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its: aia: meron La ile République anniaurre ff MOYEN AGE . eee Tenthousiasme, la If République proclame MAGE | ibertés fondamentales et adopte une nouvelle Constitutions a a 20 AAVOLUTION [J bourgeoisie, affolée par les troubles sociaux, fait corps avec monarchistes pour élire une Assemblée legislative et un président de la République bonapartiste. Celui-ci, par weSitcle ff coup d’Etat du 2 décembre 1851, prolonge son mandat de ‘og SIECLE I ans... puis, le 2 décembre 1852, rétablit !Empire. a La victoire des conservateurs (avril). Dans une France essentiellement paysanne, encadrée par clergé, chatelains, notables, le suffrage universel masculin donne la victoire aux modérés et aux conservateurs. Les partisans de la République sociale, présentés comme des « partageux », sont battus : 100 sur 880 députés a la Constituante, Les journées de juin (23-26 juin). Les Ateliers nationaux, destinés a fournir du travail aux chémeurs mais devenus un foyer dagitation sociale, sont supprimés. Le 23, les ouvriers se soulévent. Le général Cavaignac écrase l’insurrection ; 15 000 insurgés sont déportés en Algérie. Le mouvement ouvrier est décimé. lection de Louis Napoléon Bonaparte. La nouvelle Constitution établit un régime présidentiel. Le 10 décembre, Louis Napoléon Bonaparte est élu président de la Répur blique avec 75 % des voix. Neveu de I'Empereur, il a bénéficié de la légende napo- Iéonienne dans les campagnes ; soutenu par Thiers et le « parti de ordre », il rallle ceux qui craignent « les rouges ». Elu pour 4 ans, il n’est pas rééligible. 13 mai. Sur les 750 députés élus a PAssemblée législative, 500 sont des conservateus, monarchistes pour la plupart, qui vont voter des mesures réactionnaires. La loi Falloux sur ’enseignement (15 mars). Elle donne aux religieux toute facilité pour enseigner. Pour prévenir tout retour du danger révolutionnaire, l'influence de lEglise sur 'enseignement est renforcée. La loi électorale (31 mai), Elle supprime de fait le suffrage universel. Elle impose notamment aux électeurs trois ans de résidence continue, ce qui exclut les ouvris { contraints a de frequents déplacements. Le nombre d’électeurs passe de 9 600 4.6 800 000. ‘ Le Président soutient la politique de réaction de lAssemblée conservatrice puis, pour gagner le soutien de lopinion, prend des distances 4 son égard. Au peuple, il souhaiter des réformes sociales et propose le rétablissement du suffrage uni Aux partisans de Ordre, il fait craindre l'anarchie 2 la fin de son mandat, en mai 1852, Le coup d’Etat (2 décembre). Louis Napoléon organise un coup d’Etat qui lui permet de prolonger son mandat présidentiel de dix ans. Les mouvements de protestatiON) sont réprimés massivement. q 21 décembre. Un plébiscite ratifle la prise du pouvoir par la force (7 340 000 Olly 646 000 non, 1 500 000 abstentions). La nouvelle Constitution donne les plus larges pouvoirs au Président. j Le second Empire. II est officiellement proclamé le 2 décembre. Les voyages et Ih discours du + Prince-Président » ont préparé Yopinion. Le Sénat, entiérement nk pur Louis Napoléon, a accepté la révision de la Constitution, ratifiée par pl , Joule Napoléon devient Napoléon III. Reperes Ji République et les républicains en France sereseceesseeeet Uhéritage républicain jusqu’en 1879 }-- Les années fondatrices * La I République a laissé une image négative & beaucoup de Francais, qui Vassimilent a la Terreur, a la guillotine et a la guerre civile. ¢ Mais lidée républicaine a trouvé dans la Révolution francaise ses fonde- ments : les droits de l'homme, la devise « Liberté, Egalité, Fraternité », ta souveraineté nationale, la premiére tentative de suffrage universel. * Elle a aussi trouvé ses symboles : le drapeau tricolore, La Marseillaise. a Partition de La Marseillaise, 14 juillet 1912. WALEALTS:3> L'ére des prisons et des barricades Les républicains entretiennent leur idéal dans U opposition au régime napo- léonien, puis a la royauté. * Ils jouent un réle décisif dans la révolution de 1830, mais c'est Louis-Philippe: qui prend alors le pouvoir. Ils veulent poursuivre V'ceuvre de la Révolution francaise, en instaurant le République et le suffrage universel. Ei] Ls Liberté guidant le peuple, huile sur toile d' Eugene Delacroix, 2,60 x 3,25 m, 1830, musée du Louvre, Paris, . BET UA} Le temps des espoirs et des désillusions * La Ilt République, en 1848, abolit 'esclavage et établit le suffrage universel masculin. * Mais les républicains se divisent entre les modérés et les « rouges », qui réclament une République sociale. * Ces divisions profitent a Louis-Napoléon Bonaparte, qui est élu président de la République en 1848. Il se maintient au pouvoir par un coup d’Etat en 1851 et fonde le Second Empire en 1852. * Une nouvelle génération de républicains s'affirme dans opposition au bo- napartisme. La méfiance a l'égard de (élection présidentielle au suffrage universel caractérise les républicains jusqu’aux années 1960. EI Prociamation de ('émancipation des Noirs aux colonies francaises en 1848, de Francois Biard, 2,61 x 3,91 m, 1849, musée national d'Histoire, Versailles. LCVD EREYAI> Les débuts difficiles de la Illt République * La défaite militaire entraine la chute de Napoléon Ill et la proclamation, le 4 septembre 1870, de la Ille République. * La Commune de Paris (1871), derniére révolution en France, est écrasée. « La droite monarchiste tente de restaurer la royauté. Mais les républicains font voter les lois constitutionnelles de 1875 et deviennent majoritaires a la Chambre des députés (1876) et au Sénat (1879). a Proclamation de la déchéance de l'Empire, le 4 septembre 1870, huile sur toile de Jules Didier et Jacques Guiaud, 250 x 400 cm, 1871, musée Carnavalet, Paris. Le Second Empire : ™ Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 de Louis Napoléon Bonaparte instaure un régime autoritaire qui enterre les espoirs de démocratie en France jusqu’a sa chute en 1870. @ Le retour de l’Empire —> L’éphémére Il* République est marquée par un conflit permanent entre le Président, Louis Napoléon Bonaparte®, et Assemblée conservatrice. Le Président s'oppose a la loi électorale de 1850 qui limite le droit de vote et propose en vain une révision de la Constitution qui doit permettre sa réélection. —> Fort de son emprise grandissante sur l'administration et du soutien de l’armée, il prononce l’état de siége et dissout l'Assemblée. La résistance des républicains a ce coup d’Etat, plus faible a Paris qu’en province, est durement réprimée : 27 000 opposants sont arrétés et jugés, prés de 10 000 sont déportés en Guyane ou en Algérie. —»> Le 21 décembre 1851, un plébiscite* consacre le succés de Louis Napoléon Bonaparte en lui attribuant le pouvoir de rédiger une nouvelle Constitution. Inspirée du Consulat, elle se présente comme républicaine et démocratique, mais prépare en fait un retour a ’Em- pire, proclamé le 2 décembre 1852. B Un césarisme démocratique —> Malgré le rétablissement intégral du suffrage universel, le Second Empire est un régime politique autoritaire. L'administration est épurée. Les préfets, nommés par l'Empereur, en sont les maitres dans les départements. Ils contrélent la presse, nomment les maires, sou- tiennent les candidats officiels aux élections et interdisent toute réunion publique. —> Vers 1860, Napoléon Ill perd ses appuis traditionnels. Les catholiques, attachés a la défense de la papauté, rejettent sa politique en faveur de l'unité italienne. Certains indus- triels protectionnistes* se sentent trahis par le traité de libre-6change* avec la Grande- Bretagne. L’empereur tente alors de trouver de nouveaux appuis. —> Avec l’'amnistie des proscrits* de 1851, le retour du droit, pour les députés, de dis- cuter la loi et la reconnaissance du droit de grave, le régime évolue vers un empire libéral. Mais, l’empereur contribue surtout au réveil de la vie politique : a partir des élections de 1863, l’opposition ne cesse de se renforcer. Hl Dune défaite militaire 4 une guerre civile : la Commune —> Le 8 mai 1870, une réforme institutionnelle instaure un empire parlementaire, mais UVempereur n’a plus de majorité au Corps législatif. Il espére redorer son image en entrant en guerre contre la Prusse. Elle tourne vite au désastre militaire. A la nouvelle de la capi- tulation, les députés républicains de Paris proclament la République le 4 septembre et forment un gouvernement de Défense nationale. —> Gambetta qui veut poursuivre la guerre se heurte a l’hostilité des campagnes et des modérés du gouvernement qui demandent un armistice*. Lors des élections de février 1871, les monarchistes, favorables a la paix, 'emportent largement et désignent Thiers® comme chef du pouvoir exécutif. Il négocie le traité de Francfort avec le nouvel Empire alle- mand, qui prévoit notamment l’annexion de l’Alsace et la Lorraine. —> Le 18 mars 1871, Paris, qui a voté socialiste et anarchiste*, se dresse contre l’Assem- blée. Des élections municipales désignent le Conseil général de la Commune qui prétend ins- taurer une République sociale. Retirés a Versailles, le gouvernement et ’Assemblée envoient une armée, commandée par Mac-Mahon®, écraser les communards (21 au 28 mai). 128 les apparences de la démocratie NOTIONS Césarisme Ce terme, dérivé du nom du dictateur romain César, désigne un régime autoritaire, mais of le chef de l’Etat légitime son pouvoir par une adhésion, qui peut étre manipulée, de la population a sa personne. Commune Le terme désigne 4 la fois la période insurrectionnelle que connut Paris de mars @ mai 1871 et une expérience politique mélant socialisme, démocratie directe et anticléricalisme. République sociale Le régime qui combine 4 la fois une démocratie libérale et une politique de réduction des inégalités sociales. (1870-1880) @ Proclamée le 4 septembre 1870, la Ill République voit son existence suspendue au débat sur la nature de ses institutions et aux tentations monarchistes. f@ Une République conservatrice —> Thierse recoit le titre provisoire de président de la République francaise, sous l’auto- rité de Assemblée, en attendant que de nouvelles institutions soient discutées. —> Les monarchistes, majoritaires 4 Assemblée, sont profondément divisés entre légiti- mistes* et orléanistes* et doivent par ailleurs compter avec une gauche républicaine qui se renforce lors des élections complémentaires en juillet 1871, —> La personnalité de Thiers permet un compromis temporaire : c’est un modéré. Il jouit @une grande popularité : il a rétabli l’ordre et rassuré une France majoritairement paysanne effrayée par la Commune. Il accélére la libération du territoire, amputé de l’Alsace-Lorraine, en versant l’indemnité due a l’Allemagne grace 4 deux emprunts. Il méne une politique conservatrice : il refuse 'impét sur le revenu, réserve au gouvernement la nomination des maires des villes de plus de 20 000 habitants et impose un service militaire long (cing ans), fondé sur un tirage au sort, mais inégalitaire puisqu’il permet de faire un service court contre paiement, ce qui profite de fait aux enfants de la bourgeoisie. @ La tentation monarchiste —> Le 24 mai 1873, Thiers qui s’est prononcé en faveur de la République est poussé a la démission par l’Assemblée et remplacé par le maréchal monarchiste Mac-Mahon®. II confie le gouvernement au duc de Broglie chargé de rétablir ordre moral. —> La fonction publique est épurée, la liberté de la presse réduite, les débits de boissons, réputés républicains, surveillés et la nomination de tous les maires rétablie. Le gouverne- ment veut renforcer la place de l’Eglise dans la société et fait dédier le futur Sacré-Cceur de Montmartre a l’expiation des crimes de la Commune. —> Toute perspective de restauration monarchique est discréditée, Le comte de Chambord est reconnu comme seul prétendant par l'ensemble des monarchistes. Mais, en refusant les principes de 1789 et l'abandon du drapeau blanc au profit du drapeau tricolore, il rend impossible une monarchie acceptée par tous. La loi du septennat proroge les pouvoirs présidentiels de Mac-Mahon. Mais Assemblée doit désormais élaborer des institutions durables. i La conquéte de la République par les républicains —> En 1875, trois lois constitutionnelles sur le Sénat, sur l'organisation des pouvoirs publics et sur les rapports des pouvoirs sont adoptées. Elles établissent une République parlementaire, mais le Président dispose de pouvoirs étendus. —> Lacrise du 16 mai 1877 redéfinit la nature du régime en affaiblissant définitivement le poids du Président et consacre la montée en puissance des républicains. Ces derniers ont triomphé aux élections législatives de mars 1876, mais le 16 mai 1877, Mac-Mahon renvoie le gouvernement républicain et avec l’'approbation du Sénat, dissout l’Assemblée le 19 juin. Aprés une campagne électorale acharnée, la majorité reste républicaine. —> Victorieux aux élections municipales de 1878, les républicains obtiennent la majorité au Sénat lors de son premier renouvellement. Vaincu, Mac-Mahon démissionne le 30 jan- vier 1879 et le républicain Grévy est élu a la présidence de la République. En 1880, le gou- vernement et la Chambre reviennent a Paris, une amnistie est accordée aux communards, le 14 juillet devient féte nationale, et la Marseillaise ’hymne national. 132 Une République incertaine Ordre moral Lancée par de Broglie, mais se prolongeant aprés son départ de la téte du gouvernement en 1874, cette politique repose sur une vision de la société qui donne ala hiérarchie de l'Eglise une place centrale dans la vie de la nation. Implicitement, cet ordre moral aspire 4 la restauration monarchique. République parlementaire Le régime dans lequel le gouvernement est responsable devant l’Assemblée, Cest-a-dire qu’elle peut lui voter sa confiance ou le renverser. Les bases sociales de la République @ Le nouveau régime satisfait les attentes d’une large partie de la population et favorise l’émergence d’une « bourgeoisie républicaine ». Hl Une solide base paysanne —> En France, le poids de la paysannerie est considérable, avec 55 % de ruraux en 1911. Il s'agit de petits propriétaires, de fermiers ou de métayers qui s’ouvrent progressivement a la modernisation et envoient leurs enfants dans les écoles de la République. —> Dés les années 1870, les républicains ont veillé a se rallier les campagnes et ont conquis des bastions (sud-est du Bassin parisien, Massif central, Midi provencal). Le sou- venir de 1789, la restauration des libertés et instruction primaire gagnent les paysans a la République qui apparait alors comme un régime stable, apportant la prospérité et le pro- grés. A partir des années 1880, la paysannerie constitue un des appuis de la République. —> Les gouvernements opportunistes soutiennent économiquement la paysannerie : en 1890, les tarifs douaniers protectionnistes* proposés par Méline® sont votés. Le Parti radi- cal qui domine la vie politique aprés 1900, s’implante dans les campagnes. fi Le modéle bourgeois —> En 1914, la moitié de la richesse nationale est détenue par 15 % des Francais, lagrande bourgeoisie d’affaires et la noblesse rentiére. Quelques milliers d’individus forment ce que Von appelle « le monde », décrit pour Paris par Marcel Proust. Aristocratie et grande bour- geoisie se mélangent de plus en plus, incluant méme les self made men™ souvent formés dans les grandes écoles tel André Citr Mais cette élite* reste un milieu trés fermé. —> Son influence sociale est prépondérante par le contrdle de la presse et les groupes de pression* économiques, comme le Comité des Forges. La bourgeoisie impose des pratiques et des valeurs auxquelles se référe l'ensemble de la société. Dans le domaine culturel, les salons mondains lancent les modes, et ce sont les collectionneurs et les galeristes, tel Kahnweiler, qui font connaitre les nouveaux artistes. La capitale apparait comme le foyer le plus prestigieux de la création artistique avec I’« école de Paris » qui attire des artistes de toute l'Europe. Le succés de l’Exposition universelle de 1900 confirme son statut de « ville lumiére ». —» Mais la bourgeoisie d’affaires a abandonné le pouvoir politique aux couches moyennes qui dominent désormais le personnel de la République radicale. i Lappui des « couches nouvelles » —> Les classes moyennes constituent l’ossature de la société de la Belle Epoque. Avocats, notaires, huissiers, médecins forment le monde des notables et participent activement a la vie politique locale et méme nationale. Petits commercants, artisans, fonctionnaires, employés de la finance ou des grands magasins composent un monde nouveau en plein essor, celui des cols blancs* que l’on appellera le tertiaire. —> Le nombre des fonctionnaires a doublé depuis 1870 et atteint 450 000 en 1914 dont un tiers dans l'Instruction publique. Tous ne sont pas dans l’aisance, mais jouissent d’une respectabilité accrue. Dans les villages, l’instituteur, « hussard noir de la République », est considéré comme l’égal du curé. —> Enfin, le travail des femmes est en plein essor. Leur part dans le monde du travail atteint en 1906 un maximum inégalé jusqu’en 1939. Cependant, celles-ci restent exclues du droit de suffrage. Des figures féministes émergent, telle Hubertine Auclert, pour reven- diquer l’égalité des droits politiques. 152 NOTION Notable Personne qui, grace a sa situation sociale, jouit d’une certaine influence sur la société locale. La « républicanisation » de la France @ Une fois arrivés au pouvoir, la tache des républicains est d’enraciner la Républi- que dans les pratiques et les esprits. @ Le rétablissement des libertés fondamentales —» La République est associée au rétablissement des libertés fondamentales que le . ‘ renee p ae a ia Laicité Second Empire avait supprimées. Conformément 4 l’héritage de 1789, les républicains Le principe qui consiste font de la liberté la base du régime. Les lois de 1881 élargissent les libertés publiques : supprimer l’influence la liberté de réunion est rétablie ainsi que la liberté de la presse. En 1884, la loi Waldeck- delareligion Rousseau® autorise les syndicats*, accordant ainsi au monde ouvrier la possibilité légale dane daivie pub igus) et a la réduire ala sphere privée. Parti politique de s’organiser et de défendre ses intéréts. La loi de 1901 institue la liberté d’association. —> Les libertés locales sont également rétablies. La loi municipale de 1882 restaure Vélection du maire et de ses adjoints par le conseil municipal. Une organisation politique structurée autour x : a Seite d'un programme, @ Une République démocratique malelinenia lean —> La fin du XIX* siécle correspond a une phase d’apprentissage de la vie démocratique. politique en faisant La vie politique municipale s’organise autour des notables* républicains. Le débat démo- Se ee cratique gagne les campagnes grace au développement des chemins de fer eta Vessor de la presse, des banquets... la presse : Le Petit Journal pénétre les villages et tire 4 700 000 exemplaires dés 1882. et qui vise la conquéte > Les partis politiques s’organisent surtout a gauche : le Parti radical et radical-socialiste du pouvoir par les élections. est fondé en 1901 et la SFIO* (socialistes) en 1905. Ils sont présents partout avec, a la base, des comités locaux de militants. La presse politique diffuse les idées des différents partis. En 1904, Jean Jaurés® fonde L’Humanité, journal de la SFIO. —» Des associations comme la Ligue* des droits de l’homme, fondée lors de l’affaire Dreyfus, ou la Ligue de l’enseignement, des mouvements philosophiques comme la franc- maconnerie*, soutiennent la République et au besoin la défendent. @ La République s’apprend a l’école —» Liinstruction primaire doit permettre a chaque citoyen de s’émanciper et d’exercer son libre arbitre. On assigne aussi a l’Ecole la mission de former le citoyen, ce qui permettra d’enraciner le régime et de rompre avec le cycle des révolutions. On y apprend les mythes fondateurs de la République a travers l’histoire, on y entretient le patriotisme, on y inculque | Le parti politique la morale républicaine, Désigne ? —> Jules Ferry fait adopter les lois du 16 juin 1881 et du 26 mars 1882 instituant la gratuité de l’école primaire, l’obligation scolaire pour tous les enfants entre six et treize ans et la Tre laicité. Il s’agit de soustraire la jeunesse a l’in- BS fluence de 'Eglise catholique. Avec la création ceil ay roe Débattent, font remonter leurs idéas Ditfusent le programma, aftichas, meetings. ole pédagogique : analyse la situation du pays et détend des idées serree EIeMon te Gea er Telus des écoles normales d’instituteurs (1879), VEtat assure la formation des enseignants qui sont désormais des fonctionnaires. —> Cette politique déclenche la « querelle scolaire » avec les catholiques qui dénoncent une « école sans Dieu ». En 1880, la loi Camille Sée qui crée les lycées de filles est, elle aussi, Vobjet de vives critiques. VOTENT 148 La Belle Epoque du radicalisme @ La longue République radicale fait face 4 de multiples oppositions. Mais, alaveille de 1914, un consensus se dessine autour de la défense de la patrie. ff Les radicaux dominent la vie politique —> Proclamée en 1870, organisée pares lois constitutionnelles de 1875, la Ill République est un régime parlementaire auquel, au début du siécle, les Francais adhérent dans leur grande majorité. Les radicaux sont les grands vainqueurs de laffaire Dreyfus. Ce sont eux qui ont mené la lutte la lutte et assuré la défense républicaine contre les menaces qui pesaient sur le régime. Premier parti politique, fondé en 1901, le Parti radical s’appuie sur un réseau d’élus, de comités et de journaux trés influents dans toute la France. Incarnant la stabilité républicaine, ils occupent le pouvoir sans interruption de 1900 a 1914. Défenseurs de la propriété privée, ils sont les porte-parole des classes moyennes. —> Ils militent aussi pour une république laique. C’est pouquoi ils s’allient temporaire- ment avec les socialistes de Jean Jaurés®. Le président du Conseil, Emile Combes, obtient en 1905 la séparation des Eglises et de l’Etat donnant lieu, en 1906, ala « querelle des inventaires » qui remet en cause le ralliement des catholiques au régime. @ La montée des oppositions —> Georges Clemenceaue domine les années 1906-1909. Le « premier flic de France », comme il se nomme ironiquement lui-méme, pratique une répression systématique a l’en- contre des ouvriers et des paysans. Pour répondre aux vignerons du Languedoc révoltés en 1907, ou aux terrassiers de Draveil, il envoie la troupe. Les gréves se multiplient (élec- triciens a Paris, dockers 4 Nantes, ouvriers du batiment de la Seine). Les fonctionnaires réclament a leur tour le droit de gréve : plus de 200 postiers sont révoqués en 1909. —> Sous V’égide de Jean Jaureés, les socialistes, unis au sein de la Section francaise de Uinternationale ouvriére (SFIO), s’orientent vers une voie réformiste. La SFIO devient le deuxiéme parti de France aux élections de 1914. A la veille de la guerre la situation sociale reste trés tendue. Le renouveau des périls —> La Belle Epoque est aussi le temps du consensus autour de la question coloniale. L’étendue de l’empire flatte le sentiment national des Francais. —> Mais l’expansion francaise en Afrique se heurte a V’hostilité anglaise en 1898 A Fachoda, sur le Haut-Nil. Les rivalités des impérialismes européens exacerbent les ten- sions internationales (crise avec l’Allemagne en 1905 a Tanger et en 1911 a Agadir) et favorisent la montée du nationalisme*. La perspective d’une revanche sur la défaite contre lAllemagne en 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine est ravivée. Elle est exploitée par les nationalistes et les ligues d’extréme droite : Maurice Barrés® et les monarchistes de l’Action francaise dirigée par Charles Maurras®. L’élection de Raymond Poincaré a la présidence de la République en 1913, refléte l'atmosphére de nationalisme qui régne alors. La réorgani- sation militaire aboutit en 1913 au vote d’une loi portant le service militaire a trois ans en réponse a une mesure analogue prise en Allemagne. —» esprit pacifiste qui anime la gauche francaise, depuis les années 1890, est assassiné en méme temps que Jaurés le 31 juillet 1914. 156 nite ey Radicalisme Né sous la Monarchie de juillet, le radicalisme est, en France, un courant didées qui préne une politique de ré en faveur de la laicit de la liberté et de légalité, Les radicaux se réclament du programme de Belleville présenté en 1869 par Léon Gambetta. jusqu’en 1939, le Parti radical sera le grand arbitre de la vie politique nationale car il incame les aspirations d'un grand nombre de Francais. Réformisme Mot encore récent au début du XX* siécle qui s'applique ala doctrine des réformistes, partisans d'un changement Politique et social par la voie des réformes légales et progressives, par opposition a l’action révolutionnaire. (elel as) [EES 3 p. 304-305 Pees Anticléricalisme : idéologie opposée au cléricalisme et favorable 4 la laicité. Clérical(e) : partisan du cléricalisme, doctrine qui veut donner au clergé un statut public, un réle politique et qui refuse la laicité. Laicité : principe selon lequel les croyances et la pratique religieuse sont une affaire individuelle, relevant exclusivement de la sphere privée. LEtat reconnait donc toutes les religions sans en adopter aucune. PETS Concordat de 1801 : accord entre le pape et le gouvernement francais définissant les procédures de nomination du clergé et lui assurant un salaire en compensation de la confiscation des biens de (Eglise pendant la Révolution. ‘Loi Falloux: loi de 1850 donnant une place prédominante a lEglise catholique dans lenseignement public. Congrégation : groupe de religieux(ses) (les congréganistes) assurant généralement une mission dienseignement, Union sacrée : solidarité de ensemble de la société face a 'ennemi en 1914. Les divergences d'opinions sont mises de cOté au nom de la défense de la patrie. Radicaux : plus 8 gauche que les républicains modérés, ils sont profondément anticléricaux, voire antireligieux. 302 2. La Ill République et la laicité | En quoi consiste la laicité instaurée en France par la Ille République ? DBD La République face a l'Eglise catholique Une Eglise catholique puissante et antirépublicaine. En 1879, elle occups == place importante dans la vie publique. Le protestantisme et le judaisme sont des =i gions minoritaires qui font partie des cultes reconnus par le gouvernement. Mais = catholicisme, lui, est officiellement « la religion de la majorité des Francais » dena le concordat de 1801. Evéques et curés, rémunérés par l'Etat, sont des fonctionnair=s Le clergé renforce son emprise sur l'enseignement grace a la loi Falloux de 1850 Usant de son influence, 'Eglise catholique soutient la droite cléricale qui veut r blir la monarchie. © Lanticléricalisme des républicains. Cette attitude décide les républicains, d= nitivement installés au pouvoir en 1879 (voir p. 268), 8 réduire l’influence de lEolis= catholique pour enraciner la République. Mais les républicains sont profondémen= démocrates et soucieux d'un compromis acceptable par tous les Francais (doc. 1 Ils font donc de la laicité une valeur fondée sur le respect de la liberté de conscienc= e en place progressive l'école. En 1882, l’école primaire publique devient laique (voir. p. 30 La religion n'y est plus enseignée, mais un jour de congé est prévu pour les parents voulant que leurs enfants suivent un enseignement religieux. En 1886, une autre io laicise le personnel enseignant des écoles publiques, tout en maintenant la liberté de Venseignement. Les congrégations gardent le droit de gérer des écoles privées. Ma= 'école publique se développe et devient le lieu ot s'apprend une morale laique. Elle est fondée sur les valeurs de 1789 et le culte de la patrie, afin de renforcer la cone sion nationale et Vidée républicaine. © Mais aussi hors de lécole. En 1879, a loi interdisant le travail du dimanche pou" raisons religieuses est abolie. En 1881, les cimetiéres perdent leur caractére confes- sionnel et les obséques civiles sont encouragées (1887), Les hépitaux sont laicisés et on enléve les crucifix des tribunaux. Le divorce est de nouveau autorisé en 1884 La séparation des Eglises et de l'Etat © Lessor de U'anticléricalisme. En 1892, le pape Léon Xill invite les catholiques = accepter la République, mais il refuse la laicité. En outre, la droite cléricale s‘affirme antidreyfusarde (voir p. 274-275). Cette attitude renforce l'anticléricalisme des républi- cains dreyfusards, surtout des radicaux qui dominent la vie politique a partir de 1899. Le gouvernement oblige alors les congrégations a demander une autorisation et fait fermer celles qui ne obtiennent pas. Puis, une loi de 1904 interdit 8 leurs membres d'enseigner dans les établissements privés. La France rompt aussi ses relations diplomatiques avec la papauté en 1904, le nouveau pape Pie X affichant une franche hostilité 4 la République laique. @ Le tournant de 1905. Le vote de la loi sur la séparation des Eglises et de (Etat en 1905 marque l'apogée de cet anticléricalisme (doc. 2). Cette loi, acceptée par les juifs et les protestants, déclenche la colére du pape et entraine la crise des inventaires en 1906 (doc. 3). Puis, les rancceurs s'apaisent : le clergé et le gouvernement se font plus conciliants, les croyants acceptent une laicisation de l'Etat qui respecte la liberte de culte. En outre, la guerre entraine une Union’sacrée qui met fin a la discorde. En 1921, les relations diplomatiques avec la papauté sont rétablies et en 1924 le pape accepte la loi de 1905. Enfin, la République laisse (Alsace-Moselle, restituée par (Al- lemagne en 1918, conserver un statut fondé sur le concordat de 1801 Le triomphe de la République @ La République s’implante durablement aprés avoir surmonté de graves crises politiques et sociales. fl Une République modérée —> Dans les années 1880, l’Assemblée, dominée par les figures de Ferry® et Gambetta®, porte au pouvoir des gouvernements modérés de républicains dits opportunistes. Ils adop- tent une législation républicaine libérale et anticléricale : élection des maires, liberté de la presse, de réunion... et instauration d’une école primaire laique gratuite et obligatoire. —> Avec la crise économique, le mécontentement social grandit contre une République trop peu sociale ou trop engagée dans l’aventure coloniale. Ancien ministre de la Guerre, le général Boulanger® cristallise toutes les oppositions autour de l’antiparlementarisme et de l’établissement d’un pouvoir exécutif fort. Porteur de l’idéal d’un Etat fort pour les bonapartistes ou « général Revanche » pour les nationalistes, il peut enterrer la République comme l’espérent les monarchistes qui le financent. —> Mais son programme (dissolution, constituante, révision) ligue les républicains contre lui. Aux élections de 1889, ils obtiennent une large majorité désormais élargie aux radicaux. Une République menacée ? —> La défaite boulangiste ne fait disparaitre ni les aspirations sociales ni les aspirations nationalistes. Certains catholiques se rallient au régime, mais de nouvelles oppositions émergent. Dans ce climat, des « affaires » éclatent et fragilisent le régime. En 1892, le scandale de Panama implique des ministres et de nombreux députés (dont Clemenceau) qui se sont laissé corrompre par la Compagnie du canal de Panama désirant émettre un emprunt alors qu’elle était au bord de la faillite. Des ligues* nationalistes et antisémites* dénoncent la corruption du régime et entretiennent un climat antiparlementaire. Des atten- tats anarchistes* visent directement les représentants de l’Etat: le Président Sadi Carnot est assassiné a Lyon le 24 juin 1894. —> Vaffaire Dreyfus (1894-1899) est une crise politique majeure qui, par son ampleur et ses enjeux, a ébranlé les fondements de la République. Si au départ elle dépasse les cliva- ges politiques traditionnels, elle réactive durablement la division droite/gauche : a droite un mouvement nationaliste se structure ; 4 gauche, les socialistes achévent leur rapproche- ment avec la République en acceptant de participer 4 un gouvernement. i Lémergence d'une opinion publique —> Un nouvel acteur politique apparait : ‘opinion publique. Avec la liberté de la presse, les journaux se sont multipliés et interférent dans le débat public. L’Assiette au beurre, journal anarchisant, dénonce réguliérement les scandales. —> De méme, les intellectuels* prennent partie sur de grandes questions qui divisent Vopinion. C’est ainsi qu’en janvier 1898, Emile Zola® fait paraitre dans le journal de Clemenceau®, L’Aurore, une lettre ouverte au président de la République dans laquelle il dénonce la condamnation de Dreyfus et attaque l’état-major pour avoir sciemment couvert une injustice. 134 reete ey Anticléricalisme opposition a Vinfluence et 4 l'intervention du clergé dans la vie politique. Antiparlementarisme Le rejet des parlementaires au nom d’idéologies variées. Les nationalistes les rendent responsables d’un affaiblissement du pouvoir. L’extréme gauche préfére une démocratie directe au systéme représentatif qui favorise selon eux la bourgeoisie. Nationalisme Vidéologie qui place la nation, valeur supréme, au-dessus de tout, méme de la République. A cette époque, le nationalisme devient une valeur de droite. Opinion publique Les attitudes individuelles, les jugements et les convictions de la majorité de la population dont témergence et 'expression sont favorisées par la liberté de la presse et existence de lieux de débat. DEES > p. 336-337 > EEREESI + p. 338-341 Pee Assimilation : politique coloniale qui vise théoriquement & supprimer toute différence entre la métropole et ses colonies, en accordant la citoyenneté aux colonisés. Nationalisme : dans le contexte colonial, le terme désigne les mouvements qui, au nom du droit des peuples a disposer d’eux-mémes, revendiquent l'‘autonomie ou Lindépendance des colonies. eC 334 1. LEmpire francais en 1931 Les réalités de la colonisation correspondent- elles a l'image que veut en donner la propagande colonialiste ? DBD Les caractéristiques de l'Empire colonial frangais © Un immense empire. En 1931, Empire francais est a son apogée, avec plus de 12 millions de km? et 60 millions d'habitants. Il est au deuxiéme rang mondial apres Empire britannique. I s’étend sur tous les continents et forme avec la métropole une « plus grande France » de 100 millions d'habitants (voir p. 333). @ Une grande variété de situations administratives. Les colonies sont gérées par le ministére des Colonies et organisées en grandes fédérations (AOF, AEF), diri- gées par des gouverneurs généraux. L’Algérie, seule colonie de peuplement divisée depuis 1848 en trois départements (Alger, Oran, Constantine), dépend du ministére de UIntérieur. Les protectorats et les mandats sont rattachés au ministére des Affaires étrangéres (voir p. 333). ¢ Assimilation ou association ? On a longtemps opposé les colonisateurs fran- cais et britanniques, les premiers prénant l'assimilation et ‘administration directe, les seconds donnant la priorité a l'association et a Uindirect rule. En réalité, les admi- nistrateurs francais n'hésitent pas a s'appuyer sur les chefs locaux et les « évolués », y compris en Afrique subsaharienne (doc. 2). DB Une vision idéalisée qui triomphe en France © Lidéologie colonialiste. L'expansion coloniale est justifi¢e par la mission civili- satrice dont les Européens se disent investis. Ils affirment la supériorité de la culture et de la science européennes, et célébrent leur diffusion comme un progrés (méde- cine, éducation, chemin de fer, etc.) La France prétend assimiler les colonisés en leur inculquant les valeurs républicaines. © Un large soutien politique. Beaucoup voient dans la colonisation un reméde & la crise économique de 1929: les échanges avec les colonies pourraient compenser effondrement du commerce mondial. Depuis la fin de la guerre, la droite nationa- liste voit dans Empire un élément de puissance. La gauche radicale et socialiste, elle, condamne les excés de la colonisation mais pas son principe. © Une opinion convaincue. Les Francais, longtemps réticents, sont de plus en plus réceptifs a la propagande colonialiste, qui culmine avec la célébration du centenaire de lAlgérie francaise en 1930 et ‘Exposition coloniale de 1931. LEmpire fournit de multiples themes exotiques a la publicité, a la chanson ou au cinéma (doe. 1). Une réalité qui suscite des contestations © Des populations exploitées. Les intéréts de la France sont imposés aux indi= g8nes, les investissements sont insuffisants pour permettre les progrés promis et les colonies servent avant tout & fournir des ressources a la métropole. L'idéal de lassi- milation est sans cesse repoussé : les colonisés sont privés de droits par le régime pénal de Vindigénat et soumis au travail force. © Des contestations en métropole. Le parti communiste réfute lidée d'une supé- riorité de la race blanche et voit dans lexploitation des colonies par les métropoles la méme domination que celle exercée sur le prolétariat par la bourgeoisie. © Lamontée des contestations dans les colonies. Des révoltes ont lieu au Levant (Syrie, Liban) en 1925 et 1936, en Indochine en 1930. Des mouvements nationalistes sont créés, comme Etoile nord-africaine de Messali Hadj en Algérie en 1926 (doc. 3). (e parti communiste indochinois d'H6 Chi Minh (1930) ou le Néo-Destour d'Habib Bour guiba en Tunisie (1934). 55-9 La colonisation francaise jusqu’en 1931 trtcsecececeeceseeeeed Las @tapes de la colonisation ee hactacep D'un empire colonial a l'autre Du XVI au XVIll® siécle, les Francais s‘installent au Canada, en Guyane, aux Antilles et en Louisiane. Dans le cadre du commerce triangulaire, des es- claves sont acheminés d'Afrique pour travailler dans les plantations. * Au début du XIX* siécle, la France a perdu ses colonies d’Ameérique du Nord, mais elle intensifie sa présence en Afrique, notamment avec la prise d’Alger en 1830. « La Ils" République abolit Uesclavage (1848). Sous le Second Empire, les Francais occupent la Nouvelle-Calédonie, s'installent durablement au Séné- gal et en Indochine. Ell Attaque d’Alger par la mer, 3 juillet 1830, huile sur toile de Léon Morel-Fatio, 1830. Musée national des chateaux de Versailles et de Trianon. MYA Shc) Lessor de la colonisation © Sous la Illt République, la colonisation est relancée dans les années 1880 par les républicains. Ils veulent restaurer le prestige de la France aprés la défaite de 1871 et exaltent sa « mission civilisatrice ». * LAfrique est le terrain privilégié de la colonisation : les puissances euro- péennes se partagent le continent (« scramble for Africa »). Les régles du partage sont fixées par la conférence de Berlin (1884-1885). * La France étend alors son empire en Afrique du Nord, en Afrique subsaha~ rienne et & Madagascar, ainsi qu’en Indochine. EI La conférence de Berlin, caricature de Draner parue dans L'lllustration le 3 janvier 1885. Bismark partage le « gateau » africain. iki baa Les colonies au cceur des rivalités » En 1898, une expédition francaise dirigée par le capitaine Marchand et une armée anglaise commandée par lord Kitchener se retrouvent face a face 2 Fachoda au Soudan, sur les bords du Nil. L'affrontement est évité de jus- tesse : un accord est trouvé entre les deux puissances rivales. Cst ensuite (‘Allemagne qui provoque deux crises internationales en 1905 et en 1911 parce qu'elle dispute a la France le contréle du Maroc. La encore, les négociations permettent d’éviter que le colonialisme ne débouche sur la guerre entre les puissances européennes. El La mission Marchand, vers 1898. 1914-1931 La guerre et ses conséquences * Toutes les colonies participent & l'effort de guerre. Elles fournissent des matiéres premigres et des hommes qui viennent travailler ou combattre en Europe. + En janvier 1918, le président américain Wilson affirme le droit des peuples a Vautodétermination : le colonialisme commence a étre remis en cause. * Les colonies des pays vaincus (Allemagne, Empire ottoman) sont confiées par la SDN au Royaume-Uniet a la France sous la forme de « mandats ». La France recoit le Togo, le Cameroun, la Syrie et le Liban. EI « La Guerre 1914-1915, Amiens : Le passage de l'armée d'Afrique. », carte postale ancienne. 330 La guerre en France ™ La guerre, que les Francais imaginaient courte, s’éternise et ravage le pays. Elle mobilise la population tout entiére et fait taire, temporairement, les divisions politiques et religieuses. @ Une nation dans la guerre —> Les forces politiques soutiennent l’effort de guerre : méme les socialistes, perturbés par l’assassinat de Jaurés® le 31 juillet 1914, entrent dans l'Union sacrée. LVEglise catho- lique s’y rallie également, malgré les luttes qui l'ont opposée au régime républicain : elle pense que les épreuves raméneront les Francais a la foi. L’adhésion de la population a la guerre est aussi assurée par la « mobilisation des consciences » (Romain Rolland) : l’Etat encadre la presse par la censure militaire et le « bourrage de crane », dénoncés par quel- ques journaux comme Le Canard Enchainé. > Toutefois, cet apaisement des luttes religieuses et politiques s’explique parce que Von pense que la guerre sera gagnée en quelques semaines, quelques mois au plus. Cette illusion dure jusqu’en 1916. En 1917, les difficultés multiplient les mutineries* au front et les gréves a l’arriére. L’Union Sacrée est rompue par le retour des socialistes dans Vop- position. Une forte personnalité, Clemenceau®, est nommée a la présidence du Conseil, le Parlement est moins consulté et des politiques, accusés de défaitisme comme le ministre de l’Intérieur Malvy, sont poursuivis. Cette politique assure le retour a un équilibre, certes fragile, mais qui tient jusqu’a l’armistice. @ Un territoire ravagé par la guerre —> La France est partagée par la plus longue ligne de front continu du conflit, elle est le théatre de grandes offensives meurtriéres en Artois en 1915, a Verdun et sur la Somme en 1916, au Chemin des Dames en 1917. Le territoire est ravagé par les bombardements qui stérilisent les terres. Verdun reste la bataille symbole des Francais, 300 000 y sont morts et par le roulement des unités, presque tous les soldats y sont 4 un moment ou un autre passés. Les combattants subissent des violences atroces : si les corps a corps glorifiés par la propagande sont finalement peu nombreux, ce sont les bombardements qui pulvérisent les corps, et 'hécatombe est lourde (78 000 morts en 4 jours pendant l’offensive Nivelle en 1917). Les soldats tiennent néanmoins grace 4 leur patriotisme, a la solidarité qui les unit, au lien maintenu avec les familles par la correspondance. —» LaFrance mobilise aussi des soldats en provenance des colonies. Les tirailleurs séné- galais participent a la deuxiéme phase de l’offensive a Verdun et a la bataille de la Somme. Néanmoins les généraux hésitent a les envoyer en premiére ligne, et redoutent des troubles dans les colonies. Les Asiatiques (Annamites et Chinois) sont plus volontiers employés a des travaux de génie, ou remplacent des ouvriers de l’armement dans les usines. B « Uarriére tiendra » —> Aarriére, cette violence se répercute sur les civils par le deuil, les conditions de vie difficiles. Les femmes assument des taches jusqu’a présent réservées aux hommes, en plus des leurs. Elles sont prés de 400 000 sur un total de plus de 1,5 million ouvriers de Varmement en 1917, soit plus du quart. Méme les enfants sont invités a soutenir les com- battants, voire a participer a la guerre. —> La situation des populations des zones occupées derriére le front est encore plus dif- ficile. Les habitants du Nord sont contraints de travailler pour 'ennemi et plus d’un millier de personnes est emmené en otages en Allemagne jusqu’en 1918. 194 NOTIONS Défaitisme Uaccusation portée contre ceux qui tiennent des propos hostiles a la continuation de la guerr ou qui ne croient pas ala victoire. Union sacrée Le rassemblement de toutes les forces politiqu derriére le gouvernemen pour soutenir l'effort de guerre. Ceci implique, p: exemple, le vote des cré de guerre a l'Assemblée La France enlisée dans la crise économique @ En France, la crise économique se manifeste plus tard et avec moins d’ampleur qu’ailleurs. Mais elle y est plus durable et sape les bases sociales de la République. @ Une crise de langueur —> En 1929-1930, la France connait des records de production, le franc reste solide. Les Francais sont persuadés de la supériorité de leur systéme économique qui a su se préser- ver du grand capitalisme et ainsi de la crise mondiale qui s’est propagée a la suite du krack boursier* de Wall Street, le 24 octobre 1929. La réalité est plus inquiétante : des structures productives archaiques, une économie a l’écart des grands courants commerciaux et finan- ciers, un marché intérieur réduit par le déficit des naissances. —> En 1931, les exportations chutent, d’autant plus que la dévaluation™ de la livre ster- ling rend les produits francais moins compétitifs. La dépression* touche plus particulié- rement les secteurs exportateurs : l’agriculture commerciale, comme la viticulture, et les industries soumises a la concurrence étrangére comme la sidérurgie ou le textile. Les prix de gros sont divisés par deux entre 1929 et 1934. Faute de profits, les industriels cessent d’investir. Les faillites se multiplient. On assiste cependant 4 un mouvement de concen- trations* qui permet aux grandes entreprises de résister: ainsi Michelin rachéte Citroén en 1935. Il faut attendre la fin de l'année 1938 pour retrouver la croissance. @ Des réponses inadaptées —> Les gouvernements successifs appliquent des remédes qui s’attaquent davantage aux effets de la crise qu’a ses causes. Ils ne font ainsi que prolonger la dépression. —> Obsédés par le déficit budgétaire* (5 milliards en 1931, 10,5 milliards en 1935), ils augmentent les impéts et baissent les dépenses publiques : réduction du traitement des fonctionnaires, des retraites et méme des pensions des anciens combattants, diminution des commandes de l’Etat. Ces mesures trés impopulaires aggravent la crise : ce sont des commandes en moins pour les entreprises, une consommation qui diminue encore. —> Attachée a une monnaie forte, la France se refuse a dévaluer et perd des parts de marché face notamment 4 la production britannique et américaine. Pour faire face au déficit commercial, les gouvernements préférent renforcer le protectionnisme* et privilégient le commerce avec l’empire colonial. Bl Les victimes de la crise —> Le revenu agricole est celui qui subit la plus forte baisse. Cependant, les paysans qui ont un poids prépondérant dans l’électorat, bénéficient de l’attention particuliére des gouvernements : soutien des cours agricoles, moindre pression fiscale... —> Le chémage, moins massif que dans les autres pays industrialisés, atteint malgré tout 864 000 personnes en 1936, soit 10 % de la population active auxquels il faut ajouter deux millions de chomeurs partiels. Pour une main-d’ceuvre payée 4 l’heure, cette chute de Vactivité correspond a une baisse du salaire. La crise de l'emploi touche essentiellement les ouvriers qui ne bénéficient d’aucune protection sociale. Les marches de la faim révélent une misére profonde. —> Les classes moyennes n’échappent pas a la baisse du pouvoir d’achat et au chomage. La crise compromet surtout leurs espoirs d’ascension sociale. Le mécontentement est général et s’exprime 4 la fois contre les étrangers accusés de voler le travail des Frangais et contre un régime jugé incapable. La France en peril ? @ Avec la crise économique, la IIl* République vacille. Dans un contexte troublé, la vie politique est marquée par une agitation chronique. @ De la crise des institutions a la crise de civilisation —» Face l’échec des politiques anti-crise, les gouvernements tombent les uns aprés les autres. Dans un régime parlementaire ol les forces politiques sont émiettées, l’instabilité ministérielle est chronique. Durant la décennie, dix-huit gouvernements se succédent. Certains hommes politiques envisagent en vain une révision de la Constitution. —> Au-dela du discrédit du régime, tout l’ordre politique et social est remis en cause. Une nouvelle génération d’intelleciuels*, déja marquée par les désillusions nées de la guerre, s’engage politiquement et cherche de nouveaux modéles en Allemagne, en Italie ou en URSS. Le fascisme* attire certains écrivains qui y voient une chance de régénération pour la civilisation occidentale. D’autres se reconnaissent dans l’idéal révolutionnaire du Parti communiste et de l’extréme gauche. —> Le théme du déclin de la France se répand. Il est alimenté par la crise démographique, Vexode rural*, la déchristianisation* et le passage a une culture de masse* qui entrainent la perte des repéres traditionnels. & Les ligues 4 lassaut du régime ? —> Liinstabilité ministérielle et les scandales politico-financiers alimentent V’antiparle- mentarisme des ligues*, et notamment celles d’extréme droite. Ces derniéres entretien- nent, dans la rue et dans leurs journaux, un climat d’agitation teinté d’antisémitisme* et de xénophobie*. —> Ala fin de année 1933, l’affaire Stavisky, qui implique des ministres et des députés radicaux dans une vaste escroquerie, cristallise les mécontentements. La démission du président du Conseil, Chautemps, et la nomination de Daladier® ne calment pas les atta- ques de l’extréme droite. Les ligues et des associations d’anciens combattants appellent a manifester le 6 février 1934, le jour méme oli Daladier se présente a la Chambre. La mani- festation dégénére en émeute : 15 morts, 1 500 blessés. Le lendemain, la gauche fustige une tentative de coup de force fasciste tandis que la droite dénonce la répression. Daladier est remplacé par Doumergue. Cette journée ne peut étre considérée comme une tentative de coup d’Etat, mais elle est le symptéme d’une vie politique trés violente. Pour la premiére fois, la rue a renversé un gouvernement. & Cunion de la gauche dans un front antifasciste —> En réponse au 6 février, la gauche manifeste en ordre dispersé le 12. Le PCF, qui jusqu’a présent refusait l’alliance avec des partis de gouvernement, prend l’initiative d’un « Front populaire » unissant les forces de gauche contre le fascisme. Le 27 juillet 1934, un pacte d’unité et d’action est passé entre communistes et socialistes, auquel se joignent les radicaux en juin 1935. —> Ces trois partis organisent une manifestation unitaire le 14 juillet et définissent une plate-forme électorale : lutte contre le fascisme, dissolution des ligues, défense des droits syndicaux, de l’école laique, nationalisation* des industries de guerre, intervention de VEtat dans l'économie. Le 26 avril, la gauche gagne les élections avec un avantage a la SFIO*. Léon Blume forme un nouveau gouvernement dans lequel entrent pour la premiére fois des femmes. Le PCF, dirigé par Maurice Thorez, soutient sans participer. 238 renee ey Crise de civilisation Le sentiment de perte des repéres et des valeurs traditionnels dans une société en mutation. Extréme droite Ce terme recouvre des tendances politiques diverses. Ces « extremes droites » ont en commun le rejet du régime parlementaire, la demande d’un pouvoir fort, l'anticommunisme, le nationalisme et pour la plupart Vantisémitisme et la xénophobie. Instabilité ministérietle La succession rapide de gouvernements. Durant la lilt République, ils reposent ‘sur des coalitions de partis a Assemblée et sont donc instables. Le Front populaire : espoirs et déceptions @ L’avénement du Front populaire fait espérer une ére nouvelle. La parenthése se referme vite et laisse place aux déchainements de haine et au doute. H 1936, « tout est possible » ? —> Les ouvriers placent dans la victoire électorale du Front populaire, qui pour la premiére fois améne un socialiste au pouvoir, Vespoir de reconquérir leur dignité. Des « gréves dela joie » éclatent en mai dans tout le pays. —> Le Front populaire y répond par les lois sociales de l’été 36 : les accords Matignon prévoient une augmentation des salaires de 7 4 15 % et généralisent les conventions col- lectives*. L’Assemblée vote les deux semaines de congés payés et la semaine de 40 heures. Cest une révolution pour des salariés qui n’ont jamais connu de vacances, travaillant par- fois depuis lage de 13 ans. Léo Lagrange, ministre du Sport, de la Culture et des Loisirs, initie une politique culturelle ambitieuse. Auberges de jeunesse, théatre, cinéma social et populaire sont encouragés. Enfin, l'age de la scolarité obligatoire passe de 13 4 14 ans. > Pour remédier @ la crise, le gouvernement engage un plan de grands travaux et sou- tient les prix agricoles (Office du blé). Cet interventionnisme* s’accompagne de nationalisa- tions* : Banque de France, SNCF et industries de suas, @ 1937, « une pause nécessaire » —> Les mesures de relance* ne font pas reculer sensiblement le chémage et entrainent une inflation qui oblige le gouvernement a dévaluer le franc en septembre. Dés février 1937, Blum® annonce une « pause » dans la politique de réformes. —> La droite s’empare de ces échecs pour se ressaisir et relaie la peur d’un patronat qui croit voir dans les gréves la menace d’une révolution. L’extréme droite de plus en plus violente agite le spectre du communisme. Sa presse s’acharne dans des attaques person- nelles : Blum subit des injures antisémites* et le ministre de l’Intérieur Roger Salengro est acculé au suicide, accusé a tort d’avoir déserté pendant la guerre. —> Mais l’échec du gouvernement s’explique surtout par les dissensions internes. Les commurnistes jugent les mesures trop libérales et critiquent le refus d’intervenir dans la guerre civile espagnole aux cdtés des Républicains contre Franco®. Les radicaux se font cho des classes moyennes et des paysans qui se sentent oubliés des réformes. Blum démissionne en juin 1937. NOTION Front populaire Le nom donné a l'union électorale constituée par les forces politiques de gauche, socialistes, radicaux et communistes, qui gagnent les élections du printemps 1936. Elle désigne également les gouvernements qui se sont succédé entre juin 1936 et avril 1938. La période du Front populaire a été marquée par d’importantes lois sociales (congés payés, 40 heures...). Le Front populaire : une coalition fragile B La France 4 la veille de la guerre —> Le gouvernement du radical Daladiere, formé en avril 1938 marque la fin du Front populaire, car la coalition éclate. Il revendique une politique plus pragmatique et veut « remettre la France au travail ». —+> Ala veille de la guerre, le pays souffre d’une crise morale. La dépression qui n'est pas surmon- tée, le vieillissement de la population, la soi-disant faiblesse militaire dont le Front populaire est jugé | responsable, font douter les Francais de la puissance du pays. Le pacifisme* domine chez les munichois*, préts & tous les abandons face a Hitlers. Les anti- ME Comaie I Sttaletee o Ss munichois*, trés minoritaires, sont favorables 4 une Centre-droit Mill Droite politique de fermeté. ys Cabineg Se Al et 0; 1939 aay, ‘@® Radicaux et divers gauche 240 PEM > p. 300-301 eee ci ERC eed (1936-1940) 598 députés HE Communistes lll Socialistes Radicaux et Partis Pe eeeae de droite eu Front populaire : coalition créée en 1935 par des partis de gauche (parti radical, SFIO, parti communiste, etc), des associations (Ligue des droits de homme, Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, etc.) et des syndicats (CGT, Syndicat national des instituteurs, etc.). Le Front populaire élabore un programme commun et des accords de désistement dans la perspective des élections de 1936. VOCABULAIRE Convention collective ou contrat collectif: texte définissant les conditions de travail et les salaires dans une branche professionnelle, Discipline républicaine : désistement automatique des candidats de gauche en faveur du mieux placé dentre eux pour le second tour d'une élection. ‘SFIO (Section francaise de Uinternationale ouvriére) : parti socialistecrééen 1905. 298 1. Le Front populaire et la question ouvriére | Comment le Front populaire a-t-il amélioré t le sort des travailleurs ? DBD Le triomphe d'une coalition de gauche inédite (juin 1936) @ Une réponse a la crise. La peur du danger fasciste, aprés 'meute antiparie~ mentaire du 6 février 1934, approche les partis, les associations et les syndicats de gauche. lls fondent en 1935 une coalition nommée Front populaire, pour contre le fascisme, préserver la paix, mais aussi résoudre la crise économique. La France compte alors plus de 400 000 chémeurs et la politique de rigueur du gouvernement de centre droit mécontente les travailleurs. En 1935, de violentes gréves éclatent 4 Brest, dans les arsenaux de Etat, en raison d'une baisse des salaires. @ Lavictoire électorale. Dans le domaine économique, le programme de la gauche prévoit la fin de la rigueur et une forte intervention de Etat pour relancer la consom- mation. Mais il reste modéré, pour ne pas effrayer les classes moyennes, Grace a cet effort et 8 la discipline républicaine, le Front populaire obtient la majorité absolue a le Chambre des députés en juin 1936. La SFIO dispose du principal groupe parlemen- taire. Son chef, Léon Blum, forme alors avec des socialistes et des radicaux un gouver- nement (doc. 1), que le parti communiste soutient, mais auquel il refuse de participer. DB Les réformes sociales (juin 1936-février 1937) e Laccord Matignon. L'espoir suscité par cette victoire conduit 2,5 millions de sala- riés a faire la gréve et a occuper leur lieu de travail (doc. 2). A la demande du patro- nat et des syndicats, Léon Blum organise alors une négociation entre les partenaires sociaux, qui aboutit le 7 juin 1936 a l'accord Matignon. Celui-ci prévoit une hausse des salaires, la signature de conventions collectives, 'élection de délégués du personnel et le libre exercice du droit syndical dans lentreprise. ¢ Des loisirs pour tous. Pour offrir aux salariés un vrai temps de repos, mais aussi pour diminuer le chomage en partageant 'emploi existant, deux lois sont votées. Lune limite 8 40 heures la durée hebdomadaire du travail, autre accorde aux salariés des congés payés (voir p. 300-301). Léo,Lagrange, sous-secrétaire d'Etat aux loisirs et aux sports, encourage les auberges de jeunesse et crée les billets de train 8 prix réduit afin dinciter les travailleurs a partir en vacances. Jean Zay, ministre de Education et des Beaux-Arts, fixe obligation scolaire 4 14 ans au lieu de 13 ans, développe le réseau des bibliothéques et tente de mettre le théatre a la portée de tous. La fin du Front populaire (février 1937-avril 1938) © Des difficultés croissantes. La droite soppose a des réformes qui, selon elle, ouvrent la voie a la révolution communiste et aggravent la crise (doc. 3), En effet, le chémage reste fort et les gréves reprennent, car (augmentation des prix annule lef- fet des hausses de salaires. Les investisseurs sont hostiles au Front populaire, ce qui entraine la fuite de leurs capitaux vers l étranger. Enfin, les tensions internationales obligent a un réarmement qui creuse le déficit de Etat. Léon Blum doit donc arréter les réformes en février 1937 © Une lente agonie. Le parti communiste dénonce cette pause et condamne la poli- tique de « non-intervention » dans la guerre civile espagnole. Les radicaux, inquiets des problémes économiques, poussent Léon Blum a la démission en juin 1937. Les tentatives suivantes pour ressouder la majorité échouent et, en avril 1938, les radi- caux quittent le Front populaire pour gouverner avec la droite. Malgré sa briéveté, le Front populaire reste un moment mythique dans esprit des travailleurs car, pour la premiere fois, un gouvernement a eu pour priorité amelioration de leur sort LE REGIME DE VICHY ® A partir de juillet 1940, la ville de Vichy accueille un gouvernement qui rejette la République, appelle 4 une « Révolution nationale » et collabore avec l’Allemagne nazie. @ La démocratie reniée —> Le 16 juin 1940, le maréchal Pétain® est nommé président du Conseil. Le « héros de Verdun » apparait 4 84 ans comme un « sauveur » aux yeux des Francais traumatisés. —> Le 10 juillet 1940, députés et sénateurs donnent, a une forte majorité, tous pouvoirs au maréchal Pétain pour promulguer la nouvelle constitution de « l’Etat frangais ». Il se nomme aussit6t chef de l’Etat, concentre les pouvoirs exécutif et législatif et se donne le droit de désigner son successeur. Le Parlement ne joue plus aucun réle. —> Le nouveau régime bafoue les droits de homme. Promulgué en octobre 1940, hors de toute contrainte allemande, un statut des Juifs francais leur interdit 'accés a certains emplois. Des personnalités politiques de la IIl* République sont internées. Certaines sont jugées & Riom en 1942 tel Blum®. Les syndicats sont interdits. La presse et la radio sont censurées, Les Juifs étrangers et les réfugiés politiques sont regroupés dans des camps. @ Une Révolution nationale ? —> Le projet pétainiste impose une vision réactionnaire de la France en revenant sur tous les acquis libéraux depuis la Révolution francaise. La devise de la République, « Liberté, Egalité, Fraternité », est supprimée au profit de « Travail, Famille, Patrie ». —> Une intense propagande préne l’obéissance au chef. Les corporations*, réunissant employés et employeurs sont censées mettre fin a la lutte des classes. La famille tradition- nelle est glorifiée et les femmes sont incitées a rester au foyer. V’appartenance 4 la nation est réduite aux « Francais de souche » et le droit du sol* est remis en cause au profit d’une vision « raciale ». —> Pour réaliser son programme réactionnaire, Vichy compte sur ’école, fermement enca- drée, le culte du Maréchal, les chantiers de jeunesse... —> Si les Francais sont dans leur majorité maréchalistes, la Révolution nationale ne les touche que trés superficiellement. Ils sont accaparés par les difficultés quotidiennes et peu peu écceurés par la collaboration. @ Une collaboration qui devient soumission —> Inaugurée & Montoire, la collaboration d’Etat menée par Pétain, Darlan® et Lavale, est censée sauvegarder les pouvoirs de Vichy, adoucir les conditions d’armistice et ménager une place honorable pour la France dans le « nouvel ordre européen », —> La poursuite de la guerre ruine ce calcul. En novembre 1942, les Alliés occupent l’em- pire colonial d’Afrique. Les Allemands entrent en zone libre. La flotte, basée 4 Toulon, se saborde pour ne pas tomber entre leurs mains. Vichy perd son semblant de souveraineté. La collaboration évolue en soumission quasi-totale, encouragée par les collaborationnistes*. —> Lacollaboration prend des formes diverses. La fonction publique est mise au service de Voccupant ainsi déchargé des taches administratives. En matiére économique, une grande partie de la production est envoyée en Allemagne. La « Reléve* » fournit une main-d’ceuvre aux usines allemandes avant que ne soit imposé le STO* en février 1943. > La collaboration la plus honteuse implique la responsabilité de Vichy dans les rafles et la déportation des Juifs parqués dans des camps de transit francais et dans la chasse aux résistants menée par la milice*, dirigée par Darnande, 340 Wy Vattachement ala personne du maréchal Pétain, alimenté par un véritable culte de l'image patemelle du héros de Verdun, qui fait « don de [sa] personne ala France». Pétainisme - Uadhésion aux valeurs de la Révolution nationale. Révolution | La politique du gouvernement de Vichy, en rupture avec la République, qui vise a réorganiser la France autour de valeurs réactionnaires (nationalisme -défensif, ordre moral, élitisme) et a instaurer une société hiérarchique. Des résistants a la résistance @ Par leur combat, les résistants maintiennent la France dans le camp des adver- saires de l’Allemagne et jettent les bases de sa participation a la victoire. @ La France libre —> Le 18 juin 1940, a la radio de Londres, le général de Gaulle® appelle les Francais a continuer le combat. Dés le lendemain, il parle « au nom de la France » et prétend assumer un pouvoir politique légitimé par le refus de la défaite et de la soumission a l’ennemi. —> Les ralliements a la France libre restent longtemps limités. Quelques Francais rejoi- gnent Londres. Dans l’empire colonial, l'Afrique équatoriale francaise, Tahiti, la Nouvelle- Calédonie se rangent au cété du général de Gaulle. —> La place de la France libre dans la guerre s’affirme cependant peu 4 peu. Elle se dote de structures de décisions, amorce d’un gouvernement qui se veut respectueux des princi- pes de la République. A Bir Hakeim, dans le désert de Libye, les troupes francaises libres, en juin 1942, tiennent téte a l’'armée allemande. Enfin, par l’intermédiaire de la radio, les Francais libres font entendre leur voix sur le continent. @ Les résistances intérieures —> Dés juin 1940, des actes isolés montrent que quelques Francais pensent que « celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend». Peu a peu, se constituent des « réseaux »* qui fournissent des renseignements a Londres, organisent des filiéres d’éva- sion, des sabotages. Des « mouvements »* se donnent pour objectif principal d’obtenir grace a des tracts ou des journaux clandestins, l’adhésion de la population. —> Laclandestinité, et surtout les sensibilités politiques ou idéologiques différentes ren- dent difficiles les liaisons entre résistants. En effet, les rangs de la résistance rassemblent aussi bien des chrétiens militants regroupés dans le mouvement Liberté, des nationalistes de droite comme Emmanuel d’Astier de la Vigerie, ancien de l’Action francaise, des socialistes que des communistes dont la branche armée, les FTP, est dirigée par Charles Tillon. Leurs motivations sont diverses : refuser Voccupation, combattre le nazisme ou lutter contre le régime de Vichy. —> Les effectifs de la résistance intérieure s’accroissent cependant. L’été 1941 marque l'engagement en nombre des communistes dans la lutte armée. Des maquis* se dévelop- pent a partir de 1943, alimentés par les réfractaires au STO*. Ils ménent des actions de harcélement et de sabotage contre l’occupant. Les persécutions nazies poussent vers la résistance une partie de ceux qui, en 1940, avaient placé leur confiance en Pétain®. ® Uunification —> En février 1943, Jean Moulin®, envoyé par de Gaulle, obtient la création d’un Conseil national de la résistance qui regroupe les représentants des principaux mouvements (sud et nord) mais aussi quelques hommes politiques et responsables syndicaux. Le CNR orga- nise une armée intérieure : les Forces francaises intérieures (FFI). —> Aprés leur débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942, les Américains, bien qu’ayant longuement hésité a reconnaitre la légitimité du général de Gaulle, lui apportent leur appui. Alger devient, a partir de l’'automne 1943, la capitale de la France combattante. Une assemblée consultative réunit les représentants de la résistance et des élus de la Ill République ralliés 4 de Gaulle. Un Gouvernement Provisoire de la République francaise est formé juste avant le débarquement en Normandie. 344 reeled France libre Ce terme désigne les troupes, les colonies et ceux ayant fui a Londres, qui se sont placés sous l’autorité du général de Gaulle. Das 1941, Churchill reconnait ces Frangais libres comme les seuls représentants légitimes de la France. Leur armée, les Forces francaises libres (FFL), se bat aux cotés des Alliés. La Libération @ La participation des forces frangaises a la Libération et aux derniers combats contre l’Allemagne atténue l’humiliation de la défaite de 1940 et la honte de la collaboration. Elle permet a la France de figurer parmi les vainqueurs. @ Lattente —> Dés 1941, la confiance de la majorité des Francais dans le régime de Vichy disparait méme si le maréchal reste trés populaire. Le pillage de l'économie francaise, les exécutions d’otages, l’invasion de la zone libre, les convois de déportation des Juifs font passer l’opi- nion de l’attentisme a la franche hostilité 4 occupant. —> Ventrée en guerre des Etats-Unis, le débarquement anglo-saxon en Afrique du Nord, la défaite des Allemands a Stalingrad, la chute de Mussolini affermissent peu a peu l’espoir d'une victoire alliée annoncée par la BBC que les Francais écoutent clandestinement. En 1944, la majorité d’entre eux vit dans l’attente d’un débarquement. @ La Libération —> La Libération est largement l’ceuvre des Alliés. Cependant, la participation francaise est loin d’étre négligeable. Le débarquement de juin 1944 entraine la multiplication des sabotages. Les maquis* entrent en lutte contre l’occupant pour retenir le maximum de ses forces loin de la Normandie. Dans le Vercors, ils sont décimés par l’'armée allemande. —> Le 19 aofit 1944 marque le début de l’insurrection a Paris ot la division blindée de Leclerc® entre le 25 aot. Le lendemain, une foule énorme y acclame de Gaulle®. Les FFL commandées par le général de Lattre de Tassigny participent au débarquement en Provence du 15 aoit 1944. Le repli des armées allemandes s’accompagne de massacres de civils (Oradour-sur-Glane). —> Venthousiasme qui entoure le général de Gaulle, conforte sa légitimité de chef du Gouvernement provisoire. Cependant, il doit tenir compte des autres forces politiques de la Résistance. Il convainc Maurice Thorez, de retour de Moscou, d’incorporer les FTP al’armée réguliére en septembre 1944. En contrepartie, les différentes tendances sont représentées dans le GPRF. —> La libération du territoire s’accompagne d’une épuration sauvage. Ceux qui sont soup- connés d’avoir collaboré ou profité de la guerre sont parfois exécutés sans jugement. Les femmes qui ont connu une aventure amoureuse avec un soldat allemand sont tondues. Mais rapidement, des cours de justice sont mises en place dont la sévérité s’atténue avec le temps. Pétain® et Laval* sont jugés et condamnés a mort en 1945. Pétain est finalement gracié. @ La France dans le camp des vainqueurs —» Varmée francaise participe a l’invasion de l’Allemagne. Cette action militaire permet a la France de figurer parmi les pays qui recoivent la capitulation allemande. A la conférence de Yalta en février 1945, a laquelle de Gaulle n’a pas été convié, la France, a la demande de Churchill®, se voit attribuer une zone d’occupation du territoire allemand. Elle devient aussi un des cing membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. —> Mais ces satisfactions ne doivent pas faire illusion. En mai 1945, l’armée francaise, dont l'armement a été largement fourni par les Alliés, ne comptait que 1,3 million d’hom- mes contre 12 millions d’Américains et 20 millions de Soviétiques. Une grande partie des effectifs francais qui ont participé aux combats, au moins jusqu’en octobre 1944, était constituée de troupes coloniales. « De 1942 41944, écrira de Gaulle, c’est une armée aux trois quarts africaine qui représente l’6pée de la France ». 348 et la participation 4 la victoire NOTIONS Attentisme La passivité de la majorité des Frangais, ni collaborateurs, ni résistants, face a l'occupation. Epuration sauvage Latraque des collaborateurs, miliciens, auxiliaires de la gestapo, profiteurs du marché noir, qui aboutit souvent a des exécutions sommaires. Elle prend parfois l'allure de véritables réglements de comptes. Elle s’étend de juin a novembre 1944, avant d’étre relayée par une épuration légale : procés qui respectent le droit. DEES p. 170-171 eo caro he ec Révolution nationale : nom donné par Pétain & son programme de « régénération » de la France, en réaction contre les principes de 1789. 1428 a Uheure allemande i Pourquoi U'Etat francais s‘engage-t-il f dans la collaboration avec l'Allemagne nazie ? DB Le choc de la défaite @ La débacle militaire. Le 10 mai 1940, 'armée allemande lance une offensive sur la Belgique, les Pays-Bas et la France. Le 14 juin, Paris, Rennes et Nantes sont prises. 100 000 soldats francais sont tués, 200 000 blessés et 2 millions prisonniers. 8 millions de civils, paniqués, errent en quéte d'un refuge sur les routes de France bombardées par aviation allemande : c'est « 'exode ». @ Lerecours a Pétain. Affaibli par la déroute militaire, le président du Conseil Paul Reynaud démissionne le 16 juin. Il est remplacé par son vice-président, le maréchal Pétain, héros de la Premiére Guerre mondiale, qui souhaite mettre un terme a une guerre qu'il estime définitivement perdue pour la France. Le 17 juin, il annonce aux Francais qu’« il faut cesser le combat » et, le 22 juin, conclut un armistice avec lAlle- magne. La France doit démobiliser ses troupes et livrer l'essentiel de son armement & occupant (doc. 3). e La France occupée et pillée. Le pays est divisé entre une partie nord, ou (ar- mée allemande régne en maitre, et une partie sud, dite « libre », placée sous l'autorité directe du maréchal Pétain (voir p, 166). Cette derniére est cependant envahie par les troupes allemandes en novembre 1942. La France est soumise & un veritable pillage: elle doit verser quotidiennement 20 millions de marks d'indemnités d'occupation. Cel entraine des pénuries et contraint les Frangais a un strict rationnement alimentaire, & moins de recourir 8 un marché noir aux prix exorbitants. DB Le régime de Vichy La République abolie. Le 10 juillet 1940, les parlementaires, déboussolés par Uampleur du désastre, accordent a Pétain les pleins pouvoirs pour rédiger une nou- velle Constitution. Depuis Vichy, ot il a installé son gouvernement, Pétain annonce dés le lendemain l'instauration d'un nouveau régime, l'« Etat francais », dont le chef cumule les pouvoirs exécutif et législatif. Les assemblées sont « ajournées jusqu’a nouvel ordre ». Le maréchal gouverne ainsi a sa guise. @ Une politique d’exclusion. Attribuant la défaite a un déclin des valeurs tradi- tionnelles, le nouveau régime entend mettre en ceuvre une « Révolution nationale » que résume sa devise : « Travail, Famille, Patrie » (doc. 1). Sa propagande dénonce (« anti-France » formeée par les immigrés, les francs-macons, les communistes et les juifs. Ces derniers sont victimes d'une législation discriminatoire (voir p. 170-171) Le choix de la collaboration © Lacollaboration d'Etat. Pétain estime qu'en secondant volontairement les nazis, il obtiendra un allégement des conditions de armistice et la libération des prison niers de guerre francais. I tente ainsi en vain d'assurer a la France une place de choix dans le nouvel ordre européen nazi (doc. 2). C’est pourquoi le gouvernement francais organise l'arrestation et la déportation des juifs vers les camps d’extermination. Ik met également en place le systéme de la « rel&Vé », auquel succéde en 1943 le STO. e Le collaborationnisme. La collaboration n‘est pas le seul fait de l'Etat, mais est aussi pratiquée par certains Francais, par intérét ou parce quils sont idéologiquement proches des nazis. Certains s’engagent dans l'armée allemande et vont combattre sur le front russe (doc. 4). D'autres rejoignent la Milice francaise, créée par Joseph Dar- nand en 1943. Ils assistent la Gestapo dans sa traque des juifs et des résistants sur le sol francais, en recourant a la torture et aux exécutions sommaires. Maurice Thorez Seerétaire général du PCF de 1930.8 1964. Aprés-guerre, le PCF est le premier parti de France. De Tripartisme Le nom donné @ Ualliance formée par le PCF [Parti communiste francais} dirigé par Maurice Thorez®, la SFIO (Section francaise de UInternationale ouvriére) dirigée par Léon Blum et te MRP (Mouvement républicain populaire) dirigé par Guy Mollet®, puis Georges Bidault et Robert Schuman® lors de Uélection de Assemblée nationale constituante en 1946, Le tripartisme permet le vote de le Constitution de la IV® République en octobre 1946, La France se reléve : le tripartisme (1944-1947) Les courants politiques issus de la Résistance s’efforcent dés 1944-1945 de maintenir union née de la guerre, mais ils ne tardent pas a se diviser. WB Une France a reconstruire == Le Gouvernement provisoire de la République francaise (GPRF], dirigé par le général De Gaulle® intégre les diverses forces politiques issues de la Résistance et concentre ses efforts sur le retour a la légalité et Uapplication du programme du Conseil national de la Résistance*. = Le gouvernement restaure progressivement son autorité : ('épuration* s‘opére dans un cadre juridique légal avec la création de tribunaux spéciaux et d’une Haute Cour de justice, les groupes armés de la Résistance sont intégrés dans larmée. Ces mesures s‘accompa- gnent d'une volonté de moderniser UEtat: la réorganisation de la fonction publique et la création de (ENA* qui doit permettre de former les nouvelles élites de la France. = Lamodernisation de l'économie francaise passe par la nationalisation* des secteurs-clés de ‘économie: Charbonnages de France, banques, assurances, électricité et gaz (création d'EDF et de GDF], transports aériens. Certaines entreprises ayant collaboré [Renault] sont également nationalisées. Par ailleurs, la création des comités d'entreprise a pour but d’intro- duire plus de démocratie dans le monde du travail. Enfin, la création de la Sécurité sociale* et des allocations familiales répond a la volonté de mettre en place un Etat-providence*. WEE La difficile naissance de la IV* République = Le 29 avril 1945, les Francais élisent une Assemblée constituante. Les femmes votent pour la premiére fois. Ce droit de vote leur a été accordé car, dans esprit du Gouvernement provisoire, il était impensable que « la délivrance de la patrie n’entrainat pas une émanci- pation de la femme ». Mais adoption de la Constitution divise la classe politique. == De Gaulle et les partis s‘opposent sur la question du poids respectif de Uexécutif et de (Assemblée. De Gaulle démissionne le 20 janvier 1946 et fonde en 1947 le RPF (Rassemblement du peuple francais] hostile au nouveau régime. = Cvest ensuite la répartition du pouvoir législatif entre une ou deux assemblées qui est au cceur des débats. Un premier projet, inspiré par les communistes, prévoyant une assem- blée unique et toute puissante, est rejeté par les Francais. Une seconde Assemblée consti- tuante, dominée par le MRP, s’accorde sur un régime bicaméral*. Ce texte propose finale- ment un régime proche de celui de la IIl® République. || n'est approuvé que par une faible majorité des Francais (53 % des suffrages] en octobre 1946. HE Le tripartisme et ses faiblesses == En 1947, Vincent Auriol* (SFIO) devient président de la République et Paul Ramadier® (SFIO) chef d'un gouvernement tripartite éphémére, rassemblant des communistes, des socialistes et des MRP. En soumettant a linvestiture de [Assemblée la composition de son gouvernement, il inaugure une pratique non prévue par la Constitution, qui limite la marge de manceuvre de lexécutif. = En 1947, les communistes prennent leurs distances avec un gouvernement dont ils dénoncent la politique coloniale, la politique étrangére et la politique sociale. C’est ainsi quiils refusent de voter des crédits de la guerre d'Indochine, qu’ils rejettent la ligne pro-américaine de la France, et qu’ils sopposent au blocage des salaires. == Le 5 mai 1947, Ramadier « démissionne » les ministres communistes et, du méme coup, met fin au tripartisme. La gauche est 4 nouveau divisée. GEESE + p. 282-283 ae ated * 29 avril 1945 : élections munici- pales (premiere fois oti les femmes votent). * 21 oct. 1945 : élections législatives et référendum pour ou contre (a Ile République + 5 mai 1946 : référendum, rejet d'un premier projet de constitution. + 2 juin 1946 : élections législatives. + 13 oct. 1946 : référendum, adoption de la Constitution. * 10 nov. 1946 : élections législatives. Pee ua Epuration : processus visant 4 punir les personnes ayant collaboré avec occupant allemand et le gouvernement de Vichy. On distingue 'épuration « sauvage » (exécutions sommaires) de lépuration légale. Libération : d'un point de vue militaire, il s'agit du processus d’expulsion progressive de occupant nazi du territoire francais (usqu'en mai 1945), Sur le plan politique, le terme désigne la période de transition entre la liberation de Paris (25 aoat 1944) et la promulgation de la IV® République (novembre 1946). 280 La refondation républicaine (1944-1947) Comment la France renoue-t-elle avec la République au lendemain de la guerre ? BD Rétab © Lépuration. Le premier objectif du GPRF dirigé par de Gaulle est de mettre a= terme a l'anarchie et aux réglements de comptes. Dans l'effervescence de la Libér certains résistants se livrent a une épuration sauvage qui fait prés de 10000 victimes Pour y mettre bon ordre, le Gouvernement provisoire organise une épuration légale po juger les 125 000 Francais accusés d'avoir collaboré avec l'ennemi. 38 000 d'entre aus sont condamnés a des peines de prison et 767 a mort. Parmi ces derniers, on come le maréchal Pétain, dont de Gaulle fait commuer la peine en détention 4 perpétus= | Vordre républicain ‘© Le désarmement des milices. Pour mieux asseoir l'autorité du GPRF, de Ga= nomme des commissaires de la République dans chaque région, qui remplacent == fonctionnaires de Vichy et évincent les dirigeants locaux de la Résistance. Il obS== en novembre 1944 la dissolution des Milices patriotiques, unités armées créées cay le CNR et dominées par les communistes. j / D Quelle République restaurer ? 1 © Sortir du vide politique. ordre revenu, le GPRF peut se consacrer a la reste ration de la République, conformément au programme du CNR (doc. 3). Les mow ments issus de la Résistance acceptent a une large majorité le droit de vote et See gibilité des femmes, établi par Vordonnance du 21 avril 1944 signée par de Gaulle Mais ils sont trés divisés sur les futures institutions de la France. © Des projets constitutionnels en concurrence. Consultés par référendum = octobre 1945, 96 % des Francais disent non au retour a la Ill République. Les soos listes et les communistes rédigent un projet de Constitution instaurant un régime @2= semblée. De Gaulle, qui préne au contraire le renforcement de l'exécutif, démission= alors de ses fonctions de chef du gouvernement (janvier 1946). Ce premier projet a= Constitution est rejeté par référendum en mai 1946. Un second projet, instaurant a= régime parlementaire, est adopté le 13 octobre 1946. Cependant, les électeurs ayo™ voté oui représentent 53,5 % des votants, mais seulement 36 % des inscrits. Lopiniam | publique semble un peu lasse de ces débats (doc. 2). Une IV° République vite décevante © Les principes démocratiques. Dans son préambule (doc. 1), la Constitution = = IV? République prend le contrepied de lidéologie vichyste en réaffirmant les grands p= cipes hérités de la Révolution francaise. Elle va plus loin en reconnaissant l'égalite == sexes et ‘existence de droits sociaux. Les anciennes colonies sont désormais consia= rées comme des Etats librement associés a la France au sein d'une « Union francaise = On percoit ici linfluence des idéaux de la Résistance, dont se revendiquent les t= partis qui dominent (Assemblée : le parti communiste, la SFIO (socialiste) et le MRE © Leretour de Vinstal jinistérielle. Mais ce climat d'unité dure peu de temas La Constitution est appliquée dans un sens trés favorable a (Assemblée nationale ou peut facilement renverser un gouvernement (voir p. 279). Cette instabilité est tuée par la représentation proportionnelle, qui permet ‘existence de nombreux p=== Ceux-ci doivent s’allier pour constituer une majorité au centre (de la SFIO au MRE En effet, le gouvernement est combattu a droite par les gaullistes et 8 gauche s= les communistes, qui passent dans l opposition quand la guerre froide commence == 1947. La Ve République est confrontée a de grands défis (modernisation, décolons= tion, integration européenne), ce qui crée de multiples tensions au sein de la majors et explique Uinstabilité ministérielle. Cee fae Chef de file des madérés, Antoine Pinay (1891-1994) est président du Conseil en 1952. René Coty (1882-1962), président de la République élu en 1953, au 13° tour de scrutin. Une stabilisation précaire (1947-1954) Malgré des réussites économiques et sociales, la Troisiéme Force ne permet pas de sortir de l'instabilité et d’apporter des réponses durables aux crises que traverse le pays. ME Une nouvelle coalition: la Troisisme Force =m Aprés mai 1947, la « Troisiéme Force » se met en place, résultant de Ualliance des socialistes, des MRP et des modérés. Elle est attaquée de deux cétés. A gauche, le PCF, conformément a la ligne du Kominform*, reprend sa tactique de la lutte « classe contre classe » pratiquée dans les années 1920; gréves quasiment insurrectionnelles, sabotages En novembre 1947, le ministre de U'Intérieur, Jules Moch, fait voter des lois de « défense républicaine ». A tautomne 1948, il mobilise 30000 réservistes* contre les mineurs. = Adroite, le RPF réclame une révision complete de la Constitution. Le parti de De Gaulle* triomphe aux élections municipales d’octobre 1947 en obtenant 30 % des suffrages. = La loisur les apparentements*, que les partis de la Troisiéme Force font voter a la veille des élections législatives, est directement dirigée contre cette double opposition et doit permettre de dégager des majorités plus larges. Loi de circonstances, son objectif est de favoriser les partis qui défendent le régime WEB Le retour de la droite au pouvoir = La loi n’assure pourtant qu'une courte victoire électorale a la coalition, dont le maintien au pouvoir est incertain. Méme si la Troisiéme Force favorise le redressement économique et lance la construction européenne, les sujets de discordes se multiplient, notamment la querelle scolaire: la loi du MRP Barangé, accordant une aide de Etat a toutes les écoles primaires (publiques et privées) fait éclater la coalition. La droite libérale, dont le réveil est attesté par la naissance du CNI (Conseil national des Indépendants] en janvier 1949, devient la nouvelle force d’appoint nécessaire a la formation des gouvernements. = En mars 1952, le modéré Antoine Pinay® est investi. Par ses prises de positions libérales, il redonne confiance a U'opinion: il maitrise Uinflation* par un emprunt indexé sur Uor; il rassure les ouvriers en indexant le SMIG* sur Uindice des prix*; il s'efforce - en vain - de redresser le budget. Cette gestion de pére de famille qui prétend s'appuyer sur le bon sens rend Pinay tres Populaire auprés des Francais et assure un temps la cohésion autour du régime. C’est pourquoi une majorité d’entre eux déplore la chute de son gouvernement & instar des précédents. EW Limpuissance face aux crises (1953-1954) = Les crises multiformes des années 1953-1954 témoignent de Uincapacité des gouver- nements a mener une action claire et durable. Face 4 chaque probléme, les alliances se font et se défont. = A(été 1953, la reprise des mouvements sociaux paralysent la France et soulignent U'im- puissance du régime = Sur la question coloniale, les gouvernements optent pour la fermeté en Tunisie ot Bourguiba®, le leader du Neo-Destour, est emprisonné (1952) et au Maroc ow le sultan Mohammed V* est déposé {1953}. opinion qui s'est longtemps désintéressée de la guerre d'Indochine est brutalement réveillée par la sévére défaite de Dién-Bién-Phu (mai 1954) qui fait chuter le gouvernement Laniel en juin: = Les partis se divisent également a propos de la Communauté européenne de défense (CED)*. Le traité, signé en mai 1952, réunit contre lui les communistes qui refusent Ualignement sur les Etats-Unis et les gaullistes* qui y voient une perte de souveraineté. Comment meurt une République La guerre d’Algérie mine les derniéres années de la République. Début 1958, l' Etat part 4 vau-l'eau. Le monde politique dans son ensemble est conscient de l'impuissance du régime. eS HE Le sursaut Mendés France: « gouverner c’est choisir » Mendésisme La pratique de gouvernement qui repose sur le pragmatisme: analyser les faits, puis agir, dans un souci de rigueur et surtout defficacité. Cela suppose que le président du Conseil retrouve par rapport a (Assemblée une plus grande marge de manceuvre. Populisme Lattitude démagogique d'un courant ou d'un homme politique qui prétend étre le porte-parole du peuple contre la classe politique ‘et le défenseur des « petits » contre les « grands ». Poujadisme Le Mouvement corporatiste fondé en 1953 par Pierre Poujade. [UDCA (Union de Défense des Commercants et des Artisans), vise & défendre leurs intéréts face la modernisation et a la pression fiscale. Trés vite, le poujadisme désigne une attitude conservatrice marquée par un antiparlementarisme virulent. 278 = Aprés le choc de Dién-Bién-Phu, le radical Pierre Mendés France®, forme un gouverne- ment en juin 1954. ILimpose un nouveau style qualifié de mendésisme: il compose un cabine® réduit dont il refuse de soumettre l investiture 4 (Assemblée, a linverse de ses prédé seurs, et tente ainsi de rééquilibrer les pouvoirs en faveur du président du Conseil. == {lcumule d’ailleurs sa fonction avec le portefeuille des Affaires étrangéres et signe => juillet 1954 les accords de Genéve, puis reconnait l'autonomie interne a la Tunisie. || pew alors consacrer l'action de son gouvernement a la relance de l'économie. == Mais, jugé trop indépendant vis-a-vis des partis, Mendés est renversé le 5 février 1955, Edgar Faure® lui succéde et prolonge sa politique. Approuvé par l'opinion publique, mais critiqué par les gauches, Edgar Faure fait dissoudre (Assemblée, le 2 décembre 1955. EEG Le régime se paralyse (1956-1957) = Les élections de janvier 1956 voient la percée du populisme d’extréme droite qui gagne 51 siéges a (Assemblée. Le poujadisme cristallise les angoisses des petits commercants menacés par le capitalisme moderne et des partisans de l'Algérie francaise, et plus géné- ralement symbolise une crise de confiance dans la classe politique. = De ce fait, le résultat des élections ne fait ressortir aucune majorité nette. Grace 4 une coalition de circonstance et laborieuse, le socialiste Guy Mollet® peut former un gouverne- ment. S’il prend plusieurs initiatives positives dans le domaine social (3° semaine de congés payés], européen [traité de Romel, ou colonial {indépendances de la Tunisie et du Maroc), il s'enlise dans la crise algérienne. = La guerre d’Algérie plonge le pays dans une crise morale. Les Francais d’Algérie, mécontents de la politique d’apaisement menée par Mollet, U'accueillent avec des tomates @ Alger le 6 février 1956. Pour les rassurer, il nomme un ministre-résident partisan de la fermeté, Robert Lacoste. || fait surtout voter, le 12 mars 1956, la loi sur les pouvoirs spéciaux qui confie larmée les pouvoirs de police en Algérie. 'armée est de plus en plus accusée d’avoir recours a la torture. La crise est d’autant plus profonde en métropole que le contingent* est envoyé en Algérie. BEB La mort de la IV° République (13 mai-3 juin 1958) == Les gouvernements radicaux qui se succédent aprés la chute de Guy Mollet en mai 1957 ne parviennent pas a enrayer la crise financiére due aux dépenses militaires ni & endiguer la violence en Algérie. Un quart des Francais seulement dit faire confiance au gouvernement. == Dans ce contexte d'impuissance des gouvernants, les Francais d’Alger envahissent le gouvernement général et forment un Comité de Salut public animé par les généraux Massu et Salan, le 13 mai 1958, pour protester contre la désignation comme président du Conseil de Pierre Pflimlin, réputé favorable 4 des négociations en Algérie. Le 15 mai, & Alger, Salan crie « Vive De Gaulle » et, a Paris, De Gaulle® se déclare « prét 4 assumer les pouvoirs de la République ». Appelé a former le gouvernement par le Président Coty’, il est investi le 1°" juin et obtient les pleins pouvoirs pour six mois, afin de réviser la Constitution. ee a L’Etat et la violence en Algérie En Algérie, pour faire face a un état de guerre qui ne dit pas son nom, le gouvernement de Guy Mollet transfére a l'armée des pouvoirs trés étendus. CHRONOLOGIE: LA IV° REPUBLIQUE ET LALGERIE érienne aprés-guerre 45 La guerre a attisé les revendications indépendantistes en Algérie. } Soulévement de Sétif durement réprimé (8000 morts). La position des gouvernements est clairement réaffirmée: (Algérie, _ est la France, elle abrite un million de Francais. / Un nouveau statut qui crée une assemblée algérienne, la m _ élue par les Musulmans, Cautre par les Francais dAlgérie. lique face aux « événements » d’Algérie (1954-1958) , Les attentats du FLN déclenchent la guerre d’Algérie. "Pour le gouvernement, il ne s'agit alors que de rétablir autorité _ de Etat par des « opérations de maintien de ordre » "tout en engageant des réformes économiques : « cessez-le-feu, élections, négociations ». Le gouvernement se laisse entrainer dans la guerre: ~ mars: loi sur les pouvoirs spéciaux configs a 'armée. = avril: envoi du contingent, effectifs militaires doublés, durée du service militaire portée a 30 mois. e Uopinion publique (1955-1958) Diun cété, le lobby « Algérie francaise » juge le gouvernement inefficace. ~ De l'autre, des intellectuels (Mauriac, Vidal-Naquet) s’exprimant _ dans certains organes de presse (L’Express, Le Monde, Témoignage Chrétien) dénoncent, dés 1955, la torture en Algérie. Les Algérois envahissent le Gouvernement général d’Alger; armée forme un Comité de Salut public et réclame le retour de De Gaulle. Le terrorisme: une des armes du FLN Document 2 « Lobjectif de Zora Drif était le Milk Bar, au coin de la Assemblée vote le 16 mars, 4 455 voix contre 76, une loi octroyant au gouvernement de Guy Mollet des pouvoirs spéciaux en Algérie pour mettre en ceuvre des réformes mais aussi « rétablir Vordre ». «Article 5. Le gouvernement disposera, en Algérie, des pouvoirs les plus étendus pour prendre toute mesure exceptionnelle commandée par les circonstances en vue du rétablissement de ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire. Lorsque les mesures prises en vertu de Palinéa précédent auront pour effet de modifier la législation, elles seront arrétées par décret en Conseil des ministres. » Larrété ministériel précise que: « Sur le département du territoire Alger, la responsabilité du maintien de Pordre passe, a dater de la publication du présent arrété, a Pauto- rité militaire, qui exercera, sous le contréle supé- rieur de ligame', préfet Alger, les pouvoirs de police, normalement impartis a l'autorité civile. » 1. Inspecteur général de Padministration qui coordonne action de la police et de Parmée. Questions publique francaise est-elle informée de la réalité des place Bugeaud, en face du quartier général de la 10° région de Salan. C’était un lieu spécialement fréquenté par les pieds-noirs revenant de la plage et, ce dimanche-la, le bar était plein de méres avec leurs enfants. [...] Elle poussa son sac de plage sousla table, Paya et partit exactement a 18h20, [...] Lorsque les deux bombes explosérent, quelques minutes plus tard, le carnage fat particuli¢rement affreux au Milk Bar, ot les épais vitrages couvrant les murs éclatérent en milliers de morceaux tranchants. En tout, il y eut trois morts et plus de cinquante blessés, dont plusieurs, les membres coupés, et parmi eux, plusieurs enfants. » Témoignage du journaliste américain, Alistair Horne, qui a couvert la guerre d’Algérie, Histoire de la guerre d’Algérie, 197. 1 Quelle est la scéne relatée? Qui est visé? Quelle est la motivation politique du geste de Zora Drif? Documents 1 et 3 2£En quoi consistent les pouvoirs spéciaux? 3Peut-on encore parler en Algérie, comme le proclame lEtat francais, d'une simple opération de maintien de ordre? Justifiez votre réponse. Documents 4, 5 et 6 4 Présentez les documents. Comment et par qui Uopinion pratiques de Uarmée en Algérie? 5 Qu’apprend-on des méthodes utilisées ? Documents 5 et 6 6 Présentez les documents en insistant sur leur nature. 7 Quel est le constat dressé par les deux auteurs sur la violence en Algérie? 8 Quelle est leur position sur les pratiques de l'armée fran- caise? Illustrez votre réponse par une phrase tirée de la lettre de Teitgen. 2 | Les pouvoirs spéciaux - Timbre représentant De Gaulle & Brazzaville en 1944, extrait d’une série émise en 1970 en hommage au général. NOTIONS Le recul d’une puissance coloniale (1945-1958) Fragilisée par la décolonisation et la Guerre froide, la France s'efforce de préserver son indépendance notamment en encourageant la construction d'un troisiéme pdle en Europe. ME Un retour difficile dans le concert des grandes nations = Affaiblie par la guerre, la France tient a s’affirmer sur la scéne internationale: méme si elle est absente de toutes les conférences internationales qui réorganisent l'Europe, elle obtient une zone d’occupation en Allemagne et participe a la conférence de San Francisco (avril-juin 1945) ol elle recoit l'un des cing siéges permanents du Conseil de sécurité de UONU, s'affichant ainsi comme une grande puissance. = Lempire colonial demeure le principal gage de son rang mondial. Mais, aprés-guerre. les gouvernements francais sont confrontés a des révoltes en Afrique et en Asie du Sud- Est. Le 30 janvier 1944, a Brazzaville, le général De Gaulle® a exprimé la volonté de donner de plus larges responsabilités aux peuples colonisés, tout en écartant lidée d'une auto- nomie*: la nouvelle Constitution de 1946 met en place (‘Union francaise*. La France réforme son empire colonial pour maintenir le principal pilier de sa puissance. == Elle doit néanmoins amorcer une décolonisation et accorder lindépendance a (Indochine aprés une guerre coilteuse (1946-1954), puis au Maroc et a la Tunisie (1956), et & la Guinée (1958). La crise de Suez (1956) illustre son effacement sur la scéne internationale. HER Le glissement sous la tutelle américaine = Les contraintes économiques jouent un réle majeur dans la politique extérieure fran- caise : face a des difficultés financiéres trés importantes, a 'urgence de la reconstruction et @ une vague de gréves qui font craindre une expansion du communisme a louest, la France demande l'aide des Etats-Unis : de 1948 a 1952, elle recoit 20 % des fonds américains pour (Europe (plan Marshall}. En contrepartie, le Congrés américain contréle (emploi des crédits et le commerce extérieur francais s‘oriente durablement vers la zone dollar. = De plus, brandissant la menace soviétique, Paris comme Londres sollicitent une alliance militaire avec les Etats-Unis : le 17 mars 1948, le pacte de Bruxelles place la France, la Grande- Bretagne et le Benelux sous la protection américaine. Le 4 avril 1949, la France signe le traité de Washington qui donnera naissance a U Organisation du traité de (Atlantique Nord (OTAN)*. La France renforce sa sécurité, mais en se placant sous un commandement américain. WEG La France tente de se positionner entre les deux Grands ==_La France se range ainsi dans le camp occidental, tout en essayant de sauvegarder son indépendance nationale. Dés novembre 1944, De Gaulle se rend & Moscou oii il signe un traité d’alliance défensive et d'assistance économique mutuelle. Les relations avec Amérique se tendent a propos du sort de (Allemagne: les Francais réclament et obtiennent des compensations économiques et empéchent la mise en place d’un Etat allemand centra- lisé. Mais le ministre des Affaires étrangéres, Georges Bidault, doit céder lors de la confé- rence de Londres [juin 1948): la zone francaise fusionne avec la zone américaine et britan- nique. En 1956, la crise de Suez ravive les tensions entre la France et les Etats-Unis. = La France soutient la construction européenne, d’abord pour contréler (Allemagne, puis dans lespoir d’ériger un troisiéme péle entre les deux Grands. Le ministre des Affaires étrangéres, Robert Schuman®, propose la création du pool charbon-acier devenu Communauté européenne du charbon et de U'acier (CECA) en 1951. Puis le 25 mars 1957 sont signés 4 Rome les traités instituant le Marché commun* et ‘Euratom. N=11-18-9 La décolonisation Des métropoles affaiblies par leur défaite © La prétendue supériorité de la race blanche, ressort principal de la pro- pagande coloniale, est remise en cause par la défaite rapide de trois puis- sances coloniales (France, Pays-Bas, Belgique) devant ‘Allemagne en 1940 et par la conquéte des colonies européennes d’Asie du Sud-Est par le Japon. * Les colonies ont fourni un grand nombre de combatants a la métropole. En récompense de leur effort de guerre, elles esperent obtenir un assouplisse- ment du régime colonial. Ell Félix Eboue, décoré par le général de Gaulle lors de la conférence de Brazzaville, janvier 1944, L’émergence des mouvements nationalistes ¢ Devant la fermeté des métropoles, les mouvements nationalistes se radi- calisent. Ils ne réclament plus des réformes mais 'indépendance et sont confortés par la Charte des Nations unies (juin 1945), qui affirme le droit des peuples a disposer d’eux-mémes. Ladécolonisation est désormais encouragée par les deux Grands. Les Etats- Unis se considérent comme le premier peuple décolonisé. L'URSS assimile la colonisation a une nouvelle forme de lutte des classes et veut affaiblir les puissances occidentales dans le contexte de la guerre froide. | Signature de la Charte des Nations unies, 25 juin 1945. 7ST > La décolonisation de l'Asie * Le Royaume-Uni accepte l'indépendance de l'Inde en 1947. Il se retire de Ceylan et de la Birmanie en 1948. En Indonésie, le leader nationaliste Soe- karno proclame U'indépendance en aout 1945. * H6 Chi Minh, chef du parti communiste indochinois, prend le pouvoir en 1945. La France se lance dans la guerre d'Indochine qui s'achéve en 1954 avec la défaite de Dién Bién Phu. Le Laos, le Cambodge et le Viét Nam ac- cédent a l'indépendance. El « Dién Bién Phu est tombé », une du journal France-Soir, 8 mai 1954. ae Earn La décolonisation de l'Afrique «|e Ladéfaite francaise en Indochine et la conférence de Bandung, qui réunit les pays du tiers-monde (1955), encouragent les mouvements nationalistes. La France accorde l'indépendance a la Tunisie et au Maroc en 1956. Elle concentre ses efforts sur l'Algérie, ot une insurrection indépendantiste a été lancée en 1954, qui débouche sur l'indépendance en 1962. ‘ Les colonies de ‘Afrique subsaharienne accédent a l'indépendance de ma- niére pacifique : le Ghana en 1957, la Guinée en 1958, le Congo belge, le Nigeria et quatorze colonies francaises en 1960. ETI Manifestation aprés 'autonomie tunisienne, le 19 aot 1954. Des manifestants tiennent une banderole remerciant Bourghiba et Mendés France. 342 Personnes — z se déclarant: ee + catholiques 81% | 56% + dune autrereligion | 3.5% | 12% =dont musulmans | NC | 6% ~ dont protestants NC 2% = dont juifs NC | 1% + sans religion 155% | 32% Sondage CSA, 2014. Pee Conseil francais du culte musulman : association créée en 2003 pour _Teprésenter les musuimans de France, — défendre leurs intéréts et encadrer_ _ ls formation des personnes qui aoe les prigres, Ecole libre : école privée. Elle est souvent une école confessionnelle catholique (plus de 90 %), pratseteyites _juive, musulmane. 7 ING : interruption volontaire de grossesse, expression désignant un avortement qui n'est pas motive par des raisons médicales, Paes : pacte civil de solidarité, Partenariat contractuel organisant la vie d'un couple, reconnu par la loi et donnant droit a des avantages sociaux et fiscaux. Il peut unir des personnes de sexe opposé oudemémesexe. Sere - ratif et toe une ea Propageant des croyances jugées dangereuses pour la société, 306 La République et les religions depuis 1945 © Pourquoi l'Etat a-t-il da réaffirmer le principe de laicité? BD La réconci © 1945, une victoire de la démocratie. Le combat contre les nazis resserre les rangs entre les résistants catholiques et les autres. En 1944, le pape passe de la simple condamnation des totalitarismes a l'adhésion sans réserve A la démocratie libérale, En France, les évéques admettent le principe de la laicité de lEtat. Enfin, les démocrates chrétiens forment un puissant parti, le MRP, pilier des majorités gouver- nementales sous la IV° République, puis se rallient 8 la droite gaulliste aprés 1958. La laicité au fondement du pacte républicain. Ces changements permettent - diinscrire le principe de laicité dans la constitution de 1946. Celle de 1958 fait de méme, en ajoutant que la République « respecte toutes les croyances ». L'Etat auto- rise alors plus facilement les congrégations. Enfin, lors du centenaire de la loi de 1905, le clergé admet que la laicité de Etat est un bienfait pour UEglise catholique (doc. 1). ion de UEtat et de 'Eglise catholique DB Des désaccords malgré tout © Une Eglise encore influente. 56 % des Francais se disent catholiques en 2012, contre 3 % protestants et 1% juifs. La pratique réguliére d'un culte s'est effondrée, mais elle reste estimée a prés de 5 % des croyants (doc. 3). Ces derniers sont attachés a certaines valeurs, notamment a la définition traditionnelle de la famille fondée sur le mariage et union de deux personnes de sexe différent. Cela explique leur opposition aux lois sur 'IVG en 1975, sur le paes en 1999, puis sur le mariage pour tous en 2013 e La querelle scolaire (1951-1994). C'est surtout la question du financement de |'6cole libre qui envenime la vie politique. Les catholiques réclament une aide de l'Etat pour les écoles privées afin de permettre un réel choix aux familles. En 1959, la droite vote la loi Debré, qui accorde un financement public aux écoles libres qui acceptent d’appliquer les programmes définis par (Etat. La gauche s'indigne car elle juge la mesure trop favorable aux écoles privées (doc. 2). En 1984, le Parti socialiste alors au pouvoir tente de changer cette loi, mais doit reculer devant l'am- pleur des manifestations. En 1994, un projet de la droite augmentant le finance- ment public des écoles libres doit aussi étre retiré face & la mobilisation des par- tisans de 'école laique B De nouveaux défis © Une plus grande diversité religieuse. immigration accroit le nombre des non-chrétiens, Des juifs sont venus dAlgérie, des bouddhistes d’Asie et des musul- mans d/frique. Lislam est aujourd'hui la deuxiéme religion de France. La pratique religieuse des musulmans est plus forte que celle des chrétiens (doc. 3). © Une difficile cohabitation. Les actes antisémites deviennent trés violents, avec les attaques meurtriéres contre un collége juif de Toulouse en 2012 et contre un maga- sin juif 4 Paris en 2015. Uhostilité & la construction de nouvelles mosquées grandit et le port du voile par les musulmanes dans les enceintes scolaires pose probleme (voir. p. 308-309). Enfin, devant la multiplication des attentats terroristes, Etat s'in- quite de influence des intégristes dans des mosquées souvent financées par des pays étrangers. Afin de mieux intégrer Uislam dans la République, (Etat a favorisé la création du Conseil francais du culte musulman en 2003 (doc. 4). Lutter contre les sectes. Certains groupes religieux nés a la fin du XX® siécle réduisent leurs adeptes a un état de servitude, les conduisent au suicide ou s'appro- prient leurs biens, Ces scandales ont conduit au vote d'une loi pour combattre les dérives sectaires en 2001 La République gaullienne | (1958-1969) De Gaulle, par sa pratique des institutions, faconne durablement le fonctionnement de la V° République. HEB La V’ République : un régime mixte =: La nouvelle Constitution établit un régime parlementaire bicaméral* : la loi est discutée par (Assemblée nationale et le Sénat. Le pouvoir exécutif est bicéphale : le Président, élu pour sept ans au suffrage indirect, nomme le Premier ministre qui détermine et conduit le politique du pays. Le Conseil constitutionnel veille a la constitutionnalité des lois. == Conformément aux voeux de De Gaulle®, V'exécutif est renforcé. Le Président peut dissoudre (Assemblée, légiférer par ordonnances* et s'adresser directement aux Francais par voie de référendum*. Enfin, Uarticle 16 lui octroie les pleins pouvoirs en cas de menaces sur la République et la nation. Le Premier ministre fixe ordre du jour de (Assemblée et peut faire passer certaines lois sans débat ni vote [article 49.3], == Dans la pratique, le Premier ministre devient Uexécutant du Président qui peut le démettre. Le gouvernement est constitué de « techniciens » et de fidéles. Le Président, chef des armées, garde la haute main sur la défense et la politique étrangére : le domaine réservé. NOTIONS HEB De Gaulle renforce la fonction présidentielle m= La gestion de la crise algérienne renforce le rdle du Président. Dés 1959, De Gaulle se prononce pour lautodétermination de (Algérie, déclenchant de trés vives réactions chez les partisans de lAlgeérie francaise. Il passe outre en utilisant le référendum. La crise culmine avec le putsch des généraux a Alger le 22 avril 1961. En appliquant Uarticle 16 de la Constitution, De Gaulle met un terme a linsurrection. Les mois qui suivent sont marqués par une atmosphére de guerre civile. LOAS* multiplie les attentats, tandis que les partisans de Uindépendance manifestent en métropole. Le 17 octobre 1961, 20 000 Algériens défilent & Paris ; la répression est brutale : des dizaines de morts, des centaines de blessés == Dans ce contexte et aprés l'attentat du Petit-Clamart, De Gaulle propose l'élection du Président au suffrage universel direct. Devant Uhostilité de (Assemblée, il la dissout, confirme Pompidou® a son poste de Premier ministre et fait adopter cette réforme lors du référendum du 28 octobre 1962. La fonction présidentielle gagne en légitimité. HEM De Gaulle, au centre de la vie politique = Le Président devient une figure centrale de la vie politique. Il impulse les grandes réformes et incarne la grandeur de la France a l’étranger. Il établit un lien direct avec les Francais par ses voyages en province et ses fréquentes conférences de presse télevisées. == Si De Gaulle se place au-dessus des partis, il sappuie cependant sur un parti gaulliste puissant. LUNR a fédéré une grande partie de la droite et, grace au scrutin uninominal 4 deux tours*, s'assure la majorité a (Assemblée. Ce mode de scrutin favorise les grandes forma- tions, au détriment des partis de gauche pour Uheure divisés, et a terme la bipolarisation. = A Lélection présidentielle de 1965, De Gaulle est pourtant mis en ballottage* face a Francois Mitterrand®. Il (emporte au second tour, mais on peut y voir le début d'une usure du pouvoir qui culmine en mai 1968. Face a une contestation a la fois estudiantine, sociale et politique, il semble impuissant et laisse Pompidou gérer la crise. La victoire de (UDR en juin, qui fait suite & la dissolution de (Assemblée, ne peut cacher l'érosion de l'image du général De Gaulle. Le refus des Francais d’adopter son référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat (53 % de non) le pousse & démissionner le 28 avril 1969. 290 Cee | « Une certaine idée de la France »» (1958-1969) La politique extérieure du général De Gaulle a un triple objectif: garantir Uindépendance nationale, retrouver « la grandeur de la France » et redéfinir le réle de la France dans le monde a cété des deux Grands. HRB De la décolonisation a la coopération m= Dés 1958, De Gaulle* remplace (‘Union francaise* par la Communauté* qui offre aux colonies la possibilité d'acquérir autonomie interne puis 'indépendance : de 1958 a 1960, les colonies africaines francaises accédent a l'indépendance complete, sauf (Algérie ot la répression sintensifie. Mais face a la pression internationale, De Gaulle engage d’apres négo- ciations avec le FLN qui aboutissent aux accords d’Evian le 18 mars 1962. Lindépendance acquise dans un contexte dramatique entraine le retour précipité des pieds-noirs* d‘Algérie. = La France s'est libérée de son « fardeau colonial »: c'est la fin du réve imperial, mais la plupart des nouveaux Etats restent liés a la France par des textes organisant la coopé- ration. La France les soutient dans les domaines économique, culturel, militaire et poli- tique, ce qui lui permet de conserver son influence mondiale et son prestige. HEA Ia recherche de l’indépendance nationale = Pour défendre « une certaine idée de la France » qui suppose grandeur et indépendance, le général De Gaulle poursuit (venture nucléaire, née avec la création du Commissariat & lénergie atomique (CEA, 1945], et fait de la dissuasion* nucléaire un des piliers de sa politique extérieure: la France doit assurer elle-méme sa protection. Le 13 février 1960, la premiére bombe atomique explose sur la base de Reggane (Sahara); le premier essai de la bombe H a lieu 4 Mururoa [Pacifique] en aoGt 1968 et le premier sous-marin nucléaire, le Redoutable, entre en service en 1971. Dénoncant la suprématie économique et technologique des Etats- Unis, De Gaulle convertit en or les dollars détenus par la Banque de France, développe les secteurs de pointe, l'aéronautique avec le Concorde, ‘informatique avec le plan Calcul. = La France se tourne résolument vers Europe dont la construction permettrait d’équili- brer le poids des deux Grands. De Gaulle se rapproche de Allemagne en signant avec le chancelier Adenauer® le traité de UElysée (23 janvier 1963) qui prévoit un renforcement de la coopération: le couple franco-allemand devient le moteur de la Communauté européenne. BEG Sortir de la logique des blocs = La politique d'indépendance de De Gaulle implique le maintien d'une distance a la fois a 'égard de Washington et de Moscou. La fin de la décolonisation, l'affaiblissement du bloc soviétique et le développement de la force de frappe francaise permettent 4 De Gaulle de retirer la France du commandement intégré de 'OTAN* le 21 février 1966, afin de se dégager de la tutelle militaire américaine. Parallélement, il critique la politique américaine @ Cuba, a Saint-Domingue, condamne lescalade de la guerre au Vietnam et soutient les revendications indépendantistes québécoises en 1967. = Cette distance prise avec les Etats-Unis coincide avec un rapprochement avec (URSS, qui signe avec la France des accords bilatéraux de coopération économique et technique, et avec de prudentes ouvertures vers les démocraties populaires*. En 1964, le général reconnait la Chine communiste. Fort de son image de décolonisateur, De Gaulle se tourne également vers les Etats du Tiers-Monde*, en particulier (Afrique et le monde arabe, condamnant lattaque israélienne lors de la guerre des Six-Jours en 1967. ee gc 2. DEESTG > p. 346-347 + GEREEEE + p. 348-349 pes tity de la guerre d/Alg * 2 millions de soldats francais du contingent envoyés en Algérie. * 90 000 soldats algériens dans UArmée de libération nationale (ALN), branche armée du FLN. © 1 million de rapatriés 2 partir de l'été 1962. * 25 000 soldats francais tués. * 300 000 victimes algériennes selon les estimations francaises. 1,5 million selon les autorités algériennes. g SE Autodétermination : possibilité pour les Algériens de choisir par référendum entre lindépendance, la francisation ou Lassociation. Guerre d’Algérie : durant le conflit, le gouvernement parle des « événements » et « opérations de maintien de Vordre ». Lexpression « guerre dAlgérie » n'est utilisée officiellement par la France qu’en 1999. En Algérie, on parle de « révolution » ou de « guerre de libération nationale ». eens 344 La guerre d’Algérie (1954-1962) | Pourquoi la France a-t-elle été si réticente a décoloniser Algérie ? D Un systéme colonial en échec © Une colonie a part. Annexée & la France & partir de 1830, avant Nice et la Savoie, tAlgérie est considérée comme partie intégrante du territoire national. Seule colonie de peuplement, elle est divisée en trois départements. En 1954, 8 cété des 9 millions diArabes et de Berbéres majoritairement musulmans et des 150 000 juifs, vivent 1 million de pieds-noirs (voir doc. 2 p. 343). © Une société inégalitaire. Les pieds-noirs ont longtemps été les seuls a bénéfi- cier de la citoyenneté francaise. Les juifs lont obtenue en 1870 et les musulmans en 1944, mais le droit de vote est exercé de maniére inégalitaire. Depuis le statut de 1947, les pieds-noirs élisent autant de députés que les musulmans, pourtant neuf fois plus nombreux. Ce refus de assimilation, imposé au gouvernement par les pieds-noirs, fait basculer les nationalistes algériens dans la violence. @ Lamontée de la violence. Une manifestation nationaliste est violemment répri- mée le 8 mai 1945 8 Sétif et Guelma, dans le département de Constantine, olla répres- sion fait plusieurs milliers de victimes. Le 1° novembre 1954, un nouveau mouvement, le FEN (doc. 1), déclenche une vague d'attentats dans toute Algérie: c'est la « Tous- saint rouge » (voir p, 348-349), qui marque le début de la guerre dAlgérie DB Trois guerres en une Une guerre franco-algérienne. Le gouvernement réaffirme le caractére fran- gais de UAlgérie et refuse de négocier. Il accorde des moyens supplémentaires a la police pour maintenir l'‘ordre, puis décide en 1956 de faire appel au Contingent pour combattre les « fellaghas ». En 1957, 'armée francaise, dirigée par le général Massu, lance la bataille d’Alger et n'hésite pas recourir a la torture (doc. 2). © Une guerre algéro-algérienne. Tous les Algériens ne soutiennent pas le FLN Certains se rangent du cété de la France, allant parfois comme les harkis jusqu'a com- battre a ses c6tés contre les insurgés. D’autres militent au sein du MNA, parti nationa- liste rival du FLN, qui ce dernier livre une guerre féroce en Algérie et en métropole. @ Une guerre franco-frangaise. D’abord indifférente, opinion publique métropoli- taine devient de plus en plus hostile au conflit 4 mesure que les jeunes Francais sont envoyés combattre en Algérie. Les intellectuels se mobilisent et la presse révéle les crimes commis par certains militaires. ’évolution de la politique du gouvernement pousse certains pieds-noirs a créer ‘OAS, qui recourt au terrorisme jusque sur le sol métropolitain. Une douloureuse indépendance @ Les accords d’Evian. L'agitation des partisans de Algérie francaise entraine le retour au pouvoir du général de Gaulle en mai 1958. Celui-cifinit par comprendre que la décolonisation est inévitable. En 1959, un référendum reconnait aux Algériens le droit a 'autodétermination (doc. 3). Les accords signés a Evian entre le gouvernement frangais et le FLN le 18 mars 1962, ratifiés par référendum en France et en Algérie, conduisent & Uindépendance de UAlgérie le 5 juillet 1962. © Réglements de comptes et exil. Le méme jour, & Oran, des dizaines de pieds- noirs sont assassinés, alors que, dans toute (Algérie, s'engage une campagne d’élimi- nation des harkis. Pris de panique, juifs et pieds-noirs quittent Algérie dans la préci- pitation. Les harkis sont abandonnés par la France : seuls 43 000 parviennent a fuir UAlgérie et sont installés en France dans des camps. DOSSIER L’indépendance algérienne La radicalisation du nationalisme algérien débouche le 1° novembre 1954 sur une guerre d’émancipation. Sa violence et sa durée traduisent autant les difficultés des gouvernements successifs 4 renoncer a l'empire que l'attachement des 900000 colons a lAlgérie francaise. CHRONOLOGIE " Emeutes dans le Constantinois et en Kabylie, _ durement réprimées. Début de ‘insurrection algérienne. Premier envoi de soldats du contingent en Algérie. Le général de la Bollardiére proteste contre ~ les méthodes employées en Algéri Raid de Uaviation francaise contre le village tunisien de Sakhiet Sidi Youssef, base arriére ju FLN. Création a Alger du « Comité de salut public » par des généraux soutenus par les « pieds noirs » t retour de De Gaulle au pouvoir en France. 3 Création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). De Gaulle propose l'autodétermination aux populations d’Algérie. ) Le GPRA est reconnu par ('URSS et par la Chine. Référendum sur autodétermination en Algérie. 161 Création de (Organisation de UArmée Secréte ~ hostile & Uindépendance qui multiplie les attentats. Accords d’Evian. Exode massif des Européens d'Algérie. Indépendance de Algérie. 2 ) Laproctamation du FLN (1° novembre 1954) « Au peuple algérien, aux militants de la Cause nationale, [...] notre souci, en diffusant la présente proclamation, est de vous éclairer sur les raisons profondes qui nous ont poussés & agir, en vous exposant notre programme, le sens de notre action, le bien-fondé de nos vues dont le but demeure LINDEPENDANCE NATIONALE. [...] Pour atteindre ses objectifs, le Front de libération natio- nale aura deux taches essentielles: une action intérieure tant sur le plan politique et de Paction propre, et une action extérieure en vue de faire du probleme algérien une réalité pour le monde entier avec l'appui de tous nos alliés naturels, Cest la une tache écrasante qui nécessite la mobilisation de toutes les énergies et de toutes les ressources nationales. II est vrai, la lutte sera longue, mais Pissue est certaine. [...] Algérien! Nous tinvitons & méditer la Charte ci-dessus. ‘Ton devoir est de t’y associer pour sauver notre pays et lui rendre sa liberté. Le Front de libération nationale est ton front. Sa victoire est la tienne. » Le nationalisme algérien « Politiquement et moralement, cette colonisation ne peut avoir autre concept que celui de deux sociétés étrangeres Pune a l'autre. Son refus systématique ou déguisé de donner acces, dans la cité fran- aise, aux Algériens musulmans a découragé tous les partisans de la politique dassimilation étendue aux autochtones. ena} Le Président Roosevelt, dans sa déclaration faite au nom des Alliés, a donné Fassurance que, dans organisation du monde nouveau, les droits de tous les peuples, grands et petits, seraient respectés. Fort de cette déclaration, le peuple algérien demande des aujourd'hui [...} la condamnation et abolition de la colonisation; application pour tous les pays, petits ou grands, du droit des peuples disposer d’eux- mémes;la dotation de Algérie d’une Constitution propre garantissant la liberté et P’égalité absolue de tous ses habitants, sans distinction de race ni de religion [...]; la participation immédiate et effective des Musulmans algériens au gouvernement de leur pays. » Manifeste du peuple algérien adressé aux autorités francaises par Ferhat Abbas (1899-1985), 10 fevrier 1943. (a J Linterprétation de l'état-major francais « Les difficultés que la France connait en Afrique frangaise du Nord sont dues & une explosion de nationalisme provoquée par des puis- sances étrangéres qui veulent éliminer la France moins par idéalisme que dans un but égoiste. Cet appui étranger a permis la constitution de commandos rebelles qui ont pour mission de rallier & leur cause, par la terreur,la population jusque-Ia favorable a la France. Les buts pour- suivis par les “nationalistes” sont dans la plupart des cas de servir leurs intéréts personnels ou d’assouvir leurs vengeances particulitres ou, plus simplement encore, de chasser les Francais de race et de religion différentes des leurs; ces doctrines raciales périmées, encore vivaces en terre musulmane, constitueraient, si elles étaient appliquées, un recul de la civilisation que nous avons apportée. Lintérét des puissances étrangéres, qui encouragent la rébellion par la propagande ou par lenvoi d’armement ou de cadres, est encore plus évident, Elles visent & se substituer a la France, sinon d'une fagon visible, du moins sur le plan économique, de fagon a nous réduire au rang de puissance mineure, pour leur plus grand profit.» Extrait d'Afrique francaise du Nord, notice 4 l'usage des jeunes Francais de la métropole appelés & servir en Afrique du Nord, état-major de 'armée, 3° bureau, octobre 1955. 88 Mai 68 : un conflit de générations Mai 68 a été un vaste mouvement de contestation. Contestation du pouvoir, des valeurs bourgeoises, mais également des excés de la société de consommation. Cette crise marque aussi apparition d’un nouvel acteur social, la jeunesse et le passage d’un ancien a un nouveau monde. 1959 La loi Berthoin fixe 8 16 ans age de la scolarité obligatoire 27 oct, 1960 Des milliers d’étudiants manifestent a l'appel de UUNEF contre la guerre d'Algérie. 1963 Création des CES (Collége d'enseignement secondaire) 22 juin 1963 Nuit « Salut les copains » qui réunit 150 000 jeunes, place de la Nation 1964 Formation de Comités étudiants contre la guerre du Vietnam Lannée 1968 22mars A Nanterre, haut lieu du syndicalisme étudiant, des jeunes envahissent la salle du conseil de la faculté de Lettres. 2mai Nanterre est fermée 3 mai La police investit la Sorbonne. 6 mai Violences au Quartier latin. 10-11 mai Nuit des barricades a Paris. 13 mai Gréve générale a l'appel des syndicats, par solidarité avec le mouvement étudiant. 22 mai 8 millions de grévistes, la France est paralysée, 25 mai Début des négociations de Grenelle menées par Pompidou. 30 mai De Gaulle annonce la dissolution de (Assemblée aprés une « disparition » inexpliquée. 300000 manifestants pro-gaullistes défilent sur les Champs-Elysées. Sjuin Début de la reprise du travail aux PTT, la SNCF et a la RATP. 10 juin Reprise dans les services publics. 23 et 20 juin Victoire des gaullistes aux élections législatives. Les réformes des années 1970 Mai 1974 Création d'un secrétariat d’Etat chargé des universités. Juil. 1974 Abaissement de la majorité a 18 ans. La culture jeune (Le twist dans les années 1960.) Documents 1 et 2 En vous aidant de la chronologie, montrez la nouvelle place occupée par les « jeunes » dans la société des années 1960. Que montre le document 2 de la nouvelle « culture jeune » qui éclot dans les années 1960 7 260 Lexplosion scolaire (Un amphithéatre a la Sorbonne a Paris, 1972.] NOTIONS La politique étrangére francaise depuis 1969 Depuis 1969, la continuité est de régle dans la conduite de la politique étrangére, mais les chefs d’Etat francais doivent s’adapter aux bouleversements économiques et politiques internationaux. GEM Vhéritage du gaullisme = Ladissuasion nucléaire demeure le fondement de la politique de défense. De juin 1995 a janvier 1996, le président Jacques Chirac® reprend les essais nucléaires pour renforcer la dissuasion*, malgré Uopposition nationale et internationale. = Si les rapports franco-américains s’améliorent aprés 1969, les chefs d’Etat francais cherchent toujours & se démarquer des Etats-Unis: en 1985 par exemple, Francois Mitterrand® condamne Uinitiative stratégique de défense lancée par Ronald Reagan®. = Le mouvement de décolonisation continue jusqu’aux accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) permettant 4 la Nouvelle-Calédonie de se diriger par étapes vers U'indé- pendance. La politique francaise reste trés active dans le Tiers-Monde*, surtout a partir de 1973 car la crise économique pose le probléme de acces a U’énergie. Active dans le monde arabe, la France est classée parmi les « pays amis » de [OPEP*, et elle soutient les reven- dications des Palestiniens. Mais c'est surtout avec ses anciennes colonies africaines, le « pré carré » francais, qu'elle développe la coopération*. Cependant, son action est parfois contestée pour son soutien a des dictatures et son néocolonialisme*. WEB La France, puissance européenne = Georges Pompidou® poursuit la construction européenne: il accepte l'adhésion de la Grande-Bretagne a la CEE (1973] qui continue ensuite a s‘élargir. Les relations franco-alle- mandes s'approfondissent et sont a origine de nombreuses avancées. = La politique extérieure francaise s'inscrit de plus en plus dans une perspective euro- péenne: dés 1975, les accords de Lomé associent au Marché commun européen 46 Etats dAfrique, des Caraibes et du Pacifique (ACP). = LaFrance saffirme aujourd'hui comme une grande puissance européenne: au sein de (Union européenne, elle a la plus vaste superficie, représente environ 16 % de la popula- tion et du PIB et conserve le premier rang pour agriculture et le tourisme. = Leffondrement du bloc communiste crée une situation nouvelle: avec lélargissement progressif de (UE vers lest, la France perd sa position centrale au profit de (Allemagne. WES La France est-elle encore une grande puissance mondiale? = Larme atomique et le statut de membre permanent du Conseil de sécurité de (ONU conférent a la France un poids politique particulier. Membre du G8*, cinquiéme PIB mondial, quatriéme puissance exportatrice, premiére destination touristique au monde, la France est bien intégrée dans espace économique mondial. = Cependant, a (‘échelle mondiale, les Etats-Unis conservent Uhégémonie politique et militaire. Si (armée francaise participe activement aux opérations militaires engagées en Bosnie puis au Kosovo, c’est toujours dans un cadre multilatéral* (ONU ou OTAN). = La France mise surtout sur son image et sur son influence culturelle relayée par son réseau diplomatique {le 2° au monde) et par la francophonie. Depuis 1990, elle développe un discours éthique qui s'appuie sur la défense des droits de (homme, laide au développe- ment (2° donateur mondial avec 0,45 % de son PIB), la défense de son exception culturelle et le respect du droit international notamment en 2003, lors de la guerre en Irak. influence de la France est renforcée par l'action d'importantes organisations non-gouvernementales comme Médecins sans frontiéres, Jacques Chaban-Delmas Premier ministre de 1969 81972, Raymond Barre Premier ministre de 1976 1981 296 Héritage et transition (1969-1981) Comment adapter, a partir de 1969, des institutions taillées sur mesure pour De Gaulle ? Lhéritage est maintenu, alors que la vie politique se rénove. HEM Georges Pompidou : Phéritier de De Gaulle a LP Elysée = « Dauphin » du général De Gaulle* dont il a été Premier ministre six ans de suite, Georges Pompidou® est élu Président le 15 juin 1969. = La nomination de Jacques Chaban-Delmas au poste de Premier ministre laisse un temps penser a un retrait du Président. Ainsi, Chaban-Delmas semble redonner au Premier ministre la prééminence qu'il avait sous la IV° République : avec sa déclaration de politique générale sur la « nouvelle société », il occupe le devant de la scéne politique. Dans la pratique, le président de la République Pompidou reste en fait fidéle a la lecture gaullienne* des institutions et définit les grandes orientations du gouvernement. En 1972, il demande la démission de Chaban-Delmas et le remplace par un Premier ministre plus docile : Pierre Messmer. Pompidou renforce encore le réle de 'Elysée dans la gestion des affaires. = Il s'inscrit dans la politique de « grandeur nationale » du général De Gaulle et lance une politique industrielle ambitieuse : il favorise la recherche-développement et encourage la création de grands groupes de taille internationale. Le septennat est brutalement inter- rompu par la mort, le 2 avril 1974, d'un Président au faite de sa popularité BEM Valery Giscard d’Estaing : continuité et rajeunissement = Lélection de Valéry Giscard d’Estaing® le 19 mai 1974 marque un tournant. Membre de la droite modérée, c’est un non-gaulliste. Méme s'il nomme un gaulliste, Jacques Chirac®, Premier ministre, le gouvernement ne compte que cing ministres UDR sur seize. Il renforce la présidentialisation du régime : il rend par exemple publiques les directives qu'il adresse au gouvernement. Conformément a la pratique gaullienne, Giscard entend ne pas dépendre des partis politiques existants. Cela crée une tension de plus en plus vive avec Chirac, qui donne sa démission en aoat 1976, fait exceptionnel sous la V¢ République. Le professeur d’économie Raymond Barre prend sa succession, tandis que la récession* et la crise sociale alimentent le mécontentement de Uopinion. En 1978, Giscard d'Estaing forme sa propre majorité présidentielle autour de (UDF. = Elu a 48 ans, il entend rajeunir la fonction et prend acte des évolutions de la société. Annoncant la création d'une « société libérale avancée », il initie des réformes majeures : Uabaissement de la majorité a 18 ans, la légalisation de Uinterruption volontaire de gros- sesse , la loi Haby qui démocratise 'enseignement secondaire en créant le collége unique... WEB La rénovation de la vie politique == La période post-gaullienne confirme la domination des partis de droite au pouvoir. Les partis de gauche restent désunis, d’autant que mai 1968 a favorisé Uémergence de partis d'extréme gauche. Francois Mitterrand®, conscient de la nécessité de batir une grande force politique a gauche, rénove l'ancienne SFIO et crée le PS lors du Congres d’Epinay de juin 1971, qui réunit toutes les tendances socialistes. Il entreprend aussi U'union avec le PCF et les radicaux, espérant rééquilibrer la gauche au profit du PS. La logique des institutions pousse donc au rassemblement autour d’un grand parti. Cette stratégie vaut 4 Mitterrand de n’étre battu que de trés peu (49,19 %) a Uélection présidentielle de 1974. == La droite se divise avec la concurrence de plus en plus marquée entre les gaullistes (création du RPR par Jacques Chirac en 1976) et les libéraux (UDF). Alternance et cohabitations (1981-1995) La période est marquée par les deux septennats du socialiste Francois Mitterrand. Les deux cohabitations qu’il a connues montrent la souplesse des institutions de la V° République. WE La gauche au pouvoir == La victoire du socialiste Francois Mitterrand® aux élections présidentielles du 10 mai 1981, avec 51,75 % des suffrages, constitue un tournant dans histoire de la V¢ République C'est la premiere alternance aprés 23 ans de pouvoir a droite et U'arrivée au pouvoir de (un Reese de ceux qui a le plus critiqué les institutions voulues par De Gaulle. pranigewintre de 1989 = Le tournant politique est confirmé quand, aprés la dissolution de (Assemblée par 8 1984, il incarne l'« état Mitterrand, la gauche obtient une large victoire électorale en juin. Pour la premiére fois de grace » socialiste. depuis 1947, quatre ministres communistes entrent dans le gouvernement formé par Pierre Mauroy. Des réformes structurelles* illustrent ambition d’une démocratie « sociale ». Face a la récession*, les socialistes optent pour une politique de relance*. La décentralisation Uabolition de la peine de mort restent des lois emblématiques de cette période. = Mais la politique de rigueur* suivie par Pierre Mauroy a partir de 1983 entraine ls démission des ministres communistes et la fin de état de grace. WER Des institutions qui s’adaptent = F. Mitterrand, auteur du Coup d'Etat permanent, s'adapte paradoxalement a la pratique des institutions inaugurée par De Gaulle. La longévité de sa présidence (deux mandats! renforce l'image d'un « monarque républicain ». Francois Mitterrand restaure méme toute la pompe républicaine qui entoure la fonction présidentielle et incarne la politique étrangére de Edouard Balladur la France dans la tradition du domaine réservé*, sans rompre avec les orientations gaullistes Premier ministre [RPR] de \Linnove en nommant le plus jeune Premier ministre que la République ait connu (Laurent pesos widen ea 127 Fabius a 38 ans en 1984] et la premiére femme cette fonction (Edith Cresson en mai 1991] = Cependant, les deux cohabitations de 1986-1988 et de 1993-1995 ont redeéfini le rdle du Président. En 1986, & la faveur du mécontentement que suscite la politique de rigueur de L. Fabius, pour la premiére fois, la majorité de droite élue a (Assemblée ne coincide pas avec la couleur politique du Président. Francois Mitterrand demande a Jacques Chirac® de former un gouvernement. La situation se renouvelle en 1993 et il nomme Edouard Balladur Premier ministre. La cohabitation introduit une véritable dyarchie dans Uexécutif : le Président se replie sur la politique étrangére et de défense ; le gouvernement définit et méne la politique intérieure. Le rdle de [Assemblée est renforcé puisque le gouvernement Ne peut s'appuyer que sur sa majorité parlementaire. BEB Le discrédit du politique == Lesecond mandat de Francois Mitterrand est marqué par une usure de.son image, elle- méme alimentée par une série de scandales politico-financiers dans son entourage et par les révélations sur son passage au gouvernement de Vichy et son amitié pour René Bousquet®. es Le suicide de son ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy le 1®° mai 1993 illustre égale- litiques phnossee: ment le désarroi d'une partie de la gauche en panne de projet de société. salle ee cae = Crest en fait la classe politique dans son ensemble, jugée incapable de sortir le pays de ie eae: la crise, qui perd la confiance de opinion publique. C'est une des composantes du succes fecuide la majorite du Front national de Jean-Marie Le Pen qui fustige les partis traditionnels. lla émergé sur | peleeaene: la scéne politique avec entrée fracassante de 32 députés 4 [Assemblée en 1986, grace & se ei Uintroduction d'une part de proportionnelle dans le mode de scrutin. 298 Lionel Jospin Premier ministre (PS) de J. Chirac de 1997 8 2002 Jean-Pierre Raffarin Premier ministre (UMP] depuis 2002 Un régime en crise? Les aléas du septennat de Jacques Chirac et le discrédit grandissant de la classe politique aboutissent a une crise majeure en avril 2002. BEB Un pouvoir présidentiel en repli? = La victoire de Jacques Chirac’ la présidentielle de 1995 marque une nouvelle alter- nance*, cette fois-ci en faveur de la droite. Alors qu'il s‘était fait élire en promettant de réduire la « fracture sociale », le chémage augmente et son Premier ministre, Alain Juppé, mane une politique de rigueur*. Méme s'il remanie son gouvernement, il doit faire face 4 une grave crise sociale durant Uhiver 1995. Rapidement, la présidence de J. Chirac est paralysée. = Cherchant a retrouver une légitimité, Jacques Chirac dissout (Assemblée en avril 1997. Cette décision rompt avec la tradition de la V° République ou la dissolution n’était utilisée qu’en cas de crise politique (mai 1968) ou pour conforter une victoire présidentielle (1981) C'est un double échec. La victoire de la gauche oblige 4 une cohabitation* d'une durée inhabituelle de cing ans. Ce désaveu ternit la fonction présidentielle, d’autant plus affaiblic que J. Chirac est mis en cause dans certains scandales politico-financiers. Par ailleurs, ce résultat montre que les Francais apprécient cette dyarchie de l'exécutif. MEM Tenter de rénover la vie politique == La formation d'un gouvernement de « gauche plurielle » par Lionel Jospin illustre ls recomposition de la gauche. Héritier de Francois Mitterrand*, Lionel Jospin veut la rénover tout en prenant ses distances avec son prédécesseur. Il associe 4 un PS dominant un PCF en perte de vitesse et de nouvelles forces de gauche: les Verts et le Mouvement des citoyens. Sa politique de relance* et la reprise de la croissance* lui permettent de garder une popularité élevée jusqu’en 2000, mais la « gauche plurielle » se fissure avec la démis- sion de certains ministres. Face a lui, la droite est profondément divisée. Au total, le paysage politique a évolué vers une certaine atomisation de Uoffre politique. = Laréduction du mandat présidentiel a cing ans en 2001 modifie le rythme de la vie poli- tique. Le quinquennat coincide avec la durée d'une législature, ce qui pour certains est un moyen d’éviter les cohabitations. Par ailleurs, inversion du calendrier électoral qui place lélection présidentielle quelques semaines avant les législatives réduit ces derniéres a une simple confirmation du choix du Président. Néanmoins, lors du référendum* sur le quin- quennat, la forte abstention illustre une désaffection des Francais pour le politique. BEB La crise du politique = Les signes d'un divorce entre les électeurs et la classe politique sont nombreux au point que certains évoquent méme la nécessité d'une Vie République. Labstention électorale augmente fortement depuis les années 1980. Les partis extrémistes voient leur audience s‘accroitre et de nouvelles formes d’engagement séduisent. Les mouvements associatifs (associations humanitaires, ATTAC, Act up...) inventent des formes d’expression politique qui ne passent pas par les urnes. . == La crise du politique atteint son paroxysme lors du premier tour de l'élection présiden- tielle du 21 avril 2002 qui aboutit au face a face Chirac/Le Pen. Pour la premiére fois un candidat d’extréme droite se retrouve au second tour, en évincant la gauche. Outre l'écla- tement des candidatures (16) et le poids des « affaires », ce résultat s‘explique par la montée du vote protestataire de Francais qui ne se reconnaissent plus dans les partis traditionnels d’autant que la difference gauche/droite tend a s'estomper. = Un sursaut républicain donne 80 % des voix 4 Chirac au second tour. Le nouveau Premier ministre Jean-Pierre Raffarin peut s'appuyer sur un parti de droite unifié, (UMP, tentative de retrouver une bipolarisation gauche/droite plus nette. REVISER E GAUCHE EXTREME 4 PCF SFIO RADICAUX ae (M.Thorez] % {L. Blum, MRP 1946 G. Mollet] UDSR (6. Bidault 1947 (F Mitterrand] M. Schuman) 1951 = 1953 1958 —] 1960 — 1968 — ee 1969 Ler 9m 1972 4 1975 4 1979 + Union pour la démocrati Francaise 1984 — = 1990 ~ 1992 ur | Chevénement] 1999 = UMP 2002 —Ataguiler A Krinne 6.6. Buffet y 2004 PRESIDENTS Mauroy Jospin [ T T Tatel T 1958 1962 1968 69 1972 74 1976 1981 1984 19861988 919293 95 1997 2002 2004 EF majorite de droite a 'Assemblée nationale <.} majorité de gauche a UAssemblée nationale NOTIONS L’économie francaise depuis 1945 Au-dela de la conjoncture économique - les Trente Glorieuses suivies d’une longue récession -, l'économie francaise se modernise et entre dans lére du capitalisme moderne. BEB Les Trente Glorieuses, de la reconstruction a la moder: = Lareconstruction inaugure a partir de 1945 un fort interventionnisme qui se man’ par la planification*. Elle s'appuie sur les études de INSEE, créé en juin 1946. Laccent mis sur Uindustrie lourde, 'équipement et lénergie. Les entreprises nationalisées 1945-1946 jouent un réle moteur dans la croissance: la 4 CV de Renault illustre la de faire entrer la France dans la société de consommation*. = LaV° République, avec De Gaulle* et Pompidou® jusqu’en 1974, connait une accé tion de la croissance* qui atteint un taux de 5,5 %. En effet, le capitalisme francais une modernisation spectaculaire impulsée par l'Etat qui encourage la recherche: cré du Commissariat 4 l'énergie atomique (CEA). L'Etat initie des grands travaux: la Freese compte 2 600 km d’autoroute dés 1974. = Alors que le capitalisme francais était dominé par les PME*, les fusions s'accroisse=_ Des managers* prennent la téte de ces nouvelles multinationales (CGE, Tho Brandt...), @ cété d'un petit patronat familial, dynamique dans les nouveaux sect: Carrefour, Club Méditerranée... W@2B La France dans la récession a partir des années 1970 = [économie francaise s'est davantage ouverte au marché mondial; elle subit done plein fouet la récession* qui démarre dans les années 1970: une inflation de 15 % dés 7 et un chémage élevé qui dépasse la moyenne des pays de (OCDE* a la fin des années 1 = Les secteurs industriels traditionnels sont les plus durement touchés car s'ajoute = récession la concurrence du Japon et des NPI*: mines, sidérurgie et textile. Les de’ charbonnages ont fermé au début des années 2000. Les déséquilibres régionaux s'acce= tuent, des régions entiéres comme la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais... ont été sinistre==_ == Le chémage n’épargne aucune catégorie professionnelle, mais frappe plus particule rement les femmes et les jeunes non diplémés. Le nombre de chémeurs de longue durée augmente et la réinsertion devient plus difficile. HEM Quelle réponse face a la crise? == Le gouvernement de droite de Raymond Barre [1976-1981] apporte d’abord une réponse libérale: une politique monétariste* qui suppose un plan de rigueur, des mesures pour relancer activité des entreprises (baisse des charges sociales). = En 1981, le socialiste Francois Mitterrand® se fait élire au contraire sur un programme de relance* appliqué par son Premier ministre Pierre Mauroy. La revalorisation des salaires, la semaine de 39 heures et la retraite 4 60 ans doivent relancer ‘activité par = consommation et les créations d’emplois. Cette politique creuse le déficit budgétaire et = elle relance la consommation, c'est au bénéfice des importations. LEtat est obligé de deve luer un franc déja affaibli (1981, 1982 et 1983]. Surtout, le chémage continue de s’accroire. Dés 1983, les gouvernements socialistes opérent un virage vers la rigueur et augmentest les prélévements pour réduire les déficits. == Aucune des deux réponses n’a permis de sortir de la récession. Les gouvernements suivants, de gauche comme de droite, combinent une politique de rigueur et des mesures a= relance ponctuelles comme les emplois jeunes et les 35 heures du gouvernement Jospin. Labbé Pierre en 1954 Lors de son appel en faveur des mal-logés. NOTIONS *~ Les mutations de la société francaise La société francaise a connu de profondes mutations depuis 1945: tertiarisation, urbanisation, hausse du niveau de vie malgré des inégalités sociales qui se sont creusées depuis les années 1980. HEB Une population en renouvellement = Comme tous les pays industrialisés, la France connait une reprise de la natalité qui débute dés 1943. Elle est encouragée par une politique nataliste (allocations familiales en 1946) et la création de la Sécurité sociale en 1945. Entre 1946 et 1967, la population gagne 13 millions d’habitants pour atteindre 49,5 millions, et se rajeunit. C’est la période du baby- boom*. Depuis le milieu des années 1970, la baisse de la fécondité s'explique par le retour a des comportements malthusiens, ('évolution du statut de la femme et la crise écono- mique. Le vieillissement de la population est lié a Uallongement de l'espérance de vie. = Laugmentation de la population s'explique aussi par immigration. Les Trente Glorieuses* ont poussé l'Etat et les entreprises a faire appel 8 une main-d'ceuvre étrangére. Si la provenance des immigrés s'est modifiée (Afrique du Nord puis Afrique subsaha- rienne), leur part dans la population est identique a celle du début du siacle (7 %). HEM Une société tertiarisée = Le développement du salariat [84 % de la population active en 1982) est lié 8 lessor des services et 4 leffritement du nombre des travailleurs indépendants (commercants, arti- sans...]. Il saccompagne d'une amélioration de la législation en faveur des salariés {conventions collectives, augmentation des congés payés...).En 1968, les accords de Grenelle étendent les droits syndicaux. Parallélement, depuis les années 1960, la paysan- nerie et le monde ouvrier déclinent et le secteur tertiaire explose. = Le travail est en pleine mutation. Le paysan traditionnel disparait au profit de Uagricul- teur gestionnaire. Dans l'industrie, (évolution technologique voit s'effacer Uouvrier qualifié au profit de Uouvrier spécialisé* puis du technicien. Toute une partie de la main-d’ceuvre se trouve disqualifi¢e sur le marché du travail et alimente un chémage structurel. = Larrivée massive des femmes sur le marché du travail date des années 1960. Leur part dans la population active passe de 35 % en 1954 a presque la moitié aujourd hui, du fait du développement du secteur tertiaire et grace & acces aux études supérieures. Mais aujourd'hui, les femmes n’ont pas gagné pour autant l'égalité sur le plan économique. WER Une urbanisation qui s’accélére m= Lexode rural s'est accéléré et le taux d’urbanisation atteint aujourd’hui 80 %. La gestion de cette croissance pose de véritables défis. = Uaprés-guerre est marqué par une forte pénurie de logements. Des bidonvilles subsis- tent a la périphérie des grandes villes jusqu’aux années 1960. Le terrible hiver 1954 et le célébre appel de Uabbé Pierre révelent l acuité des besoins. L'effort de construction de loge- ments date surtout des années 1960. Laménagement des villes suit alors un zonage des fonctions: des Zones d’urbanisation prioritaire (ZUP) de logements collectifs sont délimi- tées a la périphérie des grandes villes. = a construction de grands ensembles a constitué un progrés en termes de confort Mais a partir des années 1980, ces « cités dortoirs » qui abritent les catégories sociales les moins favorisées, cumulent tous les maux de la société: chémage et ghettoisation. La violence est (un des symptémes de cette « fracture urbaine ». Les classes moyennes privi- légient quant a elles Chabitat pavillonnaire périurbain. 256 NOTIONS <7 Les Francais entrent dans la modernité entrée dans U'ére de la consommation de masse entraine un bouleversement des valeurs. BEM Ventrée dans la « ronde des objets » = Laugmentation du niveau de vie et le poids grandissant des classes moyennes favor sent 'émergence d'une société de consommation*. L’Etat-providence* assure la redista- bution des richesses et un salaire minimum : SMIG* en 1950 puis SMIC* en 1970. == Les Francais découvrent le confort. Les ménages accédent 4 la propriété. Le cadre de vie change et les Francais séquipent des « choses » (G. Perec] utiles au quotidien comme les réfrigérateurs et les machines 8 laver. achat d'une voiture (20 % en 1956, 45 % en 1965, 70 % en 1973) permet de découvrir les joies du « week-end » et des vacances. Les hyper marchés, dont le premier ouvre en 1963, deviennent les temples de cette nouvelle société d’abondance. On observe une uniformisation des comportements. = La récession* des années 1970-1980 fait pourtant apparaitre les limites de la crois- sance*. Touchées par le chémage, les classes moyennes voient se multiplier les obstacles a lascension sociale, tandis qu'une frange de la société sombre dans U'exclusion. En 2000. 1,1 million de personnes sont allocataires du RMI* créé en 1988, WEB Une société en mutation = Avec le baby-boom*, le poids des jeunes s'accroit. En 1964, ils représentent un tiers de la population. Cette nouvelle classe d’age, née avec la société de consommation, développe une « culture jeune » avec ses propres codes sociaux : vétements, musique, libération sexuelle... Lexplosion scolaire nécessite la construction de nouvelles infrastructures entre 1965 et 1975, 2500 établissements sont construits. De nouvelles universités ouvrent pour accueillir les cohortes des années 1960. La loi Haby de 1975 favorise la massification scolaire qui aboutit vers 2000 a la généralisation de l'accés au baccalauréat (75 %l. == Par ailleurs, les femmes ont acquis une place nouvelle dans la société. Devenues citoyennes a part entiére en 1944, elles restent néanmoins minoritaires dans la classe poli tique. Leur combat pour (émancipation passe par un meilleur contréle des naissances {planning familial], un allongement de la durée de leurs études, etc. Des intellectuelles comme Simone de Beauvoir, le Mouvement de libération de la femme (MLF] et la création d'un secrétariat 4 la Condition féminine en 1974 y ont largement contribué. MEM La crise des valeurs et des croyances = La France de Vaprés-guerre voit progressivement le socle de ses valeurs se trans- former. Avec urbanisation, les vieilles solidarités disparaissent. LEglise catholique, bien qu’en pleine réforme avec Vatican |I*, doit faire face 4 une crise des croyances. Les solida- rités de classes entretenues par le militantisme syndical et politique disparaissent. Le famille se redéfinit: croissance des divorces, PACS*. == Depuis les années 1960, un changement des valeurs morales (pilule, avortement léga- lisé en 1975...) symbolisé par la libération des meeurs s'affirme. Le mouvement de mai 1968 est le symptéme d'une transition heurtée entre les aspirations de la génération du baby- boom et les valeurs de leurs parents. Dans les années 1980, U'individualisme 'emporte. = Par ailleurs, la recession économique met & mal la cohésion sociale. Les mouvements sociaux tel celui de 1995, déclenché par le projet de réforme de la Sécurité sociale d'Alain Juppé, illustrent les inquiétudes des Francais face a l'effacernent de lEtat-Providence. Le société est en panne de projet collectif et les individus se défient du politique en général /™ Les pratiques culturelles des Francais La politique culturelle de l'Etat a préservé la vitalité de la création francaise, mais la démocratisation de la culture se traduit aussi par une certaine uniformisation. HEB Le paysage intellectuel francais depuis 1945 = Apres l'épuration qui n’a pas épargné les milieux littéraires et artistiques (Brasillach)_ la Guerre froide* est propice a l'engagement politique des intellectuels et artistes, tels Sartre*, Beauvoir ou encore Picasso « compagnons de route » du Parti communiste = Paris reste un laboratoire intellectuel qui fascine le monde. L’existentialisme*, le struc- turalisme* révolutionnent les sciences humaines. La littérature, le théatre et le cinéma témoignent aussi d'une grande vitalité. Dans chacune de ces disciplines, les tenants d'un classicisme @ la francaise cohabitent avec les hérauts d’une modernité qui se diffuse mondialement: « Nouvelle vague » au cinéma, « Nouveau roman » en littérature. = Les années 1970 voient l'effacement progressif des idéologies, La figure de Uintellec- tuel engagé disparait peu a peu et son influence morale décroit. Aujourd’hui, le débat intel- lectuel se recentre sur des questions morales (droits de (homme) et politiques. WEB La culture de masse = Lélévation du niveau de vie permet le développement d'une culture de masse. En 1953. la parution du Livre de Poche démocratise encore plus la littérature. De nouveaux médias véhiculent maintenant la culture et Uinformation : la radio et surtout la télévision (1958 : 9 % des foyers ont un récepteur de télévision, 42 % en 1965, 91 % en 1984], et plus récemment internet. Ils concurrencent la presse dont les tirages diminuent. Les quotidiens voient leur nombre chuter (entre 1946 et 1952, il a déja baissé de moitié). En revanche, les magazines se développent, notamment ceux consacrés 8 la télévision. = Cest bien le signe du passage a une société de loisirs ot triomphe ce que Vessayiste Guy Debord dénonce comme la « société du spectacle » dés 1967. La culture s’uniformise et diffuse dorénavant des « produits »: les tubes, les sitcoms* formatés. Par ailleurs, elle s'américanise depuis la Seconde Guerre mondiale: les accords Blum-Byrnes de 1947 Prévoyaient déja un quota d'importation de films américains. hay BEM VF tat et la culture = Aprés 1945, Uintervention de Etat dans les affaires culturelles s/accroit. Héritant do Front populaire, il entend favoriser une démocratisation de la culture. Ainsi, la Constitution de 1946 reconnait pour la premiére fois des « droits culturels » au citoyen. Il faut néanmoins attendre 1959 pour que soit créé le premier ministére des Affaires culturelles, confié & André Malraux*. Il met en place un systéme d’aide a la création et crée les Maisons de la culture. = A partir du septennat de Pompidou’, les affaires culturelles entrent dans les préroga- tives du Président. La construction du Centre national d'art et de culture inauguré en 1977. sous le nom de centre Pompidou, répond a la volonté d'un Président passionné d'art contem- porain. Fidéle a ses prédécesseurs, Francois Mitterrand®, en initiant les « grands travaux = marque de son empreinte le paysage culturel. Il double le budget de la culture. Cela tradu= sa volonté d’associer les Francais a « Uinvention d'une culture ». Jack Lang, en créant des manifestations telles que la Féte de la musique et en reconnaissant des pratiques culturelles jusque-la jugées mineures (bande dessinée avec la création du festival d’Angouléme, rap... témoigne du passage a la démocratie culturelle (la culture de tous et par tous). 262 Les femmes dans la société francaise depuis 1945 Depuis 1945, les femmes ont cherché a affirmer leur place dans la société francaise et sont parvenues a gagner de nouveaux droits. Pourtant, si l'égalité homme-femme est aujourd'hui inscrite dans la loi, dans les faits, émancipation des femmes reste incomplete. CHRONOLOGIE: EMANCIPATION DES FEMMES DEPUIS 1945 Les femmes obtiennent le droit de vote. 5 Congé de maternité obligatoire. ; Création du Mouvement francais pour le planning familial. Réforme des régimes matrimoniaux: le mari ne peut plus s’opposer a l'exercice de ‘activité professionnelle de sa femme. 5 Loi Veil autorisant Uinterruption volontaire de grossesse (IVG). | Création du ministére des Droits de la femme. Loi sur U'égalité professionnelle entre hommes et femmes. Circutaire Légalisant temploi du féminin pour les noms de métiers et fonctions: écrivaine, professeure, docteure... Edith Cresson, premiére femme Premier ministre. Loi réprimant le harcélement sexuel. Promulgation de la loi du 6 juin 2000 « relative a U'égal accés des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ». Loi Neuwirth autorisant la contraception, Autorité parentale partagée. Le Nouvel Observateur publie le manifeste de 343 femmes réclamant avortement. Loi posant le principe de (égalité des salaires. , Création du secretariat d’Etat a la condition féminine. La loi sur la parité s’applique pour la premiere fois _ lors des élections municipales. 2_) La femme sous influence Simone de Beauvoir, agrégée de philosophie en 1929, est avec son compa- gnon, Jean-Paul Sartre, l'une des principales figures intellectuelles de la France de Vaprés-guerre, Le Deuxiéme Sexe parait en 1949 et marque un moment important dans Uhistoire du féminisme. « Socialement homme est un individu autonome et complet; il est envisagé avant tout comme producteur et son existence est justifiée par le travail quil fournit a la collectivité; on a vu pour quelles raisons le réle reproducteur et domestique dans lequel est cantonnée la femme ne lui a pas garanti une égale dignité. Certes, le male a besoin delle, [...] pour la majorité des hommes il est avantageux de se décharger sur une compagne de certaines corvées; individu souhaite une vie sexuelle stable, il désire une postérité et la société réclame de lui qui contribue & la perpétuer, Mais ce rest pas a la femme elle-méme que ’homme adresse un appel: cest la société des hommes qui permet & chacun de ses membres de s'accomplir comme époux et comme pére: intégrée en tant qu’esclave ou vassale aux groupes familiaux que dominent péres et fréres, la femme a toujours été dominée et donnée en mariage a certains males par d’autres males. » | | Simone de Beauvoir (1908-1986), Le Deuxiéme Sexe, Gallimard, 1949 | tr AE CE Questions Documents 1 et 2 1 Présentez et décrivez le document 1. Que révéle-t-il de limage de la femme dans la société francaise au début des années 1960? Publicité Moulinex (1941.) 2 Quelle analyse S. de Beauvoir fait-elle de la condition féminine? 258 Les mutations de la societe francaise La France et les Francais dans les années 1950 Economie —_- Economie en pleine croissance (Trente Glorieuses). - Modernisation des structures grace & un réle accru de l Etat (planification). La France et les Francais aujourd’hui - Economie en mutation : restructurations. - Désengagement de lEtat d'un certain nombre de secteurs [automobile, banques...). Société - Population en augmentation : baby-boom. - Elévation du niveau de vie grace a la croissance et a l Etat-providence. - Entrée dans la société de consommation. - Elévation du niveau d’instruction. - Société en voie de tertiarisation. - Urbanisation croissante (exode rural) et pénurie de logements. - Appel massif 4 ‘immigration. - Population vieillissante du fait du papy-boom. - Population au niveau de vie élevé mais des inégalités trés fortes - Société de loisirs. - Massification scolaire. - Société tertiarisée. - Population urbanisée a 80 %. - Crise urbaine. - Immigration stoppée. Travail - Plein emploi. - Développement du salariat. - Un chémage qui reste élevé. - Salariat généralisé. - Droits accrus des salariés. Placedes = - Larrivée des femmes sur le marché femmes du travail. - Début de la lutte pour leur émancipation. — Les femmes représentent presque la moitié de la population active. - Libération mais inégalités économiques et sous-représentation dans la vie politique. Valeurs - Solidarités religieuses et politiques maintenues. — Réle central de la famille. - Politique d’intégration des immigrés. - Victoire de Uindividualisme. - Familles en mutation. - Crise de l'intégration. Culture - Démocratisation culturelle encouragée par UEtat qui prend en charge la culture en la subventionnant. - Magistére des intellectuels. Des textes essentiels > Décret du 3 janvier 1946 La mise en place d'une planification incitative. >> Doc. 1p. 251 » Le Deuxiéme Sexe de Simone de Beauvoir, 1949 La dénonciation du statut imposé a la femme >» Doc. 2 p. 258. > La «nouvelle société », discours de Jacques Chaban-Delmas & Assemblée, juin 1969 Il prend acte des évolutions sociales et propose une plus large participation a la vie économique et sociale. >> Doc. 2B p. 332 > Discours de Jean Lecanuet, 25 juin 1974 ILannonce l'abaissement de la majorité a 18 ans. pe Doc, 3p. 333. - Démocratie culturelle. — Réle maintenu de Etat dans la promotion de la culture (exception culturelle]. - Fin des idéologies. ee Ne pas confondre Bie evans Les étrangers désignent ceux qui n’ont pas la nationalité francaise. Les immigrés sont des personnes nées 8 fétranger qui résident en France depuis plus de trois mois, qu'ils aient acquis ou non la nationalité francaise. Les enfants diimmigrés nés en France sont francais. Dear rua tc Cer eRe oe La démocratisation culturelle doit permettre une meilleure diffusion de la culture dans les différentes couches de la société, Avec la démocratie culturelle, ce sont les Francais qui deviennent les acteurs de la culture. Les Francais depuis 1945 269 Celtis §86f Les femmes dans la vie politique et sociale (XX¢ siécle) DEES + p. 312-313 TESEESH 3 p. 314-317 Comment la condition féminine s‘est-elle améliorée | en France au cours du XX® siécle ? DBD De fortes inégalités jusqu'au début du XX¢ siécle RSC ED rE a © D’éternelles mineures. Les femmes n’ont pas le droit de vole. Le Code civil de CA een RERORRE tes 1804 fait du mari te chef de famille : ila Uautorité parentale, choisit le domicile conju- i gal et sa femme doit lui obéir. Les femmes ne peuvent pas effectuer d'action en jus- Filles tice, signer de contrat ou travailler sans l'accord de leur époux. Seules les célibataires Hees de plus de 21 ans, les veuves ou les divorcées sont émancipées 1% © Epouses, méres et ménageres. Lidéal féminin bourgeois est celui de la mere au foyer qui veille sur son intérieur, sur la santé et (‘éducation de ses enfants (doc. 1). On croit que la nature destine les femmes a étre des épouses et des ménagéres. 55,6 % Source : INSEE, 2014 Re @ Des femmes hors du foyer et responsables. En 1911, le taux d'activité fémi- nine atteint 55 %. Pendant la Premiére Guerre mondiale, les femmes occupent les métiers des hommes partis au front. Puis le retour de la paix et la crise des années 1930 privent beaucoup d'entre elles de leur emploi. Néanmoins, dans les couches | populaires, compte tenu des faibles revenus, les femmes qui restent au foyer sont exception. Les patrons engagent volontiers des femmes : ils les payent moins et elles font moins la gréve. DB De lents progrés dans la premiére moitié du XX¢ siécle © De nouveaux métiers. La part des ouvrigres dans lindustrie diminue peu, Mais les services se féminisent fortement. Le plus souvent, les femmes occupent des postes subalternes et certains métiers leur sont longtemps interdits (la magistra- ture jusqu'en 1946). Dans les familles bourgeoises, ol les filles peuvent poursuivre des études, elles travaillent davantage. Souvent, les femmes ont un emploi avant leur él iste fe , ‘. a oe mariage et aprés avoir élevé leurs enfants (doc. 3) idéologie cherchant & abolir les inégalités sociales, politiques, © Un début d’émancipation, Les féministes multiplient les manifestations et les juridiques, économiques et culturelles Haat les Fabeices son eee publications, mais 'opposition qu’elles rencontrent limite leurs résultats (doc. 2). En 1938, les femmes obtiennent leur eapacité juridique. Mais ce n’est qu’en 1965 quielles peuvent ouvrir un compte bancaire et travailler sans accord de leur mari. TICE © Des droits politiques. Le 21 avril 1944, les femmes deviennent électrices et éli- gibles grace 4 leur réle dans la Résistance, Mais lidée que la politique est une affaire dihommes perdure. Le nombre de femmes parlementaires ou ministres reste faible _Capacité juridique : aptitude a exercer certains droits sans avoir 8étre assisté ou représenté par un tiers, capacité est attribuée 3 toute personne considérée comme majeure, Elle jouit notamment du droit de propriété, de sfengager par contrat, de porter plainte, Cc] La marche vers l'égalité (des années 1960 a nos jours) © Dans les meeurs. En 1970, les époux partagent l'autorité parentale, Les femmes eee a peuvent plus facilement divorcer (1975) ou vivre en concubinage sans étre un objet coaceul einen ce de scandale. Le libre accés a la contraception (1967) et la legalisation de l'avortement au droit civil francais, cest-a-dire (1975) contribuent a leur liberté sexuelle l'ensemble des régles qui déterminent ls , 4 fe sistot dos personnes, cell dea blane @ Au travail. Le taux d'activité feminine dépasse 66 % en 2012. Les femmes tra el esidides eitore ence vaillent plus souvent sans interruption et peuvent accéder a tous les métiers autre- Personnes privées(mariage.etc). ‘fois réservés aux hommes. Depuis 1972, six lois tentent d’établir l'égalité profession- Le premier Code civil francais date nelle. Mais les discriminations persistent. Le sommet de la hiérarchie reste masculin de 1804 = et la part des femmes payées au SMIC est plus importante que celle des hommes. 2000 tendant a fevoriser légal acces @ En politique. Depuis 1981, un gouvernement se doit de comporter une part des femmes etdeshommes aux notable de femmes. Mais la France compte toujours moins d’élues que la plupart mandats électoraux et fonctions de ses voisins européens. La situation ne saméliore qu’avec la loi Sur la parité de juin 2000. 310

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