v
MAS‘TDT
(f 343/956 ou 346).
Une grande partie des extraits de Mas‘iidi dont nous donnons
plus bas la traduction, ne concerne pas les relations arabo-byzan-
tines proprement parler, mais a trait aux avénements ou morts
des empereurs, ou aux relations de Byzance avec ses voisins, Alains
Bulgares, Hongrois, Pedenegs, Valandars etc. Comme ces ren-
seignements sont d'une grande importance, et bien que, depuis
la premiére édition de l'ouvrage de Vasiliev, ils aient fait l'objet
de diverses études de Marquart et autres savants, nous avons
estimé qu'il ne serait pas inutile de présenter encore une fois la
traduction de ces textes, en ajoutant un certain nombre de notes.
La partie qui concerne directement les relations arabo-byzan-
tines a d’autre part une grande valeur documentaire, Mas‘idi
étant contemporain des événements qu'il raconte. Il fournit ainsi
des renseignements précieux sur 'expédition d’Himérios ou I'at-
taque de Chypre par Damiana.
Magoudi. Les Prairies d'or, éd. BarBieR DE MevNanp. Paris,
1861 et suiv. (1)
I, 89.
Depuis la conversion au judaisme du roi des Khazars, sous le
califat de Hardin al-Rasid, beaucoup de Juifs sont venus s’établir
dans ses états, de toutes les villes musulmanes et du pays de Rim.
Us ont quitté ce dernier parce que Armanis (Romain Lécapéne),
roi de Rim de nos jours, en 332 (4 sept. 943 -23 aot 944) a con-
traint les Juifs de son empire &se convertir au christianisme. Nous
exposerons plus bas I'Histoire des rois de Rim avec la durée de
Jeurs régnes, et en particulier!'histoire de ce roi et de ceux qui lui
(1) On ta pas suivi la traduction des Prairies de Barbier de Meynard, tres
Glégante et généralement exacte, mais pas toujours assez précise et fondée sur
un texte parfois fautit.p17
32 MAS‘iDT
sont associés sur le tréne & notre époque. Un grand nombre de
Juifs ont done fui du pays des Him dans celui des Khazars.
I, 16-18,
Le roi des Bulgares, & notre époque, en 322 (4 sept. 943 - 23 aoat
944) est musulman, depuis sa conversion, & la suite d’un songe, qu'il
eut sous le régne de Mugtadir, postérieurement & l'année 310 (1 mai
922 - 20 avril 923). Il a un fils qui a accompli le pélerinage et est
venu 4 Bagdad, oit Muqtadir lui a remis un drapeau, des vétements
d@honneur noirs et de I'argent (1). Il ya une mosquée cathédrale
chez les Bulgares. Leur roi a fait une expédition contre le pays
de Constantinople & la téte de plus de 50.000 cavaliers environ
et lancé des incursions tout autour jusqu’au pays de Rim, de
l'Andalousie, des Burgin (Burgondes) des Galiciens et des Francs (?).
Du pays des Bulgares jusqu’t Constantinople, il y a envifon deux
mois de route sans interruption & travers des pays habités et d’au-
tres déserts. Quand les Musulmans firent une expédition, de Tarse
dans la marche syrienne, avec | l’émir des frontiéres, ’eunuque
Tuml (Tamal), appelé al-Dulafi (*), auquel s’étaient joints des
vaisseaux de Syrie et d’Egypte (4), aprés avoir franchi l'embou-
chure du «balig» de Constantinople et celle d’un autre « halig »
sans issue (°), ils arrivérent au pays de Hargidiya (Chalcidique) (*).
La, vinrent les trouver par terre, pour les aider, une troupe de
Bulgares, qui leur racontérent que leur roi était non loin de la.
Ceci montre, conformément & notre description, que les expédi-
tions Bulgares atteignent la mer de Rim. Un groupe d’entre eux
s'embarqua sur les vaisseaux des Tarsiotes qui les emmenérent
avec eux & Tarse.
(1) Dans 16d. du Caire, 1346, 1, 113 : un drapeau ot des bannigres (+ bunt
au lieu de « sawad). Le noir est la couleur des Abbastdes.
(2) Nous avons adopté le texte du Caire, qui emploie le partait, alors que I'éa.
de Paris a le présent.— Au lieu de Burgan, les éd. orientales ont Ar.
oi on pourrait supposer avec Marquart (Voir infra) une détormation de Ara
gon.
(8) Et non Zulfl, Cf. K. al-tandth, 193, 13 (let, p. 000).
(8) Et non de Basra, comme 1'a cru également Marquart (confusion graphl-
que entre « migriyyin + et « basriyytn +).
(6) Le mot « hallg » signitie a la fois canal, détrolt et golte.
(6) Voir M. Caxano, Arabes ef Bulgares au début du X* siéele, Byzantion,
XI, 1936, p. 213 sqq. L'éd, de Paris est seule & lire F. n. diya, ot Barbler de
Meynard et Marquart ont vu a tort. Venise.mas‘ipi 33
Les Bulgares sont une nation considérable, puissante et belli-
queuse, qui soumet tous les peuples ses voisins, Un cavalier bulga-
re, de ceux qui se sont convertis & I'islam avec le roi en question,
peut tenir téte & 100 ou 200 cavaliers infidéles. A notre époque,
sans leurs remparts, les habitants de Constantinople ne pourraient
se défendre d’eux, et de méme tous ceux qui habitent les pays
voisins des Bulgares (litt. cette contrée) ne peuvent se défendre
d’eux que grace & leurs forteresses et & leurs murailles (2).
My, 43.
(Apres avoir parlé de la conversion des Alains au Christianisme,
Vauteur dit :)
Apris l'année 320 (13 janv. - 31 déc. 932), les Alains abjurérent
le christianisme et chassérent les évéques et les prétres que le roi
des Ram leur avait envoyés.
TI, 58-64.
Prés du pays des Khazars et des Alains, dans la région qui s’étend
entre eux et le couchant, se trouvent quatre peuplades turques qui
ont chacune, & l'origine de leur lignage, un méme ancétre auquel
clles remontent. Elles comprennent des nomades, et des séden-
taires, et elles sont puissantes et belliqueuses. Chacune a un roi.
L’étendue du territoire de chacune est de plusieurs journées de
marche continue. Les possessions de l'une d’elles vont jusqu’a la
mer Noire (Nit. s, & lire Bontus : Pont-Euxin) et leurs incursions
s'étendent jusqu’au pays de Rome et aux régions qui touchent
YEspagne, Elles vivent en paix avec le roi des Khazars, dont le
pays est voisin du leur, et également avec le souverain des Alains.
La premiére porte le nom de Y. g. nf; vient ensuite la seconde
appelée Baggird (Magyars) ; puis une autre appelée Begnak (Pete-
negs) et qui est la plus belliqueuse de toutes ; enfin vient une autre
peuplace appelée Nak. r. da. Leurs rois ménent la vie nomade.
Elles ont été en guerre avec les Rim aprés l'année 320 ou en
(1) Ce passage a été étudié longuement et traduit par Marquart, Streifzilge,
P. 149-160. Marquart a montré que Mas‘ddi, dans le passage qui va de la p. 15
4 la p. 18, parle de deux peuples qu'il a confondus, les Bulgares de la Volga,
islamisés, et un autre peuple dans lequel Marquart veut voir les Hongrols,
mais oi Y’on doit reconnaftre, malgré des détails applicables aux Hongrois, les
Bulgares des Balkans. Cf. Vart. précité et supra, p. 10-11.34 astipt
cette année 14 (932). Les Rim avaient & la frontiére de leur terri-
toire, du cdté du pays de ces quatre peuplades, une grande ville
grecque appelée W. J. n, d. r, trés peuple, et tres bien défendue
par sa situation entre les montagnes et la mer. La population
avait pour mission de repousser les peuplades que nous avons men-
tionnées, et ces Turcs ne trouvaient aucun moyen de pénétrer dans
le pays des Rim que leur interdisaient les montagnes, la mer et la
garnison.
IL y eut des guerres entre ces peuplades & la suite d’un dissen-
timent survenu au sujet d'un marchand musulman du pays d’Ar-
debil, qui s’était établi dans le territoire de l'une et avait été mal-
traité par des gens d’une autre peuplade. Leur union se rompit et
les Rim de W. 1. n. d. r. attaquérent leur pays pendant qu’ils
(les hommes) étaient absents de leurs campements. Ils réduisirent
en captivité beaucoup de femmes et d’enfants et emmenérent les
troupeaux. Les Turcs apprirent cela pendant qu’ils étaient occu-
pés a se faire la guerre ; ils se mirent d’accord & nouveau et, s’étant
réciproquement accordé réparation pour le sang versé, ils marché-
rent tous ensemble contre la ville de W. 1. n. d. r, au nombre d’en-
viron 60.0000 cavaliers, sans avoir réuni tous leurs contingents ni
fait une levée générale, ce qui aurait porté leurs forces & environ
100.000 cavaliers.
Lorsque Armanis (Romain Lécapéne), roi de Ram actuellement,
en 332 (4 sept. 943-23 aoit 944) apprit cette nouvelle, il envoya
contre eux 1.200 cavaliers arabes christianisés, armés de lances
et habill’s & la mode arabe, et leur adjoignit 5.000 Rim. Ils ar-
rivérent & la ville de W. 1. n. d. r. en huit jours, établirent leur
camp au dela de la ville, face aux ennemis. Au moment ot ces
renforts parvinrent & Ja ville, les ‘Turcs avaient déja tué beaucoup
de gens aux habitants de W. 1. n. d. r, parmi les troupes, et la
ville s‘était défendue grace & ses remparts. Quand les quatre rois
tures eurent connaissance de l'arrivée des Arabes christianisés et
des Rim, ils envoyérent un message dans leur pays. On réunit
tous les marchands musulmans qui s’y trouvaient et qui visitent
leur contrée, venant du pays des Khazars, du Derbend (Bab al-
Abwab), des Alains ete., ainsi que tous ceux qui, dans ces quatre
peuplades, s’étaient convertis 2 Vislamisme et ne se mélent aux
autres peuples qu’ l'occasion des guerres contre les Infidéles.
Quand les deux armées furent rangées en bataille et que les Arabes
christianisés s’avanctrent en avant des Rim, des marchands mu-Mastipi 35
sulmans qui étaient du cOté des Tures allérent & leur rencontre
et les invitérent & revenir & I'Islm, en leur disant que, s'ils se
rendaient aux Tures, ceux-ci les raméneraient de leur pays en
terre d’islam. Mais ils refusérent. Aussitdt, les deux troupes enga-
gerent le combat. Les Arabes christianisés et les Rim eurent le
dessus, car ils étaient le double des Turcs, et ils passérent la nuit
sur leurs positions. Les quatre rois tures tinrent alors conseil | et
le roi des Petenegs leur demanda de lui donner Je commandement
pour Je lendemain, ce qu’ils lui accordérent. Au matin, il disposa
a Vaile droite et & ’aile gauche plusieurs escadrons mobiles, dont
chacun comptait 1000 hommes, et, quand les ennemis furent ran-
gés en bataille, Jes escadrons de Vaile droite chargerent en faisant
pleuvoir des fléches sur le centre des Ram, et se dirigtrent vers I'aile
gauche ; les escadrons de I’aile gauche s’élancérent a leur tour et,
tirant sur le centre grec, allérent prendre la place de ceux qui,
partis de l'aile droite, venaient d’opérer leur mouvement. Pendant
ce tir continu et ces charges successives des escadrons mobiles,
qui tournaient comme une meule, le centre, Taile droite et laile
gauche des Turcs restaient immobiles. Les escadrons ne cessaient
de charger successivement par groupes de 1000 @) selon la méme
tactique : ceux qui partaient de Vaile droite, tout d’abord, lan-
caient leurs traits sur I'aile gauche des Grecs, puis passaient devant
leur aile droite, tiraient et arrivaient au centre ; les escadrons par-
tant de l’aile gauche | tiraient sur I'aile droite des Grecs, arrivaient
a Yaile gauche et tiraient et arrivaient au centre. Les escadrons
mobiles, tournant de la maniére que nous avons décrite, se croi-
saient devant le centre (2). Quand les Grecs et les Arabes christia-
(1) Au lieu de fl-taftq de Véd. de Paris, qui n’ottre pas de sens satistal-
sant, il faut lire «ff afin alfin + des éditions orientales,
(2) La deseription de ce mouvement, dans le texte dont nous avons donné la
traduction littérale est difficilement compréhensible et il est probable que les
textes sont corrompus. Les expressions des deux groupes de phrases, qui de
vraient étre symétriques, ne le sont pas. Dans I'un on a + yamurru bl-maiss-
ratihim fayarm{ » alors que dans Vautre on a + yantabt ila ’I-maisarati fayar-
ml», On attendrait: passaient devant le centre en tirant (ou: arrivaient
devant le centre et tiralent) et arrivaient a Vaile gauche (resp. droite). Ou
alors, il faut comprendre : passaient devant leur propre alle droite (resp. gau-
che) et arrivaient devant Je centre, — la derniére partie du mouvement, dans
Jaquelle les escadrons vont prendre a Vaile opposée a celle doi lls sont partis,
Ja place laissée vide par ceux qui viennent de Ia quitter, élant sous-entendue,
p.59
P.6036 mas‘ipi
nisés virent que le désordre se mettait dans leurs rangs sous ces
décharges ininterrompues, ils chargtrent sur les ennemis sans avoir
rétabli ordre de leurs rangs, et, s‘avancérent & Ia renconjre des
rangs tures restés immobiles. Les escadrons mobiles s'effacérent
devant eux et, tous ensemble, les Turcs firent une décharge com-
mune sur les Rim, Cette gréle de traits causa leur déroute. Les
Tures, aprés cette décharge, les poursuivirent (?) en conservant
Yordre dans lequel ils avaient été rangés, et les escadrons mo-
Liles s'élancérent au galop & droite et 4 gauche.
‘Tandis que les sabres s'abattaient sur les Grecs, lair retentis-
sait des cris des cavaliers et des nuages de poussitre assombris-
saient I'horizon. Environ 60.000 Grecs ou Arabes christianisés
périrent, Le nombre des morts était tel qu’on pouvait, en entassant
leurs cadavres, atteindre la hauteur des murs de la ville. Celle-ci
fut conquise et les Turcs, aprés y avoir massacré et fait des pri-
sonniers pendant trois jours, en sortirent pour marcher sur Con-
stantinople, Ils massacrérent et firent des prisonniers des deux
sexes dans tous les lieux habités, campagnes et fermes qui se
trouvaient sur leur chemin, et arrivérent sous les murs de Con-
stantinople oi ils resterent environ quarante jours. Ils vendaient
les femmes et les enfants pour des étoffes et des vétements de bro-
cart et de soie. Quant aux hommes, ils les passérent au fil de Pépée,
sans en excepter un seul. Parfois méme, ils tuaient les femmes et
les enfants. Ils lancérent dans toute la région des incursions qui
atteignirent le pays des Slaves et de Rome. Actuellement, leurs
expéditions s’étendent jusqu’au pays des Andalous, des Francs
et des Galiciens.
Ainsi donc, des incursions de ces peuplades turques dont nous
avons parlé, arrivent a la région de Constantinople et aux royau-
mes que nous avons mentionnés, jusqu’a cette limite (2).
(1) Lire «‘agabat » des éd. or. et non « galabat »,
(2) Ge passage a été étudié et commenté par Mangvant, Sireifzige, 61 saq.
(ct. 499-500 et 527 sqq.), ct, plus récemment par G, A. Macaurnny, The Aliack
‘on Valandar, dans Byz, neugr. Jahrbticher, VIII, 1931, p. 158-170, Selon Mar-
quart, le fond historique de ce récit est constitué par l'invasion des Hongrots
(les Tosexor des Byzantins) en 934, Mals il s'y méle des éléments provenant
d'une époque antérieure, celle des luttes qui mirent aux prises Grecs, Bulgares.
Pegenegs et Magyars entre 894 et 806 et oil 'on voit les Grecs faire appel aux
Magyars contre les Bulgares, puis les Bulgares aux Petenegs contre les Magyars,
Dans les quatre peuples tures du récit, seuls les Magyars (Baggird) et les Pe-as‘ip! 37
II, 318-319.
(Dans un passage relatif au regne de Constantin, fondateur
de Constantinople, Mas‘idi parle des Dardanelles et du Bosphore
et dit qu’autrefois les vaisseaux des Arabes y venaient en expédi-
tion, puis il ajoute) :
Aujourd’hui, ce sont les vaisseaux des Rim qui viennent at-
taquer les pays islamiques. Abi ‘Umair ‘Adi b. Ahmad b. “Abd
al-Baqi al-Azdi (), qui jouit d’une grande autorité depuis long-
cenegs (Bagnak) ont pu étre identitiés avec certitude, W.l.nd.r. serait lenom
bulgare de dee/td¢ prés del’actuelle Burgas, en rapport avec W.l.nd.tiyya,
nom donné par Mas‘adi ces peuplades dans le Tanbth (p. 180, od ils sont
mentionnés A cdté des Bulgares, comme occupant Ia plus grande partie des
themes d'Europe, v. injra), avee les W.n.nd.r ou N.nd.t des Géographes, et.
en derniére analyse, avec le nom de Ia tribu bulgare des Onoghundur. Dans
une de ses dernidres notes des Streifzdge, Marquart admettait que les W.1.nd.-
riyya n’étaient rien autre chose que les Bulgares et les Pedenegs leurs alliés.
(CL. Minonsey, Hudad al-Alam, § 53 et Commentary, p. 469 sqq-Gibb Mem.
Ser, N.S, XI. 19473 Ip. Une nouvelle source persane sur les Hongrois au X° s,
dans Now, Rev, de Hongrie, avril 1937). — Runciman, Romanus Lecapenus,
‘ambridge, 129, p, 105-108, souligne les éléments de ce récit qui font penser
4 Vattaire de 934 (rachat des prisonniers grecs), et admet, blen que ce soit une
route détournée, que Vinvaston hongroise est passée par la région de Preslav
en Bulgarie, et par suite par AepeAtés — W.l.nd.r..— Macartney pense
que le noyau historique de ce récit est Ia prise d’Andrinople en 923 (ct. RUN-
canax, The first Bulgarian Empire, p. 166), par Syméon de Bulgarie, dont les
Pedsnegs avaient été précédemment les alliés.et qu’ll y a eu confusion entre
cette invasion et celle des Hongrols en 934, — H.Grégoire, dans un compte-
rendu de Vouvrage de Minorsky (Byzantion, XIT, 1937, p. 645-650: Le nom
des Hongrois et ZDMG 1937. p. 630-642.) a repris 1a question, Il montre
te que les W.l.nd.riyya sont identiques aux Hongrols, agrégat de tribus di-
verses, et que ce nom n'est qu’une déformation phonétique, d'origine slave
de Odyygor (cf. dailleurs, Muxonsky, p.467 au bas et n. 3, sur le mélange des
Onoghundur et des Hongrois et Vinfluence possible du nom Onoghundur sur
Hungar-Hongrois) ; 2° que le nom de la ville de W.lnd.r n’est autre qu’une
déformation de celut d’Andrinople, influencée par le nom des W.l.nd.riyya,—
Cependant, si I'identification W.Lnd.t — Aeedtds n'est pas satistalsante.la
situation indiquée par Mas‘adi, entre la mer et la montagne.ne s’accorde guere
avec Andrinople. — Quol qu’ll en soit, il est certain qu’ll y aeu, de la part
de Mas adi ou de sa source, une confusion entre les diverses informations
relatives aux Bulgares, Hongrols, Pegenegs et autres qui rend a peu prés im-
possible une solution claire de toutes les questions posées par le récit de Na
s‘ddi en V'absence d’une relation correspondante du cdté byzantin.
(1) Meme nom p. 340, ott fl rapporte une histoire sur I'exp. de Haran contre
Héraclée et VII, 198, L’éd. da Caire, I, 198, Vappelle ‘Ad! b. Hatim, mais
P-205, ‘AdI b, “Abd al-Baqi al-TarsOsl ; dans Misk. I, 53-54, AbO “Umar ‘Adi b.p.319
p. 353
38 MAS‘ODI
temps dans les marches syriennes, et homme de science, m’a ra-
conté qu’il était passé par le détroit (canal) pour aller & Constan-
tinople quand il s'y rendit pour conclure une tréve et un échange,
et quill avait vu nettement du cdté de la mer Noire (*) V’écoule-
ment et Je refoulement de l'eau, tandis qu'il avait souvent remar-
qué que l'eau, du cété de la mer de Syrie était dormante. Ceci
montre que ces deux mers communiquent entre elles. D’ailleurs
c'est aussi en venant de la mer de Rim qu’Abi ‘Umair était
entré dans le détroit.
J’ai entendu beaucoup d’autres hommes instruits, parmi ceux
qui ont fait "expédition de Thessalonique (*) avec (Léon), le gu-
lim | de Zurdfa et qui, étant entrés dans le détroit de Constan-
tinople, y avaient navigué sur une longue distance, dire que l'eau
& certaines heures du jour et de la nuit avait un niveau moindre
tandis qu’d d'autres il était plus élevé, comme s'il y avait eu 1a
un flux et un reflux ; et que sur ce détroit se trouvent des endroits
habités et des villes. Quand ils s’apercurent que l'eau baissait,
ils se haterent d’en sortir pour retourner dans la mer grecque.
Dans le détroit, son entrée, du cdté de la mer de Rim, il y a
une ville tout prés de 'embouchure. Le canal tourne autour de
Constantinople qu’il touche des deux cétés, au Nord et & l'Est,
tandis qu’ l'Ouest s'étend la terre ferme, IA ot est la Porte d’Or....
TI, 352-354.
(Le début de ce morceau relatif & la mort de Léon, fils de Basile,
est traduit dans le livre de Harkavi, Skazanija musulmanskiz
pisatelej 0 slavjanaz i russkiz. Reécits des écrivains musulmans sur
les Slaves et les Russes. St. Petersbourg, 1870, p. 134-13
Ensuite, le pouvoir fut usurpé par Basile le Slave, qui n'était
pas de la famille impériale. Son régne s'étendit sur le califat | de
Mu‘tazz, celui de MuhtadI et une partie de celui de Mu'tamid.
Apres sa mort, les Rim mirent & leur téte son fils appelé Alexan-
‘Abd al-Baql, dans Tab. 111, 2201,.... b. ‘Abd al-Baql, dans Mas‘ad!, Tanbth,
194, 12, Aba ‘Umair ‘Ad! b. Ahmad b. ‘Abd al-Baq! al-Adant et en plus al-
Tamimt, 193, 9. Magriat dit qu’ll étalt «min ah! Adana». Il y a un Aba ‘I.
Qiisim b. ‘Abd al-Bagl, Prairies, VIII, 75 et un Yahya b. ‘Abd al-Bagl dans
‘Tabarl, II, 2154, comme négociateur de I’échange de 283, que Mas'ad!
Tanbth, infra, ne mentionne pas.
(2) Litt. Mayutis, Mer Méotide,
(2) Texte « Saldqiya » pour « Saldniqtya ». Ct. Prairies, I, 282, ob ce pertonna-
ge, Léon de Tripoli des historiens byzantins, est appelé Lawl (Léon),Mas‘ipl 39
dre. Mais ils furent mécontents de son gouvernement, le détré-
nérent et mirent & sa place son frére Léon, fils de Basile le Slave.
Son régne couvre le reste du califat de Mu’tamid, celui de Muktatf
et le début du califat de Muqtadir. Il mourut laissant un fils
en bas age appelé Constantin qui lui succéda. Mais Armaniis (Ro-
main), patrice de la mer et chef de la guerre maritime, usurpa le
pouvoir en s'associant & lui dans le gouvernement, et fit épouser
sa fille au jeune empereur Constantin, Ils régnérent ainsi pendant
Ie reste du califat de Mugtadir, celui de Qahir, de Radi, de Muttaqt
et régner.t encore aujourd’hui, en l'année 332, sous le califat de
Abi Ishaq al-Muttaqi billah, fils de Muqtadir. Les rois des Rim
sont & notre époque, au nombre de trois. Le plus agé et celui
qui gouverne est Romain l'usurpateur, le second est Constantin
fils de Léon, fils de Basile ; et le troisigme est le fils de Romain, |
Stéphanos, qui a également le titre de roi. Romain a donné a un
autre de ses fils le tréne (patriarcal) de Constantinople, et il est
le grand patriarche (texte: yatrice) qui dirige les affaires spiri-
tuelles, Son pire précédemment I'avait réduit & l'état d’eunuque
et consacré & 'église. L’empire de Rim est gouverné aujourd'hui
par les rois que nous venons de mentionner.
II, 423,
(Racontant histoire d’Alexandrie, Mas‘idi fait une remarque
sur Vile de Rhodes).
Aujourd’hui, en 332, 'ile de Rhodes est un arsenal des Ram
oir Yon construit les vaisseaux de guerre. Il s'y trouve de nom-
breux Rim dont les vaisseaux viennent jusqu’s Alexandrie et &
autres villes d’Egypte, qu’ils attaquent et oit ils font des pri-
ronniers
VIII, 71.
(Aprés avoir raconté, p. 68-71, la prise d’Antioche sur Sima
al-Tawil en muharram 265 (3 sept. - 2 oct. 878), par Ahmad b.
Tilan, gouverneur de I'Egypte, Vauteur ajoute :)
Ibn Tiilin partit ensuite, se dirigeant vers la marche frontiére
syrienne. Il passa par Magsiea et Adana. Les habitants de Tarse
oii se trouvait l’eunuque Yazamin, lui résistérent et il ne put
prendre la ville par aucun moyen. Il revint donc en arriére alors
qu'il avait voulu faire une expédition (contre les Riim). La raison
en fut, & ce qu'on dit, — mais Dieu est le plus savant — qu'il
apprit la nouvelle de la révolte de son fils al-'Abbas,
p. 35473
74
40 as‘ipt
VIII, 72-75.
L'eunuque Yazamn mourut en pays chrétien alors qu’il faisait
une expédition A Ia téte de I'armée musulmane, sous les murs
de la forteresse appelée Kaukab. C’était un affranchi d’al-Fath
b.Haqan (). Son corps fut transporté A Tarse et enterré prés
de la Porte de la Guerre sainte (Bab al-Gihad), le 15 ragab 278 (23
octobre 891). Il était accompagné dans cette campagne, par deux
émirs envoyés par le pouvoir central, al-“Ugaifi et Ibn Abi ‘Isa.
Lui-méme était émir de Tarse. Yazamén se distingua au plus haut
point dans la guerre sainte, tant sur mer que sur terre. Il avait
avec Ini des équipages de marins incomparables et de la plus haute
énergie. Il fit subir de grandes défaites & I'ennemi qui le redoutait
et les Chrétiens avaient une grande terreur de Ini dans leurs for-
teresses.| Depuis “Amr b.“Ubaid Allah b. Marwan al-Aqta' gouverneur
de Mélitene, et “Alt b-Yahya al-Armani, gouverneur de Ja marche
syrienne, on n’avait jamais vu dans la marche syrienne et dans
la marche mésopotamienne de chef plus hardi contre les Rim que
Veunuque Yazaman. ‘Amr b. ‘Ubaid Allah al-Aqta’ et Ibn Yahya
al-Armani trouvérent a mort tous les deux la méme année en 219
(24 févr, 863- 12 févr. 864) sous le califat de Musta‘in billah.
Cette année 14, ‘Amr b. ‘Ubaid Al'ah avait fait une expédition
avec les troupes de Méliténe. Il rencontra le roi des Rim & la téte
de 50.000 hommes. Aprés une lutte acharnée des deux cdtés, ‘Amr
b. ‘Ubaid Allah périt ainsi que les Musulmans qui étaient avec lui
a l'exception d’un petit nombre, le vendredi 15 ragab de cette année
la @ sept. 863). ‘Ali b. Yahya al-Armani était parti de la marche
frontiére syrienne et avait éé nommé gouverneur d’Arménic.
Puis il fut nommé a d’autres fonctions, et partit d’Arménie. Quand
il arriva dans le pays de Mayyafariqin, qui fait partie du Diyar
Bakr, il se rendit dans un domaine | qu'il possédait dans cette
région. C’est alors que, I'armée des Riim ayant fait une incursion,
Yappel aux armes (®) retentit et qu'il partit précipitamment.
“Ali b. Yahya fut tué avec environ 400 hommes sans que les Rim
se fussent apercus qu’ils avaient eu a faire A ‘All b. Yahya al-
Armani.
Certains Grees convertis et devenus bons Musulmans m’ont
(1) Favori de Mutawakkil et assassiné en méme temps que Iui en 247/61.
EI, I, 88.
(2) Litt. le départ (ai-naytr). Sur ‘Amr et ‘All, voir Vasiliev, tome I, 231 sqq-