‘du mot, Pourquoi jeter sur une table une pidce d’étoffe,
‘gGnéralement omée? Peut-8tre faut-i rappeler lorigine
signifiait
qu'il invitait au festin, Par ailleurs, dire d’un pere de
famille qu'il « mettait la nappe» pour sa fille laissait
centendre qu'il lui préparait un beau mariage.
Je te suis toujours. On a dans tous les cas une diversité
de sens, et celui que tu donnes @ « nappe » me semble étre
‘on ne peut plus juste.
Aussi ecouverte d’une « nappe », la table sinseit dans
‘un domaine de relations symboliques que son statut d’ob-
jet ambiant ne désigne pas d’emblée. Et cela peut aller jus-
{qu la sacralisation: généralement, autel devant lequel
offcie le prétre est recouvert d'une nappe, comme si la
‘nappe signalait que le support recouvert échappe &son sta-
tut naturel — qu'il soit de marbre, de bois ou de granitn’a
plus d'importance, imposition de la nappe le marque
‘comme lieu du sacrifice.
Pour dire un peu brutalement la chose, déclarons que
<«nappe » désigne une triple fonction. 1) Elle dissimule ce
qu'elle recouvre; 2) elle se plie la forme de ce support;
3) elle insert ce support dans un domaine de relations
Symboliques dont, rédut son seul statut de support, il ne
Sulit pas & annoncer 'exigenee. Or ces trois fonctions
sont liges. Chacune ne se manifeste en activité que selon
Jes modes dont elle peut se rapporter aux autres. Dégager
‘ees modes et esquisserIanalyse de leurs connexions va
nous demander un effort d'imagination, Gardons pour
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‘un moment l'image de la table et de la nappe qui, la recou-
vyrant, marque son acc’s un champ symbolique : par
exemple, un repas de fiangailles, dont nous savons qu'il
doit généralement se plier 4 un certain rituel.
Soit. Et imaginons que je prenne la responsabilité de ce
coérémonial jusque dans ses détails les plus matériels. Par
exemple, ce sera d moi de mettre la nappe.
Oui, et celle-ci n'est pas d’ordinaire sur la table. Elle
repose, en attente, dans quelque armoire, peut-étre avec
‘autres. Ton premier geste sera sans doute de la choisir.
S'il était seulement question de dissimuler la table, un
tapis ferait aussi bien I'afaire. Et, de fait, il arrive souvent
{que cette table soit recouverte d’un tapis. Sic’est le cas ce
Jour-l tu commenceras par 6ter le tapis, en vue de libérer
la table pour la nappe, c'est-2-dire pour la valeur symbo-
lique qu’elle doit revétir dans la circonstance, et qui la
‘marquera jusque dans son futur: elle aura été la table ob
auront été célébrées ces fiancailles. Peut-ére alors te diras-
‘tw: «Pourquoi ne pas poser la nappe sur le tapis ?» Je