un anneau dont les éléments inversibles sont les réels non nuls donc (R∗ , ×)
est un groupe.
– (Z, +, ×) est un anneau dont les éléments inversibles sont −1 et 1 donc ({−1; 1}, ×)
est un groupe.
– Définition 45 On dit qu’un anneau non nul est intègre si et seulement si il ne possède
pas de diviseur de zéro.
c-à-d ab = 0 ⇒ a = 0 ou b = 0
Exemples
(C, +, ×) est un anneau intègre .
(Z, +, ×) est un anneau intègre.
et
∀x, y ∈ A, f (x × y) = f (x) × f (y)
Exemple
f : (C, +, ×) → (C, +, ×)
z 7→ z
Remarque
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 77
f : A → A0
x 7→ 0
f est bien un morphisme d’anneaux et on a f (1) = 0.
Soient A et B deux anneaux.
i: A →A×B
x 7→ (x, 0)
i est bien un morphisme d’anneaux et on a i(1) = (1, 0) 6= (1, 1)
Si A et A0 sont unifères et que l’on a f (1) = 1, on dit que f est unitaire.
Définition 47 Soit (A, +, ×) un anneau. On dit qu’une partie B de A est un sous anneau
de A si et seulement si :
(i) (B, +) est un sous-groupe de A.
(ii) B est stable pour la loi × c’est-à-dire ∀x, y ∈ B, x × y ∈ B
Exemples
(Z, +, ×) est un sous anneau de (R, +, ×).
(2Z, +, ×) est un sous anneau de (Z, +, ×).
Remarques
- Soit (A, +, ×) un anneau et B un sous anneau de A.
- A unifère 6⇒ B unifère. Par exemple, {0A } est un sous anneau de tout anneau unifère.
- (2Z, +, ×) est un sous anneau de Z mais ne possède pas d’élément neutre pour la
multiplication.
Définition 48 On dit qu’un sous anneau B d’un anneau A est unitaire s’il possède le même
élément unité que A.
Proposition 52 Soit (A, +, ×) un anneau. SoitT(Bi )i∈I une famille non vide de sous an-
neaux (resp. sous anneaux unitaires) de A. Alors Bi est un sous anneau (resp. sous anneau
i∈I
unitaire) de A.
– Démonstration T
– ∀i ∈ I, Bi est un sous-groupe de A donc Bi est un sous-groupe de A.
i∈I
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 78
Définition 49 Soit (A, +, ×) un anneau et soit I une partie de A. On dit que I est un idéal
de A si et seulement si
(i) (I, +) est un sous-groupe de A.
(ii) ∀x ∈ I, ∀a ∈ A, a × x ∈ I.
Exemples
(2Z, +, ×) est un idéal de (Z, +, ×)
De façon plus général (pZ, +, ×) est un idéal de (Z, +, ×) pour tout p ∈ IN.
A et {0A } sont des idéaux de A
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 79
– Remarques
– Tout idéal est un sous anneau.
– Si A est unifère le seul idéal de A qui contienne l’élément unité est A
– Z est un sous anneau de (IR, +, ×) mais n’est pas un idéal de ce même anneau.
3.2.5 Idéal engendré par une partie. Idéal principal. Anneau prin-
cipal
frametitleIdéal engendré par une partie. Idéal principal. Anneau principal
Démonstration T
– – ∀j ∈ J, Ij est un sous-groupe de A donc Ij est un sous-groupe de A
j∈J
– Stable par multiplication par un élément de A
\
x∈ Ij ⇔ ∀j ∈ J, x ∈ Ij
j∈J
\
⇒ ∀j ∈ J, x × a ∈ Ij ∀a ∈ A ⇒ x × a ∈ Ij
j∈J
On se place dans le cas d’un anneau commutatif A. Soit a ∈ A. On pose M = {a.x, x ∈ A}.
On vérfie facilement que M est un idéal de A contenant a et que de plus c’est le plus
petit idéal de A contenant a.
Soit en effet J un idéal de A contenant a et soit m un élément de M . L’élément m est
donc de la forme a.x où x ∈ A.
Alors, par définition de l’idéal, a.x ∈ J car a ∈ J. Donc M ⊂ J.
C’est donc l’idéal engendré par a. On le note souvent < a > ou (a). On a prouvé :
Définition 53 On appelle idéal principal tout idéal engendré par un singleton X = {a}.
Proposition 56 L’anneau (Z, +, ×) des entiers relatifs munis des lois usuelles est un an-
neau principal.
Preuve : on a deja vu que Les seuls sous-groupes de (Z; +) sont nZ pour n entier et que
nZ =< n >
nZ est bien un idéal de Z. Donc les seuls ideaux de Z sont nZ =< n >
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 81
Définition 55 Soit ∗ une loi de composition interne sur E, et R une relation d’équivalence ;
R est compatible avec ∗ si pour tout a, b dans E on a
On dit que
(a ∗ x)R(b ∗ x)
aRb =⇒ et pour tout x ∈ E.
(x ∗ a)R(x ∗ b)
Définition 56 Si R est compatible avec ∗, on peut définir sur E/R la loi de composition
·
interne ∗ de la façon suivante :
·
x∗y =x∗y
où, x est un représentant de la classe x et y un représentant de la classe y .
·
Preuve : Pour prouver que loi ∗ est bien définie, il faut vérifier que cette définition ne
dépend pas du choix des représentants x et y.
0 0
Soient x ∈ x et y ∈ y deux autres représentants respectifs de x et y Alors
0 0
x Rx =⇒ (x ∗ y)R(x ∗ y).
0 0 0 0
y Ry =⇒ (x ∗ y )R(x ∗ y),
0 0
ce qui donne (x ∗ y)R(x ∗ y )
et donc x ∗ y = x0 ∗ y 0
· ·
soit x ∗ y = x0 ∗ y 0
·
La classe d’équivalence x ∗ y ne dépend donc pas du représentant choisi dans les classes
de x et y.
Proposition 57 Si (E, ∗) est un groupe et si R est une relation d’équivalence sur E com-
· ·
patible avec ∗ ; alors : (E/R, ∗) est un groupe. De plus, si ∗ est commutative, alors ∗ l’est
aussi.
·
Preuve : Comme on l’a vu précédement ∗ est une loi de composition interne bien définie.
· · · · · ·
(x ∗ y) ∗ z = (x ∗ y) ∗ z = (x ∗ y) ∗ z = (x ∗ (y ∗ z) = x ∗ (y ∗ z) Donc ∗ est associative
·
Soit e l’élément neutre pour ∗, montrons que e est l’élément neutre pour ∗ sur E/R.
·
Soit x une classe d’équivalence, dont un représentant est x. Alors x ∗ e = x ∗ e = x, de
· ·
même on a e ∗ x = e ∗ x = x , donc e est l’élément neutre de ∗.
0
Soit x une classe d’équivalence, dont un représentant est x. Considérons x , l’inverse de
· ·
x pour ∗. Alors x ∗ x0 = x ∗ x0 = e et x0 ∗ x = x0 ∗ x = e
·
Donc x0 est la classe d’équivalence inverse de x pour ∗. Tout élément de E/R a donc un
·
inverse. Conclusion : (E/R, ∗) est un groupe.
· · ·
De plus si ∗ est commutative on a : x ∗y = x ∗ y = y ∗ x = y ∗ x Donc + est commutative
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 82
· ·
Proposition 59 (Z/nZ, +, ×) est un anneau commutatif unitaire
Preuve : C’est une conséquence de la proposition précédente car (Z, +, ×) est un anneau
· ·
commutatif unitaire donc il l’est de même
n · · pour (Z/nZ, +, ×).
·o ·
Exemple1 : On sait que Z/3Z = 0, 1, 2 .On peut donc définir la loi + sur Z/3Z. de la
façon suivante :
· ·
0+1 =0+1= 1 1+1 =1+1=2
· ·
1+2 =1+2=3=0 2+2 =2+2=4=1
qu’on peut aussi représenter par le tableau suivant :
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 83
a\b 0 1 2
0 0 1 2
1 1 2 0
2 2 0 1
·
On peut aussi définir la loi × sur Z/3Z. de la façon suivante :
·
0×1 =0×1=0
·
1×1 =1×1=1
·
1×2 =1×2=2
·
2×2 =2×2=4=1
qu’on peut aussi représenter par le tableau suivant :
a\b 0 1 2
0 0 0 0
1 0 1 2
2 0 2 1
· ·
Proposition 60 Soit x un élément de Z/nZ alors x ne peut pas être à la fois inversible et
un diviseur de zéro.
· · · · · · · · ·
Preuve : Supposons qu’il existe y tel que x× y = 1 et z 6= 0 tel que x× z = 0 alors
· · · · · · · ·
x×y × z = z = x × z×y =0
·
x inversible ⇔ x ∧ n = 1
· · · · ·
Preuve : x est inversible ssi ∃ y tel que x× y = 1 ssi ∃ y ∈ Z ; k ∈ Z tels que xy = 1 + kn
ssi ∃ y ; k tels que xy − kn = 1 ssi x ∧ n = 1 (théorème de Bezout).
Corollaire1 : Dans Z/nZ tout élément qui n’est pas inversible est un diviseur de zéro.
·
Preuve : Si x n’est pas inversible alors x ∧ n = d avec d 6= 1, soit y = nd ∈ N, et x0 = xd .
· · ·
Or xy = x0 n est un multiple de n donc on a x × y = 0.
Notation : On s’abstient de mettre les points au dessus des lettres désignant les éléments
de Z/nZ, quand le contexte permet d’éviter toute confusion.
Corollaire2 : Si p est premier, Tous les éléments de Z/pZ sont inversibles.
Lemme : Soit a et b dans Z/pZ on a
(a + b)p = ap + bp
Proposition 63 Soit n = n1 × n2 ... × nk avec les nombres (ni )1≤i≤k deux à deux premiers
entre
eux. Alors le système d’équation :
x ≡ a1 [n1 ]
x ≡ a2 [n2 ]
...
x ≡ ak [nk ]
admet une unique solution dans Z/nZ et celle ci se calcule par la formule :
x ≡ a1 q1 q10 + a2 q2 q20 + ... + ak qk qk0 [n]
où qi = nni et qi0 est l’inverse de qi dans Z/ni Z.
Preuve : Tout d’abord notons que qi ∧ ni = 1 (car les nombres (ni )1≤i≤k deux à deux
premiers entre eux) et donc qi est inversible dans Z/ni Z.
On va montrer que x est une solution du système, donc que pour tout i on a x ≡ ai [ni ].
Si i 6= j alors qj est un multiple de ni donc qj ≡ 0[ni ] donc x ≡ ai qi qi0 [ni ]
or par définition de qi0 on a qi qi0 ≡ 1[ni ] donc x ≡ ai [ni ].
Montrons maintenant l’unicité de la solution. Si x et y sont deux solutions du système
alors pour tout i on a
x − y ≡ 0[ni ] donc x − y est multiple de tous les entiers ni donc x − y est multiple du
produit des ni car ceux-ci sont premiers entre eux donc
x − y ≡ 0[n] c-à-d x ≡ y[n].Ce qui conclut la preuve.
Proposition 64 Soit n = n1 × n2 ... × nk avec les nombres (ni )1≤i≤k deux à deux premiers
entre eux. Alors l’application
Z/nZ −→ Z/n1 Z × Z/n2 Z × ... × Z/nk Z
x −→ (x1 , x2 , ..., xk )
où xi est la classe de x modulo ni , est un isomorphisme d’anneaux.
Preuve : Il découle immédiatement de la définition de Z/nZ que cette application est un
morphisme d’anneaux. Le théorème des restes chinois dit que pour tout élément il existe un
antécédent et que celui-ci est unique et donc que l’application est bijective.
Corollaire : Si n = n1 × n2 ... × nk avec les nombres (ni )1≤i≤k deux à deux premiers entre
eux. Alors on a :
Preuve : Deux anneaux isomorphes ont le même nombre d’éléments inversibles il suffit
alors de les compter dans Z/nZ et dans Z/n1 Z × Z/n2 Z × ... × Z/nk Z.
Exemple : Si p et q sont deux nombres premiers
ϕ(pq) = ϕ(p)ϕ(q) = (p − 1)(q − 1)
En fait on peut maintenant donner une formule générale pour calculer ϕ(n) à partir de
sa décomposition en facteurs premiers.
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 86
3.3 Corps
frametitleCorps
Définition 57 On appelle corps tout anneau unifère tel que tout élément non nul soit in-
versible. C’est-à-dire,
si (A, +, ×) est un anneau unifére, on a : A corps ⇔ (A∗ , ×) est un groupe.
Si de plus la loi × est commutative, on dit que le corps est commutatif .
Exemples
- (Z, +, ×) et (IR[X], +, ×) ne sont pas des corps.
- (IR, +, ×) et (IR(X), +, ×) sont des corps.
- Z/pZ est un corps.ssi p est premier
– Sous-corps
Définition On appelle sous-corps d’un corps, tout anneau de ce corps qui est un corps pour
les lois induites.
De même que précédemment, on a les caractérisations pratiques suivantes :
Proposition Soit (K, +, ×) un corps.
0 0 0 0
K sous-corps de K ⇔ K est un sous-anneau de K et ∀x ∈ K \ {0K } ; x−1 ∈ K
0
K est un sous-groupe de (K; +) et
⇔ 0 0
K \ {0K } est un sous-groupe de (K \ {0K } ; ×).
0 0
Si K est un sous-corps de K, alors K est appelé sur-corps de K ou encore extension de
0
K
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 87
Preuve : D’abord, K et {0K } sont bien des idéaux (triviaux) de K. Il n’y en a pas d’autre.
Car si I est un idéal de K distinct de l’idéal nul {0K }, montrons que I = K. Comme
I n’est pas l’idéal nul, il existe un élément i de I distinct de 0K . Soit i−1 son inverse dans
K. Alors i × i−1 = 1K ∈ I par définition d’un idéal. et donc On conclut par la proposition
2.3.14. que I = K.
– Morphisme de corps
Définition 58 On appelle morphisme du corps (K, +, ×) vers le corps (L, +, ×) toute
application f de K vers L telle que
1. ∀(x; y) ∈ K 2 , f (x + y) = f (x) + f (y).
2. ∀(x; y) ∈ K 2 , f (x × y) = f (x) × f (y).
3. f (1K ) = 1L .
Les conséquences immédiates sont que tout morphisme de corps f est un morphisme du
groupe (K; +) vers le groupe (L; +). De plus, f est également un morphisme du groupe
(K\ {0K , ×} vers le groupe (L\ {0K , ×}. On remarquera qu’il s’agit bien d’une application
ici car si x est inversible pour × dans K alors f (x) est inversible pour × dans L (propriété
d’anneau).
Chapitre 4
Les Polynômes
Définition 60 Les polynômes ne comportant qu’un seul terme non nul (i.e du type P =
ap X p ) sont appelés monômes.
Remarque : Tout polynôme d’après la definition est donc une somme finie de monômes.
88
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 89
Remarque 12 On adopte la convention que l’on ne change pas un polynôme P en lui ajou-
tant un ou plusieurs monômes à coefficients nuls. Par exemple, on ne fera pas la distinction
entre X 4 − X + 1 et 0X 5 + X 4 + 0X 2 − X + 1.
Remarque : Dans la définition ci-dessus, il n’est pas restrictif de faire commencer les
expressions des polynômes P et Q par un monôme de même degré n (voir la remarque 12
ci-dessus)
P k
P k
P
ck = ai bj = ai bk−i = ak−j bj .
i+j=k i=0 j=0
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 90
Preuve : evidente
Donc P ∗ Q = Q ∗ P .
– Associativité : se verifie sans difficulté
– Distributivité de la multiplication par raport à l’addition : Définissons P = ap X p +···+a0
, Q = bq X q +···+b0 et R = cr X r +···+c0
déf déf
et posons U = (P + Q) ∗ R et V = P ∗ R + Q ∗ R. Notons dl les coefficients de U , et em
ceux de V . Alors on a
P P P P
dl = (ai + bi )cj = (ai cj + bi cj ) = ai cj + bi cj = el
i+j=l i+j=l i+j=l i+j=l
Donc U = V .
Coclusion : (k[X], +, ∗) est bien un anneau commutatif.
Preuve : Soit donc (P, Q) tel que P ∗Q = 0. Alors on a degP +degQ = deg(P ∗Q) = −∞.
Donc degP ou degQ vaut −∞, ce qui est exactement la propriété demandée.
Notations : Dorénavant, on omettra les symboles“∗” et “·”. Ainsi P Q désignera P ∗ Q,
et λP désignera λ·P .
Proposition 73 Soit A et B deux polynômes tel que B 6= 0. Alors il existe un unique couple
(Q, R) tels que :
2X 4 + X 3 − X 2 + X + 1 2X 2 − X − 2
2X 4 − X 3 − 2X 2
X2 + X + 1
2X 3 + X 2 + X + 1
2X 3 − X 2 − 2X
2X 2 + 3X + 1
2X 2 − X − 2
4X + 3
Nous avons alors que :
4
2X
| + X 3 −{zX 2 + X + 1} = (2X 2 − X − 2 ) (X 2 + X + 1 ) + (4X + 3)
| {z } | {z } | {z }
Dividende diviseur quotient Reste
Définition 65 On dit que le polynôme A est divisible par le polynôme B s’il existe un
polynôme Q tel que A = BQ. Dans ce cas, on note B | A et l’on dit que A est multiple de
A
B (ou que B est diviseur de A). Le polynôme Q est parfois noté B ou A/B.
Remarques :
1. Le polynôme nul est divisible par tous les polynômes. En revanche seul le polynôme
nul est divisible par le polynôme nul.
2. Dans le cas où A et B sont tous les deux non nuls, B | A entraı̂ne degB ≤ degA.
Proposition 76 Ak[X] est un idéal de k[X]. En particulier, le singleton {0} est un idéal.
Preuve : facile
Proposition 78 Soit I un idéal de (k[X], +, .) non réduit à {0}. Alors il existe un unique
polynôme P unitaire tel que I = P k[X]. Le polynôme P est appelé générateur unitaire de I.
En d’autres termes (k[X],+, .) est un idéal principal .
Preuve : Soit I un idéal de (k[X],+, .) non réduit à {0}. On note E = {degA | A ∈ I\{0}}
.
L’ensemble E est une partie non vide de N, donc admet un plus petit élément. On en
déduit que I contient un polynôme P non nul et de degré minimal. Comme pour tout λ ∈
k, le polynôme λP appartient aussi à I, on peut toujours choisir P unitaire. La stabilité de
I par multiplication par les éléments de k[X] assure que P k[X] ⊂ I.
Reste à montrer que I ⊂ P k[X]. Soit donc A ∈ I. Ecrivons la division euclidienne de A
par P :
A = P Q + R avec degR < degP .
Comme A et P Q appartiennent à I, on a aussi R ∈ I. Mais par ailleurs degR < degP .
Vu la définition de P , on conclut que R = 0. et donc A ∈ P k[X], soit I ⊂ P k[X].
PGCD
Proposition 79 Soit A et B deux polynômes non tous les deux nuls. L’ensemble Ak[X]
déf
+Bk[X] = {AP + BQ | P ∈ k[X], Q ∈ k[X]} est un idéal de k[X] non réduit à {0}. Son
générateur unitaire D est appelé Plus Grand Commun Diviseur (ou plus simplement PGCD)
de A et de B, et est noté PGCD(A, B).
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 94
déf
Preuve : Notons J = Ak[X] +Bk[X]. Remarquons que J n’est pas réduit à {0} car
contient A et B, et que l’un de ces deux polynômes n’est pas nul par hypothèse. Reste à
montrer que J est un idéal.
1. Montrons que J est un sous-groupe de (k[X], +) :
– Il est évident que 0 ∈ J.
– Soit C et C0 deux polynômes de J. Alors il existe quatre polynômes P , P0 , Q et Q0
tels que
C = AP + BQ et C0 = AP0 + BQ0 .
Proposition 80 Soit (A, B) un couple de polynômes distinct de (0, 0). Alors P GCD(A, B)
est l’unique polynôme unitaire vérifiant
Définition 66 On dit que deux polynômes A et B sont premiers entre eux si leur PGCD
vaut 1.
Définition 67 Soit n ≥ 1 un entier. On dira que n polynômes de k[X] sont premiers entre
eux lorsque leurs seuls diviseurs communs sont constants (en d’autres termes, quand leur
pgcd est 1).
On prendra garde à ne pas confondre premiers entre eux (on dit parfois premiers
entre eux dans leur ensemble ) et deux à deux premiers entre eux : dans R[X], les
polynômes (X − 1)(X − 2), (X − 1)(X − 3), (X − 2)(X − 3) sont premiers entre eux (dans
leur ensemble) mais ils ne sont pas deux à deux premiers entre eux !.
AU + BV = 1.
A B A B
P GCD(A, B) = P GCD(D , D ) = DP GCD( , ) = D.
D D D D
Proposition 84 (Théorème de Bezout généralisé) Supposons que D est unitaire et divise
A et B avec A et B non tous les deux nuls. Alors on a
A B A B
P GCD( , ) = 1 ⇔ ∃U ∈ k[X], ∃V ∈ k[X], D
U + D
V =1
D D
ce qui achève la preuve du théorème.
Par hypothèse, P divise AB, et P divise aussi P B. Donc P divise B 0 et, donc divise, B.
Preuve : Supposons P premier avec AB. Soit P 0 divisant P et A. Alors P 0 divise aussi
AB. Donc P 0 | P GCD(AB, P ), i.e P 0 | 1. On en déduit que P 0 est un polynôme constant.
Donc P est premier avec A. On établit de même que P est premier avec B.
On prouve la réciproque par contraposition. Supposons que P ne soit pas premier avec
AB. Alors il existe P 0 divisant P et AB, et tel que deg P 0 ≥ 1. Si P est premier avec A alors
P 0 l’est également. D’après le théorème de Gauss, P 0 divise donc B. On a donc montré que
P 0 divise à la fois P et B. Comme deg P 0 ≥ 1, cela signifie que P et B ne sont pas premiers
entre eux.
Remarque 14 Une récurrence élémentaire permet de montrer plus généralement qu’un po-
lynôme P est premier avec un produit de polynômes A1 ···Ak si et seulement si il est premier
avec chacun des facteurs Ai .
PPCM
Preuve : AK[X] est un idéal, de même que BK[X] et on sait déjà que l’intersection de
deux idéaux est un idéal. L’existence du générateur unitaire est assurée par la proposition
78.
Remarque : Si A ou B est nul, on a AK[X]∩BK[X] = {0}. On adopte alors la convention
que P P CM (A, B) = 0. Ainsi, on aura toujours AK[X] ∩ BK[X] = P P CM (A, B)K[X].
En s’inspirant de la preuve de la proposition 80, on obtient le résultat suivant qui explique
l’appellation “Plus Petit Commun Multiple” donnée au générateur unitaire de AK[X] ∩
BK[X].
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 97
A certains égards, le PPCM et le PGCD ont des propriétés très similaires. On a par
exemple :
Proposition 90 Soit A et B deux polynômes non nuls. Pour que M unitaire soit le PPCM
de A et de B, il faut et il suffit que :
M M
A | M, B | M et P GCD( , )=1
A B
Preuve : Notons M le PPCM de A et de B. Alors M K[X] est inclus dans AK[X] et
M M
dans BK[X]. Donc M divise bien A et B. Soit D unitaire divisant et .
A B
Alors AD | M et BD | M . Donc P P CM (AD, BD) | M . Mais d’après la proposition 89,
P P CM (AD, BD) = D.P P CM (A, B) = DM. Donc D = 1.
Réciproquement, soit M un multiple commun unitaire de A et de B vérifiant de plus
M M
P GCD( , ) = 1
A B
D’après le théorème de Bezout, il existe deux polynômes U et V tels que
M M
U+ V =1
A B
Multiplions les deux membres de cette égalité par P P CM (A, B). On trouve
P P CM (A, B) P P CM (A, B)
M( U+ V ) = P P CM (A, B)
A B
Donc M divise P P CM (A, B). Comme M est unitaire et est multiple de A et de B, on
conclut que M = P P CM (A, B).
Proposition 91 Soient A et B deux polynômes. Il existe une constante λ non nulle telle
que :
Notons λ l’inverse du coefficient du terme dominant de AB. Alors λAB est unitaire, et
la proposition 89 combinée avec (3) montre que
P P CM (A, B) P P CM (A, B)
P GCD(λAB( ), λAB( )) = λAB
A B
En appliquant la proposition 81, on constate que le membre de gauche de cette égalité
vaut P P CM (A, B).P GCD(A, B).
P (t) = an tn +···+a1 t + a0 .
Remarque : le polynôme P (X) est, par construction nul si et seulement si tous ses coef-
ficients sont nuls (∗)
alors que la fonction polynômiale associée :
P : k −→ k x −→ a0 +a1 x+...an xn = P (x) est nulle si et seulement si : ∀x ∈ k; P (x) = 0
On a bien évidemment l’implication :
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 100
P (X) = 0 =⇒ ∀x ∈ k; P (x) = 0 :
Mais la réciproque est loin d’être évidente. Nous allons montrer que, lorsque k est égal
à R ou C, il y a équivalence, ce qui permet de confondre polynôme et fonction polynômiale.
La phrase P = 0 gardera cependant de préférence le sens (∗).
Preuve :
i) P
k contenant R, nous supposons que la variable x ne prend que des valeurs dans R. Soit
P = ak X k tel que ∀ x ∈ k ; P (x) = 0
k≥0
Alors, pour x = 0, on obtient a0 = 0. Donc : ∀x ∈ R, a1 x + ...an xn = 0
Donc ∀ x 6= 0 , a1 + ...an xn−1 = 0
On ne peut plus prendre x = 0, cependant, on peut prendre la limite lorsque x tend vers
0, ce qui donne a1 = 0, etc...
ii) se prouve en appliquant i) à P − Q.
Remarque : Dans la suite du cours, on ne fera plus la distinction entre le polynôme P qui
est un objet algébrique et la fonction polynôme qui lui est associée.
Remarque : En toute précision il faudrait dire que a est racine du polynôme P ou que a
est un zéro de la fonction polynôme associée à P, mais par abus on dit que a est un zéro du
polynome P.
On a alors le résultat suivant :
Preuve :
Si P est divisible par X − a , alors il existe Q tel que P (X) = (X − a)Q(X). On a alors
P (a) = 0.
Réciproquement, si P (a) = 0, considérons la division euclidienne de P par X − a. On a :
P (X) = (X − a)Q(X) + R avec deg(R) < deg(X − a) = 1, donc R est une constante.
On obtient alors 0 = P (a) = R donc R = 0 et P est divisible par X − a.
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 101
Démonstrationn :
ak X k
P
Soit P =
k=0
n n
(j)
ak (X k )(j) = ak Ajk X k−j
P P
Pour tout entier j, P =
k=0 k=j
n
P (k) (0)
X k.
P
Par conséquent P = k!
k=0
Démonstration :
Il suffit d’appliquer la formule de Mac-Laurin au polynôme P (X + a), on trouve :
n
X P (k) (a)
P (X + a) = Xk
k=0
k!
Démonstration :
i) =⇒ii)
Si P est divisible par (X − a)k , il existe Q tel que P = (X − a)k Q. Si on avait Q(a) = 0,
alors Q pourrait se factoriser par X − a et P serait divisible par (X − a)k+1 .
ii) =⇒iii)
Si P = (X − a)k Q avec Q(a) 6= 0, alors, on a, pour i compris entre 0 et k
P (i) (X) = (X − a)k−i Qi (X) avec Qi (a) 6= 0
Ce résultat se montre aisément par récurrence. Il est vrai pour i = 0,
Suposons qu’il est vrai pour i < k, alors :
P (i+1) (X) = (k − i)(X − a)k−i−1 Qi (X) + (X − a)k−i Q0i (X)
= (X − a)k−i−1 Qi+1 (X) avec Qi+1 (X) = (k − i)Qi (X) + (X − a)Q0i (X)
On a bien P (a) = 0 pour 0 ≤ i ≤ k − 1, et P (k) (a) = Qk (a) 6= 0.
(i)
iii) =⇒i)
On applique la formule de Taylor et on factorise par (X − a)k . Comme P (a) = P ’(a) =
Donc P est divisible par (X − a)k et pas par (X − a)k+1 (le terme entre crochet n’est pas
divisible par (X − a))
La proposition suivante constitue une “loi du tout ou rien” pour la division par les
polynômes
irréductibles.
Proposition 102 Soit A un polynôme et P un polynôme irréductible ne divisant pas A.
Alors P est premier avec A.
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 104
k l
Aαi i )( Biβi )
Q Q
Donc P = λ(
i=1 i=1
Il ne reste plus qu’à renuméroter les facteurs de la décomposition pour obtenir le résultat
voulu.
Unicité : Supposons que P admette deux décompositions en facteurs irréductibles :
k l
Piαi = η Qβi i
Q Q
P =λ
i=1 i=1
Comme tous les facteurs irréductibles sont unitaires, λ et η sont égaux au coefficient du
terme dominant de P . Donc λ = η. De ce fait, on a
k l
Piαi = Qβi i
Q Q
(4)
i=1 i=1
Notes de cours d’algèbre 1, ENSAK , Pr. Y. BENTALEB 105
Par ailleurs, P1 divise le produit de droite. De la remarque 14, on déduit que P1 n’est
pas premier avec au moins un des Qj : il existe j1 tel que Qj1 et P1 ne soient pas premiers
entre eux. Comme par ailleurs Qj1 et P1 sont irréductibles et unitaires, cela signifie que
P1 = Qj1 . En vertu du caractère intègre de k[X], on peut donc simplifier l’expression (4)
par P1 . On itère ce procédé et en α1 +···+αk étapes, on parvient à une expression du type
l 0
Q βj 0 0
1= Qj avec βj = βj − αj . Cela permet de conclure que tous les βj sont nuls. Donc les
j=1
deux décompositions sont identiques à l’ordre près des facteurs.
Proposition 104 Soit P un polynôme scindé unitaire d’expression X n + an−1 X n−1 +···+a0 .
Notons λi ses racines comptées avec leur ordre de multiplicité. Alors on a les relations
suivantes entre les racines et les coefficients :
n n
a0 = (−1)n
Q P
λi et an−1 = − λi
i=1 i=1
Remarque : On a vu que toutes les équations de degré 2 avaient deux solutions (éventuellement
confondues) dans C. Le théorème fondamental exprime que toute équation de degré n admet
n solutions (éventuellement confondues) dans C. Dans le cas n = 3 ou 4, il existe des formules
(assez compliquées) donnant les solutions en fonction des coefficients. Pour une équation de
degré supérieur ou égal à 5, il a été prouvé par un jeune mathématicien du XIX ème siècle,
E. Galois, que de telles formules n’existent pas !.
Preuve : On a déjà vu que tout polynôme de degré 1 était irréductible (que ce soit dans
C ou dans R).
Pour montrer la réciproque, donnons-nous un polynôme P de degré au moins 2. Le
théorème fondamental de l’algèbre nous dit que P admet au moins une racine λ1 . Donc P
est divisible par X − λ1 . Clairement X − λ1 n’est pas constant et n’est pas associé à P car
de degré strictement inférieur à 2. Donc P n’est pas irréductible.
En appliquant le théorème général de décomposition en facteurs irréductibles, on en
déduit :
Corollaire 107 Tout polynôme P non nul de C[X] admet une décomposition en facteurs
irréductibles du type suivant :
k
(X − λi )αi où {λ1 ,···, λk } est l’ensemble des racines de P , αi est la multiplicité
Q
P =λ
i=1
de λi , et λ est le coefficient du terme dominant de P .
Preuve : Soit λ une racine de P de multiplicité α. Alors il existe un polynôme Q tel que
P = Q(X − λ)α . En prenant le conjugué de cette expression, on obtient P = Q(X − λ)α .
Donc λ est racine de P de multiplicité α ≥ α.
En échangeant les rôles de P et P , λ et λ , α et α , on obtient α ≤ α, d’où le résultat.
La fonction t −→ P (t) associée ne s’annule pas sur R (elle est du signe de a), et donc
aucun polynôme de degré 1 ne saurait diviser P .
Par ailleurs, on sait que toute équation de degré 2 à coefficients réels et discriminant positif
ou nul admet au moins une solution réelle. Donc les polynômes de degré 2 à discriminant
positif ne sont pas irréductibles dans R[X].
Soit maintenant P ∈ R[X] un polynôme de degré ≥ 3. Supposons que P n’ait pas de
racine réelle (sinon P n’est pas irréductible dans R[X]). D’après le lemme 109, les racines
complexes non réelles de P sont deux à deux conjuguées (avec ordres de multiplicité égaux
deux à deux). Le corollaire 107 assure donc l’existence de nombres complexes (non réels)
µ1 ,···, µp , d’entiers α1 , · · · , αp , et d’un réel α, tels que
p
[(X − µi )αi (X − µi )αi ]
Q
P =α
i=1
Donc P est divisible par le polynôme réel X 2 − 2Reµi X + µ2i (de degré 2) et n’est donc
pas irréductible.
En reprenant la preuve ci-dessus, on déduit facilement le résultat suivant.
Corollaire 110 Tout polynôme à coefficients réels admet dans R[X] une décomposition en
facteurs irréductibles du type suivant :
k l !
2
(X − λi )αi (X 2 − 2Reµj X + |µj | )βj
Q Q
P =λ
i=1 j=1
où λ est le coefficient du terme dominant de P , {λ1 ,···, λk } est l’ensemble des racines
réelles de P , αi , multiplicité de λi , et {µ1 ,···, µl } est l’ensemble des racines complexes et non
réelles de P et βj , la multiplicité de µj.
Exemple : X 6 − 2X 5 + X 4 + X 2 − 2X + 1 se factorise sur R sous la forme :
√ √
(X − 1)2 (X 2 − 2X + 1)(X 2 + 2X + 1)