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‘REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un joudi sur deux - N° ‘Edité par: Editions FABBRI, 11 boulevard Emile Augier -75116 PARIS ~TéL: 45 20 2678 Directour Gaspare De Fiore Textes Raffaele De Grada Cristina Weiss ‘Traduction of Table chronologique Sabine Valici Maquette (Cesare Boren (Direction anistque) Paolo Cajal Secrétaire do rédartion (Ceoarina Caramel Pour compléter votre collection [Le numerot paras peuvent te oblemis cher ous ls marchands de journo ou, & dou, ches iter, ot bien viguour au emen de la commande, Is reeeront disponibles pendant si mois ape la paruton du (emir foils dela sai, Eanes & OGP, 196-178 avenno Joan Jeurd 75018 PARIS, on jignant & votro courier § francs par numéro e patpatio aux ais e'onvo Belgique: 45FB par numéro; Slee: 1,80 FS par numéro), [es delas de iaioon a peévlr sont environ ros semaines, Pour toute récamation, appele (1) 4036 348, ous laseer vos fascicular 7 calles spéciaux saron disponibles ches vote morchand de journau tions Fabbri SARL, Stage sciak 1 ld Emile Augier 75116 PARIS. Associ unique: Gruppo Eatoriale Fabbri, Bompian, Sonzogno, Bas SpA. 81, vi Meconato 20108 MILAN Gerants:R Valagussa et Boslo Directeur dela publication: Luciano Bosio lmmpriné en Iai par Stabimento Gratico Gruppo Etoile Fabbri SpA. -Man Dismiation an France: NMPP Depét gal dime timate 198. N"ISBN on couredatebtion (©1988 Gruppo Edtorcle Fab Bompiant, Sonzogno,Etas SpA. lan ©1988 Editions Fabbri pour Védtion frangaise Pour tre mloux servis Enachotant chaqus fasicule de Regards surlapeinture chez le méme marchand de cura ten y ‘eervant Tevance le nunéro suivant, vous nous falltrez la préciion del distribution etscrozsired@to ‘pnedistementaenns ‘Autoporit Vorele coupé Ars, janvier 1889 Tale, 60x49 em Londres, Courtauld Institute Collis (dé). VAN GOGH “u fermé & toute connaissance 4 priori, oublience des canons chers 4 Vacadémie, oubliewx méme de sa raison, il se perd entitrement de vue pour ne voir autour de lui qu'un spectacle mouvant qu'il embrasse dans sa totalité indécomposable.” (André Lhote) Je ne sauras die ce qui m'enferme, m'emprisonne, semble mensevelir, mais j'ai comme une sensation de barreaux, de grilles, de ‘murs Toute l'histoire de Van Gogh, avec ses élans religieux et humanitai- res, son irrésistible vocation pour la peinture, est une suite de dures con- quétes spirituelles quiluicofiteront de la souffrance et finalement la vie. Vincent van Gogh, fils ainé d'un pasteur protestant, nai le $0 mai 1883 a Groot Zundert, un petit vilage du Brabant hollandais. La famille s'agran- ditrapidement, eta 16 ans Vincent doit se mettre au travail. l'un de ses oncles est un associé de la Goupil & Cie, l'une des plus grandes fires opérant sur le marché artistique international. Grace lui, Van Gogh devient employé de la Galerie Goupil de la Haye, oi il restera trois ans avant de se transférer dans la succursale plus importante de Londres (1873-78) et enfin dans la Galerie-mére de Paris lest passionné par les maitres du passé et du présent qu'llétudie dans Jes musées et les galeries. Mais il n'a aucun intérét pour le commerce et quitte son emploi pour retourner chez lui au début de 1876, Ay 28ans, Vincent ne sat pas encore ce qu'il veut, I lit beaucoup, il dessine souvent, il a quelquetois des crises religieuses. Dés lors, il méne une vie errante, trimballant son angoisse et son désir de se rendre utile. On le retrouve dabord a Ramsgate, dans le Kent, oil est ensei- gnant de langue, puis Isleworth, prés de Londres, oil assiste un prédicateur, 4 Dordrecht oi il est employé chez. un braire, a Amsterdam ol il étudie la théologie, & Bruxelles ot il regoit une formation d'évangéliste. Finalement, en juin 1879, i obtient une mission évangéliste dans le bassin minier du Borinage, en Belgique 1, ilassiste & ce qu'il appelle les cours gratuits de la grande université de la misére, il s‘initie aux privations et aux Le cian ~ Zonder décembre 1862 ~ Destin Serkan, rayon, 18285 em ~ Otero, Riksmosoun Keil Mal sacrifices des mineurs jusqu’a partager avec eux tout ce qu'll possdde. Cette expérience le laisse dans un état de dépression dont il ne se remettra jamais. C’est pourtant dans Je Borinage que naissent en lui idee et Vespoir de réaliser sa mission & travers art Sa décision de devenir peintre est consignée dans une lettre écrite pen- dant]'6t6 1888 A son frére Théo; une de ceslettres, nombreuses et extraordinai- res, qu'il écrivit de fagon de plus en plus obsessionnelle et qui sont essen- tielles pour comprendre la personnalité et évolution de artiste. Ala fin de ses études, Théo est entré a son tour dans la succursale bruxelloise de la Galerie Goupil, puis dans celle de la Haye, enfin & Paris oil regoit a lettre de Vin- cent. La confession de son frére le bou- leverse et il promet de lui envoyer réguliérement de Yargent pour 'aider | a devenir peintre. La tormation anisique de Vincent est aussi crageuse et désordon- née que son engagement religieux: ‘quand il quite le Borinage, of ila rem- pli ses camets de dessins inspirés de la vie des mineurs, il se transfére a Bruxelles od il étudie 'anatomie et la ‘perspective. Puis, contraint par les dif- ficultés économiques, il rejoint sa famille & Eten oi ’on rendcle devant ses projets artistiques et oi il est 6con- duit par une cousine veuve — sa pre- migre déception amoureuse remonte & son séjour londonien, Pendant V’hiver 1881, a la Haye, il exécute ses premiéres toiles, guidé par son cousin le peintre Mauve. Tl partage alors sa vie avec Christine, une prostituée qu'il a recuellie, aidée et soignée. Christine devient son modéle et sa compagne. Mais Vincent Ja quitte quand l'indigence le contraint a rejoindre sa famille transférée & Nuenen, Vincent va y rester deux ans environ, de I'hiver 1883 a Ihiver 1885, et travailler intensément. Sa vie frisera la tragédie quand une voisine, Margot Begemann, tentera de se suicider a la suite du refus familial de consentira son mariage avec Vincent qu'elle aime sin- cérement. Les 250 dessins environ exé- Le preps ~ U8 ~ Uhiver ~ Nuenen, ead 1854 ~ Desns& fe mine de plomb et 3 le plume, 8x14 em — 6x13.5 em ~ 5x14 em ~ Rockane, Colecton parle. ais ae} Jeane File nue ~ Peri, 1886 ~ Cre oie et fasoin, 73.5x59 cm ~ Amsterdom, Rilsmuseum V. von Gogh ccutés 4 Nuenen reflétent les progrés ful gurants de T'artiste, sa croissante maittise technique, I’élaboration d'un univers expressif quifinit par trouver sa forme definitive. Lia most soudaine de son pére et le besoin d'argent l'aménent ensuite a Anvers pendant hiver 85-86: C'est une période difficile, mais de tra- vail exaltant. De Paris, Théo lui parle des nouveaux artistes qui font parler d’eux et Vincent le rejoint dans la capi- tale en mars 1886, lla 33.ans, mais llrepart zér0 comme un jeune débutant, Ces deux années parisiennes vont lui permettre de vivre des expériences culturelles quiseronta la base des extraordinaires résultats artistiques de la période suc- cessive. Il s'inscrit immédiatement & atelier du peintre Cormon, od il se rend tous les matins pour travailler sur des modéles vivants: il dessine fébrile- ment, sans s/arréter, méme pendant la pause du modéle;ily retoumne I'aprés- midi pour reproduire des platres clas- th fait connaissance avec autres jeunes artistes comme Toulouse Lautrec et Berard, rencontre Pissarro, Seurat, Signac et Gauguin auquelil se He particuliérement. I1par- ipe activement aux discussions et ux propositions innovatrices qui sui- vent la crise de 'Impressionnisme. Cette bande d'anistes veut aller au dela des conquétes du “plein air” et du naturalisme optique: cela débouche un o8té sur la technique “division niste” ou “pointiliste” de Seurat et Signac; de l'autre sure “synthétisme” de Bernard et Gauguin. Vincent n'adhére pas & ces tendances qui sont pour différentes rai- sons étrangéres a sa nature, maisilleur emprunte ce qui peut lui servir:la cou- Jour arbitrate des synthétistes ot les petites touches séparées des division- nistes. Tout en poursuivant sa recher- che personnelle, Van Gogh semble tou- jours avide de partager son expérience avec d'autres artistes. Mais ila peur de peser sur Théo qui projette de se marier tle ciel gris, les rues sombres, la tistesse de la capitale lui deviennent insupportables, Il prépare donc en secret son départ pour le midi de la France. Sure conseil de Toulouse- Lautvee, il part pour Arles, le 20 février 1888. Tout en Provence ’émerveille, les vergers en fleurs, les belles Arlésien- nes, les zouaves de la gamison, les Duveurs d'absinthe. Mais, son exis- tence matérielle est des plus précaires. Ine mange pas & sa faim. Ilne vend rien Il insiste pour que son ami Gau- guin viene le rejoindre a Arles, dans Ja maison qu'l a arrangée et meublée pour en faire “la maison des amis”. I voit un maftre en Gauguin, mais en méme temps il veut atfirmer son origi- nalité, ses découvertes techniques, certitudes qu'il a acquises. Gauguin arrive le 20 octobre 1888, Les deux mois qui suivent sont fer tiles pour tous les deux. Mais leurs tem- péraments.sont tds différents, et les ‘occasions de désaccord de plus en plus fréquentes. Lillusion d'une vie sereine en commun s'envole et les dis- putes continuelles épuisent les nerfs ttagiles de Van Gogh. Dans la nuit du 23 décembre, fl essaie par deux fois de se jeter sur son ami, un rasoir la main; puis, pour se punir,ilretoure l'arme contre lui et se tranche une oreille qu'il met dans une enveloppe et offre a une fille dans une maison de tolérance. C'est la pre- nize d'une série de crises violentes ‘qui marqueront ses demniéres années. la période d’Arles, la plus jconde, sinon la plus originale de sa ie de moins ~ Anvers, janvier 1886 - Croyon, 24x32 em ~ Amsterdam, Rismuseum V. von Gogh cartitre, est terminée. En mai 1889, il entre a Phopi- tal psychiatrique de Saint Rémy de Pro- vvence pour essayer de se soigner, mais lasituation empire. Et pourtant, 'année de Saint Rémy est celle du premier suc- cs officiel de Van Gogh qui est invité a exposer au prestigieux Salon des Vingt de Bruxelles. Pendant l'année ol ilrestera a Yasile, il exécutera encore 180 toiles et {Homme & ls come - Lo Hoye, 1882 ~ Desi 6 Jo mine de plomb,48,5x26 cm ~ La Haye, Collection K.P. Bremer des centaines de dessins, travaillant comme un possédé, interrompu dans son labeur par de longues crises, su vies de prostrations douloureuses. Maaisiawaséaie est inévite ble. Au bout d'un an, il quite la clini que de SaintRémy pour Auvers- sur-Oise ot le docteur Gachet a accepté de le prendre en charge et entre-temps, il rend brigvement visite a son frre & Paris Tout semble aller pour le mieux, mais les grifles de la maladie vont se refermer inexorablement sur lui, I rvest artivé & Auvers que depuis deux mois quand un jour, en proie & des hallucinations, il se tire un coup de révolver dans le coeur en rase- campagne. On est le 27 juillet 1890: deux jours apres, il meurt, entouré de ‘Théo et de son ami Gacl LES MANGEURS DE POMMES DE TERRE Noenen, ewilmoi 1885 ~ Toi, 82x11 em ‘Amsterdam, Riksmuseum Vincent van Gogh (dtl Les premiéres peintures de Van Gogh remontent & 1882: elles montrent que le jeune-homme était influencé par le réalisme de I'école hollandaise, auquel il avait emprunté un gofit marqué pour le clair-obscur, pour les contrastes élémentaires d’ombre et de lumiére, pour la couleur dense et épaisse. Les deux années suivantes, il commence la premiére série importante de tableaux dédiés 4 la vie misérable des paysans, des tisserands et des mineurs de son pays: & leur contact, il mesure la violence de la révolution industrielle. Le travail, la peine, la soutirance qu'il voit autour de lui le troublent profondément et il exprime ses sentiments a travers une gamme restreinte de couleurs basée sur les bistres et les bruns et un dessin puissant et dramatique. “J quion ait Pidée que ces petites gens, qui lampe, mangent leurs pommes de terre en puisant an i voulu, tout en travaillant, faire Les traits élémentaires, assez rides, du dessin sont youlus par le peintre pour exprimer le drame de la condition humaine de ceux qui Yentourent. Les mangeurs de pommes de terre est le tableau qui conclut cette expérience, celui ot Van Gogh exprime pleinement ses intentions de dénonciation sociale et sa vision “morale” de Tart Sa recherche est différente de celle de ses contemporains francais. Les couleurs obscures et denses de sa palette, le dessin qui souligne les contours disgracieux, ces mains déformées par le travail, ces visages osseux et rugueux que les coups de pinceau agressifs et vibrants révélent ruellement, prennent a la lumiére de la lampe un relief presque douloureux. en sorte , a la clarté de leur éme le plat vee les mains, ont eux-mémes béché la terre oii les patates ont pouss...gg Fincent& Tho Us PALETTE Dons une ltr de cele période, Von Gogh fit uncroqut des poet, décrvent dans quel ore i dlsbve se oulurs: du lon argent au joune cde Noples, oux ocres, & la tere de Sienna, ‘20 cobal, au ni, av vernon Toute la parte cerirale de la palette es occupée por des ocres {2 des ere, dominates ence fableou. Van Gogh au début de son experince pours suru! les eet de mitre pt que le recherche cromaiue (On connote douzoin de dessins préparaties des Mongeurs de ponmes de terre, sot de ensemble so de certains lt, et tris versions du tables la premitre (nous en voyons un coaus) dlte de mors 1885, ee personrages les deux utes, 85 persomnages, dotent respecivement dave et de mai 85 lo pramire eo robe versions se trouver 6 Ansterdom, Rijksmuseum Vincent van Gogh: la seconde @ Orerl, Rilamessur Keer Mar. AUTOPORTRAIT Pei, in de 1887 ~ Tale, 44x37,5 cm ‘Arstrdom,Rilsmuseum Vincent von Gogh Actoportat, Pri, out 1886 Anslerdam,Ridsmeseum Vincent von Gogh ‘Van Gogh a besoin d’étudier les figures. Son intérét pour les gens est aigu, attentif et affectueux. Mais il est pas facile de trouver des modéles préts & poser pour trois sous ou par amitié. C'est pourquol il retoure plusieurs fois sur son propre visage, a l'aide d'un miroir. (On connait 38 autoportraits de Van Gogh. En voici 4 peints dans un arc de temps qui va du début de son séjour parisien (1886) a T'avant- demiére année de sa vie (1889). Peu de temps les sépare et pourtant immense est le parcours — pictural et stylistique — accompli entre le premier autoportait, représentant un monsieur a lair bourgeois, peint dans des teintes douces et chaudes, et le demier, halluciné et vibrant. Lautoportrait de la page de droite se situe a mi-chemin de ce parcours: du point de vue technique, il montre comment Van Gogh interpréte les théories divisionnistes, et l'utilisation dja expressionniste de la couleur. Autoporeait, Ares, septembre 1888 Cambridge, Maz, Fagg Art Museum se connaitr Autoporai Soit Rémy, septembre 1689 Pats, Musée d'Orsay Ov ci — « je le crois fort volontiers — qui est difficile de fame — mais il n'est pas aisé non plus de se peindre soi-m me, Ainsi je travaille & deux portraits de moi en ce moment — fante autre modéle.o UA TECHNIQUE Fein par la techiquedvsiomnise, Von Gogh ‘empe plus pour obtenr des colors compo, ‘mais jurtopose et syperpose des touches de fons divers. 1 le grit do chapeau: jurtaposion de tons clos, bans et voces ef de quelgues touches de aif Vincent és Ts ‘bleu pour Fomtre; 2 fod: towhes be clo, bleu fone et eronge complements) 3) visage

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