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ETUDES SUR LE LAC TITICACA VII POPULATIONS INDIGENES DES HAUTS PLATEAUX ANDINS par J. VELLARD Le haut plateau andin, en espagnol altiplano, qui s’étend du sud du Pérou au sud de la Bolivie sur une longueur de prés de 1.600 kilométres, est habité par une nombreuse population indigéne concentrée surtout aux environs du Lae Titicaca, dans la région de La Paz et prés de quelques centres miniers. L’altitude moyenne varie entre 4.100 et 3.650 métres au-dessus du niveau de la mer. Les régions du nord, autour du Lae Titicaca, sont fertiles ; la population rurale atteint 120 habitants au kilométre carré dans la péninsule de Have, en terri- toire péruvien, et les deux provinces boliviennes au sud du Lae ont une densité de 61,6 et 40,4 habitants par kilométre carré. Le sud du haut plateau est désertique, parsemé de terrains salés, véritables chotts, et le chiffre . de la population tombe au-dessous de 10 habitants au kilométre carré. Ces populations indigénes se divisent actuellement en deux groupes principaux parlant chacun une langue différente : le groupe aymara, habitant aujourd’hui, autour du Lac Titicaca, la-région de La Paz et le centre du haut plateau jusqu’a Ja ville miniére de Oruro ; et 52 INSTITUT FRANCAIS. D/ETUDES ANDINES le groupe quitchoua (1) occupant tout le reste de la région ainsi que les montagnes et vallées voisines. En dehors de ces deux familles linguistiques existent encore quelques survivants d’un groupe trés différent, les Ourous (2) dont les derniers survivants achévent de s’éteindre dans les champs de jones bordant les marais du Titicaca, Au sud-ouest du haut plateau vivent les Chipayas : environ 400 A 500 personnes parlant un co-dialecte de !'Ourou. Cette distribution actuelle est loin de correspondre a la réalité historique. Malgré con altitude élevée le haut plateau offrait des ressources variées, chasse et péche, et permettait une vie sédentaire basée sur agriculture et Pélevage. De tout temps cette région a été un centre dattraction pour les populations andines et un passage ouvert aux invasions. La grande culture de Tihuanaco, les diverses cultures du Kollao, Pempire incaique et plus tard les Espagnols, qui se sont suecédés dans cette région, ont mélangé les groupes ethniques, bouleversé les cultures, uniformisé les populations indigénes, faisant disparaitre les divi- sions locales et imposant Yaymara et le quitchoua comme langues générales. Il reste de nombreux topo- nymes qui n’appartiennent a aucune de ces deux lan- gues. Au xvr’ siécle la langue poukina, aujourd’hui dis- parue, parente de V’ourou, occupait encore une place importante. L’aymara lui-méme est maintenant en. régression constante devant le quitehoua. Les différences linguistiques s’accompagnent de différences dans la culture matérielle et spirituelle et dans la psychologie. () Nous adoptons pour le nom de cette langue l’orthographe quitchoua, qui traduit le mieux la prononciation courante, au liew de kigua qui serait le nom véritable, employé surtout dans les travaux de linguistique. () Voir : J. Vettann, Travaur de Vinstitut Francais d’Etudes Andines (Paris, Lima, I, 1949; II, 1951), et aussi : Dieux et Parias des Andes (Emile-Paul, Paris, 1954). ETUDES SUR LE LAC TITICACA : 53 Le point de vue anthropologique a été peu étudié : le probléme se pose de savoir si ces diverses ethnies correspondent & une ou & plusieurs races. La thése uniciste a été formulée pour la premiére fois par d’OnbiNy, qui fait de toutes les populations de cette partie des Andes le rameau péruvien de sa race ando-péruvienne. La méme tendance a été suivie par Manrcenam, Ten KATE, AMBRosETTI, Senor et DENICKER. D’autres auteurs ont souligné des différences plus ou moins marquées entre les groupes aymara et quit- choua. Dés 1870, David Fonses notait que les Aymaras ont le trone plus long que les Quitchouas. Les habitants de la région de Puno, frontiére actuelle des langues aymara et quitchoua, reconnaissent a premiére vue les individus de ces deux groupes 4 leur type physique et leur attribuent, & juste titre d’ailleurs, un caractére différent. Les causes de criminalité sont également distinctes entre les Aymaras, plus sombres et plus vindicatifs, et les Quitchouas plus. ouverts. CuERviN, qui a étudié et publié les résultats de l’en- quéte anthropologique, conduite par Gutttaume, de la mission CréQuI-MontTForT et SENECHAL DE LA GRANGE sur le haut plateau bolivien en 1903, conclut que Aymaras et Quitchouas forment deux peuples brachy- céphales ‘différents, en se basant surtout sur les varia- tions de la taille et la longueur du buste. Il signale Texistence dans ces deux groupes d’un lot important de mésaticéphales et méme, d’aprés son tableau de men- surations, de dolichocéphales vrais & cété de* brachycé- phales et ultrabrachycéphales. Les Ourous n’ayant pu étre étudiés par cette mission, il réserve son opinion & leur sujet. En 1933, Rouma a réalisé une étude comparée entre les Quitchouas et les Aymaras. Son enquéte a porté sur 245 hommes et 112 femmes quitchouas, et sur 50 hom- mes et 21 femmes aymaras. Dans l’ensemble, il n’a pas trouvé de différences notables entre les deux groupes et conelut que les Aymaras et les Quitchouas sont iden- “tiques et appartiennent a la race andine. Ses tableaux de 54 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES mensurations montrent des variations considérables 4 Vintérieur de ces deux groupes : Vindice céphalique vaut 73,4 & 90,6 chez les Quitchouas et 71,9 4 88,6 chez les Aymaras. Il admet Vexistence d’anciennes populations trés dissemblables, aujourd’bui disparues, dont les Chi- payas seraient survivants. Dans les Yungas, il a trouvé une race différente de celle du haut plateau et il signale enfin la fréquence de variations locales et de types régio- naux. _ Au Pérou, TELL pose également le probleme de la dualité raciale des Aymaras et des Quitchouas. Sans le résoudre, il penche vers une origine différente de chacun de ces deux groupes. En Bolivie, Poswansky divise les Indiens du haut plateau en trois races distinctes : la race kolla, & profil @oiseau (cara de pajaro), & laquelle il attribue une bra- chycéphalie prononcée ; la race aruwak, a téte de chat (cara de gato), qui serait dolichocéphale ; et la race ourou-chipaya. Cette derniére est la seule qui ait été un peu étudiée par cet auteur et dont il publie des tableaux de mesures. IMpELtonr a étudié la craniologie des Ourous et les a inclus dans la race Laguide. La méthode suivie par CHERVIN et par ROUMA ne pouvait aboutir qu’a des résultats contradictoires, Le quitchoua et l'aymara, comme langues, ont subi des fluc- tuations géographiques considérables et ne correspon- dent plus A aucun groupe racial. Les tableaux de ces deux auteurs soulignent le caractére hétérogéne des groupes étudiés. Il est regrettable que PosNANskY ait basé sa division des Indiens du haut plateau sur des impressions physionomiques et psychologiques et non sur des tableaux de mensurations ; il a été ainsi conduit & leur attribuer des caractéres somatiques qui ne cor. ‘respondent pas & la réalité, sans parler de sa nomen: clature trés particuliére et peu heureuse amenant i confondre sa race aruwak avec le groupe linguistiqui amazonien du méme nom, mais il a eu du moins ETUDES SUR LE LAC TITICACA 55, vision nette de trois grandes races trés différentes sur le haut plateau. * +e Les nombreuses vicissitudes des populations indi- genes du haut plateau, conquétes, déplacements de populations, établissement de colonies d’autre origine (comme les mitimales incaiques), guerres, révolutions, invasions, émigrations, missions religieuses, ont abouti 4 Ja disparition presque totale des groupes primitifs et & des remaniements constants. Il est impossible de trou- ver des séries homogénes. Mais, par contre, des études régionales peuvent montrer la prédominance locale entre les populations actuelles de certains types raciaux. C’est cette méthode que nous avons adoptée. Nos recherches ont porté sur un total de 600 fiches, dhommes exclusivement, sauf pour de trés courtes séries @Ourous et de Chipayas oi quelques femmes ont été examinées. Notre enquéte a été. réalisée aux points suivants : 1 — Les deniers survivants du groupe ourou. 2 — Le groupe chipaya, dans la région de ce nom. 3 — Les pécheurs aymaras du Lac Titicaca. 4 — La région de. Jésus et de San Andrés de Machaea, au sud du Lae Titicaca. 5 — Lille du Soleil. 6 — Les populations d’agriculteurs au sud et A V’est du Titicaca, que nous groupons sur le nom général de populations de Valtiplano. 7 7 — La région de Oruro. 8 — La région d’Azangaro, au nord du Lac. Enfin quelques individus provenant des iles au nord du Lac. Nous avons comparé ces populations & 300 indi- vidus de la région de Huancayo et de la céte du Pérou. Les Ourous et les Chipayas ont une langue A part. La région d’Azangaro et les iles au nord du Lac parlent_ 56 INSTITUT FRANCAIS D’ETUDES: ANDINES quitchoua. La région de Oruro est & la limite du quit- choua et de. Vaymara. Les autres groupes du haut plateau sont de langue aymara. Nous avons presque toujours pu établir des fiches completes, 22 mesures de la téte et 48 du corps, mais nous n’utilisons ici que les principales mesures. Dans ce premier travail nous nous occupons des Ourous, des Chipayas et des Pécheurs. du Lac Titicaca parlant aymara, mais étroitement liés par leur type phy- sique et par leur économie aux anciens Ourous. ee PREMIERE PARTIE Les Ourous-Chipayas Les véritables Ourous habitaient, & Varrivée des Espagnols, les champs de Scirpus, les totorales bordant les parties basses du lac Titicaca et de son déversoir, le Desaguadero aux environs de 3.800 métres. Leurs principaux centres étaient la baie de Chucuito ét celle de Puno au nord du lac, tout le pourtour du petit lac de Guaqui ou Huyfiamarka au sud, et surtout les grands totorales du Desaguadero. Un autre groupe vivait & 250 kilométres plus au sud, dans des totorales, & V'embouchure du Desaguadero, dans le lac Poopo. Cachés dans ces labyrinthes:inextricables des toto- rales, les Ourous ont, en grande partie, échappé a Vinfluence incaique et a celle des autres populations indigenes de la région. Seuls les groupes périphériques ont subi dés cette époque un métissage physique et culturel qui n’a cessé de progresser jusqu’A nos jours. Les Ourous paraissent avoir été les premiers oceu- pants du haut-plateau andin, vivant de petite chasse et surtout de la cueillette-de produits aquatiques, racines ETUDES SUR LE LAC TITICACA 57 de Scirpus, oiseaux d'eau, cepts, petits crustacés planc- toniques (Hyalella de diverses espéces) ; poisons (Ores- lias diverses et Pigydium rivulatum), capturés par- des moyens trés simples. Leurs traces se retrouvent un peu partout sur le haut-plateau et dans les Cordilléres yoisines. Ils ont profondément influencé les populations riveraines du Titicaca. Refoulés peu & peu dans les marais: et dans les parties les plus pauvres du haut-plateau par des groupes indigenes de pasteurs et d’agriculteurs arrivés plus tard et qui les déposséderent de leurs territoires, ils n’ont cessé de décliner depuis les temps historiques. Au début de la colonisation espagnole, les totorales ont servi de refuge aux indigenes voisins et méme & des mélis espagnols fuyant la justice. Pour réduire ces voisins incommodes et souvent dangereux, les Espagnols entreprirent diverses expéditions, dont la derniére en 1682, téussit a chasser les Ourous de leurs réduits lacustres et & les grouper dans quelques paroisses des bords du lac et du Desaguadero. Ala fin du siécle dernier, il ne restait plus que deux groupes ourous conservant leur langue et leurs tradi- tions sur les bords du Desaguadero : & Sojhopajha en territoire péruvien et presque en face, A Iru-Itu, en ter- ritoire bolivien. Aujourd’hui le groupe de Sojhopajha est entigrement métissé. Il a-perdu sa langue ; ses habitants se marient avec des Aymaras et leur économie est plus agricole que lacustre. Le groupe dIru-Itu avait conservé sa langue et ses traditions jusqu’en 1940. Une série d’années séches a détruit les champs de roseaux ot poissons et gibier eau suffisaient & leur subsistance. Le Desaguadero svest entigrement desséehé, Ne possédant aucun bien sur la terre ferme-en dehors de leur village, repoussés par les communautés aymaras voisines, le groupe s’ést dispersé. Les vieux restés sur place sont morts peu & peu de misére, les jeunes ont da chercher au loin d’au- tres occupations. La-sécheresse a pris fin; les champs 58 INSTITUT FRANGAIS D/ETUDES ANDINES de totoras se reforment, mais le groupe ourou n’a pas pu se reconstituer. Ceci explique la pauvreté numérique de nos observa- tions, Pendant dix années, nous avons suivi le déclin de ces derniers Ourous et mesuré la totalité des babi- fants d’Iru-Itu : trente personnes dont la plupart aujourd’bui ont déja disparu. De ces trente individus, nous supprimons la fiche d'une fillette de 14 & 15 ans, seul enfant de pére et mére ourous. Onze hommes et une femme de mére ourou et de pére aymara, considérés comme véritables Ourous daprés le statut matrilinéaire de ces Indiens, seront étudiés a part. 11 reste neuf hommes et huit femmes nés de pére et de mére ourous. Méme chez eux les traces de métissage avec les agriculteurs aymaras sont trés visibles. Presque tous nos sujets sont agés et souvent trés agés : deux hommes seulement avaient moins de 50 ans ; deux autres étaient entre 50 et 60 ans ; un avait prés de 70 ans, et les trois derniers avaient dépassé 80 ans. Parmi les femmes, une fillette de 14 15 ans, cing entre 36 et 50 ans, et les trois derniéres 80 ans ou plus. Les fils de Ourou et d’Aymara étaient beaucoup plus jeunes : sept entre 20 et 30 ans ; trois entre 30 et 50 ans ; et un seul homme de 70 ans environ. L’unique femnie de ce groupe avait 30 A 35 ans. Ces chiffres soulignent V'abandon du village par tous les jeunes Ourous ; seuls sont restés les fils de pére aymara qui, bien que classés < Ourous », trouvent cependant un certain appui chez leurs parents aymaras. Au sud-ouest du haut-plateau bolivien, A la limite des grands chotts salés d’Uyumi, prés du lac de Coy- pasa, & la frontiére du Chili, vit un autre groupe, assez « nombreux, apparenté par.son type physique et par sa langue aux Ourous : les Chipayas. Egalement repoussés par les communautés aymaras, ils ont trouvé un refuge dans la partie la plus froide et la plus désolée du haut- plateau, arrivant & subsister A l'aide d’une maigre agri- culture a base de quinoa (Chenopodium quinoa) et de ETUDES SUR LE-LAC TITICACA 59 pommes de terre, et d'un petit élevage de pores et de moutons. Nous n’avons pu leur faire qu’une courte visite ; nos mesures se bornent 4 onze hommes dont sept entre 25 et 50 ans, deux entre 50 et 60 et deux aux environs de 90 ans ; cing jeunes garcons entre 10 et 16 ans et deux femmes. Il existe encore un autre groupe ourou, les Moratos, dans les totorales du lac Poopo, une vingtaine d’indi- vidus. semble-t-il, trés difficiles 4 observer. Rarement, ils viennent par petits groupes aux marchés des envi- rons et il nous a été impossible de les atteindre. Si les Ourous et les Chipayas sont réduits a ces trois groupes en voie d’extinction, cette population a cepen- dant joué un réle important dans le peuplement indi- géne de la région. ‘La plupart des pécheurs du lac Titicaca, parlant aymara, et difficiles a distinguer au premier abord de leurs voisins agriculteurs, forment des groupes a part des communautés aymaras, ou méme & Vintérieur de ces communautés. Hs sont considérés comme une classe inférieure, les Laguneros, les Uma-hake ou ‘les Kota hake (homme des lagunes en espagnol ; hommes de l’eau et hommes du lac en aymara). Ils sont rare- ment admis aux dignités dans les communautés, doivent souvent célébrer a part leurs fétes, organisent, des danses spéciales et se marient surtout entre eux. Crest le cas des pécheurs des totorales de la baie de Puno, autrefois centre d'une population. ourou nom- breuse, dont quelques descendants trés métissés et ne parlant plus leur langue ménent encore une vie assez semblable & celle de leurs ancétres ; ce sont les soi- disant Ourous actuels du cinéma, Au fond de la baie de Guaqui, dans la région de Huyfiamarca, des petits groupes mi-pécheurs, mi-agriculteurs, ne parlant plus qu’aymara, sont toujours appelés Ourous par leurs voi- sins aymaras. : Tous ces groupes de pécheurs, en général trés isolés, ont conservé plus ou moins accusés les caractéres physi- 60 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES ques des Ourous. Ils sont comme eux rebelles & tout examen et nous n’avons pu réunir que vingt-six obser- vations. * Pry Peu de travaux anthropologiques ont été faits sur les Ourous-Chipayas. Imbelloni les a classés, avec raison, dans le groupe laguide en se basant surtout sur l'étude de deux cranes provenant d’un ancien cimetiére ourou de V'ile Panza, elle-méme habitée depuis trois siécles par des Aymaras. Posnansky a publié seulement quelques mesures céphaliques prises sur six hommes d’Iru-Itu. Il a com- pleété cette série en examinant neuf hommes chipayas, dont sept seulement lui ont paru « purs » et deux autres mélissés d’éléments Kollas, d’aprés sa nomen- clature, c’est-A-dire Aymaras ; puis quatre hommes et deux femmes de Vile Panza dont un seul catalogué Ourou. Il est nécessaire de, faire toute réserve sur la nomenclature trés personnelle de cet auteur. Dans len- semble, il souligne la forte dolichocéphalie des Ourous- Chipayas, qu'il considére comme formant une seule race. Une note de Wright, qu’il ne nous a pas été possible de consulter, s’occupe des anomalies dentaires des Ourous. En dehors de la petite série Chipaya de Posnansky, il n’existe aucune observation sur les mesures corpo- relles de ces deux groupes. Enfin, Sacheti a publié quelques observations sur Yinfluence ouron dans les populations du haut-plateau bolivien. La pauvreté de ces documents nous a fait longtemps hésiter A les publier. L’extinction a. peu prés totale des Ourous, le métissage de ‘plus en plus accentué des pécheurs avec les Aymaras, nous ont semblé des rai- sons suffisantes pour placer ce petit groupe au début de notre étude sur les populations indigénes du haut- ETUDES SUR LE LAC TITICACA 61 plateau. Il représente, comme nous le verrons, des restes de vieilles populations dolichocéphales qui ont précédé dans ces régions les pasteurs et les agriculteurs andins et dont les vestiges se trouvent disséminés sur diffé- rents points des Andes. * * Soixante-quatre fiches d’hommes et douze de femmes ont été utilisées pour ce travail. Hommes : onze Chipayas ; neuf Ourous de Iru-Itu, de pére et mére ourous ; onze habitants de Iru-Itu, de mére ourou et de pére aymara, mais socialement consi- dérés Ourous ; sept métis ourous -aymaras, de Sojho- pajha ; vingt-six pécheurs du lac Titicaca. Pour la com- modité de exposition nous réunirons dans les tableaux ces vingt-six pécheurs et les sept sujets de Sojhopajha. — Au total, soixante-quatre observations. Femmes : deux Chipayas ; huit Ourous et une fille de mére ourou et pére aymara. — Au total, onze obser- vations. : 1, — Corps La morphologie générale est influencée par deux facteurs: le croisement avec les agriculteurs aymaras qui tend & augmenter la stature, et Vinfluence de la vie A haute altitude, qui développe les divers diamé- tres thoraciques, et en particulier le diamétre vertical, et abaisse et élargit le bassin. Les Chipayas se sont toujours monirés plus homo- génes que les autres groupes étudiés. Stature. — La taille, dans tous, ces groupes, est petite ou sous-moyenne, exceptiOnnellement _sur- moyenne ou grande. Trés homogéne chez les Chipayas, elle s’éléve et devient irréguliére chez les Ourous et Jes pécheurs, oil le mélange aymara est plus marqué. Chipayas : Huit petites tailles et deux sous-moyennes, Variations extrémes : 1521-1546, moyenne 1583. Les deux femmes sont aussi de petife taille, 1454 et 1465. 62 INSTITUT -FRANGAIS D/ETUDES ANDINES Les Ourous sont plus irréguliers: cinq petites tailles, trois sous:moyennes ‘et une grande chez les hommes ; une petite taille, deux sous-moyennes et quatre sur-moyennes pour les femmes. : Variations extrémes : Hommes 1501-1740, moyenne 1602. Femmes 1444-1578,. moyenne 1535. La taille se reléve chez les fils d’Ourous et d’Ay- maras ; Trois petites tailles, quatre sous-moyennes, trois sur-moyennes et une grande ; 3 Punique femme du groupe est petite. Variations extrémes : 1546-1706, moyenne 1631. Les pécheurs métissés donnent des chiffres un peu plus faibles que le groupe pécédent : onze petites tailles, dix-huit sous-moyennes ; quatre sur-moyennes : Variations extrémes : 1517-1692, moyenne 1605. Indice cormique. — Les métriocormes et les macro- cormes sont distribués de fagon & peu prés équivalente (Chipayas) ou avec une légére prédominance de métrio- cormes, mais toujours accompagnés de quelques brachy- cormes. Chipayas : Hommes : variations extrémes 50,85- 69, moyenne 53,05. Jeunes: garcons de 10 A 16 ans: 50,27-53,30, moyenne 52,06. Les deux femmes ont donné 52,08 et 53,85. Ourous : Hommes : variations extrémes 47,90-52,82, moyenne 51,78. Femmes : 46,51-56,90, moyenne 51,66. Ourous - Aymaras : Hommes : 51,89-56,68, moyenne 53,04. Pécheurs Hommes : 49,58-55,93, moyenne 52,82. L’allongement du buste est en relation directe avec Te grand développement vertical du thorax, conséquence de la vie 4 haute altitude. La hauteur du sternum vaut en moyenne 12 & 13 % de la stature. ETUDES SUR LE LAC TITICACA 63 Comparé aux autres populations andines, l’indice cormique de ces groupes est relativement faible. Chez les agriculteurs aymaras du haut-plateau existent 50 & 60 % de macrocormes. Indice bi-acromial. — Le diamétre bi-acromial varie pen dans ces différents groupes. Les Chipayas sont un peu plus gréles que les autres. Les Ourous et les pécheurs métissés présentent des valeurs absolues et relatives légérement plus élevées, mais ces différences sont peu significatives. Chipayas : Hommes: variations extremes 309-345, moyenne $31; en relation & la taille 19,40-21,49, moyenne 20,49. Femmes : 20,24 et 20,75 %. Ourous : Hommes : variations 318-348, moyenne 334; en relation a Ta taille 19,29-22,11, moyenne 20,87. Femmes : 288-323, moyenne 308; ct '18,32-21,53, moy. 20,21. Ourous - Aymaras : . Hommes: 310-384, moyenne 336; en relation la taille 19,48-23,70, moyenne 20,68. Pécheurs métissés : 287-368, moyenne 335; et 18,85-23,63 %, moyenne 20,87. Indice. bi-trocanter. — Le diamétre bi-trocanter varie dans des proportions identiques. Plus faible en valeur absolue et en relation A la taille, chez les Chi- payas ; un peu plus élevé chez les Ourous - Aymaras, il atteint ses valeurs les plus fortes chez les Ourous et surtout chez les pécheurs. Chipayas : Hommes : valeurs absolues 274-304, moyenne 287; en rela- tion a la taille 17,12-20,87, moyenne 18,13 %. Ourous : Hommes: 305-310, moyenne 306; en relation &. la taille 19,03-19,31, moyenne 19,10 %. Ourous - Aymaras : Hommes : 285-306, moyenne 300; et 17,80-19,46, moyenne 18,44 %. Pécheurs : Hommes: 288-322, moyenne 309; et 17,91-19,93, moyenne 1912 %. 5 64 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES Diamétre bi-créte. — L'accroissement vertical du thorax entraine un élargissement et une diminution de hauteur du bassin; la cavité abdominale est moins haute mais plus large. Le diamétre bi-créte est plus fort chez les pécheurs, et surtout chez les Ourous qui possédent le thorax le plus développé en, hauteur. Chipayas : Hommes : valeurs absolues 258-304, moyenne 271; en rela- tion @ la taille 15,49-19,70, moyenne 16,29. Ourous : Hommes : 258-310, moyenne 293 ; et 16,20-18,60, moy. 17,42. Ourous - Aymaras : Hommes : 262-289, moyenne 272; et 16,17-17,80, moy. 16,69. Pécheurs : Hommes : 259-309, moyenne 277; et 16,19-18,46, moy. 17,08. Ces mesures n’ont pu étre prises que sur cing fem- mes : trois Ourous ayant donné 17,77, 18,25 et 19,95 ; un Ourou-Aymara : 20,01 et un Chipaya: 18,99. Hauteur du bassin (mesuré en position assise). La hauteur de la créte illiaque au-dessus du siége a donné chez les Chipayas 179-229, moyenne 200 et, par rapport. a la taille 11,23-14,15, moyenne 12,61 %. Cette mesure n’a pas été prise chez les Ourous. Ourous - Aymaras : les valeurs extrémes ont été 178 et 220, moyenne 200; et 11,09-13,84, moyenne 12,30 %, Chez les pécheurs, le bassin est nettement plus bas: 161- 235, moyenne 186; et 10,18-14,48, moyenne 11,77. Trois femmes ourous et une ourou-aymara ont donné une moyenne de 181 (var. 145-207) et une hauteur relative: de “12,03. 2. — MEMBRES Membre supérieur. — Le membre supérieur est rela- tivement long chez les Ourous métissés et surtout chez: les pécheurs ; les métriobrachyon prédominent dans les deux premiers groupes et les macrobrachyon dans le dernier, avec chez tous-un petit pourcentage de bras. ETUDES SUR LE LAC TITICACA 65 courts. Chez les Chipayas, au contraire, les trois caté- gories sont presque également représentées. Chipayas : Hommes: le membre supérieur mesure de 638 A 758, moy. 735; ou 44,05 A 49,31, moyenne 46,14 % de la stature. Ourous : Hommes: variations extrémes 627-827, moyenne 748; et 45,08-49,03, moyenne 46,39 %. Ourous - Aymaras : Hommes : 689-781, moyenne 754; et 45,56-47,58, moyenne * 46,29 %. Pécheurs : Hommes : 643-802, moyenne 750; et 43,15-49,53, moyenne 416,49 %. Le membre supérieur est sensiblement plus court chez les femmes : Sie femmes ourous: Variations extrémes 43,02-47,24, moyenne 44,45. Une femme ourou-aymara a donné 44,35 et deux femmes chipayas 42,18 et 42,64 %. Pour lensemble.des neuf femmes: Variations 42,18-47,24, moyenne 43,98 %. Brasse. — La taille est généralement inférieure & la giande envergure. L’indice crucial vaut : Chipayas : Hommes : 93,60-103,51, moyenne 99,12. Ourous : Hommes : 94,7-99,7, moyenne 97,18. Ourous - Aymaras : Hommes : 95,24-102,8, moyenne 97,67. Pécheurs : Hommes : 93,81-104,90, moyenne 97,08. : Chez les neuf femmes étudiées : 94,30-101,4, moyenne 98,70. Main. — La main est plus petite chez les Chipayas et plus grande chez les pécheurs et les Ourous. Chipayas : Hommes : 148-185, moyenne 170; en relation a la taille 9,51-12,16, moyenne 10,79 % 66 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES Ourous : : Hommes : 167-188, moyenne 177; et 10,02-11,71, moyenne 11,11 %. Ourous - Aymaras : Hommes : 160-183, moyenne 173; et 9,60-11,17, moyenne 10,66 %. Pécheurs : ne 151-204, moyenne 178; et 10,50-11,80, moyenne 11,08 %. Chez les femmes, la main est trés légérement plus petite. Femmes ourous (six) : 10,00-11,28, moyenne 10,40 %. Une femme chipaya : 10,45 %. Une femme durou-aymara : 10,64 %. Les huit femmes ensemble : 10,00-11,28, moyenne 10,43 %. Les huit femmes ensemble: 10,00-11,28, moyenne 10,43 %. Membre inférieur. — Le membre inférieur est plus Jong que dans les autres populations du haut-plateau dont la moyenne de Vindice grand trocanter-stature est aux environs de 50,0-50,5. Cet indice est un peu plus élevé chez les Ourous. Chipayas : Hommes: hauteur du grand trocanter : 792-861, moyenne 807.; et 49,04-53,01, moyenne 50,97 %. Ourous “ Hommes : 780-888, moyenne 829; et 48,95-52,21, moyenne 51,74 %. Ourous - Aymaras : Hommes : 726-883, moyenne 817; et 47,73-53,58, moyenne 50,89 %. Pécheurs : Hommes : 755-877, moyenne 815; et 48,55-53,08, moyenne 50,77 %. Chez les quelques femmes mesurées, le membre inférieur est plus court : Quatre femmes ourous : 47,02 ; 49,64 ; 49,68 et 53,02; moy. 49,84 %. _ Une femme onrou-aymara: 48,96 %. Deux femmes chipayas : 49,96 et 51,65. %. Pour les sept femmes étudiées : 47,02-53,02, moy. 49,99 %. ETUDES SUR LE LAC TITICACA 67 Pied. — Le pied présente les mémes caractéres que la main; plus petit chez les Chipayas, plus grand chez les Ourous et les pécheurs. Chipayas : Hommes : 226-243, moyenne 235; en relation a la stature : 14,09-15,31, moyenne 14,80 %. Ourous : Hommes: 22 225-260, moyenne 244; et 14,21-16,22, moyenne Ourous - Aymaras : 216-251, moyenne 241; et 13,63-15,34, moyenne 14,96 %. Pécheurs ; 220-260, moyenne 245; et 13,61-16,09, moyenne 15,29 %. Ces chiffres sont tous un peu supérieurs a la moyenne trouvée dans les populations d’agriculteurs du haut- plateau andin, dont le pied est court ; surtout dans les groupes brachycéphales. Suivant les groupes, la moyenne de Vindice pied-taille est aux environs de 14,60-14,70. Chez les femmes ie pied est, proportionnellement ‘a la stature, 4 peine plus petit, mais nous n’avons pu examiner que six sujets : Quatre femmes ourous : 215-232, moyenne 226; et 14,48- 15,26, moyenne 14,83 %. Une femme ourou-aymara : 225 et 15,47 %. Une femme chipaya : 215 et 14,67 %. Moyenne des six femmes mesurées, sans distinction de groupe : 224 et 14,91 %. 3. —-La TETE La téte offre des caractéres importants qui se retrou- vent, 4 un degré plus ou moins marqué, dans toutes les populations ayant eu des contacts avec les Ourous- Chipayas. Le crane est petit, de tendance dolichocéphale, haut, avec le front relativement plus large que dans les autres populations du haut-plateau. Le crane des Ourous et des Chipayas présente une forme de caréne plus ou moins 68 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES accentuée, associée A un occipital de base trés saillant. Cette disposition existe chez tous les hommes et enfants Ourous et Chipayas étudiés ; chez les femmes, la caréne, moins accusée, n’était appréciable que sur quatre des sept femmes examinées, mais toutes possé- daient un occipital trés saillant. Avec le métissage aymara, “cette morphologie s’at- ténue. Chez les fils d’Ourou et d’Aymara, la caréne n’existait que dans la moitié des cas (quatre sur huit), mais tous présentaient une férte saillie occipitale. 85 % des pécheurs (vingt-huit sur trente-trois) pré- sentaient la caréne, et, tous, la saillie de Voccipital. Ces deux caractéres se retrouvent dans les popula- tions d’agriculteurs indigenes voisins en proportion @antant plus élevée que leurs contacts ont été plus étroits avec les Ourous. C’est un bon indice de métissage Ourou. En s’éloignant du lac et des totorales cette fré- quence diminue. Les agriculteurs aymaras du Desaguadero, dont dépendaient les Ourous, présentent encore 46% de caréne et 22 % de saillie occipitale, sur cent douze sujets étudiés. Cette proportion tombe a 42 % a Tile du Soleil; sur cent dix individus du sud du haut- plateau, la caréne ne se trouve que sur quatorze sujets sur cent dix et la forte saillie occipitale chez quarante- deux (12,7 et 38,1 %). Indice céphalique. — Parmi les Chipayas et les Ourous prédominent les tétes longues et étroites. Dans ces deux groupes, la moyenne de Vindice céphalique est presque identique : 74,94 et 74,90. Sous Vinfluence du métissage aymara, la téte se raccourcit, Jes formes moyennes prédominent sur les longues, accompagnées de quelques formes courtes ; mais la téte s’élargit peu et les formes étroites sont toujours les plus nombreuses, 66 %, A cdté de quelques formes moyennes. L’élévation de V’indice céphalique dans ces populations métiss¢es avec les Aymaras est due plus 4 une diminution de la longueur qu’a Vaccrois- sement du diamétre transversal. ETUDES SUR LE LAG TITICACA 69 Chipayas : Hommes :, Longueur maxima de la téte, 180,195, moyenne Largeur_ maxima 137-150, moyenne 142. Indice cipal 72,16-81,11, moyenne 74,94. Longueur maxima de la téte 185-210, moyenne Largeur maxima 141-150, moyenne 144, indice céphalique : 71,11-79,45, moyenne 74,90. Ourous - Aymaras : Hommes: Longueur maxima de la téte 178-192, moyenne 185. Largeur maxima 139-154, moyenne 148. Indice céphalique 75,95-85,50, moyenne 80,76. Pécheurs : Hommes: Longueur maxima de la téte 177-198, moyenne 186. Largeur maxima 139-159, moyenne 147. Indice céphalique 73,73-89,2, moyenne 80,08. Chez les jeunes garcons Chipayas entre 10 et 16 ans, Vindice céphalique est un peu plus élevé : 74,30-81,50 moyenne 74,30 pour six sujets. Dans le groupe des hommes, ce sont généralement les plus agés qui pré- sentent le plus grand nombre d’indices bas. Le métissage s'accentue A mesure que cédent les anciennes barriéres qui avaient isolé les Ourous et les Chipayas, atténuant la dolicocéphalie. La méme observation peut étre faite pour d’autres Indiens. Le crane féminin est & la fois plus court (moyenne de huit femmes ourous, 185; variations 169-192; en comprenant une Ourou-Aymara et deux Chipayas, moyenne pour onze sujets, 188), et plus large: 136-149, moyenne 144 pour les huit Ourous ; pour l'ensemble des onze sujets féminins, 144 également. Pour Jes huit femmes ourous : Indice céphalique 71,85-84,02, moyenne 80,44; et pour les onze sujets : 79,77. Hauteur ‘du crane (diamétre auriculo vertex). — Dans les quatre populations étudiées prédominent les formes moyennes et hautes ; les valeurs moyennes sont trés voisines les unes des autres. Chipayas : Hommes : 112-141, moyenne 125, Ourous : 115-140, moyenne 127. Ourous -Aymaras : 113-137, moyenne 127. Pécheurs : 117-131, moyenne 128. 70 INSTITUT FRANGAIS D'BTUDES ANDINES Le crane des femmes est un peu plus bas. Ourous : Femmes (huit sujets) : 115-139, moyenne 124,7. Une Ourou- Aymara: 122. Chipayas (deux) : 127-130. Moyenne de onze sujets : 125. Par suite du raccourcissement du crane chez les pécheurs et les métis ourous - aymaras, Vindice hauteur- longueur est plus élevé dans ces deux groupes qui tota- lisent A eux deux quarante-trois hypsicéphales et un seul orthocéphale, sur quarante-quatre sujets mascu- lins. Les Chipayas et les Ourous comptent respective- ment, un orthocéphale sur neuf et deux orthocéphales sur onze sujets, tous les autres étant hypocéphales, Liindice hauteur-largeur est plus élevé chez les Ourous et les pécheurs. La répartition par catégorie montre chez les Ourous et les Chipayas une prédomi- nance trés élevée d’acrocéphales ; le pourcentage est & peu prés identique chez les pécheurs ; chez les métis Ourous - Aymaras, les métriocéphales prédominent. Indice hauteur-longueur. — Hommes : Chipayas 58,63-72,68, moyenne 66,05. Ourous 60,5-72,16, moyenne 65,97. Ourous-Aymaras 61,45-87,10, moyenne 69,19. Pécheurs 62,90-78,16, moyenne 69,05. Femmes : Ourous “(neuf sujets)- 64,60-78,85, moyen- ne 69,15. Ourou- Aymara (un) 67,77. Chipayas (deux) 67,70-68,27. Moyenne des douze sujets féminins ; 68,84, Indice hauteur-largeur. — Hommes : Chipayas 74,86-97-91, moyenne 86,43. Ourous 80,90-97,22, moyen- ne 88,03. Ourous - Aymaras 80,63-101,8, moyenne 85,07. Pécheurs 78,01-97-12, moyenne 87,86. Femmes : Ourous (neuf sujets) 77,11-97,18, moyenne 86,01. Ourou- Aymara (un) 81,33. Chipayas (deux) 89,43-92,19. Moyenne des douze sujets féminins : 84,75. La moyenne des cing enfants chipayas, entre 10 et 16 ans, est un peu plus élevée que celle des adultes de ce groupe et se rapproche de celle des pécheurs, souli- gnant la tendance vers un métissage manifeste dans les jeunes générations ourous et chipayas. ETUDES SUR LE LAC TITICACA oh) Indice hauteur-longueur (cing enfants chipayas): 74,30- 81,50, moyenne 77,80. Indice hauteur-largeur (cing enfants chipayas) ; 86,23-87,96, moyenne 87,15. L'indice de hauteur moyenne d’Hrdlicka indépendant de la dolichocéphalie ou brachycéphalie des sujets confirme que la hauteur de la téte s’éléve avec le métis- sage aymara: Chipayas 75,30, Ourous 75,37. Ourous - Aymaras 76,27. Pécheurs 76,87. Front. — L’étude de Ja largeur minimum du front montre dans les quatre populations étudiées la prédo- minance des valeurs moyennes avec, chez les Chipayas, et surtout chez les Ourous et Ourous- Aymaras, une proportion de fronts larges pouvant atteindre 30 et 35 %, beaucoup plus faible chez les pécheurs. Par rapport & Varriére-crane, le. front est beaucoup plus large chez les Chipayas, les Ourous et les fils d’Our rous et d’Aymaras qui sont presque tous eurymétopes ; les populations de pécheurs ou Vinfluence aymara est plus forte, comptant un tiers de métriométopes. Liindice fronto-pariétal vaut : Chipayas : 64,66-80,71, moyenne 73,90. Ourous : 71,20-81,51, moyenne 74,30. Ourous - Aymaras : 69,17-76,82, moyenne 73,51. Pécheurs : 62,82-75,97, moyenne 70,71. Face. — La face, plus basse chez les Chipayas, s’éléve sous ’influence des Aymaras, chez qui les formes hautes prédominent. Le diamétre bi-zygomatique est un peu plus élevé chez les pécheurs. Chez les Chipayas, les Ourous et les pécheurs, les formes moyennes et larges sont & peu prés en nombre égal et Jes valeurs moyennes se situent & 1a limite de ces deux catégories. Les pécheurs présentent au contraire deux tiers de faces larges. Hauteur morphologique de la face. Chipayas : 112-130, moyenne 120. Ourous : 120-133, moyenne 127. Ourous - Aymaras : 117-131, moyenne 123 Pécheurs : 114-143, moyenne 130. 2 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES Diamétre bi-zygomatique. Chipayas ; 128-147, moyenne 139. Ourous : 138-150, moyenne 142. Ourous - Aymaras : 131-144, moyenne 139. Pécheurs ; 130-154, moyenne 144. Indices faciaux. — L'indice morphologique facial est trés dispersé dans les quatre populations étudiées. II existe cependant une prédominance d’euryprosopes et de mésoprosopes chez les Chipayas (7/11) ; au con- traire les leptoprosopes représentent les deux-tiers chez Jes pécheurs (21/33), Les Ourous et les Ourous - Aymaras, fortement influencés déja par le contact avec les agriculteurs voisins, accusent une proportion élevée de leptoprosopes, Chipayas : 78,81-96,87, moyenne 86,57. Ourous : 86,30-96,37, moyenne 89,72. Ourous - Aymaras : 81,90-92,36, moyenne 88,60. Pécheurs ; 79,75-102,08, moyenne 90,98, L'indice morphologique facial supérieur caleulé au Prosthion accuse moins dé différences. L’indice moyen est méséne dans les quatre populations, avec une pro- Portion un peu plus forte de lepténes chez les pécheurs. Chipayas : 47,10-53,12, moyenne 49,36, Ourous : 47,15-55,07, moyenne 50,14. Ourous - Aymaras ; 46,86 - 53,08, moyenne 49,69. Pécheurs : 46,10-56,90, moyenne 50,00. Liindice gonio-zygomatique est plus fort chez les Chipayas et surtout les Ourous, plus faible chez les pécheurs. Chipayas : 66,43-80,43, moyenne 73,07. Ourous : 72,60-81,8, moyenne 75,49. Ourous - Aymaras : 67,83-79,86, moyenne 73,74. Pécheurs : 65,00-79,23, moyenne 72,02. La valeur moyenne du diamétre bigoniaque est plus élevée chez les Ourous et les Ourous - Aymaras : ETUDES SUR LE LAC TITICACA 73 Chipayas : 95-111, moyenne 102. Ourous : 98-120, moyenne 107. Ourous - Aymaras : 95-118, moyenne 104. Pécheurs : 91-109, moyenne 102. Ltindice gonio-frontal et le fronto-zygomatique con- firment la largeur relative plus élevée du front chez les Chipayas et les Ourous et Je plus grand développement de la largeur bi-zygomatique chez les pécheurs et les ‘Ourous - Aymaras. L'indice transverso-zygomatique offre pas de variations importantes. Tous les individus étudiés sont macropsides ; les moyennes des quatre populations oscillent entre 94,58 (Ourous - Aymaras) et 98-15 (Chi- payas). Nez. — Dans les quatre groupes prédominent les nez larges et trés larges, avee quelques formes moyennes et de rares nez étroits. Pour la longueur, les différences sont plus accentuées. Le pourcentage de nez courts et moyens est plus élevé chez les Chipayas (7/11) ; dans les autres groupes, of se fait sentir influence des agri- culteurs aymaras, les formes longues et trés longues sont plus nombreuses (22/33 chez les pécheurs ; 6/9 chez les Ourous) associées & un profil droit ou convexe. L’indice nasal donne des valeurs assez dispersées, tout en s'abaissant progressivement des Chipayas aux pécheurs. Largeur du nez. Chipayas ; 35-44, moyenne 38,5. Ourous : 36-42, moyenne 39,2. Ourous- Aymaras : 29-41, moyenne 36,5. Pécheurs ; 30-45, moyenne 38,9. Longaeur du nez, Chipayas : 49-63, moyenne 54. Ourous : 53-63, moyenne 57,50. Ourous - Aymaras ; 48-62, moyenne 55. Pécheurs ; 50-65, moyenne 56,7. 4 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES Indice nasal: Chipayas : 62,06-78,57, moyenne 70,69. Ourous : 62,0-76,3, moyenne 68,82. Ourous-Aymaras : 64,00-79,16, moyenne 69,44. Pécheurs : 53,37-80,00, moyenne 67,66. Le nez est un peu moins saillant chez les Chipayas : Profondeur du nez : Chipayas : 14-23, moyenne 19. Ourous : 16-25, moyenne 21. Ourous - Aymaras : 17-22, moyenne 20. Pécheurs : 17-29, moyenne 20. La racine du nez est plus large chez les Chipayas et décroit chez les Ourous et les pécheurs. Indice bi-orbitaire. Chipayas : 31,91-39,00, moyenne 35,38. Ourous : 31,00-37,20, moyenne 34,11. Ourous - Aymaras : 31,37-37,75, moyenne 34,14, Péchenrs : 30,20-36,45, moyenne 33,77. Lévres. — La grosseur des lévres varie peu ; com- parées 4 la hauteur morphologique de la face, elles apparaissent plus fortes chez les Ourous et les Chipayas, plus minces chez les Ourous - Aymaras et. surtout chez les pécheurs. Hauteur bi-labidle. Chipayas : 21-31, moyenne 25, Ourous : 22-31, moyenne 26. Ourous - Aymaras : 22-29, moyenne 25. Pécheurs : 19-32, moyenne 25. Indice labto-faciat. Chipayas : 20,83. — Ourous : 20,47. — Ourous - Aymaras : 20,32. — Pécheurs : 19,23. Largeur de la bouche. Chipayas : 50-70, moyenne 58. Ourous : 50-60, moyenne 56. Ourous - Aymaras : 53-67, moyenne 58. Pécheurs ; 50-63, moyenne 58. ETUDES SUR LE LAC TITICACA 75 Indice buccal. Chipayas: 43,10, — Ourous : 46,42. — Ourous - Aymaras : 310. — Pécheurs : 43,10. cag Aymaras les lévres sont plus fines ; la moyenne de Yindice buccal varie entre 41 et 42. Oreille. — L’oreille, toujours trés collée par suite du port constant du bonnet & oreillettes, le chullo, est plus haute chez les Ourous et les Chipayas, qui présentent une proportion importante de macrotes. Dans les deux groupes les plus métissés, la moyenne est toujours mésote, mais avec une proportion plus élevée de microtes. Chez tous, Voreille est trés large et indice auriculaire moyen voisin de 60 dans les groupes de pécheurs et de métis aymaras, un peu plus élevé chez les Chipayas et plus faible chez les Ourous. Valeurs faciales chez ta femme. Nos séries sont trés petites : huit femmes Ourous, une fille d’Ourou et d’Aymara et deux Chipayas, pour étre séparées par groupes. Nous les étudions ensemble, soulignant, & Voccasion, certaines différences pour les deux ferames chipayas. La largeur absolue du front est identique & celle de la série masculine ourou : 100-115, moyenne 107. ariétal est également voisin de celui de la série masculine ourou : 70,66-80,80, moyenne 74,04. La face est plus basse et moins large : Hauteur-morphologique : 107-118, moyenne 115. Diamétre ‘bi-zygomatique : 126-142, moyenne 135,5. Indice morphologique facial: 76,95-91,26, moyenne 85,61. Indice morphologique facial supérieur (au prosthion) : 40,47-51,49, moyenne. 47,48. Le diamétre bi-goniaque est sensiblement plus faible : 94-106, moyenne 98,63. Liindice fronto-zygomatique est plus élevé que dans les séries masculines par suite du front relativement large : 73,75-84,89, moyenne 79,05. 76 INSTITUT FRANGAIS D'ETUDES ANDINES Les autres diamétres transversaux sont plus faibles = Transverso-zygomatique : 88,73-95,30, moyenne 93,30. Gonio-zygomatique : 66,90-77,61, moyenne 72,86. Gonio-frontal : 86,66-101,01, moyenne 92,31. Tous les diamétres du nez sont plus faiblés, mais Je nez est relativement plus large et V’indice nasal s’éléve, . Hauteur du nez: 46-61, moyenne 51. Largeur du nez: 32-44, moyenne 36. Profondeur du nez; 16-24, moyenne 19,8. Indice nasal : 52,45-86-27, moyenne 71,28. La racine du nez est aussi large que dans les séries masculines : Indice bi-orbitaire : 29,0-38,7, moyenne 34,3. Les moyennes absolues de la hauteur bi-labiale et de largeur de la bouche sont légérement plus faibles que chez les hommes ourous et l’indice buccal plus bas que _ chez ces derniers, mais un peu plus élevé, comparé aux autres groupes. Relativement a la hauteur du visage, les lévres sont un peu plus fortes. Largeur de la bouche : 45-63, moyenne 54,9. Hauteur bilabiale : 18-29, moyenne 24,2, Indice labio-facial : 21,08, Indice buccal : 44,08. Loreille est plus basse et surtout plus étroite, d’oir diminution de Vindice auriculaire : Longueur physionomique : 52-71, moyenne 60,4. Largeur : 26-46, moyenne 34, Indice auriculaire (Topinard) : 56,62. 4, — THorax Le thorax est analogue A celui de tous les Indiens des Andes : grand développement de tous les diamétres, surtout du vertical et de ’antéro-postérieur, conséquence ETUDES SUR LE LAC TITICACA . 7 de la vie en haute altitude. Chacun des groupes étudiés posséde cependant des caractéres particuliers qui parais- sent plus en relation avec les conditions d’existence qu’avec des faits raciaux. c Notre série d’Ourous se réduit ici & six individus, dont un de prés de 90 ans, et deux d’environ 70 ans. Les trois autres avaient entre 45 et 50 ans. Bien que peu significative par son petit nombre, elle est copendant trés homogéne ainsi que l'indique le tableau suivant : Fiches 1 37737938088 Age approximatif. 45 70 90 50 50 Diam. Ant-Post. 208 224 252 246 238 Diam. Transv. 266 268 270 257307 Ht. Sternum 204 214 212 217 223 Circonf. thor. 872-892 i 962 1.000 Stature 1.595 1.596 1.605 1.602 1.706 14 Indice thor. 127,8 1174 «107,1 1044 128,9 Toutes ces mesures ont été prises au point méso- sternal. Le n° 381 est probablement un métis aymara. Malgré la présence de trois vieillards sur six, la petite série ourou se place en téte des quatre popula- tions étudiées pour toutes les mesures, sauf pour le diameétre thoracique transverse, un peu plus développé dans les groupes métissés avec les Aymaras. Les sujets fils de mére ourou et de pére aymara viennent ‘en seconde ligne, suivis de trés prés par la petite série de pécheurs de Sojhopajha, plus métissés encore d’Aymaras, ancien noyau ourou absorbé depuis une cinquantaine d’années par les agriculteurs. Les autres pécheurs du lac donnent des valeurs un peu inférieures. : Les Chipayas, d’aspect général moins massif, vien- nent assez loin aprés les autres séries. Dans les autres populations du haut-plateau bolivien, nous navons trouvé des chiffres se rapprochant des moyennes ourous, surtout en ce qui concerne le dia- 382 70 234 282 220 937 628 120,5 78 INSTITUT FRANGAIS D'ETUDES ANDINES métre antéro-postérieur, que dans des groupes au bord du lac : Région de Huyfiamarea (diam. A. Post. 227 pour vingt-sept sujets) ; Puerto Acosta, au nord-est du lac (diam. A. Post. 220 pour vingt-cing sujets). Dans toutes les autres populations aymaras la moyenne du diamétre thoracique antéro-postérieur est inférieure a 220. Des groupes nombreux du haut-plateau, en dehors du lac, marrivent qu’é 214 ou méme 209 (Oruro), 13,1 ou 12,7 % de la stature. La hauteur du sternum, dont Ia valeur par rapport & la stature varie de 12,63 (Chipayas) a 13,44 (Ourous), est également supérieure & toutes nos autres séries du haut-plateau dont les chiffres se situent aux environs de 12,5 %. Toutes ces séries sont numériquement trop faibles pour tirer des conclusions. I] semble cependant que la’ vie au bord du lac Titicaca, avec des occupations de péche plus ou moins actives, soit en partie responsable dun plus grand développement thoracique. Il est inté- ressant de souligner que les Chipayas, les plus séden- taires, donnent les chiffres les plus faibles de nos séries. Chez tous nos sujets nous avons mesuré le diameétre thoracique antéro-postérieur, le diamétre transverse, la circonférence thoracique. Les chiffres que nous donnons sont des moyennes entre les valeurs maxima (inspiration foreée) et minima (expiration). Toutes ces mesures ont été prises au point méso- sternal. La hauteur du sternum a été mesurée du point le plus declivé de la fourehette sternale & Ia base de Vappendice xyphoide. Le volume thoracique a été- cal- culé d’aprés les diamétres antéro-postérieur et trans- versal ét la hauteur du sternum. Diamétre antéro-postérieur : Ourous (6) : 208252, moyenne 232 ou 14,5 % de la stature, Ourous - Aymaras de Iru-Itu (11): 190-239, moyenne 216 ou 13,2 % de la stature Métis de Sojhopajha (7 de la stature. Pécheurs métissés (26) : 184-247, moyenne 217 ou 13,5 % de Ja stature. Chipayas (11) : 171-223, moyenne 198 ou 12,5 % de la stature. 184-237, moyenne 208 ou 12,9 % iin seer ETUDES SUR LE LAC TITICAGA 79 Diamétre transversal : Ourous (6) ; 257-307, moyenne 274 ou 17,1 % de la stature. Ourous - Aymaras de Iru-Itu (11) : 273-305, moyenne 288 ou 17,6 % de la stature. Métis de Sojhopajha (7) : 260-288, moyenne 281 ou 17,5 % de la’ stature. Pécheurs métissés (26) : 235-302, moyenne 271 ou 16,8 % de la stature. Chipayas (11) + }3-286, moyenne 274 ou 17,3 % de la stature. Hauteur du sternum : Ourous (6): 204-223, moyenne 215 ou 13,4 % de la stature. es Aymaras de Iru-Itu (11) : 180-225, moyenne 202 ou 2,3 % de la stature. wii, de eonepalae. (7) + 185-225, moyenne 205 ou 12,7 % de la stature. Pécheurs métissés (26) : 178-224, moyenne 205 ou 12,7 % de la stature. Chipayas (11) : 178-228, moyenne 200 ou 12,6 % de la stature, Circonférence thoracique : Ourous (6) : 872-990, moyenne 934 ou 56,9 % de la stature. Ourous - Aymaras de Iru-Ilu (11): 805-1.000, moyenne 906 ou 55,5 % de la stature. Métis de Sojhopajha (7): 850-955, moyenne 909 ou 56,6 % de la stature. Pécheurs métissés (26) : 838-959, moyenne 902 ou 52,2 % de la stature, | Volume thoracique (calculé) : . Ourous (6) : 11.694-16.293, moyenne 13.875. Ourous- Aymaras de Ira-Itu (11) : 9.999-16.201, moy. 12.888. Métis de Sojhopajha (7): 9.689-14.423, moyenne 11.923. Pécheurs métissés (26) : 10.858 -12.919, moyenne 12.035. Chipayas (11) : 8.894-13.531, moyenne 10.250. Indice thoracique : Ourous (6) : 104,4-128,9, moyenne 117 Ourous- Aymaras de Iru-Itu (11) : 114,2-155,7, moyenne 133,3. Métis de Sojhopajha (7) : 121,4-159,7, moyenne 135,0. Pécheurs métissés (26) : 105,8-148,9, moyenne 124,8. Chipayas (11) : 128,8-157,3, moyenne 138,3. La présence de trois vieillards a certainement contri- bué A diminuer la moyenne de Vindice thoracique chez les Ourous. Il faut noter cependant que le chiffre le plus faible a été donné par un homme de 50 ans, 4 thorax ctrés profond et relativement étroit. 80 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES 5. — CONSIDERATIONS GENERALES Cette étude comparée des derniers Ourous avec les Chipayas et avec des petits groupes de pécheurs du lac Titicaca, malgré le petit nombre de sujets examinés et un métissage accentué avec les populations voisines, ” permet cependant de déduire certains faits intéressants. D'abord Videntité raciale des Ourous et des Chi- payas, déja rapprochés par le langage. Ils parlent des dialectes trés voisins et forment un groupe linguistique isolé. Ces deux groupes sont fortement influencés, au point de vue physique, par les agriculteurs aymaras qui les entourent. Les Ourous sont les plus atteints ; leur dimi- nution numérique rapide et Ia pauvreté de leur éco- nomie ont rompu les barriéres sociales qui les avaient isolés jusqu’ici. Sur vingt hommes, derniers représen- tants de ce groupe, onze étaient fils de mére ourou et de pére aymara. Chez les Chipayas, le métissage est moins accusé, mais, cépendant, net. Malgré ces croisements, ces deux groupes présentent un certain nombre de caractéres qui les distinguent des autres populations andines de la région, surtout des agriculteurs aymaras, mais se retrouvent A des degrés plus ou moins marqués dans les groupes de pécheurs du lac Titicaca. C’est d’abord une tendance dolichocéphale accusée, qui se traduit dans nos deux séries Ourous et Chipayas par un indice céphalique moyen identique de 74,9 malgré Ia présence de quelques sujets méso ou brachy- eéphales. La hauteur du crane est moins caractéris' que ; les aymaras sont également acrocéphales ; mais la forme du crane ourou, avec sa caréne plus ou moins marquée et son occipital de base saillante, est un bon caractére distinctif qui se retrouve chez la plupart des pécheurs de Ja région et & un degré moindre chez des agriculteurs aymaras vivant au contact des Ourous. La face des Ourous et des Chipayas est trés diffé- rente de celle des Aymaras. Ceux-ci montrent une forte ETUDES SUR LE LAC TITICACA 81 tendance leptoprosope avec un front étroit, un visage pentagonal, large mais trés haut, un nez fort, convexe et long, avec prédominance de leptorhines. Chez les Ourous Chipayas, Je front est plus large; indice mor- phologique mésoprosope chez les Chipayas s’éléve dans les groupes les plus mélangés avec les Aymaras ; l’in- dice nasal varie dans le méme sens. Les formes larges et trés larges et le profil bas prédominent, mais la hau- teur du nez s’éléve au contact des Aymaras. La taille est nettement plus basse que chez les agri- culteurs aymaras ; la moyenne est de 1.583 chez les Chipayas ; elle s’éléve dans les autres groupes. Chez tous les andins, la valeur de V'indice cormique comme caractére racial est faussée par le grand déve- loppement vertical du thorax augmentant la hauteur totale du tronc. Malgré cette influence, trés marquée chez les Ourcus-Chipayas dont la hauteur du sternum atteint une valeur moyenne de 12,6 et 13,4 % de la stature, Vindice cormique, surtout chez les Ourous, est, en général, plus bas que chez les agriculteurs aymaras. Le grand développement des diametres transyersaux du trone est la conséquence de ladaptation a la vie en haute altitude. La valeur élevée du diamétre bi-créte traduit la tendance a un élargissement du bassin pour compenser Vallongement de Ja cage thoracique et le raccourcissement vertical de l’abdomen. Tous ces caractéres soulignent la persistance chez les Ourous et les Chipayas d’un fond dolichocéphale, acrocéphale, eury ou mésoprosope, mésorhine, eury- métope et macropside, de petite stature, 4 tendance bra- chycorme, malgré ‘influence de la vie dans les hautes Andes. Cet ancien stock humain, qui subsiste encore, plus ou moins métissé avec les groupes mésocéphales, lepto- prosopes et leptorhines représentés par les agriculteurs aymaras, et A un plus faible degré avec les brachycé- phales andins, s’apparente au fond laguide. La forme carénée du crane et son occipital de base saillants for-, 82 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES mant parfois un véritable chignon accentuent cette res- semblance. Ce type se retrouve, plus ou moins atténué, chez les populations riveraines du Titicaca, en particulier chez les pécheurs. Il est intéressant de souligner que, dans le croisement ourou et aymara, certains caractéres morphologiques des deux parents ‘sont nettement dominants. Nos séries permettent de vérifier que le métis~con- serve le -crane étroit de ’Ourou, mais que la téte se taccourcit, se rapprochant du crane aymara. Il en est de méme pour le nez: il garde la forme large ourou mais sa longueur augmente. La vottte carénée du crane et la forme de occipital persistent pendant plusieurs générations, dénoncant dans les populations riveraines du Titicaca la lointaine influence ourou. Il nous a paru utile avant leur totale extinction de chercher a fixer quelques caractéres morphologiques de ces vieilles populations dolichocéphales du haut-plateau andin, qui ont joué un réle important dans la formation des actuelles populations indigenes de ces. régions. ETUDES SUR LE LAC TITICACA 83 — SUJETS MASCULINS Cores Cmtraras Ourovs Ovnovs-_Picmzuns o Avwanas u 9 rrr 33 Stature Min. 1.521 1.501 1.546 1.517 Max. 1°646 1.760 1.706 1.692 Moy. 1.588 1.602 1.631 1.605, Taille assise Min. 71 769 836 745 Max. 867 906 909 397 Moy. 839 830 865 848 Largeur bi-acromiale Mi. 309 318 310 287 Max. 345 348 384 368 Moy. 331 334 336 335 Largeur bi-créte Min, 258 258 262 259 Max. 304 310 289 309 Moy. 271 293 272 277 Largeur bi-trocanter Min. 274 303 285 288 Max. 304 310° 308 322 Moy. 287 306 300 309 Longueur Membre Supérieur Min. 638 627 689 643 Max. 758 827 781 802 Moy. 736 748 754 750 Brasse . Min, 1.504 1.590 1.590 1.496 Max. 1168711744 1.775.721 Moy. 11595 1.653 1.670 1.641 Hauteur du Grand Trocanter Min. 792 780 726 755 Max. 861 888 883 877 Moy. 807 829 817 815 Longueur de la main Min, 148 167 160 151 Max. 185 188, 183 204 Moy. 170 177 173 178 8 INSTITUT PRANGAIS D'ETUDES ANDINES CutPavas Ovnovs —Ounous- Avicanas W 9 it Longueur du pied Min. 226 225, 216 Max. 243 260 251 Moy. 235 244 24t Indice Cormique Min. 47,90 51,89 Max. 5451 56,68 Moy. 5181 53,04 Diamétre bi-acromial % Min, | 19,40 1929 19,42 Max. 2149 29.11 83,70 Moy. 20,49 20,87 20,68 Diamétre bi-créte % Min. 15,49 16,20 16,17 Max. 19,70 18,60 17,80 Moy. W714 17,42 16,69 Diamétre bi-trocanter % Min, 17,12 19,03. 17,80 Max. 20,87 931 19,46 Moy. 1813 1910 18,44 Longueur Membre Supérieur % Min, 4405 45,08 45,56 Max. 49,31 49,03 47,58 Moy. 4614 46,39 46,29 Taille /Brasse Min. 93,60 94,71 95,24 Max, 105,51 99.72 102/81 Moy. 99,12 97,18 97,67 Hauteur du Grand Trocanter % Min, 49,04 48,95 47,73 Max, 53,01 52.21 53,58 Moy. 50,97 5174 50,89 Longueur de la main % Min. 951 10,02 9,60 Max. 1216 11,71 14,17 Moy. 10,79 11,17 10,66 Longueur du pied % Min. 14,09 14,21 13,63 Max, 15,31 16,22 15,34 Moy. 14,80 15,17 , Pécugurs 33 ETUDES SUR LE LAG TITICACA Stature Petites tailles x-1,59 Sous-moyennes. 1,60-1,64 3 Sur-moyennes 1,65-1,69 Grands 1,70-x Indice cormique Brachycormes_ x-50,9 Mésocormes 51-52,9 Macrocormes 53-x Diamétre bi-acromial/Taille x-19,9 20-21, 22-x Diamétre bi-créte/Taille Sténopyéles x-15,9 Métriopyeles 16-17,9 Eurypyéles 18-x Longueur Membre supérieur/Taille Courts x-44,1 Moyens 44,1-44,6 Longs 44,6-x Indice Taille/Brasse < 100 > 100 Crane Long. max. téte Min. Max. Moy. Largeur max. téte Min. Max. Moy. Largeur min. front Min. Max. Moy. Hauteur auriculaire Min. Max. Moy. Cmpayas — Ourovs a = 8 5 3 = a 1 3 5 4 5 2 3 3 8 6 3 = 5 5 3 4 3 zl 8 8 7 9 4 as ‘Tare 180 185 195, 210 190 193 137 141 150 150 142 144 97 103 421 122 105, 107 112 115 441 140 125 127 Ounows- AvatARAs 1 mene anal wow 178 185 139 148 107 109 113 127 33 22 it 177 186 139 147 95 104 a 128 85 PécuEuns 86 INSTITUT, FRANGAIS D’ETUDES ANDINES Cuwaras — Ounovs — Ourovs-_Pécmauns AYMARAS 11 9 it 33 Longueur maz. téte Courtes x-181 1 i 2 8 Moyennes. 182-189 3 2 6 19 Longues 190-199 7 6 3 6 Trés longues 200-x 1, = i Largeur maz. téte Trés étroites x-138 3 = = = Etroites 139-149 7 8 8 22 Moyennes 150-158 1 1 3 10 Larges 159-x = = i 1 Largeur min. front Etroits x-99,9 1 a — 3 Moyens 100-109,9 8 6 7 26 Larges 110-119,9 1 2 4 Tres larges 120-x 1 1 = = Hauteur auriculaire Bas x-119 2 1 4 5 Moyens 120-128 5 5 3 cry Hauts 129-x 4 3 4 16 Visa Hauteur morphologique faciale Min, 112 120 117 114 Max. - 130 133 131 143 Moy. 120 127 123 130 Diameétre bi-zygomatique Min, 128 138 131 130 Max. 147 150 144 154 Moy. 139 442 139 144 Diamétre bi-gonial : Min, : 9% 98 95 91 Max. 111 130 118 109 Moy. 102 107 104 102 Hauteur nez Min, 49 53 48 50 Max. 63 63 62 65 Moy. : BA 87 3B 56 Largeur nez Min. 35 36 29 30 Max. M4 2 41 45 Moy. 38 -39 36 39 ETUDES SUR LE LAC TITICACA 87 Cmravas Ounous Ourous- Pécuzuns. AvManas 11 9 i 33 Profondeur du nez 14 16 17 17 23 235 22 29 19 Pr 20 20 Hauteur bi-labiale Min. 21 25 22 19 Max. 31 31 29 32 Moy. 25 27 25 25 Hauteur totale oreitle Min. 56 61 55 53 Max. 70 7 63 4 Moy. 63 67 60 61 Eargeur de Voreille Min, 36 32 32 30 Max. 49 44 40 47 Moy. 40 38 36 37 Hauteur morphologique faciale Basses x-117 3 a 1 Moyennes 118-126 6 4 6 5 Hautes 127-135 2 5 4 20 Trés hantes 136-x = - = 7 Largeur bi-zygomatique Face étroite x-133 1 2 2 Face moy. 134-141 5 5 4 8 Face large 142-150 5 4 5 22 Face trés large 151-x — - = 1 Diamétre bi-gonial : < 100 4 1 3 6 > 100 i 8 8 27 Hauteur nez Trés bas x-49 1 1 = Bas 50-52 2 — 2 4 Moyens 53-55 4 3 3 7 Hants 56-58 3 1 3 10 Trés hauts 59-x 1 5 2 12 Largeur nez Trés étroits x-30 _ 1 1 Etroits 31-33 = = 1 Moyens 34-36 3 2 2 3 Larges 37-39 5 2 5 18 Trés larges 40-x 3 5 3 10 88 INSTITUT FRANCAIS D’ETUDES ANDINES Curavas Ounous Ovrous- Pecmeuns. AYMARAS i 9 wW 33 Hauteur physionomique de Voreille Hypermicrotes x-54,9 - — = i Microtes 55-59,9 3 = 4 8 Mésotes 60-64,9 4 2 7 13. Macrotes 65-69,9 2 4 — 4 Hypermacrotes 70-x 2 3 _ 3 Indice céphalique Min, 7246 71,11 75,95 73,73 Max, 8111 79,45 85,50 89,0 Moy. 7444 74,90 80,76 80,08, Indice Hauteur-Longueur Min, 58,63 60,50 61,45 «62,90 Max. 7268 7216 = 87,11 78,16 Moy: 66,05 65,97 69,19 69,05 Indice Hauteur-Largeur Min, 74,66 80,90 80,63» 78,01 Max. 97,91 97,22 101,80 47,12 Moy. 8643 88,03 85,07 87,86 Indice céphalique de Hauteur Moyenne Moy. 75,30 75,37 = 76.27 = 76,87 Indice fronto-pariétal Min, 64,66 71,20 69,17. 62,82 Max. 80,71 8151 = 76,82 75,97 Moy. 73,90 74307251 = 70,71 Indice morphologique facial Min. 78,91 86,30 81,90 79,75 Max. 96,87 96,37 9236 102,08, Moy. 86,57 89,72 «88,50 90,98 Indice morphologique facial supérieur (Prosthion) Min, 47,10 47,15 46,80. 46,61 Max. 5312 85,07 3,08 56; Moy. 49,31 50,15 49,60 50,00 Indice Transverso-zygomatique Min, 92,75 95,80 90,00 88,43 Max. 102,90 100,61 - 97,95 103,51 Moy. 9815 97,92 358 E Indice Fronto-zygomatique Min, 67,36 = 72,53 73,75 65,26 Max, 78,98 82,70 82,26 78,00 Moy. 75,15 77,03 77,08 72,06 ETUDES SUR LE LAC TITICACA Indice Gonio-zygomatique Min, Max. Moy. Indice Gonio Frontal Min. Max. Moy. Indice bi-orbitaire Min. Max. Moy. Indice nasal Min, Max. Moy. Indice Labio-facial Moy. Indice auriculaire (Topinard) Moy. Indice céphalique Dolichocéphales ‘71-75,9 Mésocéphales 76-80,9 Brachycéphales 81-85,9 Hyperbrachycéphales '86-x Indice Hauteur-Longueur Chamaeocéphales x-57,6 Orthocéphales 57,7-67,5 Hypsicéphales 67,6-x Indice Hauteur-Largeur Tapéinocéphales x-78,9 Metriocéphales.79-84,9 Acrocéphales 85-x Indice Fronto-pariétal Sténométopes.x-65,9 Métriométopes 66-68,9 Eurymétopes 69-x Careayas. il 63,49 8 2 = on ‘Ovrous 72,60 81,82 75,49 21,25 58,44 on! I bros ave | Ourows- Avuanas it 67,83. 79,86 73,74 88,79 10454 95,34 31,37 37,75 3414 60,00 | ome Sal 89 Pécuons 33 65,00 79,23 72,02 92,85 104,00 99,07 30,20 36,45 33,77 60,65 masa #81] 90 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES Cuteavss — Ovnovs — Ovnovs-—Pirwzuns ‘AYMARAS ctr 9 i 33 Indice morphologique facial Hypereuryprosopes x-78,9 1 = _ = Euryprosopes .79-83,9 3 2 2 Mésoprosopes 84-87,9 3 3 10 Leptoprosopes 88-02,9 3 6 6 il Hyperleptoprosopes 93-x 1 1 = 10 Indice morphologique facial supérieur (Prosthion) Euryénes x-47,9 2 3 3 7 Mésénes 48-52,9 8 B 7 19 Leptenes 53-56,9 1 1 1 7 Hyperlepténes 57-x : 7 — = — Indice Transverso-zygomatique Micropsides x-78,9 i i i — Meropsides 79-84,9 = = = = Macropsides 85-x rr 9 i 33 Indice nasal Hyperleptorhines x-54,9 _ = -: 7 Laptoratnes .53-69,9 5 7 7 19 Mesorhines 70-84,9 6 2 4 12 ETUDES SUR LE LAC TITICACA 91 SUJETS MASCULINS VALEURS THORACIQUES cutaxas Ovnovs ——Ovnovs-Avwanas—PBomzuns W 6 i 33 Stature Var. ext. 1.521-1.646 1,592-1.766 1.546-1.704 1.517-1,692 Moy. 1.583 1.599 1,631 1.605 Diamétre thoracique ant.-—post. Var. ext. 177-222 208-252 190-239 184-247 Moy. 198 2 216 215 % stature 12,54 14,50 13,29 13,39 Diamétre theracique trans, Var. ext. 253-286 257-307 273-305, 225-302 Moy. 274 274 288 272 % ‘stature 17,30 17,13 17,66 16,99 Hauteur du Sternum Var. ext, 178-228 204-220 180.928 178-225 Moy. 200 25 205 % ‘stature 12,63 13,44 1235 12,75 Circonférence thoracique Var. ext. 833-901 872-990 805-1.000 833-959 Moy. 865, 906 903 % stature 54,63 381 55,54 56,25 Volume thoracique calculé (en Cm!) Var. ext. 8,894-13.581 11.339-15.164 —9.999-16.200_9.629-14.423 Moy. 10.850 13.136 12.633, 12.010 Indice thoracique : Var. ext. 122,8-157,3104,4-128,9 114,2-155,7_108,8-159,7 Moy. - 138,3 i175 133,3 126,9 Note. — Toutes les mesures ont été prises au point mésosternal. OE 19F'T F8L vg 688 GL 8S 09L 906 0ze'L 20e'E 1861 seer ea 0G vavanit HOE _ GbL - 16% = 6ge = zoe ae ae TLL 6hL 9 8¢ PLE v6E Tee GIL 91s bye 7 969 9b 806 6eL ort = LST'T 96rT 6ST" eel LEST zee" vOVT SPL OL $¢/08 808 69ET LL os Osh 009 BLE T sort ose'T 98/08 vavaMHg yuvicy-noua9 20420 G98 FIT Wr LOT sr LST On/S aouno, Orr 698° gOrT seo 0s/0F noun 60F SNININGA SLELAS — "a LOL 6IL Se gg _ oF 908 619 098 GLb BIL 869 — 6L8 = O6L _ Goh = 1SE'L Sort goo'l Seer laa 08 06708 nowng . noung SLE OeT L0G Ole 88e bre ser 698 Bs 6eF T9L PLS BEL 96 GLB 008 Tet 698'T 6681 SIFT eect Gr/OF ouno 6IT 06L 88% Ste ae 868 as 9eF SL 119 TLL ¥66 68L 9861 066°T 696T oer] SST 08/00 noun ein uisseq JH 1949-44 “C Terguung-tq “a [ermouoe-1q “qd aun8seau9 apuesy, asisse OTe L ameseqg, nouay) Joqueqoon pue29 SmIpaW, youst0g apnoy anbere ourdy, siqna ajeusays ayeyoun0g woymor0y uoyueyy Jyypne ppuoy yeurxosdde a8} aanye1S 7 aquL Sout $9°0T Scr sees so‘ee ggg 99°98 Lg ed LO;8 +P sp 99°98 66°82 sre 22/89 EOL cr gy 09 ¥ * cE 96 it ee OF 39 TL LIL wT 16 Get ger ‘SOL Ler hE 98T 08 vavareey Ost TPL 61 OL vavaritg ST eer 901 Ger ost Ost S8/08 Yuvwxy-nown9 aowag ah Scr Sir IT GFT SLT 98/06 so'or outer TAT 68LE LGL9 £6:06 geren Stes cers 00°05 6°98 9L'8L 28°08 ge'¢9 1818 9% OF ug 1 ud og 96 8T Lg ss 69 8h Ocr 8Lt ¥Or Ser SIT ctr STL OpL O8T oF/se Aono cre or 901 eT 9e1 SLL Ler OFT O8T 0S70F owag, SIL PAT £6 oer FIT £01 ger orl SLT 08 aon LLL 06 nora, SULT VOLE 6L'6h oaice 9T'6L TO‘rOr 86°C, SESE 60°16, 60'9r S¥'08 aaten 6e'88 LE‘19 SOL ars ae ze 69 681 06/08 oun ouuL 9c‘or gu'by F6'se Bese 0079 o'r Pree Go'8L 8°06 90'S) LESS eEIL 6°28 £2'69 core oes ae 1g 9¢ 9% gg ce 66" 61 ze oe 39 69 vIT vor $6 OGL TEL 10L Lu Grr 691 S¥/OF aowag by LUI S1‘0T 0°Sh 06°98 s9°re 92'8L PL16 FOIL THSL 886 SHLE 19'c8 aries 82°66 688L O9'LL gee 6g 8h 8g ¥e 6g se 1Or & 98 oF 99 BL 611 £61 001 GEL 6er GOT 681 GFT c6r 0S/o¥ aowao asseaq-affrey “puy uyeur “Buoy sdns oaqtiow “#u07] anbruoa -puy aareyqio-lq “Puy qeseu “puy [wruoay ojwo# «puy “842 ofwoS “pul ‘BAz_oytoay “pul "BAz Osaaasuesy “puy ‘dns “ydsour oe) ‘pup ‘ydiou oe} -puy Teytaed say ‘pay Savy Wy “puy “Buol “Wy ‘pur anbreqd9a “pur 9191 op anoy, altiex0 “Bav'] "Heo ay[!a40 “Buory ates “skyd Buoy arerqer td UT ayonoq “aey JY [eaqedyed-rq -q. “1x9 Teaqededq -q zaU ai[ies zou ands] zou “IH aaqejogae-orseu “q. Teoonq-orseu -q uojuour-oiseu “q shud aperoey YT Teruo3-1q “q anbyewosxz-iq aprowseuid “a cur yuoay “Baw 11 WH ag) “xen “Buery a4 “Xeur Buoy Feurxodde aBy 2 nqus, 4 INSTITUT FRANGAIS D’ETUDES ANDINES BIBLIOGRAPHIE Cuenvin, A. — Anthropologie Bolivienne. Mission scientifique Créqui-Montfort et Sénéchal de la Grange, vol. I et II. Paris, 1903. Inpetiony, J. — Sobre craneologia de los Uru, Supervivencia de razas australoides en los Andes, XXVI* Congrés Interna- _tional Américanistes, Lima, 1939, 1, 3-19 (1942). — "I popoli reeogletori dello seudo brasiliano, della Foresta € del Ciaco. In : Razze ¢ popoli de la terra, R. Biasutti, Torino, 1941, 111-587. Posxaxsky, A. — Los Chipayas de Carangas. La Paz, 1918. — Antropologia y Sociologia de las tazas interandinas y de las regiones adyacentes. 2* edicién, La Paz, 1938. Rovma, G, — Les Indiens quitchouas et aymaras des Hauts Pla- teaux de la Bolivie. 1 vol. 109 pages. Bruxelles, 1913. —- Quitchouas et Aymaras. 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