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Historique et prospective des technologies de stockage et de conservation des grains et graines par J.L. MULTON * ot F, SIGAUT Le probleme de la conservation des aliments s' t pose des la préhistoire, lorsque les hommes, devenus plus nombreux, commencerent & vouloir étaler dans le temps utilisation des ressources temporaires, et surtout saisonniéres, de leur environnement. Parmi ces ressources graines, d'une valeur nutritive élev ‘concentrée sous un faible volume, Ne pouvaient que prendre une importance croissante. C’est alors sans doute que les premieres communautés de quelque importance purent inventer de nouvelles structures sociales (hiérarchies) et de ulture et élevage, poterie, tissage...). Toutes ‘sédentariser nouvelles techniques (agi ces innovations independante, qu'on ne I’ le terme de « Revolution néolithig celle sans doute qui a éte la condition nécessaire de toutes les autre: ‘yes vraisemblablement le stockage alimentaire. Depuis cette epoque reculée, les ce reales et dune maniére generale es grains et graines, n’ont cesse détre Ia Principale ressource alimentaire de homme, situation qui ne changera probablement pas dici la fin de ce deuxieme millénaire. Seul le mode de consommation de ces denrées a evolue au fil des ‘années : longtemps directe. apres une Ccuisson simple (bouillies. pates. galel- tes), apres fermentation et cuisson (pain), ou apres fermentation (bots- son) Tutlisation alimentaire des grains depuis cinquante ans, dans les pays industrialisés, passe de plus en plus par la transformation en proteines ani- males (élevage), avec. il faut le soul: gner, un tres mauyais rendement Tres récemment ‘un mouvement in- verse s'est timidement amoreé avec le eveloppement de, la culture des grai- nes proteagineuses dont on extrait et traite les protéines dans les fiieres in- dustrielies alimentaires aé hoc. pour les utiliser en tant que telle. Cette ten- dance, dont on ne sait encore ce quil adviendra, reste pour linstant margi nale par rapport a la filiere alimenta- tion animate, Mais quelle que soit cette évolution et que! que puisse étre son devenir. il y @ une elape qui est. et demeurera obligatoire, cest celle du stockage et de ia conservation des grains et gral Nes. entre la récolte et Tutlsation, A cot egard. il faut savoir que les Pertes annuelles mondiales sont bien plus dispersee, plus utrefois lorsqu’on les associait sous . La premiere d'entre elles en date et st considérables : elles représentent au ‘moins 10 % de la production mondiale et pauvent atleindre 40% dans les zones chaudes et humices (F.AO. 4982), les évaluations étant tres diffi les a faire dans ce domaine, Soulignons que le stockage ou la Conservation ne peuvent étre discutés striclo sensu. En effet, les. technolo: gies de stockage sont étroitement liges et dépendantes de famont (agro- nomie, selection variétale, pratique culturale) et de aval (industries ulil- satrices) : elles nécessitent par ailleurs la connaissance el la mise en ceuvre de disciplines extremement variees Diologie, microbiologie, entomologie, thermodynamique, mécanique. manu- tention, résistance des _materiaux. genie civil, ete. De ce fait, retude du slockage es: une activité essentielle- ment pluri-cisciptinae qui exige la collaboration étroite de specalstes ties differents. C'est cet ensemble de technologies, qualifié parfois de « sys témes post-recolte ». qui nous inte esse ici Le stockage. dont on percoit Fimpor- tance absolument essentielle pour la survie de millions dhommes. ole a analyse plusieurs fonctions tres ditfe- rentes ‘© une fonction technique. qui corres: pond a !équipement technologique et AUX connaissances scientifiques du moment. ‘* une fonction sociale et economique, Par le marche. les echanges, les tran sactions quill suppose et les intéréts financiers qu'il met en jeu, ‘une fonction politique, car ies réser- ves alimentaires figurent toujours en bonne place dans les préoccupalions des gouvernements, a toutes les épo- {ues et sous tous les régimes, une fonction strategique, les oéréa- les étant {élément principal de ce que Ton a appele I's arme alimentaire » Avant daborder l'étude historique et Prospective du stockage, il n'est sans doute pas inutile de rappeler en quel ques mots les données scientiiques du probléme (MULTON, 1982). Ii faut en particulier souligner quiun stock de grains est un écosystéme ar- iliciel, er86 par Thomme et constitu dun ensemble de ditferontes entites vivantes : dune part et obigatoirement les grains avec leur germe el les mi- cororganismes (moisissures. levures, Dacteries) ; dautre part, de fagon non obligatoire mais. cependant tres Iré- quent, les animaux prédateurs (aca riens, insectes, oiseaux). Cel écosysteme est caracterisé par sa nalure physique granulaire ou Tespace gazeux intersitiel represenie 40 % ou Volume apparent : de ce fait on peut faire « couler les grains, qui se comportent comme un fuide (dou une manipulation aisee en vrac), et i est possible dinsutfer de Yair sous legere pression dans la masse méme des grains (ventition), ensemble est un excellent isolant thermique et un mauvais accumula: teur de chaleur. ce qui fait que la pro duction de chaleur lice aux phenome- nes vitaux engendre localement de rapides élévations de temperature du systeme, Les grains sont enfin caracterisés par leur grande hygroscopicité (aptitude a absorber la vapeur dau jusqu’a Fequilibre entre la teneur en eau des grains et 'humicité relative de lair in- {ergranulaire, mesure par la courbe de sorption) Les principales alterations des grains stockes resultent de Factivite metabali- ‘ue de Fecosysteme. En dernigre ana- lyse. la conservation et le stockage des grains ne sont pas autre chose ‘que a stabilisation momentanée de * ingenieur ENSIA, Docteur &s-Scionces Drecteur du Laboratoire de Stockage et Conservation des Denrées Alimeniaires INRA, rue de la Geraudiere. $3072 NANTES Cedex ingenieur Agronome INA. Docteur en Ethnologe Maire-Asesstant @ FEcole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. 54 {8a Raspail 75270 PARIS Codex 06. Industries Alimentaires et Agricoles 1962. AL (DE) 067 Vécosystéme et de son activité vital Visant a maintenir intégralité de Vénergie chimique accumulée dans les grains (principalement sous forme dlamidon, grace a ia photo-synthese, de protéines et de lipides) en evitant la degradation de ce stock énergéti- ue (essentiellement en CO,, H, O, et chaleur) ov sa conversion en bio- ‘masse microbienne ou animale. Deux types de métabolismes peuvent pren- dre place : soit un métabolisme aéro- bie, les grains, les microorganismes et les’ animaux respirant grace & loxy- gene de air, soit un métabolisme anaérobie fermentaire (bacteries res- onsables de fermentation alcoolique, acétique, lactique, butyrique). Le mé- labolisme aérobie s'auto-entretient et meme s'auto-accélére ; e métabo- lisme fermentaire, beaucoup moins cif, tend & s'auto-ralenti, I aut ajouter & ces altérations biologi ques, des altérations de nature chimi que ‘(réactions enzymatiques, réac- tions de Mailard, dénaturation des proiéines. degradation des ghicies, oxydations) et mécanique. Les vitesses de ces differents types dlaltération dépendent etroiterient des facteurs du milieu : température, humi- dité, oxygenation et durée, qui ont tous un effet d'autant plus pemicieux Quils sont un niveau plus élevé. Le maintien au plus haut degre de qualité possible des propriétés nutri- tionnelles, organoleptiques et techno- Vogiques des grains, la faible valeur ajoutée de ‘opération stockage, limi- tent considérabiement ie choix des techniques de conservation, excluant celles qui altereraient la qualté et celles qui sont trop cotteuses. ‘A cet égard, on peut de maniére tres ‘schématique distinguer deux cas : © Pour les grains secs ou semi- ‘secs Ia conservation est assurée soit paar stockage en sac dans des locaux frais et secs, soit par stockage en vrac, sur aire, en grenier ou en cel- lule ; en vrac évacuation des calories et de la vapeur deau se fait par ma- utention des grains (pelletage sur aire, transilage des celivles ou par ventilation force). Des moyens de Protection chimique peuvent étre éga- lement utiisés contre les insectes et les moisissures. Plus sophistiqué, le stockage en callule étanche (sous CO, sous gaz inerte, ou sous vide) proiége contre les insactes, les oxyda tions et les moisissures. Pour les grains humides on peut procéder a un séchage lent, naturel, & Fair ambiant, des grains maintenus en 1158 épi (en gerbes, sur le champs ou en grenier ; en cribs...) mais les techni- ‘ques de séchage rapide a lair chaud avant stockage, de fermentation anae- robie (ensilage, en alimentation ani- male) ou de stabilisation microbiologi- que par des produits chimiques, sont la fois plus sires et plus hygiéni- ques. 1. Historique du stockage et de la conservation des céréales 11. De la préhistoire a I du Xx: siecle ‘Avant le milieu du XX* siécle, il im- porte de distinguer : (1) les techniques utilisées dans la pratique, et (2) 'évo- lution des idées dans le domaine de la recherche scientifique et technologi- que. Crest au début du XVII que pa- raissent les premiers travaux de ca- ractere veritablement scientifique sur la conservation des grains. Mais ce est pas avant les années 1950 en France, 1920 en Allemagne et aux Etats-Unis, que les recherches sont etfectivement mises & profit dans la pratique de fagon courante. ube Fig. 12 Grenier ASTURIAS de plan ‘carr, en bois ig. 2 : Grenier de Gabice de plan rectan- ‘aulare, en brque 111, Les techniques ia conservation des grains, et des produits cérealiers en général, n'est uexceptionnellement une tache.sim- ple. Pour identifier sans ambiguité les techniques utilisées, autrefois comme aujourd'hui et dans le monde entier, i! faut distinguer quatre sortes d'opéra- ‘ons 5 opérations préalables de prépe- sation des produits avant le stockage (séchage, étuvage) ; ‘© des opérations de conservation proprement dites, pendant le sto- ckage, qui consistent & controler plus ou moins ambiance physico-chimique des produits stockés ; ‘© des operations de préservation, également pendant ie stockage, qui consistent en général & traiter les pro- duits stockés contre un ennemi plus ou moins spéciique (insectes, mais aussi moisissures, ete); et enfin des opérations de loge ment des produits, qui sont en quel- ‘que sorte la fagon dont les solutions précédentes sont appliquées au ni- vveau de la construction et de Tagen cement des batiments, en accord ou fen compromis avec autres solutions ‘aux problémes de manutention, de ré- sistance des matériaux, etc. (stockage vertical, horizontal, tc.) Nous laisserons largement de cote dans ce qui suit tout ce qui concerne les techniques de préservation. Dans les sociétés pré-industielles, Y. de Luca (1980) a fait un inventaire tres deétaillé des poudres et ingrédionts. de toutes sortes utilisés pour éloigner oi- seaux, rongeurs et insectes des gre- riers. Dans les pays industriels, on peut ranger sous la rubrique « préser- vation » les traitements insecticides, actério- et fongistatiques : leur wis toire, méme pour des périodes tres ré- ccentes, est remarquablement mal connue. 1191. Les opérations de Préparation : étuvage, séchage L’étuvage (parboiling) est une tech- nique fort peu connue du public, et méme des industriels, en France. Elle consiste en une sorte de précuisson du grain eau chaude, suivie dun séchage rapide. L'opération a des avantages nutritionnels _(enrichisse- ment de 'amande du grain en vitari nes hydrosolubles de lenveloppe), culinaires (le riz étuvé ne «colle» pas), elle facile également la sépara- tion ‘de Tamande et de ses envelop- es, et enfin, en stérilisant pratique- ‘ment le grain, améliore considérable- ‘ment la durée de sa conservation, Letuvage est de tradition ancienne en Inde pour le riz (Gariboldi 1974), mais. aussi au Proche-Orient pour ie bié ‘consommé sous forme de gruau (bul- ur). I r’état. gas inconnu en Europe le gruau d'avoine en Suisse et en Au- triche (Haberkern, Habertaiggen) Gtait étuvé et conservé sous cette forme. Le procédé a 616 adoplé par les industriels américains qui en ont fait un puissant argument de vente our te rz, Le séchage au contraire de létuvage, Sest toujours pratique un peu partout Mais ce n'est que dans certaines ré- gions quil avait une importance suffi sante pour donner lieu des installa- tions spéciales. Le séchage_artfciel était traditionnel en Europe du Nord, sous deux formes différentes ¢ dans les Pays Baltes et en Russie du Nord, on séchait le grain en gerbes, a température modérée, dans des séchoirs spéciaux au bois appelés en russe riga (cf. la ville de ce nom en Lettonie) ; le grain y conservait sa ccapacité germinative ; Fig. 9: Etuve de séchage avec dcoulement du grain par gravité. (DUHAMEL DU MONCEAU, 1740), © dans les PayS scandinaves au contraire, et dans fe Nord des les bri- tanniques, on séchait le grain en vrac, dans des sortes de fours, a tempéra- ture relativement élevée ; le grain ny conservait pas sa capacité germina- tive, En Europe occidentale toutefois, le sé- chage artifciel des grains, peut-etre pratiqué & Age du Fer et jusqu’au début du Moyen Age, avait compléte- ment disparu lorsque les premieres « @uuves » 2 sécher les grains firent eur apparition en ttalie dans les années 1730. De nombreux cher- cheurs, parmi lesquels Duhamel du Monceau, s'y intéressent dés les années 1740, Mais quelques munici- paliés suisses (Geneve, Bere...) fu fent apparemment les seules a Yes adopter pour leurs greniers de ré- serve. Le séchage des grains ne se déve- loppe vraiment qu’a partir des années 1820 et 1830, apres que usage de laver les biés eut commencé a se ré- pandre en mounerie. En 1847, Rollet recense déja 16 moddles de séchoirs grains, dont fun, a tambbours rotatits, est utilisé aux entrepots de La Villette Par la suite toutefois, le séchage dis- parait a nouveau de la pratique en France, avec ‘abandon du lavage des blés au profit de leur nettayage par voie séche. Son développement se poursuit en Grande-Bretagne et en Al- Temagne, ou les récoltes ont dordi- naire une humidité supérieure de plu- sieurs points a celle qui s'observe en France. ll faut ationdre la montée du mais au Nord de la Loire aprés la der- nize querre, et surtout sa récolte a la ‘moissonneuse-batteuse, pour que le séchage artifciel des grains fasse sa reapparition en France. 1112. La conservation du grain en épis En épis, le grain se conserve beau- coup plus facilement quen viac, sans exiger autant de volume quien gerbes. ‘Crest pourquoi la conservation en épis a eu dans le passé une tres grande ‘importance, surtout dans les agricultu- res les plus primitives. Les noms du grenier en allerrand (Speicher) et en Portugais (espigueiro) viennent du baslatin splearium, «grenier a 6918 », indice sans doute de cette im- portance passée du stockage en épis, en Europe. En Afrique, fe stockage du mil et du sorgho en épis, en général dans des greniers suréleves et aérés, est toujours de pratique courante ; est une des méthodes, semble, {qui comportent le moins de peries En Europe, le stockage en épis, dis- paru au Moyen Age au profit du sto- ‘ckage en gerbes pour les céréales & paille, s'est sans doute mainte plus longtemps pour les millets. Assez longtemps en tout cas pour qu’a ari vee du mais, au XVI siécle, colui-ci ait trouvé tout natureliement sa place dans les anciens greniers & pis. Cest ainsi que les magnifiques esp gueiros du Portugal et de la Galice, fen pierres ajourées pour laisser pas: ser ‘Yair, sont techniquement des cribs ; on trouve des structures sem- blabies, mais plut6t en bois, dans les Pays danubiens et balkaniques. En France toutefois, le mais était conservé quien guirlandes sous (au- vent des maisons, ou encore en cou- cches sur le plancher du grenier : c'est seulement aprés la demiere guerre que les cribs furent introduis chez ous, a limitation de TAmérque doi nous venaient au méme moment les premiers hybrides 1113. La conservation du graia en gerbes En gerbes mieux encore quien épis, te des 1786 en Ecosse, put se dévelop- simple et invertée avant la Veuse (les dates sont 1836 et 1885 respective- ment), ne fut en fait uillsée que bien Plus tard : dans tes conditions du Mid- west, fe grain récolte en wrac ne $2 conservait pas. Cest ainsi que le systime gerbes- grange-battage_ditteré, appans quel- Que part en. Europe occidentale. au début du Moyen Age, resta en pleine Vigueur jusque dans les années 1950. La faux, puis la batteuse (utisables fen plusieurs fois), puis les difteronts types de plus en plus perfectionnés de moissonneuses, y compris la leuse, ne modiiérent nullement la structure Industries Alimentaires et Agricoles 1982. 3159 du_systéme. Elles iui donnérent au contraire une efficience mulipliée, dé- terminant une extension géographique considerable. 1114, La conservation du grain en vrac (On a toujours conserve du grain en vrac en petites quartités, pour les be- soins du commerce, du ‘transport, du voyage, de la consommation quoti- dienne, ou des futures semailies. Crest en vrac également, mais en assez grandes quantités qu'était conservé le grain des greniers étati- ques ou urbains au Proche-Orient, en Egypte, a Rome... Mais nous ne avons pas grand chose des procédés Utilsés alors pour le protéger. Pour de courtes durées, de faibles volumes, ou en conditions tres _séches (Egypte, Mésopotamie, Vallée de lindus...), la ‘conservation des grains en vrac pose Peu de problémes. Dés que ces ‘conditions sont dépassées, toutetois, il faut avoir recours & des procédés de ‘conservation spécifiques. Ces procé- és sont nombreux, surtout si on rend en compte ceux qui rent jamais dépassé le stade experimental (la. conservation sous vide par exem Ble, essayée des 1861, ou les divers systémes combinant séchage et rétri- gération...). Mais dans la pratique la Plus courante, la conservation des grains en vrac n'a jamais mis en Geuvre que deux principes, d'alllours antagonistes : celui du confinement, et celui de l'aération. Cest le confinement qui, paradoxale- ment peut-étre, est le plus ancien et {ut longtemps le plus utlisé, si on se place a échelle, non de la seule Eu- ope, mais du monde. Depuis au moins Age du Fer, et sans doute bien avant, crest en silos souter- rains, et donc en atmosphere conti- Fi. 4: Grrr dgypten (reprodscton aimabiement autise parle Musée cu Louvre) 1160 née, que Ion conserve les grains dans la piupart des régions qui vont de I'Es- agne et du Maroc a Inde et a la Chine. [Ceci pour IEurasie, car les silos sou- terrains sont également utilsés a Ma- Jdagascar, en Afrique orientale jus- quau Lac Tchad a lOuest, et en Amérique du Nord. Cette aire im- mense était dailleurs plus vaste en- jcore dans le passé : on a trouvé de {tes nombreux silos souterrains de Age du Fer dans le Nord de la France et en Angleterre. En France, leur empioi a subsisté jusqu’au Moyen ‘Age dans certaines régions, et méme jusqu’au XVII et XVIIF siécles dans le Sud-Ouest (Tarn-et-Garonne, Haute- Garonne, Gers, oon les appelait ros). En Italie (Toscane, Poulles), en Hongrie, en Moravie, etc.,.leur usage a survécu jusqu’a la fin du XIX siecle, voire parfois jusqu’a la seconde guerre mondiale. ‘On a souvent évoque l'insécurité pour expliquer usage des silos souterrains, Crest une explication trés insuffisante, La veritable « explication » de cette pratique, si tant est quil en faille une, tient en’ une combinaison de facteurs techniques, écologiques ot sociaux, ‘qu'on peut résumer ainsi, Avant les in- [secticides modemes, il n'y avait pas autre moyen que l'atmosphére conti. ‘née pour garantir contre les insectes, dans les pays a hivers doux, des ré serves importantes de grain en vrac (5 a 10q et plus) pour des durées de Vordie de l'année ou davantage. OF dans toutes les régions « & silos », au moins en Eurasie, la pratique usuelle était de « dépiquer » le grain immédia- tement aprés la moisson, ce qui don- nit tout de suite une masse impor- tante de grains en vrac qui fallat bien conserver sous cette forme. Le sto- cckage en silos souterrains, toutefois, Implique de longues durées. II conve nit fort bien pour les réserves des grandes families paysannes, et aussi pour celles du grand commerce médi- terranéen qui. jusqu’au XVill* siécle, avait un caractere trés spéculatif (le grain restait des années dans les im- menses silos creusés dans le rocher en Sicile, & Malte, en Crate ou a Chy- pre, jusqu’a ce qu’arrive quelque part la cherté qui déterminait 4 le ven- dre...). Dés lors cependant que les ‘communautés paysannes perdaient de plus en plus leur autonomie alimen- faire, des lors aussi que le commerce du bié en Méditerranée devenait plus régulier, les silos souterrains perdaient peu a peu leurs raisons détre. Cest ‘ce qui explique leur régression pro- gressive, allant jusqu’a leur dispartion, ‘aux XIX" siécle. Mais le stockage, sinon en silos sou- terrains comme autrefois, du moins en ‘atmosphere confinée, reste une mé- thode remarquablement efficiente et eu coitteuse lorsquil s‘agit de volu- mes tras élevés et de longues durées. Crest ce qui explique qu'on y ait eu re- ‘cours en Argentine pendant la der- nigre guerre mondiale, et depuis quel ‘ques années en Australie. Sous des modalités éventuellement perfection- ‘nées (atmosphére enrichie en gaz car- onique, en azote...), c'est une mé- thode qui n'est pas sans avenir. C'est entre autres avantages une méthode de désinsectisation qui ne laisse aucun résidu ‘Au contraire du confinement, les tech: niques de conservation basées sur Vaération des grains en vac suppo- sent une saison assez froide apres la récolte. En Inde par exemple, ol ie bIé se récolte en avri-mai, ventiler pendant la moisson, c'est-a-dire avec de lair chaud et humide, ne conduirait quia des catastrophes | Mais méme avec de Tair froid, a ventilation r’est as sans difficuttés. En fait, c'est seu- lement dans les années 1960 que la physique du phénomene a commence @tre bien comprise. Auparavant, i! tait impossible de ventiler sans dan- ger des épaisseurs de grain en vrac ‘aie (MEL DU MONCEAU, 1740) téme de ventilation & soutiets mu par un ane de plus de deux ou trois metres. ce Qui obligeait a des equipements CCompiiques e1 couteux. Crest pourqual du reste la ventilation proprement dite (insuttier de lair dans les grains) entra vraiment dans la pratique cou ante que dans les annees 1960. Et cela malgré de multiples tentatives. dont les pls anciennes. pour la France. remontent aux années 1740 (Duhamel du Monceau). La seule me- thode vraiment sire était celle de !ae- ration proprement dite, qui consistait a femuer les grains dans Vair. Re wage @ la main dabard, puis de plus fen plus mécanise a mesure quappa- raissent de nouveaux appareils de nettoyage et de manutention, et que la taille des installations s accroit. La conservation des grains en cou ches peu epaisses avec pelletages re: Quliers est la plus ancienne des tech- iques de cette categorie. Elle n'est ‘cependant pas tres ancienne. Incon- nue de |Antiquite semple-til, elle Napparait que dans les demiers sié- cles du Moyen Age. dans les gremiers, Publics de reserve des grandes villes commercantes Europe centrale (Strasbourg par exemple). Au XVI Siecle. cest encore une pratique relati= vement nouvelle. Il est probable Quelle niattemt pas les campagnes. avant le XVIII. voire le XIX" siecle, en raison de son cout elevé. non seule- ment en main deeuvre, mais surtout cen batiments. I faut en effet, en raison de Ia faible epaisseur des couches (2 @ 3 prods au plus. sot 70 om a im environ). des surfaces de planchers considerables. Cest ce qui finira par ‘condamner la méthode, apparition du tarare, au debut du XVIll siecle. offre une premiere pos- sibilte de mecaniser les pelletages. Les appareils de nettoyage vont se perfectionner et se multiplier au XIX’ siecle. et leur role dans une meilleure conservation des grains ne doit pas etre sous-estime. On tente aussi de smecaniser» les greniers eux: mémes. en y installant des disposiits permettant dy faire circuler les grains du havt en bas par gravité (tremies superposées en chicane, greniers « Tuissellement », etc,). Mals il est dif cle de savoir quelle importance reelie Cont eue toutes ces innovations dans la pratique. L’étape decisive dans la mé- Canisation du pelletage fut le sto- ‘ckage vertical, qui impliquait nécos- ssairement une mecanisation poussee des procédes de manutention dy grain, Le premier elevator est construit & Buffalo (Etat de New York) en 1842. Mais c'est @ Chicago surtout que le nouveau systeme se développe, avec lalflax des graing du Midwest destine a lEurope, Le tratic y passe de 6 mil lions de boisseaux en 1850 a 150 mit lions en 1890. soit une multiplication par 25 en 40 ans! Jusque dans les annees 1880, une grande partie de ce grain doit sejourner plusieurs mois a Chicago. en attendant de pouvoir en sortir par les Grands Lacs apres la fonte des glaces : la capacite de slo- cckage est de 4 Mp en 1858, de 30 Mo en 1888 (Lee, 1937). De tels chiffres sont astronomiques par rapport aux capacites existan! en Europe a la meme epoque. Mais on concoit que ‘a rigueur meme des hivers du Midwest ait singulierement faci la tache aux responsables de la bonne conserva- tion des grains dans le nouveau sys- teme. En France. une des toutes pre- rmieres realisations de stockage vertical est celle des silos Huart de la Manutention Miltaire a Paris: douze cellules de plan carré. en tdle, de 12m de haut, et dune capacité totale environ 35,000, construits en 4886. Mais feur exemple, semble-til, ‘Mest guere concivant. Hormis quel: ques silos portuaires, peu nom breuxet ou dailleurs le grain ne sé- journe pas. le stockage vertical ne se repand pas en France. Les silos mé- taliques de la Compagnie des Omni bus a Paris (21.000 m’ en 1880) sont @ atmosphere confinge. En 1912, E. Schribaux critique tres séverement les silos Huart et conciut quill s'agit dune ‘methode « covteuse et irrationnelle ». Lorsquen 1892, les magasins des Moulins de Corbeil sont detruts par Un incendie, on les remplace par des silos (40 cellules en maconnerie et Charpente en fer, capacite totale de 10.000 t), sur le modele des installa- tions les plus récentes dAngleterre et de Roumanie. Mais en 1896, les Mou: lins de Montrouge font construire des reniers de huit niveaux pour le sto- kage en sacs. Dans tous les cas, dailleurs, il s'agit de stockage portuaire ov industriel, Cest-a-dire a court terme. Le stockage proprement dit, & long terme, est pres- {ue entierement a la charge des agr- culteurs, qui l'assurent soit en gerbes (granges ou meules), soit, pour une Plus faitie partie, en vrac, sur plan- cher avec pelletages et tararages. Le ‘commerce des grains nest alors en general qu'un courtage, qui n’assure Quiune partie infime du stockage et du transport. 1| faut attendre le dévelop- pement des cooperatives céréalieres dans les années 1930, et surtout a partir de 1938, avec la création de VONIB, pour voir apparaitre un vérita- ble stockage de collecte. Les chittres, malgré toute lincertitude qui les enta- cche, sont revélateurs : Evolution des capacités de siock de colacte en France (millers de tonnes) 2.800 3.170 Une grande partie de ces capacités est en aires et planchers plus ou moins sommaires, en magasins, etc. ‘4 Ie grain est souvent stocks en sacs. Mais Cest indubitablement cette époque que les silos verticaux (les. « silos-cathédrales » comme on Git aujourehui). font leur apparition dans nos paysages, prés dun siecle Plus tard quien Amérique. Le grain y est conserve par transilage, avec pas- sage en cas de besoin dans les appa- reils de nettoyage. La proportion ‘de apatites ventiées est infime. car saul ispositfs cooteux, il n'est encore pos sibie de ventiler avec sécurité quen stockage a plat. Lequel pose des pro- biegmes de manutention...On ne sor tira vraiment de ce dilemme qu'apres 4965, lorsqu'on aura appris a ventller sans risques dans des celiules de grande hauteur. ll est a noter que ce Fésultat est la_premiére contribution importante de la recherche scientiique a la pratique du stockage des grains | Presque toutes eS innovations. anté- rieutes étaient de caractére empirique. Ce qui montre bien que si fempirisme 2 ses limites, ila aussi son utili 112. Les recherches Les agronomes de VAntiquié et du Moyen Age, ceux de la Renaissance, cn Italie et en France surtout, ont tous consacré un chapitre, ou au.moins ‘quelques lignes, 4 la conservation des grains. Mais il s'agit pour eux, essen- tiellement, de mete pas écrit, de cadi- fier un savoir empinque. Le premier texte de caractere vraiment scienti- que est le Mémoire de Reneaume «Sur la maniére de conserver les grains », publié en 1708 par 'Acadé- mie des Sciences. Crest essentielle ment une analyse critique des diffé- rents procédés alors en usage, mais ou auteur tente d'identitier et c'établir de fagon raisonnée action de facteurs ‘comme la température, "humidité, air, ee. Peu apres, c'est apparition de alu: cite dans la région de La Rochelle qui donne lieu a de nouvelles recherches. Industries Alimentaires et Agricoles 1962. 1161 Calies, purement entomoiogiques de Reaumur dans les années 1730. puis surtout celles de Oukamel de Mon: eau et Tilet dans les années 1740 4 1760, Duhamel pubie son Traite de la conservation des grains on 1753. suivi dun Supplement en 1765. qui resteront les seuls ouvrages Sencem- ble sur le sujet jusqu’a la. pubication du pett manuel de P. Diioth sur La conservation des récoltes.... en i917! AAprés une écipse de cinquante ans, les recherches reprennent en 1818, & Vintiatve du Vicomte de Lasteyre ot dun industriel du textie, le baron Ter- naux. Les vicoissitudes des. années 1790-1815 les avaient forces @ par- courir ‘Europe, comme beaucoup de leurs conctoyens. Avec dautres, is avaient redecouvert tes. silos souter rains dEspagne, ditale, de Hongte. Enthousiasmes par cette méthode si rowvelle pour eux, is. entreprennent de adapter aux conditions francaises, Entre 1819 et 1822, huit series dex: périences de conservation en atino- Sphere confinge sont lancees. On es- saye des «fosses & grains > sur le ‘modele tradtionnel, mais aussi des re Spients de plomb, des tonneaux en- cuits de bitume, etc. Les plus oslebres de ces experiences sont celles de Temnaux. Elles sont annoncées. dans la presse (y compris Le Moniteur). On vient en foule a Saint-Ouen, dans la = campagne » de Ternaux, assister au remplissage ou @ louverture des fosses : parmi cos visiteurs, ily a Jean-Bapliste Say, le duc Decazes, et méme un jour, en 1824, « Mar. le Duc Onéans (le utur Louis-Philippe) et les Prince ses enfants ». Ternaux est presque certainement le premier & voir fait usage du terme silo, dor ‘ine espagnole, dans un texte techni- due, en 1620. est de la en tous cas que’ ce terme s'est répandu dans le Vocabulaire technique francais, puis international. Jamais ‘sans doule des experiences de conservation des grains rvauront eu autant de retentis: Sement qu’a cette 6poque Pourtant, les résultats obtenus par Ternaux’ et ses émules ne satisfont pas les experts. Dés 1830, on se dé- Sintéresse de la question. I faut une nouvelle poussée de Talucite dans les années 1850, dans le Centre cette fois, pour quion y revienne ce sont les recherches de Doyere, interrom- ues par sa mort prematurée en 1862. ‘Comme ses prédécesseurs, Doyére ne tarde pas a se tourner vers lensi: lage hermétique, comme le procédé le plus prometteur. Pour sa realisation, Préconise des silos de tole, mais en- terrés, Et il identifie le principal pro- 1162 LEceNves eserot & Coeaies Gansratour Azote Rotigrant Azle ésonot sea pour le ‘einoeran E Aspiatowr aie 2 Tovdtonme > Robie oe prise Azo © Tuyau 8 prso Azote 1 Serpenun au tira © Tuyau orotate 1 Conduite Azote chs 2 Come 1 Robins de enage st Gownange de la Come | Rebinet Saspvion gar ke Tuyau dasoraton ae 1 bine cirerception et Vases apprateure 2 Tau dr Tou shone pour a dango oes Caeales @ Double fond gar do ‘ote metahove 1 Ferg. @T stent lo ‘oubl ond Fig. 6: Silo sous azote (HAUSSMANN pere, 1855) bleme, celui du taux dthumidité limite, Quil fixe & 16%. C'est assurement lop élevé, mais il reste a Doyére avoir été sans doute le premier a étudier systématiquement, et quantita- tivement, lhumidité des grains. Apres Doyere, on précorise des silos atmosphere désoxygénée, a vide, a azole méme (Hausman pére, Lou- vel), mais ces tentatives n’aboutissent pas. Pourtant, il se construit quelques silos métaliques étanches a Paris, & la fin des années 1870. Notamment pour la Compagnie des Omnibus, qui ‘oxpioite des tramways hippomobiles, fet dont la cavalerie s‘accroit alors de fagon explosive (1.500 (étes en 1854, pres de 19.900 en 1880 !). Dans len: semble, les nouvelles installations donnent satistaction. Mais il y a tout de méme quelques difficultes, et on fait appel @ Mantz, professeur a Insti ‘tut National Agronomique nouvelle ment créé. Mintz effectue alors une série de recherches en laboraloire sur le comportement des grains stockés dans des conditions controlées de température, dhumidité et de compo: sition atmosphérique, qui sont tout & fait remarquables pour |'époque. Diautant plus remarquables qu'aprés Mantz, plus rien de comparable ne sera entrepris en France jusqu’a la se- conde guerre mondiale ! Il y a bien les travaux d'E. Schribaux en 1912, puis, avec ta fondation de I'Ecole Frangaise de Meunerie en 1924, ceux de H. Nuret et de quelques-uns de ses col HT (Ih: at Fig. 7; Coupe dun grenier avec si atone, Tare) "© "e Figure 7 bis » Coupe dun grenier avec silo. de la'rue Monge (MUNTZ, 1878) laborateurs ou éléves, ceux aussi de R. Legendre, et enfin les experiences. GA. Blanc en 1938-1999, qui reprend peu de choses prés la problémati- ‘que de Doyere, avec du reste des ré- sultats tout a ‘fait semblables. Mais rien qui se situe dans la ligne de la tradition inaugurée par Muntz. Cette tradition se poursuit, mais ailleurs quien France : en Allemagne d'abord semble-til, puis aux Etats-Unis et au Japon. Dans un article-bilan publié en 1952, récapitulant acquis du demi- siécle écoulé en matiére d'écologie (comme on ne disait pas encore) du grain stocké, J. Buré ne peut citer que eux ou trois auteurs francais (dont E. Schribaux) parmi plusieurs dizaines auteurs anglo-saxons ou allemands, A tite d'exemple, les premiares cour- bes de sorption sont établies aux Etats-Unis dans les années 1920 ; en Europe, elles apparaissent dans lou: vrage fondamental dHoffmann et Mons (Das Getreide-korn) en 1931 ; ‘en France, il n’en est pas fait mention, semble-til, avant les premiers travaux de A. Guilbot a ta fin des années 1940. Le seul document dorigine « scientifique » dont disposent les pro- fessionnels est le diagramme de Nuret, publié en 1935, et qui est tire du livre dHotfmann et Mohs : mais ce diagramme approximatif, ne prend pas fen compte un facteur important, celui de la durée du stockage. Crest en France, donc, que sont entre- prises les premieres’ recherches de aractére vraiment scientifique sur la conservation des grains, avec plus de 180 ans davance sur les autres pays, Mais ces recherches sont menées par vagues, par a-coups, a roccasion de crises dapprovisionnement ou a [ini tiative dindividualités hors du ‘commun. La profession, atomisée en tune multitude de petits intermédiaires inorganisés, ne montre pratiquement ‘aucun intérét pour des suggestions qui dépassent ses moyens et déran- {gent ses habitudes. Un lien recherche- profession s‘établt au moment des travaux de Mintz, en 1878-1879. Mais, la fin des tramways a chevaux va tres vite le rompre. C'est en Allemagne ddans les années 1900, puis aux Etats- Unis dans les années 1920, que le lign recherche-profession va commen- der a se nauer. II n’en sera ainsi en France qu’a partir de 1996, et surtout de 1945, prés de trois générations aprés Mantz, 1.2, Le passé recent (fin 19 et 20° siecie) 1.2.1. Evolution des structures de recherche et des connaissances Sill était facile de distinguer dans le passé lointain, comme nous l'avons fait, entre lévolution technique et evolution des idées, cela ne Test plus dans le passé récent. En offet, plusiours événements sont venus marquer tres fortement le sec- teur économique de la conservation des grains. Le 15 aovt 1936, le stockage passe Pour partie sous’ la tutelle de TEtat avec la création par le Gouvernement de « Front populaire » de TONIB (Ot- fice National Interprofessionnel du Blé) {ui insttue le monopole de fa collecte fen faveur des organismes stockeurs ‘agréés (cooperatives et négociants) | en 1980, YONIB, en devenant fONIC (Office National interprotessionnel des Géréales) étond ses competences Vensembie des céréales. LONIC a ainsi joué un role considérable dans Vélaboration de la poitique eéréaiore, fen France, et ultérieurement, dans le cadre élargi du Marché Commun (HESNARD, 1982), Toutefois, une tres importante activité de stockage a per- sisté au niveau de la ferme. Dans Timmédiat aprés-guerre, la re- ccherche en matiére de stockage a ote prise en charge par le jeune Institut National de la Recherche Agronomi- que (INRA), et en particulier dans la Station de Biochimie et Physico- Chimie des Céréales (Massy) animée ar GUILBOT. Les travaux considéra- ies réalisés a cette époque avec des moyens modestes ont démarré avec les contrats aidés financiérement par TAG. {Association Générale des Producieurs de Blé) puis par la D.G.RS.T. (Delegation Générale a la Recherche Scientifique et Technique) recherches & caractére fondamental sur la Biochimie, la biologie et a mi- crobiologie des grains, en fonction de activité de Teau. Gest ainsi que GUILBOT et M™ POISSON (1963} publient un dia- gramme de conservation beaucoup lus élaboré que celui de NURET et donnant les duréesmaximales de eonservation en fonction de Thumidite et de la temperature du grain, en we ure utlisation technologique don- née. Les auteurs inroduisert ainsi la notion de crtére datération (pouvor gemminatf, nombre de germes fong- ques) et de souileriique & ne pas dé- passer. Bien entendu, comme pour Fensemble dela recherche apres- guerre on observe une evolution tres Simiairo dans les avires pays déve- lopp6s et principalement en Angleterre (Pest. Infestation Laboratory), aux USA, (USDA, University of Kansas and of Minnesota), en Hollande (TNO Wagueningen, avec notamment KAEYGER, 1972) Par ailleurs, on assiste pendant cette période a a mise au point de nom- breuses methodes analytiques (no- tamment: mesure de la teneur en ‘eau, denombrement des microorganis- mes) et a leur normalisation internatio- ‘nale, grace en particulier a action de Association Internationale de Chimie Céréaliére (ICC, Groupe de Travail «Aptitude au Stockage », n° 27 et do- sage de l'eau, n’ 2). de I'ISO (Interna- tional Standardization Organization, T.C. 34/SC 4, groupe de travail « Sto- ‘ckage »), et de !AFNOR (Association Francaise de Normalisation, commis- sion « Céreales et Légumineuses »). Ceci devait grandement faciliter 'ap- Préciation des caracteristiqes et de état de conservation dun lot, et de ce fait, faciliter les échanges scientifi- ques entre chimistes céréaliers, et les changes commerciaux _internatio- naux. Industries Allmontaires et Agricoles 1982. 1163 Enfin, divers organises étudient le eveloppement des technologies de conservation a rechelle pilote © cest tout dabord le CNEEMA (Cen- te National dEtudes et d'Experimen- tation du Machinisme Agricole) service du Genie Rural, qui etudie des les années 0 les problemes de conser- vation, et en particulier le sechage. la ventilation, le dégagement de CO. le slockage continé * puis, & partir de 1959, la création de TITOF ‘(institut Technique des Ceréa- les et Fourrages) a permis des études de _deveioppement (sechage. ventila tion, silotrermo-métrie, — dryeration), tout dabord en collaboration étroite ot dans les locaux du CNEEMA, pus dans le centre experimental de Bor gneville, propre a f1TCF © dans le domaine des oléagineux (colza, tournesol). crest avec le CE- TIOM (Centre Technique Interprofes- sionne! des Oléagineux Metropoiiains), ‘que TINRA développe des études = enfin avec RAT (lastitut de re- cherche agronomique tropicale), et PIFCC (Institut Frangais du Café et ou Cacao), c'est le probléme du stockage tropical qui est abordé. Cette reactivation de ta recherche francaise en matiére de stockage a été notamment marquee par organ sation a Paris en 1963 par IITCF de «« Journges d'Etudes sur la Conserva tion des Grains» et en 1973 par INRA d'un « Congres. International sur la Conservation des Grains Hum des». qui a permis de faire le point des problemes posés par la collecte de grains de plus en plus humides. Renouveau confirmé plus récemment encore par plusieurs evenements im: Portants, significatifs et convergents, bien que de natures trés différentes ** la prise en consideration des proble- mes de stockage par la Commission reales et Amylacés » chargée au sein de INRA de définir les axes de fecherches a développer (1975- 197); © [a prise en charge dune grande partie de ces problemes par le Labo- ratoire de Biophysique des Aliments créé par lINRA, en 1976, a Nantes puis la transformation de ce labora: Toire, en janvier 1982 en « Laboratoire de Stockage et Conservation des Denrées Alimentaires », ayant pour mission de conduire dune part des re- cherches & caractére fondamental en microbiologie et étude de Yetat de eau, études qui continuent celles dé- veloppées @ Massy par GUILBOT. dautre part des recherches a carac tare technologique en atelier-pilote '* accentuation de etiont de recher- 1164 cche sur les insectes des ceréales sto- cckées, par la Station de Zoologie de VINRA-Bordeaux # Ia creation en 1982 du GLOG (Groupe de Liaison sur la Conserva- tion des Grains et Graines. Associa- tion Loi de 1901) qui veut reunir les hercheurs. les industriels, les sto- cckeurs et les administratifs concerneés par le probleme : ® la publication tres récente d'un ou- vrage aux Editions LAVOISIER-APRIA. («Conservation et stockage des grains et graines ») réunissant ren- Semble des travaux et connaissances developpes en France {MULTON. 1982) la parution récente dune nouvelle revue professionnelle bi-mensuelle ‘ Silo-Agriculture », dont la vocation est de diffuser et de rendre accessible aux techniciens des silos les resultats e la recherche, 1.2.2. Evolution économique recente Llaction de VONIC d'une par. les et- farts de recherches aussi bien fonda- mentales que de developement d'au- ‘re part. ont permis de faire face dans les trente demieres années a une volution économique considerable du secteur du stockage, Celle-ci a tout d'abord éte caracterisée /dans la plupart des pays développés, mittions de tonnes a 35] 30] 25] @ Années| ° 50 7080 Fig. 8 : Evolution comparée de la colecte et des capacites de stockage (1) Collecte toutes cereales 1960 (2)- Capacites de stockage. (Solon CASAGRANDE, 1962) et notamment en France par aug: mentation considerable du volume de la collecte, due & accroissement des, fendements a [hectare (obtenu grace la sélection varietale, aux engrais, ‘aux techniques culturales). Les capacites de stockage ont suivi tune croissance paraliéle a celle de la collecte (CASAGRANDE, 1982) en partie grace a la concentration des en- treprises de stockage (diminution du nombre des entreprises et augmenta- tion corélative de la capacite moyenne des magasins) Enfin, la mecanisation a conduit a ré- colter_ et a baltre simultanément (moissonneuse-batteuse) et rapide- ment les grains, donc a les entrepo- ser en viac, plus ou moins murs. gé- rnéralement plus humides et par consequent plus difficiles a conserver quauparavant. Le phénomene a ete accentué par extension géographique de certaines cultures méridionales, comme le mais, vers des zones clima- tiques peu favorables telles que le nord de la France. Aussi réquipement des entreprises a-t.il du parallelement tre amélioré en quantité et en quali. (On peut donc parler de lapparition et de la genéralisation dune « chaine du vrac, systéme véritablement nou: veau par rapport a l'ancien systeme s gerbe-grange », la période transi- toire étant caractérisee par impor tance croissante du transport et du slockage en sac. Par ailleurs des événements économi- ques et politiques considérables ont marque les 30 dernieres années : la France est devenue progressivernent ‘at pour la 1° fols de son histoire ex- pottratrice de blé, et s'est haussée au ‘3+ rang mondial ; les pays de Est, en particulier 'URSS, autrefois, exporia: teurs sont devenus deficitaires et im- portateurs; la «révolution verte » dans les pays sous-développés, apres avoir suscite de grands espoirs a beaucoup décu ; le Marche Commun agricole, malgré de _nombreuses crises, s'est mis en place et a profon- dement modifié le commerce interna- tional des grains. ‘A Theure actuelle, en France et dans les pays développés, entreposage des grains, assez diversifié, est mis fen couvre a différents niveaux «le stockage a la terme, souvent dit ile @ mairiser en raison d'un équipe- ment insutfisant (aires. et planchers, cribs, petites cellules ventiées) est uti lise ‘soit pour 'auto-consommation, soit en attente momentanee de place dans les silos des organismes sto- ckeurs (O.S.): toutefois certaines termes importantes ont des moyens de stockage tres modernes : * Ie stockage en organisme stockeur (stockage de collecte), de durée courte ou moyenne {inférieure a 1 an) et réalisé avec des moyens de sé chage, de manutention et de controle trop souvent médiocres, sauf dans les plus grandes unités le stockage de longue durée tend a se developper istockages secondai- res, de report); ‘* le stockage da transit (pour Vexpor tation), en général de courte durée est escentielloment pratiqué dans les ports ; « Ie stockage chez Futlisateur (moulin par exemple) est ponderalement pou Important; © enlin, un stockage quon pourrat qualifier de fortune, & haut risque, est utilisé les années de récolte pléthor- queou' les capacités dentreposage sont insuffisantes : vieux hangars, aire petonnée sous bache, ele, 1.2.3. Evolution technologique récente ‘A défaut_d’évolution technologique spectaculaire, il y a eu dans les 30 dernigres années des changements importants et progressits. L'améliora- tion du génie civil et des moyens de Manutention et de ventilation (puis- sance des ventilateurs) a permis la construction de cellules de trés grand volume. Par allieurs on a aporis a conduire la ventilation en fonction de Fetat des grains et de lair. De ce fat, la technique de transilage est de moins en moins utlisée dans les gran- des unites, Les materiaux utilises ont pew cchangé : le béton reste dominant mais. ‘avec des techniques de construction plus rapides (coffrage glissant) et plus Sires (beton vibré) ; Je metal, surtout pour les cellules de petites ou moyen- ‘nes dimensions est également trés uli lise, maig’é sa grande conductibiité thermique ; le plastique a tait de tim des apparitions, cependant que le bois, conserve ses partisans, au moins pour les petites unités fermigres. La silotermometne (mesure de la temperature en place dans le silo) s'est développée, mais manque beau- coup defficacite en raison de la detec tion trop tardive des échautlements. Cost peutétre dang le domaine du séchage que lévolution technique a 6té a plus marquee ces demiéres années, mais, dans ce cas les indé- riables progrés thermodynamiques ne ‘sont pas nécessairement alles de pair avec des progres dans la qualité des grains. bien au contraire. Parmi les tentatives dinnovations ori- ginales on peut citer, il y a quelques decades, Vessai de sysieme dit» a point froid » qui fat un échec ; plus ré cemment des essais japonais (MIT: SUDA et al, 1973) de stockage confine dans de grands réservoirs en plastique immerges (avantage dune {grande régularité thermique et de non ‘occupation de surface au sol) ; util sation de groupes frigoriiques pour faire de la ventiation a basse tempé- rature ; usage de la « ventilation-asp ration », altemée ou non ; les études italiennes (Assoreni) de développe- ment dune technologie de pointe en matiére de silo plastique étanche (SHEJBAL, 1980) ; la mise en ceuvre par EDF de pompes & chaleur pour felroidir et sécher les grains : et plus récemment les études de séchoirs uti- lisant énergie solaire, Mais, le deve- loppement et la percée commerciale ‘de ces innovations ne sant pas tou- jours évidents. En ce qui concemme les transpors, rien ‘ou presque rien ria été fait. On peut dire que Ton transporte @ theure ac- tuelle les grains pratiquement dans les mémes conditions que sous les 1: mains (On peut également constater que le probleme des insectes a ete negige. et que pratiquemment aucune étude sérieuse de conservation sous almo- sphere inerte nia été entreprise. C'est peut étre la raison pour laquelle ies installations de silos hermetiques sont fen France pratiquement inexistantes. Depuis quelques années _toutefois, étude de ces questions a éte réelie ment enieprise, lalssant espérer de prochains développements. 1.2.4, Evénements récents qui vont marquer profondément l'évolution future du stockage Les derniéres années ont été mar- quées par la prise de conscience de plusieurs phenomenes considerables {qui ont déja eu et auront plus encore des répercussions dune extréme im portance dans le domaine du sto- ‘kage et du commerce des grains qui leur sont liés 1.2.4.1, Crise énergétique Les différents chocs pétroliers et le cout croissant de energie et du sé- chage ont relance dans le cas du mais usage du cribs avec tous les risques hygieniques que cela comporte (développement de moisis sures éventuellement toxinogenes) et font conduit par ailleurs @ des eludes déconomie denergie en matiere de sechage : apparition de la dryera tion » (ou « séchage lent differé ») il y fa environ 10 ans ; développement de ‘séchoirs @ plusieurs elages avec recu- eration des gaz chauds ; augmenta: tion des températures de séchage (pratique plus économique mais qui altere la qualité des grains) : suppres- ssion des échangeurs de chaleur dans les séchoirs (avec risque de pollution par des résidus de combustion dans Te cas tres general des séchoirs fone: fionnant au fuel) ; recherches dans le domaine du séchage solaire. et sur Tuliisation de ta biomasse disponibie (rattles, pailles) comme source dener- gle en remplacement du fuel : étude de la conduite rationnelle de la ventila- tion des silos, enfin, Les deux conséquences les plus Préoccupantes de cette évolution sont sans doute lutlisation de tempe- ralure excessive de séchage produ: sant des mais altérés (amidon partel lement —gélatinise,—_proteines dénaturées, structure plus comée. tra- gllté mécanique accrue). dont. ies qualités technolagiques (amidonnerie floconnage et infranisation en alimen- tation animale} sont compromises. V'abus du erib (cribs mal construits. ré- gions trop humides) qut peut conduite 2 des produits toxiques. 1.2.4.2. Pays en vole de développement (PVD) La période de la décolonisation etant tres largement achevee. on a vu pro- gressivement émerger le probleme crucial des « Pays en Voie de Deve- loppement », ob les difficultes de sto- cckage, face a des besoins alimentai res et a des importations croissantes. et en raison dun sous-développement technique notoire, se posent avec une acute sans doute jamais connve a aucune autre epoque. et en aucun autre lieu Divers phénomenes dont les pays dé: ‘veloppés sont largement responsables, font concourru a créer. puis 4 aggraver ces ditficultes * La demographie galopante a en. traing la nécessite dimporter. pour faire face & la pénure alimentaire © Certaines cultures vivrigres tradition: relies locales ont progressivement disparu au benefice de cultures dest- ees a exportation (arachide. vacae,..} © La désertiication de certaines zones due a de facheuses pratiques Industries Alimentaires et Agricoles 1982. 1185 agronomiques a encore aggrave la si ‘uation ; ‘* Au plan du stockage, ia substitution tuop rapide, sans transition suffisante, de techniques modernes peu compati- bles avec les conditions locales, aux fechniques traditionnelies a plus’ sou- vent accru ces dramatiques gaspila- ges quelle n'a contribué & les réduire. De ce fait, une bonne partie des grains fournis gratuitement a ces pays ay titre de I's aide alimentaire » est perdue. Par ailleurs, i! en résulte des altéra- tions graves des produits des cultures destinges a exportation. C'est en par- ticuler le cas des arachides qui oftrent un terrain tres favorable aux moisissu- res toxinogénes et dont les tourteaux utiisés en France en alimentation ani- ‘male sont souvent irés contaminés en afiatoxines. 1.2.4.3. Qualités hygiéniques La meilieure connaissance des proble- mes toxicologiques (toxines fongiques 2. Les orientations possibles des vingt prochaines années La prospective est un exercice péril Jeux od il est en particulier difficile de faire la part entre le souhaitable et le possible. De plus, certaines orienta- tions politiques ou sociologiques peu- ‘vent considérablement infléchir 'évolu- tion technique. Quelies seraient par exemple les 1168 découvertes en 1959-1960) et dont a liste — affatoxine, zearalénone, tricho- tecéne, stérigmatocistine — sallonge chaque jour ; résidus de pesticides et de fongicides ; résidus de combus- tion), la sensibilisation accrue et les craintes souvent justiiées des ‘consommateurs, conduisent et condul ront de plus en plus, a réduire, voire @ étiminer certaines techniques par ail leurs efficaces et a imposer des normes de qualité de plus en plus sé- veres en particulier en ce qui concerne la siccité. Ce souci ira de pair avec un classement de plus en plus élaboré des grains en fonction de fours qualités hygiéniques et technolo: giques. Ces trois grands phénomenes — crise énergétique, P.V.D. et norme de qua- fté — joints au développement explo- sif de informatique (gestion des stocks) et des microprocesseurs (aur tomatisation des installations) vont profondément déterminer evolution révisible du secteur stockage d'ici au début du & millénaire Fig. 9: Vue aérienne du silo portuaire de Rouen (Cliché Air Promotion, reprodut avec Taimable autorsation de M. GOMOND directeur dy slo) conséquences économiques et polii- ‘ques si par hypothese I'URSS, grace aux efforts colossaux entrepris pour détourner différents fleuves en vue diiriguer les grandes plaines du sud du pays, parvenait un jour Tautosut- fisance ?, voire méme au stade de pays exportateur ? Situation peu pro- able certes, mais pas a exciure completement. Quelle va étre !évolution réelle de la démographie mondiale et de la de- ‘mande de nombreux pays en vole de développement et dont les besoins ‘sont immenses, comme la Chine ? Quelle va étre Tévolution de la collecte mondiale, assurément —croissante grace a Tadaptation des varietés a des climats peu favorables a prior grace @ la mise en culture de terres encore en friche, ou de terres incult vables jusqu’ici (reconquétes sur les zones desertiiées), grace enfin a la ‘création de souches de blé assimitant directement azote _atmosphérique (ou une économie énergétique considérable) méme si cette perspec- tive est plus lointaine qu‘on ne le pen- sait ? ‘Autant de questions, autant d'incon- ‘hues dans le scénario du futur, dont i serait bien présomptueux de’ vouloir Prédire le déroulement. Toutetois, sans aller aussi loin, et en postulant tune évolution progressive sans aucun des grands bouleversements évoqués ci-dessus, on peut raisonnablement Imaginer certaines tendances trés pro- babies. 2.1, grandes évolutions techniques Lévolution technique devrait &tre tres marquée dans plusieurs directions : la répartition des espéces emblavées, la lutte contre les insectes sans laisser de résidus, le séchage économique et respectant’ la qualil, la technologie des silos et leur environnement techni- que. 2.1.1. Les proportions respectives des différentes espéces et variétes ivées pourraient en effet connaitre importantes modifications © le mais, trop codteux en énergie (séchage) pourrait continuer & décr tre en importance et de ce fait lacuite du principal probleme de stockage en France (ct. supra: séchage, cribs...) devrait s'atiénuer ; toutefois, les. éco- nomies d'énergie, le développement de nouvelles technologies adaptées (ensilage, cribs, séchage) rend cette diminution incertaine (Conférence Gé- nérale du Mais, 1981) ; © certaines céréales secondaires — seigle, avoine — pourraient retrou- ver un certain intérét, si les. améliora- tions génétiques le permettaient ; ‘le sorgho, dans certaines régions du Midi de la France, pourrait se dévelop- per, peut étre aux dépens du mais ; © la culture des biés, et en particulier celle des biés fourragers, remplacant le mais avec un rendement équiva- lent, devrait encore s‘accroltre, d’au- tant plus que le blé ne pose qu'excep- tionnellement (les années pluvieuses) tun probleme de séchage ; la valorisa tion industrielle des biés non panitia- bles qui fait objet de recherches acti- ‘ves, pourrait, si elle about, favoriser le développement de cette céreale, & la condition toutetois que les maniocs importés en CEE ne les concurrencent as exagérément, @ la production de graines protéagi euses (entre autres = pois, fave, feve- role, voire lupin), sources de proteines moins codteuses que celles de ia Viande, pourrait beaucoup augmenter : or on sait quelles ne posent que peu de problémes de conservation (les moisissures en particulier se dévelop- pent relativement mal sur ces pro- ‘duits) ; mais cela supposerait que fon sache éliminer les facteurs anti-nutri- tionnels (par voie génétique ou tech- nologique) ; — certaines graines oléa- gineuses — colza, tournesol, dont la Production tend également a croitre posent par contre des problemes de conservation plus spécitiques Tauto- oxydation, le rancissement, le déve- loppement ¢'acidité libre sont a crain- re. Au-dela de cette évolution agronomi- ‘que dé}4 amorcée, on peut essayer de distinguer ce que seront les évolutions, techniques et socio-écoriomiques qui marqueront le stockage des années & venir. 2.1.2, La nécessaire lutte conte le insectes, et la tendance a voulor re- dire les polistons lees @ des rema- ences de pesticides (on sail par exemple que le Conseil" Supérieur Griygiene Teme! en queston en ce moment méme les pesticides homolo- gués en raison des excipients. tox ‘es non controles qui les accompa. grenty, vont contibuer tes Certainement au. développement des techniques phyeiques son. poluantes de desinsectisation des stocks. Les ‘tudes les plus récentes dans ce de. maine laissent présager la possibile {de chocs thermiques bets sur les pro: dts puverulents(semovie, farine), Tutlisaton des. miro-ondes (champ hypertrequence) "ou, Tutisation Gu stockage on anaérobiose (ct. ina) pour dotuite les insectes LEURAT LESSARD TRENTESAUX 1977), Lit radiation n'a que peu de chances de Se développer dans ce domaine. car ia destruction des insectes ne met pas 2 abr des recontaminations utereu- res. 2.1.3, Le séchage des grains humi: des (ily aura toujours du mais et dautres grains humides, au moins les années pluvieuses) par les. séchoirs traditionnels a fuel ou a gaz sera de plus en plus codteux, meme si fon parvient a dappréciables economies (sechoirs bi-etagés, dryeralion...) ‘quant a Tutlisation des pales et rat- fies comme combustible, énergique- ment fort interessante, elle trouvera 3e8 limites dans les autres ullisations de cette biomasse (chautfage des ba- timents, engrais. etc) Le crib sera progressivement limite aux zones climatiques od les risques hygiéniques (toxines) sont limites toutefois ces risques nélant jamais supprimés (années humides, mais ré- coltés en mauvais etal. elc.} et dic lement mesurables, \| est également possible, et sans doute sounaitable Que le crib disparaisse. Dans ces conditions. on peut penser que lon sorientera de nouveau vers des techniques de séchage utilisant Felectrcite comme source d'énergie (electricite devenant grace a la pro- duction nucieaire pou codteuse en heures creuses dété), et de plus en plus vers des procédés de conserva tion humide par fermentation (ens lage) ou vers une technologie mixte ‘cdhsistant en un séchage partiel suiv diun stockage de grains semi-humides fen atmosphere inert, 2.14. La conservation a l'abri de Voxygene (sous N., CO, sous-vide Partie) présente des avantages consi- derables, que ce soit sur grains semi- humides (pour lutter contre les mois: sures) ou sur grains secs (pour de ttuite les insectes) ; toutefois, le maint tien dune anaérobiosestricte (Oiinlérieur @ 0.5%) dans des silos de grande dimension pendant entre posage, et lors des operations de remplissage et de vidange partiels. ose un probleme technologique cif ile et encore mal résolu, si ce nest a tun prix prohibit. Les solutions de for ‘une (ullisation de celluies anciennes ‘tancheifiees plus ou moins bien) sont dans ce cas particulierement risquées. Le développement de cette technique sSeduisante est donc tie a la parlaite maitrise technologique des cellules étanches. pour un cout acceptable. 1) ‘est Irs probable que Ion y parvienne rapidement. 2.1.5. A heure actuelle, les vari tions de température (alternance jour-nuit, ou ombre-soleil) que subis: sent les silos, provoquent des migra- tions d'eau, qui conduisent a des acci- dents de stockage, particulierement graves dans les pays tropicaux, mais non négligeables en France méme {petits silos fermiers en particuliers) Ceci devrait conduire a developper Fisolation thermique des parois de cel lulos, mais la encore le prix de revient sera déterminant sur le choix des ma {eriaux traditionnels ou nouveaux constituant les silos (métal, plastique. beton, bois, fibre de verre) et leurs ‘solations. Une solution intéressante consiste a enterrer le silo quand la na- ture du sol le permet. 248. L’équipement technique du silo et de son environnement devrait s'améliorer considerablement dans cit ferents domaines avec le développe: ment, Fexiension et la generalisation de techniques qui le plus souvent existent deja a Theure actuelle & un slade expérimental, et notamment en ce qui conicerne: © La sécurité : les risques dexplo sions des poussieres et dincendie donit la fréquence s‘accroit de tagon alarmante, seront réduits par l'limina- lion des poussiéres (éventuellement valorisables en alimentation animale, {la condition de ne pas véhiculer des spores de moisissures. des toxines et ‘autres produits indésirables ; de plus il Taudrait revoir la régiementation sur les freintes) et par des dispositits de detection (capteurs) et de prevention appropries. + Les moyens a’échantillonnage ro présertatif et automatique, dans les bennes, a la tiveaison, devraient sim Poser progressivement, dans lintérét des deux parties, acheteurs et ven- deurs, © Les dispositits de controle de état du grain dans le sito ou dans le bateau actuelle « silo-thermométrie » ‘Saméliorera (capteurs plus nombreux) ft devrait évoluer vers une « silother- ‘mohygrométrie », intégrant des cap: teurs de température et dhumicite, et permettant de déceler en temps ulile les transferts @humidité dans la masse des grains ; peut-étre ira-t-on vers Jutiisation de la thermographie infra-rouge pour la detection et la lo: calisation des points chauds. La détection des substances volatiles résultant du métabolisme des moisis sures est une technique extremement Séduisante actuellement étudiée par cchromatographie phase gaz. au stade du laboratoire ; elle permettrait en effet une detection extrémement pré: coce des premiers stades du déveiop- pement des moisissures, et autorise- rait par conséquent une intervention immediate beaucoup plus efficiente. Pour cela des capteurs opérant direc- Tement dans la masse du grain, ou analysant lair des circuits de ventila: tion, devront étre mis au point. De méme, la détection précoce des insec- Industries Allmentaires et Agricoles 1982. 1167 tes par des capteurs acoustiques en Place dans le silo (& Theure actuelle (on ne connait que des appareils de fa boratoire fonctionnant sur échantilon) ermettra une prévention beaucoup lus officace. Dans les installations confinées, il y aura en plus des. mesures précéden- tes, un controle du taux dO, CO, ou N, ‘automatisation de 1a ventilation dont le déclenchement et la durée Pourraient étre asservis aux contrdles de l'état du grain par les mesures évo- queées ci-dessus, ainsi qu’a la mesure des caracteristiques de l'état de lair extérieur (temperature, humidite). En cas de nécessité, lair de ventilation Pourra aire conditionné (reffoidi et désseché) par un traitement approprié avant d'étre injecté dans le silo. Dans le cas de conservation en anaé- robiose, les taux dioxygene et de gaz inerte devront étre contrdlés ef main- tenus a leur valeur optimale par des injections ou des pompages appro- ries, Dans ces conditions les installations mettant en ceuvre le « transilage », génératrice de grains cassés et de Poussiéres et qui immobilisent en per- ‘manence une cellule vide, devraient tendre a disparaitre. ‘© Laboratoire de controle : parti in- tégrante de Torganisme stockeur, il ‘sera de mieux en mieux équipé pour le suivi de la qualité des grains sto- ckés, en vue d'une ullisation techno- logique precise, et servi par un per- sonnel de plus en plus quali. Le laboratoire de controle dune entre- prise de stockage importante prati quera sans doute couramment, & Faide de méthodes rapides et automa- tisées (par exemple: chromatogra hie, rétlectance intra-rouge) des do- Sages aujourd'hui réservés a quelques laboratoires spécialisés : analyses mi- crobiologiques, toxines fongiques, r6- sidus de pesticides et insecticides, tests daptitude technologique, recher: che des variétés... ; on peut imaginer quun contréle statistique de la qualité soit de pratique courante, grace a des méthodes déchantilonnage _ pertor. mantes et a des méthodes d'analyse automatique. 2.2. Evolution socio-économique est sans doute le domaine dans le- quel les revisions sont les plus deli cates a formuler ; il faudrait mettre en place divers scénarios possibies et en simuler 'évolution, ce qui représente- rait toute une étude en soi. On pout 1168 toutefois essayer dimaginer quelques evolutions souhattables, sinon proba- bles. (On peut ainsi s'attendre ; ‘© que la France conforte sa position dexportateur de grains, par une aug- mentation des surfaces emblavées (sur les terres en friches), un accrois- sement des rendements (amélioration génétique, génie biologique), un ac- ccroissement de ‘2 productivité des en- ‘teprises agricoles ; toutefois cette cul- ture intensive trouvera sa limite dans le cout croissant des engrais et des produits de traitement, ‘* que la demande des pays actuelle- ‘ment déficitaires en céréales ne dim: ‘nue pas ou peu (pays de l'Est notam- ment) ; ° que la demande des pays en voie de développement augmente considé- rablement en quantité, mais aussi en qualité, avec une nécessaire réduction des pertes considérables que lon connait a rheure actuelle, et avec le Poids politique et financier (qui paiera 7) que cela représente. Ceci conduit & penser que plusieurs nécessités se feront de plus en plus évidentes, et en particulier celles # de stocker a long terme (réle de ré- gulation des marchés, réle stratétique ‘Pour mattriser '« arme alimentaire ») ‘© de classer réellement et etficace- ment les grains par qualité et type utilisation ultérieure ; ‘© de payer les grains en fonction de fa_qualté, cette demiére incluant, ‘outre les parametres actuels, ceux re~ latits a Tinnocuité, & la propreté, au degré de siccité, & la valeur alimen- taire, etc...: mais ceci est un pro- bleme essentiellement politique ; ‘© de pallier le sous-équipement des PVD pour le stockage et transport des grains quiis achétent ou regoivent au titre de laide alimentaire, Cette evolution _ socio-économique Sinscrira dans le double cadre de la politique agricole de la CEE, avec les vastes et complexes problemes qu’elle rencontre, et de ia politique agricole des USA, dou résulte pour une large part les prix mondiaux. 2.2.1. L'entreposage a tong terme Implique soit un stockage ventilé de grains tres secs, avec des moyens de lutte appropriés contre les insectes, ‘soit peutétre le stockage en anaéro- biose. Ce type de stockage, tres cot- ‘eux par les équipements et par le ca- pital immobilise et dont ia fonction est surtout politique, ne peut étre le fait que des états ; Etat francais, par Tin- termédiaire de VONIC, ou dun autre organisme le voudra et 'e pourra-tl au-dela de Vactuel stock de sécurité représentant de un a trois’ mois de consommation ? 2.2.2. Le classement des grains par qualité et aptitudes technologiques est deja une réalté. On voit s'élaborer des normes de qualité (Codex alimen- tarius, 180) de plus en plus précises et exigentes, en particulier au plan hy- giénique, dont rusage deviendra la regle dans le commerce international La tendance actuelle consistant a abaisser la teneur maximale en eau devrait s/accentuer, la limite de 12 oy 13% pouvant devenir ta régle. Si, comme cela est réciamé par beau: ‘coup, le paiement des grains a l'agri- culteur devient réellement fonction de la qualité, le classement va assure: ment se développer de fagon consiae- rable, impliquant que les organismes stockeurs.investissent beaucoup en moyens de controle et de laboratoir, et en celiules diversifiées pour rece- voir et séparer les lots de qualités dit- férentes : cette évolution, beaucour plus aisée dans ies grandes unités, entvainera sans doute une concentra: tion accrue des organismes stockeurs dont les capacités moyennes de. vraient encore augmenter. Simultané- ment des. pratiques regrettables ot ‘grandement préjudiciables & la qualité, ‘comme celles consistant a réhumidi- fier les grains lorsque leur teneur er eau est au dessous du seuil légal, ot a réincorporer & la sortie les poussié res retirées au nettoyage, devraien stéteindre elles-mémes, parce quelle rhe seront plus rentables, ou parce que Vefficacité du contrdle sur les produit: finis deviendra dissuasit. 2.2.3. L’exportation vers les pays ¢ voie de développement implique au le stockage pendant le transport e bateau soit ré-etudié ; 1a encore le stc ‘kage confiné (anaérobiose) peut étr tune solution élégante, mise en couvt soit dans Je corps méme du bateai soit dans des containers de plus peti dimension. Les ports de réception devront éti équipés de moyens modernes : ma plus encore les moyens d’achemin: Ment a lintérieur des terres, et le équipements de stockage a destin: tion, devront étre revus. Lutilisation c containers étanches, réutilsabies c non, mis sous vide ou sous CO,, por vant passer directement du bateau a quai ou aux camions, et permettant | stockage & larrivée dans les village: est devenue une réalite technique qui parait au point; son developpement pourrait contribuer éviter les scanda- leuses pertes de grains deverses en rac sur des quais 04 ils nourissent les rongeurs, et Ia degradation de ce Qui reste pendant 'e transport, Une étroite collaboration entre les pays ex- portateurs et les pays importateurs sera assurément necessaire pour mener bien ces operations. |! fau- drait toutefois venir & bout de certains interets persornels pu'ssants qui peu: vent trouver avantage a fa situation actuelle. 2.3. Principales orientations de recherches Les axes de recherches fondamenta: les concernant les problemes de conservation (physiologie des grains et graines, physiologie des microorga. ismes, des insectes, etc...) sont dune qande perénnite, lis ne de vraient pas ee sensibiemert modi fies, En terme de recherche applique ot de développement, la problématique du_stockage devrait se poser en termes assez précis. Selon ce que nous venons de discuter. il apparait que les orientations de recherche ap- pliquee les plus importantes a venir et ar consequent les innovations les plus notables pourraient done tre © la mise au point de capteurs en place pour la mesure automatique du développement de moisissures entre autre par determination de la concen- tration en métabolites volatis. de lac ste de eau, ainsi que pour la detec- tion acoustique des insectes + '* le developpement de collules étan cches. nouvelles quant au materiau et a la technologie de manutention no- lamment pour le slockage semi-hu- mide ‘© Fautomatisation totale de la gestion des silos et la mise au point des auto- mates et des logiciels corespon- dants © ta mise au point de stabilisants chimiques nouveaux offrant toute ga- rantie au plan de la sécurité du consommateur (retombées possibles des progres de la chimie) © enfin dans un domaine assez ditfé- rent, celui de la recherche socio-éco- omique, il reste beaucoup a faire pour mieux connaitre las structures du stockage, leur role, leur devenir En guise de conclusion Quelle pourrait étre la physionomie du stockage @ Ihorizon 2000, @ la lumiere des possivites techniques et econo: miques concevables a Theure ac- tuelle ? Rien ne laisse entrevoir de revolution spectacuiair : il faut plutét Sattendre a une évoiution technolog que dans la suite logue de ce que Yon connait deja. On peut imaginer que les. cultvateurs placeront tes grains venant deétre récoltés. plus ou moins humides ot sales. dans des Containers. etanches de petites ou moyennes dimensions. disposés & proumite des points de recolle: la mise en anaerobiose et ou des conservateurs chimiques y assureront tune conservation correcte de quel ques jours. Ces containers. regroupés. seront transportes. par camion gros porieurs a 10.8. regional. dont la grande capacite resulte de ta concen: {ration de plusieurs petits organismes stockeurs locaux. Deja largement amorcee dans certaines usines dal mentation pour animaux, une evolu- tion devrait étre tres marques : a ia Il wraison. apres un. échaniilon representatit et automatique dans le container. les grains livres seront im mediatoment analyses par des techni- ayes ultra-rapides. et en fonction de \eurs caractérstiques seront oirigés vers les centies. de traitement (sé chage. netioyage, desinsectisation..), puis vers des ccellules de stockage = Fordinateur qui gerera ensemble re- groupera dans les mémes cellules des ‘gins de qualité equivalente, et par {des mélanges appropries constuera es stocks de qualité standard dont i dterminera la durée de conservation illes suneeillera ensuite pour les traiter et les destocker au moment le plus ‘apportun. en fonction des demandes aval Lensembie, entiérement automatisé, sera surveille. par un minimum de techniciens hautement qualifies. ‘Comme dans bien dautres domaines, Cest de Finformatique et de rélectroni que (en paniculer automates pro- grammables) quill faut attendre les evolutions les plus importantes, évol tions auxquelies aucun 0.8, ne pourra echapper dans les années a venir, Certains grains, en fonction des né- Cessités du marché, et des contraintes politiques, seront diriges sur des cen- tres de stockage longue-durée (jus qua 5 ans), Ainsi, grace a ce tampon, Ja qualité et les cours des grains pour- raient théoriquement étre assez cons: tants, bere que on sera des contraintes du séchage (séchage & Félectricit nucléaire ; stockage semi confine) et de [usage des engrais (cé- reales assimilant azote de lair). Tou. tefois, rien ne laisse supposer que les Cours soient libéres de lintiuence do: ‘minante, économique et politique, des USA. Pour les besoins de la ferme. des en ceintes originales constituees dans des matériaux nouveaux. isolants, inattaquables notamment par les ron: geurs, permettront sans daule le sto- cckage en anaérobiose, beaucoup plus interessant et de meilleure qualite que celui actuellement effectue dans les cribs ou cans les silos de fortune. Dans un averit sans doute plus loin- tain des bateaux spécialement amena- {96s (cellules fixes ou containers mobi- les, a atmosphere _confinée) permettront exportation vers les pays sous-equipes et la cistribution dans de bonnes conditions, par camion jus- qu'au plus petit vilage de la brousse. Poutétre aussi aurat-on trouvé un stabiisant chimique, efficace contre les insectes et les micro-organismes, ron towtaue pour Thormme, peu cou- teux, facile mettre en uve, ot done susceptible dassurer une bonne conservation ? Scénario optimiste et vue de Fesprit. ‘ou réalité dans 20 ans ? La réponse depend des progres tech- niques qui seront réalises, de la vo- lonte politique des principaux pays producteurs et exportateurs de cérea- les, et de la strategie des importa tours. £1 au-dela ? Si fon veut faire de la science-fiction et réver un peu on peut penser que les revolutions viendront du genie génétique : on peut envisa- ger que on crée par sélection ou ma- ripulation génétique des variétes des- tinges a T'alimentation et dont les métabolimes seraient autobloques (disparition des enzymes respirato- Fes), et auto-protéges contre les rmicro-organismes par des systemes de détense naturelle intrinseques. On aurait ainsi des grains presque inertes Vis-a-vis des conditions ambiantes. La disparition des insectes et animaux prédateurs des grains seraient assu- tees par des voies biologiques. Il n'y aurait plus alors que des problemes de manutention analogues & ceux que pourrait poser le stockage des biles de verre. Si la biologie ne pout réali- ser cela on peut également envisager ‘que les transports dans espace deve- nant d'un cout abordable on place les stocks de longue durée (reserve de sécurité) dans. des satellites de sto- cckage ou le séchage, la rétrigération et 'anagrobiose seraient immédiate- ‘nduetees Alimentsires et Agricoles 1962. 118 ment assures par le milieu, Mais peut etre dans ce futur lointain n'y aura: plus de cereales et la nourriture hu: maine seratelle assurée par d autres voies, augue! cas il ny aurait plus de probiémes de stockage ? Bibliographie générale 1, Ouvrages anciens — DOYERE, L: Conservation des ‘grains par Vensilage. Paris, Guilaumin et Cie, 1861, — DUHAMEL DU MONCEAU : Traité de la Conservation des Grains et en particulier du Froment. Paris, chez HL. Guerin, 1754, — UASTEYRIE, CP. 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