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""Camitet tar ee counvece sre cos amt
oe vera aliLa Comédic Humaine
dont seul le romancier peut goiter les charmes el savou-
rer les alliances ?
Nous sommes de ceux qui se souviennent que Vair
du Sud-Ouest sait nourrir mieux quaucun autre la
Tidvre de Cadolescence, les exallations des longs soirs
été, Espagne réde autour el la mer. La lumiére de
celte région va bien sur les joues des jeunes gens
aardents. Son crépuscule est fait pour les confidences
passionnées. Son vent chaud du Sud laisse ta poitrine
hhaletante ef le lilas exténné. Ainst ta poésie ne peut
micuz Jaillir que de ce creusel provincial ot Ton est
gourmand des mots, 03 le vocabulaire vieiltit comme te
din, ot Taventure réde aulour de ses portes océanes
(ily a loujours une hauteur, dans te Sud-Ouest, don
Yon crolt apercevair la mer’ par beau temps). « Les
prands départs inassouvia » vere la monde lointain dex
Letires ont déja fourmenté tant de jeunes gens enfermés
dans les embarras de leurs espérances. La marche
triomphale commence de la pelite ville vers Paris.
jusqu'é: épulsement, Et Ton revlent pour devenir sou
vent celle jeunesse qui gardera Vige de ses faux cols
‘Nous venons de refermer les Wlusions perdues, un
pew comme on referme un piano, et nous nous aban-
donnons a une sorte de Jole grave, mozartienne, a un
Donheur qui ne cesse pas de former un halo autour du
génie de Balzac, car te vrat eréateur est un homme tres
bon, qut croit d Tamour, qui a le respect @autrui. On @
‘sa parole comme un fruit dans la bouche.
Nous nous taissons prendre a la « santé > de sea
héros au moment 02, cependant, le suicide déroule ses
fresques funébres autour de 1830. En province, on vit
piews. Hair d’Angouléme est bon pour les poilrines et
Madame de Bargelon, a peine jeune, n'a pas encore
dilapidé ses altralls. Une bonne humeur régne dans ces
salons of se consume une noblesse campagnarde et
robuste,
330
Mlusions perdues
Les Musions perdues ne conduisent pas @ la mort
lente d'un Servan de Sugny « dont Cair pur des champs
ne devait pas ranimer le souffle de vie.>. Nous sommes
loin des innombrables romans demi-deuil de la
-méme époque qui n'évoquent qu'une création elle-méme
‘accablée, oit ¢ Ia rose dabord s'épanonit et tout de
suite se décolore >. Les romantiques ont
inalure exceptionnelle, pathétique, @ peine déchiffrable,
dans laquelle les étres n'habitent plus des maisons, mais
des retrailes, des ermitages ou d'inviolables asiles.
Une éonnante reconstruction poélique éeldt et les
amateurs de ruines ne so lassent pas den dessiner les
lzardes les plus délicales. On réve déjd dune exis.
lence souterraine. La nostalgie des cavernes, la mélan-
colie de la pierre broyée par le temps fournent un pew
les les fragiles de ces enfants du sidcle. La jote est
rejeléc de ce monde branlant car elle nesprime que
des ¢ choses vulgaires >. Les individus ont besoin
élre ranimés par wn aspect imposant du paysage.
Pour les uns, la vie est < un éclair dans ta nuit >;
pour dautres, < de Cean qui coule dans Ia main >.
La jeunesse, fatiguée par un passé déja légendaire trop
lourd et trop tumultueuz, s'empare de toutes les infor-
tunes d'un couchant royal, de ses fantémes, et passe,
ainsi que le chante ardemment Ausone de Chancel, ¢ dit
ventre de la mére au ventre du tombeau >.
Dans celle France inlellectuelle, qui a peur de
Tavenir justement a cause de ses souvenirs, Tamour
lni-méme dépérit. Les amants s'embrassent « déja gla-
eés > On grelotie dans les effusions ; on clague des
dents dans les enlacements les plus triomphants,
Lamour n'est jamais vainqueur; on en déguste la
défaite, tes renoncements. Combien Je préfere le ert de
Lnclen d Madame de Bargeton, qui, dans sa simplicité,
rend tout son polds, sa jeunesse : « Je ne mourral pas,
moi, Je vivral pour vous >
Car chaque personage des Musions perdues est
331La Gomédie Humaine
possédé de Balzae qui, auleur-créateur, devtent eréature,
prend corps dans la moindre dépoullle humaine, méme
la plus dérisoire, aussi bien dans cette Eve qui proméne,
sous les yeu de gon fidéle David, son paradis quoti-
dien, misérable, qui ne dépasse pas les boulevards ext
rieurs dAngouléme, que dans Lucten, angélique, fémi-
Inin, frére de Challerton ef, comme lul, < grave et
passionné dans Taccent et dans le langage >.
Mais Balzac ne refuse pas que ses héros sotent jugés
ou eritiqués ; il n'empiéte pas sur notre conscience ; i
hne [ait pas pression sur notre sympathie ot notre
égoit. Mais il est 1a, a ta fin, aw cas ot Yon pronon-
erail Ia plus petite condamnation. Oit trouver le mal
dans Lucten ou dans David ? Comment s'tnsurger devant
I faute de Madame de Bargeton on la complicité de
Monsieur du Chalelet ? Ils sont humains jusque dans
leurs abus, dans teurs profits, dans teurs spéeutations.
Balzae se met devant eux, nous présente son opulente
poitrine et nows nous trowvons, @ la derniére page dit
Pécit, transformé en lecteur qui se juge et se compare
@ ceux dont il vient de surprendre Uintimité. Be
nous reprend ses personages, un par un. Qu’en ferions-
nous? Nous sommes, @ Uheure actuelle, de trop oros
mangeurs de héros romanesques ; nous avons un appétit
ogre. Nous en falsons une consommation inusitée.
nous faut, st Ton peut dire, des primeurs, des per~
sonnages en avance dune saison, qui devancent méme
notre propre destin. Et pourtant on peut étre fanatique
dans la plus humble des vies.
Balzac respecte Vdme des tres auxquels i donne
Peutétre le seul personage que Balzac nous aban-
donne estit Lucien, car, a Cullime page des Musions
perdues, nous commencons @ nous allacher auz pas
hhésilants du jeune podte déchiré, @ le suivre comme un
compagnon malheureuz. Nous le voulons pour nous.
Jusau'd Paris, ila été un fringant amoureux ; on peut tut
332
Mlusions perdues
appliquer le mot de la duchesse de Chautnes, reproduit
par Stendhal : < Une duchesse wa jamais que trente
fans pour un Bourgeois >. Ila été en proie a ce narels-
sisme st particulier aux tout Jeunes éertoains el, sou-
dain, le voitd dépouillé, mis a nu, tandls que son égérie
Tame poussive sail recréer autour delle son impos-
ture comme son mystére. La vie parisienne Vemporte
dans un fracas de caléches et Wamuseurs publics, mais,
elle nous laisse Lucien le mal-aimé au moment oit son
sort devient le nélre, Au milieu de ce carnaval mondain
ol le jeune homme marche contre Ia foule, Balzac nous
restitue un Lucien délivré. It pourrait plaire @ Stendhal
ui réve a ces étree malheurenz, aimables, charmants,
point hypocrites, point moranz. Mais ce qui nous émeut,
crest que Lucien n'a jamais été ausst prés de nous qué
la derniére minute, au moment ob il va nous quitter
dans une rue ie Purls, comme tes héros de Cluurlte
Chaplin qui ont toujours devant eux une route, c'est-
dedire une espérance, une issue, une aube. Il 1a plus
cette hantise vestimentaire que Balzac a su admirable-
ment déerire et rendre polgnante. Que n'avons-nous
révé nous-mémes @ cet élonnant vestiaire qui ferail de
nous un homme nouvean et recherché, et grice auquel
Tusure de notre dime serail compensée par la blancheur
Immaculée de notre chemise ou le brillant de nos chaus-
sures? Navons-nous point déstré, au plus secret de
nous-mémes, eclle merveilleuse tenue dans laquelle nous
pourrions officier, cet univers indéfroissable, sans fin
repassé et que Técran dun cinéma nous préte pour
‘quelques instants?
Balzac habille, déshabille Lucten. It le veut élégant
it détruit son élégance. Il le veut dune beaulé frémis-
sante ; il le bafoue en plein Opéra. Paris devient celle
Youpe gigantesque a laquelle rien n'échappe, le méme
Paris hostile et solitaire que celut de Baudelaire ou de
Ritke.
La ville se dresse, au caweur des Mlusions perdues,
333La Comédie Humaine
comme le grand Juge inquisiteur et implacable devant
equel éclate ta vérité de chacun ; les masques tombent.
Paris-Dien semble crier : « Celut-el, Ul vient avec mot >.
Get étrange déchirement au terme de ce roman, avec
ses amante enfin déseniorés, rappelte le dernier mouve-
‘ment de la Passacaille de Bach on méme du Boléro de
Ravel oit, brusquement, la phrase musicale se défait,
seffondre afin que nous puissions ne nous rappeler que
la pure mélodie et redécouvrir ce qui nous élait caché
ou obscutr.
Jusqivan dénouement, Balzac yeille en son podte.
Nous ne pouvons accéder & son chagrin ni d sa solitude.
Nous n'avons jamais droit aux instants suprémes de son
inspiration, & ce « comment éeriver-vous ? >. Pourlant
nous n'avons pas peur de la contagion de son infortune,
‘comme dit Vigny. Lucten deviendratil eet « ouorier en
Uores » que Chatlorton voulalt étee ?
Balzac, dans cet élrange carousel provincial ot,
pareil au Diable boiteux, il surplombe fous les milieu
ft lous les entreliens ef pousse ¢ son >» monde aur
excés comme aux lichetés afin de révéler sa propre
présence, n'a pu, cependant, s'empécher de nous pré-
senter en Lucien un pode de charme, dans le goat de
son époque, dla lsiére du comigue, comme la doublure
de ceux qu « posent leur pied darchange sur le maté-
rialisme accroupi >, mais il Ta sauvé par un enthou-
siasme sain et vigotrenz. < Les passions des podtes
wexistent qua peine >, s'éerle Vigny ; Balzac le sail.
Mais ce qu'il y a de neuf chez Lucien, d'envodlant, c'est
qui est (éternel jeune homme aux joues en few dont
notre liligrature a connu (oules les impatiences, toutes
les folies, enfant chargé de chaines, le compagnon de
ce Jean-Paul de Maurlac, du Grand Meautnes, qui « vit
son réve >, le sosie de cet autre Luclen que Stendhal
a fait noble et riche, Il se dresse enfin devant le héros
de ta Littérature contemporaine, le héros qui n'a plus
de nom, ni de surnom, quion désigne par une lettre
su
Ilusions perdues
comme K et dont nous ne vivons que Ia solilude ; te
héros matade pour qui ¢ ta santé rend le péché opa-
que >.
Aussi, avons-nous hile de revenir vers celle cure
Datzactenne, mais nous sommes de curlenx malades qui
vontons vivre avec notre maladie, qui recherchons es
hallucinations dun monde en danger dans notre propre
insomnie. Espérons que nous sommes seulement des
malades imaginaires, atteints de ce méme mal dame que
Batzae sail déceler.
Au coeur de ce monde des Wiusions perdues, @ peine
éprouvé, les hommes comme tes objets savent vicillir.
On guérit chez Batzac de effrot qui peut nous saisir
@étre un homme, de ta peur de ne pouvoir endosser
tune existence exceplionnelle dans un monde d'excep-
Yon. On ne meurt pas an petit hanhorr. On peut #6
regarder dans une glace comme Madame de Bargeton,
méme avec une ride de plus. On fait sa vie comme
Balzac fait son ceuvre, avec fot, sans tricherie. Lauter
des Musions perdues a da méditer la phrase du Philo-
sophe Inconnut
+ Crest ainst qu'un éerivain manifeste sensiblement
sa pensée pour engager cen qui le lisent @ ne faire
a’un avee tat. >
Laissons a Balzac ta pleine propristé de ses héros
puisque nous en avons la jouissance. St le trait est par
fois dur, impitoyable, it s'exsale pourtant pas, par des
‘moyens inavouables ow factles, de tirer de nous la
‘moindre pitié, la plus petite auméne. It y a une grande
fierté dans cet univers rétréci des Tlusions perdues ;
4H apprend @ cacher la misére dorée de son dme. La
vlettle sagesse humaine affleure @ chaque page de ce
roman ; la bonne graine arrive @ se séparer de Civrate.
Le christianisme n'est pas loin, qui respecte méme son
Ainst se dérowle un monde sans peur dont Balzac
pelnt avec une telle Justesse ta stagnation,
335La Comédie Humaine
sans protecteurs >, Oit sont maintenant Tindotence du
ciel @’Angouléme, les naifs apartés, le clair de lune si
faccueillant @ Eve et @ David? Nous sommes dans Ta
Jungle parisienne of « Tamour de vanilé > succombe,
it les élres sont a Caffat comme des bétes ef savent
de Vadversaire, Vendroit du
forme et qui
in, « le risque
est parlé dit diable, mais it est retégué
dans Ia conscience épatsse de quelque paysanne en mat
un mervellleuz sans danger et baignée d'une spirttua-
primitive.
unique pers
a terme,
semble pas incurable. I éerit des vers
passion ; il nersifie an hasard de ses sou
fel son poéme révéle factlement ses mailres. Diew y passe
d'autres
argeton,
338
Mlusions perdues
«€ les jones rouges > et un charme pénétrant comme un
On entre imité, dans la confidence de
épie dans Vombre; on frappe aux po
habile a cadrer ses personnages avec gout, & les faire
sourire, con ivine ef prudente Louise, dans un
dor.
le mensonge sont simples,
. Le monde nest pas encore
louché par un injuste destin, blessé a moi
‘omme on respire,
use. On peut aimer un rol ; lee abeilles
On ala
ame >, comme dil Stendhal. Et chaque
sa vie d la vivre et non d la contraindre, Le ecur a sa
raie souffrance. David et Lucien sont des amis et non
des complices. Ils sont Uiés par celle naturelle amitié
dont a parlé si Dien Montaigne : « Nos dmes ont
L aime et admire, plus dévoué
générosité sans borne. Balzac
chatoiements de Tamilié au
isées légéres ou dévorantes d'un
‘Saccomplir, méme dans
une affection. La pudeur, la modestie, la
relenue forment une quirlande frémissante autour de ce
iple fraternel dont lun aeceple sciemment den étre
rpossédé, mais il peut murmurer ce
< Et amour que J'ai mis en forme de bonté.. >
Mats Batzac n'a pas talssé David seut, perdu dans
celle charilé ; il fait marcher & ses e6tés une Eve obéis
339Ilusions perdues
jeotte un
font cela
passion, a)
couple en pleine possession de ses illusions,
rappelle le lancer d'une pierre dans
refléte & nonvean
Monsteur de Chandour a des «
Madame de are desséchée >
Draillenrs les discussions continuent celles des marchés
et des foires.
tes de coq >. ,
salons, de ta tendre
le charrue, Lodenr
ie monte jusquaur narines
de cette assemblée en tenue de soirée qui ne recule pas
devant tes mots nobles dits en patois, Seule Laure de
Rastignac n'est pas plaisamment décrite; Balzac ta
congolt ¢ charmante >, sans plus. Il ne s¢ lance dans
aucune de ses comparaisons ri Ise tait devant
son visage qui a su se pencher vers te pauvre Luct
Madame de Bargelon seffacent dei
proue de la ville d’Angouléme, pl
eau de pierre au-dessus de ta longue et
de la Charente, Les autres personnages én
ois < hénaurmes >, comme ett dit
les Ce sont des personages
du cru. On pourrait retrouver aisément de quel quarter
lls viennent, de quelle parenté ils se
Tam
entry angoumolse prend une élonn
turale (on entend, derriére la porl
Ses amis les Carraud ont pu lui fournis
reparlies pour ce sketch provincial. Mais ce qi
presque miraculenz c'est que cette < grande p.
loire > retrouve ses allaches avec Ia terre
mine. La vision coneréle de Be
rt, et Balzac
4 Paris, du couple
letet_méne Ia danse secrite
homme. Ik devient, en quelque
sorte, Téminence grise de celte passion désenchantée,
Fdme damnée de Madame de Bargeton, Il entre dans
les cours et dans les consciences & pas f
ne Ventend pas venir. Ni est le diable d Parts. No
sommes alors bien loin de Ia terre grass
a campagne ango
des tapi
uz bétes
rable, sans
des labours, Séchard ressemble a
a des feuilles de vigne, ses sourc
spine-vinette. Les vieilles familles sont perchées a
dessus de la ville < comme des corbeaur défiants >
La mirobolante Madame de Bargeton est el
comparée @ « un arbi
sans étre abatin >. Te
a « une petite
geton posséde un nez < de
toute débarbouiliée de sa griserie, Crest le
Balzac s'est reliré sur autres terres, silencieuse-
ucten. Pour la. prem ne de Bargeton
pousse un eri terrible, trouve des accents neufs et
ichiranis, des ves: « Ine ma
sombre ef
iewx carlin poussif > et
336La Comédie Humaine
sane qui ne lui eéde en rien dans la richesse du coeur
et dans les balbutiements d'une dme pudique. Crest
UIphigénie locate, la jeune fille qui marche au sacrifice,
Ie sur de Virginie et de combien autres dont, aujour-
hut, nous ne voulons plus comprendre Tinnocence
originelle et la vocation, qui est de nous apporter la
nostalgie du Paradis sur terre. Comme nous sommes
Gloignés de VEveMaya de Monsieur de Vigny 1
Ainst Balzac nous repose de ces romancters actuels
qui oublient leurs personages dans un no man’s land
vague oi les objets comme tes étres sont réduils au
slriel minimum (peul-étre influence dérisoire des films
4 air raréfié). Ns décrivent Vessentiel, mais se méfient
du superflu. Ce sont des objels passe-partout quits
déposent autour de leur héros, des objets qui ne peuvent
étre individualisés que par tes empreintes digitales :
la cigarette par exemple ou le verre alcool. La nature
clleméme € lone > ses pluies ou ses orages pour des
décors inkumains. Ce ne sont plus des élres vivants
‘aut évoluent mais des figurants dun monde réduit @
sa plus simple expression, un monde mort ; ils ne savent
plus s'appuyer tout simplement sur un coin de table ou
sur tun dossier de chalse comme chez Balzac. Nous
habitons maintenant Caffreuse matson dun Orphée de
Cocteau, d'un assassin astucteur on d'un employé de
Kafka; ce sont les choses qui nous possédent jusqu'a
nous faire oublier notre humble condition humaine,
tun univers dans lequel nos n'avons plus qu'une seule
chance de nous en tirer, c'est de nous falre € objet >.
La stagnation n'est plus provinciale comme dans les
Mlusions perdues, c'est une stagnation universelle, exas-
prérée, qui ne nous permet plus d'étre ni ange, ni béte,
i méme un homme.
Balzac, tui, nous donne toute une maison @ visiter,
@ habiter pendant la durée de son roman. Quand nous
changeons habitation, Balzac la meuble @ nouveau,
favee soin, mime dans la laideur. Ce n'est pas un mob.
40
Iusions perdues
ler récollé un pen partout, dans Caventure des exodes
el des massacres et qu’on emporte dans le fameux maga-
sin des accessoires subconscients dont chaque auteur
posséde la clef en double. Tout restera a sa place dans
un roman de Balzac, bien apres notre départ, pour le
prochain lecteur, et Dieu salt si les lecteurs se suced-
dent sans interruption autour de cet immense éertoain
Dien-portant.
Peut-étre de ld vient ect incroyable sentiment de
répit qutour des Mlusions perdues effleurées, tout de
méme, par la grice, oi le Bien compense le Mal, @
poids égal et dont Balzac connatt la juste répartition,
sans étre aveuglé nt par Tun ni par autre. Nous ne
sommes jamais dépaysés dans ce roman de la Lot
commune. Le décor ne nous surprend pas. Le drame
éclate au beau milieu de notre Jardin ou de notre ville.
De 1, aussi, vette couununaulé que nous formons avec
les héros de Balzac qui nous confient, un instant, ce
auils ne peuvent plus tenir dans leurs mains ou retente
dans leur cour. C'est une communauté charnelle qui
lend 4 disparaitre de nos jours pour ne devenir qu'une
sorte darche oit nous pourrons sauver un Lucien, une
Madame de Bargeton et, pourquoi pas, un Monsieur
Séchard comme dernier témoin authentique ou comme
premier él.
JEAN CAYROL,