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CHEFS-D'CEUVRE ox LOPERA FRANCAIS IS it Sy es BoE eRR OE Ge OOO mie Royale de Masi i . pur pour PIANO ET CHANT I> PAR CHARLES P. @aprés la paptitic PRIX:AS! N A VAgenize internationale des Auteurs (i opepeseseee THEODORE MICHAELIS PARIS, 45,47, RUE Dk MAUBEUUE,45,47, PARLS 89 47% CHEFS-D’OEUVRE LOPERA FRANCAIS LULLY, CAMPRA, RAMEAU, PICCINNI, SALIERI, GRETRY, etc. LES INDES GALANTES BALLET HRROIQUE Paroles de FUZELIER Musique de RAMEAU INTRODUCTION Rameau allait avoir cinguante deux ans. U yen avail doux qu’il avait donné al’Académie royale de Musique, pour son début au thédtre, ce fameux opéra dippolyte et Aricie, dont les nouveaulés audacieuses surprirent lant le public que celui-ci se montra tout @abord singuliérement réfrac- laire aux beaulés de P@uvre nouvelle. Les spectateurs voyaieut bien qu’ils avaient affaire a un artiste d’une trempe vigoureuse el exceptionnelle, uuis, plus élopnés que charmés, ils n’en firent pas moins preuve dune grande hoslililé envers cetle @uvre qui les dérontait, et la eritiquérent avee wne passion qui tenait de Vacharnement. Nous en avous pour preve celle exclamation douloureuse de Rameau, qui, chagrin de voir Vaceueil peu favorable que Yon fuisait a sa partition, s’éeriait dans un ace’s de découragement, peu de jours aprés sa représentalion : — « Je me suis trompé. Pai era que mon goat réussiroit, et je vois qu'il n’en ost rien. Mais je n’en ai point d’autre, et je ne ferai plus dopéras. » Fort heureusement pour lui, pour Phonneur de la France et pour ka glire de art, un revirement complet se produisit dans Pesprit du public, et colle partition @Mippolyte et Arieie, qui ouvrail une ére nouvelle pour notre musique dramalique, triompha de toutes les hostilités, de toutes les lations, et finit par obtenir tout le succes qu’elle méritait, Néanmoins, Rameau, rendu méfiant par le premier résulat qu’avait obtenu sa tenla- 2 live, se promit de ménager, & une prochaine occasion, les succeplibilités excessives de ses auditeurs; et lorsqu’aprés avoir écrit en se jouant les divertissements et les airs d’une pastorale de Piron, les Courses de Tempé, donnée a la Comédie-Franeaise en 1734, il songea a un nouvel ouvrage pour ’Opéra, ce fut avec Vidée arrétée d’éviter Pécueil qui avait failli lui etre fatal. Fuzelier, alors l'un des directeurs du Mercure de France, ui avait confié le poeme d’un opéra-ballet en trois actes et un prologue qui présentait, comme c’élait la coutume a celle époque pour ces ouvrages de demi-caractére, trois actions ou « entrées » dont les sujets stoient absolument étrangers l'un a l'autre. C’était les Indes galantes. Dans ce genre gracieux et léger, Rameau allait pouvoir montrer son génie sous un nouveau jour, et faire preuve a la fois de souplesse et de diversité. Comme ses détracteurs Vavaient surtout blamé de faire autrement que Lully, dont la plupart élaient entichés, il se proposa précisément de se rapprocher de Ia maniére de ce dernier en écrivant dans son style les seénes, Cest-a-dire toute la parlie déclamée et seénique de son nouvel opéra. Or, par un retour é.range, ilarriva justement ceci, que le public ne se montra nullement satisfail des moreeaux dans lesquels le compositeur avait voulu rendre cct hommage a Lully, et applaudit au contraire a outrance ceux of il s’était laissé entrainer par son inspiration person- nelle. Lui-méme nous lapprend dans Ja préface qu'il placa en tele de sa partition gravée : — « Le public ayant paru moins satisfait des scones des Indes galantes que du reste de Vouvrage, je n’ai pas cru devoir appeler de son jugement; et c'est pour cette raison que je ne lui pr sente ici que les symphonies entremélées des airs chantans, ariettes, récitalifs mesurés, duos, trios, quatuors et choours, lant du prologue que des trois premiéres entrées, qui font en tout plus de quatre-vingts mor- ceaux détachés, dont j'ai formé quatre grands concerts en différens tons : les symphonies y sont méme ordonnées en piéces de clavecin, el les agrémens y sont conformes & coux de mes autres pieces de clavecin, sans que cela puisse empeécher de les jouer sur d'autres instremens, puisqwil n’y a qu’a y prendre toujours les plus hautes notes pour le des- sus, et les plus basses pour la basse. Ce quis’y trouvera trop haut pour le violoncello pourra y etre ports une octave plus bas. Comme on na point encore entendu la nouvelle entrée des Sauwayes que j'ajoute ici aux trois premidres, je me suis hasardé de la donner complette. Heureux si le suceds répond & mes soins! Toujours occeupé de la belle déclamation, et du beau tour de chant qui régnent dans Jo récitatif du grand Lully, je tache de Vimiter, non en copiste servile, mais eu prenant, comme lui, la belle ef simple nature pour modale ». Bese Nous reviendrons tout a Vheure sur cette forme toute particuliére donnée par Rameau & sa partition gravée, et qui offre une exception peut-élre unique en son genre. Pour le moment, nous allons continuer Thistorique de Youvrage. Crest le 28 aout 1735 qu’était donnée, a VOpéra, Ia premidre repré- sentation des Indes galantes, dont le Mercure annoneait V'apparition en ces termes : « Les Indes gatantes, ballet héroique, dont les paroles sont do M. Fuzelier et 1a musique de M. Rameau, avait déja été annones dang notre journal sous un autre titre; il fut représenté le 23 de co mois of favorablement regu du public. Les auteurs, attentifs a saisir le goat du public, ont fait dans cet ouvrage des changements qui prouvent lour zéle et leur aetivite. Dans les représontations suivantes, cos corrections ont ov le sort de bien des endroits de la piéce: elles ont été fort applaudies. » On voit que les auteurs avaient été obligés d’apporter quelques modifi. cations & leur wuvre, a la suite de la premidro représentation ; cela ne lite pas @ conséquence, et il n'y a pour ainsi dire pas do production dramatique qui ne subisse oinsi quelques retouches aprds sa présentation gu public. Dans son numéro suivant, un mois aprés avoir conslalé le sueeds des Indes galantes, le Mercure en affirme la continuité et la solidité « Ce ballot, dit-il, dont on continue les représontations, est parfaitement bien exéeuté, soit pour le chant, soit pour la danse; les principaux rolles sont remplis par les demoiselles Antier, Hrremans, Pélissier, Petit- es et Bourbonnois, ot par les siours Dun, Ghassé et Jéliot; les’ diver, tissemens sont tros-bion caractérisés. La demoisolle Mariclte et le siewr Mallair dansent une entrée de matelots dans le premier acte, qui fait un extreme plaisir. La demoiselle Sallé, aprés une absence de pres de deux ans, a reparu dans co ballet au troisiéme divertis ment, avec les sieurs Dumoulin et Javilliers. Elle a été honorse des applaudissemens réilérés du public. » LOpéra, Waillours, wavait rien négligé pour établir, au point de vue matériel, le suecds des Indes galantes. Alors, comme aujour@hui ce theatre élait le centre de toutes les magnificonees, et, au trol du nouvel ouvrago, il s’était mis en frais dune manidre toute particu- litre en confiant au fameux mécanicien Servandoni Ja construction et Yoménagement d'un décor tout a fait féeriqne, qui faisait Vadmiration du public. Co décor était celui de Vacte des Fleurs, et voici comme le décri- vail un chroniqueur contemporain : — « ... La ferme s’ouvre, et alors tout le fond du théatre représente des bercoaux décorés de guirlandes de feurs ef do Tustres do cristal. Ces berceaux sont a deux étages ; le Premier est rempli de jeunes odalisques de diverses nations, ol” le i deuxiéme d’esclaves chantants. Ges areades, qui se joignent sur le devant a une fontaine ornée, paraissent s'enfoncer aux deux cdtés, dans un grand lointain. Au milieu du théatre est un rosier qui, en se s laisse voir Villustre demoiselle Sallé sur un. gazon, couronnée amouts. Six jeunes Asiatiques, représentant d'autres fleurs, laceompagnent et forment avec elle et la décoration qui Venvironne te plus brillant spectacle qui ail jamais passé sur la scéne lyrique. Le ballet représento pitloresquement le’ sort des fleurs dans un jardin. On les a personaifiées, ainsi que’ Borée et Zéphire, pour donner de Yame a cette peinture galante. » Les Indes galantes jouirent pendant longtemps d’une véritable vogue ; clles ont toujours été considérées comme un des meilleurs et des plus séduisants ouvrages de Ramoan dans le genre gracieux, et le nombre considérable de reprises dont cet ouvrage fut l'objet atteste suffisam- ment la franchise de son succ’s. Un des biographes contemporains de Rameau, Chabanon, qui, aux qualités d'un éerivain distingué, joignail le mérite d’étre un excellent musicien, faisait ressorlir ainsi la valeur de Ja musique des Indes galantes dans V'Eloge qu’il @ laissé de ce grand homme : Arrétons-nous un peu sur cet ouvrage de M. Ramoau, ils n’en est point oit il se soit montré plus fécond ni plus varié. Combien «airs d'une caractére différent! Je me les rappelle en foule, et ma plume ne scait lesquels dési- gner. Tout Vacte des Incas est marqué de ces touches miles et vigourouses aux~ quelles Ie grand Rameau se fait connoitre, L’articulation forte et nécessaire aux airs de danse, s'adoucit, se tempere, et favorise 1a voix dans cet air: Clair flambeau du monde. Lorsque les Mages siinclinent avec adoration devant Ie soleil. 1e chant et Vharmonic se déployent avec une gravilé majestucuse; bénissent-ils cet astre de pression et d'un quil épure leurs elimals ot y répand les plus douces influences, leurs chants peignent Yenthousiesme et le font naltre. Ce eri de Brillant soleil saisit et enleve lorsqu’il ¢ repris et répété tour 2 tour par les différentes parties du cheur, tandis que les autres continuent le sujet sous ces paroles: Jamais mos yeua dans ta carriére, ele Voila des traits d'art et de facture qui portent lour effet ‘avec cux: et quo des per sonnes peu musicionnes ne cherchent point dans co cheur A trouver un rapport entre la descente diatonigue et la chute dex frimuts. Ce n'est 1a qu'une circ accidentelle de ce morceau de musique, et qui, comme peinture, y_seroit inutile. étrangire méme. Le musicien ne doit point peindre les frimats lorsqu’on Dénit le soleil de co quil les dissipe ; s'il y avoit dans ce cas quelque chose a pe seroit plutot la sérénité que les frimats. De plus, un ordre diatonique de notes qui descendent ne peint pas plus 1a chute des frimats que la chute de toute autre chose Mais une mélodie noble, simple, parcourant sans gene les modulations dépendantes anouissent ndre, ce du ton, et qui, comme autant de branches parties du méme tronc, 5% autour de lui et le couromnent, voila co qui parle aux sens et & lame, voila ev qui doit étre senti principalement dans ce chovur : Brillant soleil. Que s'il y faut chercher —s- quelqu’an de ces rapporls que Pon nomme peintures, il suflit de cel inspire un sontiment d’élévation, une sorte d'enthousiasme qui convient & ceux qui adorent le soleil; la musique n’a di rien peindre de plus. Aprts les grands effets dont nous venons de parler, M. Rameau laisse reposer le piuceau de Raphaél pour badiner avec celuideAlbane. Le divertissement des Fleurs est on effet comme un assemblage de fleurs différentes, dont le parfum et les cou- leurs se varient par des nuances insensibles. Le caractére dominant est lovjours conservé; mais il est différencié & chaque instant; c'est toujours Yempire de Flore, mais il est vu sous plusiours aspects. Ces flours s‘animent et respiront. Ia rose pré- side au miliou d’elles, el les offace toutes. L’Amour, sans qui rien n'est beau, lui préle un colovis plus vif et des charmos plus touchants; c'est Ini qui parlodans cot air si tendre : ce sont 1A ses accens flattcurs et scs inflexions touchantes, elles le peignent, ou pluldt le font naitre. Zéphire arrive, la mélodie dovient Iégdre, elle a pris ses ailos et vole comme lui; ainsi divers mouvemons so suceddent, ot mille tableaux n’en forment qu'un... La musique de co diverlissement, feroit seule 1a réputation d'un grand artiste, Nous avons vu, @aprés le Mercure, que des modifications avaient été apportées & Youvrage aprés sa présentation au public. C'est surtout Pacte des Fleurs qui fut objet de remaniements importants, remaniements qui le renouvelérent d'une fagon presque absolue; on peut s’en rendre compte par ce fait que certains personages furent supprimés, certains autres ajoutés, et que la distribution des roles fut profondément modifiée. Voici celle que présentail la premiére version : Zaire . sees. MM Ennewans. Fatime.. . 2s MM: Perrreas. Tacmas... 2. ++ ‘Tarov. Mee Oe Pensox. et voict quels étaient les personnages et les Fleurs, sous sa seconde forme : interprétes de cot acte des Atalide. 2. ee. MMO Eine ans. Fatimes ooo MY Perrrpas. Roxane +s +++. Ml Bounsoxsors. Taomas.. 6. ‘Panow. Quelques mois aprés la création de Youvrage, le 10 ou le 11 mars 1736, on y ajoule une quatriéme entrée, intitulée les Sauvages, qui en augmente encore le succes et qui est accucillie avec la plus grande faveur. C'est 4 propos de celle nouvelle entrée, qu’Adolphe Adam, dans sa jolie étude sur Rameau, a fait les réflexions suivantes:—« Dans un de ses recueils pour clavecin, Rameau avait publié une pidco intitulée les Savages, Elle avait été trés remarquée et méritoit de Vétre. Il eut Vidée de Vintercaler dans eet acte et d’en faire Pauccompagnement du duo : Foréts paisibles (1). (1) I est bon de noter que cette pidce sexécutait d’abord par Vorchostre seul. Rameau l'indique expressément, en ces termes, sur sa partition: —« Cet air se jout —6— Le duo fit de Veffet au théatro; mais, on fin de complo, les parties vocules n’élaient que Vaccompagnement; le véritable chant était celui de Yorchestre exécutant Pair, et celle mélodie, devenue populaire, est connue de tout le monde. Ce qu'il y a de singulier, c’est que son caractire est apre, rude el vigoureusement indiqué par les notes pointées, qui Ini donnent une vigueur el une énergie (res prononcées. Dans Vaccompa- gnement du duo, en raison du sens des paroles, elle devrait prendro, au contraire, un sentiment de placidité qui semble etre Yopposé de sa conception premidre. Dalayrac a interealé ce theme dans Vopéra d’Asémia; mais Ini aussi I'a employé comme accompagnement d’une_priére des sauvages au lever du soleil, par conséquent, dans un sontiment calme; tandis qu'il aurait do présider & quelque action norgique, ot etre placé comme le bel air des Scythes, par exemple, dans I'Iphigénie en Tauride, de Gluck. » Au sujet d’un des morceaux de danse de cet acta, eélebre alors sous Je nom de Danse des Sauvages, on a rapporté une anecdote assez ingénicuse. mais dont je me garderai de garantir lauthenticité. Selon cette anecdote, Rameau, qui avait en grande affection sa premidre ballerine, Vaimable et toule gracieuse M™ Sallé, Vaurait vue entrer délibérément chez lui un matin, puis rester un pen embarrassée d’une demande qu’elle avait a lui faire. Encouragée par quelques paroles cordiales du vieux compositeur, elle se serait enfin décidée a.... un aveu. — Ecoutez, monsieur Rameau, je voudrai — Quoi donc, mon enfant? — Je voudrais apprendre la composition, et cest pour cela que je viens vous trouver. — Que ne le disiez-vous plus tot, ma chére? Rien n’est plus facile. Et, s'omparant d’une épingle noire qui tombait des cheveux de la danseuse, il lui présenta une fouille de papier de musique, en Venga- geant a piquer, a sa volonté, les diverses lignes et interlignes destinées a recevoir les notes. Celle-ci ne se fit pas prier, et, riant aux éclals de Ja singularité du procédé, fit aussitot ee qu’on lui demandait. Apres quoi Rameau, donnant & chaque piqire, c’est-a-dire 4 chaque note, une valeur sur les violons avant qu'il serve daccompagnement au duo. » Il pourrait bien y ayoir eu Ii une sorte de coquettcrie de Ramean : ses pitces de clavecin étaient dans Jes mains de tous les artistes, de tous los amateurs; leur succds élait grand, il le savait, ot il comptait sans doute sur la popularité particulidre do colle des Seuvages pour produire uno impression favorable sur ses auditeurs, exeiler ches cux un sentiment d'agréable surprise en la lour faisant entendre d la scbne symphoniquemont Aabord, a décowert, avant de la faire servir d'accompagnement au duo qui suivait, rythmique, se mit au clavecin et, improvisant Vaccompagnement, joua a sa danseuse le morceau qu’elle venait d’écrire, et de ce morceau fit la Danse des Sauvages. interprétes des /ndes galantes concoururent dignement au suecds de Youvrage. Ii en est deux surtout qu'il faut citer tout partieuli’rement : Ml Sallé, dont il vient d’etre question, pour la danse, ot Jélyotte pour le chant. Ge dernier, qui était encore presque nouveau a VOpéra, ou il wavail débuté que depuis deux ans, y gagna ses éperons dans le role de Valere, et o’est a propos de ce role quon lui adressa les vers mé- diocres, mais admiratifs, quo voici : IL est, quand je me les rappelle. Gertains momens, Dieux! quels momens! Entendit-on jamais une voix aussi belle ? Ou suis-je? et qu’est-ce que j'entends? Ah! cest un Dien qui chante! Heoutons ; il m'enflamme. Jusqu’oit vont les éclats de son gosier flalteur ? 7 Sur T'aile de ses sons je sens voler mon ame. Je crois des immortels parlager la grandeur. La voix de ce divin chanteur Est lantOt un zéphir qui vole dans 1a plaine, Et tantOt un volean qui part, enlove, entraine, Et dispute de force avec l'art de Pauteur. Comme il en était & cette époque de Lous les ouvrages a grand succes les Iules galantes engendrerent diverses parodies. Les deux premiéres farent données le meme jour, une a VOpéra-Comique, Vautre a la Comédie-alienne, le 17 septembre, trois semaines apres la représen- lation de Youvrage de Fuzelier et Rameau. Celle de la Gomédie-Ita- lienne avait pour auteurs Romagnesi et Riceboni fils; elle était en doux actes el un prologue et avait pour litre les Indes chantantes. Celle do POpéra-Comique, due a Carolet, était intitulée les Amours des Indes; elle ne comportait d’abord que deux actes, parodiant les deux premiers actes des Indes galantes; une semaine apres, le 2h septembre, Carolet y ajoutail un troisiéme acle, qui parodiait celui des Flows, de VOpéra; il jntitulail colui-ci « fa Feinte inutile on le Déguisement postiche, terminée par un ballet en forme de concert comique intitulé Ma mie Margot. » Ce ballet final était précédé d’un prologue ot on l’annoneait par ce couplet burlesque : Un bon danseur. Deux bons danseurs, ‘Trois bons dansours ensemble, Vous vont donner ma mie, Vous vont donner, ma mic Mar: Cotte danse nouvelle. —8— Presque en meme temps que celle-ci, Carolet donnail, sous le titre de la Grenouillére galante, une aulre parodie des Indes galantes ; il faisait jouer cette derniére aux Marionneltes de la Foire Saint-Laurent. Favart fit aussi deux parodies du meéme ouvrage, lors de deux repri qui en furent failes. La premidre, en quatre entrées et un prologue avail pour titre ?Ambigu de la Folie ou le Ballet des Dindons (31 aodt 1743) el ful donnée a POpéra-Comique ; ia Folie y chantait ce couplet : De ceite pitee les héros Sont tous de vrais nigauds; Ainsi, nous Vintitulerons Le Ballet des Dindons. La seconde parodie de Favart s'appelait les Indes dansantes ; elle était en trois actes, et parut & la Comédie-Ilalienne le 26 juillet 1751. Il nous faut maintenant donner quelques éclaircissements sur la forme que Rameau a cru devoir adopter pour la publication de sa partition, et qu’on a conservée dans I’édilion présente. Non seulement cette partition ne présente pas les divers moreeaux dans Vordre de succession qu’ils occupaient au théatre, inais encore elle n’est pas offerte on son ensemble et dans son intégralité, en un mot elle n'est pas compléte, Vauteur ayunt jugé a propos d’en retrancher « les scénes », ¢’est-a-dire tout ce qui est déclamation et récitatif proprement dit. Les morceaux sont en- Wwemélés arbitrairement, tel fragment d’un ate faisant suite a tel frag ment d’un autre acte, sans tenir aucun comple du sens des paroles et do la suite de Taction théatrale, de fagon, comme le dit ia préface, a former « quatre grands méme assez singuli¢re concerts en différents tons ». Une remarque est faire, e’est que pour chacun des trois premiers « concerts », Rameau a adopté une tonalité presque unique, et a di par conséquent, changer celle d'un grand nombre de morceaux, car cette uniformité tonale n’eal pas été supportable A la scéne; ainsi, le premier concert est tout entier en sof (majeur ou mineur); le second est presque enti¢rement en ré (majeur ou mineur) et les quelques mor- ceaux qui s’écartent de celte tonalité sont tous en si, mineur du ton de ré; enfin, le troisiéme est en sol (majeur ou mineur), & Vexception de quelques morceaux en si bémol, majeur de sol mineur. Le quatriéme seul offre un peu plus de variété, ear on y rencontre les tons Wut mi- neur, de la majeur eb mineur et de fa diese mineur. Par un singulier caprice, Rameau, aprés avoir reproduit dans ¢ conditions oules spéciales 1a musique du prologue et des trois pre miers acles de sa piece, a donné Vacte des Savages en son enticr et dans sa forme théAtrale, tel enfin qu'il avait paru a la scone, Il est 9 difficile de dégager le sentiment qui Ya fait agir en livrant au public une partition & laquelle il avait donné une forme aussi inusitée et dont il rompait meme Vunilé ,parliculigre par la reproduction intégrale de colle derniére entrée. ‘Toutefois, et sans pouvoir la bien comprendre, on devait respector sa volonté, el c'est ce qui fait que dans V'édition offerte aujourd’hui an public on a snivi serupuleusement la marche adoptée par Rameau dans la grande édition in-folio oblong qu'il a donnée de son vivant. D’ailleurs, et quel que soit le plan suivi pour la publication, Veuvre reste séduisante, pleino de grace et de fraicheur, et ’on remar- quera surtout, dans celle jolie partition des Indes galantes, ce qui a fail sa fortune au temps de son apparition, je veux dire ses adorables airs de danse, qui sont des modéles d’élégance, d’inspiration vivace, et qui, aprés un sidcle et demi, brillent encore par leur couleur, par la fran- chise de leur rythme et par leur accent a la fois plein de vigueur et de distinction. Arthur POUGIN. LES INDES GALANTES BALLET mbnoieur Paroles de FUZELIER Musique de RAMEAU Acteurs de la création PROLOGUE. ie ood ooed do bc ++ Mademoiselle EREMANS, L'Amour. eer Madeauivle PETITPAS, Bellone « ; CUIGNIER. PREMIERE ENTREE (le Ture généroux| Osman, bacha. 2... ee ee DUN. Valére, amant d'émilie. 2... JELYOTTE. Emilie, esclave WOsman, Mademisle PELISSIER. DEUXIEME ENTREE (ea Ineas du Péron) Huascar, Incas... ee ee ee CHASSE, Don Carlos... 2. ee JELYOTTE. Phani-Palla.. ss. + Mademoiselle ANTIER, TROISIEME ENTREE (Lee Fleurs) Tuomas, prince persan. os ss ae ‘TRInOU. Nyce eee ce ev ccelll lt PERSON, Zaire, princesse circassione ss. 1 Malta EREMAL Fatine, princesse georgienne, éguisie on Pasclave polonais. =. Vadensivlle PETITPAS (1), QUATRIEME ENTREE (ajoutee) (Lew Sauvages! Damon... . see JELYOTTE. on Alar eee DUN. AMdarios 6 ee CUVILLIER. Zing. eee soe + Malemiselle: PBLISSIER. Acteurs de la danse: — Dunne, Mar-rame, Duwovu, Javiuuign 5 ‘MMM Sanne, Ravox, Maserre, Le Bretox. Nora. — Les Indes galantes furent remises & la scdne: 1° le 10 ou 14 mars 4736 (avec la nouvelle entrée, [es Sauvages); — 2° le 28 mai 1743; — 3° le 9 février 1744; = # le 8 juin 1731; — 8° le 14 juillet 4761; — 6° le 5 décembre 1774. wf cae tolls cngsn nx Flewre, fat etalon grande, gate ® la sults de Ta promilre reprisntaton, Vole ciel lait fa distribution ‘de 1a nouvelle yerston de ‘catte entree a os e a mont Fatime ‘Mur PRTITPAS. Rowane: 226222 Mle BOURBONNOIS. OUVERTURE Estate pi TABLE THEMATIQUE INDES GALANTES 4s" CONCERT 4 NATIONS DANS LA coun D'Heo Ain v'Hené (soprano). — Vous qui d’Hébé suivex les lois. Ain vir v’Héué, — Amants stirs de plaire Ain PoLonais . Mouser EN nonpeav PREMIER MENUET. SECOND MENUET Ain vir : L’Awoun (soprano). — Ranimez, vos flambeaux Ain GRACIEUS POUR LES AMoUnS. Dvo exrae 1’Awoun er Héwe, — raversez ee Cuoeun, — ‘Traversex les plus vastes mers... 2 2 Aim pe Bexzose. 2° CONCERT — La gloire vous appelle. . . . Aim pour Les Gugnniens. — C'est la gloire. 2... 5 Atm pes AMANTS RT DES AMANTES © 22 2 ee ee Aun DOsman. 5 Paraser aim pour Les Bosran Gavorte pz Tacas. — C'est vous qui faites. Deuxieae ain youn ues Bostacis . . Ain itauien (soprano). — Fra lepupillo |.) sss ee re Paenten aim pes Fupcns (nONDEAU). . . eo er Petr ain pe Vanéne (ténor). — Sarees bords 5... te 1m TENDRE POUR LA Rose... Le Papittox (soprano). — Papilloa i Gavorrs pour tes Furuas ©... Perit ain ve Tacwas (haute contre). —L Aun pour Bouts er ta Rose. 2. 6 5 6 12 18 on 23 ea 30 at a4 36 89 68 69 70 u 8 80 8t

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